Bonjours à tous !

Je suis ravie de vous revoir avec cette nouvelle fic (c'est seulement ma deuxième sur ce site dons soyez indulgent quand même svp merci) et j'espère qu'elle vous plaira quand même. C'est une histoire avec un mariage arrangé et j'ai beau bien rire en l'écrivant et en pensant à tout ce que je pourrai faire subir à mon cher couple, je ne soutiens pas du tout la pratique.

Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi mais à Hajime Isayama. Heureusement, je peux quand même les utiliser pour cette fic ^^

Attention : Ceci est une fic avec un contenu homosexuel et des relations ainsi que des rapports sexuels explicites. Âmes sensibles/innocentes/homophobes priées de s'abstenir. Yaoiste déjanté(e)s, bienvenu !


Cent ans.

Ce fut le temps qu'il fallut aux hommes pour comprendre que la guerre qu'ils menaient depuis si longtemps était vaine. Que s'entre-déchirer pour quelques kilomètres carrés de territoire était complètement idiot après le massacre qu'avait subi l'Humanité seulement quelques siècles auparavant. Mais même après cette dure épreuve, au lieu de discuter en paix et amicalement soudés après cette ère de terreur enfin achevée, les survivants de cette immense Apocalypse, n'avait rien trouvé de mieux à faire que de repartir en guerre les uns contre les autres pour se partager le Dernier Continent.

De cela était au moins ressorti quelques choses.

Quatre Royaumes. Celui du Nord, de l'Est, du Sud et de l'Ouest. On les appela les Cardinaux.

L'Est et l'Ouest étant de plus petits royaumes, fertiles et suffisamment riches pour satisfaire leurs habitants, ils s'étaient retirés du conflit après trente ans de guerre et les deux grandes puissances qui continuaient de s'affronter inutilement les avaient laissés en paix. Et avaient continué à se battre pour des territoires plus fertiles que de gigantesques toundras gelées pour le Nord et pour les mines riches en or, d'argent et autres pierres précieuses pour le Sud.

Mais après cent ans de guerre, les deux royaumes en avaient assez d'épuiser inutilement leurs réserves, leurs soldats et leur énergie pour presque rien et décidèrent de conclure un Pacte de Paix avec les deux autres royaumes. Mais pour que l'alliance très fragile entre le Nord et le Sud perdurent quelques années au moins, une union plus…intime avait été proposé. Un mariage politique entre deux symboles du pouvoir des deux partis.

Le choix du marié se porta presque naturellement sur le Grand Roi du Nord, Livaï Ackerman. Descendant de la puissante famille du même nom. Féroce guerrier, grand stratège et chasseur redoutable de Dragon des Neiges. Craint et respecté autant pour son courage, sa puissance et sa force que pour sa beauté de glace. Beaucoup de légendes et de rumeurs l'entourait, des plus plausibles au plus invraisemblables.

Et pour le Sud, l'autre fiancé fut également désigné. Cette autre personne avait bien sûr, un lien étroit avec la famille royale des Jaeger, puisque qu'elle était l'enfant du Roi et de la Reine. Une force de la nature à la détermination d'acier qui aurait suffi à déplacer une montagne et au tempérament volcanique. Une fougue et mais aussi une gentillesse jamais égalées jusqu'à maintenant et qui plus est, d'une beauté à couper le souffle. Une magnifique peau ambrée, un corps svelte et parfaitement proportionné ainsi que les plus beaux yeux du monde. Tantôt vert comme les prairies du Sud ou les émeraudes les plus pures, tantôt plus comme la mer ou le saphir le plus parfait. Cette personne fabuleuse était…

- Je refuse !

La voix résonna, claire et pure, dans le grand silence qui régnait dans la Salle des Conférences. Le Roi du Sud, Grisha Jaeger, poussa un gros soupir et se frotta les yeux d'un air si las qu'on aurait cru qu'il venait de prendre vingt ans de plus à la simple réponse de son interlocuteur. Ledit interlocuteur était un jeune homme qui se trouvait normalement assis en face du Roi, à l'immense table de bois précieux qui devait bien faire quinze mètres de long. Mais là, sa chaise avait basculé en arrière lorsqu'il s'était brusquement relevé à la suite de l'annonce du Roi qui semblait lui avoir fortement déplu. La preuve en était de ses yeux vert turquoise brillants de fureur contenue et à la tension extrême de chacun des muscles de son corps.

