Bienvenue sur cette nouvelle fanfiction, un Stackson, cette fois-ci !
Cette fanfiction a été inspirée par un drabble proposé par jacksonstilinskis sur Tumblr. Je vous recommande chaudement son blog et ses écrits ! jacksonstilinskis m'a aimablement donné l'autorisation d'écrire une fanfiction basée sur son histoire. Thank you, you're adorable! Je vous poste ici l'histoire originale en anglais - attention, spoiler sur des événements des trois prochains chapitres ! Evitez de lire si vous ne souhaitez pas être spoilés ! :)
ok, but listen
one night jackson and his parents get in this huge fight, and they've never really gotten along, but this is different. because usually it's just silence and completely ignoring each others' existence, but now they're all screaming, until finally his dad tells him to get the hell out of his house.
jackson resolutely doesn't cry. not until after he's packed a bag, gotten in his car, and started driving with absolutely no idea where he's going.
they cut off all his credit cards, his bank account, everything, so all he has left is his porsche, the cash in his wallet, and the clothes sitting next to him in the passenger seat.
he's way too proud to go to anyone for help, even danny, so he sleeps in his car. he cries himself to sleep every night, but he walks into school every morning like nothing's changed. he's gotten good at faking it over the years.
he drives out to the preserve at night, because it's nice and secluded, so he figures no one will find him there.
but, of course, stiles does. it's only been a few days when jackson sees the jeep pull up and stiles climb out, hesitating for a moment before tapping on jackson's window.
he doesn't say anything. he doesn't have to. stiles is smart, so he puts it together in a matter of seconds. he tells jackson to follow him home, and honestly, jackson just doesn't have the energy to argue with him.
they don't talk about it, but stiles takes jackson up to his room, puts all the clothes from his duffel bag into a drawer in his dresser, and that's that.
they're sitting on the couch watching tv when jackson starts crying, right on schedule. stiles glances over at him for a second, unsure of what to do, and then tentatively takes jackson's hand and laces their fingers together, all the while avoiding eye contact.
it should be awkward, and jackson should push him away. but it's not, and he doesn't.
/!\ Cette histoire comporte des personnages qui prononcent des propos homophobes et biphobes. Cette histoire met également en scène un personnage mis à la rue par ses parents. Ce personnage est sensible émotionnellement et sujet à la dépression. Si ces sujets sont sensibles pour vous, je vous conseille d'éviter la lecture de cette fanfiction.
L'idée originale ne m'appartient pas, elle est la propriété de jacksonstilinskis qui me l'a gentiment prêtée afin que je puisse écrire ma propre histoire. Merci à elle !
Teen Wolf ne m'appartient pas non plus, elle est la propriété de Jeff Davies !
Le titre de cette histoire est inspiré de la chanson Drown par Bring Me The Horizon.
Les citations en début de chapitre ne sont pas à moi non plus, mais à leur auteur. En revanche, les traductions de ces citations sont mon oeuvre.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! J'espère que cela vous plaira, et n'oubliez pas de laisser une petite review !
QUI VA ME RÉPARER, MAINTENANT ?
CHAPITRE 1
Some people live in cages with bars built from their own fears and doubts.
Some people live in cages with bars built from other people's fears and doubts;
their parents, their friends, their brothers and sisters, their families.
Certaines personnes vivent dans des cages dont les barreaux sont faits de leurs propres peurs et de leurs propres doutes.
Certaines personnes vivent dans des cages dont les barreaux sont faits des peurs et des doutes d'autres personnes :
leur parents, leurs amis, leurs frères et sœurs, leur famille.
C. Joybell
─ Il faut qu'on parle.
La voix claqua, sèche et menaçante, à l'instant même où Jackson Whittemore, de retour d'une soirée entre potes avec Danny, franchit le pas de la maison où il habitait, à Beacon Hills.
Sa gorge se serra et il ne put s'empêcher de se figer, retenant sa respiration.
Il haïssait lorsque son père prenait ce ton pour lui parler. En fait, il le redoutait plus que n'importe quoi d'autre au monde.
