Hello tout le monde.

Me revoilà avec un texte sur le second challenge d'octobre : Un AU science fiction.

J'avais brièvement réfléchi à faire un AU Pacific Rim pour féliciter Sana de son Nano d'avril, mais elle n'était pas emballée par l'idée (et comme Til the end était son cadeau, je voulais lui faire plaisir). Du coup, je me suis plongée à nouveau dans l'idée pour ce challenge.

Pour répondre à la question de Sana justement : Quelle est votre œuvre de Sci-Fi préférée et qu'est-ce qui vous attire dedans ?"

Je vais faire très classique, mais je nommerai Star Wars (même si j'adore les reboots de Star Trek et Interstellar). Parce qu'il bercé mon enfance, parce que Luke était trop sexy et Han également et que (bizarrement), d'aussi loin que je me souvienne, c'était ensemble que je les voyais (Pas de bol Leïa !)

Cette série de film est la mère de tous les space opéra et tous ne font que utiliser les bases que Lucas a mis en place. Donc oui je suis fan et pas du tout objective ! Surtout lorsque l'on parle de la première trilogie.

Pour en revenir à mon texte, j'ai mis deux warning à la fin. Il n'y a rien d'explicite mais certains thème abordés (je dirai même effleurés) peuvent être dérangeants. Je vous conseille d'aller lire le bas de page si vous êtes sensibles.

Ceci sera un texte en deux parties, il était trop grand pour faire un seul chapitre. J'espère écrire la suite avant la fin du NaNo de novembre. Si ce n'était pas le cas, il faudra attendre décembre

Edit toute seule avant même de publier : je me suis rendue compte que ce que j'ai écrit n'est pas forcement compréhensible pour les gens ne connaissant pas le principe de Pacific Rim. Donc je vais vous expliquer les grandes lignes : il y a des monstres géants (les Kaijus) qui sortent d'une faille dans le pacifique. Pour les combattre (et éviter de détruire notre planète à coups de bombe H), des scientifiques ont créé des robots géants (les Jaeger). Ils sont pilotés depuis l'intérieur par un homme lié à la machine (le drift). Sauf que la charge neuronale est trop importante et le pauvre pilote se retrouve avec le cerveau qui lui coule par les oreilles. Un petit génie a eu l'idée de former un pont neuronal entre deux pilotes et d'envoyer la paire dans le jaeger : ils se partagent la charge et leur cerveau reste en état de marche.

A noter que même si j'aime beaucoup le film et l'ai vu plusieurs fois, je ne suis pas une spécialiste et que des erreurs peuvent s'être glissées dans cette fic.

Bonne lecture !


L'air matinal était frais et humide, preuve que l'été n'était pas totalement installé, malgré les températures journalières. D'ici quelques semaines, la chaleur deviendrait insupportable, mais pour le moment, les nuits froides permettaient de garder des conditions acceptables durant la journée.

C'était l'instant préféré de Steve, le début d'une nouvelle journée. Il était suffisamment tôt pour que le reste du personnel soit encore endormi ou en train de prendre leur petit déjeuner à la cantine. Il était seul sur une des passerelles qui entourait le toit du dôme, la base des opérations du SHIELD.

Il profitait des derniers moments de calme avant son entretien avec Nick Fury, le directeur du SHIELD. Il ne savait pas ce que lui voulait son supérieur. Sam s'était blessé quelques jours auparavant lors d'un bête entraînement et il ne pourrait piloter un Jaeger avant au moins trois mois. Sans son ami et copilote, le blond était lui aussi bloqué à la base.

En règle générale, Fury ne les rencontrait que pour leur donner leurs nouveaux ordres de mission ou les débriefer, mais il ne pouvait pas s'agir de cela. Il y avait également peu de chance qu'il veuille le voir afin de re-parler de l'accident de Sam.

Steve avait déjà fait son rapport sur l'incident : lors d'un simple combat d'entraînement, Rumlow avait poussé les choses trop loin et il avait brisé la cheville de l'ancien para. Sam et Steve savaient que ce n'était pas vraiment un accident, Rumlow cherchait à les évincer de leur position d'équipe principale depuis des mois. Pourtant Fury lui avait laissé le bénéfice du doute. De toute façon, avec ses meilleurs pilotes hors d'état de combattre, il avait besoin de toutes les ressources disponibles.

Steve rentra à l'intérieur du shatterdome, il était inutile de passer plus de temps à se creuser la cervelle, il aurait ses réponses d'ici vingt minutes. Il descendit l'échelle qui courait le long du mur intérieur de l'imposant bâtiment. Peu de personnes montaient à cet endroit particulier, préférant les balcons situés plus bas et accessibles par des portes métalliques et non une trappe comme celle par laquelle il était passé.

Il rejoignit la cantine - une seconde tasse de café ne serait pas de trop - puis continua vers le bureau du directeur Fury. Il croisa Mariah Hill, son assistante, qui sortait de la pièce. Ils se saluèrent d'un signe de tête et elle referma la porte derrière lui.

Fury était installé à son bureau, son habituel long manteau en cuir posé dans son dos. Son cache-œil était également à sa place et il était en train d'étudier avec attention le dossier dans ses mains.

Steve s'installa sur l'une des chaises devant le bureau et attendit patiemment que son supérieur daigne lever les yeux vers lui. Il avait l'habitude de ce petit jeu, Fury était un maître pour vous faire comprendre que les choses arriveraient quand il l'aurait décidé et pas avant. Aux côtés de Sam, le blond avait appris à tempérer son impatience mais il ne put empêcher son pied de battre le sol.

Après cinq minutes, Fury déposa le dossier sur le bureau et le poussa vers Steve. Ce dernier le saisit et l'ouvrit. Il s'agissait des compte-rendus scientifiques des derniers Kaiju qui avaient attaqué leur zone de protection. Le pilote leva un regard interrogateur vers son supérieur et lui rendit les documents.

