Bonsoir tout le monde

J'ai la grande joie, l'honneur et l'avantage (et la trouille, vous avez pas idée à quel point) de vous présenter le résultat de mon dur labeur durant le NaNo de mai.

Cette fic va être différente des précédentes, parce qu'elle n'est pas de moi. C'est un traduction de la meilleure fic Stucky de tout l'univers (et je n'exagère pas). Donc toutes les idées sont à rendre à leur propriétaire légitime, la merveilleuse Owlet, qui m'a autorisé à traduire son travail. D'ailleurs je vous conseillerais d'aller lire la VO si vous le pouvez, parce que, même avec la meilleure volonté du monde, j'ai été incapable de transmettre tous les détails de cette petite merveille.

Vous allez certainement trouver des similitudes avec "mon" Bucky car sa vision est certainement celle qui a le plus nourri la mienne.

Et puis je voulais remercier Sana pour son travail de beta. Chaque suggestion est tout simplement parfaite, sensate. Merci de ton aide.

J'en ai fini avec cette introduction, je vous laisse profiter (et me dire ce que vous en pensez).

Bonne lecture


La mission avait été compliquée. Cela aurait du être un assassinat classique, mais la cible avait été insaisissable et étonnement bien entraînée, avec des renforts pénibles. Des renforts volants très pénibles. Qui avait ce genre de chose ?

Et c'était sans compter les distractions. La mission était claire : tuer. Mais l'Atout avait observé à la place, et la voix de sa cible avait créé des échos bizarres dans sa tête, ce qui l'avait poussé à retenir ses coups, à tirer dans le bas du ventre.

À hésiter. À parler. À se battre contre son objectif, même si l'ordre (tuer) prit brièvement la stupide apparence de sa cible.

La mission se réinitialise brusquement. Objectif tuer : annulé. Nouvelle mission : protéger.

Il y a déjà eu des réinitialisations de mission auparavant. Il y a un protocole pour cela. Le mot de passe est donné à chaque briefing. Le mot de passe pour cette mission n'est pas :

- Tu es mon ami

- James Buchanan Barnes

- Jusqu'au bout.

Malgré tout, la mission se réinitialise. A la différence des autres réinitialisations, ce n'est pas le simple ajout d'une nouvelle tâche dans un processus. La réinitialisation est douloureuse : un nouveau point de repère dans sa propre carte des douleurs.

Durant la réinitialisation, la Mission tombe.

L'Atout regarde la Mission disparaître au milieu des débris et des flammes. Cela lui donne le vertige - cette impression de glisser qui résulte d'une période trop longue en dehors de la cryo. Quand l'esprit crée des distractions non liées à la mission et qui augmentent le rythme cardiaque et respiratoire, ainsi que des migraines.

Le vertige dure assez longtemps pour que la Mission anciennement à tuer tombe pratiquement hors de sa vue. L'Atout ne peut pas protéger s'il n'a pas de contact visuel. Échec de la mission : inacceptable.

Чорт, dit l'Atout, et il plonge.

La Mission à protéger a malheureusement déboîté l'épaule de chair de l'Atout, ce qui rend l'action de plonger/attraper/nager plus compliquée. Étant donné le bras-arme et ses renforts de métal le long de l'épaule et de la colonne vertébrale, l'Atout ne flotte pas très bien. Par chance, une grande faculté d'adaptation est gravée dans ses os, bien loin des idées désordonnées et peu fiables du cerveau.

La mission est maintenant de protéger. Chaque briefing comprend la phrase Fais tout ce qui est nécessaire pour atteindre l'objectif. L'Atout attrape donc, à l'aide de ses jambes, l'ancienne Mission à tuer par la taille et nage progressivement vers la berge avec son bras métallique. Comme celle de l'Atout, la physiologie améliorée de l'Objectif de mission, désormais à protéger, rend la probabilité de se noyer assez faible… sauf que l'Atout a déjà planté une balle dans son ventre. Et transformé son visage en bouillie.