Jackson ferma les yeux brièvement et referma la porte derrière lui. Ça ne servirait à rien de faire attendre son père – plus il attendrait et plus il serait furieux, et de toute façon, Jackson devrait bien l'affronter à un moment ou à un autre. Il se dirigea lentement vers le salon, l'esprit tournant à toute vitesse. Qu'est-ce que son père pouvait bien lui reprocher ? Cela faisait des années qu'il n'avait pas entendu ce ton, des années qu'il s'était appliqué à être parfait et exemplaire en toutes circonstances, dans la terreur d'entendre encore ces mots – Tu m'as terriblement déçu, Jackson. Peut-être que c'était une erreur.
A la minute où il pénétra dans le salon, cependant, Jackson sut que cette fois-ci était bien, bien plus terrible que les autres fois.
Son père le regardait avec fureur et dégoût. Sa mère était là également, une rareté – généralement, elle restait dans leur chambre à se lamenter d'avoir un fils qui n'était pas ce qu'elle voulait qu'il soit. Jackson dut faire un effort pour respirer calmement et pour empêcher sa tête de tourner.
─ Assieds-toi, dit sèchement son père. (Une fois que Jackson se fût exécuté, il croisa les bras et leva le menton, désapprobateur.) Je travaille sur une nouvelle affaire.
─ Oh. C'est super, Papa, dit Jackson en faisant un effort pour sourire d'un air fier et heureux, parce que c'était ce qu'on attendait de lui, non ?
Mais cela n'eut pas l'air de convenir, car David Whittemore fronça le nez et Genevieve Whittemore détourna le regard, les yeux rouges. Oh-oh.
─ Je travaille sur des dégradations qui ont été faites dans une maison à Roseville, la semaine dernière, durant une soirée où se trouvaient des jeunes un peu alcoolisés, et également drogués.
Jackson sentit le soulagement l'envahir. Si ce n'était que ça, il pouvait calmer son père. Il pouvait lui assurer qu'il n'était pas là au moment des dégradations, qu'il n'était pas responsable et qu'il ne s'était pas drogué non plus. Il pouvait le faire. Ce n'était que ça.
─ Vraiment ? répondit-il. Je ne savais pas. Je suis allé à cette soirée mais franchement, c'était ennuyeux à mourir. Je suis vite revenu. J'ignorais qu'ils av…
─ Ça suffit ! coupa son père avec agressivité, le prenant au dépourvu. Le problème n'est pas là. J'ai dû regarder les photos de la soirée pour reconstituer les faits.
Le cœur de Jackson s'arrêta de battre. Non. Non non non non non.
David Whittemore se pencha en avant, les narines frémissantes de rage, et jeta une photo à Jackson.
─ J'attends des explications ! tonna-t-il.
Jackson savait ce qu'était la photo avant même de la regarder. Il savait. Il savait. Il s'était rendu à cette soirée parce qu'elle se situait à deux villes de Beacon Hills, parce qu'il n'y connaissait personne, et qu'il pourrait s'amuser un peu sans que personne ne le sache. Il ne savait pas que des photos avaient été prises.
Le cœur battant et la respiration coupée, il jeta un coup d'œil au cliché. Lui. En train d'embrasser un garçon.
─ Jackson, dis-moi la vérité, supplia sa mère. Jackson, est-ce que ce garçon t'a forcé ? Est-ce qu'il t'a agressé ? Est-ce qu'il t'a…
Les yeux de Jackson firent des allers-retours entre sa mère et la photographie, paniqué. Il voyait déjà ce qui se profilait : un procès envers Chris, 16 ans, nageur dans l'équipe de son lycée à San Francisco (c'était tout ce que Jackson savait de lui), pour une agression et un viol qui n'avaient pas eu lieu, et une condamnation, et une vie ruinée, parce que le fils parfait des Whittemore ne pouvait pas être… parce qu'il n'était pas envisageable que Jackson soit…
─ Tu peux nous le dire, Jackson ! plaida sa mère. Ton père et moi, nous comprenons que ce ne soit pas facile… Mais il n'y a pas de honte à avoir ! Ce garçon t'a agressé… tu sais bien comment sont ces homosexuels, quand ils repèrent un joli garçon…
─ Non ! s'exclama-t-il, terrorisé. Non, je te promets que non ! Il ne m'a pas forcé, je te le jure !