Fury se décida enfin à parler :

"Nous avons remarqué une augmentation non négligeable de la taille des derniers Kaiju qui ont émergés de la brèche, ainsi qu'une accélération de leur vitesse d'apparition."

Steve avait remarqué ces deux points, son Jaeger, Captain America, était déployé lors de la grande majorité des attaques et même si lui et Sam parvenaient sans trop de difficulté à détruire leurs opposants, le temps qu'ils mettaient à les vaincre augmentait et cela leur demandait plus d'efforts.

Il hocha la tête, indiquant qu'il avait entendu et attendit la suite :

"Si nous nous basons sur ces données, nous allons faire face à des attaques hebdomadaires dans un mois, puis nous passerons àdeux attaques par semaine dans un mois et demi."

Cette nouvelle inquiéta Steve, ils auraient du mal à tenir le rythme, même avec l'équipe au complet. Et Sam était hors de combat pour plusieurs mois.

"Quel est le plan ?"

Si Fury l'avait convoqué c'est qu'il avait déjà une idée derrière la tête. Sans surprise, le directeur posa ses deux mains sur le bureau :

"J'ai contacté les autres dômes. Il semblerait que nous sommes les seuls à faire face à cette recrudescence, mais aucun d'entre eux n'accepte de se séparer d'un Jaeger. Par contre les russes nous ont envoyé un pilote, il remplacera Sam le temps que sa cheville se soigne."

Les sourcils de Steve montèrent si haut qu'ils atteignirent le milieu de son front :

"Un homme seul ne sert à rien, les Jaeger nécessitent deux personnes. Vous savez mieux que quiconque les conséquences lorsque l'on dirft seul, la charge neuronale est trop importante."
"Il ne pilotera pas seul, vous formerez un pont avec lui."

Cette fois, Steve souffla de frustration :

"C'est encore plus absurde, le lien se fait à partir de la mémoire, de souvenirs communs. C'est pour cela que la plupart des pilotes de Jaeger ont un lien de parenté : des frères, un père et son fils, et plus rarement, des amis d'enfance, comme Sam et moi. Il est impossible que je drifte avec un inconnu."
"Ce ne sera pas un problème. Les russes m'ont assuré que le pilote qu'ils envoyaient est capable de former une connexion avec n'importe qui."
"Et comment est ce possible ? Sam et moi avons de multiples souvenirs ensemble : notre enfance, notre jeunesse, la guerre … le pont puise dedans pour se former et rester stable. Comment peut-il drifter avec des inconnus ?"
"Le comment est sans importance. L'important c'est que grâce à lui, Captain America sera en état de combattre. Nous aurons besoin de touts nos ressources dans les semaines à venir.

Steve était loin d'être convaincu, mais il ne lui servirait à rien de discuter. Si les russes mentaient, les hommes du département scientifique s'en rendraient compte très rapidement. Il était impossible de simuler un drift.

"Quand doit il arriver ?"
"Il est déjà là."

Fury fit semblant de ne pas remarquer la surprise sur le visage du blond et appuya sur le bouton de son intercom. Quand la voix de Hill retentit dans le bureau, il annonça :

"Faites le entrer."

Steve se retourna quand il entendit la porte s'ouvrir. Un homme entra. Il était plutôt grand et bien bâti. Steve ne voyait pas grand chose de son visage, caché par de longs cheveux bruns qui lui arrivaient aux épaules. Il avançait d'un pas décidé, le regard restant fixé sur le mur du fond.

Le blond se leva pour saluer le nouvel arrivant, tendant sa main et commençant à se présenter, mais l'autre homme ne lui jeta qu'un coup d'œil rapide avant de s'arrêter à un mètre du bureau et de regarder droit devant lui.

Steve se tourna vers Fury, attendant qu'il lui explique la situation. Le moindre que l'on puisse dire, c'était que l'étranger n'était pas très amical.

Nick observa l'homme pendant quelques secondes et quand il fut évident que ce dernier n'offrirait pas la moindre information par lui-même, il se décida à parler :

"J'espère que votre trajet s'est bien passé. Nous ne voulons pas perdre de temps, nous avons planifié votre premier test de compatibilité dans deux heures, Steve Rogers, votre co-pilote vous fera un tour de la base pendant ce laps de temps."

Rien dans l'homme n'indiquait qu'il avait entendu ces mots et encore moins qu'il les ai compris. Fury et Steve échangèrent un regard. L'étranger continuait à fixer le mur du fond. Nick tenta une nouvelle approche :

"Votre dossier ne mentionne pas votre nom. Juste le soldat."

Les deux hommes attendirent que le troisième occupant de la pièce leur donne son nom mais il resta silencieux.

Fury insista :

"Comment devons-nous vous appeler ?"

Cela fit réagir l'étranger, il tourna des yeux vers Fury et répondit :

"Le soldat."

Son timbre était grave, avec un accent russe discret mais indéniable. Steve aurait pu aimer cette voix si elle n'avait pas été glaciale. Elle ne transmettait aucune émotion, ni positive, ni négative, juste un transfert d'information. Fury n'était pas du genre à se formaliser de ces échanges brefs et coupant, il conclut l'entretien :

"Bien. Comme vous voulez. Vous pouvez partir."

Il se tourna vers Steve :

"Je vous attend à la salle d'entraînement numéro trois dans deux heures. Montrez à votre nouvel ami ses quartiers et nos installations. Hill vous dira quelle chambre elle lui a affecté."

Sur ces mots, il reprit le dossier sur la table et se replongea dans sa lecture. Steve se tourna vers son futur co-pilote et lui demanda de le suivre. Ce dernier le fit sans discuter, pivotant sur ses talons et marchant derrière lui.

