Bonjour !

Voici le dernier chapitre de cette histoire ! J'espère qu'il vous plaira.

Pas plus d'attente, bonne lecture !


Severus rentra chez lui avec un soupir de soulagement. La journée avait été particulièrement difficile et l'incompétent qu'il avait comme apprenti ne tenait pas la route. Cet idiot avait confondu du crin de licorne et du poil d'angora, sa préparation avait explosé et contaminé tous les autres chaudrons.

Cet étudiant, comme tous les autres jusqu'à présent, n'était pas resté plus de deux semaines dans son laboratoire. Il avait fini par claquer la porte, en pleurs.

Pourtant, lorsque Severus arriva chez lui, il n'eut pas droit au calme qu'il avait espéré et auquel il pensait avoir droit.

Il enleva sa cape légère, la posa sur le porte-manteau près de l'entrée et rangea ses chaussures dans le placard comme il en avait l'habitude depuis cinq ans. Il posa les clés de la maison dans le bol en céramique peint de façon désordonnée par deux enfants de quatre ans. Juste à côté, il y avait un cadre dont les rebords étaient recouverts de gommettes multicolor, entourant une photo d'Harry Potter, souriant et tenant Calum et Lenox dans ses bras.

C'étaient deux des choses que Severus avait trouvé dans le coffre à son nom, ouvert par Théodor Nott avant son décès, environ dix ans auparavant.

Dans cette voûte, Severus avait trouvé divers objets ayant appartenus aux jumeaux : des petites chaussures, des vêtements, des dessins. Il y avait des présents comme le bol que Théo avait gardé. Mais surtout, il y avait une grande boîte contenant des dizaines et des dizaines de fioles de souvenirs.

Severus ne les avait pas regardés tout de suite, il avait d'abord assisté à l'enterrement qui s'était très mal terminé avec l'altercation entre Potter et son filleul. Et puis… Il y avait eu le moment où il avait vu Potter partir. Il l'avait vu faire ses valises et emporter ses enfants - leurs enfants - pour un tour du monde improvisé, le laissant avec le seul souvenir de ses lèvres sur sa joue.

Ça avait été un choc.

Le deuxième choc s'était produit quelques minutes plus tard, lorsqu'il s'était avancé dans la pièce et avait vu la boîte contenant des articles de presse, des photos, des notes. Tous ces objets, venaient de lui, parlaient de lui. C'était surprenant de voir que quelqu'un prêtait de l'attention à son travail, à sa vie, à lui tout simplement. Il avait regardé chaque détail de chaque objet de cette boîte avant de la replacer soigneusement là où il avait deviné qu'elle se trouvait : sous le lit.

Ensuite il était rentré chez lui et avait ouvert une bouteille de bourbon. Il en avait siroté une bonne partie tout au long de la nuit, trinquant en l'honneur de Théo qui s'était occupé des enfants d'un autre. Il les avait aimés et éduqués comme lui n'aurait jamais pu le faire. Et ensuite ?

Severus s'était demandé ce qui allait se passer une fois que Théo n'était plus là, que Potter et les jumeaux étaient partis. Depuis qu'il avait rencontré le jeune homme au pub pour présenter ses excuses, il n'avait pu s'empêcher de se demander… Et si ?

Et s'il pouvait assumer ce rôle de père ? Et s'il pouvait accepter d'ouvrir son cœur à un autre homme ? Et s'il pouvait avoir la vie de famille dont il avait longuement rêvé ?

Toute la nuit, Severus s'était perdu dans les suppositions et le lendemain, un samedi, il était retourné dans la voûte pour prendre les souvenirs. Il avait emprunté la Pensine d'Albus et prévenu qu'il serait absent tout le weekend.

Jusqu'au lundi matin il avait regardé en boucle les souvenirs. Les vivant comme s'il était le père, comme si c'était vers lui que courrait le petit enfant, les bras tendus, criant "Da !".

Cela avait été un déluge d'émotions tellement fortes…

Mais dans les souvenirs, ils n'y avait pas eu que les jumeaux. Il y avait eu aussi des moments de couple que Severus avait tout d'abord trouvé déplacés. Il n'avait pas compris pourquoi Théo avait mis des souvenirs le mettant en scène lui et Potter éclairés par des chandelles dans un restaurant huppé, assis tranquillement sur le sofa du salon, courant dans l'eau froide de la mer sur une plage déserte.

Puis il avait compris. Chacun de ces instants montrait Potter sous un angle différent. Potter était charmant quand il était préparé pour un rendez-vous galant. Il était beau à la lumière d'un feu de bois. Il était touchant lorsqu'il avouait à demi mot qu'il n'avait jamais vu la mer. Il était euphorisant lorsqu'il découvrait enfin la sensation de l'eau salée sur sa peau. Il était érotique lorsqu'il haletait de plaisir étalé sur des draps.

Car oui, il y avait aussi un souvenir de ce type dans la boîte. Un souvenir d'une douceur incomparable alors que Théo faisait l'amour à la créature merveilleuse qu'était Harry Potter. Severus en avait rêvé pendant des nuits entières et, alors qu'il ne voyait tout d'abord pas l'intérêt des souvenirs de Théo sur leur vie de couple, ils s'était mis à ne regarder que ceux-là. Il avait alors appris Harry Potter. Vraiment. Comme un livre de cours, il avait fait des notes mentales sur la personne qu'était Harry Potter. Il les avait ensuite étudiés et avait découvert un tout autre jeune homme, bien différent de celui qu'il pensait connaître.

