Titre : Seconde chance
Résumé : Alors que Remus se réveille dans le corps qu'il avait à 15 ans, il voit une seconde chance lui sourire. Ne tient alors qu'à lui de s'en saisir."
Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter sont la propriété intellectuelle de JKR. Je ne fais que réutiliser ce qu'elle a créé pour mon plaisir et n'en retire aucun avantage financier.
Pairing : Slash, Yaoi
Rating : T
Nombre de chapitres : 5
Auteure : Pauu-Aya
Bêta : Epsilon Snape
Nda : Bonjour à tous et à toutes !
Et voilà le dernier chapitre de cette histoire :) Certains considérerons ce chapitre comme un épilogue, pour moi il s'agit tout simplement de la suite logique et fin de cette courte fanfiction.
Merci à tous et à toutes d'avoir suivi ces cinq chapitres et d'avoir laissé des reviews si nombreuses ! Ca fait tellement chaud au cœur.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture à tous et toutes !
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Chapitre cinq
Seconde chance
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- Harry !
Le brun détacha son attention de l'article de loi qu'il lisait et leva la tête. Remus se tenait devant lui, un sourire moqueur plaqué sur ses lèvres et brandissait un vieil article de journal.
- Qu'est-ce que c'est ? s'enquit Harry.
- Regarde par toi-même.
Le brun, légèrement suspicieux, attrapa ce que lui tendait Remus et parcourut des yeux la page. Il piqua un fard monstre en lisant la page de titre et jeta l'article au loin. Ce dernier tomba sur le sol, verso sur le parquet de leur salon. Une photo mouvante d'Harry plus jeune qui déclarait sa flamme à un Remus qui ne savait plus où se mettre prenait la moitié de la page, surplombé par un titre en très gros caractères : Harry Potter se révèle et déclare sa flamme à Remus Howell, étudiant étranger à Poudlard.
- Pourquoi tu me montres ça ? demanda Harry en plongeant son nez dans les papiers devant lui.
Remus rit joyeusement et ramassa le journal. Il le secoua, comme pour enlever la poussière dessus. Il regarda le parchemin avant de le poser sur la table. Le loup-garou s'approcha alors du brun, qui ronchonnait d'avoir été surpris ainsi.
- Parce que ça va faire seize ans tout pile, murmura-t-il avant de s'approprier les lèvres d'Harry.
Le brun se laissa emporter dans le baiser, oubliant son projet de loi et l'article sur la table. Il passa ses doigts dans les cheveux du châtain et l'attira un peu plus à lui.
- Les autres vont bientôt arriver, murmura Remus contre ses lèvres.
Harry sourit et acquiesça en silence avant de ranger les papiers et parchemins sur la table. Remus, de son côté, disparut dans la cuisine. Ils avaient invité Ron et Hermione, ainsi que Susan, Aldan et Neville et Hannah à venir dîner. Il n'y avait pas de raison particulière à cela, juste une envie de se retrouver entre amis comme ils leur arrivaient si souvent depuis la fin de la guerre.
A eux huit, ils formaient un groupe que le temps n'arrivait pas à séparer. Malgré leurs situations familiales et professionnelles différentes et parfois incompatibles, ils arrivaient toujours à se retrouver autour d'un repas au moins une fois par mois. Quinze ans après la mort de Voldemort, défait par Harry à Poudlard, ils avaient tous emprunté un chemin qui les satisfaisaient.
Harry, après avoir tenté une carrière d'Attrapeur professionnel, s'était rendu compte que s'il aimait voler, le Quidditch le restreignait trop et avait suivi Susan dans une carrière politique. Ils dirigeaient désormais en co-gérance le Département de la justice. Neville et Remus enseignaient à Poudlard, l'un comme professeur de Botanique, l'autre comme professeur de Sortilèges.
Ron avait quitté sa carrière d'Auror en début d'année pour aider George à la boutique et Hermione excellait en tant que médicomage. Ils avaient deux adorables enfants dont Harry et Remus étaient les parrains. Aldan était devenu écrivain, racontant les histoires incroyables de Bru, un nain aventurier et amoureux de la nature. L'ancien Serdaigle tournait autour de Susan depuis des mois sans que cette dernière ne semblât le remarquer.
Neville et Hannah, gérante de son propre restaurant, furent les premiers à arriver, suivis des deux anciens Gryffondors et de Susan. Ils s'installèrent dans le salon en attendant leur dernier ami, dégustant des amuse-gueules que Remus avait préparés dans l'après-midi. Aldan arriva vingt minutes après Susan.
- Désolé, désolé ! s'excusa-t-il tandis qu'Harry lui ouvrait la porte. J'étais avec mon éditrice et on n'a pas vu l'heure passer.