Après avoir récupéré le numéro de la chambre du nouveau venu, le blond l'y accompagna, lui expliquant la structure du dôme dans son ensemble en chemin : les étages supérieurs étaient occupés par les hangars à Jaeger ainsi que les ateliers de maintenance, la salle de contrôle et de communication et les pièces communes. En dessous se trouvait la division scientifique, avec ses nombreux laboratoires, puis les quartiers d'habitation. Enfin tout en bas, à plusieurs dizaines de mètres sous terre, des abris anti-Kaiju et des entrepôts étaient construits.

Le bureau de Fury était proche de la salle de communication et Steve amena son nouveau camarade vers les ascenseurs. Hill avait donné une chambre non loin de celle que lui-même partageait avec Sam, ils descendirent donc au 4ème sous-sol. Quand ils passèrent devant la porte 117, Steve lui montra de la main et lui annonça que c'était ses quartiers et qu'il pouvait y venir si il avait besoin de quoi que ce soit.

Ils continuèrent jusqu'à la chambre assignée au soldat et il s'arrêta sur le seuil de la pièce, lui annonçant qu'il reviendrait le chercher dans trente minutes pour la suite de la visite et leur premier test de comptabilité. Le soldat ne fit aucun signe montrant son accord mais il entra dans la chambre, laissant la porte ouverte derrière lui. Il déposa au sol le sac qu'il portait à l'épaule depuis le début et alla s'asseoir sur le lit, le dos rigide et regardant droit devant lui. Steve fronça des sourcils mais ne dit rien, tirant la porte derrière lui et se dirigeant vers sa propre chambre.

Il y trouva Sam, installé sur son lit, un café sur la table de chevet et un livre à la main. Sa jambe était encore dans le plâtre, il devrait le porter au minimum un mois avant que le médecin ne l'enlève et ne décide de la suite à donner. Son ami le regarda pendant que Steve s'avançait dans la pièce, s'asseyant lourdement sur son propre matelas.

"Que voulait Fury ?"

Le blond grimaça :

"Me présenter mon nouveau co-pilote."

Cette information fit le même effet sur Sam que sur son ami quelques temps auparavant :

"Il est impossible de drifter avec un inconnu."
"C'est exactement ce que j'ai dit à Nick. Mais les russes ont l'air de dire que ce ne sera pas un problème."

"Il est russe ?"
"A priori. Tu connais Fury et son amour du secret … et l'homme n'est pas très causant."

C'était le moindre que l'on puisse dire. Il avait prononcé deux mots dans le bureau de Fury et avait suivi Steve sans parler tout le reste du temps.

"Et ce miracle a un nom ?"
"Je ne sais pas. Il a juste dit de l'appeler soldat"

Ceci fit réagi Sam : il se redressa et posa le livre qu'il tenait toujours à la main. il y avait de l'inquiétude sur son visage.

"Qu'est-ce que c'est que cette histoire Steve ?"
"Bonne question. Fury a refusé de me donner plus d'informations, mais il a été très clair : nous n'avons pas le choix. La section scientifique pense que nous allons vers une recrudescence d' ne pouvons pas nous permettre d'avoir un Jaeger hors d'état de combattre"

La mine de Sam se renfrogna :

"Je suis désolé."
"Ce n'est pas de ta faute, Rumlow n'aurait jamais dû aller aussi loin et j'aurai du arrêter les choses bien avant. "
"Si ce n'est pas de ma faute, c'est encore moins de la tienne. Je n'ai pas été assez attentif, je suis mal tombé et voilà le résultat." Il pointa sa jambe plâtrée du menton. "Je suis bloqué et tu es obligé de drifter avec un russe totalement inconnu dont on ne sait même pas le nom. D'ailleurs où est-il ?"
"Dans ses quartiers, un peu plus loin dans le couloir. Je vais aller le chercher d'ici peu, nous avons notre premier test dans une heure. Je dois lui montrer nos installations."
"Tu veux que je t'accompagne ?"
"Ce ne sera pas la peine, je peux gérer."
"Je te rejoindrai pour votre test."

Steve se leva et s'approcha de la porte. Il parla par dessus son épaule :

"Pas de problème, salle d'entraînement numéro trois. À tout à l'heure."

ooOoo

Quand Steve toqua à la porte de la chambre, le soldat l'ouvrit presque immédiatement. Son sac était toujours à la même place et absolument rien n'avait bougé, à part les quelques plis sur les draps du lit. À croire que l'homme était resté assis dessus tout le temps où Steve avait été absent.

La visite se déroula exactement comme il l'avait prévu : il traversa la base, nommant chaque installation en passant devant, le soldat complètement silencieux, quelques pas derrière lui.

Très rapidement, Steve sentit une sensation désagréable lui parcourir la colonne. Il n'aimait pas avoir cet homme dans son dos Il ne savait rien de lui et ce dernier n'avait montré aucun signe d'agressivité mais quelque chose dans la façon dont il se déplaçait faisait sonner tous les signaux d'alarme de son cerveau. Ce soldat était dangereux.

Quand ils atteignirent enfin la salle d'entraînement, il l'emmena dans les vestiaires , lui montrant un casier vide et lui tendant la tenue standard fournie par le dôme. Il sortit ses propres habits - un simple pantalon de jogging et un T-shirt - de son casier et commença à se déshabiller.

Quand il refit face à son futur (peut-être, il était encore sceptique) co-équiper, ce dernier était tourné et il était en train de passer le sweat au dessus de sa tête. Steve ne put s'empêcher de remarquer les nombreuses cicatrices parcourant le dos du brun, ainsi qu'un amas de tissus autour de son épaule. Il n'eut qu'un bref laps de temps pour remarquer de fines lignes descendre le long de son bras avant que le pull ne bloque sa vision et que l'homme ne se tourne vers lui, attendant visiblement la suite des événements.