Alors, il avait recommencé à penser… Et si ?

Et s'il était le compagnon d'Harry Potter, comment les choses se passeraient-elles ?

Avec Potter parti en voyage sans date de retour prédéfinie, il avait peu d'espoir, mais il avait tout de même tenté d'ouvrir le dialogue après avoir reçu un magistral coup de poing de la part d'un loup-garou en colère. Et cela avait fonctionné. De manière inhabituelle certes, mais cela avait fonctionné.

Il avait tout d'abord envoyé à Potter un article de presse à son propos. Un article qu'il n'avait pas vu dans la boîte sous le lit et pour cause, c'était un magazine français qui l'avait publié. Severus avait trouvé la recette d'une potion contre une maladie magique. Il avait déposé le brevet au Ministère Anglais qui avait rejeté sa demande à cause de la rumeur sur son implication aux côtés des Mangemorts à cette époque. Bien loin de se démonter, Severus était parti en France pour déposer son brevet et cela avait très bien fonctionné. Il avait eu un article dans le journal et les félicitations du Ministère pour cette potion qui avait déjà soigné beaucoup de patients.

Cet article tenait une place particulière dans le mémoire de Severus car cela avait été quelques jours après sa parution qu'il s'était rendu compte qu'il pouvait avoir de l'attrait pour certaines personnes. Contrairement aux journaux Anglais qui n'apportaient pas beaucoup d'importance aux photos, les français avaient un sens de la mode, du visuel, de l'art, et la photo qui ornait l'article avait été prise par un professionnel qui avait fait des défauts de Severus, un atout de charme. C'était une photographie en gros plan de son visage avec des jeux d'ombres et de lumières, ses yeux noirs prenaient le dessus sur tous les autres éléments et son nez trop grand ne marquait que davantage les lignes dures de son visage.

La semaine de la sortie, Severus avait reçu des dizaines de lettre d'amour de française et de français enamouré. Il n'y avait pas prêté attention évidemment, mais ça avait été à ce moment qu'il avait réalisé qu'il pourrait peut-être, un jour, plaire à quelqu'un.

Cet article avait donc de l'importance pour lui et en l'envoyant à Potter, il avait espéré montrer qu'il avait vu et compris les sentiments du jeune homme et même qu'il les avait accepté, qu'il voulait faire un pas en avant. Il n'avait pas mis de lettre avec, le geste suffisait.

La réponse avait tardé à venir, mais après deux semaines, il avait reçu une simple photo. C'était les jumeaux souriant devant l'établissement qui avait publié le magazine de l'article de Severus, en France. Comme un clin d'œil évident, une acceptation.

Severus avait répondu quelques jours plus tard avec un nouvel article, mais parlant de Potter cette fois. Le journaliste couvrait un événement arrivé le lendemain de leur rendez-vous au pub, parlant d'un enfant pris dans une boucle temporelle dans un magasin de l'allée des embrumes et sauvé par le chef des Aurors : Harry Potter.

Il voulait montrer par là que lui aussi s'était intéressé à la vie de l'autre. Cet article, il n'avait pas su pourquoi il l'avait gardé à ce moment-là. Voir que Potter avait risqué sa vie pour celle d'un enfant était certainement rassurant pour l'avenir des jumeaux.

À partir de ce moment-là, Severus était allé plus régulièrement dans le coffre laissé par Théo et il en remontait des choses comme le vide poche inesthétique dans l'entrée ou le cadre en gommettes. Il les installait parfois chez lui pour essayer de voir ce que pourrait donner une vie avec des enfants, un compagnon… La plupart du temps ces objets restaient dans sa commode. Seule la photo de Potter et des jumeaux avait gagné une place permanente sur sa table de chevet.

Les articles de journaux et les photos s'étaient transformé en lettres régulières et pendant un an, l'année d'absence d'Harry Potter et de ses deux enfants, ils avaient échangé des confidences, des souvenirs, des avis. Ils avaient abordé à nouveau le comportement de Severus qui s'était encore excusé - à mesure exceptionnelle avait-il précisé - et Harry s'était lui-même excusé pour les actions des Maraudeurs et pour son propre comportement frondeur et son manque de confiance. Ils avaient fait cela pour remettre les choses à plat, pour avancer et pour un jour peut-être…

Bien sûr, rien de tout cela n'avait été dit, mais ça planait entre eux et lorsque Potter était revenu de son voyage, Severus avait pu le regarder avec des yeux totalement nouveau.

Les débuts avaient été difficiles. Il y avait beaucoup de moments gênants où l'un comme l'autre ne savait pas quoi dire ou faire. Ils s'étaient mainte fois disputés mais toujours réconciliés et cela avait été l'une de ces disputes qui les avaient menés à s'embrasser pour la toute première fois. Severus n'avait pas su comment calmer le Gryffondor hystérique qui lui hurlait dessus. Cela avait été un moment intense pour Severus qui avait échangé son premier baiser depuis des années, et ça avait été la première fois qu'il avait été si fougueux, si passionné.