─ Dis-le-nous, Jackson, je t'en prie, ne nous mens pas, dit Genevieve avec une expression qui se voulait compatissante sur le visage. Il sera puni ! Ton père s'en chargera… Nous savons bien que tu ne fais pas partie de ces gens…
─ Non ! Non ! protesta-t-il alors que les images défilaient encore plus vite dans sa tête, de Chris, les menottes aux poignets, et la prison, et la combinaison orange… Il ne m'a pas forcé ! J'étais consentant !
Sa mère cligna des yeux, choquée. Puis elle se recula, dévisageant Jackson avec horreur. Puis elle se tourna vers son mari, les larmes aux yeux.
─ Je n'arrive pas y croire, lâcha David d'une voix glaciale. Je n'arrive pas à y croire.
─ Oh, David, comment est-ce possible ? gémit Genevieve. On avait pourtant tout bien fait comme il faut !
─ C'est comme ça que tu nous remercies ? hurla soudainement David. C'est comme ça ? Nous t'avons adopté, nourri, logé, on t'a entretenu, élevé, on a dépensé de l'argent et du temps pour toi, et c'est comme ça que tu nous remercies ?
Jackson ne put s'empêcher de reculer, effrayé. Son père paraissait à deux doigts de casser quelque chose. Jackson ne l'avait jamais vu ainsi, rouge écarlate, haletant, une veine battant sur son front, et il était terrorisé.
─ Je… je n'ai pas c-choisi, balbutia-t-il. Je… c'est juste arrivé…
─ Non ! Mon fils est une tapette mais il n'a pas choisi !
─ Ce doit être ce garçon, intervint Genevieve, en larmes. Danny. Il a dû le convertir…
─ Je n'aurais jamais dû admettre que tu fréquentes ce garçon, grogna David. Ce Mahealani ! Il l'a contaminé, Ginny, il l'a contaminé !
─ M-mais vous avez toujours b-bien aimé Danny, protesta Jackson, stupéfait.
Jamais ils n'avaient pensé du mal de Danny ! Jamais ils n'avaient eu l'air de penser que l'homosexualité se contaminait non plus ! Jamais !
─ Je pensais que ce n'était qu'une phase de rébellion, tu comprends, gémit Genevieve.
Mais elle s'adressait à son mari, pas à Jackson. A croire que Jackson n'existait plus. A croire qu'il était mort à ses yeux. Jackson eut l'impression qu'on venait de le frapper; il n'arrivait plus à respirer.
─ Moi aussi, mais apparemment, ce n'est pas le cas, grogna son père. Quand je pense que nous avons élevé un homo… et on ne s'en était jamais aperçus... Comment je n'ai pas pu voir qu'il était anormal ?
─ On avait tout fait pour qu'il soit normal ! geignit sa mère. Un grand garçon, un sportif… Il n'en a pas l'air, pourtant, regarde ! Il n'est pas… enfin, tu vois…
─ La décadence… marmonnait son mari. Un sodomite… Dégénéré… Pas normal… Répugnant, répugnant… Cette société qui accepte n'importe quoi… ça élève nos enfants pour les changer en anormaux…
Genevieve parut soudain frappée par une idée.
─ Mais Jackson, tu ne peux pas être homosexuel ! s'exclama-t-elle avec l'air ravi et inspiré du scientifique qui vient de découvrir une théorie absolument extraordinaire. Tu es sorti avec Lydia ! Et tu étais amoureux de Lydia, pas vrai ? (Elle se tourna vers David en bondissant presque de joie.) David, ce n'était peut-être qu'un essai ! Tu sais, les ados, ça en fait souvent… ça peut arriver… Et maintenant, Jackson a réalisé qu'il n'était pas comme Danny, hein ? Hein, Jackson ? Tu n'es pas homosexuel, parce que tu aimes Lydia, hein ?