Пиздец.

L'Atout traîne l'Objectif en dehors du Potomac et l'observe, prêt à administrer les premiers secours malgré la luxation et l'eau coulant de son bras en métal. Tant que ce dernier n'aura pas séché, la probabilité qu'il interfère avec sa motricité fine s'élève à 73.4%. La mission a un risque élevé d'échouer s'il provoque une blessure aux sternum/côtes/poumons. L'Atout se penche, et fixe son Objectif. La possibilité que la mission soit un échec a causé une augmentation de la respiration de 15%. Le bras en métal se serre et se desserre.

Mais la cible respire, recrache de l'eau. Des soins médicaux sont nécessaires, bien au-delà des capacités de premiers soins de l'Atout : blessure par balle dans l'épaule, probablement traversante; blessure par balle à l'abdomen, projectile in situ ; trauma crânien possible ; importantes fractures du visage - le tout ayant baigné dans une eau empoisonnée par de l'essence, du liquide de refroidissement, du plastique brûlé, et il ne sait quoi d'autre qui était contenu dans les véhicules en train de s'écraser. Cette même eau polluée se trouve également dans les poumons de l'homme. Possibilité d'infection et de pneumonie sans une intervention médicale immédiate : 96%. La réécriture de la mission est une sirène hurlant dans le cerveau de l'Atout. Grande probabilité de pneumonie. Situation critique : à éviter.

Des passants bons à rien longent les berges, filmant les débris des héliporteurs. L'Atout attrape le téléphone d'un jeune plutôt frêle avec un pull idiot.

« Qu'est ce que tu fous - » commence à sortir le gosse, juste avant que ses yeux s'arrêtent sur l'Atout. L'Atout réorganise les traits de son visage : dents découvertes, yeux plissés. Le gosse ferme sa grande bouche.

L'Atout connaît le 911. Ce numéro a fonctionné comme une diversion utile à l'occasion. L'Atout ne pense pas que le civil au bout de la ligne comprenne les latitudes et longitudes, mais il n'y a pas d'autre moyen de dire « le Capitaine Steven Grant Rogers est sur la berge avec une blessure abdominale » tout en étant certain qu'ils trouvent la bonne localisation. Les civils sont horribles en navigation.

« Vite, » dit l'Atout.

L'Impératif de Mission bat dans la poitrine de l'Atout, prend la forme d'une augmentation du rythme cardiaque et de la respiration, d'une gorge qui se serre. De l'aide est nécessaire pour protéger les poumons de sa cible.

« C'est Captain America, bordel. Magnez vous. »

L'Atout fait demi-tour pour s'assurer que l'ambulance arrive rapidement. Il prépare un plan alternatif : le bras de métal est sec à 20 %. La cible peut être portée jusqu'à un hôpital si besoin. Protéger est plus important que rester discret.

Le téléphone émet un son comme un banjo - un son qui pousse l'Atout à rêver d'arracher ses propres oreilles et à les jeter le plus loin possible. L'écran du téléphone affiche désormais, « Hé mec, redonne son téléphone à Tyler. » Il y a une sirène pas loin. Répondre : faible priorité.

L'ambulancier, grand et bedonnant,fait tomber son brancard en voyant le patient.. La femme de petite taille qui l'accompagne le tape sur le bras, et ils échangent quelques jurons. L'attente pousse l'Atout à se balancer sur ses deux pieds. Il voit la poitrine de sa cible se soulever et descendre, et il arrive à se calmer. Les ambulanciers roulent doucement l'homme sur le brancard et le soulèvent - le plus gros avec des grognements et la plus petite uniquement grâce à une bonne dose d'obstination - dans l'ambulance. Leur vitesse avoisine la moitié de celle que l'Atout aurait considérée appropriée.

