NB : Ouais je sais c'était hyper long pour me coller à la suite mais c'était volontaire pour illustrer le bond dans le temps de l'histoire.
*Tousse*

Bon ok en vrai j'ai eu la flemme et j'ai manqué d'inspiration... mais Ice Adolescence devait bien sortir en 2019 alors hein... bref merci pour les petits mots d'encouragement. Nous avons donc fait un bond de plusieurs années :)

XoXoXoXoX

Yuri avait tout pour être heureux. La polémique qui avait agité les réseaux sociaux presque huit ans auparavant était à présent un lointain souvenir. Tout comme sa carrière de patineur professionnel d'ailleurs. Depuis qu'il avait arrêté la compétition, sa vie avait radicalement changé. Une tante à héritage pratiquement inconnue leur avait laissé, avec Marie, un petit immeuble à Tokyo dont le rez-de-chaussée était un espace à usage professionnel, à l'époque vide. Il occupait le meilleur logement avec Victor et louait les autres, partageant les loyers avec sa sœur. Leur sécurité financière était largement assurée. Ce bâtiment avait d'ailleurs en partie influencé leur décision de s'installer au Japon de façon durable.

Bien que n'ayant pas vraiment besoin de revenus supplémentaires, il avait choisi de travailler comme traducteur à son compte. Ses études de langues et ses nombreux voyages n'avaient pas été inutiles. La clientèle était variée. Il proposait une salle de réunion en location, pouvant participer comme interprète si le client en faisait la demande. Il traduisait des documents professionnels pour les entreprises ainsi que quelques courriers privés. Il proposait également un service de boîte postale avec réexpédition de courrier, destiné aux entrepreneurs sans local commercial et ne souhaitant pas diffuser leur adresse personnelle. Et crème de la crème, il avait commencé, un peu par le hasard des rencontres, à traduire des ouvrages : principalement des mangas mais aussi quelques romans. En effet, pour traduire un livre il ne suffit pas de connaître la langue, il faut aussi maîtriser les références culturelles et pouvoir trouver un équivalent dans le pays afin que toutes les subtilités puissent être saisies par le lecteur. Au départ il devait dépanner pour tenir le délai suite au problème de santé d'un traducteur habituel. Mais il était doué. Suite à cette première réussite, il était demandé de plus en plus souvent par l'éditeur. Il envisageait déjà de déléguer ses autres activités, pour se consacrer uniquement à ça. Actuellement il n'avait qu'une employée à mi-temps. Dire qu'il n'avait pas encore 32 ans, c'était jeune pour un entrepreneur qui réussit mais quasi canonique pour un patineur de haut niveau.

Côté patinage justement, deux soirs par semaine, le japonais entraînait des enfants dans une petite patinoire de quartier. Il partait en dernier et devait fermer l'établissement, ce qui lui donnait l'occasion de s'entraîner et garder la forme. Il restait parfois très tard.
Il lui arrivait aussi d'être appelé pour les jeux olympiques ou les mondiaux afin d'accompagner le commentateur en tant qu'ancien athlète « expert ». Sa maîtrise des langues facilitait les choses. En dehors de cela, le patinage faisait maintenant parti du passé.

De son côté, Victor était resté dans le milieu, il était chorégraphe au plus haut niveau de compétition et consultant. De fait, il voyageait pratiquement la moitié de son temps et était toujours très occupé. Quand il était à Tokyo, il entraînait en binôme un des meilleurs mondiaux dans la plus grande patinoire de la ville. Une des raisons qui avait poussé Yuri a créer une entreprise et à poursuivre ses propres projets, était de faire autre chose de sa vie que d'attendre le russe. Sans quoi leur couple aurait sans doute explosé. Quand l'un n'a rien fait de sa journée et est impatient de retrouver son compagnon pour sortir quelque part avec lui, tandis que l'autre est épuisé et ne demande qu'à se reposer un peu, ça ne peut pas fonctionner sur le long terme. L'autre raison était d'avoir la liberté d'organiser ses horaires et sa charge de travail en fonction des disponibilité du plus âgé. Il pouvait ainsi avancer dans son travail quand Victor était loin et s'en tenir au minimum lorsqu'il était de retour à la maison.