Jackson avait dorénavant l'impression d'observer la scène de loin, de très loin, comme s'il était sorti de son corps et n'était plus qu'un spectateur lambda devant sa télé. Ça n'était pas réel, songeait-il distraitement. Ça n'était qu'un réel. Une vue de l'esprit. Il sentait indistinctement son cœur qui battait douloureusement dans sa poitrine, et ses mains qui tremblaient, et ses intestins contractés, et le goût de vomi sur sa langue, mais ça n'était pas réel.
Ses parents n'étaient pas des abrutis d'homophobes. Bien sûr que non. Ils l'avaient adopté. Ils l'aimaient. Et si Jackson ne leur avait jamais rien dit, et s'il avait fini par craquer et choisi une soirée anonyme dans une ville éloignée et échangé trois baisers pour s'amuser avec un type dont il s'était assuré qu'il ne le reverrait jamais et qui ne dirait jamais rien… eh bien, c'était parce que sa vie ne regardait que lui, pas vrai ? Pas parce qu'il avait eu peur de ses parents, pas parce qu'il savait qu'ils n'accepteraient jamais, et que lui, Jackson, devait être parfait à toutes les secondes de toutes les minutes de toutes les heures pour être sûr qu'ils l'aiment et ne le renvoient pas en orphelinat… Non… Il ne pouvait pas s'empêcher de se répéter ça, mais il savait, tout au fond de lui, que s'il abandonnait son scénario idéal, il s'effondrerait. Laissez-moi encore un peu de bonheur, s'il vous plaît, suppliait-il, sans savoir à qui il s'adressait. Juste un peu. Je serai sage. Je n'irai plus embrasser aucun garçon, promis promis promis.
─ Ta mère t'a posé une question ! aboya David, le ramenant à la réalité (qui n'était pas réelle ! Non, pas réelle !). Tu étais amoureux de la petite Martin. Donc, tu ne peux pas être pas être homosexuel. Pas vrai ?
Jackson cligna des yeux, lentement, comme s'ils étaient englués dans de la gelée. Des voix résonnaient dans ses oreilles, les voix de David et Genevieve, mais pas avec les mots qu'ils prononçaient maintenant, avec ceux qu'ils avaient prononcé avant, toute sa vie. Ça me dégoûte, franchement. Un homme c'est fait pour être avec une femme, c'est tout. Nous avons été créés comme ça. Ce n'est pas naturel… Et puis maintenant ça exige le mariage et le droit d'avoir des gosses. Une famille c'est un père et une mère, voilà tout. Enfin, on n'a plus le droit de rien dire aujourd'hui ! Avec tous ces gays partout et ces gay pride et ces LBDT ou je ne sais quoi… Ils veulent les mêmes droits comme s'ils étaient comme nous… Pourquoi ils revendiquent des droits, ces dégénérés ? Ils n'ont pas des désirs normaux ! Et on le tolère mais on ne tolèrerait pas que les pédophiles envahissent nos rues, hein ? Et Jackson entendait sa propre voix, aussi, sa voix qui hurlait de colère et de rage à chaque fois qu'il entendait ces mots dans la bouche de ses parents. Il entendait la furie qu'il n'avait jamais laissée sortir parce que ses parents le haïraient pour ça, et la honte et le dégoût qu'il ressentait de savoir qu'il avait été élevé par ces personnes répugnantes qui pensaient que l'amour était sur le même pied que la perversion, que tout le monde n'avait pas les mêmes droits, et qui trouvaient à vomir des couples qui s'aimaient. Mais il ne devait pas le dire, jamais…
Mais sa voix hurlait trop fort à l'intérieur, et il ne pouvait pas mentir.
─ Je ne suis pas gay, répondit-il avant même de s'apercevoir qu'il parlait. Je suis bi. J'aime les filles et les garçons.