Pour Potter, cela avait été des émotions bien différentes car, après le moment d'ivresse fourni par cet échange, il avait eu peur que ce ne soit qu'un moment éphémère, que ce ne soit que sous le coup de la colère comme la première fois. Severus l'avait embrassé à nouveau. Puis encore. Puis encore…

Leur première - du moins ils tentaient de s'en persuader - relation sexuelle avait été plusieurs mois plus tard, lorsque celui qu'il appelait à présent Harry, avait découvert par inadvertance la photo de lui et des jumeaux sur sa table de chevet. Il avait été pris d'une boule de tendresse et avait attiré Severus sur le lit.

Pour Severus, ça avait été plus qu'il ne l'avait jamais imaginé. Lui qui ne connaissait que des coups rapides et brutaux avait découvert l'érotisme, la sensualité. Le corps d'Harry lui avait fait retrouvé une libido d'adolescent bien qu'il n'avait pas pu en profiter au quotidien à cause de la présence des jumeaux.

Les jumeaux… ils avaient bien grandi durant leur voyage. Ils étaient toujours aussi mignons et toujours aussi gentils.

Les choses n'avaient pas été aussi simple que Severus l'avait espéré bien évidemment. Les enfants avaient été ravis de passer plus de temps avec Severus, mais lorsqu'ils avaient appris la relation qu'il entretenait avec leur père, ils avaient été bien plus réticents à le voir remplacer leur Dado.

De plus, Severus n'était pas l'homme le plus démonstratif et il le savait. Il ne parlait pas de ses sentiments, ne les montrait pas non plus et ignorait même leur existence. De ce fait, face à des enfants qui désiraient - avaient besoin - d'être rassurés, ce n'était pas une bonne méthode. Lorsque Severus et Harry avaient pris la décision d'habiter ensemble alors que Calum et Lenox avaient dix ans, les jumeaux l'avaient mal pris mais avec le temps, tout allait mieux.

L'habitude qu'avait pris Severus à brasser avec Lenox, véritablement passionné par les potions, avaient été précieuse pour leur relation qui s'était fortifiée aux fils des mois. Puis les jumeaux étaient entrés à Poudlard au moment où Severus en était sorti pour créer son propre laboratoire de potion. Il ne voulait pas être à Poudlard en même temps qu'eux, ne voulait pas supporter les regards curieux, être tenté de les espionner, régler les problèmes de comportement sans qu'Harry ne soit consulté. C'était peut-être idiot mais il voulait être un parent normal. Un parent qui recevrait une convocation du directeur en cas de bêtise, qui serait heureux de revoir ses enfants après des semaines d'absence et recevrait un bulletin de notes en même temps que les autres.

Car oui, aujourd'hui, il était un père, même si les mots n'avaient jamais été posés, même si rien n'était officiel, il était le second père de Calum et Lenox Potter, au côté d'Harry Potter.

A ce jour, les jumeaux avaient quinze ans et étaient entrés dans l'adolescence un peu tardivement. Ils étaient aujourd'hui des petites boules de nerf rebelles et bourrées de contradiction. Ils avaient été répartis à Serpentard mais n'étaient peut-être pas aussi fourbe que Severus l'avait craint. Il parvenait à avoir une relation privilégiée avec Lenox, mais Calum restait distant et toujours en colère.

C'était les vacances d'été et Harry était parti aux Etat-Unis pour une semaine, pour une conférence sur les nouveaux sorts d'Auror. Étant le chef des Aurors en Angleterre, il apprenait de nouvelles techniques et les enseignait - ou non - à ses brigades. Pendant toute une semaine, Severus était donc seul avec les jumeaux et bien qu'ils soient maintenant assez grands pour s'occuper d'eux tout seul, le Maître des Potions devait tout de même veiller à l'ordre dans la maison.

C'était son état d'esprit lorsqu'il entra dans la salon ce jour-là, bien décidé à profiter de ce moment de répis avant de se charger du dîner.

Malheureusement, quand il vit Lenox sur le canapé, le regard vide et une lettre à la main, il sut que ses plans de détente allaient être repoussés.

« Lenox ? » dit-il calmement.

« Sev, » sanglota l'adolescent quand il prit conscience de sa présence.

Les jumeaux ne l'avaient jamais appelé papa, comme lui ne les désignait jamais comme ses enfants ou ses fils. C'était une sorte de barrière invisible entre eux qu'aucun ne voulait franchir.

« Que se passe-t-il ? » demanda Severus.

« C'est Cal… » répondit Lenox sans voir la tension apparue dans les épaules de l'adulte. « Il est parti… »

Severus se crispa un instant et traversa le salon à grandes enjambées pour rejoindre son fils et s'agenouiller à sa hauteur. Il posa ses mains sur les genoux de Lenox et s'adressa à lui :

« Lenox, regarde-moi, » dit-il fermement en relevant la tête de son fils. « Où est passé ton frère ? »

« Je n'en sais rien. Je l'ai juste vu avec son sac… Il m'a donné cette lettre pour toi et il a claqué la porte. C'était il y a une heure environ. »

Severus haussa un sourcil sans comprendre pourquoi Lenox n'avait pas suivi son frère. Les deux adolescents étaient toujours ensemble, toujours soudés, toujours liés. Mettant cette question dans un coin de son cerveau, il saisit l'enveloppe et brisa le sceau pour sortir la lettre de son fils.

