DISCLAIMER : La saga Harry Potter appartient à J. K. Rowling. Seule l'histoire m'appartient. Aucun bénéfice n'est fait dessus.


Après Voldemort

Harry cligna des yeux.

Ah, oui, il se rappelait dans quelle désastreuse situation il se trouvait.

-Je hais Dumbledore, souffla Harry.

Ayant enfin terminé ses études à Hogwarts, le brun était certain que dès que le train arriverait à Londres, il pourrait faire ce qu'il voulait.

Sauf que ça ne s'était pas passé comme ça.

Lors de la dernière sortie à Hogmeade, il avait écrit à sa tante pour lui indiquer qu'il comptait passer quelques jours chez elle, le temps de se retourner, et ensuite totalement disparaître de sa vie. Il n'attendait pas de réponse donc il avait estimé qu'elle accepterait.

Sauf que quand Harry avait décidé de quitter Privet Drive, il avait découvert qu'il ne le pouvait pas.

Mais ce n'était pas le pire.

Quand Harry avait voulu utiliser sa baguette, celle-ci avait refusé de lui obéir. Comprenant qu'il y avait un gros problème, il était parti au-devant de Pétunia pour lui signaler que jusqu'à ce qu'il parte, il acceptait de faire quelques corvées de manière volontaire. Consciente qu'elle ne s'en sortirait pas aussi facilement et ayant malgré tout toujours apprécié le travail de qualité du brun, elle avait accepté et lui avait confié le jardin et la cuisine, se réservant le ménage et la lessive. En contrepartie, les Dursley le laissaient tranquille et il avait le droit d'utiliser la cuisine pour se préparer à manger, mais toujours le strict minimum. Ce qui lui avait laissé tout le temps nécessaire de découvrir ce qui se passait dans cette écœurante banlieue Moldue.

Il était enfermé au 4 Privet Drive.

Il avait noté la présence d'une barrière magique tout autour de la propriété. Elle l'empêchait donc de sortir des limites mais aussi d'utiliser sa baguette. Le méfait était sans aucun doute signé Dumbledore. Quand il avait appris son projet de quitter sa famille Moldue, il avait tenté de lui faire renoncer. Et comme le libre-arbitre devait s'incliner devant le plus grand bien selon Dumbledore, le brun était certain qu'il s'était assuré à ce qu'il ne bouge pas jusqu'à ce que le vieux Sorcier ne l'ordonne.

-Garçon ! grinça Pétunia

Harry se précipita dans l'entrée où les Dursley entassaient une myriade de bagages.

-Il est hors de question que tu invites tes anormaux ici ! gronda Pétunia. La maison et le dîner doivent être prêts quand nous reviendrons dans deux semaines, c'est la moindre des choses vu que nous t'autorisons à rester ici.

Sa tante continua sa liste de recommandations avant de tourner des talons et de grimper dans le taxi. Le Sorcier attendit qu'ils se soient suffisamment éloignés pour se retrousser les manches.

Il devait absolument ne pas faire ce qu'on lui disait.

§§§§§

Quitter Privet Drive s'était révélé assez simple en vérité. Ayant eu le temps d'examiner la barrière pendant les nombreuses heures qu'il passait dans le jardin ainsi que pendant ses soirées de libre, il n'avait pas été difficile de découvrir la faille et de l'exploiter. Alastor Maugrey étant mort, personne ne pouvait savoir ce qu'il faisait à l'intérieur de la maison et ce fut presque avec amusement qu'il contourna le membre de l'Ordre du Phénix de garde dans le jardin pour se rendre à Londres. Il s'était glissé dans la foule de fêtards du vendredi soir et la cape d'invisibilité avait été une bénédiction pour traverser la taverne magique bondée qui fêtait encore la chute définitive de Voldemort en mai dernier. Il profita de quelques Sorciers qui se rendaient sur Diagon Alley pour les suivre et dans un renfoncement sombre, troqua l'artefact magique contre une simple cape noire. Il se rendit vers Gringotts et malgré la présence de deux gardes Gobelins, rien n'indiquait que l'antique établissement était ouvert. Prenant son courage de Gryffindor à deux mains, Harry s'adressa à eux.

-Excusez-moi, fit Harry. Quels sont les horaires d'ouverture de la banque, je vous prie ?

Il avait pris bien soin de se trouver à la limite de la portée de la lance, assez près pour être entendu mais assez loin pour ne pas être une menace.

-Elle est ouverte à toute heure du jour et de la nuit, Sorcier, grinça soudainement l'un des gardes.

-Merci, fit Harry avec un signe de tête.

Ne voulant pas traîner à la vue de tous, il s'empressa de grimper les marches et entra dans le bâtiment qu'il pensait vide. Mais il fut très vite détrompé puisqu'il vit de nombreuses créatures magiques faire la queue, discuter entre elles, rire même, rendant bien moins pesante l'atmosphère que lorsque les Sorciers foulaient la pierre au plus fort du jour. N'ayant pas beaucoup de temps, il s'engagea dans une file et arriva rapidement à un guichet.

-Que voulez-vous ? demanda sèchement un Gobelin

-Je souhaiterai avoir rendez-vous avec le directeur de la banque, se racla la gorge Harry.

-Le directeur est très occupé, déclara le guichetier.

-Pourriez-vous, je vous prie, lui faire part de ma demande ? fit Harry en serrant les poings d'anxiété. Il se pourrait qu'il y ait des irrégularités dans mes coffres.

-Vous nous accusez d'abus ? gronda bassement le Gobelin

-Non, répondit fermement Harry. Mais je veux comprendre.

Le Gobelin observa attentivement le Sorcier avant de reprendre la parole.

-Votre nom ? claqua le Gobelin

-Harry Potter.

Le Gobelin ne se figea qu'un instant avant de s'emparer d'un stylo et d'un morceau de papier tout ce qu'il y a de plus Moldu et de le faire passer à un autre Gobelin qui passa la porte. Moins de dix minutes plus tard, il revenait avec la réponse.

-Suivez-moi, ordonna le Gobelin.

Docile, Harry obéit et le suivit dans les longues galeries de pierre magnifiques qui étaient à l'abri des profanes. Mais il cacha soigneusement son émerveillement pour se concentrer sur son objectif. Il fut introduit dans un luxueux bureau devant un Gobelin massif et son guide disparut dans la foulée.

-Veuillez vous asseoir, ordonna le propriétaire des lieux.

-Pardonnez-moi d'être grossier mais auparavant, j'ai quatre questions, fit Harry.

-Je vous écoute, fit le Gobelin.

-Qui êtes-vous ? demanda Harry

-Il est vrai que les Sorciers n'ont pas l'habitude de me voir, fit le Gobelin. Je suis Ragnok Pied de Poule, directeur de Gringotts Grande Bretagne.