Cependant, si Yuri avait tout pour être heureux, il ne l'était pas vraiment. Victor lui manquait beaucoup lorsqu'il s'absentait. Mais après quelques semaines passées ensemble, il était parfois soulagé de le voir partir. Quelque-chose s'était brisé, il ne saurait dire exactement quand. Est-ce à l'annonce des résultats de la première compétition où ils s'étaient opposés ? Est-ce parce que Yuri ne s'était vraiment pas plu en Russie quand ils avaient pris leur retraite ? A la perte de Makkachin ? Sa jalousie ainsi que sa culpabilité d'éprouver cette jalousie quand Victor fut réclamé partout alors qu'il retombait dans l'ombre ? Cela était-il venu petit à petit, la marguerite s'effeuillant dans le pot-au-feu au fil des ans ? Ils n'avaient plus grand chose à se dire à présent, connaissant tout l'un de l'autre. Victor ne voulait pas lui faire de peine en lui donnant un compte rendu de tout ce qu'il ratait et lui ne voulait pas le barber avec ses histoires de traduction.

Ils s'aimaient toujours sans le moindre doute. Mais pourquoi était-il devenu compliqué d'embrasser Victor en dehors des bonjours et au revoir ? Pourquoi se sentait-il ridicule rien qu'à l'idée de lui dire des mots tendres ? Le sexe était devenu rare. Ils avaient un rapport rituel à chaque fois que Victor rentrait, parfois au début du week-end quand il restait longtemps, rarement plus. On pouvait mettre ça sur le compte d'une baisse de désir liée à l'âge mais il lui arrivait assez souvent de se satisfaire seul et il était quasiment certain que le russe en faisait autant de son côté. Du moins il espérait qu'il ne fasse que ça. Le trompait-il ? Il se le demandait souvent. Les propositions ne manquaient pas. Et lors du dernier passage de Victor, ils n'avaient carrément rien fait.

Le japonais chassa ses idées noires et soupira en finissant de nettoyer la salle de réunion. Il venait de fermer, bien plus tôt qu'à l'habitude en se lançant un « allez hop ! » d'encouragement à voix haute. Victor rentrait dans l'après-midi. Et ce soir il devait le reconquérir. Pas question d'avoir des regrets. Pas question de capituler sans se battre.

Il le connaissait bien. Pour être vraiment open Victor devait d'abord avoir satisfait ses autres besoins et avoir l'esprit tranquille. S'il avait faim, soif, envie de noter la dernière super chorégraphie qu'il avait imaginée, un truc à faire qui le turlupinait, ce n'était même pas la peine d'essayer de lui faire penser à autre chose. Il aimait aussi être à l'aise dans son environnement et détestait procrastiner. Par contre, bien que du genre fêtard, sociable et légèrement hyperactif, après un trajet en avion, il appréciait d'être au calme et se reposer voire glander pendant quelques heures. Durant la semaine, Yuri avait effectué la totalité des tâches domestiques pouvant générer le début d'une charge mentale : les rendez-vous étaient pris, les démarches administratives à jour et Victor avait eu un mail récapitulant le tout afin qu'il ne s'en inquiète pas. Le frigo et les placards étaient pleins et l'appartement était rutilant. Il avait pris rendez-vous au salon esthétique pour la totale gommage, soins, épilation bien que ce dernier point soit du pinaillage, étant très peu poilu. Il avait laissé sa tenue à la patinoire. Ensuite, il devait encore tout préparer sur place.