Une fois que l'ambulance est partie, l'Atout pose l'épaule de chair contre un arbre et la remet en place : Une rapide douleur, de celles qui invoquent des images dans le cerveau (aiguilles, lumières vives, le goût du caoutchouc), suivie d'une sensation de soulagement et d'une amplitude de mouvements améliorée. Moins de douze heures pour une totale guérison.

Se réorganiser :

- vêtements

- argent

- retrouver la cible

La planque de l'Avenue G est en ruines. La banque, avec sa chaise et son congélateur, n'est pas une option. L'Atout ne peut pas protéger la mission s'il est en cryo.

Pour ses besoins de base, l'Atout compte sur le gaspillage complètement ridicule des américains : nourriture et vêtements sont partout, prêt à être pris. L'Atout garde ses bottes mais trouve pantalon/chemise/veste/casquette en moins de trente minutes. Ses armes à feu et son équipement sont cachés dans les hauteurs d'un arbre dans un parc situé près de la rivière ; des couteaux suffiront au milieu des civils. Le téléphone fait son bruit de banjo trois autres fois avec des avertissements et la requête de le rendre à Tyler. L'Atout répond par un message : « Va te faire, connard. »

L'Atout ne sait pas vraiment ce que veut dire cette phrase. La réponse, c'est vache, mec, apporte de la satisfaction. L'Atout sent la tête acquiescer et les lèvres se presser. C'est vache en effet. Le message est donc bien passé.

L'Atout marche dans la direction qu'a prise l'ambulance. Étant donné l'état général de ruine dans la zone, plusieurs autres sirènes aident à le guider vers l'hôpital universitaire de George Washington. Du sang sur le visage et sa main de chair lui permettent d'entrer incognito - le fait qu'il bouge seul le met loin sur la liste des priorités.

L'homme volant est assis au second étage, dans une alcôve, avec une femme aux cheveux foncés. Une rousse inquiétante arrive peu de temps après. L'Atout s'assoit sur une chaise en plastique bleue en dehors de leur alcôve. Il regarde fixement la rousse sous le couvert de sa casquette et de ses cheveux. Il sait qu'elle est dangereuse sans savoir comment il le sait. Il tourne la chaise pour ne plus apparaître dans son champ de vision. Il s'entraîne à paraître endormi-pas-mort pendant longtemps.

Finalement un docteur approche le petit groupe. Ce qu'il leur dit les soulage et ils couvrent leurs yeux dans un signe que l'Atout reconnaît comme Danger passé. L'Atout a l'impression que son corps tombe, alors qu'il est assis sur une chaise. Ses poumons se vident de tout leur air. L'Atout appuie sur son abdomen : cela peut être signe d'une hémorragie interne. Les tissus semblent souples. A vérifier, s'ordonne-t-il. Perdre tout son sang interférerait avec la mission.

La médecin passe devant lui. Il sort le téléphone. Il y a maintenant dix-sept messages de Dale à propos du retour de l'appareil à Tyler. L'Atout prend note de calculer la faisabilité d'une mission secondaire, où il rendrait le téléphone à son propriétaire et lui ferait manger, de préférence en une seule pièce.

L'Atout utilise la fonction de recherche pour consulter les informations sur le Docteur Chitra Ghambire. Une chirurgienne qualifiée avec quinze ans d'expérience. Pas de plainte ouverte ou de poursuite pour mauvaises pratiques. Faisait partie des dix meilleurs dans sa promo à John Hopkins. Excellents avis sur . Acceptable. L'opération a duré quatre heures. Les effets de l'anesthésie devraient persister entre une heure et demie et deux heures avant que Steven Grant Rogers, Capitaine, Armée de Etats-Unis, ne soit déplacé dans l'aile principale.

