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Chapitre 3
La ferme décision de Credence
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Quand Newt Scamander entra dans la cuisine au petit matin, il fut surpris de voir Credence lui aussi levé si tôt, mais se figea soudain en remarquant la pâleur du plus jeune et ses yeux rougis.
« Credence, est-ce que ça va ? » lui demanda aussitôt Newt, inquiet.
Credence qui était assis à la table de la cuisine, tasse de café entre ses mains, visage tourné vers la fenêtre à contempler pensivement la neige, sursauta, et porta un regard aux cernes plus prononcés que la vieille vers Newt qui n'avait pas bougé.
« Ne t'en fais pas… Seulement un cauchemar, » lui fit Credence en esquissant un bref sourire, ses deux mains se serrant avec plus de force autour du café presque froid qu'il n'avait pas encore touché.
Le même cauchemar l'avait frappé cette nuit-là, avec plus d'intensité, et quand il s'était réveillé, ses affaires étaient encore une fois en désordre et il s'était demandé par quel miracle la maisonnée n'avait pas entendu ce boucan. Ceci indiquait bien que le petit groupe avait hautement besoin de sommeil.
Et voir Newt vivant et en bonne santé face à lui était le plus beau des cadeaux en cette fraiche matinée, mais il tenta de ne pas montrer son soulagement, par crainte d'effrayer Newt.
« Tu es sûr que ça va aller ? » insista pourtant son ainé en prenant place près de lui sur une chaise, expression préoccupée derrière ses traits encore un peu ensommeillés. « Tu m'as l'air d'avoir un bon nombre d'heures de sommeil en retard. Peut-être devrais-je te concocter une potion de sommeil sans rêve pour cette nuit ? »
Credence se tendit, et plongea son regard vers le café noir dans sa tasse intouchée. Cette nuit il ne sera plus ici, Newt ne pourra plus lui venir en aide.
« Ça va passer, je me coucherai plus tôt ce soir, » lui promit finalement Credence en osant alors un regard vers lui.
L'expression pourtant quelque peu inquiète de Newt ne disparut pas de son doux visage, et sans quitter Credence des yeux alors qu'il n'était pas le plus friand de tous concernant les regards visuels, il plaça l'une de ses mains contre l'avant-bras du brun.
« Tu peux encore me parler de tes cauchemars, comme avant, » lui assura Newt d'une voix plus basse, plus douce. « Tu sais très bien que tu peux te confier à moi, mon temps, je te le donne. »
Lorsque la main de Newt accrut doucement la pression contre son bras comme une promesse silencieuse, Credence sentit son cœur de chavirer, toujours touché par la franchise et la gentillesse de son ainé. Mais il s'obligea à reporter un regard vers son café, refusant de fondre à nouveau pour lui, et lui raconter ses terribles visions. Ce n'étaient que des rêves après-tout, Newt n'avait pas à se prendre la tête pour de telles broutilles.
Et se confier à nouveau à lui, discuter et se regarder, allait le faire douter dans sa décision, et il refusait.
« Ce n'est rien d'extravagant, la fatigue est plus gênante que mes mauvais rêves, » lui fit Credence, n'aimant pourtant pas mentir, surtout à Newt.
Mais Newt n'insista pas, ce n'était pas dans son habitude, et il hocha lentement la tête, sans pour autant lâcher son bras, et Credence se pris à apprécier cette douce pression contre son muscle. Il fut à deux doigts de fermer les yeux afin de déguster ce doux instant quand des bruits de pas se firent entendre dans petit hall de la maison.
Newt lâcha le bras de Credence aussitôt et les deux hommes levèrent la tête vers Tina qui entrait dans la cuisine déjà peignée et habillée. La jeune femme eut un temps d'arrêt en remarquant les deux garçons assis l'un à côté de l'autre, Credence le rouge aux joues et Newt au regard quelque peu fuyant, avec pour seul indice d'un petit déjeuner, la tasse blanche entre les mains du plus jeune.