Severus,

Je rejoins papa. Je ne veux pas rester toute une semaine près de toi. Soyons honnêtes, c'est mieux pour tous les deux.

Hier tu m'as traité d'idiot encore une fois. Tu m'as rabaissé comme tu le fais toujours ! Je ne suis pas ton précieux Lenox. Je ne suis pas doué en potions, ni même doué tout court. Tu as toujours pensé à moi comme un Gryffondor refoulé et je sais à quel point c'est une insulte venant de toi. Dado au moins, il m'aimait et voulait passer du temps avec moi !

Je suis désolé de ne pas être comme tu le souhaites, de ne pas être comme Len. Aujourd'hui je ne peux plus le supporter et je veux retrouver mon père qui n'aurait jamais dû partir et nous laisser avec toi

Tu sais, j'ai vraiment essayé…

Calum.

Severus froissa le parchemin avec force alors qu'il finissait de lire ces quelques mots. Calum était persuadé qu'il n'était pas aimé et il s'était mis en danger. Évidemment que son geste était absurde, comme un ado perdu en pleine crise identitaire… et lui n'avait pas vu, pas su…

Il redressa la tête et regarda Lenox. Tout était plus simple avec lui. Lenox était doux et n'avait pas besoin de mots pour ressentir, pour exprimer… Il était un peu comme lui, bien que son âme ne soit pas meurtrie et sombre. Il avait grandi entouré d'amour et il était devenu un garçon stable et heureux. Severus était persuadé qu'il aurait lui-même pu être comme ça si seulement…

Calum avait plutôt le tempérament d'Harry. Malgré le fait qu'il soit un Serpentard, il était plus impulsif, moins distant. Il avait aussi supporté plus de choses que son frère durant son enfance, portant chaque poids sur ses épaules pour protéger son jumeau, faisant de lui un être plus émotif et plus sanguin.

Severus avait honte de l'avouer, mais il ne savait pas gérer ce genre de caractère. Il ne savait pas quoi dire, ni faire pour apaiser ce coeur tourmenté. Avec Len c'était plus simple. Il lui proposait de brasser ou il restait à côté de lui sans rien dire, comme un soutien invisible et son fils allait mieux.

Cependant, cela ne voulait pas dire que Lenox était son préféré ! Calum avait cette faculté exceptionnelle de le faire sourire, il était très doué en métamorphose et était bien plus ambitieux que ne l'était son frère. Chacun de ses deux enfants avait ses facultés propres, ses qualités et ses défauts, et Severus éprouvait une affection particulière pour chacun d'eux.

Il se redressa vivement et commença à faire les cent pas tout en énumérant dans sa tête les différentes choses à faire et celles qui avaient la priorité. Le visage fermé, le dos droit, il passait et repassait devant son fils qui commençait à rougir de colère.

« Et c'est tout ce que ça te fais ?! » cracha celui-ci en se relevant pour faire face à son père.

« Que veux tu dire par là ? » demanda Severus d'un ton dangereux.

« Cal est partit et tu ne fais rien ?! Tu ne préviens pas papa ? Les Aurors ? Nos amis ? »

« Len- » commença Severus avant d'être coupé.

« Au fond, Cal avait peut-être raison… J'ai passé mon temps à te défendre, mais en réalité tu t'en fous de nous ! »

« Il suffit ! » cria Severus en saisissant son fils par le col pour rapprocher son visage du sien. « En ce moment-même j'ai l'impression qu'une partie de moi m'a été arrachée, tu m'entends ? J'ai déjà perdu des proches et j'ai été dévasté, mais ce n'était rien comparé à ce que je ressentirais si je devais perdre l'un de vous trois ! »

Le Maître des potions voulut se frapper pour avoir laissé échapper une information aussi ridiculement niaise, ridiculement sentimentale, mais surtout ridiculement vraie. Il relâcha son fils qui semblait avoir été pétrifié par un basilic et essaya de calmer son esprit qui semblait avoir été ravagé par une tornade.

« Alors tu… » commença Lenox, avant d'être coupé.

« Pas maintenant s'il te plaît. Quand je tiendrais ton frère dans mes bras, tu me poseras toutes les questions que tu as envie, » déclara Severus.

Après un acquiescement de son fils, il reprit d'un ton plus froid et presque professoral :

« Nous ne devons pas nous précipiter, mais faire les choses dans l'ordre. Ton frère ne peut pas transplaner et un Portoloin ne lui sera jamais remis sans l'accord d'un parent. Le Magicobus ne peut pas traverser les océans donc les deux seuls moyens que je trouve pour aller aux Etats-Unis c'est l'avion ou les Portoloins illégaux vendus dans l'Allée des embrumes. »

Lenox blanchit franchement à cette annonce.

« Il… Il n'aurait pas fait ça ? Si quelqu'un le reconnait comme étant le fils du Survivant… »

« Malheureusement je ne pense pas qu'il ait choisi l'avion… Il ne connaît que très peu le monde Moldu et n'a aucun papier là-bas. Il n'a pas le droit de faire de la magie donc les sortilèges de confusion pour trouver un vol sont exclus… »

« Que faire ? » demanda Lenox alors que son père réfléchissait à cent à l'heure.