L'Atout rôde dans les couloirs de l'hôpital afin d'obtenir certaines fournitures : onguent, bandages, un pot qui s'auto-proclame pudding au chocolat. Dans l'aile gériatrie, dans la chambre de Mildred Greene, il nettoie son visage et panse les légères coupures sur sa main droite et son bras. La vieille dame ronfle dans son lit. L'Atout mange le pudding au chocolat et sent son cerveau faire un bond de côté. Il jette le pot contre le mur. Note : éviter le pudding. Il distrait de la mission.

L'Atout se dirige vers le toit de l'hôpital et s'installe dans un coin sombre, aussi loin que possible de la zone d'atterrissage des hélicoptères. Le téléphone (six nouveaux messages et cinq appels ratés) annonce que l'heure locale est 00:32.

« Temps de sommeil : deux heures », se dit l'Atout.

A 02:43, l'Atout émerge d'un escalier dans un service d'urgence toujours très occupé. Son épaule ne lui fait plus mal, et ses yeux clignent sans frotter comme du papier de verre. Dans les couloirs de l'hôpital, 36,9% des personnes portent des gobelets de boissons, la plupart sont blancs avec une bande marron.

Une grande femme à la peau sombre pose son conteneur afin de feuilleter un dossier. L'Atout vole la tasse en passant à côté d'elle. Il ne s'attend pas à ce que le liquide chaud brûle sa langue. Sa main gauche se serre avec un léger bourdonnement. C'est à ce moment que le sucré-gras-riche s'enregistre dans sa bouche ; ses yeux se croisent légèrement, et il titube. Pas étonnant que les civils soient aussi déconcentrés, avec leur puddings et leurs boissons chaudes.

« Je défoncerai la gueule de quiconque essaiera de me prendre cette tasse, » pense-t-il.

Starbucks est écrit sur l'étiquette, accompagné d'une femme souriant pendant qu'elle est dévorée par un céphalopode. Il serre la tasse contre lui et marche.

Il n'a même pas besoin d'entrer par effraction ou quoi que ce soit : il monte au deuxième étage en buvant son breuvage (si l'on en croit le cryptogramme sur la tasse, un triple MB EC) quand il entend un infirmer dire à un autre :

« Je l'ai vu en salle de réveil, avant qu'ils ne l'emmènent au quatrième étage. C'est bien lui. Personne d'autre ne pourrait être aussi canon après une opération de cette ampleur. »

Il lance un regard furieux au jeune homme pour son manquement aux règles de sécurité, puis prend les escaliers vers les étages supérieurs. Il est plus rapide que les ascenseurs.

Personne n'a pensé à mettre de garde à l'entrée de la chambre du Capitaine Steven Rogers. L'Atout serre les dents. Pas étonnant que sa mission se soit réécrite. Personne d'autre que lui n'a l'air d'en avoir quelque chose à foutre de protéger ce gars.

Il se glisse à l'intérieur de la chambre. Les nombres affichés sur les écrans sont dans les limites acceptables pour le rythme cardiaque, la tension et la saturation en oxygène. Il y a assez d'oxygène dans la bouteille pour durer toute la nuit.

Son corps réagit étrangement au breuvage (m'en fous, j'en veux encore, pense-t-il) - il respire rapidement et le mouvement de ses yeux pour regarder l'homme sur le lit lui demande un effort conscient. Mais bien évidement, il doit examiner son Objectif. C'est un des paramètres de la mission.

Le teint de Rogers est rassurant et ses pieds sont bien couverts par la couverture. Encore qu'une seconde serait mieux. L'Atout ajuste l'angle du lit de 11 degrés afin d'apporter une meilleure protection contre la pneumonie.

Rogers bouge dans le lit, et sa canule nasale tombe.

«Tu te fous de moi, » soupire l'Atout.

Il replace la canule doucement dans le nez ridiculement grand de Rogers, en plein milieu de sa grosse tête stupide, puis l'accroche à l'oreille - heureusement bien proportionnée - de Steve. Ce dernier grimace dans son sommeil et tourne sa tête vers la main de l'Atout.

