Hellooo !
Alors ça fait longtemps que je n'ai pas posté, et je sais je ne reviens pas avec SOS (Le chapitre 22 est presque prêt, il manque des corrections puis il sera posté, aux intéressés n'ayez pas peur ça vient :3) ni WISE ni Rien ne s'oppose à la nuit, mais avec un texte que j'ai initialement commencé pour la Saint-Valentin et qui, pour cause de longueur, a pris plus de temps que prévu à être écrit x'). De base il devait être un OS et je le fractionne en 3 chapitres pour une seule et unique raison : la partie 2 n'est pas finie mais je pense qu'elle devrait faire pas moins de 7k, et la partie 3 risque aussi d'être longue, ce qui aurait fait un OS d'environ 20k, peut-être plus, peut-être moins.
Si poster un pavé ne me gêne pas, qu'en tant que lectrice j'aime beaucoup les longs OS, et que vu vos retours sur WISE visiblement niveau lecture je suis pas la seule que ça effraie pas, je sais qu'il y en a quand même que ça dérange et je n'aurais pas eu le temps de finir ce qui correspond au 3ème chapitre ce week-end, OR j'avais vraiment envie de poster x').
So there is, un petit PWP avec du plot, un peu d'angst quand même présent dans cette première partie, de l'humour foireux, des situations sexuelles un peu awkward comme pouvant être imaginé avec le concept. Encore une fois avec le concept d'aphrodisiaques tout ne sera peut-être pas super réaliste niveau réaction corporelles, ça reste une fic érotique hein, et In Character en soi vu qu'Allen sera influencé, Kanda un petit peu aussi à des moments, d'autant que des sentiments sont pré-établis (sans relation), mais vous découvrirez tout ça assez vite. Je me fais confiance pour bien gérer leur personnalité, à vous de juger après ;).
Concernant le rating M, aka le lemon, les scènes sexuelles seront consenties, avec communication saine entre nos deux loulous (je parle comme une vieille tata gaga, tout va bien xD), et du fluff, parce que ceux qui me lisent doivent s'être rendus compte que j'aimais bien les petites scènes tendres :p. Par contre, petit EDIT parce que cela s'impose, ça reste du R18 les gars, donc vous étonnez pas si tout n'est pas qu'amour et eau fraîche, et qu'il y a des scènes vraiment explicites. Si vous êtes trop jeunes, ou mal à l'aise avec la sexualité, je vous déconseille de lire.
Sur ce, on se retrouve en bas ! :)
Bonne lecture :D !
Poker Face
De la poussière, un bois noirci par le temps, cassé et suintant d'échardes, puant le renfermé d'avoir été abandonnée depuis trop de temps pour pouvoir le déterminer avec certitude, la cabane dans laquelle ils étaient repliés. Elle était composée d'un rez-de-chaussée avec une fenêtre aux carreaux cassés, possédant un volet dont l'un des battants avant dû être arraché par une tempête quelconque ou tomber à cause du délabrement apparent des lieux. Allen avait fermé le battant résistant pour leur permettre d'être caché et de profiter d'un peu plus de chaleur. La fenêtre laissait rentrer beaucoup de froid la nuit. Au milieu du mois de février, il ne faisait plus aussi froid qu'en décembre, avec l'arrivée de l'hiver, mais les températures restaient basses, ce qui était problématique. Un étage s'intégrait à l'édifice fantôme, avec une échelle quelque peu branlante mais heureusement intacte, où il y avait une fenêtre circulaire, toute petite, qui avait été miraculeusement épargnée elle aussi. Le haut était clos par une trappe qu'Allen avait dû défoncer avant d'y installer Kanda. Cet étage était en réalité un carré de plateforme qui faisait la moitié de la surface globale de la cabane, et il pouvait être agréable une fois fermé. C'était là qu'ils dormaient tous les deux.
Doucement, Allen repositionna la couverture sur le corps du kendoka, endormi. Kanda avait été blessé. Il avait dormi toute la journée hier, et il venait de reprendre conscience aujourd'hui. Conscience était un bien grand mot. Allen faisait attention à lui, il l'avait veillé, ne le quittant des yeux que pour aller lui chercher à boire dans un cours d'eau à quelques mètres derrière la cabane. Leurs vivres s'épuisaient. La faim et la peur le taraudait. Allen avait presque peur que la cabane s'effondre le soir, lorsqu'un peu de vent faisait grincer méchamment l'habitacle, et qu'il était seul, livré à lui-même et à ses pensées. Kanda… Il voulait qu'il s'en sorte… Il refusait de le voir mourir. Rien qu'à imaginer que ses blessures puissent avoir raison de lui, il avait la nausée.
Alors il s'accrocha à la main de Kanda, essayant vainement de lui transmettre sa force, restant prostré.
Ce calvaire dura deux jours, suite à quoi, le bel endormi ouvrit enfin les yeux…
Et pas nécessairement pour le mieux.
Allen ignorait pourquoi il avait mangé ce miel sans réfléchir plus que ça. Il n'y avait rien dans la cabane, son ventre se nouait de stress sous la faim, sous la pression de ce vide qui le faisait gargouiller, cette absence d'énergie. Son camarade d'infortune l'envoyait allègrement paître à chaque fois qu'il l'entendait, d'ailleurs. Il n'avait pas su quoi faire pour alléger sa faim, il était symbiotique, il ne pouvait pas supporter ça longtemps. Alors, anxieusement, il avait ouvert un placard en hauteur qu'il avait tardivement remarqué, et il l'avait trouvé, là, un pot d'une substance d'un jaune doux et gluant… du miel. Il était plein, bien jaune, attirant, l'odeur sucrée voyageait jusqu'à ses narines, c'était huileux. Aux yeux du jeune garçon, ça semblait succulent. Il n'avait pas pu se retenir et avait dévoré le pot. Il avait plongé ses doigts dans le liquide, se les était enfourné grossièrement dans la bouche avec une fièvre de la conscience et un désir ardent de se repaître. Bon, il en avait laissé un petit fond, car il avait – étonnamment – été rapidement calé, mais c'était assez peu face à la grosseur du pot.
Kanda l'avait appelé. Machinalement, Allen avait voulu prendre le pot pour lui en proposer, il se rappelait que le kendoka n'était pas fan de sucrerie, mais dans ces conditions, ils n'étaient pas en état de faire la fine bouche. À peine s'était-il saisi du pot qu'un « putain, Moyashi, magne-toi le cul ! » avait éclos. Il se ravisa, une colère sourde le saisissant. Il prit le temps de se lécher les doigts, tentant de s'essuyer la bouche au mieux, se référant à Timcanpy pour savoir s'il y avait encore des traces de son plaisir coupable, ce dernier battant les ailes en signe de négation. Il essuya une autre menace, mais s'en ficha. Il rangea soigneusement le pot comme un objet précieux. Ce maudit Bakanda irait se faire voir, hors de question qu'il y touche.
Il aurait vraiment aimé que Kanda lui témoigne plus de respect. Lui l'aimait beaucoup, aussi surprenant que ça puisse paraître… Il nourrissait même des sentiments assez tendres à son égard. Quand il y pensait, il se disait qu'il devait être maso sur les bornes des limites. Et le pire, c'est qu'il aurait vraiment aimé que ce soit réciproque. Scandant sa colère d'un « C'est bon, j'arrive, arrête de me gueuler dessus ! », Allen descendit l'échelle branlante qui ne lui inspirait nullement confiance tant il sentait les barreaux flancher sous la plante de ses pieds, associés aux grincements odieux qu'ils produisaient.
« C'est quoi ces traces autour de ta bouche, crétin ? » attaqua Kanda. « T'as foutu quoi ? »
Les paroles agressives du Japonais qui se portait visiblement bien mieux irritèrent Allen. Sauf que cette fois, son regard courroucé engloba aussi son Golem qui baissa les ailes de manière piteuse. Dire qu'il avait compté sur lui pour sa discrétion !
