Hello tous !
Merci du fond du cœur à Bayla, admamu, Kty Koneko, mariloo, Nianafleur, Mimi et Eli pour vos retours ! Heureusement que vous êtes là !
Toujours plein de mercis à Flo'w Tralala pour sa bêta.
Et c'est parti pour le dernier chapitre qui est un épilogue (je suis triiiiiisteuh). Bonne lecture !
+1. Dénouement
(nom masculin
- Ce qui termine une action au théâtre ou au cinéma
- fait de trouver une issue, manière dont se résout une affaire difficile)
.
Quand j'entends tes pas dans l'escalier, je suis tranquillement installé dans mon fauteuil avec un roman policier exceptionnellement captivant dans une main et, dans l'autre, une tasse de thé noir – lait et sucre, pour une fois, plaisir que je me suis globalement interdit depuis quelques mois parce que la quarantaine et la réduction de mon activité physique depuis mon retour définitif à Londres sont, vis-à-vis de ma masse graisseuse, une menace qu'il convient de ne pas négliger.
Je n'ai pas voulu te réveiller en me levant pour le boulot, ce matin, alors je me suis contenté de déposer un baiser sur tes cheveux avant de quitter la chaleur des draps. Ton grognement endormi a été la première chose cohérente – oui, bon, plus ou moins – que j'aie entendu de ta part depuis nos baisers d'hier qui nous ont habilement menés jusqu'à ta chambre. C'est la première fois que nous avons quitté la relative neutralité des pièces communes – et d'une cabine d'essayage – pour du sexe, et je ne sais qu'en penser. J'ai d'ailleurs activement évité d'y réfléchir, tout aujourd'hui. C'est quelque chose dans lequel j'excelle, apparemment : ignorer les pensées qui me dérangent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ça fait si peu de temps qu'on couche ensemble, n'est-ce pas ? Et puis j'ai aussi perfectionné ça auprès de toi et de ta capacité à repousser les considérations parasites qui t'empêcheraient de te concentrer pleinement sur le problème qui se pose à toi dans l'instant présent.
Mais mon problème de l'instant présent, ça redevient toi, justement. Toi, ce qui s'est passé pour nous deux hier soir, l'événement sur la scène de meurtre de Greg et, avant ça, ce qui a mené à ce fameux essayage de lingerie en magasin.
Est-ce que « problème » est le mot approprié, d'ailleurs ? Je n'en suis pas sûr, alors que je souris connement pour la simple raison que tu apparais dans mon champ de vision. Je te détaille de bas en haut, profitant honteusement du fait que tu te débarrasses de ton Belstaff en l'accrochant à la patère, ce qui m'épargne l'air goguenard que tu m'adresses à chaque fois que tu me captes en flagrant délit d'observation de ton corps à but non-scientifique. Mais je crois que, comme tu l'as sournoisement fait remarquer hier, je me suis retenu beaucoup trop longtemps de te regarder de cette façon, avec cette intention. C'est seulement maintenant, plusieurs semaines après t'avoir touché pour la première fois, que je prends conscience du poids qui a disparu de mes épaules depuis tout autant de temps et dont je n'avais pas réalisé l'existence jusque-là.
Alors je profite doublement de ta seule présence dans la pièce, serein et satisfait, quand tu tournes sur tes jambes que ton pantalon de costume noir dessine tout aussi longues que ne le faisaient tes collants et tes bottes hier. Ta chemise bleue est, comme toujours, ouverte aux deux premiers boutons et ton visage humide se fait le témoin de la pluie qui tombe drue, dehors. Tu passes une main agacée dans les boucles de cheveux disgracieuses qui sont plaquées sur ton front et je trouve ça attendrissant.
« Cesse donc de sourire bêtement, m'envoies-tu, irrité – enquête aujourd'hui, donc, avec masse de paperasse à régler, à en croire ton impatience renfrognée sans réelle contrariété de fond.