Il y eut un instant de silence, comblé par l'absurde espoir que peut-être, ils se rendraient compte qu'ils avaient tort, qu'il était normal et quelqu'un de bien et leur fils et qu'ils l'aimaient et qu'ils s'étaient trompés, mais en même temps, d'autres mots avaient remplacé ceux qui résonnaient quelques secondes auparavant. Ces bisexuels, c'est répugnant. Ils sont avec une fille et ça rêve d'un garçon ou ils sont avec un garçon et ça rêve d'une fille… Jamais satisfaits, ceux-là ! Des infidèles, jamais contents de ce qu'ils ont ! Ils ne savent pas se décider, voilà tout. Et puis ils aiment toutes sortes de choses perverses… l'échangisme, pour avoir tout en même temps… toujours en train de coucher… Et il sut qu'il n'avait pas fait mieux. Rien ne serait jamais assez bien pour les Whittemore.
David ferma les yeux et secoua la tête, soupirant. Genevieve baissa la tête.
─ Mon Dieu, David, que vont penser les autres ? Que vont penser nos amis, et notre famille ?
Je suis votre famille ! hurla Jackson, sauf qu'il ne le hurla qu'à l'intérieur. Ou peut-être le dit-il vraiment, mais tout le monde l'ignora.
─ C'est une véritable honte pour nous, grogna David. On a commis une grave erreur, Genevieve. On aurait mieux fait de ne pas avoir d'enfants si c'était pour avoir ça… On a mal choisi. On aurait peut-être dû prendre la petite fille.
─ Mais il venait d'une si bonne famille, gémit Genevieve.
─ Mais nous l'avons bien élevé, alors ça ne peut venir que d'eux ! aboya David.
─ Ce n'est peut-être pas si grave, plaida Genevieve. Après tout, ce n'est peut-être qu'une phase… et puis il est bisexuel… ça veut dire qu'il n'est qu'à moitié homosexuel, il est encore à moitié normal !
David eut l'air de prendre l'argument en considération. Jackson se sentit envahi par une peur irrationnelle, une terreur pire que tout le reste. Instinctivement, il se raidit et agrippa la poignée du fauteuil sur lequel il était assis.
Au bout de quelques instants, David se rassit et regarda Jackson droit dans les yeux, s'adressant à lui pour la première fois depuis plusieurs minutes.
─ Jackson, mon garçon, ce que tu ressens n'est pas normal. C'est une déviance. Tu comprends ? C'est une maladie. Etre attiré par d'autres garçons n'est pas naturel – ce n'est biologiquement pas possible, je sais que tu le sais. Mais tu as de la chance. Ce genre de choses se guérit, Jackson. Ce n'est qu'une maladie qu'on peut soigner, avec un peu de patience et un bon expert. Vois-tu, nous sommes humains, et être humains signifie que nous avons à refréner nos pulsions. C'est ce qui fait de nous une société civilisée. C'est l'histoire de l'humanité ! Ne pas frapper son voisin même si on en a très envie, ne pas draguer toutes les jolies femmes qui passent parce qu'on est marié, ne pas se laisser être attiré par les garçons… (Genevieve hochait frénétiquement la tête.) Il suffit d'un bon médecin… d'une bonne thérapie…
Quelque chose se brisa en Jackson.
─ NON ! hurla-t-il en se levant.
Genevieve poussa un petit cri effaré. David se leva à son tour, et serra les poings.
─ Qu'as-tu dit, Jackson ?
─ J'ai dit non ! Je ne suis pas un monstre ! Je suis juste… je suis juste bi, c'est tout ! Ce n'est pas grave ! Ce n'est pas… Je suis normal ! cria Jackson, la colère enflant en lui en même temps que son désespoir.
─C'EST FAUX ! rugit David. Ce n'est pas normal !
─ Je suis normal ! Les monstres ici, c'est vous ! s'époumona Jackson.
─ TU FERAS CETTE THÉRAPIE, TU M'ENTENDS ? hurla David en lui agrippant les épaules si fort qu'il lui fit mal et en le secouant.
─ JE NE LA FERAI PAS ! riposta Jackson en le repoussant de toutes ses forces, choqué.
Son père venait de le brutaliser. Ses parents voulaient le reconditionner. Ses parents le détestaient. Ses parents étaient des adeptes de ces monstrueuses thérapies de reconversion. Ils étaient… ils étaient abominables, et Jackson avait voulu gagner leur amour.