Il détourna le visage, frottant grossièrement les coins de ses lèvres avec sa manche.
« Je t'en pose des questions, à toi ?
—Parle-moi meilleur, Moyashi, j'te préviens. Après tu viens gueuler que je suis pas aimable. »
Allen crut halluciner. Ce mec… !
« Mais t'as vu comment tu me parles ? C'est toi qui m'agresses alors que je viens d'arriver, je fais que réagir !
—Tch, débile. T'avais qu'à pas mettre trois plombes. »
Le symbiotique serra les poings, le regard furieux, ayant bien du mal à contenir son envie de les lui envoyer au travers du visage. Il finit par se faire violence pour garder son calme – avec une difficulté très franchement assumée.
« Bon. Pourquoi t'étais si pressé que je vienne ? Les Akumas sont toujours là ? Ou bien ils ne nous cherchent plus ? On est en sécurité ?
—Ouais, » rétorqua Kanda, ignorant totalement son ton agressif, et visiblement pas prêt de s'excuser ni de montrer la moindre reconnaissance, « ils sont partis, je pense qu'on va pouvoir reprendre notre route. Je voulais que tu prépares tes affaires.
—T'avais pas besoin de me sauter à la gorge pour que je le fasse.
—Je t'ai pas sauté à la gorge. Pas encore. Maintenant fais-le. »
Allen ouvrit la bouche mais la referma, ne cherchant pas à argumenter. L'autre se prenait pour le chef et ça ne lui plaisait pas, cependant, ça n'aurait pas été intelligent de faire un scandale sur l'instant, ils étaient tous les deux énervés, fatigués et affamés, Kanda avait les circonstances atténuantes pour faire ressortir son côté connard. Il se contenta de faire demi-tour, prêt à remonter cette fichue échelle en priant pour qu'elle ne s'effondre pas sous son poids – et pourtant, il n'était pas bien lourd ! – quand une emprise ferme sur son bras le fit pivoter.
Avec un hoquet de surprise, il fut face à Kanda qui posa presque délicatement son pouce au coin de ses lèvres, frottant la peau. Son cœur rata un battement. Il rougit intensément, jusqu'à la racine de ses cheveux, se sentant devenir brûlant malgré lui. Qu'est-ce que Kanda foutait ?! Il le repoussa d'un geste de la main, humilié de ses rougeurs qui devaient forcément être visible alors qu'il attaqua :
« Kanda, bon sang, pourquoi tu as… ?!
—T'as pas répondu à ma question, et c'est tout collant ici. » Il sentit ses doigts. « Du Miel ? Putain, où t'as trouvé ça ? »
Calmant son cœur qui battait résolument bien trop vite en reprenant contenance, Allen déglutit et grogna entre ses dents. Il allait bredouiller qu'il n'avait rien trouvé mais le regard du Japonais le trancha net, au point qu'il avait l'impression d'être découpé en rondelles. Pourquoi lui faisait-il toujours cet effet… ?
« J'ai trouvé un pot là-haut. » Il se mordilla l'intérieur de la joue, puis ajouta : « Il en reste, si tu veux.
—Attends, est-ce que tu sais au moins depuis combien de temps c'est là ? »
Allen hoqueta de nouveau, se rendant compte qu'il ne pouvait pas répondre. Merde, c'est vrai qu'il n'avait pas réfléchi… du tout. Kanda s'énerva face à son incrédulité :
« On t'a jamais appris à pas bouffer n'importe quoi, surtout quand tu sais pas si c'est bon ? On fait quoi si t'es malade ?
—Quoi, ça t'inquiète, peut-être ? »
Kanda le dévisagea froidement.
« Non, mais compte pas sur moi pour traîner ton cadavre à l'Ordre. Ramène tes sacs et on se casse. »
Allen se figea. Il en avait plus que marre ! Tout son être lui hurlait de crier à Kanda qu'il l'avait veillé sans relâche pendant trois nuits, qu'il avait épuisé leurs maigres vivres en s'occupant de lui, qu'il s'était restreint pour qu'il mange à sa faim – pour sa part, ce n'était pas la première fois que le blandin se passait de repas, il savait donc faire sans, si ce n'était pas plaisant et insupportable à la longue en vue de sa condition, ce pourquoi il avait craqué en voyant le pot de miel. Il s'était dévoué pour lui et voilà comment il était remercié ?! Bon dieu ! Il avait envie d'hurler que c'était le cadavre de Kanda qui serait ramené à l'Ordre, une fois qu'il lui serait passé dessus. Mais il n'allait pas le faire, parce qu'Allen ne blaguait pas sur la mort de quelqu'un. C'était un camarade et rien qu'à l'idée qu'il lui arrive quelque chose, son cœur se pinçait désagréablement. Il retroussa en revanche la mâchoire et cracha méchamment :
« Tu es vraiment un gros con, Kanda. J'espère que tu le sais. »
Sur ces mots sirupeux, il grimpa jusqu'en haut et se jeta sur le sac d'affaires qu'il froissa de colère en fourrant tout ce qu'il pouvait à l'intérieur. Il était furieux, il avait même juré, alors qu'il détestait ça ! Mais Kanda était tellement méchant depuis qu'il s'était réveillé, ça le blessait énormément, il n'avait pas réussi à se contenir. Se rendant compte que son sac ressemblait plus à une boule qu'à un sac digne de ce nom et qu'il allait plus l'encombrer qu'autre chose, il le vida, le renversant à ses pieds, s'agenouillant pour y remettre ses affaires en rangeant un peu mieux. Il se força à soupirer pour reprendre une respiration ensuite. En y repensant, il n'avait même pas regardé l'expression de Kanda, mais avait cru le voir passer d'un rien à foutre à un bref choc. Il espérait qu'il prendrait conscience que son comportement dépassait les bornes, il avait voulu le blesser, mais quelqu'un qui ne se souciait pas des autres comme lui risquait plus de le juger fautif qu'autre chose, ce qui le blessait, lui, encore plus. Alors oui, il pouvait imaginer que le fait qu'il l'ait aidé n'était pas étranger à tout ça, peut-être que c'était ça qui le rendait hargneux, la honte de penser qu'il lui devait quelque chose ou qu'il avait été aidé par lui.
Ça le faisait déprimer plus qu'autre chose. Pourquoi Kanda le détestait autant ? Et lui, pourquoi est-ce qu'il… ?
Allen se rendit compte que son regard était flou. Il s'essuya les yeux avec honte, espérant que Kanda ne l'engueulerait pas de prendre son temps. Il était maudit, il était arrivé après lui parmi les Exorcistes, mais il était loin d'être un boulet fini ou d'être désagréable, plus encore, il avait essayé avec Kanda. Vraiment. Ce dernier avait toujours refusé ses pas en avant. Idiotement, Allen s'était quand même attaché, parce qu'il faisait partie du décor et qu'il avait un certain charme, probablement – ça l'irritait de le qualifier ainsi.
Il avait aussi des côtés rassurants, quand il voulait bien se donner la peine d'être aimable, parce qu'il savait venir en aide à un camarade dans le besoin, sans trop gueuler. Ce n'était pas le cas sur cette mission. Il reniflait un peu, se passant la main sous le nez, et tenta de nouveau de regagner son calme. En quelques minutes, c'était chose faite. Son sac était fait et il pouvait descendre. Autant dire que l'échelle sembla crier grâce rien qu'à le souffrir maintenant qu'il portait un bagage, et il put encore se vanter d'avoir tenté le diable sans que celui-ci ne se manifeste. À l'entrée de la cabane, l'épéiste l'attendait sans mot dire. Lui aussi tenait un sac bien rempli et sa propre valise, qui avait été épargnée, contrairement à celle d'Allen. Il ne lui fit aucune remarque, aucune pique, rien. Leurs regards se croisèrent et Allen le détourna encore, se blâmant d'être fuyant mais en même temps bien obligé de l'être, ne voulant pas que le kendoka puisse deviner qu'il avait pleuré. Il espéra n'avoir pas été entendu, ça aurait été le summum de la honte. Au moins, il avait l'air d'être calmé suite à son insulte. Ou du moins, il avait décidé d'arrêter les animosités pour le moment.
