Commentaire : il s'agit d'une fic en trois partie. Celle-ci est la première. L'histoire est un univers alternatif dans lequel Edward Nygma n'existe pas, et le Pingouin a perdu sa mère de façon naturelle (il n'a donc pas été blessé et soigné par Ed); il est néanmoins toujours chef de la Pègre de Gotham.
Ah et aussi, pour la pénétration, j'ai utilisé le fameux "Ta Gueule C'est Magique" ! Ya pas de préparation, pas de lubrifiant, ni rien mais OSEF (et puis pour être franche, c'est pas vraiment la pénétration anal qui est au centre du smut, donc la flemme de tout décrire)
« Une pièce je peux remplir, et tout un cœur occuper. Plusieurs peuvent me sentir, mais on ne peut me partager. Qui suis-je ? »
Oswald se réveilla en sursaut.
Le cœur battant à la chamade, il s'assit dans son lit et tâtonna dans l'obscurité pour allumer la lampe de chevet. Lorsqu'il trouva l'interrupteur, la lumière jaillit et il cligna furieusement des yeux, examinant longuement la chambre.
- Il y a quelqu'un ?, murmura-t-il tout en se traitant mentalement d'idiot.
Il n'y avait personne ici, il avait simplement fait un mauvais rêve.
Il se détendit progressivement, et remarqua que toute cette tension avait ranimé la douleur dans sa jambe. Il écarta les couvertures dans un soupir de résignation, pour tenter de la masser et faire partir les sensations désagréables qui courraient le long de son nerf sciatique. Pétrissant sa cuisse entre ses mains, il tenta de se rappeler les derniers mots qu'il avait entendu dans son rêve, ceux avec lesquels il s'était réveillé. Tout ce dont il se souvenait, c'était qu'il s'agissait d'une énigme.
Il n'était pas bon à ce genre de jeux. La journée avait été longue et il était fatigué. Il espérait se recoucher très bientôt afin de compléter sa nuit de sommeil.
Hélas, sa jambe le faisait toujours souffrir. Il avait pourtant pris un médicament avant de dormir, mais sans doute s'était-il crispé pendant qu'il dormait, ce qui avait fait venir une crampe.
Il se rallongea dans ses oreillers, éteignit la lumière, et glissa une de ses mains contre son ventre, écartant les pans de son haut de pyjama, pour ensuite faufiler ses doigts dans son sous-vêtement.
S'il parvenait à jouir, cela endormirait probablement assez son corps et son esprit pour le laisser dormir encore quelques heures avant le lever du jour. Il aurait sûrement mal demain matin, mais qu'importe puisqu'il souhaitait simplement dormir pour l'instant.
Il ferma les yeux en tentant d'invoquer des images, des sensations. La masturbation était une activité délicate car s'il ne se concentrait pas assez, il pouvait mettre des heures à réussir à se stimuler convenablement. Ce n'était pas une question de technique, seulement de son désir, qui avait beaucoup de difficulté à s'embraser en dépit de son imagination fertile.
Il décida de se débarrasser de son pantalon ainsi que de son caleçon. Ses gestes étant plus libres ainsi, il put ainsi écarter les jambes et caresser lentement son sexe. Il chercha dans sa mémoire le dernier fantasme qu'il avait utilisé, essayant de le recycler en lui insufflant de nouvelles idées – il imaginait quelqu'un le touchant et l'embrassant dans le cou, lui murmurant combien il était parfait, juste parfait et fantastique. Il essayait de s'imaginer la chaleur d'un corps sur lui, entre ses cuisses, d'un souffle dans son cou, et cette voix spectrale qui lui faisait des compliments qu'il n'oserait jamais réclamer à quiconque.
Oswald avait un peu honte de s'avouer que ce qui le faisait bander n'était pas tant le sexe en lui-même que les sentiments qu'il pouvait mettre dedans. C'était sans doute pourquoi il avait tant de mal à s'exciter rapidement, et aussi la raison pour laquelle il n'avait jamais couché avec personne.
Les gens ne lui faisaient rien ressentir à part de la colère, de la frustration, de la déception. Et des envies de meurtre, trop souvent.