XoXoXoXoX

Tandis qu'il fermait sa valise pour rentrer, l'esprit léger d'avoir bouclé tous les enchaînements et surtout que cette première compétition de la saison se soit fort bien passée pour ses poulains, Victor s'était aussitôt rappelé tout ce qu'il avait sur les bras pour ses jours de repos. Il devait renvoyer le contrat d'un sponsor pour une publicité, oublié sur son bureau après signature, prendre un rendez-vous de contrôle chez le dentiste qu'il repoussait indéfiniment dans la mesure où il n'avait mal nulle part. Il y avait aussi sa déclaration de revenus, les courses à faire... Et voilà qu'un mail de son chéri était miraculeusement arrivé, l'informant que tout cela était déjà fait et de ne surtout rien prévoir pour la soirée. Dieu bénisse Yuri, il mériterait bien un gros bouquet de fleurs. Fleurs qu'il aurait la flemme d'aller acheter en rentrant, il le savait déjà avant même que l'idée ne devienne concrète dans son esprit.

Il avait pourtant diablement de la chance d'avoir déniché quelqu'un comme lui. Un être exceptionnel et pourtant prêt à l'attendre sans se plaindre, à prendre soin de lui, se mettant au second plan et supportant ses défauts. Mais n'était-ce pas ça le problème au fond ? Durant le trajet, il pensa à lui, à leur rencontre, au grand prix, à leurs premières étreintes. Quelque-chose avait disparu depuis cette époque mais n'est-ce pas toujours le cas avec le temps ? C'est ce qu'il se disait pour se rassurer mais au fond il avait toujours plus ou moins eu le sentiment de ne pas combler totalement le japonais. Il n'avait jamais rien demandé au lit, en huit ans de relation, se contentant d'accepter ses propositions. Il avait l'impression qu'au sein de leur couple, il était toujours la grande star Victor Nikiforov, accompagné de son fanboy numéro 1, qui l'avait mis sur un piedestal. Non pas qu'il aurait voulu se disputer avec Yuri sur les questions intimes, mais peut-être le brun avait-il eu envie à un moment d'expérimenter et de découvrir ses propres besoins et désirs au lieu de juste suivre les siens ? Avait-il coupé ses élans en lui faisant part de ce qu'il aimait et surtout de ce qu'il n'aimait pas ? Après tout, pour lui ça n'était pas un non définitif, ça voulait surtout dire « j'ai détesté ça à chaque partenaire donc attention, ne soit pas déçu si on essaie et que ça ne donne rien. Mais pour toi je ferai l'effort de tenter à nouveau ». Après tout, c'est sans doute ce que lui même aurait voulu si les rôles étaient inversés : essayer un peu tout dans le respect mutuel et se découvrir tout en découvrant l'autre. Mais c'est comme si le plus jeune avait juste mis son mouchoir sur ses propres envies et se contentait de prendre ce qu'il lui concédait sans jamais se plaindre. Cette étrange sentiment venait sans doute de la frustration. Il avait toujours décelé chez Yuri, un feu ardent, brûlant sous une épaisse couche de glace composée de sa timidité naturelle, de son manque de confiance évident en son propre charme et de son éducation. Ce n'est pas pour rien si il lui avait attribué l'éros plutôt que l'Agape à l'époque. Mais jamais le japonais ne lui avait complètement dévoilé son véritable éros en dehors d'une patinoire. C'est comme si il ne se lâchait jamais à 100%.

