Et voici la suite et fin :)

Bonne lecture !


PARTIE II

Spinner's End, un mois plus tard

Le soleil était en train de se lever et Severus s'affairait à préparer sa tasse de café du matin.

C'était le genre de journée sombre et grise qui ressemblait beaucoup à son humeur actuelle. Il pouvait entendre la voix taquine de Harry, l'apaisant et le réchauffant de la tête aux pieds. Il ravala un grondement de penser à Harry en termes aussi idiots et romantiques.

« Je ne sais pas ce que ces tasses ont fait pour t'offenser, mais fais le moi savoir afin que je puisse éviter de le faire à mon tour. »

« Tu m'offenses maintenant. »

« Vraiment ? »

Severus était habitué aux paroles de Harry qui le faisaient rire. Le souvenir lui donna le sourire aux lèvres.

«Tu vois, maintenant tu souris. Viens ici et donne-moi un baiser. Je suis trop tendu et je ne veux pas aller au travail ce matin. Tu pourrais m'aider à me détendre et à me distraire ?

Il n'y avait pas d'Harry, pas ce matin. Il était tellement habitué à la chaleur et à l'énergie de Harry qui encombraient son petit espace privé qu'il ne pouvait tout simplement pas blâmer le temps pour le froid glacial qui s'était installé dans la pièce vide.

Il y avait une veste en jean déchirée jetée sur une chaise bancale et un étui pour les lunettes d'Harry à côté d'un énorme livre relié en cuir sur les potions. Harry insistait pour lire un chapitre à la fois afin de comprendre en quoi consistait l'enfer. La table était dressée avec des bougies qui brûlaient depuis longtemps en bouchons cireux et il restait encore une assiette propre et des couverts non utilisés à la place que Severus considérait maintenant comme celle de Harry.

Il fronça les sourcils devant la pendule et but une gorgée de café. Pour la première fois, il ne regretta pas d'avoir eut l'idée d'investir dans l'une de ces horloges à coucou ridicules dont Harry semblait toujours prendre plaisir à parler - celle qui confirmerait les allées et venues de Harry une fois pour toute.

Harry.

Harry qui devait venir voir Severus hier soir. Harry dont la portion de souper était encore au four dans un plat en céramique fissuré, après que Severus l'y ait poussé et juré qu'il ne s'autoriserait plus jamais à perdre son cœur face à des héros attirants du point de vue du péché qui avaient la moitié de leur âge. Harry qui était sortit pour voir ses amis après un baiser sur la joue, sentant le savon et le cuir de sa nouvelle veste moldue. Severus ferma les yeux et but au souvenir de Harry, plus beau que jamais.

La jalousie tordit les tripes de Severus qui se souvenait avoir serré la main de Harry un peu trop fort et de lui avoir dit de passer du bon temps de manière désinvolte et impartiale, comme s'il ne se souciait pas de savoir où Harry était allé ou avec qui il s'était retrouvé.

«Ne te presses pas, si tu t'amuses avec tes amis. Le souper attendra. »

Le sourire de Harry avait faibli, des lignes sillonnées apparaissant sur son front.

«Tu pourrais venir, tu sais ? J'aimerais ça. Nous pourrions être ensemble et rentrer à la maison en chantant sous les étoiles. »

Lorsqu'il s'était penché, tout ce que Severus avait pu faire était de ne pas respirer son parfum boisé, savonneux et délicieux.

« Je suis un chanteur horrible et je suis presque sûr que j'aurais les mains errantes si j'étais bourré avec toi à côté. »

«Tes mains errent déjà même quand tu es sobre. »

Un fait, Severus n'arrivait toujours pas à y croire, mais il avait répondu d'un ton sec et sûr qui avait fait rire Harry.

« Je ne souhaite pas empiéter sur ta soirée ni donner à Skeeter plus de munitions pour se moquer de moi. Je n'ai aucun désir d'avoir mes motifs pour être avec toi - sans parler de tes motifs pour être avec moi - scrutés par le grand public. »

« Bien sûr. On se voit plus tard, alors. »

Harry avait passé sa veste autour de lui - sa mâchoire était serrée ainsi que ses lèvres dans une ligne sinistre - se frottant les mains l'une contre l'autre comme s'il avait soudainement froid.

Mais Harry n'avait pas vu Severus plus tard. Il n'avait même pas eu la courtoisie de faire savoir à Severus que sa soirée s'était étirée jusqu'au matin.

Severus se sentit fatigué si bien qu'il pouvait le ressentir dans ses os. Il s'était retourné dans la nuit, ses rêves remplis d'Harry souple et transpirant sous les mains de quelqu'un d'autre. La cicatrice sur son cou lui donna un pincement insatisfaisant et Severus frotta sa main contre elle. Il aurait dû savoir que ce jour viendrait. Il avait toujours su que l'intérêt de Harry pour Severus ne pouvait durer aussi longtemps. Bien que Severus fut peut-être le plus expérimenté des deux à certains égards, Harry avait toujours eu des années-lumière d'avance sur Severus en ce qui concernait les questions de cœur. En cela, Severus n'avait aucune expérience. Il se considérait comme un choix terriblement insuffisant pour Harry.

Severus s'affaira en pensant à différents sorts à lancer à Harry tout en essayant de supprimer la peur de son estomac. Il avait passé tellement de temps à apprendre comment laisser Harry entrer dans sa vie qu'il n'était pas tout à fait sûr de savoir comment revenir à une vie amère et solitaire sans lui.

« Tu n'es qu'un imbécile, Severus. » se morigéna Severus avant de prendre une autre gorgée de café pour se calmer, alors qu'Archimède laissait tomber le journal du matin sur la table et lui picorait les doigts.

La peur se transforma en nausée et Severus remarqua à peine que sa tasse claquait sur la table alors que son corps s'enflammait, puis se refroidissait comme s'il était trempé d'eau glacée.

« Des anciens Mangemorts attaquent l'Allée de Embrunes ! L'Aurore Potter dans un état critique ! »

« Harry ! » Le nom glissa des lèvres de Severus en syllabes brisées et ses mains tremblaient lorsqu'il passa en revue les pages, remplies de photographies granuleuses. De tous les scénarios envisagés par Severus, cela ne lui était jamais venu à l'esprit. Il se maudit et regarda les pages du milieu où était affiché des images du corps de Harry qui a l'air tordu et brisé.