- Eren… commença-t-il en sentant que c'était perdu d'avance, mais le jeune homme lui coupa aussitôt la parole en criant :

- Qu'est-ce qui vous a pris de prendre une telle décision sans me consulter avant, père ! Avez-vous perdu la tête ?

Nouveau gros soupir de la part du Roi, qui résonna lui aussi dans toute la pièce somptueuse et grandiose. Grisha attendit que son soupir eut finit de rebondir sur les murs de marbre blanc incrustés d'or, de pierreries et de nacre pour refixer ses yeux remplis de découragement dans le magnifique regard émeraude de son fils, qui pour sa part le regardait avec fureur et détermination. Autour d'eux, les autres conseillers assis sur de délicates chaises, elles aussi sculptées dans un bois précieux et incrustées de décorations de toute aussi grande valeur, semblaient vouloir se trouver à des millions de kilomètres de la zone de conflit que n'allait pas tarder à devenir la Salle des Conférences du Palais du Sud. Mais comme leurs devoirs les forçait à rester ici, sur leurs chaises, à côté du volcan au bord de l'éruption qu'était leur prince, ils serrèrent les dents, croisèrent les doigts sous la table pour se porter chance et fixèrent des points invisibles au plafond ou sur les murs richement décorés, d'un air inspiré. Mais aucun d'eux ne pouvait ignorer la fureur presque palpable qui émanait du Prince du Sud, penché en avant vers son père, les poings sur la table et les dents serrées à s'en briser la mâchoire.

Le père et le fils s'affrontèrent en silence pendant quelques instants, jusqu'à ce que le Roi ne cesse ce manège qui frôlait le ridicule dans le contexte. Des milliers de vie étaient en jeu, la décision du Prince pouvait tous les sauver ou au contraire les replonger de cent nouvelles années de guerre infructueuses. Il devait sortir vainqueur de ses négociations (qui promettait d'être houleuses, vu la tête que tirait son fils), pour le bien de son royaume et de ses sujets. Mais ce n'était pas du tout gagné d'avance. Et l'intégralité de son pays le savait pertinemment. Personne dans le Sud n'ignorait l'entêtement et la détermination dont le Prince pouvait faire preuve dans certaines situations, mais c'était l'une des raisons qui faisait penser à Grisha que son fils était la meilleure personne à choisir pour cette mission.

- Eren…recommença-t-il en lançant un regard au susnommé pour qu'il le laisse parler jusqu'au bout. Je n'ai pas pris cette décision par gaité de cœur. Mais il faut que tu comprennes que ça ne peut pas être quelqu'un d'autre que toi ! Le Royaume et nos sujets comptent sur nous. Sur toi. Nous venons à peine de terminer cette guerre, si tu refuses, nous risquons de devoir aussitôt reprendre les armes.

Eren se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang. Touché là où ça faisait mal, son père devait vraiment être désespéré pour tenter ce genre de coups bas. Ce n'était habituellement pas son style d'attaquer immédiatement l'adversaire avec ses points faibles. Lui, normalement, discutait, parlementait, argumentait, bref utilisait son intelligence et sa sagesse pour arriver à un arrangement dans le calme et la sérénité. Tout le contraire de son fils, qui comme sa mère, possédait une langue acérée et la capacité de savoir où appuyer exactement, et quoi dire précisément pour que son interlocuteur se retrouve en position de faiblesse. Mais là pour une fois, il ne trouva rien à répondre à son père et cela le rendait fou. Il ne voulait pas…il ne pouvait pas faire ça. Son père et son peuple ne pouvait pas lui imposer un tel sacrifice de sa personne.

Et pourtant…il savait que c'était son devoir. Qu'en temps que Prince Héritier du Royaume du Sud, il se devait de remplir cette mission pour le bien de son peuple qui avait suffisamment souffert comme ça. Mais ça lui semblait si insurmontable, si impossible. Il n'avait que vingt ans, il était à peine majeur selon la loi, et toute la vie devant lui. Et on lui demandait d'oublier le futur radieux et lumineux qu'il s'était permis d'imaginer et promis de réaliser lorsque la fin de la guerre avait été annoncé, pour une voie sombre, triste et glacée. Il ne voyait pas sa vie autrement que ça s'il acceptait la demande de son père et il avait peur. Terriblement peur de ce qu'impliquait ce qu'on lui demandait au nom du Royaume et de la paix.

