CHAPITRE DIXIEME
Improbable situation
Gellert était perplexe.
Une heure s'était écoulée, peut-être deux. Il ne savait pas. Il avait perdu toute notion du temps. En fait, il ne savait pas ce qu'il lui avait pris. Sur le coup, c'était une nécessité, un geste désespéré dicté par un instinct de survie des plus étrange. Il n'avait pas vraiment réfléchi et s'était juste laissé emporter par ses émotions. Car mine de rien, Gellert pouvait se montrer très émotif. La colère, la haine et la peur étaient des émotions très puissantes qui pouvaient faire d'un sorcier un individu extrêmement dangereux.
Alors oui, il s'était laissé emporter par ses émotions. mais ce n'était pas de sa faute ! Non, non ! Cette harpie tout de rose vêtue l'avait cherchée ! Elle savait pertinemment à qui elle avait affaire et pourtant, elle s'était montrée odieuse envers lui ! Pire encore, irrespectueuse envers SON Albus.
Il se devait de réagir ! C'était même, à ce niveau de cruauté, un devoir que de libérer ce monde d'un être aussi malveillant qu'elle !
Alors maintenant, Gellert observait son cadavre avec un mélange de culpabilité et de fascination. Il avait toujours eu un rapport particulier avec la mort. Depuis tout petit…
Toc ! Toc !
Son père battait sa mère. Mais un jour qu'il l'avait brutalisé peut-être un peu trop fort, elle n'avait jamais plus rouvert les yeux. Petit comme il était, du haut de ses cinq ans, il avait pourtant tout de suite compris qu'un évènement tragique et inhabituel s'était produit. Oh, sans surprise il n'avait ressenti aucune tristesse. Par contre, ce fut la première fois qu'il ressentit de la colère. Elle n'était pas du fait de la mort de son soutien maternel, mais de son impuissance de la situation. Et cette émotion fut si puissante qu'elle le rendit momentanément incontrôlable.
Ce jours là, le père de Gellert s'était rendu compte, de la plus douloureuse façon, à quel point son fils était puissant.
Gellert, ouvre cette foutue porte !
Après cela, tout avait changé pour lui. Son père ne pouvant plus battre sa femme et devant s'occuper de son fils unique, c'est sur ce dernier qu'il n'hésitait pas un seul moment à passer ses nerfs.
Le père de Gellert avait été un homme sanguin. Puissant mage noir, il s'avérait être un pitoyable homme d'affaire, conduisant cette branche de la famille à la ruine.
Alohomora !
— Merlin Gellert, mais qu'est-ce que tu as fait ?
L'Autrichien quitta le cadavre du regard et fixa le mur, rose. Ce rose entêtant et désagréable. Il avait l'impression de devenir fou. Une personne qui aimait à ce point cette couleur n'avait d'autre dessein que la mort. N'est-ce pas ? Il était un sauveur pour cette humanité décadente. Oui, il devait forcément l'être.
Albus observait maintenant la scène en silence. Gellert semblait perdu dans ses pensées. Ses mains tremblaient et sa respiration était irrégulière et très faible : le directeur connaissait suffisamment son amant et fiancé pour savoir qu'il s'agissait là d'une crise d'angoisse.
Il se sentit bien las, en constatant cela. Mais surtout, il était très embêté : comment allait-il annoncer au ministère que l'employé qu'ils avaient envoyé s'était fait tuer par le mage noir ? C'était très embêtant. Ils n'allaient jamais pouvoir obtenir la garde de Harry dans ces conditions ! Non, il ne devait pas ramener le cadavre au ministère. Il devait le camoufler, s'en débarrasser et ne jamais plus en parler. Mais avant toute chose, il fallait que Gellert se ressaisisse.
Il prit le bras du mage noir et l'entraîna dans la salle de classe, loin de cette étouffante pièce rose. Gellert semblait reprendre vie quand il se retrouva dans l'autre pièce. Il regarda Albus avec étonnement et, vraisemblablement déstabilisé, il observa la pièce poussiéreuse qui devait, le lendemain matin, accueillir ses premiers étudiants.
