Avertissement : ce chapitre contient des descriptions TRES graphiques d'actes sexuels. Si votre sensibilité ne vous porte pas sur les scènes de ce type, je vous incite vivement à passer votre chemin.
Chapitre 7 : Tout vient à point à qui sait attendre.
Mécontent, Laurence rentra seul à Lille et réfléchit à ses prochaines actions. En priorité, il devait reprendre les rênes de l'enquête et mettre la main sur le meurtrier de la veuve Boissière et de sa nièce. Les deux assassinats étaient liés et étaient le fruit des actions diaboliques d'un proche, cela ne faisait plus aucun doute dans son esprit.
Ayant logiquement écarté plusieurs suspects, Laurence n'hésitait plus qu'entre deux personnes, en les soupçonnant d'être complices. Il ne lui restait plus que ce dernier point à éclaircir et l'enquête serait bouclée.
Il tentait d'échafauder un plan pour amener l'assassin à se dévoiler, mais systématiquement, le visage d'Avril envahissait son esprit avec son lot de questionnements. Il s'agaça bien vite de ce parasitage et finit par se mettre sérieusement en rogne contre la journaliste.
Le policier rentra chez lui, prit une douche et se changea. Alors qu'il vérifiait une dernière fois son apparence dans le miroir, la rousse au sourire espiègle revint inopinément dans ses pensées. Avril ne se serait pas gênée pour lui faire savoir qu'il avait une mine effroyable et avait besoin de vacances… Sur ce dernier point, elle n'aurait pas eu tort. Pourtant, à cette évocation, il sentit une nouvelle manifestation de colère naître en lui : après tout ce qu'il lui avait dit, après tous les efforts qu'il avait faits pour lui plaire, la journaliste n'avait même pas daigné l'attendre et lui dire en face ce qu'elle comptait faire ! Il s'était suffisamment dévoilé, voire étalé comme une carpette devant Avril. Sa décision était prise : il ne s'abaisserait pas à quémander davantage ! Ah ça, non ! Il n'était pas question une seconde de courir après elle…
La journée passa sans nouvelles de la petite fouineuse de La Voix du Nord, et Laurence ne s'en plaignit pas. Il fut suffisamment occupé pour ne pas penser à elle et voir le temps passé. Tout d'abord, il était retourné chez les Boissière seul, avait ensuite assisté en retrait aux funérailles de la veuve mal aimée et de la nièce, tout en observant attentivement chaque membre de la famille. Il y avait de la tension dans l'air, c'était palpable. Personne ne s'était attardé au cimetière et tous attendaient avec angoisse l'ouverture du testament le lendemain.
Laurence fit une petite expérience à l'insu des protagonistes. Certains ne remarquèrent rien ou feignirent de ne rien remarquer, d'autres eurent une réaction étonnée. Il ne laissa rien filtrer mais il savait désormais qui était l'auteur des deux crimes. Il devait attendre la réunion chez le notaire pour confirmer sa théorie.
A la fin de la journée, Laurence était las. Il pensait pouvoir continuer à occulter la rousse de ses pensées, mais trop de questions demeuraient en suspens et l'avaient assailli à peine rentré chez lui. Ses bonnes résolutions du matin lui parurent tout à coup futiles et irresponsables. Confronté à la solitude et après un repas sommaire, il se mit en quête d'Avril.
oooOOOooo
Quand elle était rentrée à Lille, Alice n'était pas retournée chez elle, ni au journal. Elle avait prévenu Jourdeuil de son absence temporaire et avait trouvé refuge au cabaret dans lequel elle travaillait depuis peu, les Folies. Par discrétion, elle n'avait rien dit à Marlène, ni à Laurence, mais elle était obligée de faire des extras le soir pour arrondir ses fins de mois et mettre de l'argent de côté pour ses projets personnels.
Au début, Alice y était arrivée comme simple serveuse et avait sympathisé avec un des artistes du show travesti, un dénommé Gabriel Martel. C'était lui qui lui avait suggéré de passer une audition de chant et elle avait été engagée suite à sa prestation. A présent, complètement travestie, Alice montait sur scène et exécutait un numéro de danse et de chant avec Gabriel. Elle donnait si bien le change que le public croyait qu'elle était réellement un homme déguisé en femme. Elle prenait un vrai plaisir sur scène et ne se lassait jamais de voir des hommes venir la féliciter (et la draguer !) après le spectacle.
La rousse se sentait bien parmi tous ces hommes qui assumaient leurs parts de féminité et l'extériorisaient. Ce n'était pas rose tous les jours mais la troupe qui comportait une vingtaine de membres, se serraient les coudes face aux préjugés.
De fil en aiguille, Gabriel et elle s'étaient rapprochés. Il faut dire que le jeune homme avait un caractère sensible et était irrémédiablement amoureux de son patron, Peter Vermeulen. Hélas, c'était un amour condamné car le Flamand nourrissait des sentiments envers un autre membre de la troupe, la vedette de son show, le beau Camille Gensac, un bel éphèbe brun, imbu de sa personne, qui rappelait singulièrement Laurence à Alice. Le Camille en question était une véritable peste et était infect avec tout le monde quand il faisait sa diva.
Gabriel accueillit Alice, les bras ouverts, malgré ses absences injustifiées des derniers jours. Elle ne lui fit pas part de son dilemme car les paroles de Madeleine tournaient déjà dans sa tête avec insistance, en faisant écho à ses propres hésitations. Pour une fois, elle ne voulait pas foncer tête baissée, sans mesurer les conséquences de ses actes. C'était trop important pour elle et pour son avenir.