Et même hors du lit, la seule demande qu'il ait jamais formulée fut de retourner vivre au Japon. Yuri était vite devenu très malheureux en Russie après sa retraite. Il avait d'abord mis ça sur le compte d'un coup de blues lié à la fin de sa carrière et à sa blessure qui avait forcé la décision. Elle était certes sans grande gravité, mais il était trop âgé pour espérer revenir après guérison et en était parfaitement conscient. Cependant, il le voyait dépérir et ne savait plus quoi faire pour l'aider, son amant refusant obstinément de se confier. C'est seulement quand Victor reçut une proposition professionnelle comme chorégraphe et consultant en patinage de haut niveau qu'il sut la vérité. Cette offre consistait à la fois à proposer des chorégraphies mais aussi à apporter son expertise sur l'enchaînement, la musique, les costumes. Il supervisait parfois quelques entraînements et conseillait patineurs et coachs. Pour faire court il était coach en chef et planifiait mais ne s'occupait pas de l'entraînement quotidien. Le gros du travail se faisait à distance ou en visio sans difficulté, mais de nombreux déplacements étaient à prévoir pour ce travail car nombre de patineurs russes s'entraînaient hors du pays. Trop inquiet pour Yuri pour le laisser, il s'apprêtait à refuser l'offre. C'est là que le japonais avait craqué : si il pouvait travailler à distance et devait de toutes façons se déplacer régulièrement, alors rien ne les empêchait de vivre ailleurs ! Comme tous ses proches étaient dans le milieu, il aurait mille occasions de les voir. Il l'avait supplié d'accepter ce travail pour pouvoir « partir d'ici ». Victor avait alors compris le fond du problème... Hors patinage, Yuri n'avait aucun ami en Russie, ses essais professionnels étaient catastrophiques, il n'aimait ni le climat, ni la mentalité, ni la nourriture (hormis les pirojki du grand-père de Yurio bien sûr). En prime, un médecin à qui il avait eu le malheur de parler de « son compagnon » lors d'une consultation c'était montré plus que désobligeant ce qui l'avait littéralement traumatisé, au point qu'il refusait de se faire soigner « dans ce pays ». Il avait évoqué un immeuble au Japon, le désir de créer son entreprise. Victor s'était senti heureux et soulagé de le voir faire à nouveau des projets et avait accepté sans délai.

Lorsque le russe sortit de l'avion, épuisé par le décalage horaire, il décida qu'il se passerait du métro, bien qu'il y ait une ligne directe jusqu'à chez eux, il pouvait bien s'offrir un taxi pour une fois malgré l'inutilité de cette dépense. Une fois sur place, il fut surpris de ne pas trouver sa moitié. Un repas tout prêt qu'il n'y avait qu'à réchauffer l'attendait. Il trouva un mot en évidence sur la table, qui n'était autre que des instructions, au contenu certes peu contraignant mais à la limite de l'invective : « Victor, bon retour. Fais une sieste cet après-midi et prends ton bain. Le repas de ce soir est prêt, tu as juste à réchauffer. Je t'ai préparé des vêtements et un sac pour après, ils sont sur la chaise à côté du lit. Rendez-vous à 21h00 précises à ma patinoire. Yuri. ». « Sa » patinoire, afin d'éviter toute confusion avec celle où Victor travaillait régulièrement. Ils y allaient moins souvent maintenant, elle ne payait pas de mine mais on y était tranquille. Surtout de nuit. Victor sourit en voyant le « bon pour une soirée de ton choix », épinglé au message, qu'il avait offert à Yuri au tout début de leur relation. Et qu'il n'avait jamais utilisé. Il l'avait donc gardé tout ce temps...
Il suivit le conseil qu'il lui était donné et alla s'allonger après avoir soigneusement réglé la sonnerie de son portable de manière à se laisser de la marge.

XoXoXoX

Il faisait légèrement froid pour la saison mais Victor le sentit à peine, habitué à pire. Il se rendait à pied à son rendez-vous d'un pas rapide. Après un bain express mais relaxant, il avait dîné, s'était brossé les dents et avait revêtu les vêtements de sport choisis par Yuri. Il avait jaugé le contenu du sac : une de ses paires de patins de rechange et un double des clés de l'établissement. Lorsque il referma la porte derrière lui, il vit un petit mot : « referme à clef après être entré, mets tes patins et rejoins-moi ». Jusque là rien d'extraordinaire.

Après avoir obéi, il découvrit ce qui l'attendait. La pièce était quasiment dans le noir à l'exception des petites lampes signalant les issues de secours. Autour de la glace, des centaines de bougies ornaient le rebord tous les trente centimètres environ. Ça avait dû lui prendre un moment de préparer tout ça. Dans chacun des quatre angles, une lampe au faisceau tamisé éclairait la glace d'une façon originale. Au centre, se trouvait un tapis étanche disposé à même la glace, sur lequel était posé un futon ainsi qu'une boîte énigmatique. L'accès à la glace était fermé par une corde sur lequel un message disait « reste ici jusqu'à ce que je t'invite ». Mais hormis ce dernier point,Victor ne remarqua rien de tout ça, observant avec un léger sourire le katsudon des onsen, à savoir Yuri.