-Comment puis-je être sûr que vous êtes ce que vous prétendez ? continua Harry

-Les Gobelins sont des êtres qui n'ont qu'une parole, Sorcier, gronda Ragnok. Mentir ouvertement peut nous tuer. C'est un fait connu dans le monde magique.

-Si j'utilise la magie ici, est-ce que quelqu'un pourrait le savoir ? s'enquit Harry

-Ce qui se passe dans la Nation Gobeline reste dans la Nation Gobeline, sourit mystérieusement Ragnok. Si vous aviez simplement demandé à voir votre gestionnaire de compte, vous seriez resté dans le monde Sorcier. Mais puisque vous avez demandé à me voir spécifiquement, ce n'est plus le cas.

Harry sourit. C'était exactement ce qu'il voulait.

-Puis-je utiliser la magie ici ? demanda Harry

Ragnok le regarda pensivement. D'habitude, les Sorciers ne se préoccupaient pas de savoir s'il pouvait le faire ou non. Ils le faisaient, peu importait les conséquences.

-Si elle n'est pas offensive et délibérément dirigée contre les Gobelins, oui, déclara Ragnok.

La seconde suivante, une puissante magie caressa le Gobelin qui en hoqueta d'incrédulité. Il y avait très peu de races magiques qui utilisaient la magie dans sa forme la plus naturelle et les Sorciers n'en étaient définitivement pas coutumiers. Ragnok était figé, proprement stupéfié et totalement charmé. Il lui fallut quelques longues secondes après qu'elle se soit rétractée pour reprendre ses esprits.

-Qu'avez-vous fait ? croassa Ragnok

-Je voulais savoir si vous étiez digne de confiance, haussa des épaules Harry.

-Et si ça n'avait pas été le cas ? demanda Ragnok

-J'aurais demandé à ma magie de me conduire à quelqu'un qui l'est, déclara simplement Harry.

Prenant conscience de l'importance de cet entretien, Ragnok se redressa.

-Que puis-je pour vous ? demanda Ragnok

Le jeune homme sortit un carnet de sa poche et le consulta rapidement.

-D'abord, savez-vous où je peux trouver des ouvrages pour connaître la bonne manière de m'adresser aux Gobelins ? demanda Harry. On persiste à nous apprendre que vous êtes stupides, pour être gentil, mais on continue encore et toujours à vous confier notre or. Le monde Sorcier n'est plus à une contradiction près.

-Les Sorciers sont rares à s'être penché sur la question, sourit Ragnok. Mais il existe de vieux livres à peu près justes qui couvrent le sujet. Je vous les indiquerai.

-Merci, sourit Harry. Je voudrais ensuite connaître tous les mouvements faits par mes coffres depuis la mort de mes parents. Absolument tous.

-Que craignez-vous exactement ? demande Ragnok

-Ce qu'on m'a caché, souffla Harry. Dans le monde Moldu, quand on a un compte dans une banque, chaque mois au moins, on reçoit un relevé de tout ce qui se passe dedans. Il est dommage que ce système n'existe pas.

-Il existe, contredit Ragnok. Et vous auriez dû les recevoir.

-Ce n'est pas le cas, affirma Harry.

-Veuillez m'excuser un instant, pria Ragnok.

Il revint avec un immense grimoire.

-Ceci est le résumé de toutes les possessions Potter dans la banque, annonça Ragnok. Les détails se trouvent dans un bureau entièrement dédié à votre famille, où se trouve le gestionnaire de vos coffres.

-Et qui est-ce ? demanda Harry

-Vous n'avez jamais rencontré votre gestionnaire de compte ? sursauta Ragnok

-Généralement, quand je mets les pieds à Gringotts, je suis toujours emmené par un Gobelin directement vers mon coffre personnel, railla Harry. Et comme je vous l'ai dit, je n'ai jamais reçu de relevés de compte et encore moins de courrier me conviant à un rendez-vous pour l'amélioration de la gestion de mon compte. J'en suis le premier étonné puisque j'entends toujours mon oncle et ma tante prendre rendez-vous tous les ans au minimum avec leur conseiller bancaire pour faire le point sur leurs comptes. Et ils sont Moldus !

Ragnok ne laissa pas sa rage exploser. Si le Sorcier disait vrai, alors la banque était largement en tort ! Il consulta sans un mot le grimoire et plusieurs informations lui sautèrent aux yeux. Prenant des notes, il fulmina pendant encore un quart d'heure avant de regarder le brun.

-Nous avons une bonne et des mauvaises nouvelles, déclara Ragnok. Nous commençons par quoi ?

-La bonne nouvelle, choisit Harry.

-Vous avez plus de dix-sept ans donc vous pouvez prétendre à reprendre entièrement et sans restriction tous les biens dont vous héritiez sans que qui ce soit ne puissent s'y opposer, annonça Ragnok.

-J'espère bien, souffla Harry. Maintenant, faites-moi rire.

-Les testaments de vos parents n'ont jamais été ouverts, déclara Ragnok. Le Ministère ne l'a jamais réclamé ni au notaire des Potter et encore moins à Gringotts.

-Se peut-il qu'ils ne l'aient pas trouvé ? supposa Harry

-Comme vous l'avez souligné, les Sorciers ont beau nous dénigrer, ils ne peuvent se passer de nos services, fit Ragnok. Ils savent parfaitement que quand un Sorcier fait un testament, il y a au moins trois exemplaires originaux …

-Qu'est-ce que c'est ? coupa Harry

-Ce sont des exemplaires identiques qui sont signés en même temps, expliqua Ragnok, souriant devant l'interruption. Mais alors qu'une copie n'a pas de valeur, un exemplaire original si. Il est plus facile de comprendre avec un cas concret. Je vous montrerai plus tard.

-Merci, fit Harry en inclinant la tête. Pardonnez-moi de vous avoir coupé, je vous laisse continuer.

-Donc, il existe au moins trois exemplaires originaux des testaments de vos parents, reprit Ragnok. Un dans le coffre personnel du manoir Potter, un autre à Gringotts et le dernier chez le notaire Sorcier des Potter. Dans tous les cas, le Ministère ne peut ignorer où il peut trouver ces exemplaires. Et considérant ce que le poids des Potter dans le monde Sorcier, il se pourrait que ce soit intentionnel. Surtout aux vues des mouvements suivants.

-Je vous écoute, fit simplement Harry.

-Préférez-vous écouter les testaments de vos parents avant ? proposa Ragnok

-Non, refusa Harry. Peut-être plus tard. Je veux juste connaître les dispositions qu'ils ont prises.

-Comme vous le voulez, s'inclina Ragnok. Vos parents Lily et James voulaient que vous soyez placé en priorité chez Andromeda Tonks. C'est dans leur second choix qu'ils divergent. Si ce n'était pas possible, James aurait voulu que vous soyez sous la tutelle de Sirius Black et la responsabilité de Remus Lupin alors que Lily souhaitait que vous soyez placé sous la tutelle de Severus Snape.