Plus que par manque d'intérêt, il lui était difficile de faire confiance. Avec un ego comme le sien, il ne pourrait permettre à quiconque de le toucher intimement sans être entièrement sûr de la personne. Il n'avait jamais accordé assez de confiance à quelqu'un pour en arriver à ce degré de proximité. C'était tout bonnement impossible pour lui, il le savait depuis toujours. Ça n'arriverait pas.
Les plaisirs solitaires étaient tout ce qu'il avait dans le domaine de la sexualité, et cela lui suffisait dans la mesure où cela lui permettait soit de se débarrasser du trop plein de stress qu'il accumulait, soit d'atténuer la sensation irritante de son nerf sciatique.
L'intimité, par contre, le désir d'être proche, d'être caressé et embrassé, choyé comme un trésor précieux, lui brûlait le cœur trop souvent depuis que sa mère était partie.
Il se cambra en gémissant, en écartant davantage les cuisses pour cette personne imaginaire qui le désirerait assez pour le suivre dans son lit. Pour laisser courir ses lèvres sur sa gorge – quelque chose que nulle autre n'avait fait auparavant.
Il pouvait presque sentir ses mains fermes sur ses hanches, l'agrippant dans un élan de passion sans se soucier de laisser une marque sur sa peau pâle – ce ne serait pas la première, mais celle-ci serait une trace d'amour, alors elle serait spéciale, elle serait à lui, et même quand elle aura disparu, il pourra se chagriner de son absence jusqu'à ce que son amant lui en fasse une nouvelle.
« Aaaaah... », soupira t-il, sans se rendre compte du changement subtil de température dans la pièce.
Le rideau de sa fenêtre ondula alors qu'il n'y avait pas le moindre souffle d'air dans la pièce. Les gémissements d'Oswald s'intensifièrent à mesure que son fantasme prenait forme dans son esprit. Il y avait un homme sur lui qui chérissait chaque parcelle de son être, le couvrant de baisers et mots doux comme du miel. Oswald voulait le serrer, le serrer si fort, mais il n'y avait que la couverture et ses draps, et l'une de ses mains était déjà occupée entre ses jambes, alors il se contenta de serrer le coin de la taie de son oreiller. Il sentait son excitation monter, plus vite que de coutume, accompagnée d'une amertume tout aussi grandissante à l'idée d'être seul. De rester seul. Toujours.
C'était tout ce qu'il aurait jamais : des images inventées, des sensations fugitives fabriquées de toute pièce, car jamais il ne connaîtrait l'extase de ce contact, de cette union. Il était destiné à ne faire qu'un avec lui-même, jamais avec un autre.
Il n'y avait rien à espérer.
- Je peux remplir une pièce...
Il entendait presque cette voix tendre, compatissante ; et il y avait cette grande main large qui caressait sa joue comme pour le rassurer. Il voulait frotter son nez contre. Absorber sa chaleur, sa douceur.
- ... ou un seul cœur...
Les mots n'avaient aucun sens pour Oswald mais il était trop perdu dans son plaisir pour se concentrer. Son bas-ventre palpitait. Il voulait s'abandonner à cet homme, n'exister que dans son regard vert, hypnotisé par le son de sa litanie. C'était la première fois qu'il ressentait une excitation aussi intense, aussi...viscérale.
- Certains peuvent m'avoir, mais je ne peux être partagé. Qui suis-je ?
Il y eut soudain la sensation d'une langue humide en dessous son oreille, et Oswald poussa un cri bref en tressaillant. Il relâcha son sexe pour enlacer brusquement cette forme qui s'était lovée entre ses jambes, qui reposait à présent contre lui, et de sentir la peau lisse de son amant sous ses paumes le rassura immédiatement. Il ouvrit les yeux, plongeant le regard dans celui de son vis-à-vis, puisque celui-ci venait de redresser la tête pour l'observer.
Ses yeux n'étaient pas verts, mais noirs. Ses traits se détachaient avec grâce dans l'obscurité : ses pommettes hautes, ses lèvres charnues. Oswald ressentit un élan d'affection pour ce visage, sans qu'il comprenne pourquoi. C'était comme s'il en avait rêvé depuis toujours et oublié.
- Tu m'as appelé, alors je suis venu, murmura la créature en prenant sa main souillée de lubrifiant, afin de la lécher lentement.