— Albus ? murmura-t-il d'une voix grave et très faible.
— Oui… ? prononça son vis-à-vis avec espoir.
— Je crois que j'ai fait une bêtise…
— Mh… en effet, mais ce n'est rien d'insurmontable. N'aie crainte. Rentre chez nous, prends un bain et attends moi. Je m'occupe de tout. Promis. Utilise la cheminée dans mon bureau. Son réseau est directement reliée à notre salon.
Gellert, bien que surpris, n'allait certainement pas protester.
— Que vas-tu faire d'elle ?
— Rien qui te regarde pour le moment. Je te le dirai quand tu iras mieux. Va.
C'était un ordre prononcé d'une voix autoritaire. Tout du moins suffisamment pour que Gellert n'émette plus la moindre protestation et s'en aille sans demander son reste. De toute façon que pouvait-il faire ? Si ce n'était aggraver d'autant plus son cas ? Il venait de tuer un agent du ministère ! Et pour quelle raison ?
Peu importait, finalement.
Albu se pencha au dessus du cadavre de la dame en rose, intrigué par ce que émettait un objet. Il s'agissait d'un collier doté d'une étrange amulette. Il émanait d'elle une aura noirâtre et démoniaque. Quelque chose de puissant et de très dangereux, un morceau d'âme… Un horcruxe ?!
Sachant son fiancé particulièrement sensible, il n'eut aucun doute sur la raison de son acte.
— Toi, je vais t'étudier.
Il rangea l'amulette dans la poche de son pantalon et s'occupa du corps sans attendre plus longtemps.
De son côté, Gellert se rendit dans le bureau, comme prévu, mais croisa en chemin Minerva qui le questionna au sujet de Dolorès. L'esprit encore embrumé et perdu dans ses pensées, il lui répondit qu'il l'avait tué et que Albus s'occupait probablement de cacher le corps.
La professeure de métamorphose avait blêmit d'une façon que Gellert jugea ridicule. Et de toute façon, il ne s'attarda pas plus longtemps : il voulait rentrer et dormir, sentant poindre le début d'un violent mal de crâne.
oOo
Albus rentra assez tardivement. Il s'était rendu dans la forêt interdite pour cacher le corps, ou plutôt l'enterrer si profondément que si un jour quelqu'un tombait dessus, ça serait un véritable miracle.
Le corps et la couleur rose du bureau désormais disparus, il s'empressa de rentrer chez lui. Il s'inquiétait pour Gellert dont la réaction avait peut-être été un peu disproportionnée. Etait-ce donc vraiment l'horcruxe qui l'avait poussé à agir ainsi ? En un laps de temps aussi court ? Ce n'était pas impossible.
Gellert était particulièrement sensible du fait de son don de voyance. Il était indéniablement puissant et s'avérait très difficile à maîtriser. Mais Gellert était un être unique : il n'avait besoin d'aucune boule de cristal, d'aucun objet pour pouvoir voir, lire et décrypter les flux du temps. Si cela pouvait le rendre fou, il s'agissait là d'une caractéristique hors norme qui avait à mainte reprise effrayé Albus, quand il était plus jeune.
Le mage blanc retrouva son aimé dans un bain chaud, endormi. Il sourit en le voyant si paisible, oubliant momentanément le meurtre survenu quelques heures plus tôt. La vue de Gellert nu, dans une baignoire pleine d'eau moussante ne le laissait pas indifférent et il se surprit à apprécier plus que de raison la vue que le mage noir offrait. Il poussa d'ailleurs un petit soupire frustré.
Il s'approcha de la baignoire et passa une main sur le front puis dans les cheveux blancs de son amant. Ce dernier poussa une petite plainte agacée, mais il ouvrit les yeux et darda ses iris hétérochromes dans les iris grises d'Albus.
— Je me suis endormi… ?
La réponse était évidente, mais Albus répondit quand même, en empruntant un timbre de voix doux.