Pendant des heures, elle pesa le pour et le contre. Enfin, croyant qu'elle était parvenue à une décision, Alice se rendit chez Laurence. Elle trouva porte close. Si le policier n'était pas chez lui, il y avait de fortes chances pour qu'il soit encore au commissariat, d'autant qu'il avait pris du retard dans l'enquête. La journaliste reprit son bâton de pèlerin, à savoir sa fidèle Lambretta. Là encore, elle fit chou blanc. Personne ne l'avait vu de la journée et elle commença à se demander s'il était revenu à Lille. Peut-être était-il encore au bord de la mer, chez le couple Trouvers ?
Laurence, quant à lui, avait sauté dans sa voiture et était allé chez Avril. Il eut beau frapper longuement, appeler, puis finalement, forcer la porte grâce à son passe, il ne trouva pas Avril. Il n'y avait qu'un endroit où elle pouvait être : à La Voix du Nord.
Le nouveau bureau d'Avril était étonnamment bien rangé… mais vide de son occupante. La secrétaire de Jourdeuil, encore en déplacement à Paris, lui indiqua que la journaliste n'avait pas pointé le bout de son nez depuis quelques jours, ce qui était inadmissible et irresponsable, vu qu'elle n'avait prévenu personne, etc, etc... Laurence la laissa déverser sa bile sur la tête de la rousse, puis prit congé.
La jeune femme devait être avec Marlène. Devait-il s'en inquiéter ? Les deux amies avaient peu de secrets l'une pour l'autre mais il était peu probable que la rousse fasse des confidences à la blonde sur un sujet aussi délicat. Après avoir tergiversé, il se décida à appeler sa secrétaire. Autant en avoir le cœur net…
Point d'Alice avec Marlène qui ne l'avait pas vue depuis la veille… Où la rouquine pouvait-elle donc être ? Inquiet, Laurence se demanda s'il devait lancer un avis de recherche. Il n'était pas dans les habitudes d'Avril de disparaître ainsi. Même s'il savait peu de choses concernant ses fréquentations, la rousse n'avait pas les moyens de sortir le soir. Elle préférait rester chez elle, à lire un bon bouquin ou à écrire un article, plutôt que d'aller au bal ou de boire un verre avec de parfaits inconnus…
Non, ce n'était pas son genre. Ils étaient tous les deux des êtres routiniers, avec des d'habitudes bien ancrées. Chacun savait exactement où trouver l'autre quand l'un avait besoin de le voir. Ainsi, il débarquait de façon inopportune chez Avril, et elle le lui rendait bien en arrivant sans prévenir chez lui. Ils râlaient toujours en ouvrant la porte, mais toujours ils s'écoutaient exposer leurs problèmes, car l'opinion de l'autre comptait. Et là, le fait de ne pas savoir où elle se trouvait, le rendait fou d'inquiétude. Là, ils avaient désespérément besoin de lui parler.
Laurence décida de retourner chez la jeune femme et de planquer dans sa voiture pour l'attendre. La tension monta au fil des minutes alors que sa patience était mise à rude épreuve. La pluie se mit à tomber et il enchaîna les cigarettes. Depuis quand n'avait-il pas été aussi nerveux ? Il s'écoula une heure et toujours rien, jusqu'à ce qu'une voiture s'arrête devant la porte de l'immeuble d'Avril.
Il faillit ne pas la reconnaître. Les cheveux disciplinés, Alice portait un smoking de coupe masculine et un homme l'accompagnait, également vêtu de la même manière. Laurence les regarda s'engouffrer dans l'immeuble en riant bruyamment. Ils avaient sans doute mieux à faire ensemble.
Cette pensée mit le feu aux poudres et il dut physiquement faire un effort sur lui-même pour ne pas se ruer dans le bâtiment à leur suite. Ses mains se crispèrent sur le volant alors qu'une vague de jalousie aveugle l'envahissait. A cet instant, il mesura à quel point il en pinçait pour Avril et cela le mit en colère… Il se traita de tous les noms en se demandant comment, en l'espace de quelques jours, il avait pu basculer dans une telle relation de dépendance vis à vis de l'impossible rousse… Plus naïvement, comment avait-il pu croire que son opération de séduction finirait par porter ses fruits et qu'il la mettrait dans son lit pour une nuit ? Il avait pourtant cru le challenge largement à sa portée...
Malgré leurs incessantes disputes, l'attraction avait toujours été là, juste sous la surface. Ils l'avaient tous les deux niée jusque-là, en la réfutant par des comportements exaspérants l'un envers l'autre. Et il avait suffi qu'il baisse la garde (bien malgré lui) dans un moment de faiblesse pour toucher Avril. Dès ce premier matin chez lui, il l'avait sentie troublée, balancée entre désirs et raison. Quand il avait accidentellement trahi qu'il tenait à elle - un fait qu'elle n'ignorait pas au fond - il l'avait à nouveau sentie prête à craquer pour lui. Il s'était dit qu'il suffisait de gratter un peu pour que qu'elle cède à la tentation…
Le hic, c'est qu'il y avait un autre homme dans la vie d'Avril. Ah, il comprenait mieux ses hésitations maintenant ! Il s'était bien leurré et planté sur ce coup-là ! Plus jamais on ne l'y reprendrait !
Furieux, il s'apprêta à partir quand il les vit ressortir de l'immeuble. L'homme portait cette fois une petite valise… comme si Avril allait emménager quelque part. Ainsi, elle avait choisi l'autre ! Pire, elle fuyait en douce, sans rien lui avoir dit ! Quelle lâcheté de sa part ! Cette fois, sans hésiter, il ouvrit la portière, sortit sous la pluie battante, prêt à en découdre avec Avril et l'inconnu…
Il n'en eut pas l'occasion. Le couple était pressé et ne le vit même pas. L'homme démarra en ignorant la silhouette qui s'avançait vers eux. La voiture éclaboussa Laurence au passage… qui se retrouva trempé comme une soupe malgré son imperméable.
Quelle soirée de m… !