Ils sortirent chargés de leur bagage, laissant la porte ouverte derrière eux. Celle-ci grinçait faiblement, agitée par un vent léger, tant, fébrile, elle tenait mal sur ses gonds. Il faisait beau et chaud dehors pour la mie du mois de février, le soleil brillait et traversait les feuillages des arbres hauts, certaines feuilles percées par les rayons persistant, jusqu'au sol tout de verdure fleurie, qui portait toutefois les traces de leur précipitation suite à leurs précédents combats. Ils marchaient dans le silence, essayant de retrouver leur chemin, car aux dernières nouvelles, ils étaient toujours perdus à l'intérieur de cette gigantesque sylve. Là-dessus, Allen faisait confiance à Kanda pour s'improviser guide, lui n'avait aucun sens de l'orientation, alors il le suivait comme son ombre. Les deux Traqueurs qui les accompagnaient étaient morts, voilà pourquoi ils se trouvaient avec autant d'affaires.
Allen sentait son corps lourd et une certaine tension naissait en lui sans qu'il ne sache pourquoi. Il aurait pu mettre ça sur le compte du poids qu'il transportait, mais d'habitude, il gérait plutôt bien… Il devait aussi y avoir la faim qui l'affaiblissait, sa force se drainant avec une rapidité inquiétante. Il sentait le regard narquois de Kanda sur lui, lui causant une moue agacée. Finalement, il n'avait pas décidé d'arrêter d'être agaçant.
Ils avaient été envoyés au combat dans la campagne Allemande, et les confrontations avec les Akumas avaient été foutrement violentes à peine débarquèrent-ils dans le petit village reculé où on leur avait signalé la présence d'une potentielle Innocence. Une Innocence, ils n'en avaient pas trouvée, mais les Akumas étaient vraiment nombreux. Sans doute était-ce un piège du Comte, un moyen d'attirer des Exorcistes au casse-pique plus vite, c'était la théorie de Kanda et Allen le rejoignait un peu là-dessus. Ils avaient essuyé des attaques d'un petit groupe de niveau 2, lequel se révélait être un leurre pour endormir leur méfiance. Un véritable essaim d'Akumas, plus d'une centaine, leur était tombé dessus, de niveau 2 à 3, ça demandait beaucoup de force et beaucoup plus de moyen de contre-attaque que ce que Kanda et lui pouvaient produire à deux. Ils étaient forts, Kanda avait l'expérience de plusieurs années de lutte, Allen sa foi immuable en son Innocence, mais ça ne suffisait pas. Les villageois qui n'avaient pas pu fuir avaient péri, les Traqueurs et les jeunes Exorcistes avaient tenté d'attirer les monstres dans la forêt avec eux, mais ça n'avait pas suffi à faire cesser l'hécatombe.
Les combats s'étaient intensifiés, ils avaient perdu de vue les Traqueurs, ils avaient dû fuir, et ils s'étaient séparés tous les deux. Allen s'était retrouvé acculé par des Akumas qu'il avait peiné à détruire, détalant parce qu'il y en avait trop. Là-dessus, il avait retrouvé Kanda par hasard, au moment où celui-ci était projeté par l'explosion d'un double tir d'Akuma. Un des Traqueurs, qui portait une partie de leur bagage, l'avait retrouvé en premier et se tenait à côté de lui. Il avait été détruit sur le champ. Allen avait eu la peur de sa vie en voyant Kanda voler au loin comme une poupée de chiffon et atterrir lourdement sur le sol, visiblement inconscient. Le deuxième Traqueur était réapparu juste à temps, et tandis qu'il s'occupait de récupérer ce qu'il restait de leurs affaires, où se trouvait des équipements de premier soin et des rechanges, Allen s'était précipité sur Kanda. Il l'avait porté, et lui ainsi que le Traqueur s'étaient trainés à l'aveugle dans la forêt jusqu'à tomber sur cette cabane. Ils s'étaient crus à l'abri, mais un niveau 2 avait égaré les avait vu. Il avait réussi à inoculer son poison au Traqueur, Allen ayant le temps de le détruire avant qu'il ne fasse trop bruit, ce qui aurait inévitablement alerté les autres.
Dans un état de stress paranoïaque, Allen avait préparé le lit de fortune pour Kanda à l'étage supérieur, paniqué de voir que la plupart des vivres qu'ils avaient sur eux avait été détruit – ce qui causait bien le trouble dans lequel ils étaient maintenant, mais soulagé que le sac de secours ait été épargné. Il leur restait aussi des vêtements. Il avait réellement cru mourir toute la journée en espérant que Kanda se réveille, faisant attention à l'hydrater, gardant sa respiration sous contrôle, avec la peur au ventre que les Akumas ne rasent la cabane sans sommation ou qu'ils entrent ici pour les y rechercher. Rien ne s'était passé, cependant, ça n'avait pas arrangé les choses, car voir que Kanda avait mis trois jours à récupérer, étant juste suffisamment conscient pour pouvoir manger… Allen n'avait pas honte de dire qu'il avait pleuré comme un bébé, craignant qu'il ne se reprenne pas, sincèrement inquiet. Il savait qu'il ne fallait pas bouger quelqu'un d'à demi-inconscient et il ne savait même pas où trouver un hôpital, le sac avec la carte de la région avait été détruit, il était seul à devoir gérer la situation, et il avait vraiment pressenti une catastrophe.
À son soulagement quand le Japonais avait récupéré de la vigueur hier soir et sa déception de le voir si agressif… Il n'avait pas eu le droit à un merci, un sourire, ou quoique ce soit. Allen savait qu'il ne fallait pas en attendre beaucoup de Kanda. Mais merde… !
D'un côté, il restait soulagé de savoir que son sale caractère était encore là, c'était une preuve qu'il n'avait pas eu de séquelle suite à son état léthargique, ce qui soulageait rudement Allen. Il aurait quand même aimé de la reconnaissance. Il serra les dents sous une douleur aigue qui traversa son estomac alors que ses chaussures s'enfonçaient dans la terre collante. Malgré le beau temps, il avait plu cette nuit, et il y avait un peu de boue sur le chemin, d'autant que ce n'était pas réellement un chemin vu qu'ils coupaient les bois pour ne pas se rendre trop visible. Toute cette situation, alliée à sa culpabilité de n'avoir pas su être assez utile, pesait sur lui. En résultait un agacement. Qu'il aurait aimé pouvoir compter sur Kanda comme un ami ! Qu'ils arrivent à nouer une relation d'appréciation cordiale. Qu'ils…
« Oï, Moyashi, tu vas où ? »
Allen hoqueta, relevant la tête brusquement, se rendant compte qu'il l'avait baissée et qu'il avançait à l'aveugle, bifurquant derrière Kanda.
Dis donc, il regarde ce que je fais ? D'habitude, il m'aurait laissé me perdre sans rien dire…
Le blandin allait protester, mais juste en face de lui, il voyait quelque chose qui lui glaçait le sang. Son œil gauche réagit avant lui, le lançant furieusement. À quelques pas de là se trouvait trois niveau 3. Ils étaient trop faibles, ils ne pourraient jamais les affrontés.
« Moyashi, tu…, »
Kanda élevait la voix, et Allen réagit au quart de tour, chuchotant anxieusement :
« Tais-toi ! »
L'autre comprit. Il ne bougea pas, adressant un regard circulaire autour de lui, s'arrêtant sur un point qu'Allen ne pouvait pas voir.
« Ils jalonnent la zone, ces fils de pute, » même dans cette situation, la grossièreté de Kanda froissa presque Allen qui se sentit piqueté de désapprobation, « on va devoir rebrousser chemin et en trouver un autre. »
Allen recula précautionneusement, se rapprochant de Kanda, qu'il fixa avec confusion, en plein désarroi.
