Et voilà le dernier chapitre de cette fiction. Abbones est un de mes ships les plus importants du Potterverse, et j'espère que cette histoire vous l'aura fait, au moins, un peu apprécié.


Elle entendit une explosion, Susan sentit la roche tomber du plafond jusqu'au sol, à quelques mètres d'elle seulement et, un nouvel éclair de lumière provenant de sa baguette embrasant la salle, elle courut jusqu'aux marches de pierre.

-Ernie ! s'écria-t-elle, sa voix se répercutant sur les débris de bois et de pierre, se brisant sous le désespoir et l'inquiétude.

Elle lança un nouveau sortilège, vit un éclair passer juste à côté d'elle, mais elle ne s'en soucia pas. Ernie se retourna vers elle, du sang recouvrant son visage, sans savoir s'il venait de lui, ou de quelqu'un d'autre.

-Est-ce que tu l'as vu ? s'écria Susan en courant vers lui. Est-ce que tu as vu Hannah ?

-Près de la cour pavée, je crois, lui lança-t-il sur le même ton, projetant un charme du bouclier à l'aide de sa baguette.

Susan se jeta contre le sol et franchit les portes au même moment qu'un éclair venait atteindre le pan de bois et y laisser un trou, fumant. Mais elle n'y prêta pas attention. Susan se battait depuis des heures dans le Hall, maintenant, et elle avait pu voir l'endroit se transformer en un véritable désastre, sans même y prêter attention – après tout, elle faisait partie des responsables de ce désastre.

Les pierres encombraient le sol et les murs se brisaient les poutres de bois étaient calcinées et menacées de tomber sur eux, alors que le sang qui maculait les visages des blessés les rendaient à peine reconnaissable à peine reconnaissable pour elle et, sûrement, aussi, pour eux. Ces murs avaient fini par s'ancrer dans son esprit et par s'imprimer sur sa rétine en une cohue de brûlures, entailles, débris et dommages. Son esprit avait fini par s'accorder à cette vision et, à présent que Susan entrait dans la cour pavée, elle ne pouvait plus chasser ces murs de son regard. Elle se demandait si elle y arriverait un jour.

Sûrement pas. Et cette pensée l'inquiétait plus encore que mourir cette nuit.

Quoiqu'il en soit, en mettant ses pieds pour la première fois depuis des heures, Susan n'aurait jamais imaginé que ce qui l'attendait serait pire que ce qu'elle avait vu dans le Hall. Son estomac se retourna en s'apercevant qu'elle avait eu tord.

-Hannah ! S'exclama-t-elle en contrant un sortilège qui arrivait sur sa droite.

Elle ne reconnaissait pas le quart des personnes qui se battaient dans la cour la moitié était vêtue de noir, le visage le plus souvent masqué, et c'était suffisant pour l'effrayer et en même temps la mettre en colère. D'autres étaient âgés, vêtus de robes de sorcier, et Susan devait reconnaître quelques uns de vue c'étaient des Aurors.

Elle lança un sortilège et, une nouvelle fois, l'éclair de lumière rouge fendit l'air, sans qu'elle ne vit l'endroit où il s'éteignit. Elle traversa la cour. À sa droite, il lui semblait distinguer la silhouette de Katie Bell, s'abritant sous des débris alors qu'une des accromentules se dirigeait vers elle.

Des accromentules. Susan ne les avait même pas vu arrivé et, en les découvrant, elle tressaillit.

-Reducto, s'écria-t-elle.

-Merci, lui lança Dean Thomas en voyant le Mangemort qui l'assaillait être projeter dans les airs, alors que Susan se jeter à ses côtés, sous le bouclier qu'il projetait.

-C'est comme ça depuis longtemps, ici ? demanda-t-elle.

Autour d'eux, elle entendait les sortilèges atteindre le bouclier, le faisant scintiller l'espace d'un instant, avant de ricocher ailleurs, en un bruit étouffé. Susan tenait sa baguette, lançant des éclairs aux ennemis qu'elle voyait – même si, au point où ils en étaient, elle ne pouvait presque plus différencier les ennemis et les amis.