Je pose ma tasse à demi vide et mon livre au sol – pour captivant qu'il soit, toi et ton allure de chien mouillé l'êtes bien plus – en faisant particulièrement attention à ne pas obéir à ton injonction. Quand mes pas t'amènent à ma portée, je glisse mes deux mains sur le tissage synthétique de ta chemise, au niveau de ta taille, et je peux enfin quérir ce que j'attends depuis que je suis rentré, que j'ai tenté de compenser par du thé sucré et une bonne lecture, mais que tu détiens irrémédiablement : ta bouche. Tu sembles pris de court, l'espace d'une seconde, puis tes mains se posent sur mes biceps et tes lèvres répondent aux miennes.
– D'humeur câline, docteur ? me demandes-tu entre surprise et amusement.
– Ça t'étonne ? je te renvoie, pour ne pas te poser la question « Ça te dérange ? », effrayé soudain à l'idée que tu répondes « Manifestement. »
– Les critères ayant menés aux contacts rapprochés entre nous, jusqu'à maintenant, ne sont pas remplis dans l'immédiat.
– Tu parles de tes vêtements.
– Oui.
– Sherlock, je n'ai pas besoin que tu sois habillé en femme pour… pour, je prononce avec dans la voix quelque chose qui essaie très fort de ne pas être de l'exaspération, et de l'hésitation quand je ne sais pas exactement comment compléter cette phrase.
– Me baiser ? proposes-tu de ton sourire insolent.
– Et avoir envie de t'embrasser. Et de t'avoir contre moi. Ce genre de choses.
Je confirme cette révélation en caressant tes fesses à travers le tissu de ton pantalon définitivement masculin.
– Donc je ne vais pas me changer ?
– Pas besoin, j'acquiesce. Sauf si tu en as envie.
Je fronce les sourcils, cependant. Mes doigts jouent distraitement dans tes cheveux, beaucoup moins agréables à caresser humides que quand ils sont tout propres et secs, et tu secoues la tête pour tenter de faire oublier que le haut col de ton manteau ne protège pas tes boucles de la pluie. Puis je m'éloigne vers le fauteuil pour récupérer ma tasse pendant que tu te débarrasses de tes chaussures cirées en les envoyant à quelques mètres l'une de l'autre, une fois délacées, laissant des marques mouillées sur les lattes de parquet qu'elles ont survolées et où elles reposent à présent. La théière trône sur la table basse où je l'ai abandonnée tout à l'heure, aux côtés d'une seconde tasse vide que j'avais sortie au cas où. Je nous sers tous les deux, préparation à une discussion que je n'ai pas envie de mener mais qui est nécessaire. Tu soupires dans mon dos.
– Ce n'est pas la peine, John, énonces-tu d'une voix peut-être un peu tendue.
– Qu'est-ce qui n'est pas la peine ? je te demande sans comprendre, en m'asseyant sur le canapé de façon à te laisser une place. Viens, j'ajoute pour que tu suives le mouvement.
Parce qu'il faut qu'on parle, c'est indéniable. Il se pourrait que les épisodes accompagnés de lingerie n'aient pas eu comme seuls impacts une découverte singulièrement intéressante pour moi, mais qu'ils aient pu t'induire en erreur sur quelques points.
– Le thé. Le sofa. Je te connais, John. Je sais ce que ce genre de précautions introduisent. Je n'en ai vraiment, vraiment pas envie.
Tu n'as pas envie de… t'asseoir avec moi ? De te poser simplement à mes côtés et de discuter, si ce n'est pas pour du sexe ou pour parler d'une enquête, ou toutes ces autres choses qu'on peut faire, le reste du temps où on se retrouve dans une même pièce sans interagir ?
– Oh, je laisse échapper après quelques secondes, quand je réalise que je n'ai pas pensé une seconde au fait que toi aussi, tu as peut-être une mise au point à faire sur la relation que tu souhaites ou ne souhaite pas entretenir avec moi.
J'attrape ma tasse de thé, sous ton regard fixe, dans le simple but d'occuper mes mains et parce que je ne sais pas quoi faire d'autre pour rebondir.