-Snape ? s'étouffa Harry

-C'est détaillé dans le testament de votre mère, signala Ragnok.

-Il va falloir que je penche dessus mais plus tard, songea Harry. Donc, si je résume bien, j'aurais dû rester dans le monde Sorcier, ou du moins vivre avec des Sorciers, et non aller dans la famille Moldue de ma mère. C'est exact ?

-Tous les deux avaient clairement et strictement refusé à ce que vous soyez placé chez les Dursley, confirma Ragnok.

-Ma tante m'a déclaré qu'elle m'avait découvert sur le pas de sa porte le premier novembre avec une lettre d'Albus Dumbledore, se souvint Harry.

-C'est hautement irrégulier, affirma Ragnok. Cela expliquerait pourtant le prélèvement de deux mille Galions par mois au nom de Pétunia et Vernon Dursley.

-Je vous demande pardon ? siffla Harry. Ils touchaient une pension alors qu'ils me répétaient chaque jour que je leur coûtais trop cher ?

Le brun fit quelques exercices de relaxation, sentant sa magie gronder sous sa peau.

-Continuez, ordonna Harry.

-Depuis le jour où vous êtes orphelin, des dispositions ont été prises en votre nom, déclara Ragnok. Un représentant a été nommé pour votre siège au Magenmagot et pour gérer vos affaires en votre nom. Ainsi, il pouvait donner des ordres à votre gestionnaire de compte. Je vais étudier attentivement ses actions ainsi que celles du gestionnaire. En survolant le grimoire, j'ai vu quelques mouvements qui n'étaient ni en votre faveur et encore moins en celle de la banque.

-Bien, fit Harry.

-Votre tutelle a été scindée en deux, fronça des sourcils Ragnok.

-Ce n'est pas Pétunia qui l'avait ? s'étonna Harry

-Si, fit Ragnok. Mais uniquement dans le monde Moldu. Dès que vous entriez dans le monde Sorcier, c'était Albus Dumbledore qui l'avait.

-Pourquoi la lui a-t-on confiée et pourquoi est-ce qu'il l'a accepté ? se demanda Harry

-La question exacte est pourquoi se l'est-il appropriée, corrigea Ragnok.

-Que voulez-vous dire ? fronça des sourcils Harry

-Il est écrit dans ce grimoire qu'une décision du président du Magenmagot octroie à ce dernier votre tutelle magique, révéla Ragnok. Rien n'indique que le Magenmagot ait été réuni pour en discuter et légitimer cette décision qui n'a pas lieu d'être en plus.

-Je ne vous comprends plus, avoua Harry.

-Cette décision viole un bon nombre de lois Sorcières, expliqua Ragnok. Dumbledore n'est même pas apte à accueillir un enfant dans son foyer. Et chaque mineur Sorcier n'a qu'un seul tuteur, pas deux.

Harry ferma les yeux en soupirant lourdement.

-Est-ce que vous avez une salle où je pourrais exploser ? demanda simplement Harry

-Nous pouvons mettre à disposition une salle de rituel, proposa Ragnok.

-Faites-la préparer, pria Harry. Je sens que j'en aurais besoin une fois que vous aurez terminé.

Ragnok se retint de déglutir. Plusieurs alarmes magiques de la banque s'étaient déjà enclenchées et il y avait encore plusieurs points litigieux qui n'allaient pas plaire.

-Ce sera fait, promit Ragnok. Dumbledore est donc votre tuteur magique …

-Était, corrigea Harry. Je suis majeur, il me semble.

-Est, maintint Ragnok. Toujours par décision du président du Magenmagot, vous restez sous sa tutelle jusqu'à ce qu'il estime que vous êtes apte à vous débrouiller seul.

-Vraiment ? gronda Harry. J'imagine que ce n'est pas tout ce qu'il a fait.

-Il a ordonné de nombreux prélèvements sur vos comptes, déclara Ragnok rapidement. Régulièrement, il retire des sommes importantes. Il a distribué vos biens à tout va. Et il a signé un contrat de mariage pour vous.

-Laissez-moi deviner, avec Ginevra Weasley ? railla Harry

-Vous vous en doutiez, comprit Ragnok.

-Elle me poursuit depuis qu'elle a foutu les pieds à l'école et je ne devais pas me douter de quoi que ce soit ? ricana Harry. Est-ce tout ?

-C'est le principal, confirma Ragnok.

Harry garda le silence quelques instants.

-Puisque je suis encore mineur aux yeux de la loi grâce à ce cher Dumbledore, que puis-je faire pour récupérer ma liberté ?

-Il y a une vieille loi qui dit que tout mineur sera émancipé lorsqu'il sera considéré par trois fois comme majeur, signala Ragnok. Elle n'a plus été appliquée depuis au moins deux cents ans, au point qu'elle a été oubliée. C'est la seule manière de s'émanciper dans le monde Sorcier.

-Il suffit que j'aie été jugé comme majeur trois fois pour que je le sois ? traduisit Harry

-C'est ça, confirma Ragnok.

-Mon inscription au Tournoi des Trois Sorciers, réfléchit Harry. Il était réservé aux élèves majeurs et on a refusé que je me retire.

-Il faudrait que je vérifie mais il est possible qu'on puisse utiliser cet événement, songea Ragnok.

-Lorsque j'ai dû me défendre contre deux Dementors près de chez moi après mon quinzième anniversaire, j'ai été convoqué devant le Magenmagot pour répondre de mes actes, révéla Harry.

-Le Magenmagot ne peut se réunir que pour juger un Sorcier majeur, pas pour un enfant et encore moins en cas de défense, claqua Ragnok.

-Et pendant ma cinquième année, Dolorès Umbridge, qui était professeur de « Défense », a utilisé des Plumes de Sang pour nous punir et écrire des lignes, avoua Harry. En me renseignant, j'ai découvert que seuls les adultes pouvaient utiliser ces artefacts et uniquement pour signer des contrats.

-Et même si Dumbledore l'avait autorisé sur vous, il n'y a pas de dérogation à cette loi, assura Ragnok. Donnez-moi deux jours mais je suis sûr que nous pouvons vous émanciper dans les prochains jours.

-Faites toutes les démarches, je vous prie, fit Harry.

-Bien, fit Ragnok. Je pense qu'il n'y a pas besoin d'aller plus loin. Je vais vous donner une copie du grimoire des Potter à Gringotts, pour que vous puissiez le consulter à votre aise. Dedans, il vous suffira de poser votre question sur le parchemin de Communication pour que je vous réponde dans la foulée. Si vous voulez me parler en personne, je vais vous confier une Portkey Gobelin qui peut traverser les protections Sorcières sans être détecté. Maintenant, suivez-moi, je vais vous conduire dans la salle. Vous avez besoin de réagir.

