Bonjour à tous et bienvenue sur cette nouvelle histoire. Ranger le manga, on part sur un x-over bancal dans un monde alternatif à celui de Oda.
Bien entendu, on conserve notre équipage favoris et le même paring habituel.
Avant de vous lâcher sur l'histoire, je vais annoncer les modalités légales habituelles :
Disclamer : Je ne tire aucun profit financier de cette histoire et aucun des univers ne m'appartient (on sait tous que si j'avais pu avoir une quelconque influence sur le manga, Ace ne serait jamais mort à Marine Ford). Donc, One Piece appartient à Oda et le jeu vidéo Evil Genius est une création de Vivendi Universal Games et Elixir Studios.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt pour le prochain chapitre !
La zapette en main, le regard sur la télévision, Marco était devenu un simple produit de la société d'aujourd'hui. Son pouce tournait en rond sur la télécommande, cherchant une chaîne qui ne parle pas de morts, de famine, de maladies, de pauvreté, de violences et de destruction. Avec un soupir las, il tomba sur une chaîne de dessins animés et laissa tomber la télécommande sur la table basse.
Il se frotta le visage et regarda l'heure.
12h46.
Il passa une main lasse dans le peu de cheveux blonds qu'il avait encore sur le crâne, écoutant d'une oreille distraite les dialogues niais du feuilleton pour enfants diffusé à l'écran.
Il laissa tomber ses bras entre ses jambes et ses yeux au regard mort et endormi errèrent sur son micro salon. Son regard tomba sur cette photo de famille. La dernière que lui et ses frères commandants avaient fait avec l'homme qu'ils avaient appelé père.
Déjà trois ans.
Trois ans d'une vie morne et sans saveur.
Parfois, il se disait qu'il n'aurait jamais dû dissoudre l'équipage.
Mais rester sur le Moby Dick après la mort d'Oyaji était trop dur.
Alors, sans consulter personne, Marco avait accepté l'offre de Tsuru. Pour ses frères.
S'ils se rangeaient, leurs avis de recherches seraient annulés.
Tout le monde lui avait ri au nez quand il avait annoncé sa décision. On lui avait dit qu'il ne tiendrait pas six mois.
Force de croire que même dans la mélasse, Marco était assez obstiné pour continuer de s'enfoncer. C'était d'ailleurs à cause de ça qu'il n'avait pas duré longtemps dans l'armée. Ça et L'Incident.
Fatigué, il se prit la tête dans les mains.
Le Phénix en était à un point qu'il s'était coupé les ailes, que son séjour forcé à la zone 51 lui avait valu. Tout ça pour laisser à ses frères et sœurs une chance d'une autre vie. Meilleure, il l'espérait, cette nouvelle vie.
Il releva la tête et regarda d'un air absent la scène d'ouverture du dessin animé suivant.
Deux souris blanches dans un laboratoire, visiblement. L'une tournant comme une folle dans sa roue et l'autre regardant au dehors des barreaux. Même si les visions de laboratoire avaient tendance à lui rappeler de mauvais souvenirs, Marco aimait bien cette série.
Plus particulièrement l'ambition de Cortex de conquérir le monde pour l'améliorer. Pas juste pour sa mégalomanie… afin de le rendre un peu meilleur.
« Dis, Cortex, tu veux faire quoi, cette nuit ?» demanda Minus en tournant comme un idiot dans sa roue.
« La même chose que chaque nuit, Minus. Tenter de conquérir le monde !» lui répondit la souris plus petite au cerveau si développé.
Alors que le générique continuait de se dérouler, Marco resta figé sur place, les yeux grands ouverts, comme si la foudre lui était tombée sur le crâne.
Il attrapa son téléphone sur la table et envoya un message de groupe à ceux qui avaient été auparavant commandants à son instar.
Un simple rendez-vous.
Il éteignit sa télé et appela la boite pour laquelle il bossait comme videur.
- Patron, allez-vous faire voir. Ce soir, je pars à la conquête du monde, yoi.
Et avant que son ex-patron ne lui réponde quoi que ce soit, il avait raccroché.
Pour la première fois depuis la mort de l'homme qui l'avait élevé comme un fils, il se sentait investi d'une énergie nouvelle.
Ils étaient tous là.
Thatch n'en revenait pas.
Lui et les treize autres Commandants des Whitebeards.
Même Kennichi, qui avait été littéralement l'apprenti de Marco, était là, ce qui sentait la promotion pour le gamin de maintenant vingt-cinq ans.
Ils étaient tous là, tous réunis pour la première fois depuis trois longues années.
Trois ans de silence de la part de Marco.