« J'arrive peut-être… au mauvais moment ? » tenta Tina en arquant un sourcil, immobile sur le seuil de la porte.
« Non, la cuisine est tout à toi, » lui répondit aussitôt Newt en jetant un rapide regard entendu à l'égard de l'autre sorcier pour ensuite se lever. « Je vous fais cuire quelques œufs ? »
« Je vais m'en occuper, rassis-toi ! » contra aussitôt la jeune femme qui connaissait les dons désastreux de Newt quand il s'agissait de faire cuir quelque chose sur le feu.
Un petit sourire amusé traversa les lèvres de Credence qui s'apaisa un peu, mais au moment où il portait la tasse à ses lèvres, elle lui fut interceptée doucement des mains par Newt qui s'était lui aussi levé.
« Laisse-moi te la réchauffer, » lui fit-il pour ensuite déposer la tasse elle aussi sur le feu.
Lui lâchant un « merci », Credence laissa son dos retomber contre le dossier de la chaise, et ferma un instant les yeux, profitant de la douce odeur d'œuf, de bacon et de café qui commencèrent à se promener dans toute la cuisine ouverte sur le salon chaleureux. Du coin de l'œil, Tina et Newt remarquèrent que Credence paraissait tendu, et après une œillade entendue, ils retournèrent à leurs tâches mais conscient qu'il fallait garder un œil sur le plus jeune de la famille.
Quand Tina termina la cuisson, Theseus entrait lui aussi dans la cuisine, et paraissait être le plus réveillé de tous. Credence eut l'impression que le jeune homme n'avait même pas pris la peine de se changer ou bien de dormir tant il ressemblait à la personne qu'il avait croisée dans le couloir après s'être lavé les dents.
Et lorsque Queenie et Jacob arrivèrent eux aussi dans la cuisine, Theseus et Tina étaient dans le salon à préparer leurs affaires tout en discutant de finance concernant la protection du personnel au ministère, et Newt offrait quelques morceaux de bacon au chat de Queenie qui avait miaulé un long moment dans la cuisine.
Credence prit une plus ample inspiration alors qu'il s'essuyait les mains, et fit un pas en avant, se trouvant au milieu même de la délimitation entre les deux pièces.
« J'aurais quelque chose… à vous annoncer, » dit-il, le cœur battant.
Newt penché vers le chat noir en lâcha presque le dernier morceau de bacon que le chat peina à récupérer tant sa poigne s'était raffermi autour de la viande, alors que les quatre autres s'arrêtaient eux aussi dans leurs actions. Credence n'avait jamais aimé être le centre de l'attention, mais à aujourd'hui, il prit sur lui, et serra alors les poings, déterminé.
« J'ai pris une décision afin d'obtenir un avantage sur Grindelwald et faire pencher la balance de notre côté, » avoua-t-il alors que son regard glissait inconsciemment jusqu'à Newt qui se levait lentement sans le lâcher des yeux.
Le chat miaula plus fort et sauta agilement sur la table pour terminer l'assiette de bacon, mais personne ne vint le retirer. Alors que toutes les expressions furent curieuses, voire inquiètes, Queenie elle, écarquilla les yeux et plaqua une main contre sa bouche, néanmoins, Newt l'aperçut et fronça illico les sourcils.
« Toutes les idées sont bonnes à prendre, » l'encouragea Theseus dont les traits de son visage paraissaient s'être apaisés.
Mais Newt n'aima pas cela et reporta un regard vers Credence qui fixait à nouveau le sol, conscient que ses pensées avaient dû être entendues par Queenie.
« Je vais retourner auprès de Grindelwald en tant qu'espion et récolter le maximum d'informations possibles, » avoua finalement le brun en osant un regard vers Theseus, Jacob, Queenie et Tina située du côté salon.
Tina parut alors catastrophée et entrouvrit la bouche, incapable de dire quoi que ce soit alors que Jacob secouait vivement la tête en soufflant des « non, non ».