Le visage de Harry était obscurci par les guérisseurs et les aurors se précipitant autour de la flaque de sang écarlate sur les pavés moussus de l'Allée des Embrunes. Harry était étrangement immobile. Sa poitrine ne montait pas et ne tombait pas et Severus pensa qu'il allait être malade alors que les cris silencieux de ceux qui tentaient d'aider Harry se transformaient crescendo dans l'esprit de Severus.

Il y avait une paire de lunettes cassées - les nouvelles que Harry avait montré à Severus il y a trois mois. Il y avait une bouteille de vin brisée sur les pavés et le riche rouge prune se mêlait à l'écarlate du sang de Harry. Harry n'aimait pas le vin rouge. Le fait qu'il ait dû faire un détour pour l'acheter pour sa soirée avec Severus envoya une nouvelle vague de panique à travers Severus qui le secoua profondément.

« Severus, ce ne serait probablement pas une mauvaise chose si j'avais un garde du corps avec moi dans la rue. Tu le sais. »

Il y avait un sac de papier détrempé couvert de sang et de pluie et la baguette de Harry était jetée à plusieurs pieds de sa main tendue. Enfin, il y avait un gros plan du visage de Harry, meurtri et pâle. Ses lèvres ne bougeaient pas et son visage était recouvert de terre et de sang, son blouson de cuir est arraché de son corps et sa chemise en lambeaux - déchirée par les sorts.

Severus n'avait jamais vu Harry aussi silencieux - aussi immobile.

La chemise de Harry n'était pas rouge quand il était parti.

La chemise de Harry n'était pas rouge .

Severus se tint sur des pieds instables et s'agrippa sur le bord de l'évier, ses épaules se soulevant alors qu'il regardait dans le bassin en métal et tentait de se reprendre. Les titres et les images d'Harry tournaient dans sa tête, mille pensées agitées les poursuivant et le laissant trembler.

Quand il fut suffisamment préparé pour être sûr de ne pas se briser, il disparut dans un tourbillon de noir et de bleu, laissant le fouillis de papiers, de porcelaine brisée et de café renversé sans un regard en arrière.

OoOoO

« Severus ? »demanda Kingsley visiblement épuisé, levant les yeux d'une montagne de paperasse quand Severus fit irruption dans son bureau sans même frapper à la porte.

« Où est-il ? »

« Qui ? » Kingsley parlait lentement, sa voix hésitante. « Nous avons été occupés, Severus. Vous n'avez peut-être pas vu les nouvelles, mais je n'ai pas le temps pour les vendettas si cela peut attendre jusqu'à lundi- »

« Non, ça ne peut pas ! » Severus savait qu'il criait, il savait que chaque émotion s'infiltrait dans chaque syllabe prononcée mais il ne pouvait pas passer un autre moment à chercher Harry dans des endroits où il refuserait d'être trouvé.

« J'ai cherché quelqu'un comme toi toute ma vie. »

Harry l'avait dit une fois à Severus, dans un sommeil brumeux et calme. Les mots étaient aussi frais dans l'esprit de Severus que si Harry les avait dits seulement hier. Il avait l'impression que les dernières vingt-quatre heures avaient été consacré à chercher Harry pour la vie. Une vie de panique croissante et de frustration croissante. Il était allé dans toutes les parties du monde moldu et sorcier qui avait jamais gardé un souvenir de Harry et n'y avait trouvé aucune trace.

« Je ne peux pas divulguer cette information. » Kingsley regarda Severus comme s'il était fou et Severus se demanda s'il ne l'était pas en réalité.

« Je suis allé à St Mangouste, dans des hôpitaux moldus bien que Merlin sache pourquoi tout le monde l'y emmènerait. Je suis allé chez lui et dans ce chalet qu'il garde à la campagne. J'exige de savoir où est Harry Potter ! »

Kingsley écarquilla les yeux et il se frotta la joue avec ses doigts, jetant un regard incertain à Severus. «Harry est dans un état critique, Severus. Il subit un traitement intensif. Je ne peux pas révéler son emplacement à n'importe qui- »

Juste n'importe qui.

Severus essaya de combattre les sanglots qui menaçaient de le faire éclater. Heureusement, les années passées à cacher ses larmes lui permettaient de les engloutir jusqu'à ce qu'elles soient enterrées dans un endroit sombre avec les autres larmes qu'il ne se permettrait jamais de verser. Elles brûlaient si fort derrière ses yeux qu'il pensa que tout son corps devait être rempli des émotions qu'il pensait enfouies depuis longtemps.

« Je ne suis pas n'importe qui. Je suis un expert en potions distingué - le meilleur du pays- »

« Il a le meilleur des soins à sa disposition. »

« Je suis certain qu'il voudrait de moi là-bas quand il se réveillera. » S'il se réveille. Severus retira sa baguette magique et il tenta de pénétrer dans l'esprit de Kingsley mais il se retrouva face à un mur blanc qui se ferma dès que Severus essaya de le forcer.

« Pas de sorts, Severus. Aucune légilimencie. » Kingsley se leva et croisa les bras, en pressant ses lèvres dans une ligne serrée. «Harry a beaucoup d'amis. Je ne savais pas que vous étiez proches l'un de l'autre. Au contraire, j'ai seulement entendu dire que vous ne vous appréciez pas du tout. »

« Kingsley ... » Severus était généralement au-delà de la plaidoirie. Il n'était pas homme à se rendre vulnérable mais après des heures passées à arpenter les rues et à visiter tous les endroits auxquels il pouvait penser, Severus était épuisé et la douleur dans son cœur s'intensifiait à chaque pas.

« J'attends. » Kingsley était implacable et son visage ne montrait aucun signe de compréhension.

Severus rassembla son courage et se demanda pourquoi cela - de toutes choses - était plus difficile que les nombreuses choses terribles qu'il avait faites.