La dernière fois qu'ils l'avaient vu, ça avait été pour l'enterrement de leur père, ici même.
- Il n'est pas encore là, nota Izou en regardant sa montre.
- C'est bizarre que la tête d'ananas soit en retard, commenta Fossa.
- Une idée de ce qu'il mijote pour tous nous réunir ? s'enquit Vista en jouant avec sa belle moustache.
- Certainement pour nous dire qu'il veut qu'on ressorte le Moby Dick du garage et qu'on hisse de nouveau le drapeau noir, supposa Thatch avec un grand sourire.
- Pas tout à fait, yoi.
Tout le monde se retourna pour voir Marco venir vers eux. Toujours le même, toujours aussi inchangé, avec sa vieille tenue passe partout : chemise et pantacourt. Pour une fois, il ne montrait pas son tatouage au monde en la gardant ouverte, ce qui prouvait qu'il savait comment fonctionnaient les boutons. Même le vieux foulard bleu et le bijou doré à sa ceinture étaient au rendez-vous, pourtant, avec les éternelles spartiates de cuir fatigué.
- Messieurs…
Haruta, pourtant plus petite que les géants qui lui servaient de fratrie, se fit clairement entendre en se raclant la gorge
- …et mademoiselle… il y a longtemps, yoi. La vie de civil ne vous réussit pas trop mal, à ce que je vois, salua le blond en s'arrêtant enfin devant la crypte où reposait leur père.
- Tu en as assez, ça y est ? s'informa Jiru.
- J'arrête les frais, oui. Mais pas pour redevenir pirate. Tout ça n'a pas de sens sans Oyaji, yoi.
Ils regardèrent Marco ouvrir le portillon en fer forgé qui menait à la petite crypte, avant de se tourner vers ceux qu'il considérait comme sa famille.
- Je veux conquérir le monde.
…
Le silence qui l'accueillit était facile à prévoir. Kennichi porta une main sur le front de son ancien supérieur et mentor comme pour s'assurer qu'il n'avait pas de fièvre.
L'homme avec le moins d'ambition au monde venait de dire qu'il voulait se l'accaparer dans son ensemble !
- Tu nous fais nous déplacer pour nous dire que tu te lances dans la politique ? se fit confirmer Rakuyo.
- Non, loin de là, yoi. Je songe plutôt à de l'humanitaire.
Ok, ça s'était la dernière motivation qu'on pouvait attendre d'un gars qui disait vouloir conquérir le monde.
De la main, Marco montra l'ensemble de sa fratrie, puis lui-même et la crypte derrière lui.
- Tout ça, tout ce que nous sommes, tout ce que nous vivons, est le résultat des travers de la société actuelle, yoi. Ce que je veux faire, c'est changé tout ça. Ramener le genre humain sur la bonne route. Et j'ai une idée bien précise sur comment agir.
- Pourquoi j'ai l'impression que ça implique la science ?J'ai une toute aussi mauvaise opinion de la science que toi, après tout, il est impossible d'avoir une vie normale quand on ressemble à un requin comme moi, grommela Namur qui se cachait sous sa capuche de hoodie. Si j'étais encore un requin, je dis pas, je serais sous l'eau à faire ma vie de poisson, mais là…
Marco se contenta d'un petit sourire de coin, une étrange lueur dans le regard.
- « Ce n'est que face à l'horreur que vous révélez votre noblesse de fond, et vous pouvez parfois être si noble... Donc... Je vous apporterai la douleur, je vous apporterai l'horreur, jusqu'à ce que vous vous éleviez au-dessus... Afin que ceux d'entre vous qui survivront à ce règne de l'Enfer sur Terre soient peut-être dignes de l'Amour de Dieu… » cita le blond.
- De mieux en mieux, voilà que tu rentres dans les ordres… grommela Haruta.
- Je ne rentre pas dans les ordres. C'est le résumé de mon plan, yoi. Puisque ce n'est que face à l'horreur et la peur qu'on peut pousser les gens dans leur retranchement et réaliser les erreurs de leur façon de faire… j'ai l'intention d'incarner cette peur, yoi. Et je sais où trouver ce qu'il me faut. Le tout est de savoir si vous voulez me suivre sur cette voie, ou si je dois faire cavalier seul, yoi. J'ai l'intention de m'assurer qu'Oyaji soit fier de cette idée. Devenir littéralement un Evil Genius pour m'assurer que dans un futur plus ou moins proche, il n'y ait plus d'autres personnes comme nous.
L'expression du reste des personnes réunies voulaient clairement dire qu'on trouvait Marco stupide.
Thatch et son éternelle pompadour se firent d'ailleurs un plaisir de lui donner une claque derrière le crâne.