Ce ne fut que six heures plus tard que le brun quitta le quartier magique sous les regards stupéfaits des Gobelins présents.

Ce n'était pas donné à tout le monde de faire trembler l'antique bâtisse sur ses fondations.

§§§§§

Fawkes arriva une semaine avant l'anniversaire d'Harry. Ce dernier était en train de préparer le dîner pour le retour de sa famille, prévu pour le soir même. Durant leurs vacances, outre ses passages réguliers dans le quartier magique de Londres, il avait découvert les limites exactes de la barrière certainement installée par Dumbledore. Muni de sa baguette, il ne pouvait aller au-delà de la propriété du 4 Privet Drive mais sans, il disposait d'un rayon de cinq kilomètres, suffisamment pour englober la zone commerciale de Little Whining. Heureusement car sinon, le repas du retour, comme les siens durant l'absence des Dursley, aurait été compromis.

-Peux-tu attendre que je finisse ? demanda Harry

L'oiseau de feu lança un trille joyeux et entra totalement dans la maison pour que les Moldus ne puissent pas le voir. Il se percha au-dessus du brun et l'observa attentivement. Déposant quelques fruits pour lui permettre de se restaurer, le Sorcier termina ce qu'il faisait avant de lancer le four et enfourner son plat. La vaisselle faite, il prit la lettre et l'ouvrit.

Cher Harry,
Je suis ravi que tu sois revenu sur ta décision de quitter définitivement les Dursley et je t'en remercie.

Harry renifla. Dumbledore l'avait littéralement enfermé à Privet Drive. Donc techniquement, il n'était pas revenu sur sa décision. On ne lui avait clairement pas laissé le choix.

Malgré ta victoire sur Voldemort, il y a encore des Death Eaters qui rôdent et qui ont l'espoir de te tomber dessus pour se venger, je ne t'apprends rien. J'aimerai que tu acceptes la protection de l'Ordre du Phénix jusqu'à ce que tu entres à l'école des Aurors en octobre prochain.

Le brun fronça des sourcils. Il était certain qu'il n'avait pas rempli de dossier pour devenir Auror. Par contre, il était vrai qu'il n'avait toujours pas reçu de réponse pour l'école de Médicomagie …

Nous viendrons te chercher le 31 juillet au soir et nous pourrons en discuter à ce moment-là.
Par ailleurs, après mon accident, Grimmaud Place est devenu inaccessible aux membres de l'Ordre. J'aimerai que tu leur autorise l'accès à nouveau pour que tu puisses bénéficier d'un endroit sécurisé.
J'attends ta réponse avec impatience.
Bien à toi,
Albus Dumbledore

Harry sourit. Lors de ses nombreux rendez-vous avec Ragnok, l'héritage des Black avait été posé sur la table. Jusqu'à ce qu'il désigne quelqu'un d'autre, Harry était le nouveau lord Black, étant l'héritier de Sirius et Regulus n'ayant jamais eu d'enfants. Le brun s'était inquiété que Lucius Malfoy réclame la maison Black au nom de son fils mais le Gobelin l'avait rassuré en lui indiquant que Sirius l'avait nommé héritier et que Orion et Walburga Black avaient beau avoir renié leur fils aîné, ils n'en avaient pas fait autant avec ses enfants. Draco était le deuxième sur la liste de succession mais pouvait passer troisième puisqu'Harry avait en tête de désigner Teddy Remus Tonks Lupin, son filleul, comme héritier.

Seulement, il ne fallait pas oublier la tutelle magique d'Albus Dumbledore dont Harry ne devait pas être au courant en théorie. La demande d'autorisation était donc totalement factice et ne faisait qu'entrer dans la trame pour manipuler le jeune Sorcier en lui faisant croire qu'il avait un semblant de contrôle dans sa vie.

Sauf qu'Harry était parfaitement au courant de ce qui se passait et il n'avait pas l'intention de se laisser faire.

Emmenant son repas dans sa chambre, il rédigea sa réponse.

Cher professeur Dumbledore …

§§§§§

-Donc, tu pars, fit Pétunia.

Elle était montée dans la chambre d'Harry et le regardait s'affairer pour terminer ses bagages en ce matin du 31 juillet. Il l'avait prévenu qu'on allait le chercher donc elle s'était arrangée pour que son mari et son fils soient loin de la maison pour la journée et la soirée si possible.

-Oui, confirma Harry. J'aurais peut-être besoin de revenir de temps en temps mais je ferai en sorte de te prévenir de manière normale, bien entendu.

-Tu ne vas rien laisser ici ? s'assura Pétunia

-Tu n'en aurais aucune utilité, haussa les épaules Harry. Tu n'as pas à t'inquiéter.

Sans un mot, elle descendit pour faire du ménage.

Harry s'assit sur son matelas fatigué. Il avait reçu une lettre qui annonçait que ce serait les Weasley qui allaient venir le chercher. Aussitôt, il avait demandé l'aide des jumeaux qui se feraient bien plus discrets que le reste de la famille.

La sonnette retentit et Harry s'empressa d'ouvrir.

-Bonjour Fred, bonjour Georges ! salua Harry

-Joyeux anniversaire Harry ! répondirent les jumeaux en le prenant dans leurs bras

-Venez, on va monter, invita Harry.

Tous les trois montèrent dans la chambre du plus jeune.

-Tu as terminé ta valise ? demanda Georges

-Oui, confirma Harry. Vous pouvez me la réduire, s'il vous plait ?

Comprenant qu'il y avait une raison à cette demande, ils s'exécutèrent.

-On y va ? proposa Harry

Heureusement pour le brun, les jumeaux avaient revêtu des tenues Moldues pour passer inaperçus, ce dont se seraient passés les autres Weasley pour venir le chercher. Harry cacha soigneusement ses cheveux, sa cicatrice et ses yeux sous un bandana et des lunettes de soleil et tous les trois quittèrent Privet Drive. Ils se rendirent tout d'abord dans leur magasin et voulurent parler mais le brun les arrêta. A l'aide d'un stylo, il dessina plusieurs runes sur les murs de la pièce ainsi qu'au sol et sur le plafond avant de parler.

-Nous ne serons plus du tout écoutés, souffla Harry.

-Nous avons placé nos propres protections, s'indigna Fred.

-Je n'en doute pas, fit Harry. Mais Dumbledore est quand même venu vous voir ici pour vous convaincre d'arrêter cette ineptie, non ?

-Il a essayé, avoua Georges.

-J'ai l'impression que tu n'as plus autant confiance en lui, soupçonna Fred.

-Nous n'avons pas le temps d'en discuter, souffla Harry. Mais j'ai besoin que nous mettions notre histoire au point. Je ne vous ai jamais contacté.

-Mais … protesta Fred.

-Je ne vous ai jamais contacté, insista Harry. Vous avez voulu me faire une surprise pour mon anniversaire et vous êtes venu me chercher. Vous m'avez amené chez vous pour déjeuner et vous avez prévu ensuite de m'emmener à Grimmaud Place.