Incapable d'en rester là, Laurence reprit la Facellia et les suivit. Il fallait qu'il en ait le cœur net. La colère bouillonnait en lui, exacerbant ses sentiments. Il voulait savoir ce qu'Avril manigançait. Pas un instant, il ne se rendit compte qu'il agissait comme un vulgaire amoureux délaissé et jaloux, alors qu'il abhorrait ce comportement puéril en temps ordinaire.
La voiture d'Alice stoppa dans une rue et le couple en sortit, toujours aussi pressé. A nouveau, ils s'engouffrèrent dans un immeuble en chantant une chanson et en riant. Laurence les suivit jusqu'à la porte où il était écrit "Entrée des artistes." Il tourna la poignée et pénétra dans un couloir vide. Un orchestre jouait en sourdine, des voix d'hommes résonnaient et s'interpellaient. Il s'avança, puis une porte s'ouvrit. La clameur des conversations s'éleva dans la pièce, et il se retrouva littéralement nez à nez avec un jeune homme aux yeux bleus de la même taille que lui, les traits soigneusement maquillés, qui le dévisagea des pieds à la tête.
« Salut, beau brun, tu t'es perdu ? »
Une voix de fausset, de faux cils, un maquillage outrancier, des vêtements de femme… Qu'est-ce-que c'était que ce cirque ? Sans se laisser démonter, Laurence considéra froidement le travesti et sortit sa carte de police.
« Commissaire Laurence. Je cherche une jeune femme qui est entrée ici, Alice Avril. »
« Et qu'est ce que vous lui voulez à cette... Alice Avril ? »
« Lui parler. »
« De quoi ? »
« C'est moi qui pose les questions, monsieur ?... »
Le jeune homme s'approcha de lui sans chercher à masquer qu'il appréciait ce qu'il voyait.
« Camille, pour les intimes... Vous pouvez m'interroger, j'adore quand on me pose des questions personnelles et impertinentes… »
Laurence leva un sourcil. Le dénommé Camille lui adressa un sourire séduisant et reprit :
« Demandez-moi si je suis disponible. La réponse est oui. »
« Je vois. Vous cherchez l'homme de vos rêves ? »
« Je crois l'avoir trouvé… »
« Je vous conseille plutôt d'aller dormir... »
Camille eut un petit rire ravi.
« Commissaire, quel humour ! J'adore votre style… Vous me plaisez énormément. »
« Vous êtes toujours aussi entreprenant avec des inconnus ? »
« Quand cet inconnu ressemble à Cary Grant, je n'hésite pas un instant. »
Laurence adopta une expression dédaigneuse et considéra le travesti outrageusement maquillé.
« Vous n'êtes pas mon genre… » Dit-il d'un ton cassant. « … Je préfère les femmes sans artifices, féminines et surtout... réelles. »
Camille prit un air coquin et lui fit un clin d'œil.
« Je vais vous faire une confidence, Commissaire : la dernière fois que j'ai pénétré une femme, c'était en visitant la Statue de la Liberté… »
Laurence esquissa à peine un sourire et mit ses mains dans ses poches.
« Il faut deux ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à se taire... Méditez ça au lieu de sauter sur tout ce qui porte un pantalon. »
« Oh, Commissaire, vous n'êtes pas un gentleman. Ce n'est pas ainsi qu'on traite une dame. »
Laurence eut un rire bref.
« Je réserve également mes galanteries à celles qui se montrent coopératives et n'abusent pas de ma patience… Alors, Alice Avril ? »
« Il n'y a donc que cette fille qui vous intéresse ?... » Camille s'approcha un peu plus de lui et porta la main sur le revers du costume trempé de Laurence. « … Vous allez attraper la mort si vous restez comme ça. Je connais un moyen efficace pour vous réchauffer, vous savez... »
Le tout accompagné par un regard éloquent sur sa personne. Cette fois, Laurence sentit la moutarde lui monter au nez et se raidit.
« Ôtez vos doigts ou vous allez devoir les remonter en kit... J'en profiterai également pour faire sauter votre permission de travestissement au motif de racolage et pour faire fermer le club... »
« Tout de suite, les grands mots ! Racolage ? Pour qui est-ce que vous me prenez ?... »
« Où est-elle ? »
Camille soupira, la mort dans l'âme.
« Alice doit être avec cette coincée de Gabriel, elles vont monter sur scène d'une minute à l'autre. »
« Je rejoins la salle par où ? »
« Première porte à droite au bout du couloir. Puis, à nouveau à droite, et vous prenez l'escalier… »
« Merci, vous êtes bien aimable. »
Le tout dit de façon sarcastique. Laurence s'en alla sous les œillades admiratives de Camille, enchanté par ce qu'il voyait. Il entendit le jeune homme rire dans son dos et l'apostropher une dernière fois :
« ... Tu sais quoi, mon chou ? Tu ne m'empêcheras pas de chanter pour toi ce soir. »
Le policier l'ignora. Il rejoignit la salle plongée dans la pénombre et prit place à une table. Un serveur vint immédiatement prendre sa commande, pendant qu'il essuyait des regards inquisiteurs sur sa personne. D'ici à ce qu'un individu l'aborde, il n'y avait qu'un pas... Il oublia les curieux et se concentra sur le travesti qui terminait sa prestation sur scène. Ce dernier fut chaudement applaudi et quitta la scène au moment où l'orchestre entamait un nouveau morceau.
Toute crinière dehors, le(a) dénommé(e) Gabriel(e) fit son entrée sur scène en se déhanchant lascivement, tel(le) une femme-liane dans sa longue robe argentée, suivi(e) immédiatement par Avril. Avec son maquillage aux traits angulaires et sa moustache, Avril était méconnaissable, les cheveux tirés en arrière, terriblement masculine dans son smoking noir taillé à ses mensurations. Ils furent chaudement accueillis par le parterre d'habitués dès les premières notes.