Il finit par cesser de fixer son père d'un air furieux pour se plonger dans la contemplation du le bois verni de la table, et finalement demanda d'une voix plus calme mais avec une menace d'explosion clairement sous-jacente :

- Mère est-elle au courant de votre…projet ?

On aurait dit qu'il crachait le dernier mot.

Pour toute réponse, son père poussa son troisième soupir et préféra ne pas expliquer à son fils que c'était justement parce qu'elle était au courant de son « projet » qu'elle n'était pas avec eux dans la pièce. Eren était déjà difficile à gérer et à contenir (d'ailleurs, il avait bien senti que son fils était passé à deux doigts de tous les étriper) mais alors sa mère…ils seraient déjà tous morts si elle avait été là pour voir la réaction de son fils. Elle n'avait accepté qu'il lui en parle uniquement parce qu'il lui avait assuré que leur enfant comprendrait la nécessité d'une telle mesure. Il avait mis tellement d'ardeur à la convaincre qu'il avait même fini par y croire lui-même. Mais autant dire que son espoir s'était fait froidement doucher.

Il se contenta donc de répondre simplement :

- Oui.

Les poings d'Eren se crispèrent un peu plus. Elle était au courant mais ne l'avait pas prévenu et avait laissé son père lui en parlé et concrétiser cette possibilité. Quelques parts, Eren se sentit trahi et abandonné par sa propre famille qui lui donnait l'impression de le transformer en simple babiole à offrir. Mais, d'un autre côté, il comprenait ses parents, responsables des 200 millions d'habitants du Royaume du Sud qui ne demandaient qu'à vivre en paix et libres. Même s'ils l'aimaient plus que tout, ses parents se devaient de ne pas oublier leurs responsabilités et leurs devoirs envers le peuple qui comptait sur eux. Ses épaules s'affaissèrent un peu et ses poings se crispèrent, toutes les personnes présentes retinrent le souffle, pendues aux lèvres meurtries et rougies par les morsures incessantes du jeune prince. Les conseillers et le Roi étaient presque aussi tendus qu'Eren.

Après un silence qui parut interminable à tous, le jeune homme releva la tête et planta son regard vert scintillant dans celui de son père et lâcha :

- Je vais réfléchir à votre proposition Père et essaierai de prendre une décision qui profitera à mon peuple et à la paix.

Et quitta la pièce sans un mot de plus, le visage parfaitement neutre. Lorsque la porte se referma dans un claquement sec qui résonna sourdement dans la pièce immense et complètement silencieuse. Les personnes restantes se détendirent très légèrement, et se laissèrent mollement retomber dans leurs fauteuils avec des soupirs faitgués. Le Roi se frotta le visage avec la main et après avoir échanger un regard navré avec ses conseillers, il dit :

- Au moins, il n'a pas dit non.


Eren traversait d'un pas vif, un immense couloir de marbre blanc qui, comme presque toutes les pièces et autres couloirs du Palais, était richement décoré de sculptures délicates, de fresques colorées et incrusté de pierres précieuses importées du Nord avec lequel son pays avait commencé à faire commerce. Ce qui ne fit que l'agacer et l'angoisser davantage. Une boule lourde et désagréablement grosse prit place dans son estomac et il fut assez content de ne pas avoir trop mangé à midi car il était certain qu'il aurait déjà vomi si ça avait été le cas. Il avait beau jouer le colérique indigné devant son père et ses vieux conseillers casse-pieds, il avait vraiment peur.

Non, en fait, il était totalement terrifié.

Et pour oublier cette terreur, il décida d'aller faire un petit tour à l'arène d'entrainement. Rien de mieux pour oublier une angoisse que d'aller tailler en cube des mannequins de bois et soulever des haltères jusqu'à l'explosion des muscles. Satisfait par cette idée, Eren bifurqua vers la droite en essayant d'oublier tout ce qui dans le Palais lui rappelait constamment le Nord et la demande de son père. Une fois arrivé à destination, Eren sauta dans un uniforme d'entraînement, à savoir un simple pantalon de toile claire pour essayer de lutter contre la chaleur infernale mais pourtant si rassurante à ses yeux de sa terre natale. Et dire que ça aussi, il risquait de le perdre.