« Tu proposes qu'on fasse quoi ? On ne va pas pouvoir rester là éternellement, tu as été blessé, je pense qu'il faudrait que tu vois un médecin. »
Sa voix basse articulait soigneusement les mots, cherchant à faire ressentir à l'autre son sentiment d'urgence.
« J'sais pas quoi faire. On peut attaquer de l'autre côté, mais en étant chargé comme des mulets, ça va être chaud. Tu transpires rien qu'à porter ton sac, ça va pas le faire.
—Je transpire p-… »
À peine articulait-il ces mots qu'Allen se rendit compte que la sueur perlait de son front. Il avait soudainement très chaud. À cet instant, son ventre lui fit la sensation d'exploser de sensations diffuses et il écarquilla les yeux. Sans qu'il ne puisse se maitriser, il sentit le sac glisser lourdement de ses épaules et se pencha, plaquant ses mains sur son ventre, se pliant en deux pour ne pas crier.
Ça faisait mal, bon sang, ça faisait mal !
Les larmes montèrent à ses yeux.
Oh merde…
Il sombra sur ses pieds en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
« Putain, Moyashi ! »
Kanda venait de gueuler aussi doucement qu'il en était capable. Les Akumas n'étaient pas loin, c'était dangereux. Allen s'excusa entre ses dents, mais il était incapable de bouger et de se décrisper.
« Bon, on va revenir à la cabane. Tu peux marcher ?
—Je sais pas… »
Il entendit Kanda marmonner un « fait' chier » et se sentit soulevé. Il mit quelques secondes à réaliser… qu'il le portait. Allen eut de plus en plus chaud, son corps se couvrit de chair de poule, il frissonnait.
Quand son regard croisa celui de Kanda, il ne put s'empêcher de gémir et se sentit saisit de honte extrême.
Non, pensa-t-il, non, je me maîtrise d'habitude, ça ne peut pas…
Le kendoka ne lui en tint pas rigueur. Il avait pris le plus gros sac qu'il portait derrière son dos, ajouté au sien, sa valise et lui qu'il portait comme une princesse… Allen se sentit au comble du ridicule, d'autant qu'il réalisait à quel point Kanda possédait une force physique brute. Il aurait voulu parler mais ne faisait que se retenir de gémir sa douleur entre ses dents. Il se sentait étrange. Cette douleur en elle-même était étrange… Car elle était intime. Mais c'était si pesant… si désagréable. Heureusement, le visage de Kanda le réconfortait. Ce qui était, en soi, encore plus bizarre que le reste. Il rougissait toujours alors que Kanda avançait, les ramenant à la cabane qui se trouvait à quelques mètres de là. Ils n'avaient pas pu aller bien loin… Comment allaient-ils faire pour s'enfuir si les Akumas les cherchait ? Ils étaient vraiment dans la merde jusqu'au cou.
« Qu'est-ce qui t'arrives ? » finit par demander Kanda.
Allen dut faire un effort surhumain pour se battre contre la pulsion de se blottir contre lui tant son odeur chaude était plaisante. Il se passa la langue sur ses lèvres.
« Je sais pas…
—C'est le miel qu'est pas passé ?
—Peut-être, oui, c'est possible. »
Kanda soupira. La porte de la cabane fut en vue, et en quelques pas supplémentaires, ils furent à l'intérieur. Il le déposa au sol, prenant place face à lui, le visage courroucé.
« Je t'avais prévenu, Moyashi. Si t'as la gerbe ou quoi j'te préviens tu vas dehors, tu fais pas ça devant moi.
—Mais tu me prends pour qui ?! » s'écria Allen, outré.
Un rictus lui répondit.
« Pour un imbécile qui mange tout ce qu'il trouve et qui va finir avec la gerbe de sa vie.
—Ça va, la ferme ! J'avais faim, Kanda ! FAIM ! Me dis pas que toi aussi ça te pèse pas ?! »
Kanda l'ignora, jetant un coup de menton derrière lui, un mouvement d'épaule accompagnant le geste.
« T'as dit que y avait un cours d'eau, derrière ? Là où t'allais me chercher à boire ? »
Allen rougit malgré lui. Alors il se souvenait qu'il s'était occupé de lui…
« Oui… Il est pas loin, tu descends deux pierres sur le côté, tu te retrouves sur un petit chemin et il est juste plus bas, à gauche. Tu l'entendras.
—Ok. En y allant seul je devrais pas me faire repérer, je vais nous chercher de l'eau. »
Se disant, il prit le temps de déplier son sac, en sortit une couverture qu'il étala sur le sol soigneusement. Il posa le sac en boule, formant un oreiller, faisant un lit de fortune. Allen s'inquiéta. Était-il toujours fatigué et se préparait-il de quoi s'allonger ? Est-ce qu'il était malade, lui aussi… ?
« Allonge-toi, » commanda Kanda, coupant court.
Oh… C'était pour lui…
Allen fut gêné, mais touché. La perplexité dut se lire sur son visage, aussi, le kendoka soupira.
« C'est parce que t'as aidé, pense pas que je serai infirmier. »
Le blandin ricana ironiquement.
« Un merci aurait suffi, tu sais. Si ça ne t'écorchait pas la bouche, tu verrais que les meilleures choses sont les plus simples.
—Couche-toi, ou je t'écorche ta langue bien pendue. »
Blasé, proche de lui rétorquer qu'écorcher une langue serait difficile, Allen le fit pourtant. Il fut étonné de sentir une main sur son crâne. Kanda tâta ensuite ses joues qui étaient devenues bouillantes.
« T'as pas l'air d'avoir de la fièvre, au moins. T'es un peu chaud, mais c'est pas inquiétant. Je t'en fouterai, de bouffer n'importe quoi.
—Merde, » s'emporta Allen en ignorant le contact embarrassant, « la bouffe qu'on avait, je la gardais pour toi, c'était galère de faire attention à ce que tu t'étouffes pas ! Déjà qu'on en avait pas assez pour deux, les portions d'un seul divisées, c'était vraiment ridicule… C'est trop te demander de le prendre en compte ?
—Je le prends en compte. »
Le blandin fronça les sourcils.
« Ah oui ? En me faisant que des reproches ? En m'engueulant tout le temps ? J'en ai marre ! »
Kanda ne répondit pas.
« Y'a une couverture dans ton sac ?
—Oui, pourquoi ? »
Kanda s'attela à son sac et en sortit un plaid avec lequel il le couvrit. Allen ne sut si ça signifiait un effort ou quoi que ce soit, et le Japonais ne lui laissa pas le temps de dire un mot de plus.
« Je comprends que t'avais faim. J'ai faim aussi. Essaie de dormir. Je vais tenter de trouver un autre chemin le temps que je descends, on repartira quand t'iras mieux. »
Il passa la porte, la refermant derrière lui, laissant Allen abasourdi, resté sur le carreau.
Sa voix avait été assez douce, ou du moins, elle n'avait pas d'accent meurtrier… ça l'avait détendu. Néanmoins, il était circonspect, il se tâta lui-même le front et les joues.
Kanda devait se planter quand il affirmait qu'il n'avait pas de fièvre. Son corps lui semblait chaud, il se sentait comme ballonné, mais en bas, et le touché de Kanda l'avait tué intérieurement. Pas dans le mauvais sens du terme. Ça lui avait fait du bien, il avait eu envie de plus, encore de se blottir et de se laisser aller. Il déglutit et se mordit le bout de la langue. Il fallait qu'il se calme. Déjà parce que Kanda ne faisait que l'envoyer chier dernièrement et qu'il était hyper agressif, il ne pouvait pas avoir autant d'indulgence envers lui et s'appuyer sur lui, il était fâché. Par contre, il sentait son cœur s'emballer et son corps, ce n'était pas bon du tout !