« Credence, tu ne peux pas ! » fut la voix de Newt, la plus forte d'entre toutes.
Mais il n'eut pas le temps de se retourner puisque Newt avait déjà brisé les derniers centimètres les séparant pour se placer devant lui.
« Il le faut, je peux le faire, » répliqua pourtant Credence, la gorge nouée, plongeant son regard dans celui d'un Newt épouvanté.
Et ce fut une erreur. Le regard de Newt le toucha énormément et l'attrista. Credence détourna les yeux tout en se remémorant son rêve.
« C'est beaucoup trop dangereux, et tu le sais, on ne te laissera pas risquer ça ! » fit ensuite Queenie qui elle aussi s'approcha pour attraper fermement la main de Credence. « C'est de la folie. »
« Je refuse de te faire en courir un risque si grand ! » ajouta Newt en secouant vivement la tête. « Je sais parfaitement que tu es capable de le faire, mais ce ne sera pas nécessaire, nous allons trouver une solution ! »
Les voix se haussèrent, et le flot de paroles se mélangea si bien qu'aucune phrase ne put être auditivement comprise, et ce fut Theseus qui mit fin au chaos en élevant le ton.
« Laissez-le s'exprimer. »
Toutes les têtes se tournèrent vers Theseus, même Credence qui avait retenu son souffle, ayant pourtant prédit leurs réactions. Et lorsque Newt reporta un regard perdu vers Credence, le brun expira longuement, puis se lança tout en évitant soigneusement le regard de ses amis, s'autorisant simplement à parfois croiser le regard de l'ainé des Scamander qui était le seul à avoir gardé une expression impassible.
« Grindelwald convoite mon pouvoir, et comme vous l'avez dit précédemment, il continuera de chargée ses armées tout pendant que le professeur Dumbledore sera toujours de ce monde… » Il prit un temps d'arrêt, mais personne ne vint prendre la parole, puis il continua, plus déterminé. « Techniquement, lors de la bataille, Grindelwald n'a jamais pu être mis au courant de ce qui m'est arrivé, il ne sait pas que j'ai trouvé refuge chez vous. »
« Revenir jusqu'à lui est de la folie, s'il découvre la supercherie… » commença Queenie dans un souffle tout en secouant lentement la tête. « Et il la découvrira bien assez tôt-… »
« Je lui dirais que je suis partie de mon côté pour me retrouver, » répliqua Credence en croisant le regard perturbé de la jeune femme, ce qui attrista son cœur. « Et ça n'aurait pas été la première fois, souvent je-… »
« Mentir au grand méchant n'est-il pas un peu… osé ? » coupa soudain Jacob en haussant un sourcil.
Credence déglutit, sachant que oui, ça ne sera pas si simple, loin de là.
« Il-… Je sais que je suis précieux pour lui, » ajouta Credence en sachant pertinemment que le pouvoir de son Obscurus était toujours convoité. « Il ne risquerait pas de me faire du mal ou de me tuer. »
« Là n'est pas la question, on refuse de te savoir là-bas alors que tu es porteur d'une bombe ! » insista Tina en faisant les gros yeux.
« Grindelwald est un personnage sans aucun scrupule, qui sait ce qui pourrait te faire encourir ! » renchérit Newt sur le même ton.
Pourtant, il avait longuement pesé le pour et le contre, mais la ferveur de ses amis était si puissante qu'il en resta un instant muet, et ce fut à nouveau la voix plus forte de Theseus qui se fit entendre :
« Cette idée est l'une des meilleures que nous ayons eues jusqu'à présent. »
« Theseus ! » s'indigna aussitôt Newt en faisant volte-face vers lui.
Les deux frères se toisèrent du regard en silence, comme communiquant par pensées, et personne ne semblait vouloir briser la soudaine tension entre les Scamander. Credence scruta le dos de Newt, bouche entrouverte, quelque peu touché par la prise de position de Newt pour le protéger de cette idée potentiellement suicide.