Il secoua la tête pour chasser ses idées noires qui ne cessaient de le harceler et saisi une épée. Il commença avec des mouvements souples et amples pour s'échauffer un peu, et au fur et à mesure que ses muscles s'activaient, il se sentit un peu mieux, plus détendu. Et donc, pour que ce petit moment de sérénité intérieure continu, il continua et se rua sur l'un des mannequins de bois d'aspect plus ou moins humain et s'appliqua à le taillader méthodiquement avec son épée, en imaginait à la place du malheureux pantin, les visages des personnes auxquelles il aurait rêvé pouvoir faire pareil. Au bout d'un moment, il n'en resta plus rien et la rage qui couvait encore dans la poitrine d'Eren s'était quelque peu apaisée. Il haletait, ses muscles étaient douloureux et sa gorge aussi (il avait un peu crié) mais il se sentait mieux et il était prêt maintenant à prendre le problème sur une note beaucoup plus calme. Il poussa un soupir quand soudain de légers applaudissements retentirent dans l'arène autrefois déserte mais qui ne l'était – apparemment – plus. Eren sursauta et se retourna, paré à embrocher le visiteur si cela était nécessaire. Mais il se détendit bien vite en reconnaissant la chevelure blonde et les beaux yeux saphir de son meilleur ami, Armin Arlert. Ce dernier lui adressa un sourire apaisant, puis offrit un regard navré au cadavre du mannequin d'entrainement réduit à l'état fort peu enviable de copeaux.

- Ton père t'en a parlé, n'est-ce pas ?

Eren poussa un soupire et préféra répondre par une autre question :

- Tu le savais déjà ?

Armin fit exactement la même chose que lui et lui reposa encore une autre question :

- Cela t'a-t-il déplu au moins d'exterminer ce pauvre innocent de bois qui ne t'avais, à ma connaissance, rien fait ?

Eren fut le premier à donner une vraie réponse dans leur semblant de conversation :

- J'avais besoin de me détendre un peu.

- C'est donc si terrible que ça pour toi ?

Cette remarque énerva immédiatement Eren et il répondit hargneusement :

- C'est facile pour toi ! Toi, tu vas rester ici peinard, tandis que moi je vais me faire expédier au fin fond d'une foutue toundra gelée !

Le petit bond (il faisait une bonne tête de moins que son ami) quitta des yeux le corps mutilé à ses pieds pour fixer son regard serein et apaisant dans celui, furieux, du brun. Il lui dit d'une voix douce :

- C'est vrai Eren. Si tu acceptes, tu partiras, alors que moi je resterai là, avec mon grand-père et tous mes amis alors que toi tu seras tout seul dans un endroit inconnu. Et je comprends que tu aies peur et que tu n'en aies pas envie. Mais il faut que tu comprennes que si tu choisis de refuser et de rester, on restera tous ensemble mais on risque aussi de mourir. Ensemble certes, mais mourir quand même.

Eren manqua de se tortiller d'un air coupable et mal à l'aise, tel un enfant pris en faute par son grand-frère ou sous père, sous le regard perçant et lui semblait-il, accusateur, d'Armin. Bon sang ! tous les membres de ce palais s'étaient ligués contre lui en se servant de ses points faibles pour le convaincre aujourd'hui ? Bon…quelque part c'était presque normal, cette décision était tellement…décisive pour le Royaume qu'un tel complot monté contre lui n'était pas si impossible qu'il aurait pu paraître au premier abord.

Voyant qu'il n'allait pas répondre de sitôt, Armin soupira en regardant son meilleur ami d'enfance, se débattre intérieurement face au plus grand dilemme de sa jeune vie. Il savait que c'était injuste pour lui. Qu'à son âge, lui demander de sacrifier sa vie pour celle des autres n'était franchement pas sympa, ni très honnête. Mais ils n'avaient pas vraiment le choix, c'était soit ça, soit la guerre. Et Armin était le mieux placé pour savoir qu'Eren était beaucoup trop généreux et droit pour replonger son peuple dans l'horreur et la peur. Et donc, il avait un peu peur que sous la pression, Eren face un truc bien stupide digne de l'idiot suicidaire qu'il était. Il ne savait pas encore ce qu'il risquait de faire, mais il sentait que ce serait encore pire que s'il acceptait tout simplement de faire ce qu'on lui demandait.

- Viens avec moi, dit-il.

Eren le regarda surprit, mais finit par lui emboiter le pas. Juste après avoir enfiler un haut assorti à son pantalon et des bottes.