-Depuis que je suis descendu de la tour de l'horloge, oui, lança Dean, un peu fort pour couvrir le bruit de ces ricochets. Et dans le Hall ?

-Une vraie hécatombe, répondit Susan.

Elle avait chaud, elle sentait ses cheveux coller à son crâne – et elle ne savait pas si c'était dû au sang qu'elle avait probablement elle aussi sur le visage, ou bien à la sueur – mais elle ne se plaint pas. Susan sentait chaque parcelle de son corps la brûlait sans que ça la dérange une seconde.

-Je crois que j'ai vu Lavande se... commença Dean.

-On parlera de ça plus tard, coupa Susan. Pour l'instant, on s'occupe d'eux.

Dean hocha faiblement la tête, mais avec conviction. De son côté, Susan jetait de plus en plus de sorts. Son bras lui faisait mal, là encore, mais elle ne se plaignit pas – elle avait vu le visage de Colin Crivey, plus tôt dans la nuit, et elle était persuadée qu'elle n'était pas la plus mal en point.

-Susan ! l'appela Dean, parlant plus vite et plus fort alors que le bouclier faiblissait. Tu as vu Seamus ? Est-ce qu'il va bien ?

-Il allait vers la cour de métamorphose, la dernière fois que je l'ai vu, lui apprit Susan. Il va plus que bien, Dean. Et toi ? Tu as vu Hannah ?

-Vers la bibliothèque, lança-t-il.

Le bouclier faiblit et disparut au même moment. Elle vit Dean courir se mettre à l'abri sur le côté, abaissant sa baguette, petite et déjà abîmée, en rien semblable à celle qu'il avait perdu, contre lui.

-Fais attention à toi, Dean, lança Susan, une dernière fois, avant de se jeter derrière les murs à son tour.

-Toi aussi, répondit-il sur le même ton, alors que les sortilèges redoublaient contre lui.

Susan disparut le long du pont de pierre, à moitié morcelé, et atteignit l'autre côté en quelques instants. Il faisait nuit, mais les flammes qui émanaient des façades du château, ainsi que les éclairs qui flamboyaient dans l'obscurité, suffisaient à éclairer les alentours. Autour d'elle, sur le sol de pierre, les débris de bois des portes et des poutres, les morceaux de verres des vitres et des lampes, la pierre des rambardes et des murs, le sang des attaquants et des autres. C'est parmi tout ça qu'elle la vit, et qu'elle s'arrêta.

Le cœur de Susan se mit à battre un peu plus vite, un peu plus difficilement, d'un air éprouvé, alors que ses mains se mettaient à trembler, et son regard à vaciller à la vue du corps qui s'étendait sous ses yeux. Et puis, comme si elle avait soudainement retrouvé l'usage de ses jambes, elle se mit à courir dans sa direction.

Susan sentit ses jambes se couper, ses genoux la lâcher, alors qu'elle retombait sur le sol de pierre. Son corps s'étendait parmi la pierre, ses cheveux blonds retombaient en désordre sur son visage inerte et froid, le sang était répandu sur la pierre et son visage. Dans sa tête, autour d'elle, semblait résonner des paroles marmonnées, des paroles qu'elle savait importantes, mais qu'elle ne pouvait pas se résigner à écouter. Elle savait que c'était le Seigneur des Ténèbres qui parlait. Elle s'en moquait.

Susan se sentit faiblir, ses mains s'agiter de tremblements, de gestes nerveux, alors que son visage se tordait sous la peur. Elle n'y croyait pas. Ça lui semblait impossible. C'était impossible. Lentement, Susan sentit sa gorge se nouer et ses yeux s'embuer, sa respiration se faire plus difficile alors qu'elle saisissait le corps, lourd mais fragile, balayait les mèches de cheveux blonds qui retombaient sur son visage et, alors que Susan sentait des hoquets franchir ses lèvres sans qu'elle ne le veuille, elle réalisa que ce n'était pas Hannah.

Et elle fut tout de même parcourut par l'horreur, puisque cette fille était morte. Elle ne la connaissait pas, elle devait être plus jeune, mais elle était morte.

-Comment elle va ? résonna une voix, derrière elle.