-L'histoire n'est pas complète, fit Georges.

-Jusqu'à ce soir, c'est tout ce que vous devez dire, fit Harry. Je vous expliquerai tout plus tard.

-On te croit, sourit Fred. Bon, puisque nous l'avons prévu, si nous allions manger ?

La paire rousse et le brun éclatèrent de rire.

§§§§§

Harry soupira de soulagement alors qu'il s'enfermait dans la chambre de Sirius.

Les jumeaux et lui avaient débarqué à Grimmaud Place en milieu d'après-midi pour découvrir qu'une barrière anti-Moldue avait été placé tout autour pour tenter d'entrer en force dans le manoir Black avec Dumbledore en tête. La tête de tout le monde avait été impayable, surtout quand Harry, ignorant visiblement ce qui se passait, avait pu ouvrir la porte sur laquelle ils s'acharnaient visiblement depuis des heures. L'intérieur du manoir n'avait pas changé et les bonnes habitudes ayant repris leurs places, la salle de réunion avait immédiatement été investie pour qu'Harry subisse un interrogatoire serré sur sa présence certes salutaire.

Flash-Back

-Harry, il me semblait t'avoir dit que nous viendrions te chercher, fit Albus avec un sourire légèrement crispé.

-Vous n'avez pas envoyé Fred et Georges pour cela ? demanda Harry avec innocence. C'est ce que j'avais compris, pourtant.

Le grand Albus Dumbledore était interdit. Il ne pouvait ni infirmer ni confirmer les suppositions du jeune homme. Chaque conséquence devait être pesée avec grand soin.

-Comment pouvais-tu être sûr que c'était eux ? demanda Albus

-Vous avez dit vous-même que les Death Eaters ainsi que les personnes qui ont de mauvaises intentions ne pouvaient pas venir jusqu'à Privet Drive, rappela Harry.

-Même, grogna Albus, peu heureux de se faire avoir sur son propre terrain.

-J'ai posé des questions auxquelles seuls Fred ou Georges pouvaient répondre, continua Harry. Ils ont rapetissé ma valise et nous avons rejoint Londres par les transports Moldus. Personne ne nous a vus.

Contrairement à ce qui se serait passé si Molly, Ginny et Ron étaient venus le chercher, songea Harry. Ils avaient beau essayé de le cacher quand Hermione et lui étaient présents, mais ça faisait longtemps qu'il avait compris que ces trois-là n'avaient aucun respect pour le monde Moldu. Et ils montraient du doigt les Death Eaters qui avaient ouvertement des réticences à ce que les Nés Moldus entrent dans le monde Sorcier …

-Mais tu aurais dû attendre que j'arrive, fit Albus.

-Vous n'avez pas confiance en Fred et Georges ? demanda Harry

Le blanc qui l'accueillit illustrait parfaitement ce que devait penser Dumbledore. Tant qu'il ne donnait pas les ordres, il n'avait confiance en qui que ce soit.

Notant qu'il ne pouvait rien dire de plus sans paraître insistant, le directeur se redressa.

-Allez vous installer, ordonna Albus. Nous allons avoir une réunion très bientôt.

Le brun fit un simple signe de tête avant de quitter la pièce.

Fin Flash-Back

Bien entendu, il n'avait pas attendu ses chers « amis » planqués en embuscade dans un salon proche pour se diriger directement dans l'ancienne chambre de Sirius. Dès qu'il avait passé la porte, il avait senti les barrières enfin s'adapter à lui et le protéger.

-Bienvenue à la maison, maître Harry, s'inclina un Elfe de maison.

-Merci, Kéa, sourit Harry.

Contrairement à ce que Dumbledore avait voulu, Harry avait récupéré sa liberté assez vite. Mais pour cela, il ne s'était pas adressé à la justice magique anglaise.

Non, les Gobelins et lui avaient visé plus haut, ils s'étaient directement adressés au Conseil International des Sorciers.

Après avoir réussi à prouver qu'il avait été considéré par trois fois comme un adulte alors qu'il était sous tutelle, le formulaire d'émancipation avait été très facile à remplir et comme la Magie reconnaissait le fait, son dossier avait automatiquement changé son statut de mis sous tutelle en majeur émancipé. Comme le brun avait déjà plus de dix-sept ans, aucune alarme n'avait signalé le changement. Le petit bonus à cette manœuvre était que les Gobelins avaient découvert que l'émancipation avait un effet rétroactif donc il était majeur depuis sa première retenue avec Dolorès Umbridge. Fort de sa liberté nouvellement acquise, il avait réussi à se rendre au siège du CIS et avec le soutien des Gobelins, pendant une audience à huit clos, il avait dévoilé tous les méfaits du vieux Sorcier à son égard. Époustouflés, les membres du Conseil avaient dû se rendre à l'évidence, surtout qu'ils avaient des doutes concernant certains des actes de leur confrère. Munis d'une copie des souvenirs d'Harry ainsi que du rapport de Ragnok, ils avaient ouvert une enquête sur Albus Dumbledore en toute discrétion.

Suite à cela, une autre bonne nouvelle attendait Harry à Londres. Les vérifications pour l'héritage des Black étaient enfin terminées et rien ni personne ne pouvait s'opposer à ce qu'Harry reprenne le titre. D'après les banquiers, Dumbledore ne supportait pas de ne pas pouvoir faire main basse sur le clan Black, puisque l'une des règles inaliénables du clan voulait que le chef ne pouvait être sous la tutelle de qui que ce soit, sauf d'un membre aîné de sa famille de sang. Le reniement d'Andromeda empêchant cette dernière de prendre la tutelle d'Harry, Albus était peu désireux de laisser sa poule aux œufs d'or entre les mains de Narcissa Black Malfoy.

Ce qui avait pour conséquence que depuis le jour où Sirius était passé à travers le Voile, Harry était légalement le propriétaire de tout le patrimoine Black. Comme il ne le savait pas à l'époque, Dumbledore avait pu installer plus confortablement l'Ordre du Phénix et s'assurer qu'il pourrait toujours avoir accès à Grimmaud Place. Mais à la fin de la sixième année d'Harry, des Death Eaters avaient réussi à s'introduire dans l'école et avaient attaqué Dumbledore alors qu'il rendait visite à Hagrid. Le vieux Sorcier avait été sérieusement blessé, supposa Harry, puisque les barrières que le directeur avait placé sur le manoir Black avaient été assez faibles pour que la magie familiale des Black reprenne le dessus et verrouille tout en attendant le véritable héritier.

Depuis qu'il avait découvert que Dumbledore l'avait enfermé à Privet Drive, Harry n'avait pas pensé à la maison d'enfance de son parrain. Alors quand il avait débarqué avec les jumeaux, il ne s'était pas attendu à ce que l'Ordre du Phénix tente littéralement d'entrer en force dans l'ancien QG. Mais il avait su habilement cacher sa stupéfaction.