─ Tu la feras, haleta David. Tu feras cette thérapie, ou tu ne remettras plus jamais les pieds dans cette maison, tu m'entends ?
Soudain, Jackson sut que tout était fini. Tout était mort et brisé. Leur famille n'existait plus. Il était mort et enterré pour eux, ils ne l'aimaient plus, il le voyait dans leurs yeux. Ils voulaient un fils parfait. Il s'était toujours efforcé de l'être mais il ne pouvait pas renier qui il était ! Il ne pouvait pas aller dans cette thérapie et être torturé et vivre dans la peur et l'effroi et être surveillé par ses parents et être malheureux à jamais. Même s'il y allait, même s'il le faisait, ils ne l'aimaient plus, ils ne voulaient plus de lui, et ils n'avaient jamais voulu du vrai Jackson, juste de leur image parfaite de la famille et d'un fils sans défaut.
─ Tu feras cette thérapie, ou tu ne remettras plus jamais les pieds dans cette maison ! répéta frénétiquement David.
─ Très bien, lâcha Jackson, froidement.
Il tourna les talons et sortit du salon, grimpant les escaliers en s'efforçant de ne pas trembler, de ne pas pleurer, de ne pas vomir. Il ouvrit en grand la porte de sa chambre et se précipita à l'intérieur, à bout de souffle, tremblant de tous ses membres. Ses mains étaient parcourues de soubresauts convulsifs lorsqu'il sortit de son placard le sac qu'il utilisait lorsqu'il partait hors de la ville pour une compétition de lacrosse.
Penser. Il devait penser, réfléchir. De quoi aurait-il besoin ? Il s'empara d'un maximum de chemises et de pantalons qu'il pouvait et les fourra dans le sac, dans une telle panique qu'il ne se sentit pas capable de les plier proprement, optant pour un pliage approximatif. Téléphone. Chargeur de téléphone. Oh, et les sous-vêtements, chaussettes, caleçons. Portefeuille, il devait prendre son portefeuille. Carnet de santé, on ne savait jamais. De l'argent. Il farfouilla dans son armoire à la recherche de la boîte en fer dans laquelle il conservait de l'argent, en cas d'urgence, avait toujours dit sa mère. Il fourra les billets dans son sac avec précipitation et se tint au milieu de sa chambre, frémissant, tentant de penser à toute vitesse, car c'était urgent, il devait partir de là, vite, avant qu'ils n'appellent les médecins… avant qu'on ne vienne le chercher et qu'on l'emmène de force… De quoi avait-il besoin, de quoi avait-besoin ? Sac de cours. Clés de la Porsche… L'ours en peluche que ses parents – ses vrais parents – avaient voulu lui offrir à sa naissance, avant leur mort dans cet accident de voiture…
Il ne savait pas quoi prendre d'autre, alors il ferma le sac. Le tissu se coinça dans la fermeture éclair et il tira dessus comme un forcené, consumé par la peur, jusqu'à ce que le tissu cède et qu'il puisse fermer le sac correctement. Il jeta un dernier coup d'œil rapide à sa chambre, c'était la dernière fois, mais il n'avait pas le temps… Il dévala l'escalier au pas de course, et se dirigea sans jeter un coup d'œil à ses parents vers la porte.
Il l'ouvrit, puis se ravisa. Il demeura figé dans l'encadrement de la porte, regardant ses parents. Ils n'allaient pas le laisser partir, si ? Ils l'aimaient, non ?
Genevieve détourna les yeux en croisant les siens, à croire qu'il la dégoûtait. David soutint son regard et dit, d'une voix dégoulinante de mépris :
─ Tu n'es plus mon fils. Non. Tu ne l'as jamais été.
Jackson tourna le dos et claqua la porte.
Il roulait, mais il ignorait où il allait. Il devait certainement économiser le carburant, donc il ne pouvait pas se permettre de tourner en rond non plus. Il devait trouver un endroit où passer la nuit, et vite, songea-t-il, forçant son esprit à se concentrer sur les détails importants. Il lui fallait un endroit chaud et où il serait en sécurité.