« C'est important pour moi qu'il vive. Il est important pour moi. Je pourrai peut-être aider, je ne causerai aucun problème. » Severus s'affaissa contre le cadre de la porte, la moindre part de colère s'échappant de son corps, le laissant déchiré et brisé. «Je vous demande de me faire confiance quand je vous dis qu'il voudrait que je sois là. S'il vous plaît, ne me demandez pas de m'expliquer. Je ne suis pas sûr d'avoir les mots pour ça. »Severus déglutit et il jeta un coup d'œil à Kingsley, essayant de garder son visage libre des émotions misérables traversant son corps, son cœur battant comme un fou désespéré.

Harry, Harry, Harry .

Kingsley avala et ses mots suivants furent inhabituellement doux et chargés d'émotion. « Oh, Severus. »

« S'il vous plaît . »

«Le terrier. Molly et Arthur sauront que je vous ai envoyé. Kingsley leva sa baguette et fit apparaître un Patronus. Il regarda Severus, son expression sombre. «Je peux leur dire que c'est pour des raisons médicales. Quoi que vous choisissiez de leur dire, c'est à vous de décider. »

Severus soupira de soulagement et murmura ses remerciements.

Sur les traces du Patronus de Kingsley, il se rendit au Terrier.

Pour Harry .

Le terrier

Severus arriva alors qu'il y avait beaucoup de mouvement dans la maison. Arthur lui serra la main et le fit entrer dans le petit salon rempli des gens qu'aimait Harry. Bien qu'il ne restait presque plus d'espace pour Severus, Arthur et Molly lui permirent de s'éloigner maladroitement de ses anciens élèves. Il se demanda s'il devait prendre leur accueil comme le signe qu'il pourrait un jour s'intégrer dans la vie déjà remplie de Harry.

«Je vais mettre de l'eau à bouillir. Nous vous sommes reconnaissants de votre venue. » Molly serra la main de Severus et il répondit en la serrant à son tour. Il hocha la tête, pas sûr de se fier à lui-même pour parler.

« Puis-je le voir ? »

Molly regarda vers une porte qui restait bien fermée, une boule de lumière orange se déplaçant le long du bois et clignotant vers Severus. Elle pointa la porte et Severus put presque entendre Harry respirer à travers le bois.

« Vous connaissez le charme Spiritus ? »

« Bien sûr. » Severus regarda la boule orange qui était plus faible que ce à quoi il s'attendait. La lumière de Harry devrait être suffisamment brillante pour brûler toute la pièce de l'intérieur. « Est-ce qu'elle est devenue blanche à un moment donné ? »

Molly secoua la tête et se frotta les yeux, le visage tiré.

« Non. Pas encore. Mais ça a été… très faible. »

« Je vois. » Le même sentiment de peur et de nausée qui le hantait depuis le matin faisait rouler l'estomac de Severus. « Mais on peut le voir, quand même ? »

« Oui à moins que la boule ne soit rouge. Nous devons laisser de l'espace aux guérisseurs s'il devient rouge à tout moment. Il a été rouge pendant une majeure partie de la nuit. Vous êtes arrivé au bon moment. »

« Rouge ? » Une autre vague de peur assaillit Severus et il prit une respiration tremblante. « Il a été… proche de la mort ? »

« Il n'est pas encore sorti d'affaire, Severus. » Molly effleura ses yeux. « Que ferais-je sans lui ? Il est comme un fils. Je ne perdrai pas un autre fils dans cette guerre impie. »

« Cela n'arrivera pas. » Severus savait qu'il ne pouvait pas s'appuyer sur Molly à un moment pareil, car il était censé s'occuper de tout. Il était censé être l'ancien professeur en colère et amer qui prenait plaisir à être un bâtard et à terroriser Harry. « Je ne le permettrai pas. »

« Vous êtes un homme bon, Severus. » L'expression de Molly se ramollit et elle se reconstitua une voix vive. « Laissez-moi vous servir du thé. Arthur? »

« Pouvez-vous me dire exactement ce qu'il s'est passé ? » Severus se dirigea vers la porte avec Arthur, la voix basse. Il ignora le regard curieux qu'il reçut de Draco et les sourcils levés de Weasley, alors que lui et Granger murmuraient. Il n'y avait aucune trace de Charlie, mais George et Ginny étaient assis l'un à côté de l'autre, la tête inclinée. Lovegood fit un signe à Severus, ses yeux dans le vague et il essaya de ne pas craquer. Il ne pouvait se concentrer que sur Harry, et il resta le dos tourné à la salle pleine de gens qui chuchotaient au sujet de son apparition soudaine et se concentra sur Arthur.

« Il y a eu des soulèvements rebelles en Amérique. Il existe une dangereuse faction de sorciers qui soutiennent le travail de Vous-Savez-Qui, bien que, heureusement, aucun individu ne soit sur le point d'exercer le genre de pouvoir qu'il était capable de commander. »

« Je ne comprends pas ce qu'ils voulaient à Potter. » Severus maintint ses lèvres pressées dans une ligne sinistre, incapable de détacher ses yeux de la lumière ambrée qui vacillait et s'assombrissait. Il pouvait presque sentir l'énergie de Harry disparaître. Il ferma momentanément les yeux et pressa Harry de se battre.

Lutte . Juste une fois de plus, mon amour. Bats toi.

« Il est une cible de premier plan. Il a reçu des menaces de mort depuis la guerre, tout comme Kingsley et d'autres qui ont occupé des postes importants au sein du ministère. Ces derniers temps, ils ont été plus ciblés et leur gravité a augmenté. »

« Est-ce vrai ? » La voix de Severus était serrée et fragile. Il pensa à Harry tirant sur sa veste en jean et ses baskets dépareillées, se mettant au travail avec un sourire fatigué qui ne le regardait pas dans les yeux. Il se souvint de la peur brute dans les yeux de Harry lorsqu'il se réveillait de ses cauchemars. Pas une fois il ne se souvint que Harry ait jamais dit que quelqu'un le voulait mort.

« Devons-nous nous battre, encore ? »

Cela faisait sens maintenant, ces baisers avant qu'Harry ne parte à l'étranger et affronte un mal ou un autre. Ces choses longues et profondes qui secouaient Severus. Le silence quand il faisait nuit et que la pièce était immobile et pleine d'ombres. Les questions sur le fait de partir pour un moment, dans un endroit ensoleillé où personne ne devait mourir. Severus déglutit et il se passa la main sur le cou qui lui fit une vive douleur. Harry n'avait jamais dit un mot à ce sujet. Il était sans cesse joyeux en dehors de ces moments où Severus le surprenait en train de se gratter le bras et ne remarquait pas le regard étrange et lointain dans ses yeux.