Laurence ne quittait pas des yeux la rouquine dont la voix l'avait déjà enchanté par le passé. Quand le travesti et la rousse se mirent à esquisser des pas de danses bras dessus, bras dessous, il commença à se sentir mal à l'aise. Les regards que Gabriel(e) et Alice échangeaient pendant la chanson, étaient clairement enamourés.
La musique s'emballa, la chorégraphie aussi, et tout à coup, Gabriel(e) et Avril arrachèrent leurs vêtements respectifs et leurs perruques. Redevenu homme, Gabriel portait un smoking immaculé, alors qu'Avril se retrouvait en guêpière noire et rouge, hyper sexy avec des bas résilles qui arrachèrent des sifflets admiratifs de la part de l'assistance totalement conquise.
Il y eut un grand blanc dans l'esprit de Laurence. Bluffé par la transformation, il dévorait littéralement Avril des yeux alors que la danse devenait plus sensuelle, plus provocante aussi. L'efféminé Gabriel promenait ses mains sur le corps d'Avril de façon possessive, exprimant ainsi une passion trouble. C'était un paradoxe dont ils jouaient tous les deux à merveille, en laissant leurs corps exprimer toute une panoplie de désirs inconscients.
Laurence mit le doigt sur ce qui le mettait mal à l'aise. La jeune femme formait avec Gabriel un duo pour le moins dérangeant qui jouait sur l'ambiguïté de leurs androgynies respectives. Il devait admettre qu'il y avait là une alchimie troublante qui se dégageait de leur couple.
Le policier faillit se lever et partir quand il se rendit compte qu'il enviait le jeune homme qui serrait son Avril dans ses bras comme si elle lui appartenait. A nouveau, il ressentit une vague de jalousie et de fureur, et tout son être se révolta contre le mélange des genres et le quand-dira-t-on… Enfin, c'était inconvenant comme situation ! Avril habillée comme un homme, qui se comportait comme tel et qui dansait avec un individu au physique suffisamment féminin pour semer le doute ! Était-elle tombée sur la tête ? Il ne se gênerait pas pour dire à la journaliste ce qu'il pensait de sa prestation !
Avril et Gabriel terminèrent leur numéro enlacés et firent mine de s'embrasser sous les applaudissements nourris des clients. La salle s'illumina et le couple salua les spectateurs enthousiastes. Alice souriait, heureuse, à l'aise sur scène, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Elle envoyait des baisers au public jusqu'à ce que ses yeux s'arrêtent sur la plus improbable des présences en ce lieu. Interdite, elle se figea soudain et cessa de sourire.
Laurence ne souriait pas non plus. Son visage et ses yeux désapprobateurs exprimaient même une colère sans nom. Un rapide échange muet passa entre eux alors qu'il se levait, les poings serrés. Il quitta la salle sans même se retourner.
Non, non, non !… Alice se mit à paniquer et oublia tout. Elle partit en courant vers les coulisses, laissant son partenaire abasourdi sur scène. L'incident fut vite oublié quand le machiniste ordonna qu'on lance le numéro phare qui clôturait le show, celui de Camille.
Alice se précipita vers sa loge pour s'habiller sommairement, puis elle enfourcha sa Lambretta, direction l'appartement de Laurence. Jamais elle n'avait voulu qu'il apprenne de cette façon ce qu'elle faisait en extra pour mettre du beurre dans les épinards. On lui avait toujours dit qu'il n'y avait pas de sot métier, mais elle pouvait concevoir que se produire dans un cabaret travesti pouvait choquer les non initiés, surtout Laurence avec son code des conventions qui datait de l'ère victorienne. Qu'avait-il pensé d'elle en voyant cette prestation qui se voulait totalement sensuelle et provocante ?
Elle prit conscience que l'opinion de Laurence comptait pour elle. Elle s'était affranchie de lui à une période, en se moquant bien de ce qu'il pouvait penser, en vivant sa vie comme bon l'entendait. Mais désormais, elle voulait éviter d'envenimer une situation potentiellement explosive entre eux.
Avril frappa à sa porte avec appréhension. Cette dernière s'ouvrit presqu'immédiatement et elle se retrouva face à un Swan Laurence remonté comme une pendule. Tout dans son attitude rigide reflétait une colère sourde. Sans un mot, il s'effaça et la laissa entrer.
Ce n'était pas bon du tout, pensa Alice. Dans le salon, il croisa les bras et attendit qu'elle parle, la mâchoire crispée. Prise en faute comme une môme de huit ans, mal à l'aise, elle dansa d'un pied sur l'autre.
« Je… je vous ai appelé cet après midi. Je voulais vous parler… »
Le retour au vouvoiement sembla creuser un fossé entre eux. Alice s'éclaircit la gorge et tenta de revenir à plus de familiarité.
« … Te parler. »
Laurence eut un mouvement imperceptible de la tête et Alice sentit que le fossé était irrémédiablement là.
« De quoi ? »
Il faisait un effort manifeste pour se contenir, acceptant d'abord de dialoguer avant de probablement la renvoyer quand elle aurait fini de s'expliquer.
« Je n'aurai pas dû partir comme ça ce matin, mais j'avais besoin de prendre du recul, de réfléchir à tout ce qu'on s'est dit… »
Il soupira et leva les yeux au ciel. Alice fit un pas vers lui.
« Mets-toi à ma place. Ça fait beaucoup à digérer… C'était important. »
« En quoi était-ce important ? » Demanda t-il avec agressivité. « ... Parce que tu ne savais pas comment m'annoncer qu'il y avait déjà un homme dans ta vie ? »
Alice fronça les sourcils.
« Hein ? »
« Ne fais pas l'innocente. Je t'ai vu avec ton… Gabriel… ou devrais-je dire GabrieLLE ? » Dit-il en insistant sur la dernière syllabe.