Il salua tout le monde et s'installa dans le canapé à côté d'Hemione.
- Tu vas publier un nouveau livre ? s'enquit cette dernière.
- Oui, répondit Aldan, mais on avait fini de parler boulot depuis longtemps. Elma m'a proposé d'aller prendre un café, j'ai accepté et... enfin bref.
Remus fut le seul à voir la moue que fit Susan à cette annonce. Il sourit intérieurement, se disant que finalement, la jeune femme n'était peut-être pas si insensible aux charmes de l'écrivain.
- Et vous ? demanda l'ancien Serdaigle. Quelles sont les nouvelles ?
Une discussion joyeuse et animée s'engagea dans le petit salon, chacun racontant ses anecdotes du mois. Après de longues minutes, quand chacun eut parlé, un silence agréable s'installa entre les amis, Neville le brisa en se râclant la gorge. Il s'avança légèrement sur son fauteuil et prit la main d'Hannah dans la sienne.
- Hannah est enceinte, déclara-t-il, un sourire radieux sur les lèvres.
Tout le monde s'exclama, ravis pour les futurs parents. Hannah et Neville essayaient depuis plus de cinq ans d'avoir un enfant mais avaient dû faire face à un problème que même la magie ne pouvait résoudre : la faible fertilité de chacun. Ils avaient rencontré de nombreux spécialistes et testé différents traitements sans obtenir de résultats probants.
Quatre mois auparavant, ils avaient ainsi déclaré à leurs amis qu'ils mettaient en pause leur suivi médical, épuisés et lassés, ils n'avaient pas le courage de continuer.
- C'est merveilleux ! s'exclama Hermione. Mais je pensais que vous aviez abandonné ?
- Oui, confirma Hannah. Mais c'est arrivé, comme ça, sans qu'on fasse quoi que ce soit de spécial.
- C'est vraiment super, sourit Harry.
Neville remercia son ami. Du regard, il vit la main crispée du brun sur sa jambe et sa joie s'atténua légèrement.
- Nous n'aurions pas dû vous l'annoncer ce soir, déclara-t-il.
Tous se turent et se tournèrent vers Harry et Remus. Ils arboraient tous les deux un sourire sincère mais dans les orbes émeraude flottait une douce lueur de tristesse.
- Non, s'exclama vivement Harry tandis que Remus le serrait contre lui. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Au même titre que Hannah et Neville avaient rencontré des problèmes pour concevoir un enfant, Remus et Harry en avaient rencontré pour adopter. De ce point de vue, la législation sorcière n'était pas plus avancée que la législation moldue. Il était très compliqué pour un couple de sorciers, homosexuels ou non, d'accueillir un enfant par la voie de l'adoption.
Cependant, après des longues années à remplir des papiers administratifs, à faire les demandes nécessaires, à subir des entretiens interminables sur leur mode de vie, leur appartement, ce qu'ils avaient à apporter à un enfant, mais aussi à lutter pour faire reconnaitre que le statut de loup-garou du châtain n'était pas incompatible avec la paternité, Remus et Harry avaient eu la joie d'apprendre qu'une enfant les attendait. Il s'agissait d'une petite sorcière de trois ans dont les parents étaient décédés dans une explosion de laboratoire et qui n'avait aucune autre famille.
Remus et Harry l'avaient rencontrée plusieurs fois à l'orphelinat, établissant lentement un contact avec la petite. Ils avaient agrandi leur appartement, créant une chambre et la décorant avec amour et tendresse, choisi un mobilier adapté, envisagé l'avenir à trois, puis le rêve s'était brisé. Une maladie s'était déclenchée chez l'enfant, incurable. Les médicomages n'avaient rien pu faire, en quelques semaines, la petite fille était partie.
Ca avait été un coup dur pour tous les deux, mais Harry en avait été le plus touché. Lui qui n'avait connu ni l'amour d'un père, ni celui d'une mère, avait enfin entraperçu les joies d'appartenir à une famille et de chérir un enfant. Quand la nouvelle du décès leur avait été fait, trois mois plus tôt, il s'était écroulé. Pendant plusieurs semaines, il n'était pas allé travailler, n'était pas sorti de chez lui. Remus avait fait de son mieux pour l'aider et le soutenir, de même que ses amis.
Un soir, le loup-garou était rentré de Poudlard et il avait trouvé son compagnon dans la chambre d'enfant. La pièce avait été saccagée, les meubles anéantis en morceaux, la tapisserie déchirée. Harry se tenait au milieu de tout ça, immobile et silencieux. Quand Remus avait posé une main sur son épaule, il s'était accroché à lui, hurlant et pleurant. Après ça, la vie avait lentement repris son cours.
