Je n'avais plus beaucoup de temps pour les fanfictions ces temps-ci, et alors que je bossais sur la traduction de It's my life pour rattraper mon retard, cette idée m'a traversée l'esprit. Impossible de travailler sur ma traduction, donc j'ai écrit ces quelques lignes. Habituellement, je ne suis pas une amatrice d'OS, que ce soit en tant que lectrice ou en tant qu'auteure, mais j'ai soudainement eu cette idée et je n'ai plus pu m'en détacher. Je ne sais pas quand j'aurai le temps de faire tous les patronus corporels canons que j'ai listés, mais j'ai déjà pas mal d'idées pour chaque personnage et je me suis beaucoup amusée à écrire ce premier OS, même s'il n'y a pas d'histoire à proprement parler.
Je vais imaginer ici le moment qu'ont choisi certains personnages (ceux dont le patronus est canon) pour invoquer leur tout premier patronus corporel. Bien sûr, ils ont ensuite continué à vivre et à évoluer et ont donc pu choisir un autre souvenir.
« Le Patronus […] représente une force positive, une projection de tout ce qui sert de nourriture aux Détraqueurs – l'espoir, le bonheur, le désir de vivre […] »
Remus Lupin - Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, JK Rowling, chapitre 12
À quoi pense Luna Lovegood pour invoquer son lièvre? Que s'imagine Harry Potter pour faire apparaître son cerf? De quoi se souvient Remus Lupin pour appeler son loup?
Recueil d'OS sur les souvenirs utilisés lors de la première création d'un patronus corporel.
La belette d'Arthur Weasley
« Des chevelures rousses, un vieux fauteuil bancal, une odeur de gâteau en train de cuire, des rires », songea Arthur Weasley.
Décembre 1985
Il neigeait ce soir-là et le Terrier semblait encore plus coupé du monde qu'il ne l'était d'habitude. Le temps semblait comme suspendu. Le jardin était recouvert d'une épaisse couche de poudreuse que même les gnomes n'avaient pas osé souiller.
Arthur était assis au coin du feu dans son fauteuil préféré, celui qui menaçait de s'écrouler dès que quelqu'un s'y installait. Un ressort commençait à s'échapper d'un des accoudoirs, mais pour rien au monde il ne se serait débarrassé de ce siège. En face de lui, Percy lisait sagement un manuel de métamorphose. Il était rentré pour les vacances, accompagné par Bill et Charlie.
Il entendait les hurlements horrifiés de Ron à l'étage et les rires des jumeaux. Fred et George devaient sans doute menacer de transformer à nouveau son ours en peluche en araignée. Des bruits de casseroles entrechoquées venaient de la cuisine. Molly préparait le dîner. Il se demanda un instant où étaient passés ses deux aînés et sa cadette, puis il haussa les épaules et se replongea dans son catalogue de bricolage moldu, le chapitre sur l'électricité était absolument fascinant. Des prises, des fusibles, des interrupteurs, des disjoncteurs… Ces moldus étaient si ingénieux !
« À table ! »
Le cri de Molly déclencha une véritable cavalcade aux quatre coins de la maison. Un bruit de chute se fit entendre, suivi par des pleurs. Les sanglots se calmèrent rapidement et Charlie pénétra dans la cuisine tout en consolant une Ginny aux joues humides qu'il tenait dans les bras.
« Regarde les oiseaux, ils ont bien du mal à tenir sur leurs pattes et à marcher, mais eux, ils peuvent voler. Un jour, toi aussi tu voleras. »
Rapidement, la cuisine fut envahie de têtes rousses. Toutes semblaient ravies de découvrir la douce odeur de gâteau en train de cuire qui flottait dans la pièce. Une fois tout le monde installé à table dans un brouhaha de rires et de taquineries, Arthur laissa son esprit divaguer en observant d'un oeil attendri sa petite famille.