– Ok, je ponctue inutilement en prenant une gorgée – tiède puisque la vie a décidé que la situation actuelle ne m'était pas déjà suffisamment pénible – que j'avale de travers parce que coordonner à la fois phonation, déglutition et respiration est un don que la nature a stupidement omis d'offrir à l'humanité.
C'est pratique, ceci dit, parce que pendant que je m'étouffe avec ma salive, je n'ai pas vraiment la capacité d'ajouter quoi que ce soit, donc aucun besoin d'y réfléchir. Avec un peu de chance, je vais m'étouffer mortellement et je n'aurai pas à parler avec toi de quelque chose qui n'existe que dans ma tête, ni à négocier mon déménagement prochain, en conséquence.
Tu lèves les yeux au ciel alors que j'arrive piteusement au bout de ma toux et que, détail rageant, je suis toujours en vie. Tu laisses claquer un Tssk agacé en t'approchant de mon perchoir, un de tes genoux se fore une place entre mes cuisses et tu t'appuies des deux mains sur mes épaules pour me rouler une pelle aussi magistrale que soudaine et inattendue, vu la direction que la conversation avait l'air de prendre il y a quelques secondes.
– Je n'ai vraiment, vraiment pas envie de vivre la discussion que tu es sur le point d'introduire, précises-tu quand tu t'écartes finalement, tout en attrapant ma tasse de thé tiède pour la poser sur la table basse derrière toi et en me perçant de ton regard Tu-pourrais-faire-l'effort-de-me-comprendre-même-quand-je-ne-suis-pas-compréhensible-tout-de-même.
– Il faut, je réponds en détournant la tête pour esquiver ton nouveau baiser, quand tu passes à califourchon sur mes genoux et que tu te frottes contre moi d'une façon qui rejette en bloc la seule existence d'un concept tel que celui de subtilité.
– Absolument pas, me manges-tu le cou en pressant tes mains sur mon torse.
– Tu croyais vraiment que j'avais besoin de te voir habillé en femme, pour avoir envie de toi ? je t'accuse en contre-attaquant.
Quand tu comprends que la discussion aura lieu que tu le veuilles ou non, et parce que j'ai emprisonné tes poignets de mes mains et que je les maintiens entre nos deux bustes, ce qui te garde à une distance… raisonnable, disons, tu lâches avec exaspération :
– Bien sûr que non. J'ignorais simplement que tu étais conscient que ce n'était pas le cas.
– Tu… Quoi ? je demande en fronçant les sourcils parce que… quoi ?
Tu me parles avec la voix que tu prendrais pour t'adresser à un enfant sensiblement moins avancé que la moyenne quand tu m'expliques :
– Ce n'est pas parce que, moi, je savais pertinemment que ton attirance n'était pas uniquement due à la lingerie que, toi, tu l'avais compris. Ça a révélé une envie tout à fait réjouissante chez toi, mais ça ne signifiait pas que tu avais pris conscience du reste ni que tu l'avais accepté. Tu as tendance à te montrer particulièrement obtus sur certains points, même quand un fait d'une logique affligeante et absolument manifeste se trouve sous ton nez.
– Tu ne doutes jamais de rien, je soupire en secouant la tête quand je réalise que ton assertion atteint un niveau phénoménal de prétention – et de pertinence, malheureusement.
– De quoi aurais-je dû douter ? Tu ne t'es pas contenté de fantasmer sur la version féminine de moi que je t'offrais à voir. Ce n'est même arrivé à aucun moment : c'est très définitivement avec un homme que tu as couché plusieurs fois, en toute connaissance de cause, et ça t'a très manifestement excité. Tu t'en fous, en réalité, de ce que j'incarne quand on couche ensemble. Mais, encore une fois, ce n'est pas parce que l'évidence était là que tu étais prêt à la voir, et moins encore à l'admettre. De la même façon que je n'aurais jamais parié sur une réaction si ouverte et plaisante de ta part lorsque tu es rentré de la clinique trop tôt la première fois. Il reste des sujets sur lesquels tu es apparemment toujours apte à me surprendre, malgré ton intelligence quelconque.