«As-tu besoin que je sois brutal avec toi, petit ? »

Severus ne supporta pas les souvenirs qui l'assaillirent. Il avait pu goûter Harry sur sa langue, salé de transpiration et nu à souhait. Il pouvait imaginer enfouir sa tête dans le creux du cou de Harry et le respirer. Harry Potter n'est pas censé mourir. Pas maintenant. Pas après tout ça. Pas quand il était la personne la plus vivante que Severus ait jamais connu.

« Il n'a jamais dit un mot » dit Severus, oubliant la présence d'Arthur.

« Bien. » Les sourcils d'Arthur se soulevèrent. «J'imagine qu'il ne se confierait pas à tout le monde sur les affaires du ministère. C'est plutôt secret. »

Tout le monde. Juste n'importe qui.

Severus résista à l'envie de dire à Arthur exactement ce qu'il était pour Harry et exiger de savoir pourquoi lui, de toutes les personnes, n'avait pas été informé menaces à l'encontre de Harry.

« Comment l'ont-ils trouvé ? »

« Nous ne sommes pas sûrs. Charlie a mentionné quelques personnes agissant étrangement au Chaudron Baveur. Harry est parti avant les autres, il avait un endroit où aller. Nous pensons qu'ils l'ont suivi. Pour une raison quelconque, il n'est pas rentré chez lui. »

« Non. » Severus savait exactement pourquoi Harry n'était pas rentré chez lui et cette pensée envoya une autre vague de colère, de culpabilité et de frustration à travers son corps. « Je n'ai pas vu Charlie avec les autres. »

« Non, il a dû aller se promener. » Arthur baissa la voix et se confia à Severus. « Ils sont devenus très proches après la guerre. Nous avions espéré qu'un jour peut-être nos garçons finiraient ensemble. Charlie avait besoin de se vider la tête, on est debout depuis des heures. »

« Bien sûr. » Severus n'avait aucune place dans son cœur pour autre chose que le bien-être de Harry, mais il imagina le rapprochement continu entre Harry et Charlie. Il se demanda comment Harry le sentait et ce que ressentait Charlie si Severus avait raison de dire que ses intentions envers Harry étaient plus que platoniques. Il maudit sous le souffle, ne se demandant pas pour la première fois pourquoi sa maudite fierté et son intimité avaient été autorisées à affecter tous les aspects de la dernière année de Harry. « Le ministère s'attend-il à trouver les responsables ? »

« Ils y travaillent. C'est probablement la première attaque d'une longue série. Kingsley a une protection 24h / 24 ces jours-ci. »

« Les guérisseurs ont-ils parlé de l'étendue des blessures de Potter ? »

« Un peu. » Arthur se frotta le menton, signe d'heures sans sommeil. « Plusieurs fractures aux jambes. L'un de ses bras est cassé aussi et une jambe est pire que l'autre. En supposant que tout le reste guérisse, il lui faudra probablement beaucoup de temps pour se rétablir et arriver à un point où il pourra marcher sans aucune assistance. »

« Et le Quidditch ? » Severus déglutit et Arthur laissa échapper un petit rire nerveux.

« Oh, Harry va trouver un moyen de voler. Cela ne fait aucun doute. Les guérisseurs semblent penser, qu'avec le temps… »

« Les os brisés peuvent être réparés. Qu'y a-t-il d'autre ? »

« Il y a des blessures internes causées par les sorts, heureusement, aucun dommage au cerveau. La chose qui a le plus inquiété les guérisseurs était une malédiction particulièrement mauvaise, ce qui voulait dire que beaucoup des blessures de Harry résistaient aux sorts et aux remèdes magiques habituels. Ils ont trouvé une potion pour atténuer l'impact de la malédiction, j'imagine que c'est pour cela que Kingsley vous a envoyé ici pour aider. Vous devriez en discuter avec eux et voir s'il existe d'autres options pour le soulagement de la douleur quand il se réveillera. »

« S'il se réveille. » Severus ne parla pas plus haut qu'un murmure et Arthur le frappa sur l'épaule en secouant la tête.

« Quand. On ne doit pas dire « si », pas près des enfants. »

Severus voulut faire remarquer que ces enfants avaient tous combattu dans une guerre sanglante et avaient vu plus de morts que la plupart à leur âge. Il voulut faire remarquer qu'Harry n'était pas plus un enfant que Severus, mais qu'il était davantage un adulte à bien des égards. Il ne dit aucune de ces choses. Il supposa que pour Arthur, ses enfants seraient toujours ses enfants, même s'ils avaient grandi depuis longtemps. Avec un signe de tête, il ouvrit la porte, la refermant derrière lui et s'affaissant contre elle.

Il se dirigea vers le lit et s'assis sur la petite chaise à côté de Harry. Il avait l'air tellement brisé et plus petit que d'habitude. Ses bras étaient couverts d'ecchymoses et l'un était enveloppé de bandages épais. Sous les couvertures, les bandages enroulés autour de ses jambes leur donnaient une hauteur supplémentaire.

Sans même se rendre compte, Severus laissa ses larmes couler jusqu'à ce qu'il puisse seulement sentir de la bile et de l'eau salée et tiède sur ses lèvres.

« Je suis furieux contre toi, Potter. » Il saisit la main de Harry, essayant de ne pas la serrer trop fort et il posa ses lèvres dessus juste pour les frotter contre la peau de Harry. Il était froid comme de la pierre et ses doigts ne se contractaient même pas au toucher. Son visage était couvert d'éraflures et de meurtrissures profondes et ses cheveux éparpillés sur l'oreiller contrastait avec son visage pâle. Severus effleura les mèches épaisses qui couvraient le front de Harry en serrant des doigts. « Si tu ne te réveilles pas, je vais ... »

Sa voix se fana et il murmura les mots qu'il était terrifié qu'Harry entende dans la pièce silencieuse.