- Vous avez eu raison de nous le dire, continua le brun en souriant. C'est moi qui ne devrait pas gâcher votre bonheur. Et quoi que mon visage soit en train de vous dire, je suis vraiment, vraiment content pour vous.
- On le sait Harry, dit doucement Hannah.
- Je vais chercher la suite, déclara alors le brun en se levant.
Ses amis le virent disparaître dans la cuisine puis se tournèrent vers Remus.
- Je suis désolé Remus, souffla Neville.
- Ne t'excuse pas, protesta le loup-garou. La terre ne s'est pas arrêtée de tourner et même s'il y a encore des jours où ce n'est pas facile, tout va bien.
Un silence pesant s'installa dans le petit salon.
- Allez ! s'exclama Remus en se levant à son tour. Tous à table, il est hors de question que notre histoire gâche cette soirée. Encore félicitations Hannah.
Il enlaça la jeune femme quand elle fut levée et ils s'assirent tous autour dans la salle à manger. Quand Harry revint, l'ambiance était de nouveau joyeuse. Il posa le plat au centre de la table et fit le tour de celle-ci pour déposer un baiser sur la tempe d'Hannah, lui murmurant quelques mots à l'oreille. Cette dernière rougit et sourit avant de l'embrasser à son tour. Harry partit alors s'asseoir, non sans donner une tape dans le dos de Neville.
- Alors ce projet de loi ? s'enquit Hermione une fois tout le monde servit.
Susan et Harry échangèrent un regard confiant.
- Ça avance, répondit la première. Je ne dis pas que les loup-garou bénéficieront d'un accompagnement juste et adapté dès demain, mais on fait des progrès.
- Oui, acquiesça Harry. Le Ministre a décidé de faire voter une première mention le mois prochain. Si elle passe, nous pourrons présenter le reste de notre projet d'ici cinq à six mois, le temps de tout peaufiner.
- Enfin, s'exclama Aldan. Qu'est-ce que le gouvernement anglais peut être réac par moment ! Dire que la France a reconnu l'intégration des enfants loup-garou dans leurs classes sorcières comme priorité depuis cinq ans.
- Au moins les choses finissent par changer, intervint Remus, un sourire aux lèvres.
- Je n'arrive pas à comprendre comment tu peux rester aussi calme face à tout ça Rem, déclara Hannah.
Les autres acquiescèrent vivement. Le repas s'écoula dans les rires et la bonne humeur. Ils fêterent l'anniversaire du couple au dessert, se remémorant avec humour la déclaration du brun puis leur retour au château, trempés jusqu'aux os.
Il était tard quand les amis se séparèrent, laissant Harry et Remus seuls dans leur appartement. Le loup-garou était en train de ranger la table quand il vit Harry se diriger vers la petite chambre de leur appartement. Il fronça les sourcils, surpris. Le brun n'était plus entré dans la pièce depuis qu'il y avait tout détruit.
Lentement, Remus fit voler les plats à la cuisine puis rejoignit Harry. Ce dernier avait ouvert la porte et se tenait dans l'encadrement de celle-ci. Le loup-garou ne voyait pas son visage et était bien incapable de deviner ce qu'il se passait dans l'esprit de son amant. Il l'enlaça, l'attirant contre son torse et posa son menton sur le crâne d'Harry. C'était une chose qui avait beaucoup frustré le brun, Remus avait continué de grandir tandis que lui s'était arrêté, et le lycanthrope le dépassait maintenant d'une bonne tête.
- A quoi tu penses ? s'enquit Remus.
Harry posa ses mains sur les avant-bras du châtain et colla un peu plus son dos au torse derrière lui.
- Je me disais qu'il faudrait que je remette tout ça en place, murmura Harry en balayant du regard la pièce.
- Je t'aiderai, répondit Remus sur le même ton avant de déposer un baiser sur le haut de son crâne.
- Et peut-être qu'on pourrait dire au service qu'on est prêt à accueillir un autre enfant.
Les bras de Remus se crispèrent autour de lui et Harry se demanda s'il avait bien fait de livrer ses pensées. Ils n'en avaient pas parlé mais le brun avait imaginé que son compagnon voulait toujours d'un enfant. Maintenant qu'il avait dit ça, il doutait.
Oui, on pourrait faire ça, répondit finalement le professeur, resserrant son étreinte.
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Messieurs Potter-Howell,
Le département des affaires familiales et des adoptions a le plaisir de vous informer que votre dossier a été retenu dans l'un de nos orphelinats.