Steve se dirigea ensuite, toujours dans le silence le plus complet, vers la salle d'entraînement. En chemin, il s'interrogea sur les raisons qui avaient pu causer ces cicatrices, quelle genre de vie menait donc le russe pour avoir autant de blessures ?

Il réfléchissait encore à ce sujet quand il arriva à la salle numéro trois. Fury et Hill étaient déjà présents, ainsi que Sam, assis sur une chaise dans un coin. Plusieurs petits attroupements d'hommes et de femmes de différents départements étaient également disséminés dans la pièce.

Génial, ce test de compatibilité allait être le sujet de conversation de la base pour le reste de la journée.

Steve détestait être le centre de l'attention - à la différence de certains de ses collègues pilotes, Clint Barton en étant l'exemple le plus criant - il faisait ce qu'il fallait faire justement parce qu'il fallait le faire. Non pas pour en tirer une gloire quelconque ou prouver à quelqu'un sa valeur. Encore qu'il n'était pas éperdument amoureux de son copilote … ce n'était pas à lui de juger.

En parlant du loup, Clint était justement en train d'entrer dans la salle, en compagnie de Natasha Romanoff. Ils pilotaient ensemble un des Jaegers dernier cri et il étaient redoutablement efficaces. Ils se saluèrent d'un signe de tête puis ils se tournèrent vers le soldat qui s'était déjà installé sur un des bords du tatami, un long bâton à la main.

S'il se sentait gêné par les regards - mais les remarquait-il vraiment ? - il n'en montra aucun signe, attendant sans bouger que Steve prenne sa place de l'autre côté de la zone de combat.

Avec un soupir, le blond s'approcha de l'armoire contenant les différentes armes utilisées lors des entraînements et il prit lui aussi un des longs bâtons nécessaires au premier test de compatibilité. Il se dirigea ensuite vers son emplacement et se mit en position, attendant le signal de Hill qu'ils pouvaient commencer.

Le meilleur moyen, à la fois simple et rapide, de vérifier si deux personnes étaient capables de former un pont neuronal était de les faire combattre l'une contre l'autre. S'ils arrivaient à prédire les mouvements de leur adversaire, et donc à les parer ou passer à travers, ils étaient potentiellement plus à même de se synchroniser pour le lien psychique.

Il observa le soldat - il allait vraiment falloir qu'il lui trouve un surnom - de l'autre côté des tatamis. Sa position était détendue, le bâton tenu souplement par sa main droite et les yeux dans le vague, tourné vers un point quelconque sur le mur opposé. Il ne semblait pas réagir aux murmures qui enflaient, ni aux gens qui entraient de plus en plus nombreux dans la pièce.

Ce ne fut que lorsque la voix de Hill retentit, demandant le silence puis leur ordonnant de commencer qu'il bougea.

Il saisit son arme fermement, ses yeux se concentrèrent sur son adversaire et il prit une position de combat, les jambes écartées et le corps tourné vers l'avant. Il n'y avait pas la plus petite ouverture dans la façon dont il se tenait et la manière (calculateur et sans le moindre sentiment) dont il observait Steve lui fit réprimer un frisson.

Pour la seconde fois aujourd'hui, le blond se dit que ce type était extrêmement dangereux.

Il s'avança vers son opposant, prenant lui aussi une position défensive. Ils commencèrent à tourner l'un autour de l'autre s'échangeant plusieurs coups facilement bloqués avant de s'éloigner et recommencer quelques instants plus tard. Le soldat ne prenait jamais l'offensive, se contentant de parer et de contre-attaquer à la suite, chaque mouvement efficace, pas un seul geste était inutile.

Alors que le combat se prolongeait, leurs échanges duraient plus longtemps, mais aucun des hommes ne prenait l'avantage.

Steve commençait à apprécier l'exercice, le soldat semblait savoir très exactement quel mouvement le blond allait faire et il arrivait à les bloquer sans aucune difficulté. Cela lui permettait de prendre de la vitesse et de mettre plus de force dans chacun de ses coups, sans craindre de blesser son adversaire.

Steve était un bon combattant - plus rapide et fort que la moyenne - et il devait, de ce fait, se retenir lorsqu'il s'entraînait avec ses collègues. Il ne voulait pas causer un accident comme celui de Sam et blesser l'un d'entre eux. Cela faisait des années qu'il n'avait pas pu se lâcher et il décida de profiter de l'occasion.

Tous ses sens se concentrèrent sur l'homme en face de lui : leurs gestes étaient devenus si rapides qu'il était déjà en train de préparer un coup avant même que le précédent ne soit bloqué et contré. Il n'avait pas besoin de vérifier que son adversaire se re-positionne avant d'enchaîner sur son coups suivant , il savait qu'il serait exactement là où il fallait.

Sa perception de son environnement se rétrécit jusqu'à se limiter aux quelques mètres carrés de tatami l'entourant. Il entendait le bruit des bâtons s'entrechoquant, sa respiration qui s'accélerait, le glissement rapide de leurs pieds sur les tapis … il n'avait pas pris autant de plaisir lors d'un combat depuis des lustres et c'était libérateur. Il sentit un sourire se former sur ses lèvres, il fallait absolument qu'il convainque le russe de s'entraîner avec lui plus souvent.

Leur échange aurait pu durer indéfiniment, mais alors qu'il parrait un coup particulièrement violent, son bâton se brisa en deux. Il s'écarta vivement sur la droite pendant que le soldat déviait son arme de l'autre côté. L'extrémité du bois toucha le sol avec un bruit sourd - le coup lui aurait sûrement brisé un os s'il l'avait atteint - et Steve regarda, surpris, les deux morceaux de bois dans ses mains.

C'était bien la première fois qu'il brisait un de ces bâtons. Avec un grand sourire, il leva les yeux vers son opposant, s'attendant à voir sur son visage un signe quelconque du même sentiment d'euphorie qui parcourait ses propres veines. Mais les traits du soldat étaient toujours totalement neutres. Il avait repris sa position initiale, détendue et les yeux dans le vide, comme si se fichait de ce qui venait de se passer ou du résultat du test.