Il suivit son ami à travers un dédale de couloir fraîchement refaits et redécorés avec les nouveaux produits précieux importés de chez leur nouvel allié, et presque automatiquement, les muscles d'Eren se tendirent et son angoisse revint, plus forte qu'avant, tordant son pauvre estomac comme dans une essoreuse. Il se retint de se mettre à insulter les murs et le plafond et de crier qu'il ne le ferait pas quoiqu'il arrive. Ce qui n'aurait pas été très digne pour un Prince, d'autant que le couloir était loin d'être désert. Au contraire, des courtisans et des serviteurs l'arpentaient en tous sens et à toutes les vitesses possibles, mais chacun prenait le temps de s'incliner devant le Prince et son ami lorsqu'ils passaient prêt d'eux. En voyant ses visages si sereins et si détendus, Eren sentit son cœur se serrer davantage en songeant qu'il ne tenait qu'à lui de perpétuer cette paix ou au contraire la détruire à coup de masse. Cette responsabilité lui pesait beaucoup trop, et il sentit ses épaules s'affaisser sous le poids qu'elles portaient et son cœur se fit lourd.

Du coin de l'œil, Armin vit son ami se décomposer encore un peu et retint un soupir désespéré. Il se sentait vraiment comme un manipulateur sans scrupule et se dit que la politique était une énorme garce cruelle et corrompue pour les forcer à vendre quelqu'un d'aussi vertueux qu'Eren pour la survie d'une union arrangée. Il espérait juste que ce qu'il allait lui dire, en plus de le convaincre, l'aiderait à tenir là où il irait.

Ils se rendirent à l'immense balcon du troisième étage du Palais. Celui qui servait pour les apparitions officielles des souverains ou de la famille royale en général. De là, on pouvait voir au-delà des remparts fortifiés du château et contempler Sina, la capitale du Royaume du Sud dans toute sa splendeur.

Cette ville portait même le titre de « plus belle cité des Cardinaux ». Bâtie à proximité de la mer, aujourd'hui d'un magnifique bleu turquoise, ce qui favorisait grandement son commerce extérieur, la ville semblait luire sous le cuisant soleil de l'après-midi.

Les maisons, pour certaines très hautes, étaient toutes d'une jolie couleur dorée, caractéristiques des pierres du Sud. Beaucoup étaient sculptées, décorées, incrustées de nacre, de perles dont la culture était abondante grâce à la mer et sa température idéale, et de corail. Les toits étaient souvent en verre miroir qui reflétait en ciel sans nuage, il y avait même des petites tourelles sur les maisons des plus riches. Du haut de leur poste d'observatoire, Eren et Armin pouvaient sentir les effluves salés de la mer, et celles amer, sucrées, acides ou piquantes des épices du marché ouvert qu'il pouvait voir plus bas. Les étalages colorés des marchands d'épices et de tissus s'harmonisaient avec ceux, argentés, des poissonniers ou rouges/roses des bouchers. Le Prince sourit d'un air attendri devant l'agitation des marchands, acheteurs et badauds et un sentiment de tendresse monta dans sa poitrine en voyant des enfants courir dans les rues en riant d'un air insouciant.

Surprenant son air amusé, Armin suivit son regard et esquissa lui aussi un sourire amusé en les voyant faire des pitreries et rire de leurs propres bêtises.

- Je veux qu'ils continuent à sourire comme ça, finit par dire Eren en croisant les bras pour s'appuyer contre la balustrade ouvragée.

- Oui je comprends.

Armin fit une pause avant de poursuivre.

- Et tu es le seul à pouvoir réaliser ton propre souhait.

Eren poussa un gros soupir et enfoui sa tête dans ses bras avant de dire :

- Mais je ne peux pas Armin. Pas lui, pas comme ça. C'est…c'est…ce n'est pas possible.

Son meilleur lui jeta un regard navré et finit par dire d'un ton peu assuré :

- Mais qu'est-ce qui te dit que ça sera si terrible ?

Le brun releva si brusquement la tête pour le fixer avec des yeux ronds qu'Armin crut pendant un instant qu'il allait se briser le cou.

- Mais…Armin. Tu as bien dû entendre les rumeurs qui courent ! Et puis, c'est quand même en partie sa faute si notre peuple a autant souffert pendant un siècle.