« Il est le plus apte à regagner les rangs de Grindelwald sans apporter des soupçons sur lui, » fit alors Theseus dans un ton assombri sans lâcher son frère des yeux. « Il sait que Credence recherche toujours son identité, et je pense qu'il est loin de s'imaginer qu'il a osé retourner du côté du ministère alors qu'il souhaitait sa peau au premier abord. »
Newt plissa les yeux, comme analysant les paroles de son frère, mais il secoua rapidement la tête, refusant toujours cette idée. Mais alors qu'il ouvrait la bouche pour exprimer son mécontentement, Theseus reprit en levant un index devant lui, lui intimant de lui laisser un temps de parole.
« Et puis, si jamais Grindelwald souhaite lui tirer les vers du nez à l'aide d'un veritasérum, je sais que tu as de quoi contrer l'effet, tu as déjà produit des potions efficaces, Newt. »
« Et si je refuse ? » répliqua Newt, sourcils froncés, poings serrés.
« Tu ne risquerais pas d'encourir la vie de ton protégé. »
Credence se mordit la lèvre inférieure alors que Newt tressaillit à ce nom utilisé. Soudain plus tendu, Newt commença à se masser les tempes du bout de ses doigts tremblants, puis soudain, la voix de Credence se fit entendre, ferme et assurée :
« J'ai pris ma décision. Je ne changerais pas d'avis… »
Newt se retourna lentement, à présent à l'expression peinée. Mais Credence mis tous les efforts du monde pour ne pas s'attarder sur son visage et continua :
« On ne peut pas laisser passer cette opportunité, je ne pense pas que plus tard une solution de cette envergure puisse s'offrir à nous. »
« Tu n'as pas besoin de faire ça, Credence, » lui assura Tina, attristée elle aussi.
« Je sais. Mais je souhaite le faire. Je veux moi aussi participer à cette guerre. »
La tension semblait s'évanouir doucement malgré les indécisions de chacun. Newt avait tué un bon nombre de fois son frère dans sa tête, mais ayant vu la détermination de Credence et son regard résolu, le jeune Scamander s'était tu et commençait à s'y résigner lentement.
« Nous pourrons communiquer avec toi via les braises de la cheminée, » ajouta Theseus en désignant d'un bref geste du menton la cheminée dans le salon derrière eux. « Il te suffira de faire un feu dehors, ou dans une des chambres que tu auras pourvue de sorts de silence, et on pourra aisément t'aider dans ton parcours. »
« Et si Grindelwald le piège et l'entend discuter avec l'extérieur, » répliqua Newt sur la défensive. « Les risques sont trop grands ! »
« Newt, si tu avais la possibilité de le faire, tu l'aurais fait sans demander notre avis sur la question, » répliqua son frère sans même le regarder, son regard rivé dans celui de Credence.
Le regard mauvais qu'adressa Newt à Theseus ne manqua pas à Tina qui était de tout cœur avec lui. Elle non plus ne souhaitait pas faire encourir à Credence de tels risques après tout ce qu'il avait enduré et cet énorme pouvoir qui n'était pas encore totalement sous son contrôle.
« Et si… Et si nous continuons cette discussion ce soir ? » proposa Queenie d'une petite voix tout en tentant un sourire. « Nous aurons la journée pour réfléchir. »
« Je crains que ça ne soit… tout réfléchi, » glissa tout de même Jacob dont le bras était entouré par ceux de Queenie.
« Nous mettrons en place ce plan ce soir, » fit donc Theseus en réarrangeant sa cravate d'une main habile. « Remercions plutôt Credence pour cet acte de courage. »
Mais Newt n'était en rien détendu, et observa sombrement son frère récupérer sa valise pour ensuite offrir un bref signe de tête au petit groupe et transplaner dans la seconde, surement un peu en retard pour le boulot, ou bien presser de partager de bonnes nouvelles concernant un plan futur.