Il portait un costume à redingote noir avec nœud papillon. Il était immobile en appui sur une hanche, la jambe droite raide, l'autre légèrement fléchie, les épaules et la tête de biais et les yeux fermés. Une posture que Victor ne risquait pas d'oublier. La musique démarra, la posture laissant place aux mouvements qu'ils connaissaient tous les deux par cœur tandis que sa langue glissait sur ses lèvres machinalement. Regard de braise à l'attention de son ancien coach. Les pans de sa tenue de majordome virevoltaient autour de lui.

Il s'attendait bien sûr à ce que l'enchaînement ne soit pas rigoureusement identique, du fait de l'absence de sauts complexes et autres acrobaties risquées, mais Yuri avait modifié aussi la chorégraphie de base afin de le surprendre. Soudain, la redingote, prévue pour être ôtée rapidement, disparut et le japonais portait à présent uniquement des manchettes blanches aux poignets et un col avec nœud papillon autour du cou, son torse était entièrement nu, les flammes des bougies dansant sur sa peau dorée qui apparaissait et disparaissait au rythme de ses mouvements dans et en dehors des faisceaux. Victor était hypnotisé, des fourmillements délicieux chatouillaient ses cheveux et ses reins. Son pantalon arraché, laissa la place à un boxer noir et blanc avec un nœud noir à la ceinture et deux boutons au milieu du triangle blanc, le tout imitant un smoking fermé. Il enchaîna sur un aigle aussitôt après.

Juste avant la fin de son exhibition il prit une rose rouge dans la boîte et la glissa entre ses dents, puis se figea pour la posture de fin, dévorant des yeux l'homme qu'il aimait. Il tendit la main dans sa direction pour inviter le russe qui ne se fit pas prier. Un tango sortit tout à coup des enceintes et ils dansèrent ensemble les yeux dans les yeux, frottant copieusement leurs corps l'un contre l'autre. Victor avait pris la rose à Yuri, avec la bouche comme il se doit et remarqua enfin la présence du futon qu'il avait vu sans le voir et évité machinalement sans y penser. C'est cet instant que la musique choisit pour se changer en un thème de musique zen à un volume moindre. Il avait vraiment tout prévu le coquin!

Le japonais allongea son amant sur le futon et entrepris de délacer les deux paires de patins « pour ne pas nous blesser ». Puis il chevaucha le corps alangui sous lui et tira sur la fermeture éclair du survêtement, dévoilant un tee shirt moulant de solides pectoraux.
Ses mains se posèrent à plat sur le tissu et remontèrent lentement jusqu'à con cou, ses oreilles, ses cheveux, son visage. Il effleura les lèvres du bout des doigts avant de se pencher pour les embrasser délicatement tandis que ses mains redescendaient le long des côtes à la recherche de l'ourlet du tee-shirt afin de se faufiler en dessous. Il se redressa dès qu'il atteignit sont but. Après avoir massé le ventre et joué avec le petit nombril, les paumes des ses mains remontèrent, décrivant des cercles sur la poitrine, cette fois directement sur la peau, jusqu'à ce que les mamelons de Victor soient érigés selon son goût. Dans cette position, ses fesses étaient bien entendu collées aux hanches de Victor, enserrant sa verge dure, qui l'était d'ailleurs bien avant d'atteindre le futon. Yuri l'avait constaté non sans une certaine autosatisfaction lorsqu'il l'avait enfourché. Les mains du russe se promenaient sur ses cuisses en faisant des allers retours depuis un moment quand il empoigna brusquement ses hanches entre ses mains qui semblaient devenues un étau puissant. Il se redressa, le regard toujours plongé dans le sien et lui imposa un rythme du bassin que le japonais continua vite de lui même. Il voulut d'abord apaiser son compagnon, tout ceci allant beaucoup trop vite par rapport à ce qu'il avait prévu. Mais constatant le regard de Victor et le feu qui le brûlait et le picotait entre les jambes, il renonça vite à ses projets et le laissa mener la barre. Mais avant de rendre les armes, il avait pris soin d'abaisser le pantalon de jogging et le caleçon de son amant avant de se replacer, conservant son propre sous-vêtement affriolant, au tissu très fin et très doux, d'ailleurs prévu pour ce genre de gymnastique. Les flammes des bougies dans la pénombre rendaient les mouvements de leurs corps encore plus sensuels et la musique créaient une ambiance à la fois apaisante et intime. Pendant l'orgasme, quasi-simultané, leur peau pris une légère teinte rose et des gémissements s'échappèrent de leurs gorges mais ils ne détachèrent pas le regard l'un de l'autre.