Susan tendit sa baguette en se retournant, la pointa vers l'arriviste qui courait vers elle à grandes enjambées, avant de l'abaisser en un soupir en découvrant Olivier Dubois.

-Morte, dit-elle, le souffle court.

Olivier Dubois, trois ans de plus qu'elle, s'arrêta face à elle, et son regard s'assombrit alors qu'il le détournait du corps de la fille, et, pendant quelques secondes, Susan crut voir des larmes dans ses yeux, qu'il chassa très vite.

-C'est bon, reprit-il, l'air déterminé. Je vais la ramener dans la Grande Salle.

-La Grande Salle ? répéta Susan.

-On va emmener tous les... tous les morts et les blessés là-bas, lui dit Olivier. C'est plus grand que l'infirmerie. Et, même si c'est dur... je pense qu'on devrait profiter de cette pause.

Une pause ? C'était ça, que c'était ? Ils n'étaient pas en pleine partie de Quidditch. Susan était en colère. La peur et l'angoisse secouer son corps, la fatigue lui tournait la tête, mais elle se releva tout de même. Elle vit Olivier se charger du corps de la fille, la prendre par les épaules pour la traîner jusqu'à la Grande Salle. Et ils se mirent en route, au travers la cour pavée, désertée et démolie, et le Hall, vide et présentant les restes de la bataille. Au loin, il lui semblait encore voir les dernières flammes briller dans la nuit, et les dernières explosions éclataient dans le silence de la nuit. Elle croisa Harry, en arrivant aux portes de la Grande Salle elle vit son expression... dévastée. Dévastée était le mot, alors qu'il se dirigeait, avec une motivation sûrement feinte en dehors de la salle.

-Il reste Colin Crivey, dit Olivier alors qu'ils entraient dans la Grande Salle. Marcus m'a dit qu'il avait vu son corps, dans le parc – sûrement Greyback.

Susan le sentit disparaître alors que cette nouvelle l'avait glacé. Un frisson parcourut son échine. Colin Crivey était mort. Elle se rappelait de sa répartition, six ans plus tôt. Et il était mort.

La Grande Salle n'était plus ce qu'elle était les lits et les brancards avaient remplacé les tables, les pleurs et les plaintes, les cris étouffés, les conversations menées à voix basse avaient substitué aux rires et aux discussions entraînantes. Dans un coin, il lui semblait apercevoir Angelina Johnson prise dans une étreinte avec George Weasley – ou avec Fred – ou avec George – ou avec Fred (mais quelque chose disait à Susan, à l'air du garçon et des autres Weasley qui l'entouraient, que Fred n'était plus vraiment là). Lee Jordan était assis sur un banc, les yeux vitrés, le visage si stoïque que Susan se demanda si son âme était toujours là.

Cho Chang se pressait autour d'un corps, un blessé, il lui semblait et, en plissant les yeux, il lui sembla que c'était Roger Davis, la jambe à moitié arrachée. Un peu plus loin, Neville discutait à mi-voix avec Padma Patil. Et, encore à côté, Justin Finch-Fletchley.

Et Hannah.

Plus encore que si elle avait découvert son corps, Susan sentit tout ce qui l'entourait dans la salle disparaître elle ne prêta pas attention aux corps qui s'étendaient le long des murs, ni aux personnes blessées qui paraissaient pleurer, et s'élança vers elle. Elle sentit Hannah chanceler, mais lui rendre son étreinte, avec peut-être même plus de vigueur encore que Susan son corps frêle contre le sien, marqué lui aussi par la douleur et la fatigue.

Ce n'était pas fini. Susan le savait. Hannah devait le savoir aussi. Mais durant ces quelques secondes, ce bref instant de calme qui s'offrait à elles, Hannah paraissait être son seul soucis, la seule personne pour qui elle s'inquiétait vraiment dans cette salle.

