Bonjour à tous ! Je suis de retour avec cette fanfiction sur Ghost Hunt. Depuis Le Temple des Malheurs, j'ai mûri et je vous propose donc quelque chose de différent de la dernière fois. Le style d'écriture est donc différent et le point de vue est focalisé sur Mai. Aussi, je me suis amusée avec les noms des personnages inventés qui ont tous un sens caché (ceci dit ça n'a pas vraiment d'importance pour l'histoire) et j'ai caché un ou deux indices dans chaque partie pour l'enquête suivante. N'hésitez à me dire ce que vous pensez de mon travail.

J'espère que cela vous plaira. Bonne lecture !


Affaire n°1 : L'Hôtel des Lamentations – File 1 : The Wailing Hotel

Chapitre 1 : Une Journée Comme les Autres

Mars, jour 1 – March, Day 1

Mai Taniyama poussa un long soupir en regardant par la fenêtre de la salle de classe traversée par les rayons du soleil. Elle était supposée suivre le cours de mathématiques mais elle n'avait qu'une envie : lambiner dans l'herbe deux étages plus bas. Plusieurs mois s'étaient écoulés sans que l'astre n'apparaisse, laissant place au temps maussade et à la pluie qui avait transformé la pelouse en une étendue d'herbe sauvage et de pâquerettes. Le printemps avait manqué à Mai. Son regard se posa sur les abeilles qui venaient butiner les fleurs tout juste écloses. Le club de jardinage les avait plantés sur la bordure de la pelouse la séparant ainsi de la cour pavée, puis protégé pendant l'hiver. Désormais, les élèves pouvaient être fier de leur travail, car les massifs multicolores offraient un joli et vif paysage. S'ajoutaient au tableau les magnifiques cerisiers dont les pétales tombaient en pluie sous la brise printanière. Cette dernière emportait avec elle le doux parfum de la végétation jusqu'à une fenêtre ouverte de la salle de classe attirant davantage l'attention de Mai vers l'extérieur.

Par chance, le dernier cours de la journée avait été annulé suite à un congé maladie du professeur qui devait l'assurer. La jeune fille n'étant pas inscrite à un club ou une association, elle avait la liberté de profiter du beau temps ; contrairement à ses amies, Michiru et Keiko, qui étaient de corvée de ménage. Ces dernières étaient assises devant Mai, attentives à l'explication du professeur jusqu'à ce qu'elles entendent un énième soupir de sa part. À ce moment-là, les deux jeunes filles lui jetèrent un regard amusé, connaissant suffisamment leur amie pour savoir ce qui la rendait si impatiente. Mai s'efforça de reporter son attention sur le professeur. Il tenait un livre ouvert dans ses mains, le même que celui qu'elle avait sur son petit bureau, et parlait sans interruption des fonctions qu'elle détestait tant.

Son camarade installé à coté d'elle écrivit quelque chose sur son cahier. Un coup d'œil par-dessus sa main lui apprit qu'il notait l'intitulé d'un exercice. En levant la tête, Mai vit les autres en faire autant. Un regard meurtrier derrière une monture à lunettes noire et épaisse l'obligea à suivre leur exemple plus vite qu'elle n'aurait voulu le faire. Kuroda pouvait être effrayante lorsqu'elle la voyait paresser en cours.

Malgré cela, elle laissa très vite ses pensées vagabonder loin de ce stupide exercice qu'elle ne parvenait pas à résoudre. Le soleil semblait l'appeler à travers la fenêtre. Elle s'imagina étendue sur la pelouse que finalement des employés du lycée s'évertuaient à tondre. Cela semblait fastidieux au vu de la quantité d'herbe récoltée. Habituellement, la jeune fille ne prêtait pas vraiment attention à eux, mais ce jour-là tout semblait bien plus intéressant à l'extérieur que dans sa salle de classe.

- Mademoiselle Taniyama, je vous prie de bien vouloir retourner à votre travail.

- Oui, professeur répondit la jeune fille en faisant mine de reporter son attention sur son livre d'exercice.

Comme les autres élèves étaient concentrés, le silence régnait dans la salle de classe et seul le tic tac de l'horloge l'interrompait lui rappelant que le cours ne s'étendait pas à l'infini. Mai posa son coude sur le bureau en soupirant et mit son menton dans sa main tout en griffonnant sur son cahier de l'autre. Les aiguilles indiquaient qu'il restait encore vingt-cinq minutes avant qu'elle puisse sortir du bâtiment et se promener un peu avant de se rendre à son travail. Cette pensée la ravit puisqu'elle adorait son job à mi-temps.