Le visage du blond se durcit un peu. Il fronça ses jolis sourcils, et posa les mains sur ses hanches fines d'un air autoritaire avant de répliquer sèchement :

- Premièrement Eren Jaeger, le Nord a autant souffert que nous dans cette guerre et nous sommes tous responsables des souffrances inutiles et vaines qu'ont enduré nos peuples respectifs. Deuxièmement, cet homme, pour ce que je sais, n'a pas provoqué cette guerre. Il en a hérité et n'a fait qu'essayer de défendre les intérêts de son peuple et de son Royaume en nous empêchant de les envahir. Troisièmement, ne vous a-t-on jamais appris à ne pas baser votre avis à propos d'une personne sur des rumeurs pour la plupart sans fondement ?

Quand Armin se mettait à vouvoyer une personne avec laquelle il se montrait habituellement beaucoup plus familier, c'était qu'il était vraiment énervé. Et tout le monde qui connaissait Armin Arlert un minimum savait qu'il ne fallait pas l'énerver. Car les conséquences pouvaient être tout aussi…dérangeantes qui si on agaçait le Prince ou bien même sa royale sœur, Mikasa. En connaisseur de cause, Eren préféra donc, ne pas répondre comme il l'aurait fait avec un autre et se contenta de fixer son ami en silence, attendant qu'il poursuive son discours. Celui-ci semblait s'être un peu calmé, la preuve en était de ses sourcils défroncés et de l'air plus détendu de son visage blanc. Il soupira doucement et agita un peu ses épaules fines en fermant les yeux pour les relaxer. Il rouvrit ensuite brusquement les paupières et fixa son regard azur dans celui émeraude de son ami avant de poursuivre, toujours les mains sur les hanches :

- Eren…je sais que c'est dur…non…presque impossible pour toi de t'imaginer quitter cet endroit et ta famille. Mais voit les choses d'un bon côté. C'est l'occasion pour toi d'en voir un peu plus sur les terres au-delà du Sud. Tu m'as toujours dit que lorsque la guerre serait finie, tu irais découvrir le monde par toi-même, autrement qu'à travers des livres et des légendes. Le Nord occupe presque 45% du Dernier Continent, ton voyage fera un véritable bond en avant si tu découvres déjà cet endroit. Il paraît même – puisque les rumeurs t'intéressent – que certains endroits du Nord sont les plus beaux et les plus féeriques de notre monde.

Devant l'air encore très peu convaincu d'Eren, il ajouta :

- Eh puis, tu m'as aussi toujours dit que tu étais prêt à tout pour la survie du Royaume, même à mourir.

- Eh bien, justement ! Je serais prêt à mourir plutôt que de…que de…que d'aller là-bas.

Armin soupira encore, fatigué, en laissant glisser ses mains de ses hanches en constatant qu'Eren n'était pas capable d'énoncer à voix haute le concept tellement celui-ci le dégoutait.

- Tu le déteste à ce point ? Tu ne le connais même pas.

Eren sembla s'affaisser un peu plus sur lui-même et braqua sur lui un regard de bête traquée :

- Je ne le déteste pas, comme tu l'as dit je ne le connais même pas. C'est…c'est juste l'idée qui…

Il agita un peu les mains dans les airs cherchant ses mots pour finalement laisser tomber.

- Il paraît qu'il est très beau, tenta Armin pas très convaincu du potentiel convainquant de sa remarque.

- Il paraît aussi qu'il savait se battre à l'âge de trois ans, qu'il tuait à cinq et qu'il aurait égorgé son père ainsi que tous les autres successeurs potentiels avant lui pour s'emparer du Trône de Glace.

Le Prince fit une courte pause durant laquelle il regarda longuement le ciel et la mer qui se rejoignaient et poursuivit :

- On dit aussi qu'il a tué un Dragon des Neiges à mains nues, qu'il a bu son sang et que désormais, il est aussi dangereux, mortel et impitoyable que son casse-croûte.

C'est sûr que présenté comme ça, le personnage n'était pas vraiment très engageant. Armin se sentit vraiment très découragé et très désolé pour son ami. Vraiment, il estima qu'il y avait de nets avantages à n'être « que » le meilleur ami du Prince et pas Prince lui-même. Mais avant qu'il n'eut le temps de penser « au moins j'aurais essayé de le convaincre », Eren se redressa et plongea un regard déterminé dans le sien avant de dire :

- Mais tu as raison. Je ne peux pas me permettre de refuser égoïstement cette demande pour pur intérêt personnel. Ce serait désobéir à mes devoirs de Prince Héritier envers mon peuple qui vient à peine de commencer à se remettre de cette guerre atroce. Il est temps que je prenne mes responsabilités et que moi aussi je m'active pour la conservation de la paix.