Nous vous attendons le mercredi douze décembre à neuf heures et quart dans nos locaux pour un entretien, afin de vous donner toutes les informations relatives à votre dossier et répondre à vos questions.
Si vous ne pouvez nous rencontrer à cette date, merci de nous renvoyer ce courrier avec écrit au dos vos disponibilités, nous vous proposerons un autre rendez-vous ultérieurement.
Avec toutes nos félicitations,
Directrice du DAFA.
Harry lisait la lettre pour la quatrième fois depuis qu'il l'avait ouverte. Cela faisait plus de quatre mois qu'ils avaient contacté le service pour les informer qu'ils souhaitaient toujours adopter. Quatre de mois de relance, de nouveaux entretiens psychologiques et d'attente interminable. Le brun plia le parchemin, le rangea dans une de ses poches, attrapa sa cape et s'approcha de la cheminée. Il prit une poignée de poudre de cheminette et la jeta dans l'âtre.
Château de Poudlard, bureau de Howell, s'exclama-t-il avant d'avancer dans les flammes.
Il réapparut dans une pièce qu'il connaissait désormais par cœur. Quand Remus avait obtenu le poste de professeur de Sortilèges à Poudlard, il avait eu le droit de relier la cheminée de son bureau à une autre. Tout naturellement, Remus avait décidé de joindre leur appartement, ce qui lui permettait de rentrer chez eux tous les soirs. Harry en profitait aussi régulièrement pour venir voir ses anciens professeurs ou simplement pour attendre son compagnon qui donnait cours dans la pièce attenante.
Cependant, aujourd'hui, Harry n'avait pas prévu de patienter dans le bureau. Il s'épousseta légèrement et prit la direction de la porte qu'il ouvrit avec force. Le brun ne porta aucune attention aux élèves qui étaient dans la salle et se dirigea vers Remus qui s'était retourné, un air surpris sur le visage. Sans dire un mot, Harry prit en coupe le visage de son amant et l'embrassa avec passion.
Des exclamations de surprise et des murmures s'élevèrent dans la salle. Le fait que le professeur Howell sortît avec Harry Potter était connu par tous les habitants du château, mais, de manière générale, ils étaient discrets, se contentant de se tenir la main quand il y avait d'autres personnes.
- Euh… Harry ? murmura Remus, rougissant et jetant des coups d'œil vers ses élèves.
- Désolé, souffla le brun en se reculant, un immense sourire sur les lèvres.
Harry sortit alors la lettre et la tendit à Remus.
- Je ne pouvais pas attendre que tu rentres ou même que tu finisses ton cours.
Remus fronça les sourcils et se saisit du courrier. Il déplia le parchemin et parcourut les quelques lignes du regard. Quand il arriva au bas de la lettre, il releva la tête vers Harry. Pendant quelques secondes, seuls les élèves chuchotèrent, se demandant ce qu'il se passait, puis le visage du loup-garou s'éclaira. Il prit Harry dans ses bras, les yeux embués, et le serra très fort. Le brun s'agrippa à ses robes avec la même force, riant et pleurant en même temps.
- Le cours est terminé, déclara Remus après quelques minutes et en se séparant d'Harry. Vous avez tous quartier libre.
Les élèves se regardèrent un instant, interdits, puis poussèrent des exclamations ravies. Un brouhaha s'éleva dans la salle tandis que les adolescents rangeaient leurs affaires en discutant joyeusement.
- Attendez ! s'exclama Remus avant que le premier étudiant ne fût sorti. Je veux que pour la semaine prochaine, vous m'écrivez trente lignes sur le sort que nous venons de voir.
Plusieurs protestations se firent entendre avant que la salle ne se vide, laissant les deux hommes seuls.
- Tu es cruel, rit Harry en s'asseyant sur le bureau.
- Ce ne sont que trente lignes, dit Remus en haussant les épaules.
Le loup-garou était en train de ramasser les quelques parchemins devant lui quand Harry attrapa son poignet pour l'attirer à lui. Remus leva les yeux de ses affaires et se laissa entrainer. Il se plaça juste devant Harry, leurs mains liées, et déposa un léger baiser sur les lèvres du brun.
- Alors, dit ce dernier. Tu penses pouvoir te libérer mercredi prochain ?
- Oui je pense, répondit Remus tout en réfléchissant. Je n'ai que les sixièmes années pendant deux heures, je suis sûre qu'ils seront ravis de rattraper ce cours un samedi matin.
- Cruel, répéta Harry avant d'embrasser à nouveau Remus.
Le lycanthrope rit légèrement avant de reprendre la lettre du DAFA qu'il avait laissée sur le bureau.