Cela allait bientôt faire un an qu'elle travaillait pour la Shibuya Psychic Research aka SPR, une entreprise de chasseurs de fantômes. Elle était dirigée par Kazuya Shibuya, un patron narcissique âgé d'un an de plus que Mai qu'elle appelait Naru. Il était assisté par un omnyoji, austère et peu loquace, nommé Lin Koujo. Malgré leurs abords difficiles et le fait qu'elle se disputait souvent avec Naru, Mai avait appris à les apprécier au fil des mois passés avec eux.

La veille, la jeune fille les avait prévenus qu'elle viendrait une heure plus tôt. Lin n'avait même pas relevé, caché derrière une pile de documents et son ordinateur. Pour sa part, Naru avait lâché d'un air suffisant sans lever le nez de son livre : « Tu en profiteras donc pour trier ces dossiers que tu devais faire aujourd'hui ».

Heureusement, elle n'était pas tout le temps seule avec eux. Plusieurs professionnels dans le domaine venaient souvent leur prêter main forte pendant les enquêtes. Il y avait Houshou Takigawa ou Bou-san, un moine bouddhiste aux cheveux longs et aux oreilles percées qui avait abandonné le Mont Koya pour monter un groupe de rock et se faire appeler Norio. Ayako Matsuzaki, une prêtresse shintoïste rousse se disputait souvent avec lui ce qui les faisait ressembler à un vieux couple. En plus de ses talents de miko, Ayako pouvait tout aussi bien être une infirmière qu'une cuisinière pour le bien de la petite troupe comme une vraie maman. Un jeune et célèbre médium vêtu de kimonos fleuris du nom de Masako Hara leur était d'une aide précieuse pour détecter la présence d'esprits. Mais son caractère ressemblait beaucoup à celui de Lin et de Naru, ce qui générait des conflits entre les deux jeunes filles qui, en plus, partageaient les mêmes sentiments envers le patron de Mai. Ne restait plus que John Brown, un adorable jeune prêtre exorciste australien. La première fois que les membres de la SPR l'avaient rencontré, ils avaient ri de son accent de la région du Kansai.

En plus des membres ayant des pouvoirs psychiques, le mentor de Naru, Madoka Mori, intervenait parfois pour leur apporter des informations complémentaires au cours des enquêtes, aidé par Osamu Yasuhara. Ce dernier était un étudiant en université en premier année que la SPR avait rencontré lors d'une enquête dans son ancien lycée, tout comme Mai. Elle et Yasuhara s'entendaient plutôt bien d'ailleurs. La jeune fille considérait ce petit groupe comme sa famille, n'ayant elle-même plus de famille biologique. C'était pour cela qu'elle adorait son travail, même si parfois il pouvait être terrifiant et dangereux.

Finalement, les vingt-cinq dernières minutes du cours de mathématiques se terminèrent. Mai se retint de sauter de sa chaise et de courir dans les couloirs pour sortir le plus vite possible. Michiru et Keiko se tournèrent vers la jeune fille alors qu'elle rassemblait ses affaires sur son bureau.

- Tu es bien pressée, je trouve ! Se moqua gentiment Michiru.

- Contente de retrouver Naru ? Lança Keiko, avec un sourire entendu.

Le rouge monta aux joues de Mai. Son livre de cours tomba au même moment ce qui lui donna une excuse pour se cacher. Lorsqu'elle releva la tête, elle croisa le regard de Kuroda avant qu'elle disparaisse dans le couloir.

Keiko poussa un soupir.

- Elle est toujours autant fascinée par l'occulte. On dirait qu'elle t'en veut de travailler avec des professionnels et pas elle.

- Tu exagères. Je suis certaine que ce n'est pas le cas, répondit Mai en se levant.

Les deux autres l'imitèrent.

- Allez, vas donc rejoindre ton cher Naru, fit Michiru en la poussant vers la porte ouverte.

- À demain, les filles ! S'écria Mai en leur faisant un petit signe de la main avant de disparaître dans le couloir à son tour.

Les rayons du soleil traversaient les fenêtres devant lesquelles elle passait. La chaleur des rayons sur sa peau était revigorante mais pas autant que lorsqu'elle sortit du bâtiment. Elle ferma les yeux pour profiter au maximum des sensations. La brise souleva ses cheveux qui caressèrent doucement sa nuque et ses joues. Le parfum de la nature lui emplit les narines en même temps qu'un sentiment d'apaisement l'envahissait.