Il ne voulait pas perdre le contrôle et que l'autre comprenne ses sentiments à son égard. Il préférait encore qu'il lui arrache effectivement la langue plutôt que ça. C'était pas comme s'il comptait les dire ce soir, de toute façon. Il y avait un moment pour tout et ce n'était clairement pas le bon maintenant. Cela dit, si Kanda lui parlait un peu mieux, s'il commençait à prendre en compte son aide… Ils pourraient peut-être améliorer la situation. Allen l'espéra et obéit aux recommandations de Kanda, essayant de dormir. Il voulait rester sur le qui-vive parce qu'il avait peur qu'il arrive encore quelque chose à Kanda, toutefois, le sommeil eut raison de lui.
Kanda revint à la cabane en étant pour le moins content de lui. Il avait rempli les gourdes à fond, et même réussi à attraper deux poissons, qu'il avait pêché avec les mains faute de mieux, autant dire que ça avait été bien galère, trouver du bois… Il s'était bien cassé le cul, et il avait pris du temps. Faudrait juste qu'il dégote un emplacement à l'écart pour faire cuire leur pitance avant ce soir, et ils auraient de quoi dîner. C'était le mioche qu'allait être content. En espérant qu'il avait réussi à pioncer un peu, il en avait vraiment besoin. Sans être de mauvaise foi, Kanda savait qu'il était dur avec lui, pour ne pas dire un peu salaud sur les bords. Il n'était pas aimable, il n'allait pas se cacher derrière des justifications farfelues, toutefois, il savait que c'était accentué parce qu'il avait les boules que la mission se soit passée comme ça. La moitié des villageois décédée, les Traqueurs crevés eux aussi… C'était des trucs qui ne l'atteignaient pas et dont il ne s'embarrassait pas de faire le deuil, pour autant, ça ne voulait pas dire qu'il appréciait quand une mission capotait lamentablement et que ça les mettait dans la merde. Il avait été malade, avait bien perçu qu'Allen avait paniqué à côté, les nerfs en vrac, et se rendre compte que la situation était désespérée quand il avait été en état de penser l'avait rendu furieux. Pas contre Moyashi, mais contre les événements. Il avait quand même passé ses nerfs sur lui. Comme Allen était fatigué de l'avoir veillé, tiraillé par la faim, il n'arrivait sans doute pas à avoir assez de recul pour ne pas le prendre personnellement et pour voir ça comme les simples piques qu'ils se lançaient sans cesse habituellement.
N'ayant pas le désir de le heurter, sans aller jusqu'à dire qu'il se souciait de le ménager, Kanda avait décidé qu'il allait cependant se calmer sur les commentaires sarcastiques. Histoire d'éviter que ça dégénère. Il avait bien entendu Moyashi pleurer, ça ne lui avait pas plu du tout. Le kendoka n'était pas assez con pour ne pas se douter que son agressivité avait eu un impact émotionnel sur le blandin, encore à cause de sa capacité de recul amoindrie. Il n'était définitivement pas en état de se faire chambrer, durement ou non. Se retrouver à gérer une crise de nerfs de son coéquipier l'aurait franchement soûlé… Voilà pourquoi il détestait être envoyé à deux sur une mission quand il ne s'agissait pas de Marie, qui avait au moins la décence d'être silencieux et de ne pas nécessiter beaucoup de communication. Facile à vivre et agréable, Marie n'avait pas le caractère de merde du maudit, aussi… Enfin, là-dessus, Kanda savait qu'il pouvait difficilement l'ouvrir trop grand.
Toujours est-il que c'était Allen qui était malade maintenant, et s'il ne lâchait pas un peu prise, ça n'allait pas le faire. Au moins, si le miel, sans doute périmé, qu'il avait mangé le clouait au lit, il allait être obligé de se détendre. Ce que Kanda préconisait pour lui n'était ni de l'inquiétude, ni de la bienveillance. Sans que ce soit l'inverse pour autant, c'était simplement… du bon sens. Allen Walker en semblait quelques fois dépourvu. Un vrai crétin, ce type-là.
Il guetta soigneusement les environs en arrivant à proximité de la cabane, craignant d'être suivi. Il enviait pas la malédiction du blandin, loin de là, mais pour ce genre de trucs, ça devait être pratique de les détecter. Manquerait plus que les Akumas se ramènent et les attaquent maintenant, ils seraient bien barrés, tiens. Personne à l'horizon, d'à ce qu'il en percevait, aussi, il put remonter la pente abrupte, escalader les pierres, et retrouver l'entrée. Il se dépêcha de passer la porte, toujours soucieux de ne pas se faire prendre, brandissant fièrement les poissons avec un rictus d'autosatisfaction nullement dissimulé.
« Hé, Moyashi, r'garde ce que je ramène. Tu vas pouvoir arrêter de me faire une pendule de ta faim, maintenant. »
S'il espérait un peu le faire râler – il avait dit qu'il cesserait les sarcasmes, mais celui-là était relativement gentillet, il déchanta bien vite face à ce qui se trouvait devant lui.
Dites-moi que je rêve, putain. C'est une blague.
Ce gamin a pété un câble… !
Le visage fiévreux, les joues cramoisies, un regard flou, une expression indéfinissable pourtant si caractéristique, Allen avait la main plongée dans son caleçon, lui-même abaissé sur ses cuisses, et le bout de son sexe érigé, qu'il avait arrêté d'astiquer avec son arrivée fracassante, disait joyeusement bonjour.
Kanda fut on ne peut plus hébété et ne sut comment réagir. Il se sentit tout de même agacé. Il s'était cassé les couilles à pêcher tout seul, à trouver de quoi faire un feu, croyant qu'Allen était malade, et ce petit crétin se masturbait au calme pendant qu'il se coltinait tout le boulot pour arranger leur situation ? Ça ne passait pas du tout aux yeux du kendoka ! Il serra rudement les poings, gueulant de pair :
« Putain mais tu crois que c'est le moment de faire ça ?! »
C'était tout ce qu'il trouvait à dire. Le gamin semblait littéralement pétrifié, la bouche ouverte qu'il referma avec précipitation, ne trouvant rien pour se justifier. Il cacha son sexe avec honte, détournant le visage. Pourtant, il arborait toujours cette expression d'extase et cette lueur de désir, ce que Kanda ne comprenait pas et ne voyait définitivement pas du tout d'un bon œil. Ouais, Moyashi était vachement malade. Autant dire qu'il n'allait pas se gêner pour le tancer, fini les bonnes résolutions.
« Alors je récapitule, » s'éberluait un Kanda rageur tandis qu'Allen, plongé dans un silence mortifié, n'en revenait visiblement pas d'avoir été surpris. Autant dire que Kanda aurait lui aussi aimé s'épargner une telle vue. « Je vais nous chercher de quoi bouffer, te chercher de l'eau, et toi, quand tu sens que ça va mieux, tu penses pas à me rejoindre pour aider, tu préfères te branler ?! Sérieusement ? »
On pouvait définitivement faire plus gênant. Le blandin réagit à ce moment-là, beuglant littéralement, perdu :
« C'est vraiment pas ce que tu crois !
—Ah non ? » attaqua le Japonais. « Ta main dans ton slibard, je l'ai inventé ? T'as intérêt à m'dire que tu te portes mieux, au moins.
—Mais Kanda, laisse-moi m'expliquer, je t'en supplie ! J'ai pas fait exprès ! »
C'était la meilleure, celle-là.
« Pas fait exprès ? Tu te fous de ma gueule ? J'te préviens, je m'en fous que tu te branles, tu fais ce que tu veux, mais la prochaine fois, tu fais en sorte d'être sûr que j'en sois pas témoin et de pas me laisser tout me cogner, bon dieu de merde !