Il y avait Bill. L'aîné, celui qui veillait sur ses cadets et voulait donner l'exemple. Mais sous ses airs de frère attentionné et de fils dévoué, on pouvait deviner qu'il n'attendait qu'une chose : prendre son envol, sortir de ce carcan d'enfant modèle que ses parents lui avaient bien malgré eux imposé. Et Arthur n'attendait que ça. Que Bill se rebelle et soit lui-même, sans se soucier de montrer le droit chemin à ses frères et soeur.
Il y avait Charlie. L'intrépide, celui qui volait comme il respirait et que tout ce qui était dangereux attirait. Sans doute étouffé par une famille qui pouvait parfois se révéler envahissante, il était épris de liberté. Indépendant, mais pas indifférent, il trouvait toujours les mots justes pour réconforter les autres petits Weasley.
Il y avait Percy. Le raisonnable, celui qui voulait être irréprochable et rendre ses parents fiers. Rien n'était jamais assez parfait pour lui, il voulait toujours faire mieux. Il ne se rendait pas compte qu'ils étaient déjà fiers de lui. Qu'il avait le droit d'être différent et qu'il avait, et aurait toujours, sa place dans la famille, malgré ses différences. Et même grâce à ses différences.
Il y avait Fred et George, George et Fred, Gred et Feorge. Les indissociables, ceux qui semblaient s'être donné pour mission de faire rire le monde. Ils étaient complémentaires, mais pas interchangeables. Ils aimaient l'idée que personne ne pouvait les différencier et toute la famille jouait le jeu. Mais Fred était le plus désinvolte, le plus exubérant et le plus impulsif, alors que George était le plus réfléchi, le plus inventif et le plus susceptible. Les différences étaient subtiles. Pour le premier venu, les jumeaux étaient aussi facétieux l'un que l'autre, mais Arthur voyait au-delà des apparences.
Il y avait Ron. L'admiratif, celui qui voulait être aussi attentionné que Bill, aussi intrépide que Charlie, aussi raisonnable que Percy, aussi désinvolte que Fred, aussi inventif que George. Il lui faudrait sans doute encore quelques années pour se trouver et cesser de se comparer à ses frères, mais il allait être un garçon loyal et courageux. Arthur en était persuadé.
Enfin, il y avait Ginny. La discrète, celle qui, en tant que seule fille, avait une place à part dans la famille et qui devait affronter les espiègleries de six frères. Encore maladroite et timide, on pouvait déjà voir émerger chez elle une force de caractère et une vivacité exceptionnelles.
Et puis, il y avait Molly, sa femme. La femme. La femme de sa vie. À chaque fois que Molly lui souriait, Arthur avait l'impression d'avoir de nouveau seize ans et de la revoir parcourir les couloirs de Poudlard, répandant sa douceur et sa joie de vivre. Elle était la meilleure amie, celle qui le comprenait mieux que personne. Elle était l'amante, celle qui suscitait toujours une vague de désir en lui, même après toutes ces années. Elle était la confidente, celle à qui il pouvait tout dire. Elle était le guide, celle qui inspirait chacune de ses actions. Elle était la conscience, celle qui le mettait face à ses défauts et ses fautes.
Bien sûr, Arthur ne roulait pas sur l'or, mais il avait Bill, Charlie, Percy, Fred, George, Ron et Ginny. Il avait Molly. Il avait une maison chaleureuse dont chaque recoin débordait d'anecdotes, de rires et de tendresse. Il avait sa collection de prises électriques moldues. Ce sentiment constant d'angoisse qui l'avait étouffé pendant la montée en puissance de Celui-dont-on-ne-doit-pas-pronnoncer-le-nom avait enfin disparu. Sa famille était en sécurité.
Ce soir-là, il réalisa qu'il avait tout ce qu'il désirait. Arthur Weasley était un homme heureux.
Nous ne savons pas à quel moment Arthur Weasley a créé son premier patronus corporel. Je me suis dit qu'il avait réussi ce sort pour la première fois avant la deuxième guerre (donc aux alentours de la cinquième année de Harry) car, pour moi, il ne s'est pas réellement battu pendant la première guerre à cause de ses enfants, même s'il faisait partie de la résistance.