Soudain, une voix la fit revenir sur terre.

- Tu vas rester longtemps comme ça ?

L'instant de bien-être disparut aussitôt, remplacé par la froideur de la voix. Mai ouvrit brusquement les yeux.

- Nous n'avons pas de temps à perdre. Du travail nous attend.

Lorsqu'elle les aperçut, Mai s'avança machinalement vers le portail métallique peint en blanc devant lequel une camionnette noire était garée. Un homme brun était assis derrière le volant du véhicule et un jeune homme aux yeux bleus perçants dont l'énervement transparaissait était appuyé contre la carrosserie, les bras croisés.

- Qu'est-ce que tu faisais ? La sonnerie a retenti il y a déjà plusieurs minutes.

- Bonjour Naru, l'ignora Mai en continuant à s'avancer vers lui. Bonjour Lin, ajouta-t-elle en se penchant vers le conducteur.

Ce dernier lui fit un signe de tête avant de se reconcentrer sur la route en face de lui. Des voitures contournaient la camionnette et quelques-unes attendaient pour passer dans le sens inverse. Visiblement, ils gênaient la circulation.

- Ne reste pas planté là, râla le patron de la jeune fille avant de monter dans le véhicule sur la banquette avant. Ne perdons pas plus de temps. Allons-y.

Mai le suivit et s'installa à côté de lui.

- Où allons-nous ? Demanda-t-elle.

- À Katagami, dans la préfecture d'Akita. C'est à plus de six cent kilomètres d'ici soit pas moins de sept heures trente de route.

Sa mauvaise humeur l'agaçait déjà, alors s'il commençait dès maintenant à la prendre pour une idiote, ils n'allaient pas terminer le voyage en un seul morceau.

- Nous devons passer chez toi pour que tu prennes quelques affaires. Nous avons un cas intéressant dans un hôtel là-bas qui va durer plusieurs jours.

- Les autres nous y rejoignent ?

Le jeune homme ne prit même pas la peine de répondre. Mai ravala son amertume en s'enfonçant dans son siège. Un silence pesant s'installa alors. La route allait être longue.

Lin connaissait le chemin pour se rendre chez elle. Cela ne leur prit que quelques minutes. Lorsqu'ils arrivèrent devant l'immeuble, Mai ouvrit la portière et sauta sur ses jambes sans plus attendre avant de s'engouffrer dans le hall et de monter l'escalier jusqu'au deuxième étage. La petite valise fut jetée sur le lit et des vêtements ainsi que des affaires de toilette atterrirent dedans à mesure que la jeune fille se déplaçait dans l'appartement. Puis, elle quitta l'immeuble pour mettre son bagage à l'arrière du véhicule où tout le matériel hi-tech était déjà chargé avant de retourner s'asseoir à côté de son patron.

Mai tenta de lancer des sujets de conversation pendant les deux premières heures du voyage mais elle se rendit compte que c'était inutile au bout du cinquième sujet. Lin regardait obstinément la route et ne pipait mot, alors que Naru avait beaucoup mieux à faire que d'écouter les bavardages inintéressants d'une lycéenne. Depuis le début du trajet, il lisait un livre sur les recherches d'un scientifique en paranormal inconnu de Mai, ce qu'il lui fit bien évidemment remarquer quand il surprit son regard sur la première de couverture.

- Tu insinues que je suis une idiote ? Rétorqua Mai, sur les nerfs. Non, ne réponds pas à cette question, le coupa-t-elle alors qu'il ouvrait la bouche.

Un sourire en coin naquit sur ses lèvres agaçant davantage la jeune fille qui lui lança un regard noir.

- Tu n'as pas des devoirs ? Lui demanda-t-il à la place.

Mai fixa la route avec une mine boudeuse sans répondre dans un premier temps. Puis comme il continuait de la regarder, elle se décida finalement à daigner tourner la tête vers lui.

- Tu ne les as pas emmenés, c'est ça ?

Le silence parla pour la jeune fille. Naru poussa un soupir puis retourna à sa lecture. Mai se retint de l'étriper. Au lieu de cela, elle se tourna vers la fenêtre pour observer le paysage défiler. Le silence revint et se poursuivit longtemps étant donné que la jeune fille n'avait plus la force de l'interrompre, ou plutôt il serait plus approprié de dire dans cette situation qu'elle n'avait pas la force de « briser la glace ». Toutefois, il lui faudrait plus qu'un simple pique à glace pour cela.