Apparemment, éviter les grimaces fait partie des objectifs de protection, parce que l'Impératif de mission de l'Atout palpite en même temps que son cœur.

Il appuie son pouce droit contre la ride entre les sourcils de Steve. Rogers soupire dans son sommeil et s'appuie à nouveau sur son oreiller, sa grimace disparaît.

Des voix s'approchent dans le couloir : l'une d'entre elles lui est inconnue, l'autre appartient à l'homme volant. L'Atout disparaît par la fenêtre et descend au niveau de la rue.

Il trouve une enseigne avec le céphalopode qui mange une femme un peu plus loin. C'est ouvert, même à 04:13. L'Atout patiente vers le fond, jouant avec l'argent qu'il a volé, jusqu'à ce qu'il traduise leur code, en langue italienne maltraitée. Il passe sa commande avec confiance.

« Taille ? »

« Grand. »

La breuvage qu'il reçoit contient, d'après le tableau, suffisamment de calories pour un combat de deux heures, six heures de trajet en milieu hostile, ou dix heures à s'asseoir dans le bâtiment en face de l'hôpital afin de regarder Rogers dormir. La tasse est très grande, et les coins de ses lèvres se recourbent quand il la voit. La serveuse l'imite, et l'Atout pense : sourire.

« Et voilà, savourez-le bien, » dit la jeune fille.

« Oui, m'dame. »

Ce sont des mots que sa bouche connaît mais pas son cerveau. Cela reste pourtant un ordre simple à suivre ; rester dans une pièce chaude, installé à une petite table avec toutes les sorties en ligne de mire et une boisson qui, une fois décodée, veut dire un triple mocha blanc avec un extra de crème fouettée.

Le son qui émerge de sa gorge ressemble bizarrement à un ricanement. Il fait augmenter son rythme cardiaque. Après son second Venti, les yeux de l'Atout vibrent dans leurs orbites et il ressent le besoin d'en commander un troisième et de faire très rapidement le tour de l'hôpital pour en vérifier le périmètre.

Après douze kilomètres de marche autour du périmètre extérieur de surveillance, la sonnerie du téléphone devient si pressante qu'il finit par y répondre. À la différence du banjo annonçant les messages, la sonnerie ressemble à quelque chose qui est soit de la musique, soit un jeune homme en train de se faire castrer, ou alors un chat en souffrance.

« Qui est-ce ? »

« Comment ça, qui est-ce ? C'est Tyler, mec, tu as mon putain de téléphone. Toi, t'es qui ? »

« Je suis l'Atout. »

Tyler rit. L'Atout pense avec tendresse à Tyler mangeant un sandwich au goût de téléphone, accompagné d'un bon coup dans les boules.

"L'Atout ? C'est un nom débile, mec, mais c'est approprié, parce que tu es vraiment débile de ne pas me rendre mon téléphone."

L'Atout réfléchit au fait que son nom puisse inspirer de la dérision. Probabilité que cela le distraie de sa mission : 62%.

« Allez, mec. Toutes mes photos du festival de Coachella sont à l'intérieur. S'il te plaît. Je ne veux pas avoir à appeler la police. »

L'Atout raccroche. Il entre dans la galerie photo de l'appareil et y trouve 126 clichés du même groupe de jeunes personnes. Ils portent toutes de mauvaises imitations de coiffures de guerre Sioux ou, plutôt, des plumes de dinde ou d'autres volatiles domestiques dans leurs cheveux. Aucun ne porte de protection solaire suffisante, et ils souffrent tous d'une déshydratation sévère et d'un coup de chaleur, s'il interprète correctement la raison pour laquelle ils tirent la langue.

Ils ont l'air d'abrutis, et s'ils étaient malins, ils le paieraient pour jeter le téléphone dans le Potomac ou dans l'incinérateur des déchets médicaux de l'hôpital.

Mais quand même. Il sait que "Atout" n'est pas un nom débile, mais la critique n'est pas totalement injustifiée. Il a besoin d'un pseudonyme pour la mission.