La veille, il aurait tout donné pour que Harry ne devine pas son secret.

Aujourd'hui, il ne voulait rien de plus que d'avoir la chance de le lui dire, encore et encore, jusqu'à ce que son cœur éclate et que Harry l'entende.

OoOoO

Quand le guérisseur lui dit qu'il était temps de laisser Harry se reposer, Severus grogna et se démena jusqu'à ce qu'elle lui donne encore dix minutes et le regarde comme s'il était un enfant récalcitrant.

Severus prit la baguette de Harry sur la table de chevet et laissa la magie frémir entre ses doigts. C'était faible, mais perceptible. Harry. Severus appuya un doux baiser sur le front du jeune homme et mit la baguette dans sa poche tandis que les taches de sang sur le bois envoyaient une nouvelle vague de nausée à travers son corps.

Quand le guérisseur revint dans la pièce dix minutes plus tard, Severus parti sans ajouter un mot.

OoOoO

Il était minuit dix et la petite maison était toujours pleine d'activité, avec les amis de Harry et sa famille réunis dans le petit salon.

À l'exception de Molly et Arthur, personne ne prêta beaucoup d'attention à Severus. Draco reconnut sa présence et posa quelques questions curieuses avant que Severus ne le prenne de court. De toutes les personnes ici, Draco était celui qui connaissait Severus le mieux. L'homme ne voulait pas risquer de se trahir avec des mots insouciants. La façon dont Granger le regardait ne passa pas inaperçue. Elle étudia Severus comme s'il s'agissait d'un problème difficile qui devait être réglé tandis que Weasley le regardait avec des regards furieux et Londubat lui envoyait un regard nerveux.

Severus passa des heures à observer silencieusement une partie de la vie de Harry qu'il n'avait jamais vraiment vue. Il n'y avait toujours aucune trace de Charlie Weasley. Il but à chaque conversation, chaque tentative de plaisanterie et plongea dans l'effusion d'amour dans la pièce.

La personne dont Weasley, Granger et les autres parlaient était si reconnaissable pourtant, à d'autres égards, Severus ne le connaissait pas du tout. Il n'avait jamais vu Harry en chair et en os en train de boire des pintes avec ses amis et de rire de quelque chose qui s'était passé au ministère. À cet égard, il ne voyait que l'homme présenté par la presse qui écrivait d'innombrables articles sur ses soirées ou son dernier voyage. Il n'avait aucune idée de la manière dont Draco et Harry avaient noué une amitié et de quoi ils pourraient avoir à parler lorsqu'ils achetaient des vêtements et buvaient de grands cafés laiteux au nouveau café-bar de Dragon's Alley.

« La presse ne le laisse jamais seul, je suis surpris qu'ils ne soient pas là, à regarder par la fenêtre et à essayer d'écrire leur prochain scoop. Pourquoi ne peuvent-ils pas le laisser en paix ? Si Charlie ne les tenait pas à distance, Harry n'aurait eu aucune liberté. »

Severus déglutit difficilement. Charlie. Il se rendit compte que même s'il avait assisté à un événement du Ministère et lu tous les journaux, il ne savait pas vraiment comment Harry pourrait être protégé de la presse. Il ne savait pas comment le corps de Harry pourrait se raidir et chercher une main ferme et rassurante lorsqu'il était harcelé par un groupe de photographes. Il ne le savait pas car il avait pris le plus grand soin de ne pas être aux côtés de Harry lorsque les objectifs étaient braqués sur lui.

Severus voyait une autre partie de Harry qu'il n'avait jamais envisagée. La vie de Harry était riche et complète même sans Severus. Severus se souvenait à peine de ses anciens étudiants et il ne savait absolument pas comment ils pourraient vivre et s'intégrer à celle de Harry. Harry n'avait jamais été un garçon à cacher dans l'ombre, quoi qu'il ait pu dire à Severus à propos d'aimer le calme. Harry avait toujours été téméraire, fort et protecteur des choses qu'il aimait. Garder le secret de Severus - garder son secret - devait être insupportable pour quelqu'un comme Harry.

La lumière devint rouge lorsque les dernières heures de la nuit laissaient place au jour.

« Professeur ... » La voix de Granger était à peine plus haute qu'un murmure et pour une raison quelconque, elle regarda Severus en premier. « M. Weasley, Mme Weasley ... la lumière. »

Il y eut une vague d'activité alors que la lueur rouge illuminait la pièce et Severus se demanda s'il allait s'effondrer au sol. Les guérisseurs le repoussaient alors qu'il tentait d'entrer dans la chambre de Harry jusqu'à ce que des bras puissants le retiennent et le maintiennent fermement.

« Ça ne va pas l'aider. Je sais, professeur. Je sais. Laissez-les simplement faire leur travail. » La voix s'éteignit et puis répéta inlassablement « je sais » jusqu'à ce que Severus sanglote de soulagement.

Charlie Weasley.

Bien sûr qu'il savait. Ils étaient constamment rapprochés, peut-être que Harry pensait qu'il devait la vérité à Weasley au cas où les rumeurs commenceraient à susciter un faux espoir. Avec un souffle tremblant, Severus acquiesça rapidement et évita les yeux au lieu de regarder fixement la lumière rouge devant la porte de Harry.

Rouge pour Gryffondor.

Rouge pour Cruciatus.

Rouge pour le sang.

Severus s'accrocha à la baguette de Harry et pria un dieu en qui il ne croyait pas.

OoOoO

Lorsque Severus descendit pour le petit-déjeuner, Granger, Weasley, Molly et Arthur étaient rassemblés autour de la petite table du salon, à l'extérieur de la chambre de Harry. Charlie Weasley était introuvable. Les autres amis et membres de la famille dormaient toujours ou étaient rentrés chez eux lorsque la lumière était passée du rouge à un ambre pâle et maladif. Ils levèrent les yeux quand Severus s'approcha et son estomac se retourna lorsqu'il aperçut les joues rouges de Granger, striées de larmes.

