Lorsque Draco Malfoy su qu'il se rendrait à Poudlard, sa première réaction fut de sauter sur son ordinateur portable et d'y chercher le plus de photo de l'établissement.

Le garçon blond tomba immédiatement amoureux du vieux château aux allures de maison hantée.

Et ce soir-là, caché sous son duvet de peur que son père le surprenne à cette heure si tardive observant encore et encore les tours de pierres grises et les escaliers biscornus, il se jura d'explorer ce château de fond en comble de nuit. Car pour Draco Malfoy, la nuit était comme un voile de mystère. La nuit, tout devient merveilleux et tout est possible.

Un an plus tard, allongé dans le dortoir des premières années « Serpentard » -le nom des classes choisissant la voie scientifique- il décida d'honorer cette promesse. Ses camarades de chambre étaient déjà endormis, épuisés par la longue journée de cours. Leurs lentes respirations étaient ponctuées par les légers bruits de pas d'un professeur faisant sa ronde.

Draco se décida et, doucement, sorti de son lit. Il frissonna lorsque son pied nu toucha le sol froid.

A pas de loup, il s'approcha de la porte du dortoir qui grinça lorsqu'il l'entrouvrit.

Dehors, la salle commune était plongée dans un noir absolu. Les dortoirs des Serpentards étaient situés au sous-sol, ce qui pouvait déplaire à certains mais Draco trouvait cela charmant. Il descendit les escaliers menant à la salle commune en souhaitant atteindre la porte du couloir rapidement, sans croiser personne.

C'est alors que celle-ci s'ouvrit, s'attendant à la présence d'un professeur, Draco se rua derrière un canapé, le cœur battant. Il entendit deux voix murmurer des mots qu'il ne comprit pas. Les mains tremblantes, il tenta d'apercevoir quelque chose mais c'était sans compter sur le noir complet.

Le canapé où était caché Draco bougea d'un cran, faisant sursauter le blond.

-Aïe Putain ! s'écria une des personnes, qui semblait s'être cogné au canapé à l'instant.

L'autre pouffa.

"Ok, se dit Draco, ce ne sont pas des professeurs. "

Puisque qu'ils étaient maintenant à quelques centimètres de Draco, il pouvait clairement les entendre.

-Ah, ces saletés de Serpentards vont bien être bizutés.

Ricana une voix qui disait vaguement quelque chose à Draco.

-Je ne te le fais pas dire !

-On va leur en faire voir de toutes les couleurs aux nouveaux serpents.

Ils pouffèrent ensemble. Draco blanchit, ils préparaient un mauvais coup aux nouveaux, donc à lui.

Il se leva et réfléchit à toute vitesse. C'était sûrement des Griffondors -classe de sport- les seuls assez idiots et remontés contre Serpentard pour faire des crasses aux nouveaux.

Draco prit une grande inspiration et toussa.

-Excusez-moi, qu'est-ce que vous foutez là ? s'exclama-t-il d'une voix posée, bien que son expression fût assez tendue, mais personne ne le remarqua vu que la salle était plongée dans le noir.

Draco sentit les deux intrus sursauter, un silence pesant se fit.

-Merde. On est dans la merde Ro-

La voix fut coupée par ce qui devait être un coup de poings du certain « Ro ».

Draco sourit.

-Weasley ! Quel plaisir de te voir. Et celui qui est avec toi doit être…. Euh… le brun...

Mince, crotte, caca de vache. Il ne connaissait pas le prénom de ce putain de brun taré.

Il entendit un clic, indiquant qu'on avait allumé une lampe de poche, un grand flash l'éblouit et il cligna les yeux.

-Malfoy… marmonna la jolie -notez l'ironie- voix de Weasley. Quel style tu as.

Il grimaça en sentant les deux griffondors le dévisager.

C'est clair qu'habillé d'un training ample et d'un t-shirt « Si tu veux frôler la perfection passe à côté de moi » il devait avoir une énorme classe. Sans compter ses cheveux qui étaient incontrôlables sans une tonne de gel.

-Moi je te trouve très mignon, ricana le brun.

Weasley sembla grimacer vu le ton de sa voix.

-J'espère que tu rigoles.

Bien sûr qu'il rigolait, pensa Draco en s'imaginant sa tête affreuse.

-Bref, vous foutez quoi ici ? grogna le blond, souhaitant mettre un terme à cette conversation le plus rapidement possible.

-On comptait glisser des limaces dans ton lit. Répondit Weasley en souriant.

-Eh bien, je m'en vais chercher le professeur Rogue. Dit-il en tournant les talons.