Dès qu'il disparut, Queenie lâcha le bras de Jacob et s'approcha de Credence pour lui attraper les deux mains et plonger son regard clair dans le sien si noir.
« Prends le temps de réfléchir, mon cœur… » lui dit-elle, touchée. « Et sache que… qu'on sera toujours de ton côté. »
Derrière elle, Tina lui offrit un petit sourire tout en hochant la tête pour approuver les dires de sa sœur, et Credence sentit à nouveau son cœur se serrer et sa gorge se nouer. Il avala difficilement et hocha faiblement la tête.
« Merci… J'ai de la chance de vous avoir rencontré, » dit-il en baissant ensuite les yeux vers le beau tapis à ses pieds.
Puis, après un doux baiser de la part de Queenie contre son front, et un petit geste pour ébouriffer ses cheveux de la part de Jacob, chacun partit de son côté, et rapidement, comme le jour précédent, Newt et Credence furent de nouveau seuls dans le salon.
Aucun des deux ne bougea, et Newt garda un instant son regard fixé vers la neige visible à travers la vitre du salon tandis que Credence n'osa le regarder, le cœur lourd. Quitter Newt pour un temps, et savoir qu'il allait l'inquiéter durant de longs jours de mission, le chagrinaient.
« Ta décision… est réellement prise ? » murmura soudain Newt alors que sa main vint nerveusement réajuster sans trop d'idées l'antenne de la radio.
Pour toute réponse, yeux rivés vers le sol, Credence hocha la tête et ajouta un faible « oui » au cas où Newt évitait tout regard vers lui. Puis, il se racla la gorge, et après avoir pris sur lui, pour le futur du monde des sorciers et de no-maj, se lança à nouveau.
« Newt… Ce que je n'ai pas dit… C'est que… » il leva donc enfin les yeux vers Newt qui osait vers lui un regard réservé, partagé entre appréhension et curiosité. « Je pars dès que possible, avant qu'ils ne reviennent tous ce soir. »
« Credence… » commença Newt, ses yeux s'arrondissant d'horreur suivant la nouvelle.
« Je suis désolé… Mais je préfère partir en tant que voleur… Avant que Tina et Queenie n'aient plus réfléchi et décident d'y apposer leur veto. »
« Je ne suis pas non plus pour, Credence, je-… »
« Je suis désolé, Newt. »
Leurs regards se croisèrent enfin, et les deux hommes demeurèrent immobiles au milieu du salon, le souffle court. La préoccupation acide se lisait clairement sur le visage de Newt tandis que malgré son choix douloureux qui enserrait son cœur, les yeux de Credence portaient une détermination vivace, bien que profondément désolé.
Les poings de Newt se serrèrent, et il déglutit, ne sachant comment l'arrêter dans cette folie. Certes, ce que disait Theseus à propos de cette idée sortie du chapeau du Père-Noël était vraie, et Credence était le mieux placé pour mener à bien sa mission. Mais s'étant grandement attaché au brun, il ne pouvait pas concevoir de le quitter pour une telle chose.
« Il faut faire de sacrifices dans la guerre, et on ne peut pas passer à côté d'une occasion en or, » ajouta ensuite Credence d'une voix un peu plus basse, plus cassée.
En réalité, ce fut la première fois qu'il voyait Newt réagir ainsi. Qu'il voyait tant de détresse et chagrin dans les yeux du sorcier. Il l'avait déjà vu triste ou attristé bien que c'était rare avec lui et son tempérament de feu, et Credence avait toujours fait de son mieux pour le réconforter.
Néanmoins, à aujourd'hui, il n'y avait rien qu'il pouvait faire pour apaiser l'esprit de son grand ami.
« Ne parle pas comme ça… » lui intima Newt d'une voix elle aussi quelque peu brisée, secouant lentement la tête.