Severus ne répondit pas et se contenta de se précipiter dans son laboratoire. Il revint avec une petite fiole de liquide rouge carmin. Se ruant sur l'étagère qui croulait sous les livres, il chercha quelques secondes avant de saisir un petit carnet à la couverture noire. Il l'ouvrit et chercha frénétiquement dans les pages jusqu'à trouver ce qui l'intéressait.

Sortant sa baguette, il la pointa sur la fiole et récita la longue formule en latin qui fit scintiller brièvement le liquide.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Lenox en s'approchant.

« Le sang de ton frère, » répondit simplement Severus.

« Pardon ? » haleta le jeune homme.

« Tu te souviens quand vous avez été malade tous les deux et que je vous ai forcé à prendre une potion de sommeil ? » demanda Severus tout en faisant le tour de la pièce pour prendre ses étuis à baguette, sa baguette de rechange et des potions. « J'en ai profité pour prendre quelques échantillons de vous deux… En cas de problème, » dit-il calmement.

« C'est illégal… » haleta Lenox.

« Et tu me conduira à Azkaban toi-même si tu le souhaites, mais pas avant que je ne revienne ici avec ton frère, » répondit calmement Severus en se dirigeant vers la porte.

« Et moi, je fais quoi ? »

« Tu restes ici et tu prends les appels par cheminée. Elle est bloquée pour passer mais pas pour les appels. Si tu reçois une demande de rançon, des informations ou des menaces, contact immédiatement les Aurors et ton père. »

« Et si- »

Severus n'entendit pas la suite et claqua la porte de la maison.

Si Calum était partit une heure plus tôt, il pouvait être n'importe où maintenant. Severus supposait qu'il avait fait appel au Magicobus pour aller jusqu'à Gringotts et retirer de l'argent, avant de se rendre dans un magasin insalubre où la création de Portoloins illégaux était monnaie courante.

Pour vérifier sa théorie, Severus fit appel au Magicobus où Stan lui confirma avoir vu le célèbre Calum Potter habillé tout en noir et se rendant sur le Chemin de Traverse. Le Maître des potions ne prit pas le temps de remercier le contrôleur avant de transplaner devant Gringotts. Il n'essaya pas d'entrer dans la banque, sachant que les Gobelins ne révéleraient rien de ce qu'ils savaient. Ces créatures étaient des tombes, même si leur client était un mineur en danger.

Severus se dirigea donc vers l'Allée des embrumes, tenant fermement dans sa main gauche la petite fiole de sang qui se mettrait à chauffer si Calum se trouvait à proximité. Caché dans les plis de sa robe noire, sa main droite tenait sa baguette, prêt à lancer un sort dans la seconde même en cas de danger. Lui non plus n'était plus le bienvenue dans les recoins sombres de cet endroit depuis que son statut d'espion avait été révélé, mais ça ne l'empêchait pas d'y venir lorsqu'il avait besoin d'un ingrédient douteux.

Alors qu'il tournait à un coin de rue où les maisons environnantes étaient dans un état déplorable, Severus sentit avec soulagement la fiole se mettre à chauffer. Il n'eut pas à marcher longtemps avant de débouler dans une impasse. La vue qui l'y accueillit lui arracha le cœur.

Calum était au sol et semblait avoir du mal à respirer alors que son souffle laborieux était coincé entre la toux et les sanglots. Il tentait désespérément de ramper pour s'éloigner de ses malfaiteurs qui, au nombre de cinq, riaient joyeusement tout en regardant l'un d'eux mettre un coup de pied au garçon. Selon toute vraisemblance, ce n'était pas le premier qu'il recevait car il avait le nez en sang, un œil gonflé et la lèvre fendue. Certains de ses doigts semblaient cassés et son bras était entaillé.

« Tu croyais vraiment qu'il suffisait de mettre une capuche pour que personne ne te reconnaisse Potter ?! » ricana l'un des hommes. « Mon petit frère est mort à cause de ton père et ça, c'est pour lui, » dit-il en mettant un nouveau coup de pied au jeune homme.

« Et si on ressayait le doloris ? » demanda l'un des hommes que Severus reconnu comme un ancien Mangemort qui avait réussi à convaincre le Magenmagot de son innocence, non sans perdre des plumes dans la bataille, se retrouvant à la rue peu de temps après.

À la mention du doloris, Severus sortit de sa stupeur et il sentit une chose qu'il n'avait encore jamais ressentie : le pouvoir. Une quantité importante de magie sortit de son corps pour danser violemment autour de lui. Il se sentit invincible l'espace d'un instant. Il ne savait pas ce qui se passait car même pendant le combat le plus périlleux de sa vie, celui de la défaite du Seigneur des Ténèbres, il n'avait pas ressenti autant de puissance.

Il s'approcha à grands pas de la scène d'horreur qu'il avait surprise. Sa cape flottait autour de lui, ses cheveux étaient secoué par un vent magique et ses yeux noirs brûlaient de férocité. Les hommes se retournèrent et furent choqués par cette apparition presque irréaliste.

« Vous ne toucherez pas à un cheveux de plus de mon fils, » hurla Severus alors qu'il levait sa baguette.

En un seul mouvement, deux des hommes furent mis hors jeux, évanouis sans avoir eu une seule chance de se défendre. Les trois autres essayèrent bien de parer, riposter, fuir, mais ils ne firent face qu'à de cuisants échecs sous la colère d'un père puissant.