Steve fronça des sourcils.

Il reprit peu à peu conscience de son environnement, des murmures qui avaient recommencé, entrecoupés par quelques exclamations, des regards qui glissaient de lui à son opposant, du sentiment d'excitation générale qui semblait avoir pris possession de la salle.

Déstabilisé, il se tourna vers Sam. Ce dernier le regardait un sourcils levé par l'étonnement. Steve ne comprenait pas trop quel était le problème et il se tourna vers Hill et Fury qui le fixaient tous deux, quelque chose d'indéchiffrable dans le regard. Mariah prit la parole cinq secondes plus tard et tout le monde se tut pour écouter ce qu'elle allait dire :

"Bien. Je ne pense pas que nous ayons besoin de plus de données. Prenez une douche et rejoignez nous au laboratoire N°1 d'ici une heure, nous allons tester un pont neuronal en conditions réelles."

Elle fit demi tour et suivit Fury alors que les discussions reprennaient autour d'eux. L'excitation dans la salle était palpable.

Légèrement perdu - qu'est ce qui avait bien pu rendre tout le monde aussi étonné ? - il chercha des yeux le soldat. Il espérait que ce dernier aurait une idée de ce qui se passait mais il avait déjà tourné les talons et se dirigeait vers la sortie, la foule se séparant sur son passage. Avec un signe pour Sam lui demandant de l'attendre, Steve lui emboîta le pas.

Quand il pénétra dans le vestiaire, le soldat n'y était déjà plus. Il entendit de l'eau couler à travers le mur opposé. Il attrapa une tenue de rechange et se dirigea dans la même direction.

La salle de douche était une simple pièce carrelée avec des pommeaux accrochés au mur du fond. Les seules séparations étaient des parois entre chaque tête de douche, sans porte, qui permettaient le strict minimum question intimité.

Steve ne put s'empêcher de jeter un oeil au soldat en passant vers son propre box, le brun lui tournant le dos. Il vit à nouveau le réseau de cicatrices qui semblait recouvrir la majorité de la moitié droite du russe. Il remarqua d'autres marques, plus espacés mais également plus larges et profondes sur son flanc gauche et au moins trois impacts de balles, dont une qui avait dû passer à quelques millimètres de son artère fémorale.

Steve vit les muscles bouger sous cette peau marquée par la violence.

Il repensa à leur combat, à toute la puissance qui se trouvait contenue par cette enveloppe.

Il pensa à la manière dont le soldat s'était battu : fluide, rapide et indéniablement mortel.

Il cligna des yeux, se rendant compte successivement que l'autre homme avait arrêté de bouger et que Steve devait se tenir là, à le fixer, depuis de longues secondes.

Il leva les yeux vivement et croisa le regard acier du brun. Rougissant de s'être fait prendre à mater sous la douche, Steve baissa les yeux, s'excusant d'un murmure et se dirigea vers le fond de la salle.

Il se déshabilla, posa ses affaires sur un banc et alluma l'eau. Le premier jet était glacial et il combattit l'envie de s'écarter pour laisser le temps à l'eau de chauffer : un peu d'eau froide lui ferait du bien, il avait soudainement très chaud, la vue de son futur co-pilote ruisselant d'eau avait réveillé sa libido.

Il chassa la vision de son cerveau, hésitant même à mettre le thermostat de la douche au minimum, mais après quelques secondes à imaginer les viscères d'un kaiju, son corps accepta de rentrer dans le rang.

Il se lava rapidement - il fallait vraiment qu'il parle à Sam avant la tentative de pont neuronal - et moins de trois minutes après être rentré sous la douche, il en sortait, une serviette autour de la taille.

Il croisa à nouveau le regard du soldat qui s'était appuyé sur le mur près de la porte, en pantalon mais le torse nu. Ses cheveux étaient encore mouillés et des gouttes d'eau ruisselaient sur ses épaules et le long de son torse. La première idée qui traversa le cerveau de Steve était qu'il aimerait les chasser avec sa langue.

Il aurait pu rougir à cette pensée, mais quelque chose dans le regard du soldat, dans sa posture le mit mal à l'aise et coupa court à toute réaction physique.

C'était la première fois qu'il montrait autre chose qu'un profond désintérêt pour ce qui se passait autour de lui et Steve n'arrivait pas vraiment à mettre le doigt sur ce que c'était. Une chose était certaine, il y avait une forme de prudence et de crainte dans les yeux habituellement glacials du soldat. Comme s'il s'était rendu compte qu'il devait se montrer vigilant autour du blond, comme si ce dernier était devenu une menace entre le moment où ils avaient finis de combattre et maintenant.

Ils restèrent ainsi de longues secondes, jusqu'à ce que Steve coupe le contact visuel et commence à se sécher et s'habiller. Il n'entendit pas les pas du soldat quand celui-ci quitta la salle et lorsque le pilote entra à nouveau dans les vestiaires, il était seul.

Il se dépêcha de rassembler ses affaires et rejoignit Sam qui l'attendait appuyé sur un mur en face de l'entrée. Il jeta un oeil aux alentours, cherchant le soldat, mais il avait totalement disparu.

Sans un mot, ils se dirigèrent vers la cantine, se faisant arrêter régulièrement et féliciter pour son combat. Au bout de la sixième interruption, Steve se tourna, exaspéré, vers Sam :

"Mais qu'est ce qu'ils ont tous ? Je n'ai pas réussi à porter un seul coup !"

"Tu veux dire que tu ne t'en ai pas rendu compte ?"

"De quoi ? Que ce soldat est extrêmement doué !? Si j'ai remarqué, excuse moi mais je sais encore reconnaître quand un type est spécialement bon !"