Je fronce les sourcils. Tu as vraiment douté de mon ouverture face à ton travestissement ? Vraiment ? Ça me vexe, je l'admets. Mais bon, ce qui compte ici, c'est que je suis encore capable de te faire paraphraser les mots "Je me suis trompé" même après tant d'années à vivre ensemble, du haut de mon intelligent quelconque. J'ose dire que c'est une capacité hors du commun. En toute modestie.
Ce problème écarté, je te laisse m'embrasser quand tu reviens à la charge, cette fois. Je laisse tes mains courir sur moi, attraper, effleurer, et mes soupirs répondre à ceux qui sortent de ta gorge parce que moi aussi, je cours, j'attrape, je caresse et j'embrasse. Et je découvre en moi, comme une espèce de fleur qui éclorait, l'envie prégnante, évidente, de te laisser faire d'autres choses, qui ne sont arrivées que dans un sens, jusqu'à maintenant.
Ma langue humidifie brièvement mes lèvres. Je calme le jeu de nos doigts, de nos bouches et de ton bassin contre mon ventre, le temps de former une phrase que je suis capable de prononcer pour te dire ce que j'ai au fond de ma pensée. C'est compliqué, pour moi, et comment as-tu su me le dire si facilement dès la seconde fois qu'on a couché ensemble, franchement ? Finalement, j'arrive à énoncer les mots dans un chuchotement à ton oreille, ce qui me permet de ne lâchement pas à te regarder dans les yeux. Il y a quelque chose de très fort, dans la confession de ce désir, mais c'est con d'être ému seulement parce que j'ai assez confiance en toi et en moi pour te la faire, non ? En tout cas, je préfère t'offrir le même sourire impertinent que celui que tu m'envoies régulièrement, depuis quelques semaines, plutôt que d'afficher trop ouvertement le reste de mes doutes de personne faible. Tu es toi, alors je n'ai aucun moyen de savoir si ton sens de l'observation te les a révélés malgré tout ou si ton absence globale d'empathie les a écartés. Quoi qu'il en soit, ma déclaration n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et tu dévores ma bouche en te surélevant pour adopter un angle plus approprié, assisté par un nouvel assaut d'ondulations de bassin qui me clouent au canapé et du labourage de mes muscles par tes longues griffes blanches et agiles. Et moi, dans ce tumulte de tes mouvements où tu ne me laisses la place que d'être une bouche et une chair qui gémissent pour en recevoir plus, je sens comme une nouvelle légèreté dans mes épaules. La détente qui va probablement avec tes mains qui malaxe mon dos et le dénouent, comme en préliminaire à une autre détente qui, je le sais, sera absolument nécessaire quand je devrai remettre entre tes mains mon corps, ma confiance et ce que j'ai encore du mal à admettre comme ma virginité.
Je sais que cette journée va encore se terminer dans ta chambre. Ça tombe plutôt bien, parce que c'est le seul endroit où j'ai envie d'être en ce moment. Alors, anxiété ou non, j'entreprends d'accélérer le processus : je défais le nœud de ton écharpe et je m'attaque aux boutons de ta chemise. Ce sont des vêtements d'hommes, irrévocablement, que nous laissons derrière nous avant que tu ne m'emmènes dans ton lit. À l'exception, et ça me ravit, d'une culotte noire et fine que je ne prends le plaisir de te voir retirer qu'une fois que tu me surplombes de la hauteur de tes genoux et de ton torse, alors que dans tes couvertures je suis nu et allongé sur le dos pour toi.
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FIN
Des tas et des tas et des tas de merci pour vous qui m'avez suivie jusque-là.
Je compte sur vos reviews parce que ce texte a été long et difficile à écrire, parce qu'il a beaucoup de sens pour moi, aussi, alors savoir qu'il a plu et/ou parlé à d'autres, ce n'est pas rien.
Des bises à tous !
Nauss