Steve Rogers est le nom que son cerveau choisit quand on lui laisse une demi-seconde de liberté, mais il est censé le protéger, pas se faire passer pour lui. Tyler et Dale sont des noms de raclures de bidet utilisés par deux magnifiques exemples du genre.

Le Capitaine Rogers l'a appelé Bucky. Probabilité que ce prénom appartienne à un abruti : 58%. Mais l'un des codes de réinitialisation de la mission était un nom. Il ne veut rien dire pour lui, mais Barnes ressemble assez à un nom de civil pour que ça passe. Il l'espère.

Une fois le tour du périmètre terminé, l'Atout… Barnes emprunte une nouvelle casquette à un vendeur dans la rue et entre dans l'hôpital. Rogers a enfin des gardes devant sa porte. Il marche doucement dans le couloir, regardant les numéros des chambres comme s'il était perdu. De la musique se fait entendre par dessus les bips des appareils de surveillance des constantes du blessé. Après avoir passé le coin du couloir, il fait une recherche basée sur les numéros de badges des officiers postés devant la porte de Rogers : un vétéran de la police, décoré depuis longtemps, et un débutant, parti de l'armée avec les honneurs après deux affectations en Afghanistan. Acceptable. Pour le moment.

Il traîne dans le couloir. L'endroit est encore assez animé pour que personne ne fasse attention à lui. Il montre sa tasse et hoche la tête en direction des quelques personnes qui croisent son regard. À 08:19, l'homme volant émerge de la chambre, parlant doucement dans son téléphone qui, lui, ne sonne sans doute pas comme un banjo lorsqu'il reçoit un message.

« Oui, toujours dans les vapes, » dit l'homme. « Je vais rentrer à la maison, prendre une douche et revenir pour le déjeuner. Les médecins disent qu'il devrait se réveiller cet après-midi. »

Il a donc le temps. Quand l'homme volant part, les officiers lui sourient, hochent la tête et recommencent à fixer le vide. Une infirmière entre dans la chambre de Rogers, puis la quitte après 11,6 minutes.

L'At... - Barnes entre dans une chambre plus loin dans le couloir, sort par la fenêtre, et se glisse comme un crabe le long du bâtiment. Crabe est un drôle de choix de mots, pense-t-il, plaçant ses doigts dans les fissures du béton. Il espère que les civils ne regarderont pas en l'air.

Les fenêtres sont vraiment pénibles de nos jours. Si peu d'entre elles s'ouvrent. Les gens s'enferment dans des bocaux comme des poissons. L'A... Barnes peut se souvenir sans difficulté de la veille et de l'avant-veille, mais rien ne lui indique d'où provient son jugement arrêté sur les fenêtres. Quoi qu'il en soit, la chambre de Rogers est dans une ancienne partie de l'hôpital, et le bras droit de Barnes force le vieux verrou.

Dans la lumière du matin, Rogers a l'air d'aller mieux, le teint plus proche de sa couleur rose habituelle. Un rose si vif, d'ailleurs, que Barnes plisse les yeux : mais le briefing de mission, dont il ne se souvient pas, et qui a changé les paramètres en mission de protection, lui confirme que le rose est la couleur habituelle des joues de Rogers, à moins qu'il ne soit en colère, qu'il rie ou soit embarrassé. Dans ces cas-là, la couleur est rouge.

Va pour le rose, alors. Les appareils montrent toujours des constantes acceptables, et la canule nasale a été enlevée. Barnes vérifie la perfusion : sérum physiologique, Percocet et antibiotiques.

Le lit a encore été abaissé, et Rogers a ôté les couvertures de ses pieds. Barnes soupire. Il relève le lit, replace la couverture.

Steve bouge et déplace à nouveau le drap.

Les nouveaux paramètres de mission s'accompagnent d'une conviction indubitable : protéger cet homme sera une véritable plaie.