Soupirant lourdement, Harry se décida à défaire ses bagages. Il avait beau reconnaître la puissance de Dumbledore, il avait toute confiance en le manoir Black pour empêcher le chef de l'Ordre de fouiner dans ses affaires. De toute façon, lors de sa dernière sortie avant le retour des Dursley, il avait transporté tous les objets auxquels il tenait dans un coffre à Gringotts qu'il avait ouvert sous le nom de James Evans.

Dès qu'il avait posé les pieds dans le manoir, les Elfes de maison de la maison Black, spécialement engagés par les Gobelins, s'étaient affairés à préparer les appartements de l'héritier, puisqu'Harry n'avait pas encore réclamé le titre. Ainsi, contrairement au reste du manoir, les lieux étaient propres et agréables avec un linge de maison de qualité. De plus, le brun avait à disposition Kéa, le propre fils de Kreattur, qui avait réussi à cacher la véritable apparence du manoir ainsi que ses véritables richesses en se montrant particulièrement odieux.

-Maître Harry voudrait manger quelque chose ? demanda Kéa

-Ça aurait été avec plaisir, soupira Harry. Mais j'imagine que je suis attendu en bas.

-La Sorcière Molly Weasley est en train de préparer le dîner, confirma Kéa.

-Misère, souffla Harry. Encore quelques heures de harcèlement. Peux-tu faire venir Kreattur, je te prie ?

-Bien, maître Harry, s'inclina Kéa.

Quelques minutes plus tard, Kreattur apparut dans les appartements.

-Maître Harry, s'inclina Kreattur.

-Je pense que nous pouvons éclaircir quelques points aujourd'hui, fit Harry. Tu m'as appelé « maître ». Pourquoi ?

-Dès le moment où vous vous êtes émancipé d'Albus Dumbledore, vous avez retrouvé votre statut d'héritier Black, répondit Kreattur.

-Est-ce que c'est moi ou ta façon de parler a changé ? s'étonna Harry

-Les Black ont très tôt eu assez du comportement d'esclaves des Elfes de maison à leur service, déclara Kreattur. Ce que je vous ai montré jusqu'ici n'est qu'une caricature véhiculée par les Sorciers qui n'ont jamais eu d'Elfes de maison à leur service. Pour la quasi-totalité des familles Sang Pur, les Elfes de maison ne sont que des domestiques. Et non des esclaves.

-Cela explique les libertés que tu t'es permis avec l'Ordre, songea Harry.

-Aucun Sorcier ne s'est adressé à moi de façon correcte, révéla Kreattur. Ils n'étaient pas mes maîtres donc je pouvais parfaitement me montrer … irrespectueux.

-Et maintenant ? demanda Harry

-J'obéirai à vos ordres, s'inclina Kreattur.

-Je n'ai rien à dire concernant ton comportement, fit Harry. Je tiens juste à ce que tu sois cordial avec moi entre ces murs. D'ailleurs, est-ce que je risque quoi que ce soit ici ?

-Vous êtes l'héritier Black, répéta Kreattur. Vous êtes protégé en ces lieux.

-Une bonne chose, sourit Harry. Bien, Kreattur, je pense que nous reprendrons cette conversation plus tard. Une dernière chose cependant. Me seras-tu fidèle ?

-Tenez, fit Kreattur en lui tendant un petit carnet.

-Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry

-Le livre des Black, répondit Kreattur. Entre ces pages, il y a toutes les croyances et les convictions de cette famille. Lisez-le. Tant que vous n'aurez pas fait votre choix, je vous serais fidèle. Pour après … nous en discuterons.

-C'est un bon compromis, fit Harry. Soit. Je te laisse retourner à ton travail.

-Je reste à votre disposition, s'inclina Kreattur avant de disparaître.

-Kéa ? appela Harry

-Oui, maître Harry, fit Kéa.

-Veille à ce que personne ne puisse entrer ici, ordonna Harry. Et si quelqu'un approche, je veux savoir qui et à quelle heure.

-Ce sera fait, fit Kéa.

§§§§§

Sur la suggestion de Molly – Harry aurait plutôt dit l'ordre – le brun avait dû rester dans le salon avec ses « amis ». Puisque l'Ordre n'avait réinvesti le manoir que depuis quelques heures, la matrone avait décidé que son anniversaire ne serait fêté que le lendemain. Mais avant, il fallait que les enfants se retrouvent après un mois de séparation, toujours d'après elle.

Harry s'en serait bien passé.

Il avait d'abord subi un interrogatoire serré de ses chers et tendres amis mais quand ils avaient compris qu'il était resté chez lui tout le temps, ils s'étaient mis à lui raconter leurs vacances. Ils n'avaient absolument pas remarqué qu'il n'écoutait quasiment pas ce qu'ils disaient. Quand il put s'éclipser – après avoir essuyé une engueulade pour avoir refusé que qui que ce soit dorme dans sa chambre – il fut arrêté.

-Harry ?

Le brun se retourna et laissa un sourire s'échapper. Dans cette nuée de têtes rousses, une seule tête brune autre que la sienne sortait du lot.

Hermione Granger bien évidemment.

-On peut parler ? demanda Hermione

-Bien sûr, sourit Harry. Suis-moi.

Ils entrèrent dans un salon proche de ses appartements et discrètement, Harry plaça quelques protections pour garantir leur intimité.

-Bonsoir Harry, sourit Hermione en le serrant dans ses bras.

-Bonsoir Hermione, répondit Harry en lui rendant son étreinte. Toi aussi tu as remarqué qu'ils ne s'étaient même pas donné la peine de me saluer quand ils m'ont vu ?

-Je me suis demandé où étaient partis leurs manières, fit Hermione.

-Quelles bonnes manières ? railla Harry. Tu permets ?

-Avec plaisir, sourit Hermione.

Un filet de la magie d'Harry apparut en même temps qu'un autre de celle d'Hermione et tous les deux se rejoignirent.

Tous les deux ayant été élevés dans des environnements non magiques, ils avaient apprivoisé leur magie avec les moyens qu'ils avaient en leur possession, c'est-à-dire leur seule imagination. Les conséquences qui en avaient découlées étaient qu'ils étaient étonnamment proches de leur magie, s'alignant sans peine avec le potentiel magique des plus grands Sang Pur. D'ailleurs, c'était comme cela qu'ils étaient devenus amis. Alors qu'il s'était perdu dans le château, il avait laissé sa magie errer autour de lui et avait rencontré celle d'Hermione. Ils ne s'étaient pas affichés, notamment à cause de Ron qui collait littéralement Harry depuis qu'ils s'étaient rencontrés dans le train, mais le troll à Halloween leur avait permis d'être amis aux yeux de tous. Et jamais ils ne s'étaient déçus.