« Harry s'est réveillé. » Les larmes de Granger coulèrent sur ses joues et elle les essuya du revers de la main. « Juste un instant, mais il était là. Il avait l'air si effrayé. »

La vague d'émotion qui l'envahit lorsqu'il entendit qu'Harry puisse s'être réveillé lui coupa le souffle. Severus dut saisir le meuble le plus proche pour se stabiliser. La joie fut suivie de près par la pensée qu'Harry s'était réveillé apeuré et incertain et sans Severus pour le rassurer ou lui donner du réconfort. Il fronça les sourcils à la lumière de la porte qui clignotait en ambre terne et commença à marcher.

« Les guérisseurs doivent avoir fini avec lui maintenant ? J'aurais dû être là. »

« Vous ? Vous êtes la dernière personne qui aurait dû être là. » Weasley pouvait à peine contenir son rire, bien qu'il n'y ait aucun d'humour dedans. Il avait l'air blessé et furieux, secouant la tête alors qu'il regardait Granger. « Qu'a t'il dit déjà ? »

Hermione leva les yeux jusqu'à ce qu'ils rencontrent ceux de Severus et le regard sur son visage lui donna un frisson. Quand elle parla, sa voix était calme et douce et Severus fut surpris de trouver qu'elle était apaisante et émue - à la place de l'amusement.

« Il… il a demandé Severus. Il a dit que vous n'auriez pas dû le savoir par les journaux. Oh, mon Dieu. » La voix d'Hermione se brisa et elle parut incertaine car ils savaient tous que c'était précisément ainsi que Severus avait eu connaissance de l'attaque. Severus Snape était la dernière personne que quiconque aurait choisi de contacter au sujet du bien-être de Harry Potter.

« Ce n'est pas de sa faute si c'est ainsi que les nouvelles sont venues à moi. » Severus pouvait entendre le craquement dans sa voix mais il ne voulait plus se cacher. Il voulait prendre Harry dans ses bras et lui faire savoir qu'il se trouvait juste ici - exactement là où Harry le souhaitait -, à cette pensée le soulagement l'envahit.

Granger continuait de regarder Severus et il pouvait entendre son esprit s'affoler. « Il a dit que vous seriez inquiet. Il a fermé les yeux et juste dit… qu'il avait besoin de vous… plus que je ne pourrais le comprendre. » Elle laissa échapper un rire légèrement étouffé. « Ensuite, il a demandé si je pouvais lui procurer une Choco-grenouille. À mon retour, il s'était rendormi et la lumière sur la porte était toujours jaune.

« Pourquoi êtes-vous ici, vraiment ? » Weasley le regardait de travers, les bras croisés sur la poitrine alors qu'il jetait un regard noir à Severus. « Pourquoi diable veut - il vous voir vous de toutes les personnes autour de lui ? Vous être grossier envers tout le monde et Harry n'est pas comme vous ! »

« Ron. » Granger était inhabituellement silencieuse, poussant Weasley vers le côté et lançant le même regard à Severus - comme si quelqu'un avait soudainement lancé un Lumos et que tout était clair. « Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait vrai. »

« Bien sûr, il n'existe pas pire salaud que lui ! Tu te souviens de comment était Snape avec Harry à l'école ? Ne me dis pas que cela miraculeusement changé ! »

« Le temps guérit tout. » Severus garda sa voix basse et ses yeux baissés. Il glissa la baguette de Harry entre ses doigts pour sentir la magie familière de Harry dans ses veines. La magie était plus faible, comme si la baguette savait qu'Harry n'était pas capable de lancer des sorts, mais juste comme Harry avait toujours répondu à Severus avec un enthousiasme ouvert et brillant, sa baguette envoyait des étincelles à travers la peau de Severus et guérissait la douleur dans son cœur. Il prit une respiration, puisant dans l'énergie de Harry et se souvenant de leurs baisers matinaux et de la façon dont Harry le regardait parfois - une force irrépressible - pleine de courage et de conviction.

« C'est juste mes amis, Severus. Ils peuvent le garder pour eux. J'aimerais leur dire, si tu me le permets. »

« De quoi as-tu si peur, de toute façon ? Qui se soucie de savoir si les gens le savent, tant que nous sommes heureux ? »

La douleur revint, les étincelles magiques de Harry s'estompèrent et Severus poussa la baguette dans sa robe pour la garder près de son cœur. Pour quelqu'un d'aussi démonstratif et charmant que Harry, il pouvait le voir maintenant, pourquoi il était si difficile pour Harry de garder leur secret. Quand il avait vu pour la première fois les Weasley et les amis d'Harry dans le petit espace confiné du Terrier, Severus avait su instinctivement ce que Harry avait fait pour lui. Maintenant, il voulait juste que Harry se réveille pour pouvoir le lui dire. En privé. Publiquement. Severus ne s'en souciait plus, tant que Harry était vivant.

« Qu'est-ce que c'est que le temps, si ce n'est un bon guérisseur ? » Weasley regarda la foule réduite, cherchant des conseils d'Arthur qui haussa les épaules, impuissant, et Molly qui regardait les visages de ceux rassemblés dans la pièce avec un étrange sentiment de compréhension sur son visage. Personne dans la pièce n'avait dormi correctement depuis l'attaque. Leurs yeux reflétaient la douleur et l'inquiétude que Severus était sûr de voir dans les siens, encadrés par des ombres sombres.

« Cela veut dire que Harry et le professeur sont des amis. » La voix de Granger était calme et ses yeux fixés sur ceux de Severus. « Mais je pense qu'ils sont plus que ça. Ai-je raison ? »

« Comme toujours, Miss Granger. » Severus jeta un coup d'œil à Weasley et marmonna dans un souffle. « Arrêtez de marmonner, Weasley. »

« Ça fait combien de temps que ça dure ?» La voix de Molly était un peu stridente.

« Un an, à peu près. » Severus voulait laisser les mots s'écouler de lui, mais même maintenant, il ne pouvait pas simplement parler d'amour dans cet espace trop petit plein de gens qui n'était pas Harry. Il croyait toujours que Harry méritait d'entendre ça en premier. Severus voulait qu'il se réveille. « Je suis prêt à prendre du Veritaserum si nécessaire. J'en ai chez moi. »

« Ne soyez pas idiot, Severus. » Arthur échangea un regard avec Molly. C'était le genre de regard qui faisait frémir Severus. Le genre qui disait qu'il n'était pas assez bon pour Harry. « Je suis sûr qu'après tout, nous pouvons faire confiance à votre parole. »

« Il ne nous aurait pas caché ça pendant un an. » Weasley avait le teint un peu vert mais Severus était tellement malade et fatigué d'être sans Harry qu'il ne put même pas en profiter. « Harry ne nous ment pas. Pas à ses amis. »

« Apparemment, c'est le cas si on lui donne un ultimatum. » Severus entendit les mots s'échapper de ses lèvres, la culpabilité pesant lourdement sur lui alors que la famille Weasley attend ses explications.