En quelques minutes, ils furent tous assommés et ligotés dans un coin alors que Severus, dont la magie se calmait un peu, se précipitait vers son fils.

« Papa… » murmura Calum.

« Ce n'est pas Harry, » répondit Severus le cœur serré en prenant son enfant dans ses bras.

« Je sais… » souffla Calum avant de tomber évanoui.

Severus eut l'impression qu'un bol de miel tiède avait coulé sur son cœur pour l'enrober complètement. C'était encore une sensation qu'il ne connaissait pas et c'était la plus douce qu'il n'ait jamais rencontré. Mettant tout cela de côté pour le moment, Severus sortit des potions de ses poches et commença à soigner son fils.

Calum n'avait pas autant de blessure qu'il ne l'avait imaginé. Son calvaire n'avait pas duré longtemps mais les coups avaient été violents. Cependant, rien d'irréversible heureusement. Severus lui apporta tous les soins dont il avait besoin et Calum fut plongé dans un sommeil profond. Après avoir invoqué une civière pour le jeune homme, le Maître des potions se redressa. Il ne pouvait pas laisser ces cinq hommes comme ça… Il ne voulait pas appeler les Aurors qui causeraient peut-être des problèmes à Harry, sans compter que l'affaire serait très certainement dans presse. Et même s'il avait très envie de les tuer purement et simplement, il ne pouvait pas. Il irait à Azkaban pour ça et il ne pouvait pas abandonner sa famille.

L'aura de puissance flottait toujours autour de lui, bien que moins intense et Severus sentit un sourire totalement malsain s'étaler sur ses lèvres.

Gardant une main sur le torse de son fils pour sentir son souffle rassurant, Severus leva sa baguette et la dirigea vers l'homme le plus près pour le soulever et le plaquer contre le mur sans aucune douceur. Il fit apparaître les chaînes qui l'épunglèrent là et, d'une seule poussée de cette magie stagnante, se propulsa dans l'esprit du criminel.

En quelques secondes, il vit tout ce qu'il avait besoin de voir. Des menus larcins jusqu'au gros trafic, il vit tout ce que l'homme avait fait de mal dans sa vie.

Severus sourit à nouveau et grava de sa baguette, dans le mur de béton avec des lettres élégantes :

Patrick Seewy, 22 rue de la Mandragore, Pré-au-Lard.

Jamais payé d'impôts malgré une importante fortune.

Bat sa femme et ses enfants chaque soir.

A volé mille quatre cent cinquante gallions à Igor Vadvick.

Agression sur une vingtaine de jeunes femmes.

Aime regarder par la serrure de la porte de la chambre de Magalie, sept ans.

Avec un grognement de dégoût, Severus le réveilla et lui apposa un sort de silence. Pendant environ cinq minutes, il attacha chacun de ces hommes et grava leurs péchés dans le béton sous les yeux écarquillés et implorants de ceux qui avaient déjà été réveillés. L'impasse était murée de chaque côté donc ils pouvaient tous se voir et lire les fautes des autres, découvrant parfois que ces fautes les touchaient personnellement. Il effaça ensuite leurs souvenirs des deux dernières heures.

Lorsque Severus eut fini il grava sur le sol ces quelques mots : Ici un père a vengé son fils.

Satisfait, il jeta un dernier regard noir aux hommes qui avaient osé toucher à l'un de ses précieux enfants et saisit la civière, disparaissant dans un nuage de fumée noire. Ces hommes ne passeraient sans doute jamais par le tribunal, ils allaient être chatiés par leurs semblables au fin fond de cette allée sordide.

Lorsqu'il atterrit, il vit Lenox se jeter sur son frère, les larmes au bord des yeux.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda-t-il précipitamment. « Comment va-t-il ? »

« Il ira bien, » répondit calmement Severus. « Il était en effet dans l'Allée des embrumes, il a été attiré dans une impasse et frappé, mais je suis arrivé à temps… »

« Par Merlin… » souffla Lenox en prenant la main de son frère. « Je t'avais dit de ne pas partir… » murmura-t-il ensuite.

« D'ailleurs, » intervint Severus. « Pourquoi n'es-tu pas parti avec lui ? Vous faites toujours tout ensemble. »

« On s'est disputé… » avoua Lenox la tête basse.

« À quel sujet ? »

« Toi… Il m'a dit que tu ne nous aimais pas et je lui ai dit qu'il avait tort… De là, nous avions chacun nos arguments mais aucun des deux ne voulait écouter l'autre. »

« Je vois… » souffla Severus. « Il semblerait que j'ai beaucoup de choses à régler… »

« Nous ne voulons pas te mettre dans une mauvaise position, » expliqua Lenox. « Je sais que tu ne parles pas de tes sentiments. Tu préfères faire preuve d'écoute. Et tu sais que ça me va très bien, mais… Pour papa et Cal, c'est différent… »

« Comment ? »

« Ils ont des faiblesses tout comme nous, mais au lieu de les cacher comme nous le faisons, ils les combattent en permanence. »

« Je ne comprends pas… » déclara franchement Severus, les yeux plongé dans ceux de son fils.