« Mais c'est mon partenaire ! »
« Tu as réussi à trouver un hybride entre une homme et une femme. Vu tes penchants, je suppose qu'il te donne pleinement satisfaction sur ces deux plans... »
« Quoi ? »
« Pourquoi ne m'as tu pas dit que vous étiez ensemble ? Tu voulais voir jusqu'où j'étais prêt à aller ? »
Il croyait qu'elle se moquait de lui ?
« Pas du tout. Je ne voulais pas me précipiter, c'est tout. »
« Ce serait bien la première fois ! »
« Pour ton information, il m'arrive de réfléchir ! »
Laurence eut un ricanement. Avril commençait à sentir poindre de l'agacement lorsqu'elle comprit soudain en un éclair à quoi rimait toute cette scène. Elle eut un sourire entendu et ne put résister à l'envie de le titiller.
« Laurence, tu es jaloux. »
Alice vit des éclairs traverser le regard ombrageux du policier et il rentra dans sa sphère d'intimité en la dominant de toute sa taille.
« Alice Avril, ne me prends pas pour un idiot ! J'ai des yeux pour voir. »
« Tu ne vois rien du tout. Tu n'as rien compris... Gabriel est juste mon partenaire de scène, ce n'est même pas un ami ! »
« Vous semblez pourtant bien proches tous les deux... »
« Ce n'est qu'une interprétation ! Je te jure qu'il n'y a rien entre lui et moi... » Elle le regarda droit dans les yeux. « … Rien du tout. »
Laurence essaya de lire la vérité dans son regard.
« Tu es touchant quand tu es contrarié. Je vais finir par croire que certaines moqueries ou remarques concernant mes fréquentations passées, cachaient en réalité de la jalousie... »
« Je ne suis pas jaloux ! »
« Si, tu l'es… Et je suis flattée par toute cette attention. Elle me prouve que tu tiens à moi plus que tu ne veux l'admettre… J'aime ça. »
Pris au piège, gêné, il bougonna.
« Oui, bon… Il se peut que j'exagère un peu, que ce soit... extrême. »
« Tant que ça reste dans les limites du raisonnable… Dis-moi, est-ce que tu penses à moi en des termes possessifs ? Genre, mon Avril ? ma rouquine ?... Mon Alice peut-être ? »
« Pff… N'importe quoi ! »
Comment avait-elle deviné ? Laurence n'était pas non plus prêt à admettre qu'il avait eu ce genre de réflexion à peine une heure plus tôt. Il haussa les épaules, en jouant le vieil indifférent.
« Non. »
Alice hocha la tête parce qu'elle le connaissait trop bien. Tout dans son attitude dénotait le contraire mais elle ne voulait pas s'appesantir sur un malentendu qui la faisait sourire. Il était temps de lui annoncer ce qu'elle avait décidé plus tôt dans la journée. Elle prit une profonde inspiration. C'était maintenant ou jamais.
« Swan, je veux plus qu'une simple nuit avec toi… »
Laurence encaissa l'aveu sans broncher, pourtant elle vit qu'elle avait réussi à capter son attention. Il l'observait à présent, le corps tendu, dans l'expectative...
« … Je veux croire qu'entre nous, tout est possible, comme tu l'as dit... Je veux pouvoir prendre ce risque en étant sûre que tu feras l'effort d'essayer, et même plus que cela, que tu y croiras aussi. »
Laurence ouvrit de grands yeux et, pour une fois, se retrouva sans rien à dire. La rousse se mordait la lèvre pendant qu'il la dévisageait intensément. De façon incongrue, il s'aperçut qu'Avril, dans sa précipitation à venir le rejoindre, ne s'était même pas démaquillée. Avec la pluie qui tombait dehors, le rimmel avait coulé, lui faisant des yeux de panda… sans compter le reste du maquillage qui s'était étalé partout ! Décidément, il n'y avait qu'à elleque ce genre de choses arrivait !
Laurence aurait voulu en rire, se moquer d'elle, mais aucune remarque ne lui vint à l'esprit. Machinalement, il leva la main vers sa joue et essuya une trace noire avec son pouce. En vain, ce fut pire et il fut tenté de l'emmener vers la salle de bain pour lui montrer dans le miroir l'ampleur des dégâts mais il avait mieux à faire. Au diable, son apparence !
Il attira Alice à lui avec autorité et l'embrassa sans lui laisser le temps de protester. La pulpe des lèvres de la jeune femme était douce, encore un peu froide après son trajet en scooter. Lentement, Laurence dessina des arabesques compliquées sur sa bouche et attisa les braises d'un désir naissant.
Il la sentit qui s'abandonnait à la caresse, légère, confiante, aimée… La langue d'Alice vint à la rencontre de la sienne, et ils prirent leur temps pour se redécouvrir et profiter de ces secondes précieuses. L'odeur agréable de cosmétique qui émanait d'elle, de ses cheveux, l'enveloppa, le grisa doucement. Alice inclina la tête sur son épaule et se mit à gémir, conquise par ce premier baiser qui n'en finissait pas.
Laurence se recula pour reprendre son souffle et observa la jeune femme aux pupilles dilatées. Il se rendit alors compte qu'il adorait l'avoir ainsi dans le creux de ses bras, sa tête contre son épaule. Une de ses mains s'était perdue dans les folles mèches rousses avec possessivité tandis que celle d'Avril reposait contre sa joue en un geste tendre.
« Alice… Je… Je suis désolé… Je n'aurai pas dû douter de toi... »
Il éprouvait le besoin de s'excuser. Elle eut un sourire en acceptant ses explications.
« Je suis prêt à faire ce qu'il faut pour te rendre heureuse. »
Chaque visage reflétait le récit d'une vie, chaque petite fossette avait une histoire à raconter, et celui d'Alice se transforma. Sa petite rouquine était à présent rayonnante, merveilleuse. Les traits d'Alice reflétaient un éternel optimisme, une insolente jeunesse qu'il avait envie de goûter avec gourmandise. Il l'embrassa à nouveau.