La jeune femme sortit sa baguette et jeta quelques sorts de diagnostic sur son ami et elle-même.

-Je me disais aussi, fit Hermione. On nous a lancé des sorts d'espionnage.

D'un geste de la main, Harry les fit tout simplement sauter. Depuis leur cinquième année, le brun avait été mis sous surveillance par les bons soins de leur directeur d'école. Accablé par la mort de Cédric Diggory, il n'avait compris les tiraillements de sa magie que quand il avait voulu retrouver du calme dans la Chambre des Secrets. Le fait que la seconde porte refuse totalement de s'ouvrir lui avait fait comprendre qu'il avait un problème. C'était Hermione qui lui avait suggéré les sorts de diagnostic et c'était ensemble qu'ils avaient découvert l'amère vérité. Hermione avait eu droit à ce traitement l'année suivante, quand elle avait atteint sa majorité. Tous les deux avaient appris très rapidement soit à les déplacer, soit à les détruire. Parfois, quand ils avaient vraiment envie de s'amuser aux dépends de quelqu'un, ils déplaçaient les sorts d'espionnage pour les mettre sur Ginny et Ron, qu'ils savaient à la botte d'Albus Dumbledore.

-Nous sommes isolés pour les quinze prochaines minutes, fit Harry. Alors ?

-Ron compte me demander en mariage le jour de mon anniversaire, renifla Hermione. Je crois qu'il rêve en couleur, là.

-Tu ne seras plus la bienvenue dans la famille Weasley, taquina Harry.

-Je ne tiens à appartenir à cette bande d'hypocrites ! aboya Hermione

-Même pour les beaux yeux de Charlie ? pointa Harry

La brune rougit. Depuis qu'elle avait rencontré le deuxième fils Weasley au mariage de l'aîné, elle était sous le charme de ce grand roux aux cheveux longs et à la boucle d'oreille en dent de dragon. A cette occasion, ils avaient fait connaissance et maintenant que Voldemort était six pieds sous terre, Hermione avait dans l'idée d'approfondir leur relation, si Charlie était d'accord.

-Tu m'embêtes, tira la langue Hermione.

-Moi aussi je t'aime, sourit Harry. Et pour la suite de tes études ?

-J'ai reçu une réponse de la part de l'école de droit, fronça des sourcils Hermione. J'étais pourtant sûre de ne pas y avoir postulé.

-Tu confirmes mes soupçons, déclara Harry. Dumbledore semble persuadé que je vais entrer à l'école des Aurors en octobre.

-Tu ne veux plus te battre, pourtant, se rappela Hermione.

-Tu penses qu'on a voulu changer nos choix ? demanda Harry

-Nous sommes dans le monde merveilleux où les intérêts personnels s'écrasent devant le plus grand bien, renifla Hermione. Bien sûr qu'on veut nous modeler sans nous demander notre avis !

-Tu restes ici ? demanda Harry

-Je dois supporter Ginny jusqu'à ce que je me trouve un endroit pour réviser en paix, soupira Hermione.

-Je pense que j'ai une idée, sourit Harry. Je te préviendrai.

-Je te fais confiance, sourit Hermione.

La magie d'Harry indiquait que la pression supportée par ses pauvres runes allait les détruire et donc, il sortit un livre Moldu prévu à cet effet pour le tendre à son amie. Quand ils voulaient avoir la paix, la seule mention du monde Moldu garantissait que personne ne voulait avoir les détails de leur discussion.

La porte s'ouvrit violemment et Molly Weasley dans toute sa splendeur déboula dans la pièce, suivie bien entendu par Albus Dumbledore.

-Pourquoi tu ne veux pas que Ron dorme dans ta chambre ? tonna Molly

-Je n'arrive pas à dormir avec ses ronflements, répondit Harry.

-Mon Ron ne ronfle pas, assura Molly.

-Je fais encore des cauchemars et je ne veux pas réveiller tout le monde, déclara Harry.

-Il n'est pas bon de rester seul dans ces moments, sourit Albus.

Harry serra les dents. Les nombreuses fois où il s'était réveillé en hurlant, pas une seule fois Ron ne s'était réveillé. Et s'il l'était, il faisait tout simplement semblant de dormir, comme le brun l'avait noté.

-Je me suis déjà installé dans la chambre de Sirius, indiqua Harry.

Les deux bruns ne manquèrent pas la grimace de contrariété sur le visage du directeur. Pour avoir entendu pester Molly sur ce fait, ils savaient que les appartements de la famille Black étaient interdits d'accès pour toute personne qui ne portait pas le sang Black de façon proche. Sirius, renié, pouvait toutefois entrer dans les appartements de l'héritier puisqu'il les avait occupé jusqu'à ce qu'il quitte sa famille. En tant qu'héritier de Sirius, Harry pouvait également y entrer. Mais il était le seul.

-Je vais d'ailleurs aller me coucher, fit Harry en se levant. Bonne nuit à tous.

Il fit un signe de la main à Hermione avant de se faufiler hors de la pièce et de se réfugier à l'abri.

§§§§§

Harry passa une main lasse dans sa chevelure folle. La cuisine du 12 Grimmaud Place était en train de devenir un véritable champ de bataille juste parce qu'il avait émis la volonté de se promener dans Londres !

Il avait bien choisi son moment. L'Ordre du Phénix n'avait réintégré son QG que depuis quelques jours, la plupart des membres avaient leurs vies et leurs propres maisons, ce qui faisait qu'il n'y avait que les Weasley, Hermione et lui dans le manoir Black mais surtout, le grand Albus Dumbledore n'était pas là pour constituer une escorte et donner l'autorisation ou non au Sauveur. Molly était la seule « adulte » présente et avait décidé de faire un grand ménage de printemps dans les pièces utilisables du manoir.

Donc, impasse.

-Je vais appeler le professeur Dumbledore, annonça Molly.

-Pourquoi ? demanda sèchement Harry. Il s'agit d'une sortie sur Diagon Alley. Je refuse de me faire sauter dessus donc je comptais utiliser des Glamour. Je voulais y aller seulement avec Hermione car c'est la seule qui soit Née Moldue et qui ne hurlera pas à chaque pas que nous ferons. Donc, dites-moi où est exactement le problème ?

-Tu ne dois pas sortir seul ! protesta Molly

-Je n'ai pas besoin que tout le monde sache que je suis sorti ! gronda Harry. Et ce n'est pas avec deux Sorciers que je pourrais garder l'anonymat dans la foule …

-Non, tu ne sortiras pas ! tonna Molly

-Très bien, fit Harry. Si vous me cherchez, je serais dans ma chambre.

-Harry, reviens ici ! gronda Molly

Le brun ne lui fit même pas la grâce de se retourner. A la place, il grimpa les escaliers et s'enferma à double tour dans ses appartements. Mais au lieu de grommeler contre le monde, il prit un passage secret pour se rendre dans la bibliothèque des Black, où il était certain de retrouver Hermione.