- On ira en enfer ensemble, assura Izou. Parce que ce que tu nous proposes m'a l'air bien moins insipide que notre vie paisible d'aujourd'hui.
- On aura tout le temps de couler des jours heureux aux Bahamas un autre jour, déconna Vista.
Marco se tourna vers Blenheim.
- Combien de temps avant de mettre le Moby Dick en état de navigation, yoi ?
- Deux semaines, capitaine.
- Nii-san, à l'extrême limite, mais surtout pas Capitaine. Ça restera toujours Oyaji, ça.
Blenheim roula des yeux.
Le blond se tourna vers Jozu toujours aussi silencieux.
- On va pouvoir déterrer notre butin de toutes ces années de ravages sur les océans. Assure-toi qu'on ait un max de liquidité et vois avec Blamenco et Blenheim pour l'achat de matériaux de construction. Pour tout ça, va nous falloir un pied à terre, yoi. Et une couverture. Si tout le monde comprend depuis le départ ce qu'on vise, ça ne le fera pas.
- Tu auras tous les fonds que tu veux, assura Jozu.
- Pourquoi pas un hôtel ? proposa Vista. Si on se trouve un pied à terre potable, on aurait un lieu parfait pour des touristes et les entraîner à dépenser de l'argent pour nous. De plus, avec des gens qui entrent et qui sortent en permanence, on pourra aisément dissimuler nos activités.
- Ce qui implique du monde, donc, faut reprendre contact avec ceux qui étaient dans nos flottes, pointa Kennichi. Dois-je me considérer comme ton remplaçant pour la nôtre, Nii-san ?
Marco soupira.
- Ouais. Mais je ne veux pas que vous leur forciez la main. Je laisse un délai d'un mois, yoi. Pendant ce temps, je vais ressortir mes vieilles cartes pour voir le coin paumé qui serait idéal pour ça. Dans un mois, on se retrouve au Moby Dick. Et il n'y aura plus de retour en arrière.
- Notre baroud d'honneur ? comprit Blamenco avec un sourire féroce.
- C'est bon pour moi. Faisons un magnifique bras d'honneur à ce monde et tant pis si c'est du suicide… juste pour la beauté de la chose ! sourit largement Thatch.
- T'as prévenu Cassandra ? demanda Jiru.
- Non, je voulais la laisser en dehors de tout ça.
- Et tu vas te faire tanner le cuir sévère, parce qu'elle était la première à attendre que tu dises qu'on reprenait le large. Mets-la au parfum rapidement. Ou je le ferai.
- Oui, Speed, je le ferai, soupira Marco.
- J'ai une question qui n'a certainement rien à voir, mais… pourquoi t'as ouvert la crypte ? demanda Namur.
- Pour reprendre le manteau d'Oyaji. Il est temps que je l'endosse à mon tour. Pour notre baroud d'honneur, yoi.
- Faisons ça, sourit férocement Haruta. Faisons-le pour Oyaji.
Marco était franchement surpris.
TOUT LE MONDE avait répondu à l'appel.
Personne n'avait remis en question son idée totalement débile.
Il avait beau avoir vécu avec ces hommes et femmes pendant des décennies, ça le surprenait toujours autant un tel dévouement, surtout quand ils se savaient sur un chemin où ils ne pourraient que suivre ou mourir.
Marco avait fait trois groupes.
Le premier, sous la houlette de Jozu, était dispersé à travers le monde pour ramasser un max de fonds sans trop de risques. Parce que de l'argent, en dépit de ce que leurs butins de leurs longues années de piraterie leur avaient apporté, ils en avaient besoin d'un max. Donc, tous les moyens étaient bons pour en avoir.
Le second groupe, commandé par Vista et Izou, se chargeait de leur « couverture ». Pour ouvrir un bar/hôtel, il fallait des autorisations. Sans compter que s'ils voulaient jouer la carte du tourisme, il faudrait faire de la publicité. Mais surtout, il fallait construire le bâtiment en question. Sur une île du côté de Gibraltar, ils avaient posé leurs bagages. La place centrale pouvait être un avantage pour eux, comme pour leurs possibles opposants, mais c'est ici qu'ils mettraient en place leur idée. Et c'est sur cette île désertique et sablonneuse qu'ils élevèrent La Retraite du boucanier, leur hôtel couverture. Hôtel qui leur permettrait d'une part, de blanchir leur argent sale, et de l'autre de s'assurer un revenu légal.