Weasley continua comme si Severus n'avait pas parlé. « Il n'aurait pas été dérangé pour sortir avec quelqu'un. Je veux dire, c'est Harry. Les gens l'aiment. Il a sauvé le monde bon sang ! Ce n'est pas un lâche ! »

« Mais apparemment, je le suis, Monsieur Weasley. » Severus voulait être plus sec mais sa voix était fatiguée et il est réellement épuisé. Tellement fatigué de se battre et de tenter d'expliquer quelque chose qu'il ne pouvait pas s'expliquer lui-même. Il n'était pas censé faire comprendre aux gens pourquoi Harry le voulait, alors qu'il ne pouvait pas le croire lui-même. « C'était ma vie privée qu'il protégeait. Mon secret »

« Harry était votre secret ? » Weasley semblait sur le point de s'évanouir, un rire nerveux le secouant alors qu'il jetait un coup d'œil aux autres Weasley qui avaient l'air de plus en plus incertains. « Vous aviez de la chance de l'avoir. Mais vous vouliez juste le garder pour vous tout seul parce que… parce que… » Il s'arrêta et marmonna quelque chose qui avait l'air d'être « parce que vous êtes un abruti gras », mais il n'y avait pas de malice dedans - pas vraiment. Les yeux de Weasley étaient assombris par les mêmes cernes que les autres et son visage était pâle.

Severus se moqua de Weasley. Il gardait jalousement ses moments intimes avec Harry et cette conversation lui rappelait pourquoi. « Peut-être que je m'inquiétais du fait que les gens me regardent comme vous venez de le faire, Monsieur Weasley. »

« C'est stupide. Il ne pourrait pas être intéressé par vous ! »

« Ron, tu n'en sais rien. » La voix de Granger était basse et implorante, ses yeux toujours rivés sur Severus.

« Il n'est pas prêt à parler pour lui-même, n'est-ce pas ? C'est juste une sorte de tour. Il essaie de se moquer de nous. » Weasley pointa son doigt sur Severus, l'incrédulité et l'horreur étaient inscrits sur son visage.

« N'avez-vous jamais pensé que c'était de ce genre de mépris que je me protégeais ? Que le protégeais lui ? »

L'estomac de Severus roula. Il pouvait déjà voir les mots « Amortentia » et « Imperium » dans la presse. Il connaissait le genre de descriptions que le Prophète utiliserait pour le diffamer et il s'attendait depuis longtemps à ce que ce ne soit qu'une question de temps pour Harry voit ce que les autres voyaient toujours en Severus. Quelqu'un solitaire. Amer. Qui ne changerait jamais.

« Pouvons-nous être sûrs que c'est vrai, Arthur ? » Même maintenant, le ton de Molly devenait douteux. « Harry a beaucoup souffert et toutes ces potions ... »

Une colère furieuse s'abattit dans l'estomac de Severus. Il se tourna vers Arthur, sa voix devenant hystérique. « Et vous ? Qu'est-ce que vous avez à me dire, Arthur ? J'imagine que vous devez trouver cette histoire assez dégoûtante. »

Il remarqua la façon dont Arthur trouva la main de Molly et la pressa, juste une fois. Severus déglutit et se gratta le cou, qui avait commencé à palpiter à cause des potions qu'il avait négligé de prendre.

Arthur observa Severus. « Il est peu probable que je trouve dégoûtant quelque chose dont Harry a besoin, Severus. » Il soupira et enroula son bras autour de Molly, lui donnant un baiser sur la tête. « Je pense que les gens essaient juste de comprendre. »

« Il vous l'a dit, alors ? » Une autre voix venant de la porte et Severus leva les yeux pour voir Charlie Weasley calé contre le cadre de la porte, les regardant tous.

« Tu étais au courant ? » La couleur s'écoula du visage de Ron Weasley.

« Ouais. J'en avais une petite idée. » Charlie se poussa et marmonna quelque chose à Ron que Severus ne pouvait pas entendre. Tout ce qu'il lui dit fit taire son jeune frère et il acquiesça brièvement, regardant Severus les sourcils froncés.

« Est-ce une relation sérieuse ? » Molly regarda Charlie à la place de Severus et cela envoya une nouvelle vague de fureur à travers Severus.

« C'est ce que tu devrais demander au professeur Snape, pas à moi. » Charlie fit un signe de tête à Severus et lui lança un regard d'excuse. « Mais pour Harry… ouais, c'est sérieux. C'est Harry, qui a commencé n'est-ce pas ? Je ne pensais pas qu'il pourrait garder un secret comme celui-ci surtout en sachant qu'il est fou de cette personne. »

« Il n'est pas fou. » Severus jeta un regard noir à Charlie.

« Complètement fou si vous voulez mon avis. » Lança Weasley junior. Heureusement, Granger lui donna un coup de coude dans les côtes afin que Severus ne soit pas obligé de lui lancer un sortilège.

« Je pense que nous devrions laisser Harry nous le dire. » Les lèvres d'Arthur se contractèrent. « Si Harry demande à voir Severus, le moins que nous puissions faire est de respecter sa volonté. »

« Bien sûr. » Molly eut l'air de vouloir en dire plus, mais finalement, elle se pencha vers Arthur et ferma les yeux. « Bien sûr que nous le ferons. »

Severus remarqua d'abord la petite lumière sur la porte, sa réponse se bloquant dans sa gorge. La douce couleur ambre commença à s'éclaircir jusqu'à ce que la lumière blanche baigne la pièce. Severus se demanda comment il parvint à empêcher les larmes de glisser sur ses joues quand il entendit les reniflements des autres et le crissement de la voix forte de Charlie.