- On a une seconde chance, murmura-t-il.
- Oui.
Une petite semaine plus tard, mercredi douze décembre à neuf heures pile, Harry et Remus arrivèrent dans la petite salle d'attente du DAFA. Le premier ne cessait d'aplatir ses cheveux, tentant sans succès de leur donner un aspect moins négligé et bien que le deuxième montrât bonne figure, la secrétaire vit immédiatement le tic de stress qui agitait sa main.
- Bonjour messieurs, annonça-t-elle gentiment. Que puis-je faire pour vous ?
- Nous avons rendez-vous dans quinze minutes, répondit Harry, le plus neutre possible.
- Votre nom ?
- Potter-Howell.
La femme leur sourit avant de faire voler devant elle différentes fiches. Elle s'en saisit d'une et la parcourut rapidement des yeux.
- Pour une adoption c'est cela, avec Monsieur Arrum comme conseiller ?
- Oui, confirma Remus.
- Très bien, vous pouvez aller vous asseoir, Monsieur Arrum aura quelques minutes de retard.
Les deux hommes acquiescèrent, la remercièrent puis s'assirent sur les fauteuils, un peu en retrait. Harry attrapa la main de son compagnon et la serra un peu plus fort que nécessaire. Remus lui adressa un sourire de réconfort et ils patientèrent en silence. Presqu'une demi-heure plus tard, la secrétaire s'approcha d'eux, affable.
- Monsieur Arrum a terminé, veuillez me suivre.
La nervosité d'Harry était telle qu'il se leva comme s'il avait été sur ressort, faisant tanguer son fauteuil.
- S'il te voit dans cet état, il va nous annoncer que notre dossier n'est plus retenu, se moqua Remus.
Harry ne répondit pas mais tira la langue, de manière très puérile, à son amant. Ils suivirent la femme jusqu'à un petit bureau, le même que celui dans lequel ils étaient entrés presqu'un an plus tôt.
- Bonjour Messieurs, les salua Monsieur Arrum.
Il s'agissait d'un homme âgé de la cinquantaine qui avait un air engageant sur le visage. Il avait toujours été prévenant avec eux quand il s'agissait de parler de leur dossier et des difficultés qu'ils rencontraient, ou encore quand il leur avait annoncé la maladie puis le décès de l'enfant qu'ils auraient dû adopter. En ce jour, il arborait un sourire sincère et ses yeux pétillaient de joie.
- Asseyez-vous, asseyez-vous.
Remus et Harry ne se firent pas prier plus longtemps et s'installèrent dans les deux fauteuils en face de l'homme, plus stressés que jamais.
- Bien ! s'exclama l'homme joyeusement. Comment allez-vous ?
- Très bien merci, répondit Remus. Stressés, mais heureux.
- J'imagine que c'est normal dans votre cas, continua Monsieur Arrum.
Il attrapa une pochette bleu ciel à sa gauche et l'ouvrit devant lui. Pendant quelques secondes, un silence s'installa dans la pièce. Harry et Remus se jetaient des regards et des sourires tendus pour se rassurer, tandis que l'homme en face d'eux semblait chercher quelque chose.
- Ha ! finit par s'exclamer leur conseiller. Voilà ce que je cherchais.
Il sortit une petite feuille d'entre deux parchemins, sans que ni Harry, ni Remus ne puisse en voir le contenu.
- Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps. Vous connaissez déjà la procédure donc je vais faire court. Les bilans psychologiques que vous avez effectués ces derniers mois sont positifs et les psychomages vous estiment aptes à accueillir un enfant, malgré le drame que vous avez connu. L'assistante sociale a aussi donné son accord, validant votre lieu de résidence et les précautions que vous prenez quant à la situation de Monsieur Howell. Les entretiens que j'ai moi-même effectué avec chacun de vous m'ont satisfait, nous avions donc envoyé votre dossier aux différents centres d'adoption qui sont partenaires avec nous.
Harry et Remus écoutaient religieusement l'homme, ne sachant pas quoi dire. Ce dernier leur sourit une nouvelle fois.
- Avant de vous montrer ce que j'ai dans les mains, j'ai cependant une petite question pour vous.
- Allez-y, déclara Harry un peu trop vivement.
- L'enfant que nous vous proposons à l'adoption est une petite fille de deux ans, elle a intégré l'un de nos orphelinats car ses deux parents étaient sorciers, cependant, elle ne présente pour le moment aucune trace de magie. Elle est encore jeune et il est possible que son potentiel apparaisse bien plus tard, mais il y a un risque qu'elle soit une Cracmol. Nous-
- Il n'y a aucun problème, l'interrompit Remus, le surprenant. Vraiment aucun problème, qu'elle soit Cracmol ou non, nous l'accueillerons avec grande joie.