Les yeux fermés, Alice s'abandonna à la langueur de ce baiser. Leurs lèvres se cherchèrent, se joignirent puis partirent à la découverte d'une joue, d'une fossette, d'un creux où elles se lovèrent. C'était pour mieux se retrouver ensuite, se mordiller, s'offrir encore et encore.
Les baisers de Laurence la laissèrent tremblante, ivre de lui, tandis que la main de son compagnon dans ses cheveux l'attirait plus près encore. Leurs bouches inassouvies s'emmêlèrent, se firent plus gourmandes, exprimant une faim insatiable, un désir prêt à les engloutir tous les deux.
Les doigts de Laurence s'aventurèrent dans le cou d'Alice, effleurèrent la peau fine de sa gorge, et dégrafèrent l'un après l'autre les petits boutons de sa chemise qu'il ramena sur ses épaules. Il posa immédiatement sa bouche dans le creux de son cou et explora ce territoire inconnu tandis qu'Alice tanguait de bonheur, abandonnée, en se mordant les lèvres.
Son dos était nu, ses seins à peine voilés par la dentelle de la guêpière dont elle ne s'était pas débarrassée après le spectacle. Il lui enleva son chemisier et eut la vision de son buste la plus érotique qui soit…
« Tu as eu une bonne idée de ne pas te changer. »
« Ça te plaît ? »
« A ton avis ? »
Alice prit une pose provocante, façon femme fatale, et il l'attira à lui en riant doucement. La bouche d'Avril se pressa violemment contre ses lèvres lorsque les doigts de Laurence s'emparèrent des petits tétons qu'ils comprimèrent doucement au travers du tissu.
Alice étouffa un gémissement, au bord de la folie. Elle n'était pas encore à lui et elle brûlait d'un désir inextinguible. Avait-elle déjà eu envie d'un homme à ce point ? Sans doute que non. A son tour, elle s'attela à lui ôter sa chemise blanche, mais avec moins de patience... Les boutons volèrent lorsqu'elle tira sur le vêtement.
« Enfin... »
Laurence se mit à rire doucement. En écho à son enthousiasme, il se sentit basculé dans une autre dimension tandis que les yeux d'Alice le fixaient, mi-anges, mi-démons. Les mamelons de ses petits seins étaient raides, érigés, arrogants sous la dentelle noire et le narguaient. Il tira sur les cordons du corset qui glissa lentement sur sa peau, dévoilant la poitrine laiteuse d'Avril.
Incapable de résister, il se pencha et posa ses lèvres sur une aréole brune qu'il se mit à suçoter avec application, tandis qu'il s'emparait de l'autre globe avec sa main. Comme si une décharge électrique la traversait, Alice poussa un cri et rejeta la tête en arrière, pendant que son bas-ventre s'enflammait.
Alice sentit ses mamelons se raidir encore sous l'intensité de ses caresses. La sensation fut presque douloureuse et elle se mit à gémir sans retenue. Cette fois, ce fut son prénom qui résonna dans le salon.
A cette évocation, Swan releva les yeux et la découvrit, offerte, les lèvres encore luisantes, humides de leurs baisers et l'envie de les reprendre, le tarauda. Il écrasa sa bouche contre la sienne avec force.
Alice ne fut pas en reste et répondit avec un nouvel appétit tandis qu'elle s'attaquait au bouton de son pantalon. Il coupa court à toute tentative de sa part en plongeant à nouveau sur sa poitrine, en léchant chaque partie de sa peau. Comme une abeille, il butina un petit mamelon. Il enroula sa langue autour, le laissant durcir, le suça puis passa au second pour lui faire subir le même traitement. Comme s'il s'agissait d'un fruit savoureux, il mordilla sa chair en lui arrachant de légers gémissements.
Ses mains parcoururent le dos d'Alice de haut en bas, cherchant ses épaules nues, puis redescendirent le long de la colonne vertébrale jusqu'à la naissance de ses fesses. Le pantalon le gêna, alors d'une pression il fit sauter le bouton de son blue jean. Fermement, il empoigna le vêtement aux hanches et d'une brusque traction, il descendit ce dernier sur ses chevilles. Alice protesta.
« Hé, doucement... »
« C'est tout de même moins pratique qu'une robe… Il n'y a rien de mieux que de pouvoir trousser une femme à l'improviste. »
« J'ai affaire à un expert… »
« Tu ne perds rien pour attendre si tu en mets une, Avril... »
La guêpière avait suivi le mouvement et Laurence se rinça l'œil sur le petit triangle pubien roux qui venait de se dévoiler. Déjà à l'étroit dans son pantalon, il se sentit encore gonflé. De façon insensée, Avril le mettait dans un état d'excitation qu'il aurait bientôt du mal à contenir...
Il termina de la déshabiller et la poussa vers le canapé en cuir, nue et frémissante. Elle s'allongea pendant qu'il se penchait à nouveau sur elle et qu'il suivait la ligne entre ses seins et son nombril avec sa bouche. Swan glissa ses larges mains sous ses fesses. Juste la bonne taille ! Il laissa traîner le bout des ses ongles sur sa peau, la parcourant en tous sens, éveillant d'imperceptibles frémissements. Parfois ses doigts s'arrêtaient au bas de sa colonne, massaient doucement la petite surface plate qui se trouvait à cet endroit, puis empruntaient le sillon chaud jusqu'à la rencontre avec l'ourlet délicat de ses grandes lèvres.
Avril se fit plus vocale. Elle sentait son cœur qui battait violemment dans sa poitrine. Elle était devenue sa chose, l'objet de ses désirs et elle ne s'en plaignait pas ! Ce qu'il était en train de lui faire l'excitait incroyablement. Dans ses veines coulait de la lave en fusion. A cet instant, il était tout ce qu'elle désirait.