- Comment ? Qui...
Les questions s'évanouirent de son esprit lorsqu'Oswald sentit son érection se dresser contre son ventre, plus dure que jamais. Il y avait une odeur dans l'air, quelque chose qui électrisait son corps et le faisait se couvrir de chair de poule. Un parfum de danger, de chaleur et de musc.
Il ferma à nouveau les yeux, se laissant ainsi guider dans les ténèbres avec lui. Leur bouche se rencontrèrent et l'âme d'Oswald tressaillit comme si elle venait d'entrer en résonance avec une partie d'elle-même longtemps perdue. Ces lèvres tièdes et soyeuses sur les siennes n'essayaient pas de le forcer, elles étaient légères comme du papier, et Oswald en voulait encore. Il couina en la sentant s'éloigner, pétri de regrets.
- Tu es exceptionnel, chuchota la voix chaude. Tu es tout ce que je veux, tout ce dont j'ai besoin...pour l'instant.
- Tu l'es pour moi aussi !, gémit le Pingouin en retour, avec un désespoir insatiable, et il enroula ses jambes autour de la taille de son amant, lui refusant le droit de s'écarter de lui.
Il ne le laisserait pas partir.
L'autre eut un petit rire. C'était un son bas et rauque qui fit frémit Oswald des pieds à la tête, lui faisant resserrer son emprise.
- Tu es unique, M. Pingouin, susurra la voix.
Oswald rougit et fourra son visage dans le cou de son amant.
- Je...n'ai jamais fait ça avant, confia Oswald en essayant de chasser les larmes de ses yeux, le tremblement dans ses mots qui s'entrechoquaient comme des boules de billard. Je veux que ce soit bon.
Il y avait beaucoup de non-dits dans cette phrase : la peur de lâcher prise, la peur d'avoir mal aussi – non pas qu'Oswald ne soit pas habitué à la douleur, mais il craignait l'invasion intime de la pénétration autant qu'il la désirait, parce que cela avait une signification toute particulière (et pourtant cela ne l'empêchait pas d'être terrifié).
- Ta première fois sera la meilleure, murmura la voix d'un ton taquin.
Il caressa ses cheveux pour le calmer, ses gestes lents et mesurés, comme s'il savait exactement ce qui faisait vibrer Oswald, comme s'il était un instrument dont il savait déjà jouer à la perfection. Ou comme s'il était fait pour lui.
- C'est promis, ajouta-t-il plus gentiment.
Il plaça ses mains sous les genoux d'Oswald, les faisant se plier aisément, et déposa un baiser sur celui de sa jambe blessée. La douleur semblait avoir complètement disparu depuis le début de leurs ébats, ce qui émerveilla le Pingouin presque autant que de voir la créature le regarder en se léchant les lèvres – la vision lui déclencha un tressaillement au niveau du bas-ventre. Ce n'était pas possible, lui criait une partie de son cerveau, mais il était comme anesthésié. Tout paraissait flou et irréel, comme dans un rêve, pourtant les sensations étaient décuplées, trop fortes.
Son compagnon pouvait faire de lui ce qu'il voulait, et couvrit sa jambe de baisers, jusqu'à la cheville, s'éloignant petit à petit d'Oswald à mesure qu'il arrivait à l'extrémité de son pied – les bras du Pingouin tentaient bien de le retenir, mais il avait l'impression qu'ils étaient devenus en coton, qu'ils étaient dépourvu de force.
Cependant la créature ne semblait pas avoir envie de fuir : elle lécha lentement le pied, s'attardant sur un orteil pâle, avant de se redresser brusquement et de revenir sur Oswald, se plaçant entre ses cuisses. Le démon plongea contre son torse avec un grondement, frottant d'abord ses boucles folles contre la cage thoracique d'Oswald – ce dernier avait l'impression qu'elle pouvait à tout moment exploser sous l'impact des battements frénétiques de son cœur – puis il se mit à tracer paresseusement des arabesques de salive à l'emplacement du cœur. Les mains d'Oswald s'accrochèrent à ses cheveux bruns et courts, tirant dessus avec un plaisir presque sadique, le punissant de l'avoir excité autant sans rien lui donner en retour.