—C'est la vérité ! Je ne comprends pas ce qui se passe ! »
Allen était paniqué, ce qui eut le mérite de choquer Kanda. Ok, ça commençait à être bizarre. Moyashi enchaîna :
« C'est depuis que les douleurs ont commencé. Je te jure que j'y suis pour rien ! Je me suis senti bizarre, et maintenant, c'est encore pire… J'ai cru que j'étais malade, mais je crois que ce n'est pas ça… J'ai eu chaud, j'ai eu mal. Mes mains ont bougé toutes seules parce que ça faisait mal. Ça fait vraiment mal si je ne fais rien ! »
Kanda resta coi. Y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas. Qu'est-ce qui arrivait à ce con ? Qu'est-ce qu'il avait foutu pour… ?
« Kanda, » implora Allen, coupant sa réflexion, d'une voix si perdue que ce dernier sentit ses yeux s'ouvrir en grand, « qu'est-ce que je dois faire ? »
C'en fut trop pour Kanda. Il décrochait totalement. Avec sa fierté, si Allen l'implorait, c'est que c'était la merde la plus totale. Il ne comprenait pas cette situation, mais il sentait qu'il y avait un gros bordel qui était en train de se tramer, ce qui n'apaisait pas ses nerfs.
« Mais pourquoi tu me demandes ça ?! J'en sais rien, putain !
—Tu es un garçon toi aussi, et tu es plus âgé ! Ça ne me plait pas de te demander ça mais je ne comprends pas ce qui m'arrive ! »
Il avait élevé la voix, les larmes aux yeux. Il avait l'air en souffrance, ce n'était pas feint.
« C'est pas un problème de garçon ni d'âge, Moyashi, » abattit le kendoka, « c'est vraiment pas normal ce qui t'arrives, ça m'est jamais arrivé de me retrouver dans un état comme ça, moi.
—Oh mon dieu, qu'est-ce que je vais faire ?! »
Allen parlait plus pour lui que pour Kanda, ce dernier s'en rendit compte. La crise de nerfs qu'il avait pressenti n'était pas loin. Bon dieu, ils les collectionnaient. Kanda avait le sentiment d'avoir lui aussi été maudit.
Il prit rapidement une inspiration, décidant qu'il fallait bien prendre les choses en main en étant ferme et pragmatique, ce dont Allen n'était pas capable. D'abord, fallait trouver ce qui avait pu causer ça. Kanda avait déjà eu vent d'aphrodisiaques puissants qui rendaient ceux qui les ingérait dans un état d'excitation infernal, ça lui rappelait le cas de Moyashi.
« Commence déjà par te calmer, » apposa-t-il sévèrement. « Bon, est-ce que tu as touché à quelque chose qui aurait pu te provoquer ça ?
—À quoi tu veux que j'ai touché ?!
—Tu te comportes comme si t'avais été bourré d'aphrodisiaques. » Devant le regard d'Allen, Kanda s'expliqua : « C'est des trucs qui rendent excités. »
En vérité, c'étaient Tiedoll et Marie qu'il avait entendu en discuter une fois quand il était encore enfant. Au moment où il avait voulu savoir ce que c'était, on lui avait répondu gentiment que ce n'était pas de son âge, ce qui l'avait foutu en rogne – il les avait copieusement insultés, rétorquant que de toute façon, il s'en fichait – puis en se renseignant seul de son côté, il avait compris. Ça l'avait réellement choqué qu'il y ait des substances qui puissent avoir de tels effets, et Kanda se rendait compte avec ironie qu'il avait été bien naïf. Aujourd'hui, il était content d'étaler sa science.
« Je sais ce que c'est. » Allen serrait les dents. « J'ai juste rien touché qui aurait pu avoir cet effet, je ne comprends vraiment pas ! »
Kanda reprenait contenance.
« T'as bien dû bouffer quelque chose qui… Oh, putain.
—Quoi ? »
Le kendoka pensait comprendre.
« Le miel. »
Allen déglutit, prenant le temps d'essuyer ses larmes.
« Mais comment ça serait possible ?
—Il y a des aphrodisiaques sous forme de liqueur, tu le mets dans un aliment, tu partages avec un partenaire et tu peux passer un bon moment au pieu. »
Allen rougit furieusement.
« Tu as l'air de t'y connaître… »
Son marmonnement lui avait échappé mais n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Sur un 'tch', Kanda haussa les épaules.
« C'est surtout que j'ai entendu des racontars, va pas te faire de fausses idées. »
Encore qu'il n'en avait pas grand-chose à foutre des idées qu'il se faisait, mais bon, pour le principe. Allen se passa la langue sur les lèvres :
« Je ne me fais aucune idée, excuse-moi, je n'aurais pas dû dire ça. » Kanda passa l'éponge sur cette remarque, le maudit le regardant : « Alors je dois faire quoi ?
—Tu dois attendre jusqu'à ce que l'excitation passe, et te soulager. C'est possible que tu ne puisses pas jouir avant que ça soit calmé.
—Et ça peut durer longtemps… ? »
Kanda haussa encore les épaules, incapable de se prononcer. Il avait entendu parler des effets, pas de moultes détails qui l'auraient rendu expert.
« J'sais pas. Il était où, ton pot ?
—En haut, dans le petit placard. »
Allen serra soudain les jambes en se crispant de douleur.
Oh oui, il l'avait sévère.
Ça lui apprendrait à manger n'importe quoi, c'est sûr, mais Kanda savait que lui sortir ça aurait été particulièrement sadique et mesquin. Il était lui aussi un mec, il comprenait l'embarras dans lequel ça devait le plonger. Ça ne lui serait jamais arrivé personnellement mais mettons, il aurait pas aimé recevoir des remarques, la douleur et l'excitation constante l'auraient très certainement rendu mauvais.
Il grimpa l'échelle quatre à quatre, notant qu'elle était sacrément dangereuse, et atteignit la plateforme du dessus. Il tomba directement sur le placard et l'ouvrit, en sortant un pot profond où il restait tout de même un bon fond de miel. Moyashi n'avait pas tout bouffé, étonnant… ça devait la liqueur, elle avait dû le caler vite. Il redescendit et l'emporta jusqu'en bas.
Quand ses pieds se posèrent en claquant sur le plancher, il tourna la tête au son d'un gémissement endolori. Allen s'était prostré sur un côté et serrait les jambes.
Fallait vraiment qu'ils trouvent une solution.
« Je vais te laisser faire ce que t'as à faire et me mettre en haut, » annonça-t-il, « je vais m'occuper de vider les poissons pour tout à l'heure. Mais réponds-moi, y en avait beaucoup ? »
Allen tremblota en se tournant vers lui. Son front dégoulinait de sueur et il gémit entre ses dents.
Bon dieu…
« Le pot était plein. J'en ai laissé un peu.
—Il en reste encore un bon fond, quand même. Mais ouais, il était gros. T'as rien senti de bizarre au goût ? »
Le kendoka était éberlué. Allen poussa un soupir vaincu, à la fois coupable, désespéré, et agacé.
« Kanda, » chuchota-t-il faiblement, perles salées roulantes sur ses joues, « j'étais affamé, et je suis symbiotique. Je t'avoue que sans ça, j'ai du mal à rester sans manger trop longtemps… ça aurait pu avoir un goût infâme que je l'aurais mangé en sachant qu'il n'y avait que ça. »
D'accord, se dit Kanda, eh ben, on est pas rendu avec lui.
Il lui aurait bien envoyé une pique en disant que ce n'était pas compliqué que de l'empoisonner, mais préféra encore s'abstenir intelligemment.
« T'as dû ingurgiter beaucoup de liqueur… Tu vas douiller un moment, mais reste calme, et essaie de te soulager. »
Il coula un regard dépité sur Allen qu'il abandonna en regrimpant à l'étage. Cette mission était de loin l'une des pires qu'il avait jamais faite, c'était décidé. Et pourtant, les missions de merde, c'était assez légion chez eux, malheureusement.