Une poignée de minutes plus tard, Victor se reposait, soupirant d'aise, la tête appuyée sur l'épaule du japonais et le sourire aux lèvres.

- Mais euh ! Ronchonna ce dernier pour la forme.
- Yuri ?
- On est allés beaucoup trop vite, j'avais prévu plein de trucs avant.
- Ah oui ? Quel genre de trucs ?
- Une huile de massage, une plume, des jouets vibrants, énuméra-t-il.
- Wouah ! Et que me vaut l'honneur ?
- Il faut une raison spéciale ?
- Non pas vraiment mais c'est... surprenant ! Et puis...
- Oui ?
- Rien n'empêche d'enchaîner sur la suite de ton programme. Quelqu'un m'a ordonné de faire la sieste juste avant le grand soir, du coup je suis en pleine forme.
- Vraiment ?
- Par contre tu as la chair de poule et si j'enlève autre chose ça sera pareil pour moi. Alors prenons une douche, rangeons tout ça et rentrons pour que tu me montres tous tes accessoires.

XoXoXoX

Après une douche chaude et un peu de ménage, ils rentrèrent ensemble à pied main dans la main. Ils avaient appris à éviter les marques d'affection publiques que certains considéraient comme de la provocation à leur encontre, comme si ils étaient le centre du monde. Mais les rues étaient peu fréquentées dans ce quartier et à cette heure tardive. Eteindre et ranger les bougies avait pris un temps considérable. Après un moment, Yuri rompit le silence :

- Tu sais tout à l'heure j'ai dit... qu'il n'y avait pas de raison spéciale. Ce n'était pas tout à fait vrai.
- Je t'écoute, l'encouragea Victor.
- Depuis quelques temps je trouve qu'on... s'éloigne l'un de l'autre. Qu'on devient comme... comme mes parents... enfin comme un vieux couple quoi. J'ai pas envie de finir sur un canapé à discuter de quel programme télé regarder et de sortir une fois par an pour notre anniversaire de mariage et danser au nouvel an, à se faire la bise sous le gui, lâcha-t-il d'une traite.
- Aucun risque, on n'est pas mariés.

Yuri soupira d'agacement en lâchant sa main. Il avait eu du mal à confier ce qu'il éprouvait et Victor bottait en touche avec une rectification factuelle de son propos. Après un silence, le russe repris sa main et murmura :

- Désolé, je suis un crétin. Ce soir ça m'a beaucoup plu, c'était... magique !
- Vraiment ?
- Oui, d'ailleurs j'envisage même de te piquer le coup de l'éclairage pour une exhibition. Et le costume aussi, enfin... en plus soft bien entendu !
- Victor ?
- Quoi ?
- Tu as parfaitement raison tu sais.
- A quel sujet ?
- Tu es un crétin.

XoXoXoX

Une fois rentrés, le silence gêné se poursuivit. Victor ne savait pas quoi faire. Ils étaient supposés reprendre ce qu'ils avaient commencés c'est ce qui était convenu mais avec leur dispute sur le trajet cela semblait compromis. Et difficile de commencer tranquillement une autre activité comme si de rien était. Ils allaient devoir s'expliquer.