Il ne pouvait pas aller chez Danny. Mr. et Mrs. Mahealani ne l'aimaient pas beaucoup et ils n'avaient pas de chambre d'ami. Il ne pouvait pas aller chez Lydia. C'était son ex, il ne ferait que la mettre mal à l'aise et la maison des Martin était en travaux de toute façon. Il n'avait pas d'autres amis. De toute façon, il ne pouvait aller chez personne, songea-t-il. Il ne pouvait pas montrer qu'il était à la rue, qu'il n'avait plus rien. Il ne pouvait pas montrer qu'il était faible. Il ne pouvait révéler la vérité non plus. La honte qui s'abattrait sur lui, et le mépris... et il avait déjà suffisamment perdu, il ne pouvait pas perdre ce qui lui restait, ses amis, sa dignité, le peu d'affection et d'attention qu'il recevait au lycée qui seraient désormais ses seules sources de chaleur humaine…
Personne ne savait, personne n'avait jamais rien su, ragea-t-il en frappant son volant. Il avait toujours fait attention. Il n'avait même jamais rien dit à Danny ou à Lydia parce que ses parents avaient des yeux partout et savaient toujours tout et que la seule façon de garder un secret est de ne rien révéler à personne… Il avait fait attention ! Il avait été parfait, exemplaire, il avait toujours été beau, bon élève, bon joueur de lacrosse, capitaine de l'équipe, excellent nageur, populaire, toujours un comportement parfait, la petite-amie qu'il fallait, le style qu'il fallait, la voiture qu'il fallait, et ça n'avait pas suffi, ça n'avait pas suffi juste parce qu'il avait embrassé un type à une soirée et parce qu'il aimait les gars et les filles comme des tonnes d'autres gens sur terre.
Il n'avait pas l'argent pour se payer une chambre d'hôtel. Tant pis. Il dormirait dans sa voiture. C'était une Porsche. Ce devrait être confortable, une voiture de luxe.
Il ne pouvait pas dormir dans les rues de Beacon Hills. Les gens le verraient et la police finirait par lui demander des comptes. En fait, il ne pouvait pas dormir en ville tout court.
La réserve ! songea-t-il soudainement. Il n'y avait pas beaucoup d'animaux sauvages et ils ne s'en prenaient pas aux voitures. Il serait en sécurité à l'intérieur, de toute façon. Personne ne le verrait. Le lendemain, il pourrait aller au lycée comme si de rien n'était.
Il se gara pas trop à l'intérieur de la réserve, afin de pouvoir sortir facilement et de retrouver son chemin, mais assez profondément pour que la police ou les conducteurs qui passaient par là ne puissent pas le voir. Il poussa un soupir, et sortit de la voiture pour s'installer sur la banquette arrière, avant de se raviser et d'aller chercher son sac de sport dans le coffre. Il se verrouilla précautionneusement à l'intérieur de la Porsche, puis fouilla dans le sac.
Il n'avait pas pensé à prendre de pyjama. Merde. Bon, tant pis, il dormirait dans ses vêtements quelques temps, le temps d'acheter un pyjama… ça devrait aller. Il n'avait pas pris de couverture non plus, réalisa-t-il. Merde. Il faisait plutôt frais. Mais s'il allumait le chauffage de la voiture, il gaspillerait du carburant et devrait en racheter. Il ferait sans au moins pour cette nuit, songea-t-il en fermant sa veste en cuir et en posant le sac sur ses genoux pour se tenir au maximum au chaud. Il tenta de s'allonger sur la banquette. Dieu que c'était désagréable. C'était minuscule et étroit et il devait remonter les jambes et se tenir allongé sur le côté et ne pas bouger. Il se cognait partout. Et il avait froid. Il n'avait pas d'oreiller et était en train de se ruiner la nuque.
Il croisa le regard de l'ours en peluche fourré à l'intérieur du sac et, sans y penser vraiment, il s'en empara et le serra contre lui. Puis il éclata en sanglots.
A suivre...
Alors ? Qu'en avez vous pensé, pour l'instant ?