Harry et l'homme le regardèrent avec étonnement et Remus rougit quand il se rendit compte qu'il avait parlé sans se concerter avec son compagnon. Le loup-garou se tourna vers le brun et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais Harry ne lui en laissa pas le temps.
- Ce qu'essaie de dire mon compagnon, dit calmement Harry, c'est que quand nous avons décidé d'adopter, nous étions d'accord pour accepter un enfant sans magie.
- Voilà qui réduit considérablement mon discours, rit doucement Monsieur Arrum. Voici l'enfant, il s'agit d'une petite française. Elle s'appelle Anne.
Il fit glisser le papier qu'il avait dans les mains vers eux et le retourna. Il s'agissait en réalité d'une photo d'une petite fille caucasienne aux yeux bleus et au sourire ravageur. L'enfant regardait quelque chose devant elle puis éclatait de rire avant que la photo ne redémarre. Elle avait des cheveux aussi noirs que l'ébène, très courts, et des pommettes relevées. Son œil droit était barré d'une cicatrice qui naissait dans son sourcil et descendait jusqu'au creux de sa joue.
- Quelle est son histoire ? s'enquit Harry sans détacher les yeux de l'enfant.
- Son père était quelqu'un de violent. Il battait régulièrement son épouse et un jour, il s'en est pris à l'enfant. Nous ne savons pas exactement comment il lui a fait cette blessure, mais la mère est arrivée couverte de sang à l'hôpital avec la petite dans ses bras. Ils ont pu sauver l'œil d'Anne mais en raison de son âge, n'ont pu faire disparaître sa cicatrice.
- Et la mère ?
- Elle est décédée quelques jours après. Il semble que son mari, en plus de lui jeter divers sorts et de la battre, lui faisait ingérer de nombreuses potions, son organisme n'a pas survécu.
- C'est horrible, souffla Remus.
Un silence suivit leur échange durant lequel Harry et Remus admiraient la photo.
- Et son père ? Je croyais que seuls les enfants sans parents étaient proposés à l'adoption ?
- Son père est mort quand les Aurors français ont tenté de l'arrêter. Elle n'avait pas d'autre famille et a été déposé dans l'un de nos centres, en Normandie.
Monsieur Arrum laissa le temps aux deux hommes de prendre en compte toutes ces informations puis il sortit un parchemin du dossier.
- Voici les informations complémentaires la concernant. Je vous laisse les lire.
Avec précaution, Harry prit le papier que lui tendait l'homme et le lut à haute voix.
- Anne, deux ans et quinze jour, née le vingt-sept novembre. Quatre-vingt-trois centimètres, onze kilo six.
Son sourire s'élargissait au fur et à mesure qu'il lisait les différentes données, à l'instar du visage de Remus qui s'éclairait.
- Elle est allergique aux acariens, même les sorciers ne peuvent y échapper, rit Harry.
- Anne est une enfant vive et joyeuse, continua Remus, qui aime particulièrement manger des carottes et des champignons. La musique est un remède merveilleux quand elle est énervée et elle aime déjà beaucoup jouer avec les mots qu'elle connait.
Remus et Harry se regardèrent, attendris et déjà amoureux de la petite merveille qu'on leur présentait.
- Comme vous le savez, reprit alors Monsieur Arrum, nous vous laissons deux semaines pour vous décider. Je suis à votre disposition pour toute éventuelle information supplémentaire ou si vous avez des doutes. Si d'ici là, vous décidez de donner sa chance à la petite Anne, nous pourrons organiser une première rencontre rapidement.
Le couple acquiesça et récupéra l'intégralité du dossier que leur tendait le conseiller. Ils se saluèrent chaleureusement, Harry remerciant plusieurs fois l'homme, puis Remus et lui sortirent du bureau et rentrèrent chez eux.
Quand ils furent dans leur salon, ils laissèrent tous deux tomber la pression qui les tenaient depuis plusieurs jours. Ainsi, ils se regardèrent avant d'éclater de rire et de pleurer. C'était un étrange mélange d'émotions qu'ils ressentaient tous les deux, entre joie, excitation, inquiétude et stress intense. Finalement, Harry s'assit dans leur canapé tandis que Remus allait leur chercher deux cafés.
Il revint quelques minutes plus tard et tendit une tasse fumante à Harry avant de s'asseoir à ses côtés. Tendrement, Harry posa sa tête sur son épaule.
- A quoi tu penses ? demanda Remus après avoir bu une gorgée de son café.