Puis il sentit des doigts s'insinuer entre ses fesses, et il sut que ça allait arriver. Les baisers sur son torse descendirent vers son ventre. C'était agréable, mais c'était gênant aussi, trop gênant pour qu'il le laisse faire, même dans son état de transe quasi hypnotique.
- Non ! Pas...pas comme ça, souffla Oswald en se tortillant, posant ses mains sur les épaules de son partenaire pour le pousser en arrière.
Ce dernier se redressa, échevelé et une interrogation vulnérable dans le regard. Oswald se redressa difficilement et l'embrassa pour s'excuser, soudain coupable, et enroula ses membres autour du corps ferme de l'autre homme. Celui-ci ne tarda pas à le renverser à nouveau sur le lit, répondant avec passion à son baiser.
- S'il te plaît, supplia le Pingouin en se mordant la lèvre à quelques centimètres de celles de son amant. S'il te plaît...juste...pas trop vite.
- Tu es vraiment particulier, susurra la créature, les yeux brillants d'intérêt. Tu ne réagis pas comme les autres quand je les touche. Pas vraiment. Pas de la même façon. Tu ne cherches pas la satisfaction...
Un frisson désagréable parcourut l'échine d'Oswald à la mention de ces autres – il en oublia le reste. Il resserra son étreinte de manière possessive, avec un grognement rauque, le cœur débordant de sentiments contraires. L'autre rit comme s'il lisait ses pensées.
- Est-ce toujours ainsi avec les vierges ?, susurra-t-il avec insolence. Peut-être ai-je manqué quelque chose...
Il lécha l'intérieur de l'oreille d'Oswald avec la pointe de sa langue pour l'empêcher de rétorquer, et cela eut l'effet escompté, puisqu'Oswald renversa la tête, la bouche ouverte sur un gémissement silencieux. Il avait la gorge nouée, le corps en feu ; il n'y avait rien de naturel dans les réactions qu'il avait, pourtant il ne parvenait pas à prendre assez de recul pour s'en inquiéter. Son esprit était rempli de brume et son désir l'emportait comme une vague sur des rivages inexplorés qui lui tardait de découvrir, même s'il appréhendait aussi.
Mais les mains de son amant sur lui l'aidaient à se calmer. C'était comme si elle diffusait en lui une toxine relaxante, un poison délicat qui le rendait plus docile ; et puis il y avait sa voix de velours qui était aussi délicieuse que de plonger dans un bon bain chaud, qui lui disait exactement tout ce qu'il voulait entendre. Cela emplissait sa poitrine d'une chaleur confortable qu'il n'avait plus ressenti depuis longtemps.
C'était comme d'être aimé à nouveau ; c'était définitivement l'effet d'une magie mystérieuse, qui le rendait à la fois avide, fiévreux, désirable.
Il le voulait en lui. Pas juste physiquement – pas vraiment, puisque ce n'était qu'un piètre expédiant. Il le voulait en lui de toutes les manières, entièrement, par essence. Caché au fond de son être, soigneusement enfoui, il avait le désir d'être enlacé, imbriqué, jamais séparé, et ce désir, ce plaisir d'être celui que l'on aime et savoure – car la créature (Ed) l'observait comme s'il allait le dévorer – était ce qui le possédait en cet instant.
Car il était bien question de possession, même s'il n'en avait pas pleinement conscience, il savait que quelque chose de surnaturel était en train de se dérouler. Il savait qu'il y avait manipulation, que quelque chose tordait ses instincts, mais cela rendait l'étreinte plus intense.
Au lieu de le terrifier, la perte de contrôle le rendait plus désespéré dans son affection ; il fallait qu'il la montre, qu'il prouve qu'il la méritait, qu'il fasse de cette étreinte quelque chose de pur, de vrai. Ça n'avait aucun sens mais il ne pouvait pas être excité s'il n'y avait pas ce quelque chose, ce lien entre eux.
La magie créait l'attraction physique, cependant elle ne pouvait déroger aux règles fondamentales qui régissent un individu : Oswald ne pouvait pas ressentir l'excitation sexuelle sans une connexion profonde. Alors la magie avait créé cette connexion, et à présent, peu importe son origine, elle était bel et bien là. Oswald ne comptait pas lâcher prise.