« Sais-tu que la plus grande peur de Cal, c'est les équidés ? »

« Pardon ? » s'exclama Severus « Non c'est faux ! Nous sommes allés faire du cheval tous les quatre il y a quelques mois. »

« C'est bien ce que je veux te dire ! Si j'avais eu peur des chevaux, j'aurais refusé d'y aller, prétextant que j'étais malade, que j'avais des devoirs ou n'importe quoi d'autre qui aurait pu cacher ma phobie. Calum a dit oui, il est monté sur le plus grand cheval qu'il a trouvé et a passé une journée horrible. »

« Gryffondor idiot… » marmonna Severus.

« Arrête de l'insulter, » cracha Lenox. « Il n'est peut-être pas comme toi et moi mais il est comme papa ! Et cette façon d'être le rempli de doutes et d'incertitudes, tout comme papa. »

« Ton père est sûr de lui, » gronda Severus en fronçant les sourcils face au ton employé par son fils. « Il a toujours été stupidement courageux. »

« Courageux ne veut pas dire inconscient du danger ! » s'énerva Lenox en faisant face à son père, tenant toujours fermement la main de Calum dans la sienne. « Tu sais quel est la plus grande peur de papa ? »

« Je suppose que que c'est la renaissance du Seigneur des Ténèbres. »

« D'être abandonné ! »

« Pardon ? »

« Papa a perdu ses parents très jeune, puis son parrain et toi quand nous avons été conçu. Même si je n'ai pas les détails de cette histoire, Merlin merci, je sais que tu l'as rejeté et que ça l'a fait souffrir. Et ensuite Dado… Il a perdu toutes les personnes auxquelles il tenait et il a une peur panique que ça recommence. Pourtant il continue de s'attacher à différentes personnes… Toujours… »

Le silence s'installa autour d'eux, brisé seulement pas la respiration profonde et un peu sifflante de Calum. Severus avait du mal à savoir quoi penser de cette histoire. Il pensait qu'Harry était simplement l'homme parfait qui ne demandait ni engagement, ni preuve de quoi que ce soit…

Il fut coupé dans ses réflexions par Lenox.

« Franchement Severus… Tu es censé être le prince des Serpentards et pourtant, je le suis plus que toi actuellement… Tu es aussi buté et borné qu'un Gryffondor. »

Severus écarquilla les yeux et voulut rétorquer comme il savait si bien le faire, mais fut devancé par son fils :

« Où est le Serpentard stratège qui sait si bien analyser ? Celui qui réussit chaque potion grâce sa minutie et son raisonnement logique ? Celui qui pourrait voir que ses enfants et son compagnon souffrent de son comportement… » souffla Lenox.

Le Maître des potions regarda son fils. Il avait tellement grandi, sans même qu'il ne s'en rende compte. Lenox était presque un adulte maintenant et il raisonnait comme un adulte. Il avait vu ce que Severus n'avait pas vu, ou n'avait pas voulu voir.

« Je crois… » murmura-t-il. « Que dès que je suis près d'un Potter, mon bon sens et mes qualités me quittent… »

Il allait ajouter quelque chose lorsqu'un bruit de gorge attira son attention vers Calum. Il baissa les yeux pour voir son fils ouvrir lentement les siens. Aussitôt, il attrapa la main que Lenox ne tenait pas et se pencha pour être à sa hauteur.

« Comment vas-tu Cal ? » souffla-t-il.

« Tu m'as sauvé… » répondit Calum en regardant dans les yeux noirs, si semblables à ceux de son frère.

« Évidemment idi- » commença Severus, avant de se reprendre. « Evidemment Calum, » continua-t-il doucement.

« Tu es mon père… » murmura l'adolescent, les yeux légèrement écarquillés, comme si cette simple phrase lui faisait réaliser à quel point c'était exact.

« Je suis ton père, » répondit Severus, relevant le haut de ses lèvres dans un sourire discret. « Et n'ose plus jamais prétendre que je ne me préoccupe pas de toi. Ce n'est pas parce que je suis incompétent à parler avec mon coeur que je n'ai pas réussi à vous y faire entrer. »

Il y eut un silence pesant avant que Severus ne s'exclame :

« Je vous aime tous les trois par Merlin, mais ne me forcez pas à le répéter trop souvent ! Je ne suis pas aussi démonstratif… »

« Pourquoi fais-tu souffrir papa alors ? » demanda Calum un peu groggy et les yeux embués de larmes.

« Je… »

Severus ne sut pas quoi répondre à cette question. Il ne faisait évidemment pas exprès de faire souffrir Harry. Il avait pensé que partager ses soirées et sa couche avec son compagnon serait plus que suffisant pour prouver le réel attachement qu'il avait pour lui. Apparemment ce n'était pas le cas et Harry en souffrait. C'était certainement justifié vu la façon dont les choses avaient fini avant même d'avoir commencé, des années auparavant.

Une expression déterminé sur le visage, Severus lâcha la main de son fils et se dirigea vers la chambre qu'il partageait avec son compagnon. Il alla vers la table de chevet et fouilla dans le tiroire encombré de parchemins, photos et de ses lunettes de lecture. Tout au fond, il récupéra un petit écrin noir, acheté quelques années auparavant. Se dirigeant à nouveau vers ses enfants qui murmuraient dans le salon, il ouvrit la petite boîte pour laisser apparaître une bague en or blanc, sertie d'une émeraude étincelante et caressa la pierre du bout des doigts.

Lorsqu'il arriva devant le brancard flottant de son fils, il jeta la boîte ouverte sur le torse de Calum et eu le plaisir de voir les jumeaux avec une expression de choc similaire.