- Yuri, écoute... je ne sais pas quoi te dire sinon que je suis désolé. Je suis maladroit et je gâche tout. Est-ce que tu m'en veut beaucoup ?
- Bien sûr que non. Mais j'ai le sentiment que notre couple va droit dans le mur et c'est comme si tu t'en fichais.
- Je t'aime.
- Et je t'aime aussi. Mais j'ai vraiment l'impression que dans à peine un an ou deux on sera devenus incapable de se le dire.
- Donc la routine t'inquiète à ce point.
- Oui...
- Pourtant on est patineurs, dit-il en riant, la routine c'est notre truc !
- Victor...
- Ouais, ouais je sais, je plaisante et change de sujet pour éviter les discussions sérieuses.
- Ah parce que t'en es conscient en plus ?
- Bah en général je m'en rends compte trente secondes après avoir parlé.
- Ceci dit ta remarque n'est pas idiote après tout la routine c'est notre truc. On pourrait... non c'est bête oublie.
- Si, dis-moi !
- Tu vas trouver ça ridicule.
- Dis-moi quand même, on est entre nous là.
- On pourrait mettre en place un genre de routine anti-routine.
- Du genre ?
- Bah je sais pas on dit par exemple qu'on se consacre deux soirs par semaine au moins. Toutes les semaines où tu es là on fait deux soirées sortie, portable éteint, une choisie et organisée par toi et une choisie et organisée par moi. Et les semaines où tu voyages, quand tu rentres on fait un truc à la maison, et pareil on choisit chacun son tour l'activité.
- Bonne idée, ce n'est pas ridicule, ça nous oblige à ne pas nous laisser aller et ça laisse beaucoup de place à la surprise et la spontanéité sans être trop contraignant. Et pour le sexe ?

Yuri rougit instantanément ce qui amusa le russe.

- Euh... comment ça ?
- On décide chacun notre tour aussi ?
- Je dirais bien oui, mais quand je décide d'un truc, Monsieur Nikiforov prend les commandes.
- Oh le vilain. A croire que c'est plus fort que lui, tu devrais peut-être envisager de l'attacher.
- Victor !
- J'arrête si tu me fais l'amour !
- Victor... murmura-t-il plus bas en rougissant...

Puis ils s'enlacèrent à nouveau avant d'échanger un baiser emprunt de tendresse, lent et profond.

- En plus de tout ce que tu as prévu j'aimerais qu'on fasse un truc spécial aujourd'hui.
- Quoi ?
- Tu veux essayer la pénétration ?
- Seulement si tu en as envie toi aussi, assena-t-il, ferme.
- Yuri...
- Ecoute Victor, ce n'est pas la première fois depuis qu'on est ensemble que tu me proposes ça dès que les choses vont moins bien entre nous ! Je vais te le dire bien clairement et j'aimerais que cette fois tu l'entendes : ce n'est pas et ça n'a jamais été un problème pour moi, ni une frustration ou une déception. J'étais sans aucune expérience et si tu avais eu envie de faire ça, j'aurais essayé par curiosité et peut-être que j'aurais apprécié ou peut-être que non. Mais en toute honnêteté, le faire sachant que c'est une contrainte et un effort pour toi et que tu n'y prendras que peu ou pas de plaisir, ça ne m'intéresse pas du tout. Je suis sincère, je le pense et je ne dis pas ça juste pour te rassurer.
- Mais il y a bien quelque-chose qui te ferait envie...
- Carrément !
- Ah ! Dis-moi vite quoi ?
- Que t'arrête de te prendre la tête pour des problèmes imaginaires et que tu fasses face à ceux qui sont là.
- Je vois.
- Vraiment je t'assure ! Dès fois j'ai l'impression que tu traques un grain de poussière que tu as cru voir derrière le canapé et que tu ne remarques pas qu'il y a une pile d'assiettes sales sur la table et qu'un type est en train de chier sur le tapis du salon.
- Euh… Yuri j'avais compris la première fois, c'est quoi cette métaphore moisie ?
- Ouais j'avoue ça sonnait mieux dans ma tête...
- Dis-moi plutôt de quoi tu as envie tout de suite.
- Si je dis « annuler le sexe » et se faire un câlin devant un bon film tu m'en voudras beaucoup ?
- Bien sûr que non.

FIN.