"Je ne parlais pas que de ca, avance je vais t'expliquer, mais j'ai besoin d'un café."

Ils arrivèrent dans la cafétéria et tous les regards se tournèrent vers lui. Génial … quoique les gens aient vu - ou cru voir- c'était déjà en train de faire le tour de la base.

Il envoya Sam s'asseoir - il ne pouvait pas marcher avec ses béquilles et porter le café - et se dirigea vers la cafetière. Il ne fit pas attention aux nombreux regards qui étaient posés sur lui, ni aux conversations dont il était visiblement le sujet principal.

Il retourna vers Sam avec deux tasses de boisson brûlantes. Il les posa sur la table et s'assit en face de son ami.

« Bien. Crache le morceau. J'en ai déjà plus qu'assez et cela a commencé il y a moins de vingt minutes. »

Sam avala une gorgée de café avant de répondre :

« Je savais que tu te retenais quand on se battait ensemble, mais je ne m'étais jamais rendu compte à quel point. Dis moi franchement, tu es a combien de tes capacités lorsque l'on s'entraîne ? »

Steve plaça ses mains autour de sa tasse, profitant de sa chaleur. Il ne voulait pas vexer son ami.

« Je ne sais pas Sam, je n'ai jamais calculé. »

L'ex-para le regarda, les bras croisés. Il n'avait pas l'air fâché.

« Allons Steve, avoue. On se connaît depuis qu'on est gosse et je ne t'ai jamais vu te battre comme tu t'es battu cet après midi. C'était incroyable. La vitesse à laquelle vous échangiez vos coups, c'était presque surhumain. Et vous avez brisé un de ces bâtons. Tu peux me dire quelle puissance vous mettiez derrière vos attaques pour en arriver là ? »

« Allons Sam, c'est un simple accident, le bois devait déjà être fragilisé. Et nous n'étions pas si rapide. C'est un combattant exceptionnel, j'ai juste arrêté de me retenir. »

Sam le regardait fixement, le visage indéchiffrable. Puis il sourit de toutes ses dents :

« Tu sais que tu n'arriveras pas à me vexer ? J'ai toujours su que tu étais plus fort et rapide que moi. Je ne m'étais juste pas rendu compte à quel point. »

Sam fit une pause et un éclair de compréhension apparut dans son regard :

« Toi non plus on dirait. »

Avant que Steve ne puisse lui demander ce qu'il voulait dire par cela, Sam héla un des mécaniciens de leur Jaeger :

«Ryan ! Amène toi là avec ton téléphone ! Tu as bien enregistré le combat de tout à l'heure ? »

Ryan se leva et s'approcha en acquiesçant. Il jeta un œil admiratif à Steve que ce dernier essaya d'ignorer. Tous les membres du staff étaient un peu intimidés par les pilotes de Jaeger, mais il était un cas à part. Bien malgré lui, il avait été placé sur une espèce de piédestal dont il n'arrivait plus à descendre.

Le jeune mécanicien tendit son téléphone à Sam qui tapota sur l'écran avant de le tourner vers Steve. Ce dernier le saisit et baissa les yeux sur la vidéo en train de jouer.

Ce n'était pas le début du combat, Steve et le soldat échangeaient déjà coup pour coup. Mais il n'y avait rien de spécial, rien qui puisse expliquer la réaction de Sam et de tous les autres témoins.

Et en un instant, il le vit.

Il vit sa position changer, l'expression de son visage passer de sérieux et attentif à complètement concentré sur son adversaire. Un léger sourire apparut sur ses lèvres et ses coups gagnèrent immédiatement en vitesse et en puissance.

Son opposant suivait son rythme sans aucune difficulté et, après quelques échanges, ils étaient tous les deux complètement synchronisés. Leur combat devint plus une danse qu'une bataille, certains de leur mouvements trop rapides pour être réellement perçus. La vidéo s'arrêta quelques secondes après que son bâton ne se soit brisé : on voyait Steve, en sueur et la respiration rapide, avec un immense sourire au lèvres.

Il leva les yeux vers Sam qui le regardait, content d'avoir eu raison :

« Alors tu vois maintenant ? »

Steve ne put que hocher la tête et acquiescer. Il rendit son téléphone à Ryan, le remerciant et espérant vivement que ce dernier retourne à sa table. Malheureusement il n'en fit rien :

"C'était incroyable Monsieur Rogers."

Le gamin n'était pas militaire et n'était pas tenu d'utiliser son rang pour lui parler. Et quelque part, le "Monsieur" comportait plus de respect et d'admiration que n'importe quel "Capitaine". Cela n'empêcha pas Steve de grincer des dents intérieurement, il ne faisait rien pour mériter cette admiration, c'était juste son travail.

Complètement inconscient de la gêne que ses mots occasionnaient, Ryan continua :

"Vous allez drifter avec lui ? Tout le monde dit que personne n'a jamais montré autant de compatibilité lors des tests préliminaires. Et c'est qui ce type ? Il n'a parlé à personne, vous le connaissez depuis quand ? Vous l'avez rencontré où ? C'était vraiment incroyable, je n'en reviens toujours pas. Vous allez recommencer bientôt ? Vous pourrez me prévenir, j'aimerai revoir ca et…."

La voix de Sam coupa le flot de paroles :

"Hey doucement mon garçon. Je comprend que tu sois excité par ce que tu as vu, rien ne vaut un beau combat pour s'énergiser, mais Cap a une simulation dans moins de trente minutes et il a un café à boire."

Le jeune mécanicien prit un air contrit, il était évident qu'il souhaitait continuer à bombarder Steve de questions mais il obtempéra :

"Désolé Monsieur Rogers, Sam."

Après un dernier signe de tête, il retourna à sa table où ses camarades le regardaient avec envie. Le blond remercia Sam et celui-ci lui sourit :

"N'empêche que le gosse a raison."