Le dernier groupe était celui qui travaillait dans la montagne voisine de l'hôtel. Là où ils installeraient le hangar pour le Moby Dick qu'ils ne pourraient utiliser pour leurs voyages au travers le globe (des navires plus petits et mieux équipés, tel des voiliers ou des schooners seraient plus utiles que l'énorme man o' war). C'était là aussi qu'ils installaient leur base et lieu de vie. Avec surtout un congélateur pour les corps de leurs ennemis. Il fallait éviter de rejeter à la mer des corps de personne qu'on cherchait encore et toujours. Et le froid tromperait les légistes sur la date de la mort.
Marco avait demandé l'essentiel dans un premier temps.
Pour lui, il serait toujours temps de changer les choses et de modifier, voire rajouter d'autres lieux. Pour l'instant, ils avaient, outre le congélateur et le dortoir, un mess avec cuisine (Thatch aurait eu sa tête s'il ne l'avait pas fait), une salle d'entraînement, un centre de contrôle pour centraliser la récolte d'informations et le contact avec les équipes sur le terrain, une bibliothèque qui servirait à ranger archives et documents volés en plus de l'instruction des équipes sur le point de partir en mission ou la détente de ceux toujours à terre et une salle de repos (pour se changer les idées autour d'une partie de poker ou de ping-pong). Mais surtout, une armurerie à en faire baver d'envie plus d'un (Blamenco avait réussi à trouver des lance-flammes on ne savait comment) et une source d'énergie tout à fait illégale et dangereuse en cas d'explosions (raison pour laquelle Marco s'assura qu'elle soit en permanence sous surveillance).
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'on lui fasse un coin juste pour lui. Un lit tellement grand qu'il aurait plus convenu au géant qu'avait été Edward Newgate, avec des draps de soie, un bureau ultra moderne et sophistiqué où il pouvait avoir accès à toutes les caméras de surveillance de la base (à l'instar de l'équipe qui se chargerait de la sécurité des lieux). Et enfin, une trèèèèèès grande table de réunion.
Quand tout fut en état de marche et qu'ils étaient eux-mêmes prêts, il demanda une réunion générale pour dire ce qu'il comptait faire exactement pour être cet Evil Genius qui ramènerait l'humanité dans le droit chemin.
Dans la salle de contrôle avec son nombre incomparable d'écrans et de consoles, sans parler du téléviseur géant qui résumait les informations importantes sur l'un des murs, Marco fit face à ses frères et sœurs.
L'équipage que lui avait laissé leur père.
Carrant ses épaules sous le manteau blanc de capitaine avec sa tête de mort mauve à la moustache blanche, Marco leur dit exactement ce qu'il visait :
- Nous allons procéder en deux temps, yoi. Le premier consiste à nous refaire un nom dans le milieu du crime. L'Underground a oublié notre nom, il est donc temps de se rappeler à lui. Dans un second temps, c'est faire des ravages dans quelques laboratoires et usines d'armements. Je poursuis un nom qui remonte à la zone 51. Ce qu'on appelle des Embryons de l'Apocalypses. Avec ça, on aura la possibilité de mettre en place une arme qui sera suffisamment dévastatrice pour forcer tous les dirigeants du monde à nous écouter, yoi. Tout dépendra d'eux ensuite. Soit on reste une menace dans l'ombre pour les ramener sur le droit chemin s'ils réagissent et arrangent l'humanité… soit on fait feu en leur disant qu'on recommencera, s'ils nous ignorent. Il y aura des morts, de la destruction et des blessés. Je ne prétends pas le faire pour le plus Grand Bien, comme disent certains (Bêta : euh… au pif, Dumbledore ?), yoi. Je veux le faire parce que c'en est assez et qu'il faut que quelqu'un le fasse pour rappeler à l'ordre ce monde qui part en vrille. Le tout est de savoir si en dépit de l'idée vraiment bizarre que je viens de formuler, vous êtes avec moi ou pas, yoi. C'est votre dernière chance de faire demi-tour. Si vous restez dans cette pièce, je considèrerai que vous êtes prêts pour le baroud d'honneur de notre équipage, yoi. Vous avez cinq minutes pour partir.
Les regards braqués sur Marco disaient que personne n'avait l'intention de partir, mais l'homme attendit le temps imparti.
Le délai écoulé, sans que personne se soit levé (certains avaient eu le culot de sortir des jeux de cartes ou de la lecture), il se tourna vers Izou.
- Diffuse les publicités dans deux ou trois agences paumées, ça fera l'affaire pour l'instant. De notre côté, il est temps de faire marcher notre réseau d'informations, yoi. Commençons par la Chine.
Pour la première fois depuis trois ans, le regard de Marco était de nouveau acéré.
Il s'assurerait qu'à leur chute, ils tomberaient tous dans l'éclat et la gloire.