- Je ne sais pas trop, répondit Harry dans un murmure. Je suis à la fois l'homme le plus heureux du monde et terriblement inquiet pour la suite des évènements.
Remus posa sa tasse sur la table basse devant eux et passa son bras sur les épaules du brun, jouant négligemment avec les cheveux de son compagnon.
- Et s'il se passait la même chose ? souffla Harry, la voix cassée par l'angoisse.
Le loup-garou ne dit rien. Il ressentait la même terreur que son compagnon et n'avait aucuns mots de réconforts à lui offrir. D'un Accio, Remus fit venir à eux le dossier qu'il avait posé sur le buffet d'entrée. Il l'ouvrit et sortit les quelques autres photos d'Anne. Le couple resta un moment dans le canapé, serrés l'un contre l'autre, regardant et commentant les diverses photos de la petite fille.
Vers midi, ils furent surpris par un feu magique qui se déclencha dans leur cheminée. Ils virent la tête de Ron apparaître.
- On peut venir ? questionna le roux quand il aperçut ses amis. On ne dérange pas ?
- Oui vous pouvez venir, non vous ne dérangez pas, répondit Harry en s'approchant de l'âtre.
- Super ! s'exclama Ron. Laissez passer le cortège alors.
Le brun se recula et haussa les épaules en direction de Remus, ne sachant pas trop ce qu'avait voulu dire son meilleur ami avec ces derniers mots. Des flammes vertes s'élevèrent et ce fut en effet un cortège qui entra dans leur salon. Ron, Hermione, leurs deux enfants, Neville, Hannah, enceinte jusqu'aux yeux, Aldan et Susan sortirent de la cheminée.
- Que ? Comment ? Enfin… pourquoi ? s'exclama Harry, les yeux écarquillés.
- Toujours aussi éloquent Harry, se moqua Susan.
- On a tous pris notre après-midi, expliqua Hermione tandis que Rose, huit ans, et Hugo, six ans, avaient déjà sauté dans les bras de Remus, ou plutôt, avaient déjà étouffé Remus sur le canapé. On savait que vous risquiez de déprimer dans votre coin sinon.
Harry fut touché d'entendre cela et étreignit sa meilleure amie chaleureusement avant de remercier tout le monde.
- En vrai, on voulait juste voir la photo de l'enfant, déclara Aldan, moqueur.
Le brun lui donna un léger coup de poing dans l'épaule et partit sauver son compagnon en attrapant Hugo dans ses bras. Le garçon éclata de rire avant de faire un câlin à son parrain. Une bataille de guilis plus tard, l'enfant était assis sur les genoux d'Harry tandis que Rose était calé entre Remus et le brun. Leurs amis étaient tous assis dans les différents fauteuils.
- Alors ? s'enquit joyeusement Hermione.
- Alors, c'est une petite fille, répondit Harry en faisant passer les différentes photos. Anne, de son prénom.
- Oooh ! s'enthousiasma Susan. Elle est adorable. Qu'est-ce qui est arrivé à son œil ?
Remus leur raconta ce que Monsieur Arrum leur avait dit, dans des mots simples et pas trop choquants pour que Rose et Hugo puissent entendre.
- Il y a vraiment des gens affreux, comme quoi être un sorcier ne rend pas forcément plus intelligent, grogna Ron.
Malgré la simplicité de sa remarque, ses amis acquiescèrent. Il existait encore tant de sorciers qui pensaient qu'avoir une magie les rendait supérieur.
- Quand la verrez-vous ? s'enquit Neville.
- Dans deux ou trois semaines, répondit Harry. Il faut attendre les deux semaines réglementaires avant de donner notre accord, plus le temps d'organiser la rencontre.
Ils continuèrent de discuter longuement, souriant et rassurant le couple de futurs papas quant à leur avenir. L'angoisse sourde qu'ils avaient concernant un éventuel malheur à venir se dissipa tandis que leurs amis trouvaient les mots justes. Quand le petit groupe s'en alla, tard dans l'après-midi, Harry et Remus étaient plus sereins que jamais.
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Finalement, ils attendirent un mois avant de pouvoir rencontrer Anne. Monsieur Arrum avait eu des problèmes personnels qui l'avaient empêché de gérer les dossiers des couples dont il s'occupait. Quand il était revenu, il avait dû rattraper tous ses rendez-vous avant de pouvoir organiser le voyage d'Harry et Remus dans l'orphelinat français qu'ils prévoyèrent le onze janvier.
Pour l'occasion, le lycanthrope posa deux jours de congés que la directrice lui accorda sans difficultés. Le matin du onze, Harry et Remus arrivèrent donc au DAFA, encore plus stressés que la première fois. Monsieur Arrum les accueillis avec son sourire habituel, et sans attendre, ils se dirigèrent vers la cheminée internationale du service.