Puis, Newt bougea et en quelques grands pas, atteint Credence et sans attendre, le serra fort dans ses bras chauds sans demander au plus jeune son avis. Et cette accolade, bien qu'ayant pris de court Credence, apaisa son cœur. Cette chaleur contre son corps et l'odeur particulière de Newt envahissant tous ses sens le firent un instant sombrer, et malgré lui, ses bras vinrent regagner le dos de Newt et sans s'en rendre réellement compte, ses poings se refermèrent contre le tissu de sa veste de costume, telle une ancre.
Ce ne fut pas la première fois qu'il s'enlaçait. Non, il y avait cette fois-là à Noël, et celle du nouvel an, mais aussi celle qui avait suivi l'euphorie après avoir retrouvé un des Diricrawls du clan suivant des jours de recherches. Mais jamais le partage d'énergie n'avait été similaire à aujourd'hui. Newt enroulait fermement les épaules du plus jeune contre lui, son front pressé contre l'une d'elles comme résigné dans son silence.
« Et puis, j'ai eu un superbe professeur… » ajouta Credence qui se prit à fermer un instant les yeux, dégustant l'odeur de Newt et la sensation de ses cheveux qui venait chatouiller ses joues. « Rien ne peut m'arriver après tout ce que tu m'as enseigné. »
Il entendit Newt lâcher un petit rire dans un souffle, et ce petit vent chaud vint chatouiller lui aussi son cou. Credence serra plus fermement le dos de son ainé, ayant aimé qu'ils restent pour toujours dans cette position.
« La seule chose que j'aimerais présentement, c'est que toi, tu me soutiennes dans cette… décision, » osa soudain Credence, ne sachant pas réellement combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait ouvert la bouche.
Puis, Newt se détacha de lui, et ses deux mains vinrent se presser contre ses épaules afin qu'il puisse voir l'autre garçon droit dans les yeux, ce qui n'était pourtant pas un geste habituel de sa part. Le Scamander avait les sourcils froncés, mais une expression plus résolue.
« Je te soutiendrais toujours… » lui assura-t-il d'une voix plus ferme. « Quoi que tu choisisses. »
« Même dans cette décision ? »
« Oui. Mais laisse-moi t'aider du mieux que je puisse. »
Un sourire soulagé vint éclairer le visage de Credence qui sentit soudain ses yeux piquer de larmes qu'il refusa de laisser couler pour le moment. Et finalement, Newt répondit à son sourire et détourna un instant les yeux, l'une de ses mains demeurant sur l'épaule de Credence.
« Je vais pouvoir te préparer la potion te permettant une immunité totale envers les sérum de vérité, tu n'aurais qu'à le prendre en début de voyage, et l'effet durera environ trois jours si j'accentue les doses de phosphate… » fit donc Newt un peu plus rapidement. « Pour ce qui est de notre communication, un peu de braise de notre cheminée, et je concocte de quoi nous appeler. Nous devrions aussi déjà réfléchir à ton histoire fictive en solitaire durant ces quatre mois. »
La poigne de Newt devint plus forte contre son épaule de Credence ressentit sa si forte détresse.
« Newt… Si je sens que quelque chose peut mal tourner, je m'en vais… » lui assura Credence alors qu'il attrapa doucement la chaude main de Newt contre la sienne.
Newt leva aussitôt les yeux vers lui, comme surpris par le geste, mais Credence ne lâcha pas cette main, bien que le rouge lui montait aux joues face à son propre geste.
Soudain, deux « clic » résonnèrent derrière eux. Sans attendre, les deux hommes se retournèrent, et ils aperçurent Fifi le Niffleur qui tentait à nouveau de s'échapper.
« Fifi ! » crièrent-ils en chœur.
Et voilà nous entrons dans le vif du scénario, ça va commencer à bouger et à se gâter. Si vous n'appréciez pas trop le comportement de Theseus, sachez qu'il y aura une évolution de ce côté là. De plus, concernant le couple central de cette fic, ça va un peu se concrétiser dans le chapitre suivant ;)
Faites moi part de vos avis, j'espère que vous avez aimé ! Allez, ciaou !