L'espace de quelques instants, les blessés et les morts qui l'entouraient disparurent alors que Susan fondait en larmes contre l'épaule d'Hannah, s'accrochant fermement aux plis de son gilet gris comme si c'était la seule source de sûreté qu'elle ne recevrait jamais. Et auprès d'Hannah, son corps sembla se réchauffer d'une chaleur qui devait l'avoir quitté des heures, des jours, des semaines auparavant. À son tour, elle sentit Hannah frémir, se mettre à trembler entre ses bras, et Susan la serra encore un peu plus fort contre elle. Elle avait fermé les yeux, et les murs démolis de la Grande Salle, le sang qui la tachait, avaient disparu en une masse sombre et informe sous ses paupières. Et à présent, Susan ne voyait plus qu'Hannah. La seule personne qui avait vraiment compté à ses yeux, et la seule pour qui Susan se sentait capable de mourir cette nuit.

Car, comme elle l'avait pensé, tout ceci ne dura pas les murs de pierre apparurent de nouveau sous ses yeux, les vues des blessures et des cadavres, en un contraste de rouge trop sombre et de gris trop pâle. Les cris reprirent très vite, et les voix s'élevèrent. Susan savait que ce n'était qu'une question de temps avant que les éclairs se remettent à fuser. Sa main glissa le long du bras d'Hannah jusqu'à rencontrer son poignet, jusqu'à ce que ses doigts se mêlent aux siens et resserrent l'étreinte entre leur main. De l'autre main, avec une poigne ferme et l'allure déterminée dans le regard, Susan tenait sa baguette droite et tendue.

-Tu gardes mes arrières ? demanda-t-elle à Hannah.

Elle était un peu plus petite qu'elle, comme elle l'avait toujours été, ses cheveux blonds retenus en une queue-de-cheval qui menaçait de se défaire, et sa lèvre ouverte répandait le sang sur son visage pâle.

-Seulement si tu gardes les miens, répondit-elle en sortant à son tour sa baguette.

Susan sentit un sourire se peindre avec lenteur sur son visage, avant de se retourner vers les portes de chêne de la Grande Salle, les mêmes qu'elles avaient franchi ensemble pour la première fois sept ans plus tôt. Et, suivant la foule de sorciers qui, tout aussi blessés, tout aussi prêts à combattre, elle sortit avec Hannah dans le Hall. On la bousculait, elle sentait les coups de coude, les coups de pied, de ceux qui étaient dans son camp et qui s'avançaient à présent pour une dernière confrontation avec les Mangemorts et le Seigneur des Ténèbres dans la cour pavée.

C'était la fin, cette fois. Ils n'auraient pas d'autre chance, et Susan le savait. Une dernière fois, elle sentit la peur et l'angoisse la saisir, seulement dissiper par la main d'Hannah tenue dans la sienne. Et, alors que la foule continuait à passer autour d'elles, les contournant comme si elles n'avaient été qu'un rocher au milieu d'une rivière, Susan se tourna vers elle et avança ses lèvres des siennes en un dernier baiser.

C'était la fin, cette fois. Mais même si elle devait mourir cette nuit, Susan n'avait pas peur – Hannah était là, auprès d'elle, et elle parvenait à faire évanouir, à sa simple présence, les moindres inquiétudes et les moindres peurs.

Car après tout, Susan faisait ça pour Hannah. Elle mourrait pour elle ou elle vivrait pour elle – puisque dès que son regard avait croisé le sien, dès que sa voix avait atteint ses oreilles, Susan avait comprit qui elle était et qui elle serait.

Et elle mourrait pour elle si elle le devrait.


N'hésitez pas à laisser un dernier avis en commentaire, ce chapitre est le dernier, et j'aimerais beaucoup avoir des retours! :) J'aime beaucoup Susan Bones et Hannah Abbot, j'aime leur présence dans l'univers d'Harry Potter et les headcanons du fandom tout comme les miens. Bien sûr, nous savons que Hannah finit par épouser Neville - ship que j'apprécie beaucoup également, bien que ce soit contradictoire. Les avis divergent, on peut imaginer que Susan est morte pendant la Bataille - et j'aurai tendance à opter pour cette idée même si, eh, c'est tragique.

J'ai aussi inclus Dean à ce chapitre, car c'est aussi un de mes personnages préférés, et que Deamus est et sera toujours mon OTP. Pour conclure, je vous redirige vers ma fanfiction Dorlene (on aime l'auto-promotion), sur mon profil.