Quand ils ressortirent sur le sol français, ils furent accueillis par Madame Rose, la gérante de l'orphelinat. Cette dernière arborait un air sévère et les emmena directement dans son bureau pour un long entretien de plusieurs heures. Au fur et à mesure qu'ils parlaient, le visage de la femme se dérida et le couple comprit qu'elle agissait ainsi pour ne pas se laisser attendrir. Madame Rose attachait beaucoup d'importance au bien-être de ses petits protégés et ne souhaitaient pas les laisser partir avec n'importe qui.
Une fois l'entretien terminé, Harry et Remus purent voir Anne. La petite était assise sur une chaise pour enfant, prête à prendre son repas. Ils décidèrent d'attendre qu'elle ait fini pour ne pas la perturber et l'observèrent longuement tandis que la puéricultrice l'aidait à manger. Quand l'enfant eut terminé, elle fut amenée dans la salle de jeu où elle rencontra les deux hommes.
Ce premier contact se passa sans accro, ainsi que les deux suivants. A leur quatrième rencontre, un mois plus tard, Harry et Remus purent la ramener chez eux pour une demi-journée, sous la supervision d'un membre du DAFA. La cinquième fois, quand les deux hommes se rendirent à l'orphelinat, ce fut pour repartir de manière définitive avec l'enfant.
Les premiers temps furent difficiles pour eux trois. Harry posa deux semaines de congés pour être auprès de l'enfant et l'aider à s'habituer à son nouvel environnement, mais Remus ne pouvait quitter Poudlard aussi longtemps. Il rentrait cependant dès qu'il le pouvait et ses élèves n'eurent pas de devoirs à faire pendant presqu'un mois.
Anne pleura longuement les premiers jours, loin des visages et des voix qu'elle connaissait, puis elle s'habitua à ces deux adultes qui s'occupaient désormais d'elle. La timidité dont elle fit preuve devant leurs amis dans un premier temps s'envola rapidement au contact de Rose, Hugo ou encore du bébé d'Hannah et Neville. Elle aimait regarder ce petit être qui passait son temps à dormir, allongée à côté de lui.
Quand un assistant social vint voir le développement de leur nouvelle famille, un mois après l'arrivée de Anna dans l'appartement, l'homme rencontra deux pères fatigués mais ravis et une enfant épanouie et souriante. Tandis que les semaines s'écoulaient, les visites du DAFA s'espacèrent pour finalement s'arrêter un an plus tard.
De nombreuses photos avaient été affichées dans le salon du couple. On y voyait Anne qui s'émerveillait devant un balai magique, qui éclatait de rire alors qu'Hugo la chatouillait ou encore qui soufflait les bougies de son troisième anniversaire.
- Harry ! s'exclama Remus depuis la salle de bain, un matin d'octobre. Viens voir !
Le brun, qui était en train d'étudier le projet de loi qu'il devait soumettre la semaine suivante, posa le parchemin qu'il tenait et se leva en s'étirant.
- Harry ! répéta son compagnon. Dépêche-toi !
Le brun fronça les sourcils mais rejoignit rapidement Remus et Anne dans la salle de bain.
- Quoi ? fit-il en entrant dans la pièce.
- Regarde, souffla simplement Remus.
Anne était dans son bain, en train de s'amuser follement avec tout un tas de jouets qui voltigeaient autour d'elle. Elle essayait de les attraper, éclatant de rire quand elle arrivait à se saisir d'un objet. Elle le posait alors dans l'eau, mais ce dernier retournait systématiquement rejoindre les autres, dans les airs.
- C'est elle qui…
- Oui ! confirma Remus. Elle fait de la magie.
Un immense sourire fendait le visage du châtain, reflet de celui qu'affichait maintenant Harry. Le brun embrassa vivement son compagnon avant de s'agenouiller près de sa fille et de poser un baiser sur son crâne, riant. Anne regarda ses deux papas qui semblaient eux aussi s'amuser et rit d'autant plus fort. Aimée, choyée, entourée, et bien qu'elle ne put l'appréhender du haut de ses trois ans, elle avait eu le droit à une merveilleuse seconde chance.
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Et voilà. C'est la fin de "Seconde Chance". J'espère que ce dernier chapitre vous a plu !
On se retrouve dimanche prochain pour la suite de la publication de "Par Merlin !" sur le compte d'Aupaupsi.
Sinon, Epsilon Snape n'a pas fini de publier "L'antre des Maraudeurs" ! Je vous conseille vivement de lire cette histoire :)
A bientôt,
Pauu-Aya