Swan aimait la caresser, la sentir frémir et gémir avec de plus en plus d'abandon. Son corps tressautait parfois sous un attouchement plus précis, plus bref. Ses mains à elle n'étaient pas inactives non plus : elles le caressaient également en se crispant par moment sur sa peau. C'était agréable, cette montée lente d'un plaisir longtemps refusé.
Le souffle d'Avril se fit plus court quand, à l'aide de deux doigts, Swan sépara ses lèvres frémissantes donnant accès à sa fente brûlante. Elle était abondamment mouillée, chaude, et ses doigts furent immédiatement trempés par son nectar. Les mains d'Avril s'immobilisèrent et se crispèrent sur ses épaules alors qu'il faisait de longs allers et retours sur ce petit coquillage ouvert.
« Swan… Oh, Swan, continue... »
Comme si elle lui donnait l'autorisation, il fourra son nez dans les poils soyeux de son pubis et inspira son odeur de femme. Ivre de désir, sa bouche glissa plus bas jusqu'à la commissure de son sexe. Il écarta avec sa langue les voiles de ses lèvres, cherchant le petit bouton sous le capuchon rose. Timide, il apparut, dardant sa pointe vers sa langue, le défiant.
Swan l'attaqua par une série de petits baisers, laissant sa langue l'entourer, le presser. Il le saisit entre ses lèvres, l'étirant doucement, le cajolant. Alice se mit à gémir et écarta encore davantage les cuisses pour lui permettre un meilleur accès. La langue de Swan se livra à un duel passionné avec son clitoris, le sentit durcir et se raidir. Parfois, il descendait, ouvrant ses lèvres sur toute la longueur, puis plongeait avec ravissement dans le petit puits chaud et ruisselant de son intimité. Elle avait un goût divin… Alice commença à trembler sous ce traitement des plus énergiques et ses gémissements s'amplifièrent.
Laurence accentua la pression pendant qu'il lui empoignait les fesses plus fermement. Deux de ses doigts coulissèrent dans le sillon, trouvèrent la fente écartelée. Lentement, ils s'enfoncèrent en elle, puis entreprirent un doux va-et-vient. Sa langue retrouva le petit adversaire avec lequel elle recommença à batailler. Il la sentit se crisper et se tendre, la gaine chaude de son sexe palpitant autour de ses longs doigts. Les mains d'Alice arrachèrent presque ses cheveux quand elle se cramponna furieusement à lui, secouée de petits soubresauts. Les soupirs d'Alice prirent une nouvelle ampleur...
De l'autre main, il pressa ses fesses pour que son sexe reste collé à sa bouche. Ses lèvres et sa langue menèrent un ballet incessant sur sa petite fente rose, ouverte, luisante d'envie. Il suça, avala le nectar qui coulait de son ventre, s'enivrant avec son odeur de femme.
L'orgasme d'Alice vint brusquement, ravageur. Dans un grand cri, la petite rousse se raidit. Son vagin se resserra sur les doigts de son amant comme une bouche avide. Une série de fortes contractions la secoua, la laissant palpitante entre ses bras pendant qu'elle criait de bonheur, sans aucune retenue.
Swan se redressa, l'enveloppa et l'embrassa. Avril était encore marquée par les vagues de plaisir qui venait de déferler dans son corps. Elle se relâcha enfin, à présent détendue.
Laurence couvrit le visage d'Alice de petits baisers tendres. Elle goûta à son odeur de femme sur ses lèvres. Des frémissements agitaient encore sa peau. Les petits poils de ses bras étaient encore dressés, électrisés.
Il se débarrassa de son pantalon et de ses sous-vêtements pendant qu'elle récupérait. Ses petits seins dardaient toujours des pointes raidies, et sous son pubis, ses lèvres encore ouvertes excitaient sa convoitise. Comme il lui tardait de pousser la porte du jardin d'Eden...
Laurence avait envie d'elle, de se fondre dans son corps comme jamais. Sentir ses seins, son ventre, son sexe contre lui le rendait fou. Il se positionna entre ses cuisses face à sa vulve ouverte. Volontairement il tâtonna, fouilla avec son gland par-ci par-là, en un jeu de cache-cache à la recherche du petit trésor convoité… Alice gémit à nouveau et fit preuve d'impatience. C'était terriblement excitant pour lui aussi et il décida de mettre fin au supplice. Il positionna son gland à l'entrée du vagin. Les lèvres humides d'Avril se refermèrent sur lui comme le ferait une petite plante carnivore.
D'un coup de rein, Swan la pénétra. Alice émit un soupir de plaisir alors que la verge s'enfonçait dans son ventre. Un second coup de rein, plus appuyé cette fois, l'emmena tout au fond. Il ne put retenir un gémissement de bonheur. La rousse l'enserrait dans son fourreau brûlant et c'était la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis longtemps. Il prit ensuite un rythme, allant et venant en elle comme un piston bien huilé, arrachant de nouveaux gémissements à leurs deux corps tendrement enlacés.
Laurence se noya dans un océan de bien être. Le sexe d'Alice l'emprisonnait juste comme il fallait, le massait, le masturbait merveilleusement bien. Son gland fourrageait dans cette petite caverne brûlante. Chaque mouvement arrachait à Alice de longs soupirs.
Son plaisir montait trop vite… Il ralentit un peu la cadence, s'appliquant en de longues allées et venues bien marquées, suivies de quelques pénétrations plus rapides et plus fortes.
Il voulait que le plaisir de la rouquine monte doucement, qu'elle le sente venir en elle, qu'il l'imprègne doucement avant d'exploser dans son ventre. Il varia la cadence, la profondeur de pénétration, l'angle, de manière à bien masturber toutes les parois de son vagin. Il sentit Alice se coller à lui lorsqu'il sortait comme si elle voulait le retenir, le faire entrer à nouveau, tandis que ses gémissements retentissaient à présent, réclamant une libération imminente.