« Serait-ce suffisant pour calmer les angoisses de votre père ? » dit-il avec un sourire suffisant.

« Quand… » commença Lenox sans pouvoir continuer, la gorge serrée d'émotion.

« Je l'ai achetée le jour où nous avons emménagé tous les quatre dans cette maison, » répondit Severus. « Je pensais voir comment les choses se passeraient et ensuite… Ça fait plus de cinq ans maintenant et je ne me suis pas rendu compte du temps qui passait, ni du chagrin que j'ai pu causer par mon inaptitude à m'engager. »

« Mais alo- » commença Lenox avant d'être coupé par une sorte d'explosion au milieu du salon.

Severus se précipita devant ses enfants pour les protéger mais fut bien vite poussé par une tornade brune aux yeux verts qui se précipita sur Calum.

« Qu'est-ce que tu as ?! Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Harry en touchant frénétiquement le visage de son fils.

« Tout va bien papa… » gémit Calum en essayant de se débarrasser des mains envahissantes de son père.

Severus, après avoir récupéré discrètement l'écrin pour le mettre dans sa poche, se tourna vers Lenox pour essayer de comprendre comment Harry avait appris la nouvelle.

« C'est Len qui a appelé au bureau, » répondit Harry en se redressant pour regarder Severus. « Il a dit à la secrétaire que Cal avait fugué et que tu étais parti à sa recherche. Elle a mis du temps à me joindre mais je suis arrivé dès que j'ai su. »

« D'ailleurs, comment as-tu fais pour venir aussi vite ? »

« J'ai transplané dès que j'ai eu le message. »

« Des Etat-Unis ? » demanda Severus les sourcils froncés, se demandant comme c'était possible.

« Evidemment ! Mon fils a fugué je n'allais pas prendre l'avion pour plusieurs heures de vol ! » cracha Harry.

Severus leva les yeux au ciel, la main toujours fermée sur le petit écrin. Il commença les explications sur le départ de Calum, la situation dans laquelle il l'avait ensuite trouvé, et la punition infligé aux agresseurs. Il fallut de longues minutes pour calmer un Harry Potter furieux…

.oOo.

Le Maître des potions était fébrile alors qu'il regardait son compagnon sur le ponton, faire des ricochets dans l'eau du lac après une promenade. Ils étaient sortis du travail assez tôt pour s'octroyer un moment rien que tous les deux. Le soleil se couchait à présent et le ciel était zébré de couleurs vives qui se reflétaient sur sa peau satiné.

Harry était devenu plus beau ces dernières années, sans même que Severus ne s'en aperçoive. Depuis la discussion avec ses fils, Severus avait fait plus attention à Harry, à ses regards, à ses gestes, à tout ce qu'il ne disait pas. Il avait effectivement remarqué que le Gryffondor semblait avoir peur de perdre son compagnon, ses enfants, ses proches… Alors, Severus s'était montré plus présent, il avait essayé de lui murmurer des paroles douces, d'avoir des petites attentions quotidiennes.

Et cela avait marché.

Depuis quelques temps maintenant, Harry semblait plus détendu, plus heureux. Il avait les épaules relâchées et souriait plus facilement. Severus s'était promis de ne plus jamais se reposer sur ses acquis et de faire en sorte qu'Harry sache à quel point il l'aimait - même s'il ne le lui disait pas.

C'était pour cette raison que Severus était là, regardant la silhouette de Harry qui racontait joyeusement sa journée en lançant des petits cailloux plats. Cependant, le Serpentard n'écoutait pas vraiment. Il avait les doigts refermés sur un petit écrin de velour noir tandis qu'il s'approchait de son amant et priait pour que tout se passe selon ses plans.

Mais avec Harry Potter, jamais rien ne se passait selon ses plans.

Alors qu'il arrivait silencieusement derrière lui, il posa une main sur l'épaule de son compagnon pour l'inciter à se retourner. Il n'avait pas prévu de lui faire peur à ce moment là, ni qu'Harry sursauterait vivement et glisserait sur le ponton mouillé. Il ne pensait pas qu'en tombant, Harry s'accrocherait à lui et les précipiterait tous les deux dans l'eau froide du lac. Il n'aurait pas imaginé que la bague de fiancaille prévue pour son amant lui échapperait des mains et plongerait profondément dans l'eau.

Alors qu'il sortait la tête de le surface, Severus savait qu'en plusieurs centaines d'année, il n'aurait pu prévoir une telle chose. Il n'aurait pas non plus pensé qu'Harry pouvait être si beau en cet instant même, mouillé et essayant de ne pas rire. Il n'aurait d'ailleurs pas imaginé que l'écrin noir, ouvert et mouillé, remonterait à la surface entre leur deux corps à ce moment précis dans un doux clapoti.

Et pourtant…

Blop.

FIN


Voilà, je suis heureuse que ce soit fini ! J'ai beaucoup aimé écrire cette histoire et malgré sa tristesse, j'espère qu'elle vous a plu !

Je ne sais pas du tout quand je vais poster ensuite… Peut-être "Vampire pour le meilleur" ou Morphée ou Snape Family si j'arrive à la finir.

Bref, de belles perspectives. Merci pour vos avis et vos encouragements !

Epsi.