Il grogna et se laissa tomber la tête sur la table. De sa position, il se plaignit :

"Pas toi aussi. Tu sais que je déteste être le centre de l'attention."

"Ce n'est pas ma faute si tu es exceptionnel. On ne peut qu'être abasourdi par autant de prouesses."

Cela fit ricaner Steve, Sam avait le don de mettre une quantité astronomique de sarcasme dans certaines de ses phrases.

"Aller fini ton café, l'heure avance et je dois t'emmener vers le labo, c'est un grand jour."

"Ne dit pas ça comme ça. On dirait que tu vas m'accompagner à l'autel."

Sam rit en se levant :

"En effet ! Je ne sais pas, je devrais peut-être être jaloux."

Une idée frappa Steve à ces mots et il se dépêcha de ramener les tasses vides sur le comptoir et de s'élancer à la suite de son ami. Il n'avait pas réfléchi jusque maintenant au fait que le soldat allait prendre la place de Sam pour quelques temps.

Ils n'étaient plus à la guerre, à travailler en escouade. Piloter des Jaeger demandait une connexion particulière, de mettre en commun des souvenirs pour lier deux esprits. Quelques soient les sentiments qui liaient les pilotes - amour, amitié, fraternité - c'était quelque chose de très fort et unique. Il voyait comment cela pouvait être perturbant pour un des partenaires de voir son copilote se lier à un autre.

Il rattrapa Sam au moment où il passait la porte de la cafétéria :

"Mais tu ne l'es pas ?"

Sam s'arrêta et se tourna vers lui, le visage sérieux :

"Non Steve. Tant que nous pourrons continuer à faire équipe, cela ne posera aucun problème. Je le répète depuis le début : je fais tout comme toi, juste moins vite. Je m'en fiche d'avec qui tu driftes, tant que tu me laisses t'aider quand je le peux."

Soulagé de savoir que Sam n'était pas blessé par la situation, Steve se concentra sur ce qui l'attendait. Il allait former un pont neuronal avec un strict inconnu, cette idée le mettait très mal à l'aise, quels que soient les résultats de leur test initial. Sans compter qu'il était, bien malgré lui, attiré par cet homme.

Quand ils arrivèrent au laboratoire, le soldat était déjà sur place, appuyé sur le mur gauche, à quelques mètres de la porte. Son regard glissa brièvement sur eux, enregistrant leur entrée et qui ils étaient avant de retourner dans le vide, fixé sur un point droit devant lui. Cette passivité commençait à jouer sur les nerfs de Steve, ce n'était pas normal que rien n'intéresse ou ne fasse réagir le russe.

Les techniciens s'affairaient à travers la salle mais restaient à distance de l'homme, obéissant à l'ordre silencieux qu'il émettait : "Ne m'approchez pas." Steve jugea avoir déjà largement dépassé les limites lorsqu'ils étaient dans les vestiaires et il respecta la volonté affichée du soldat d'être seul.

Pour ne pas rester planter devant l'entrée, il accompagna Sam lorsque ce dernier rejoignit un des techniciens qui s'affairaient près des consoles au fond de la salle.

Peu de temps après leur arrivée, Fury et Hill entrèrent à leur tour, pile poil à l'heure prévue. Le directeur observa la pièce, visiblement contrarié. Quand un des membres du laboratoire passa devant lui, il aboya :

"Où est Stark ?"

Tony Stark était le directeur scientifique du dôme. C'est lui qui avait mis au point les Jaeger, ainsi que la structure informatique permettant le lien neuronal et le drift. Pour faire court, c'était un génie et il en avait toutes les caractéristiques : incroyablement brillant, mais un véritable connard. Il vivait selon ses propres règles, dictées bien souvent par ses différentes expériences et il était tout bonnement incapable de se plier à la moindre réglementation.

La relation que Steve entretenait avec lui était compliquée.

Professionnellement, ils se respectaient. Personnellement, ils ne se supportaient pas. Son actuel retard était l'exemple parfait de pourquoi ils ne pouvaient pas s'entendre. Tony ne respectait rien, ni personne. Il ne savait pas ce que c'était que de se mettre au service des autres, aller vers un but commun. Il ne suivait que son propre agenda. Sa présence au dôme n'était due qu'au fait qu'ici, il pouvait mener ses expériences sans trop de difficultés.

Le technicien que Fury avait interpellé avait tout l'air d'un lapin pris dans les phares d'une voiture : silencieu, figé et les yeux écarquillés. Au moment où Steve allait le rejoindre, Tony daigna enfin arriver, un écran dans une main et une tasse de café pleine à ras-bord dans l'autre. Il passa le pas de la porte et leva les yeux vers les personnes déjà présentes, son regard s'arrêtant brièvement sur le soldat avant de se tourner vers le blond.

"Cap ! Je viens de lire les données de votre test initial, c'est tout simplement passionnant. Je veux absolument mener quelques expériences sur vous ! Et puis sur notre nouvel arrivant bien sur."

Un grondement sourd se fit entendre, à peine perceptible, et Steve vit du coin de l'oeil le soldat se figer. C'était lui qui avait émis ce bruit et il se tenait totalement immobile, tous les muscles tendus et prêt à agir. Son regard était tourné vers Tony, comme si le scientifique était une menace suffisamment importante pour qu'il fasse attention à lui.

Steve reconnut l'émotion dans les yeux du russe : il semblait terrorisé. Et le soldat l'avait regardé ainsi plus tôt lorsqu'ils étaient seuls, dans le vestiaire, même si c'était avec moins d'intensité. Savoir que la peur était la seule chose qui faisait réagir le soldat mettait Steve mal à l'aise, surtout quand il se remémorra quelles conditions l'avait fait réagir.

Avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, Fury prit la parole :

« Stark ! Vous êtes en retard ! Et mes pilotes ne sont pas des cobayes. Mettez vous au travail, je veux savoir si nous pouvons compter sur Captain America lorsque les Kaiju attaqueront. »

Tony grommela quelque chose qui ressemblait fortement à un trouble-fête et s'approcha des consoles de contrôle. Il appuya sur quelques boutons et se tourna vers un de ses assistants :

« Et bien, vous attendez quoi ? Habillez les ! »

Entrer en drift nécessitait une tenue particulière et Steve se laissa entraîner par un des assistants vers la salle de préparation. Il vit le soldat emboîter le pas à un autre homme, le visage à nouveau impassible.

Ils se changèrent tous les deux, laissant les membres de l'équipe scientifique leur enfiler la combinaison qui servait d'uniforme aux pilotes de Jaeger. Une fois en tenue, ils rejoignirent la plateforme de simulation et se placèrent côte à côte. Il était évident que le russe savait ce qui était attendu de lui, rien dans son comportement ne trahissait une quelconque hésitation.

La dernière pièce de leur équipement fut amené puis placée le long de leur colonne, à l'emplacement prévu. Toute la technologie du pont neuronal et du drift était concentrée dans ces quelques plaques de métal assemblées pour recouvrir leur colonne vertébrale, du bas du dos jusqu'aux cervicales. Elle permettait de lier les esprits des deux pilotes ainsi que de diriger les mouvements du Jaeger.

Steve entendit la série de clics caractéristiques de l'ancrage de l'appareil et il prit plusieurs profondes inspirations. Il devait entrer dans le pont neuronal avec l'esprit le plus calme et en paix possible. Ses sentiments et pensées actuels servaient de base au lien psychique et plus ils étaient erratiques et forts et plus la connexion était instable. Sans compter qu'il pouvait perturber la psyché de l'autre pilote.

Il entendit la voix de Stark enclencher le processus de lien et il ferma les yeux. La superposition de la réalité et des images issues du pont lui donnaient invariablement le vertige et parfois la nausée, malgré le fait qu'il connaissait maintenant pratiquement par cœur les données qu'il recevait de Sam. Ils avaient drifté tellement souvent ensemble et c'était sans compter le fait que la plupart des souvenirs que le pont utilisait étaient communs.

La création du lien entre lui et son ami d'enfance était devenue naturelle, comme de respirer mais cela restait une action consciente de sa part. Rien ne l'avait préparé à la manière dont le pont se forma entre lui et le soldat : à un instant, il était seul et la seconde suivante, il ne l'était plus. Il sentit la présence de l'autre homme dans son crâne sans les moindres soubresauts et chocs habituels. C'était réellement bizarre.

Il ouvrit les yeux en entendant la voix de Tony :

« Pont formé et stable, comptabilité de 100 %, aucun signal parasite. Bien joué tous les deux. Laissez moi cinq minutes afin de vérifier les différentes données et nous pourrons peut être vous connecter à notre Cap géant, voir comment il se comporte avec un nouvel arrivant. »

Steve n'était pas très emballé par ces mots, il ne ressentait rien de l'autre côté du lien et l'idée de se connecter à la machine de destruction massive qu'était son Jaeger sans avoir le plus petit indice sur ce que pensait son copilote le gênait profondément.

Il profita des quelques minutes avant la connexion pour chercher le soldat. Il suivit la présence qu'il sentait aux frontières de sa propre conscience et atterrit sur une immense plaine gelée. Il s'attendait à y trouver le russe, les gens étaient habituellement présents dans leur souvenirs ou pensées, mais la plaine était totalement vide. Il tourna sur lui même, cherchant à trouver une trace lui permettant de suivre une piste.

Il vit une rivière gelée au loin et une chaîne de montagne se dessinant derrière. Entre les deux se dressait une forêt de pin sombres, mais il n'y avait rien qui lui permette de savoir où se trouvait son co-pilote.

Il quitta les lieux lorsqu'il entendit Tony annoncer qu'il avait fini ses vérifications et qu'ils pouvaient tenter un drift avec le Jaeger. Fury donna l'autorisation immédiatement et Stark les connecta avant que Steve n'ai le temps de protester.

Captain America se mît en mouvement derrière la vitre qui séparait le labo du hangar où il était stationné. La plateforme où ils étaient montés plus tôt se souleva légèrement et Tony les fit passer par plusieurs mouvements simples : tendre un bras, fermer le poing, faire un pas. Le Jaeger obéissait sans difficulté et sans aucun délai, les ordres qu'envoyaient les deux pilotes étaient suivis sans le moindre accroc.

Après une dizaine de minutes, Tony jugea qu'il avait assez de données et ordonna la fin de l'expérience. Les techniciens coupèrent la connexion vers le Jaeger avant que Steve et le soldat ne sortent du pont neuronal.

Leurs tenues furent ensuite enlevées et le soldat disparu immédiatement et sans dire un mot. Steve s'approcha de Fury qui discutait avec Stark, bien décidé à faire entendre ses objections. Il y avait quelque chose de profondément anormal avec l'homme que les russes leur avait envoyé.

Ils se dirigèrent dans le coin le plus éloigné de la pièce et Steve se redressa de toute sa hauteur :

« Je veux savoir ce qu'il y a dans le dossier de type. »

« Non. Vous n'en avez pas besoin pour drifter, nous en avons la preuve. »

« Ce n'est pas le sujet. Quelque chose ne colle pas. Il n'apporte rien dans le lien, aucun sentiment, aucun souvenir. Comment est ce possible ? »

« Comme je vous l'ai dit, vous n'avez pas besoin de savoir. Fin de la discussion. »

Fury se retourna et quitta la pièce, Mariah sur les talons et Steve rejoignit Sam, la mine fermée et l'esprit à des kilomètres du dôme.


Warning : très légère mention de torture et d'agression sexuelle (mais vraiment minuscule et si vous plissez des yeux). mais vu les thème je préfère prévenir.