C'était elle à présent qui, par saccades de ses reins, venait à sa rencontre. Son fourreau l'absorbait à fond, le forçant à la remplir encore et encore. C'était bien trop bon, il n'allait pas tenir longtemps comme ça !
Des cris sortaient désormais des lèvres d'Alice, un nouvel orgasme approchait. Après quelques mouvements profonds, Laurence sentit sa semence monter dans sa verge et il commença à vocaliser son plaisir, l'encourageant implicitement à se laisser aller.
Ce fut à ce moment qu'Alice partit dans un grand cri. Ses bras se crispèrent autour de Laurence. De puissantes contractions agitèrent son bas ventre, se prolongèrent dans son vagin, s'épanouirent autour du sexe de Swan. Il se raidit en crachant sa première giclée de sperme en elle. Ils continuèrent à venir à la rencontre de l'un et de l'autre, pendant que les spasmes de plaisir continuaient à les faire vibrer, pendant qu'il se répandait en elle en ahanant.
Swan attendit que leurs derniers soubresauts cessent avant de l'enlacer. Il la serra dans ses bras, chercha sa bouche pour la remercier du bonheur qu'elle lui avait donné... Il était bien avec elle, tout contre elle, en elle...
Ils restèrent longuement ainsi, soudés l'un à l'autre, partageant cette communion au delà du simple rapport physique. Ils avaient mis fin à leurs disputes de la plus belle manière qui soit.
Laurence se redressa enfin et ils s'observèrent. Alice lui fit un sourire radieux et laissa échapper un petit "Ouah…" qui en disait long. Il répondit par un léger rire.
« J'en déduis que Madame est pleinement satisfaite du service… »
Alice se mit délicieusement à rougir et lui donna un petit coup en grognant.
« Hé !... » Protesta t-il en riant. « ... Faites l'amour, pas la guerre… »
Elle se mit également à rire et lui caressa le torse.
« C'est un slogan qui me convient bien. »
« Il se pourrait aussi qu'il me convienne... »
Swan déposa un tendre baiser sur les lèvres d'Alice et lui sourit doucement :
« … Et il se pourrait également que je prenne goût à me lever le matin, une rouquine couchée à mes côtés, épuisée après une longue nuit de folies… »
« Tu ne tiendrais pas la distance, Laurence… »
« Tu veux parier ? »
« Embrasse-moi, au lieu de raconter des bêtises. »
Il obtempéra, ravi au fond de la tournure des événements. La journée (et sa semaine marquée par la maladie) se terminait finalement bien. Demain, il avait encore un assassin à arrêter, mais il savait qu'il ne se réveillerait pas seul… Il tenait enfin la femme qu'il aimait dans ses bras.
oooOOOooo
Six mois plus tard, un dimanche matin…
« Alors ? »
« Alors, quoi ? »
« C'est comment ? »
Alice eut un sourire et garda les yeux fermés. Les petits déjeuners au lit avec lui étaient toujours plein de surprises… des bonnes, en général.
« Je sais pas... Tu peux recommencer ? »
Swan prit un nouveau Petit Beurre et le trempa dans le lait chaud. Puis il lui demanda d'ouvrir la bouche. Il l'observa alors qu'elle faisait lentement fondre le biscuit et qu'elle l'avalait…
« Alors ? » Demanda-t-il à nouveau.
« Encore… »
Plutôt que d'obtempérer, Swan l'embrassa en prenant son temps. Sa main se posa tendrement sur le ventre arrondi d'Alice... Le fruit de leurs amours. Il aurait dû savoir qu'en s'engageant avec elle, il se réservait le droit d'avoir des surprises, et quelle surprise ! Encore quelques semaines, et il allait être père… Il n'en revenait toujours pas.
Présentement, il savourait le biscuit sur la langue de sa compagne.
« Mm !… J'ai l'impression… d'être un gosse… c'est encore meilleur... quand je t'embrasse... »
Le rire léger d'Alice résonna dans la chambre.
« Tu as quel âge, là ? » Demanda-t-elle avec un sourire.
« Neuf ans maxi... »
« Détournement de mineur, ça va chercher dans les combien ? »
« Perpet' au moins. »
« Mince… L'éternité, c'est long… »
« Surtout vers la fin... Tu vas prendre cher, Avril… »
Avec un sourire coquin, il la repoussa doucement en arrière en l'embrassant. Ils n'avaient peut-être pas toute l'éternité devant eux, mais l'avenir leur appartenait assurément.
- FIN -
Voilà, c'est terminé pour cette fic. Je voulais vous remercier pour votre fidélité, votre patience et vos petits mots de soutien. Beaucoup d'entre vous m'ont fait part de leur attachement à ce texte très précisément, sans que je comprenne véritablement en quoi il vous faisait craquer ! Après m'être penchée sur la question, je pense avoir trouvé !
Je vais désormais me consacrer aux « Quatre », pour laquelle j'ai un petit faible, peut-être parce qu'elle me demande davantage de travail au niveau organisation de l'écriture. Ce sera donc la prochaine mise à jour sur ma liste, enfin, si le travail m'y autorise !
(Petite mention spéciale à Chanchan qui m'avait envoyé un défi… Challenge relevé ! J'explique : j'avais deux éléments à intégrer dans la fic obligatoirement. D'une part, la phrase « Faites l'amour, pas la guerre », typique du début des années 60, à recaser quelque part, et d'autre part, l'utilisation du terme « Petit Beurre ». (Purée, comment je case ça dans une fic « Petits Meurtres ? »)… J'ai choisi de l'utiliser ici comme une Madeleine de Proust et je suis sûre que ça rappellera des tas de souvenirs à quelques unes d'entre vous ! Sinon, comme Swan, tentez l'expérience, vous comprendrez la régression totale !)
Biz' et à bientôt.
Nadège