En haut, il s'assit dans un coin et s'occupa de vider un à un les poissons qu'il avait pêché, n'ayant pas d'autre choix que d'utiliser Mugen pour ça, se réjouissant de se dire qu'ils auraient au moins de quoi becter, parce que lui aussi avait faim. Son ventre gargouillait doucement. Il découpait méticuleusement, tentant de faire de belles tranches, et la lame ripa soudain, Kanda se trouvant déconcentré. Il fallait dire que ça aurait été plus facile de dédier à sa tâche si les gémissements de plaisirs du blandin ne résonnaient pas jusqu'à ses oreilles. Ils alternaient subtilement avec de la panique, pour parler précisément, et Kanda était bien obligé d'y être sensible. Ça semblait ne pas beaucoup soulager Moyashi.
Sûrement parce qu'il n'arrivait pas à se détendre. Ça allait vraiment être dur pour lui, sans mauvais jeux de mots, s'il se calmait pas. Il n'éjaculerait pas, et sortir de l'état d'excitation excessif allait être vraiment difficile comme ça. Quand même, Kanda avait du mal à s'en remettre, qui avait laissé un putain de pot de miel aphrodisiaque ici ? À quoi avait donc pu bien servir cette cabane ? Il préférait ne pas savoir, à la réflexion.
Il soupira, terminant de découper le deuxième poisson, ils auraient deux tranches chacun s'il se démerdait bien avec la suite.
Le bruit aigu de pleurs se fit bientôt entendre, Kanda lâchant Mugen, les sourcils froncés. Il ne pouvait pas s'empêcher d'être inquiet. Si Allen avait pris trop de substance d'un coup, ce qui était très présentement le cas, il risquait peut-être de faire un malaise à force de surexcitation. Putain. Kanda ne pouvait pas s'empêcher d'y penser, déjà parce que ce serait à lui de gérer, et parce qu'il n'arrivait pas à se dire qu'il en avait rien à foutre. Pendant longtemps, Moyashi l'avait fait chier. C'était encore le cas, en soi témoin la façon dont il lui parlait un peu plus tôt. Il tenait quand même à lui, peut-être, d'une certaine façon. Pas de l'attachement ni rien de ce genre, c'était plutôt un camarade, un genre de con auquel il était habitué, s'il était persuadé que ce gamin naïf se prendrait une bonne claque dans la gueule de la part de la vie un jour.
Ça devait déjà être le cas.
Déposant Mugen et les poissons sur un bout de tissu qu'il avait isolé afin de procéder au découpage proprement, surtout pour éviter de contaminer la bouffe avec la saleté du plancher, il se déplaça jusqu'à la trappe, d'où il pouvait avoir une vue relativement restreinte sur ce qui se passait en bas.
Allen avait la main autour de son sexe, le pompant désespérément, une expression anxieuse, les traits crispés par la douleur. Pas de doute, il ne devait tirer aucun plaisir de ce qu'il faisait. Compatissant malgré lui, Kanda siffla entre ses dents. Le plus jeune redressa alors immédiatement la tête, plaquant ses mains sur son entrejambe en un cri outré.
« Kanda, qu'est-ce que… ! »
Il était cramoisi, et le susnommé se dépêcha de reculer, sentant lui aussi le sang battre à ses joues. Il y eut ensuite un silence très pesant. Kanda se demanda pendant ces longues minutes pourquoi diable avait-il été maté Allen, et commençait à comprendre que sa réaction était bizarre. Allen n'émettait plus aucun son, il reniflait peut-être un peu, mais c'était tout. L'Asiatique gronda entre ses dents. Putain, Moyashi allait le prendre pour un pervers maintenant. Évidemment, il n'était pas prêt à descendre en bas (pouvant difficilement descendre en haut) pour aller s'expliquer, pas son genre et dans cette situation, il n'en voyait que très vaguement l'intérêt, pas plus qu'il n'en avait envie.
Au bout de quelques minutes, il fut clair qu'Allen ne recommençait pas, et il entendit une inspiration brusque, allié à quelques marmonnements inintelligible. Il lui fallut un temps pour comprendre qu'Allen l'appelait.
« Kanda, bon sang ! » finit-il par gueuler, « viens ! »
Le Japonais hésita franchement, regardant sa position, accroupi devant la trappe, zyeutant l'échelle branlante. Il allait très certainement se faire engueuler en bas, ce qu'il aurait totalement compris, ou encore être imploré pour une aide qu'il ne pourrait pas apporter. Il était fou de rage en pensant que tout ça était parti d'un putain de pot de miel.
« KANDA ! »
Putain, il me laisse pas le choix… Je vais étriper ce petit connard.
Kanda fut en bas en quelques secondes, son ire fondant face à un Allen pour le moins mal en point. Il transpirait l'angoisse, l'excitation, et la frustration. Kanda tenta d'ouvrir la bouche mais ses lèvres refusèrent de bouger. C'était tellement désarçonnant, tellement hors de tout ce qu'ils avaient vécu auparavant, qu'arriver à réagir devenait ardu. Allen parla le premier, se passant la langue sur les lèvres :
« Je… Je n'y arrive pas. J'ai vraiment mal et je ne sais pas quoi faire, je me sens vraiment pas bien.
—J'ai bien compris, » lâcha Kanda sèchement, « et c'est pour ça que j'ai regardé. J'ai pas voulu te…
—J'ai compris aussi, » le coupa Allen.
Ils se regardèrent en chien de faïence. Le maudit leva sa main gauche pour essuyer ses joues rouges et ruisselantes. Il ferma les yeux, prenant une lente inspiration.
« Kanda, tu disais que je devais me soulager, mais je peux pas, je sais pas quoi faire.
—J'en sais pas plus que toi ! » s'agaça le kendoka. « Tu y arriverais peut-être si tu te calmais, mais tu paniques et tu stresses, ça se voit à dix kilomètres, et plus tu stresses, moins t'y arriveras, tu le sais comme moi. »
Allen se redressa et beugla, les larmes jaillissant de ses yeux en même temps qu'il le toisait d'une colère sourde :
« Et comment tu veux que je me calme ?! Les Traqueurs sont morts, les villageois qu'on devait protéger sont morts, y a pas d'Innocence, on est coincés ici à cause des Akumas, on peut pas appeler de renforts, et tu me parles comme à un chien depuis que tu t'es réveillé alors que j'ai pas arrêté de m'occuper de toi ! Tu m'as engueulé parce que je restais planté comme un idiot, que j'avais pas trouvé de chemin pendant que t'étais à moitié conscient et qu'il fallait te veiller, parce que j'ai dormi, parce que je disais que j'avais faim, parce que j'essayais de communiquer avec toi et de trouver quoi faire ! »
Il n'arrivait plus à respirer, entre ses gueulements, tandis que le kendoka écarquillait les yeux, bien au fait que ses arguments se tenaient. Il avait raison.
« Et, » poursuivit Allen, « tu t'es moqué de moi parce que j'ai mangé le pot et qu'il y avait ce foutu aphrodisiaque dedans et que je ne le savais pas ! »
Là, Kanda voulut intervenir, sentant l'énervement le saisir lui aussi. Il ne s'était pas moqué de lui pour l'aphrodisiaque, il avait été sec, mais fallait pas déconner, comment voulait-il qu'il réagisse, aussi ?! Allen continua, chialant encore plus :
« Surtout, tu as osé plaisanter sur le fait de traîner mon corps à la maison en sachant que je t'ai aidé ! Et t'es même pas reconnaissant ! T'as dit que tu le prenais en compte, en plus, mais c'est pas vrai ! J'ai été inquiet pour toi ! J'ai pleuré parce que j'ai cru que tu allais peut-être mourir ! Et toi, tu t'en fiches ! Tu te fiches de tout ! Tu trouves tout normal venant de moi et tu fais aucun effort ! J'en ai marre ! C'est toujours comme ça les missions avec toi !
—JE SUIS INQUIET AUSSI, PUTAIN ! »
Ça y est, c'était dit. Kanda avait gueulé si fort qu'Allen avait rentré la tête dans ses épaules. Il avait la lèvre inférieure qui tremblait et s'était figé. Au moins, il chialait plus.