Et il quitta le balcon, laissant Armin seul, le cœur serré et les bras ballants, avec la très nette impression d'être le dernier des salopards. Il ne voulait pas que son ami souffre. Mais d'un autre côté, il ne voulait pas que des gens recommencent à mourir inutilement. Il se sentait si petit, insignifiant et impuissant devant cet immense dilemme. Alors il n'osait pas imaginer ce que devait ressentir Eren dans l'instant présent. Pour se consoler un peu, il se tourna à nouveau vers le paysage resplendissant et la joie des gens dans rues en se disant qu'au moins le sacrifice d'Eren ne serait pas vain. Il pria la Grande Déesse pour que son ami n'oublie l'importance de son geste et que cette certitude d'agir pour le bien des millions de gens l'aide à tenir le coup, là-bas, dans les terres glacées du Grand Nord.


Eren se dirigeait d'un pas décidé vers les appartements de ses parents. Il refusait de ralentir ou de changer de direction de peur de changer d'avis et de provoquer une catastrophe mondiale avec ses indécisions stupides d'adolescents. Il devait le faire, c'était son devoir. Qu'importe ce qu'il endurerait, il devait le faire pour que les enfants continuent de sourire aussi insouciamment en jouant au loup entre les jambes des passants. Pour que les commerçants et les acheteurs marchandent toujours dans la même bonne humeur que celle qu'il avait vu sur le balcon avec Armin, et qu'ils sourient encore du même air détendu et serein de ceux qui savent qu'ils sont en sécurité. Il devait le faire pour le bonheur de son peuple. Et quelque part, savoir que son geste permettrait aux autres d'être heureux, le rendait heureux aussi.

Il pénétra donc sans frapper dans l'immense suite où vivaient ses royaux parents et se planta devant son père, assis dans un fauteuil confortable et sa mère, la magnifique Carla Jaeger, debout à côté de lui. Apparemment, ils discutaient de quelques choses de manière plutôt animée s'il en jugeait des joues encore un peu rougies de sa mère, chose qui arrivait quand elle s'énervait. En le voyant ainsi débouler dans leur chambre, avec un air déterminé qu'il lui était propre, son père se tendit perceptiblement, alors que sa mère le contempla d'un air étonné, ses grands yeux écarquillés.

Sans se laisser le temps de réfléchir, Eren se redressa posa son poing droit sur son cœur, cacha l'autre derrière son dos dans un salut officiel parfait et s'exclama :

- Père, je suis venu vous annoncer ma décision.

Le brun vit très clairement les épaules de son père se contracter sous son habit royal et il se dit que la suite allait très certainement le soulager, avant de dire bien fort comme pour se convaincre lui-même :

- Moi, Eren Jaeger, Prince Héritier du Royaume du Sud, consens à épouser Livaï Ackerman, Grand Roi du Nord, afin de consolider notre alliance ainsi que le Pacte de Paix que nous avons celé entre nos deux Royaumes !


Bon, ben voilà…Happy Wedding comme on dit en anglais (je crois).

J'espère que ce premier chapitre vous a plu, alors n'hésitez pas à commenter pour me dire ce que vous en pensez, si vous avez des pronostics pour la suite (un mariage entre deux esprits aussi têtus et bornés que ceux de Livaï et Eren, doit forcément stimuler votre imagination) dites-les moi aussi en commentaire.

Je sais que ça peut sembler bizarre pour les plus pragmatiques, un mariage entre deux hommes, puisque souvent dans la monarchie le plus important, c'était les héritiers. Mais ne vous inquiétez pas ! Des explications parfaitement logiques et plausibles (selon moi) vous serons offertes gratuitement au chapitre suivant. Il faudra juste patienter, disons…un mois ou deux pour les avoir puisque je suis trèèès lente pour écrire. Mais elles finiront par arriver à un moment ou à un autre ^^

Au fait, les gens, j'ai un gros doute sur la justesse de l'orthographe du titre. Est-ce que quelqu'un d'un peu calé en anglais pourrait me certifier que c'est écrit juste ou au contraire m'expliquer comment on écrit correctement ce titre, qui je le dit pour ceux qui n'aurait pas compris, est censé signifier "un mariage glacé". Merci d'avance.

A dans longtemps les gens ^^ pour la suite.