Ed non plus. Après tout, il devait en finir et se nourrir, même si le comportement du Pingouin avait fini par créer une touche de tension dans ses gestes. Il les voulait lents, experts, mais en réalité il se montrait plus empressé qu'à l'accoutumé. Il voulait de plus en plus le goûter, son parfum, son aura, étaient irrésistibles.
La pénétration n'était jamais un problème pour le démon : il était fait pour cela après tout. Il s'engouffra dans ce corps tiède, qui le pressait comme s'il essayait de faire s'échapper toute vie de ses entrailles – et c'était nouveau. Personne ne l'avait jamais serré comme ça auparavant.
La chair de sa victime était douce, pâle, et presque sucrée pour ses papilles psychiques. Il voulait s'y fondre, s'imprégner d'elle, ce qui ne lui était jamais arrivé. Un tel besoin n'avait pas de raison d'être quand il lui suffisait de se pencher pour ramasser n'importe quelle personne pour se sustenter ; et pourtant, il y avait chez Oswald quelque chose d'inédit qui accentuait l'ardeur et le dévouement de ses coups de rein, qui embrasait la passion de ses caresses, de ses baisers. Il perdait pied, il s'enfonçait comme une lame, trouvant refuge dans la cage que formait ses bras, afin d'y dérober ce cœur précieux qu'il ignorait vouloir jusqu'à ce que la jouissance le prenne par surprise.
Il embrassa le Pingouin dans le cou et mordit en se crispant, déchargeant le fruit de leur luxure dans l'orifice étroit de son partenaire. Oswald tenta de crier sans que rien ne sorte ; pas de douleur – il ne la ressentait plus, comme si elle n'existait plus – mais à cause de la vague d'énergie qui passa à travers son corps comme un arc électrique, directement à l'endroit de la morsure. Il griffa le dos de son partenaire en tentant de s'arrimer à quelque chose de tangible, tandis que l'orgasme le ravageait en une tempête d'émotions brutales, jaillies des ténèbres de sa conscience pour rendre l'intensité supportable.
Il reçut en échange de ce qu'il venait de donner un plaisir qui le frappa si fort qu'il en perdit connaissance.
Ednygma reposa doucement son corps inerte sur le matelas, avec révérence, et caressa sa joue humide de larmes du dos de la main. S'il était rassasié pour le moment, il savait qu'il reviendrait.
A chaque nuit suffit sa peine. Il allait laisser Monsieur Pingouin se reposer...jusqu'à la prochaine fois.
..
Le lendemain matin, Oswald se réveilla de mauvaise humeur. Il avait fait un rêve merveilleux dont il aurait voulu ne jamais se réveiller. La dure réalité – celle de son corps courbaturé, de sa solitude et du manque affectif qu'il ressentait depuis que sa mère était morte – le heurta de plein fouet tandis qu'il resserrait une couverture autour de ses épaules. L'air paraissait glacial – mais peut-être était-ce dû au fait qu'il était nu. Un rapide coup d'œil au réveil antique sur la table de chevet lui apprit qu'il était presque midi.
Il avait dormi jusque tard, et pourtant il se sentait encore épuisé, comme s'il avait veillé toute la nuit et en plus fait de l'exercice.
Ce n'était pas normal, et il le savait.
Il souffla par le nez et se décida à sortir du lit. Avec une grimace due à la douleur qui s'était elle aussi réveillée dans son genou, il sorti ses jambes du lit et se leva. Il fut obligé de se retenir au rebord en bois de son lit ; ses membres flageolaient sous lui comme s'ils étaient faits de guimauve.
Lentement, un liquide brûlant s'écoula d'entre ses fesses le long de ses cuisses, allumant un feu intense à ses joues. Il se toucha le visage d'un air choqué en comprenant enfin l'impression d'être creux, d'être vide, qu'il éprouvait depuis son réveil. Il baissa les yeux.
Son torse portait une marque qui n'était pas là la veille, gravée sur sa peau là où la sensation d'une langue inquisitrice s'incrustait encore dans ses souvenirs nébuleux de la nuit passée.
Le dessin d'un point d'interrogation stylisé, de couleur verte, tatoué à l'endroit précis où battait son cœur.