« Je trouve pas tout normal, non. Je suis reconnaissant. Je t'ai mal parlé, mais moi aussi ça m'a soûlé qu'on soit coincé ici et ce qui est arrivé. C'est la vie, on va pas dramatiser, mais ça me plaît pas. » Allen baissa la tête, comme honteux d'avoir supposé qu'il s'en foutait. « J'ai passé mes nerfs sur toi, j'aurais pas dû, ok. Mais je me suis pas foutu de ta gueule pour ce qui t'arrives, ça m'inquiète vraiment moi aussi, et je sais pas quoi faire pour t'aider. Maintenant arrête de gueuler et calme-toi, sinon je t'en fous une. »
Allen hocha la tête. Il soupira.
« Mais j'arrive pas à me calmer, Kanda… Vraiment pas… Me toucher me fait rien. Vraiment rien. Ça fait des heures que ça dure, j'en peux plus. »
Encore les larmes qui s'agglutinaient sous ses paupières. Kanda commençait à comprendre. Peut-être que ça ne pouvait pas marcher comme ça. Peut-être que Moyashi avait… besoin d'aide. Genre, d'un coup de main. Il faillit rire jaune entre ses dents. Il semblait bien que c'était ça, ouais.
« Peut-être que ton excitation est trop forte.
—Comment… ça… ? »
Allen était paumé, ça se voyait. Kanda était crispé, peu sûr de ce qu'il allait proposer.
« Peut-être que tu peux pas le faire toi-même. » Le visage indécis en face du sien montrait qu'il ne se faisait pas comprendre. « Peut-être que tu as besoin que quelqu'un d'autre le fasse. »
Le Moyashi n'aurait pas pu être plus cramoisi, en d'autres circonstances, ça aurait fait marrer Kanda. Mais pas maintenant.
« Tu veux dire que… ? Mais… ! »
Perdu, Allen ne trouvait plus ses mots. Il bégaya :
« J-Je ne vois pas comment… Kanda, je ne comprends pas où tu veux en venir…
—J'vais pas te faire un dessin, Moyashi. Tu comprends très bien. »
Il n'avait plus un centimètre carré de blanc sur le visage en s'écriant très fermement :
« NON ! Tu ne vas pas faire ça pour moi, je veux dire, on est deux garçons, et il n'y a pas de sentiments entre nous, on ne peut pas…
—Tu me fais rire. Me dis pas que tu sais pas que y a pas besoin de sentiments pour ça, et qu'on soit deux mecs, ça change pas grand-chose.
—Mais Kanda, non, je ne veux pas faire ça comme ça. Pour moi ça change des choses, il y a besoin de sentiments pour ça. Je ne veux pas que-
—Alors si tu refuses à cause d'enfantillages, tu dormiras sur ta béquille ce soir. Bon courage. »
Il n'avait pas pu s'empêcher d'être de nouveau sec et cynique. Et il comprit trop tard que ce n'était pas la bonne solution. Allen se remit à pleurer, frappant du poing contre le bois.
« C'est bien ce que je dis, tu n'es pas capable de faire le moindre effort et d'être compréhensif ! C'est comme ça que tu t'inquiètes ?! Je te déteste ! Tu entends ? JE TE DÉTESTE ! » Visiblement, Kanda allait encore en prendre pour son grade. « C'est pas en me disant que je fais des enfantillages que je vais accepter, t'es tellement méchant ! Je te déteste, je te déteste, je te déteste… ! »
Il s'effondra entre ses propres bras tremblants, le corps secoué de sanglots. La crise de nerfs était bel et bien là. Pour avoir déjà vu Lenalee craquer ainsi, bien que ce soit en d'autres circonstances, le kendoka comprenait de quoi Allen avait vraiment besoin. Ces deux-là avaient un peu le même caractère, si le blandin était nettement plus chiant, et beaucoup moins facile à tolérer. C'était donc beaucoup moins simple d'être indulgent pour lui. Toutefois, il allait faire un effort. Parce qu'il était vraiment inquiet et qu'il n'aimait pas le voir comme ça.
Il alla donc s'agenouiller devant Allen, saisissant ses mains et le redressant, de manière à ce qu'il s'assoie droit, dos au mur.
« Regarde-moi, » fit Kanda d'une voix ferme et neutre, « et respire lentement. »
Entre deux sanglots, Allen hoqueta :
« Mais…
—Tout de suite. »
À contre-cœur, le maudit obéit.
Toujours en se référant à ce que Kanda avait constaté avec Lenalee, il y avait souvent quelqu'un d'autre pour la rasséréner dignement, Kanda n'étant pas doué pour consoler et n'en ayant pas l'envie. Cette fois, il n'y avait que lui.
Toute cette merde à cause d'un pot de miel, bon dieu… Ce qui était sûr, c'est que cette mission était en fait la pire qu'ils avaient jamais vécu. Entre les décès, leur confinement, et ça… Il allait falloir arranger ça. Et Kanda aurait intérêt à faire des efforts, à ranger sa colère dans sa poche. À faire preuve de patience. Une difficulté pour lui, mais s'il ne voulait pas blesser Allen plus qu'il ne le faisait déjà en cédant à ses propres émotions, il le devrait.
Il était temps d'arrêter de se voiler la face une minute. Kanda ne détestait pas ce type. Loin de là. Il refusait juste de le reconnaître et il avait cette colère en lui qui le bloquait. Mais il devait la contrôler, et garder sa contenance. Préserver les apparences. Peut-être céder un peu à des sentiments plus légers. Des sentiment qu'il s'interdisait rigoureusement.
Allen plongeait ses yeux dans les siens, déboussolé. Kanda n'aimait pas le voir comme ça.
S'il voulait l'aider, il faudrait qu'ils se fassent confiance. C'était à lui de faire le premier pas.
« Respire encore, Moyashi. N'arrête pas. Doucement. »
Lui parlait aussi doucement qu'il le pouvait.
Allen opinait, docile.
Un frisson d'humeur le fit s'arquer brutalement, ruinant soudain l'exercice. Kanda gronda intérieurement.
Ils étaient quand même pas sortis des ronces, putain.
À suivre...
Alors pour commencer, je dois avouer que la scène où Kanda tombe sur Allen après avoir pêché, si je savais dessiner, j'en aurais tellemmeeent fait un fanart, l'image mentale me fait trop marrer, je l'imagine trop débarquer tout fanfaron de leur avoir trouvé un dîner et déchanter instantanément, tandis qu'Allen reste sur le cul d'être surpris en flagrant délit x'). (Ce qui n'est pas drôle pour lui, je suis sadique avec ce pauvre petit x'D)
Donc ce début met en place un peu d'angst pour instaurer un semblant de réalisme, ainsi qu'une apparente difficulté de communication et d'entente entre Allen et Kanda, mais ne vous inquiétez pas, ça va petit à petit s'améliorer et devenir plus léger, je n'ai pas menti en promettant du fluff ;). Écrire sur eux m'avait vraiment manqué, et je déborde de projets ! Si y en a qui se demandent, oui WISE et Rien ne s'oppose à la nuit sont encore en cours ! Dès que je finis les deux autre parties de ce OS, je vais me mettre à ces deux-là pour les boucler, et après je reprendrais un rythme plus régulier sur SOS ! Ça va prendre du temps mais ça viendra :) (Mais ça, j'en parlerais dans la note du prochain chap de SOS ^^)
Quant à ce découpage, la partie 2 sera postée dimanche prochain ! :) La partie 3, le dimanche d'après ! Ça va aller très vite et j'espère que vous accrocherez à ce petit projet ^^ !
Reviews ? N'hésitez surtout pas à me communiquer votre avis, ça fait toujours plaisir de savoir si ça plaît, et c'est vraiment agréable d'échanger avec vous :) !
Merci d'avoir lu !