— Il semblerait, oui. Je dois te montrer quelque chose. Ca peut attendre demain si tu le souhaites, mais ça sera la rentrée… Nous devons d'ailleurs en parler.
Gellert hocha la tête. Dolorès ne pouvant prendre ses fonctions, il était évident que Gellert allait la remplacer.
— Qu'as-tu fait du corps ? questionna-t-il en se redressant, puis en se levant, dévoilant sans aucune pudeur son corps nu au directeur.
— Je l'ai enterrée avec l'aide des centaures dans la forêt interdite. Cette femme avait beaucoup d'ennemis parmis les créatures magiques. Et d'ailleurs, je pense que nous gagnerions beaucoup à les avoir comme alliés.
Gellert semblait surpris. Ce n'était pas une mauvaise idée, bien sûr, mais jamais il n'aurait pensé à "eux". Et cela lui rappela le petit Norbert Dragonneau…
Il serra les dents.
— Nous verrons, répondit-il sur un ton sec qui surprit Albus.
Il se demandait ce qu'il avait bien pu dire de mal pour que Gellert change du tout au tout. Enfin, il préféra changer de sujet.
— Gellert, je me posais une question, vis-à-vis de ton… don.
Là, le mage noir laissa de côté sa jalousie et fixa son interlocuteur, très intrigué à son tour. Il glissa une serviette autour de sa taille, mais son torse était encore humide. Albus s'en mordit discrètement les lèvres d'envie. Le faisait-il exprès ?
— Je t'écoute.
— Est-ce que tu l'avais prévu ? Tout ce qu'il vient de se passer ? Depuis que tu es venu me chercher à Poudlard jusqu'à maintenant ?
Gellert secoua la tête.
— Non. Je n'avais rien prévu et rien prédit. Je suis venu te voir sur un coup de tête. J'ai bien sûr prédit la seconde guerre mondiale, ma possible réussite, mais pas ça.
— Est-ce que tu as eu des… visions, depuis ?
— Non plus. Albus, où veux-tu en venir ?
— Je me demandais si tu étais capable de voir ce qu'il pourrait se passer. Peut-être me montrer également avec ce crâne… quoiqu'il doit être perdu aujourd'hui.
— Ça pourrait être intéressant en effet. Et j'ai une hypothèse quant à sa localisation.
Albus semblait très intéressé. Et Gellert voyant qu'il captait toute son attention, il reprit :
— Nurmengard. Le château. C'est là-bas que le "toi" de cette époque m'a enfermé après m'avoir vaincu. Il est fort probable que toutes mes affaires s'y trouvent.
— Alors c'est là-bas que nous irons. Ce week-end.
— Parfait, conclut simplement le mage noir.
— Oh ! Et… Gellert… ?
Albus sortit de sa poche l'amulette et le regard de son vis-à-vis s'obscurcit en le reconnaissant.
— Un horcruxe…
— Autour du cou de Dolorès.
— Merlin ! Pourquoi une sous-secrétaire d'État porterait un tel objet ?!
— Je ne sais pas, Gellert… Quelque chose se trame au ministère. Nul doute que tout cela soit relié à ce mage noir, Voldemort.
Gellert secoua la tête. Allons bon, ça commençait à bien faire. Était-il vraiment aussi terrible ? Aussi puissant ? Malgré lui, il ne put s'empêcher de frissonner de plaisir en y pensant. Peut-être était-il aussi fort que lui, voir même aussi fort qu'Albus ! Il avait hâte de le rencontrer et de le défier.
— Concentrons nous sur la sécurité des enfants et sur le château de Nurmengard pour l'instant. Concernant ce Lord Noir, attendons et observons ses actions.
Albus sourit et vint se blottir dans les bras de son aimé, bien qu'il n'était pas totalement sec. Il n'en avait cure ! Il aimait se trouver dans ses bras.
Note : L'univers et ses personnages ne m'appartiennent pas. L'histoire en revanche...
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