-Putain Malfoy ! Sale suceur. Grogna Ron en se rapprochant.

Le blond sourit d'un air suffisant et s'apprêta à s'en aller.

Draco sentit une main lui attraper le bras, la lampe de poche s'éteignit et il se fit tirer contre un torse chaud. Une chaleur l'enveloppa et un hoquet de surprise lui échappa.

-Tu ne comptes aller nulle part. Lui souffla une voix au creux de l'oreille.

Draco voulut se dégager quand il se sentit pousser derrière le canapé une deuxième fois.

-Vas-y déjà Ron, je m'assure qu'il ne rapporte pas et je te rejoins.

La belette soupira et tâtonna les murs pour trouver la sortie, Draco vit la lueur du couloir avant que la porte ne se referme sur le roux.

Draco sentit la présence si proche du brun s'éloigner, la lumière de la lampe se ralluma et il vit le visage de l'autre garçon. Il fronçait légèrement les sourcils dans une mine pensive. Il portait encore son uniforme, une chemise blanche chiffonnée et un pantalon droit taché de boue au niveau des cheville. Ses chaussures étaient de vieilles tennis blanche.

-Tu ne te souviens vraiment plus de moi ? Tu sais, je suis le parrain de Teddy. On s'était vu au conservatoire.

Draco haussa les épaules.

-Je m'en rappelle vaguement, tu es le type détestable qui jouait comme un manchot.

-Mais tu ne te souviens plus de mon nom. Dit le brun, comme une évidence.

-Bien sûr que si ! rétorqua Draco, vexé qu'on sous-estime sa mémoire.

-Ah bon ? Répondit l'autre, ayant perdu sa mine songeuse et vêtu maintenant d'un simple sourire narquois.

-Oui !

Il chercha dans les tréfonds de sa mémoire. Une conversation, avec ce gars, puis dans la voiture avec sa mère qui lui demandait des explications sur sa dispute avec le fils Pott-

-Potty ! s'exclama t'il.

Le dénommé Potty se mordit la lèvre avant d'éclater de rire.

Draco eut une moue vexée.

-Hmpf. Je sais bien que tu ne t'appelles pas comme ça, et je sais ton vrai nom bien sûr, mais c'est le surnom que je te donne.

-Ah bon ? dit le brun, amusé.

-Certainement. Rétorqua Draco, buté en croisant les bras.

C'est alors qu'une voix froide les interrompit.

-Les deux idiots cachés sous le canapé qui croient que je ne les entends pas, sortez. Et deux heures de colle.

Et merde.

Le jour où Ginny Weasley avait entendu parler d'Harry Potter, c'était quand elle avait 9 ans.

Un simple article, dans le journal.

Un garçon enfermé depuis sa plus tendre enfance dans un placard à balais, situé dans une maison non loin de là. Une maison qui semblait, somme toute, parfaitement normale.

Ginny se rappelle encore de l'exclamation exagérément choquée de sa mère.

« Oh Diantre ! Pauvre enfant ! »

La petite rouquine y avait repensé, dans son lit, sous sa couverture. Elle s'était imaginée dans un placard à balais.

Puis elle avait pleuré.

Ce petit garçon était vraiment très courageux.

La deuxième fois que Ginny Weasley entendit parler de Harry Potter, c'était quand elle avait 10 ans.

Un article de journal, dans les faits divers.

Le garçon chétif et maltraité avait intégré, avec un an d'avance, l'équipe de Volley de son école.

Elle y a eu repensé le soir, dans son lit et s'était dit que ce garçon était vachement fort.

Le lendemain, Ginny commença le volley.

La première fois qu'elle vit Harry Potter, Ginny avait 14 ans, c'était sur une photo.

Ron était rentré pour les vacances d'automne et parlait de son école en montrant son téléphone pour illustrer ses propos.

« Eh Regardez ! Ça c'est mon meilleur ami, Harry Potter. »

Ginny avait écarquillé les yeux et les avait posés sur le garçon au joli sourire et aux yeux vert brillant.

Elle y avait repensé dans son lit et avait rougi.

Ce garçon était vraiment mignon.

La première fois que Ginny parla à Harry Potter, elle avait 15 ans et attendait des étincelles.

« -Salut. Je suis Ginny Weasley, la sœur de Ron. Elle avait souri

-Salut, Harry Potter. Il avait souri et tourné les talons. »

Le soir, elle y repensa, blottit dans son lit rouge et or, comme Harry.

Un ballon de volley posé sur son ventre, comme Harry.

Et la gorge nouée, prenant conscience de son propre mensonge.

Tout n'était que du vent.