Au bout de quelques heures, ils s'arrêtèrent sur une aire d'autoroute où ils se dégourdirent les jambes et mangèrent des en-cas avant de reprendre la route. Toujours en silence. Mai finit par s'endormir.

Elle rouvrit les yeux lorsque la camionnette s'arrêta. Cependant, ses paupières clignèrent plusieurs fois avant de comprendre qu'elle ne rêvait pas. Naru s'impatienta derrière elle et la jeune fille se décida à sortir découvrir ce qu'elle avait sous les yeux.

Les portes ouvertes d'un haut portail en bambou dévoilaient un magnifique bâtiment traditionnel japonais datant de plusieurs siècles. De petites lanternes posées au sol ou dissimulées dans les diverses plantes sublimaient la vue et créaient un jeu d'ombre avec la végétation, plus intriguant que menaçant. En le franchissant, Mai se fit la réflexion qu'elle se sentait toute petite face à l'hôtel qui la surplombait.

Mais ce fut le jardin qui attira plus particulièrement son attention. À cet instant, elle se trouvait sur un petit chemin de pierres plates. Un pont en bois rouge l'interrompait pour surmonter un ruisseau qui traversait la propriété. Des rochers plus ou moins grands parfois couverts de mousse entouraient le cours d'eau en plus des plantes de terre fleuries au parfum envoûtant. Dans l'eau, des carpes koïs y nageaient sous les nénuphars et fleurs de lotus qui flottaient et certaines s'agglutinaient au niveau du point de chute d'une fontaine. Trois vasques en escaliers se remplissaient les unes les autres pour finalement alimenter le ruisseau dans un doux petit clapotis relaxant.

En suivant l'allée zigzaguant entre les différents types de végétations, Mai vit à sa gauche un groupe de quatre rochers. Deux d'entre eux collés l'un à l'autre étaient plus grands et lui rappela des parents veillant sur les deux petites pierres devant eux. Autour d'eux, il y avait une étendue d'épais gravillons blancs ratissés à la manière des ondulations de l'eau. Ne perdant pas une miette du spectacle, Mai eut le plaisir de découvrir en tournant son regard vers la droite un grand saule surplombant un massif de camélias dissimulant ses racines. Derrière, la jeune fille s'aperçut que les murs disparaissaient derrière des bambous, octroyant au lieu un air de forêt. Mai s'y sentit tellement bien qu'elle soupira d'aise.

Finalement, elle retourna son attention vers le bâtiment qui lui faisait face. Un petit perron se terminait sur une plateforme qui menait à une porte d'entrée foncée à double battant flanqués de deux hauts bonsaïs. Sur chaque panneau de bois, deux fenêtres en perçaient la partie haute puis en-dessous de jolis dessins étaient gravés. Hôtel KIRIBA était indiqué au-dessus de l'encadrement que Mai devina être le nom de l'établissement. Sur la façade, de grandes fenêtres en bois foncé laissaient filtrer la lumière intérieure où la jeune fille pouvait voir le sol en parquet et les murs en bois également. Son regard grimpa jusqu'au premier et seul étage du bâtiment surplombé par un toit à pignons avec ses tuiles en céramique foncée. Les fenêtres, plus petites, ne filtraient aucune lumière mais étaient décorés de charmantes sculptures dans le bois.

Mai cligna des yeux lorsqu'elle prit conscience que Lin et Naru étaient passés à côté d'elle pendant qu'elle avait le nez en l'air. La jeune fille ferma sa bouche qu'elle avait ouvert sous le coup de l'admiration puis les suivit non sans détacher ses yeux du jardin.

- Encore à traîner.

Même la remarque de Naru ne fit pas disparaître le bien-être qu'elle ressentait. Ce fut lorsque les portes de l'hôtel furent ouvertes qu'une sensation désagréable le remplaça. Plus la jeune fille avançait vers l'entrée, plus elle devenait oppressante. Finalement, elle entra dans un vaste hall où la boiserie avait aussi une place prépondérante et de chaque côté, il y avait un petit salon confortable. Toutefois, Mai ne put en découvrir davantage en raison de son champ de vision réduit comme les deux hommes se tenaient devant elle. Malgré cela, elle sentait que ce que son environnement dégageait était totalement opposé à l'extérieur. S'ajoutait à cela, le manque de réaction de ses deux collègues qui l'étonnait et accentuait son malaise. Elle effleura l'épaule de Naru qui se tourna vers elle avec un regard glacial. À ce moment-là, la jeune fille remarqua la vieille femme en kimono rouge derrière le comptoir qui les observait avec un grand sourire tordu sur le visage.