-J'ai entendu, fit Hermione en levant le nez de son bouquin. On aurait dû s'en douter. On fait comment ?

-Dis-leur que tu vas essayer de me calmer, sourit Harry.

-Pour qu'ils me fassent encore plus la gueule puisque je peux entrer dans tes appartements et pas eux ? renifla Hermione

-Un peu plus ou un peu moins, haussa des épaules Harry. A tout à l'heure !

Dix minutes plus tard, la brune entrait ouvertement dans les appartements d'Harry. Ils se débarrassèrent de tous les sorts espions avant de s'habiller et de quitter le manoir Black sans que qui que ce soit ne s'en doute. Modifiant leurs traits avec du maquillage Moldu, ils se rendirent tout d'abord à Gringotts pour prendre des nouvelles ainsi que des réponses à leurs questions.

Le directeur de Gringotts Grande-Bretagne avait accepté de s'occuper personnellement d'Harry Potter. Il était devenu son interlocuteur particulier ce qui garantissait que personne ne pouvait révéler aux Sorciers que leur Sauveur savait bien plus de choses qu'il ne lui était demandé. Après un serment magique et de sang, Hermione, sous la protection du clan Potter, avait été intégré dans leurs plans.

-Vos études, sourit Ragnok. Comme vous avez sans doute dû le comprendre, votre dossier pour l'école de Médicomagie a été annulé. A la place, un autre pour l'école des Aurors a été déposé en votre nom. Idem pour vous, mademoiselle Granger. On a remplacé l'école de Potions pour celle de droit.

-Je m'en doutais, souffla Hermione. Tenez. Pourriez-vous déposer ceci ?

-L'école des Aurors ? s'étouffa Ragnok. Mais pourquoi ?

-L'école de Potions n'était qu'un leurre, sourit Hermione. Je voulais savoir s'ils étaient assez cons pour contrer nos volontés. Puisque c'est le cas, alors je décide de me foutre totalement de ce qu'ils veulent. Mon rêve a toujours été de faire Auror, les recherches sont bien mais j'aime l'action. Il sera difficile pour Harry pour supporter Ron à longueur de temps donc je viens également.

-Vous partez sur le principe que monsieur Potter va faire l'école d'Aurors, nota Ragnok.

-Dans le contexte actuel, je ne pourrais pas faire autre chose, fit remarquer Harry. Je me donne un an pour faire comprendre à Dumbledore que je ne serais jamais sa petite marionnette. Je compte quitter le pays l'an prochain.

-L'école des Aurors ne dure qu'un an, réfléchit Ragnok. Si vous réussissez la formation, vous devez signer un contrat de cinq ans avec le Ministère de la Magie anglais. Etes-vous prêts à prendre le risque ?

Pour toute réponse, Hermione prit son carnet, en arracha une page et écrivit quelque chose qu'elle tendit au Gobelin. Celui-ci le lut et écarquilla les yeux.

-Comment … ? s'étouffa Ragnok

-L'avantage d'être un rat de bibliothèque, ricana Hermione. Vous en pensez quoi ?

-C'est tellement fou que ça réussira sans aucun problème ! rugit Ragnok en riant. Je vais tout préparer !

-Va falloir que je prépare mes affaires pour m'installer à Grimmaud Place, soupira faussement Hermione.

-Je vais t'aider à t'installer dans les appartements des invités, proposa Harry. Ils ne pourront pas entrer et on pourra mettre ça sur le cœur de la maison.

-Bonne idée ! tapa dans ses mains Hermione. Faisons ça !

-J'ai un cadeau pour vous, sourit Ragnok.

Il leur tendit deux coffrets.

-Il s'agit de Coffres à Double Sens, annonça Ragnok. Déposez n'importe quoi dedans, je le recevrai immédiatement. Idem dans l'autre sens.

-Merci ! s'écrièrent les deux bruns

§§§§§

-Harry, puis-je te parler ?

Pour une fois que le grand Albus Dumbledore daignait rejoindre le QG de l'Ordre, son premier geste était de tomber sur Harry. Sans montrer sa lassitude, ce dernier le suivit dans le salon adjacent et s'installa dans un fauteuil.

-En traitant quelques affaires au Ministère, j'ai vu une demande de ta part pour passer ton permis de transplanage, sourit Albus. Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu ?

-Vous n'êtes pas souvent là, rappela Harry. Et je ne savais pas que vous vouliez le savoir. J'estime que maintenant que je suis majeur, il est temps que je puisse passer l'examen.

Harry retint un sourire. Il avait très rapidement compris que Dumbledore voudrait s'opposer à cet apprentissage. Il était curieux de connaître les arguments pour qu'il ne passe pas ce permis, surtout que ce serait un atout pour s'enfuir face aux Death Eaters.

-Le Ministère n'est pas sûr … protesta Dumbledore.

-Mais sans ce permis, j'aurais un atout en moins pour me tirer d'affaire, contra Harry. Et puis, Hermione, Ginny et Ron ont passé leur permis. Pourquoi pas moi ?

Vu son visage figé, Harry était persuadé d'avoir piégé Dumbledore. Si les deux crétins de Weasley pouvaient passer l'examen, rien n'empêchait Harry de le faire.

-Je m'arrangerai pour être présent, trancha Albus.

Et pourquoi pas une annonce dans le journal, aussi ? railla Harry dans sa tête

Parce qu'il ne se leurrait pas. Dès qu'il y avait une apparition de l'un d'entre eux, l'émeute n'était pas loin. Alors Albus Dumbledore et Harry Potter ensemble ? Un carnage en devenir ! C'était la raison pour laquelle il avait préféré envoyer un courrier plutôt que de passer par Dumbledore. Mais là, la discrétion allait être oubliée.

Sauf si …

-Très bien, capitula Harry. Vous connaissez la date de mon examen ?

-Le vingt août, répondit Albus.

-D'accord, fit Harry. Merci.

Le brun quitta rapidement la pièce et se rendit dans ses appartements. Il prit du papier et un stylo.

Seigneur Ragnok,
J'ai besoin que vous me confirmiez que j'ai bien rendez-vous le vingt août pour passer mon permis de transplanage.
Si, comme je l'imagine, ce n'est pas le cas, je veux que vous me programmiez un rendez-vous le plus tôt possible sans que Dumbledore ne puisse être au courant.
Cordialement,
Harry Potter

Le brun ne comptait pas se passe d'un tel atout juste parce que le vieux Sorcier avait peur ! Et puis, ce serait repousser l'échéance puisqu'un Auror se devait de savoir transplaner, seul comme accompagné.

La réponse à sa missive arriva moins d'une demi-heure plus tard.

Faites en sorte qu'on ne vous cherche pas demain matin.
Vous allez passer votre permis.
Ragnok

Le rictus d'Harry devint machiavélique.