Le battement de son rythme cardiaque se mêla à la magie de la baguette de Harry qui surgit contre sa peau - la magie d'Harry touchait son cœur. Il savait que lorsque son esprit serait plus clair, il reviendrait sur cette constatation comme la pure fantaisie d'un homme qui a trop peu dormi. Mais à ce moment, Severus était prêt à croire que chaque souffle qui passait sur ses joues et chaque étincelle vibrante de chaleur émanait de Harry. Car Harry était éveillé et vivant.

Un guérisseur du ministère sortit de la salle en trombe.

« Il est réveillé, si vous voulez y aller. Ne l'épuisez pas, s'il vous plaît. Il a un long chemin à parcourir pour se rétablir. »

Personne ne regarda plus Severus. La famille de Harry - sa vraie famille - se dirigea vers la porte avec des chuchotements silencieux, comme si des tons doux étaient moins irritants que des éclats de rire odieux et une fausse acclamation.

Severus s'attarda derrière, s'appuyant contre la porte qui se ferma derrière lui. Il pouvait à peine voire Harry assis dans son lit mais le peu qu'il vit suffit à faire battre son cœur très fort. Ses mains devinrent brûlantes et moites, sa peau collante et son corps était transpirant alors qu'il tentait désespérément de reprendre son souffle. Il resserra ses robes autour de lui dans une sorte de mécanisme de défense. Il regarda dans les yeux verts alors que la vie s'y était éteinte une fois auparavant. Il ne pouvait plus le faire. Il ne voulait pas. Il se sentit reconnaissant un instant puis se ressaisit alors que les autres se rassemblaient autour de Harry et bloquaient la vue de Severus.

« Oh, Harry. » Molly fut la première à rejoindre le lit avec un sanglot brisé et les autres firent de même en se bousculant presque.

« Nous pensions que tu étais- »

« Tu vas nous avoir à l'usure là, mon pote. »

Ils en étaient tous capables. Chacun d'entre eux pouvait parler avec affection dans des tons bas et larmoyants. Chacun pouvait dire à quel point ils s'inquiétaient. Combien ils se souciaient de lui. Severus se souvint encore une fois de combien il était différent de Harry et de sa famille. Lui continuait à garder une distance prudente même lorsque sa peau le démangeait du besoin de toucher Harry. Il aurait voulu pousser tout le monde pour pouvoir le voir.

Harry cligna des yeux. Ses lèvres dessinèrent un sourire si familier qu'il fit mal à Severus. Son expression ne fut que brièvement marquée par une grimace de douleur, puis il sourit de nouveau.

« J'ai l'impression d'être encore tombé de mon balai. J'espère que Lockheart n'est pas dans le coin. » La voix de Harry était rauque et épaisse à cause des potions qu'il prenait. Severus ne put s'empêcher de sourire aux mots d'Harry. Il nota mentalement d'interroger chaque Guérisseur répondant aux besoins de Harry. Avec un Cruciatus si cela était nécessaire.

« Comme si on laisserait t'approcher de nouveau. Tu serais un Auror pitoyable si tu n'avais plus d'os. » La voix de Weasley se fissura.

Granger embrassa doucement Harry, ce qui lui coupale souffle.

« Fais attention, Hermione. » Gronda Molly pour la forme.

Il y eut un flux constant de discussions à propos de tout. Severus laissa la conversation aller bon train autour de lui et se concentra sur les notes brutes occasionnelles de la voix de Harry. Il les but, frottant sa main pendant un bref instant sur la baguette magique dans la poche de sa poitrine et respirant l'air enfin riche du son de la voix de Harry.

Finalement, Arthur fit signe aux autres de sortir et Severus fut ramené fermement au présent.

« Nous allons te laisser te reposer mon garçon. » Arthur ne cacha pas son bonheur alors qu'il laissa échapper un son à mi-chemin entre sanglot et rire. Il fit une pause puis donna à Harry un sourire incertain. « Il y a quelqu'un d'autre qui veut te voir. Quelqu'un qui a été très - ah - déterminé à rester à tes côtés pendant que tu ... dormais. »

« Dans le coma, » marmonna Severus.

Arthur faisait en sorte que les blessures de Harry ressemblent à un terrible conte de fées moldu et Severus n'avait aucune envie de devenir un prince charmant.

« C'est vrai ? » La voix de Harry fut comme du miel chaud dans les veines de Severus. Il avait l'air si plein d'espoir, si essoufflé et impatient qu'il envoya malgré lui une vague de chaleur à travers le corps de Severus. « Il est là ? »

Arthur jeta un coup d'œil à Severus comme pour lui dire que c'était maintenant sa chance. En dépit d'un soupire contrarié de Weasley, les gens autour de Harry s'éloignèrent comme pour garder un peu de distance et Granger libéra la chaise à côté du lit de Harry. Dans la pièce, seuls elle et Charlie offrirent un sourire encourageant à Severus.

Severus se dégagea de la porte et marmonna un juron quand il réalisa à quel point il était faible au niveau de ses genoux. Son chemin jusqu'au lit de Harry fut beaucoup moins gracieux que prévu et il ignora les yeux qui l'observaient en se concentrant sur chacun de ses mouvements. Il s'assit de manière raide sur le siège à côté du lit de Harry, le dos droit. Il posa sa main sur le lit puis la retira avant de la poser sur ses genoux avec son autre main. Il se demanda ce que les gens pensaient de lui, un homme stupide tellement paralysé par des insécurités qu'il ne pouvait même pas toucher Harry. Même maintenant. Sa bouche était sèche et il fut soudainement incapable de dire quoi que ce soit.

« Salut. » La voix de Harry était basse et rugueuse, ses yeux brillaient et il regardait Severus comme s'il était la seule personne dans la pièce. Il étendit sa main à l'endroit où se trouvait la main de Severus quelques instants auparavant, sa voix et le tremblement de ses doigts le trahissant. « Pourquoi es-tu si loin ? »

Ce fut tout ce dont Severus avait besoin. C'était Harry, aux yeux brillants et vivant. C'est son Harry et il n'avait pas l'intention de le laisser tomber à nouveau, maintenant qu'il s'était vu offrir une nouvelle occasion de tout réparer. Les secondes chances n'arrivaient pas très souvent aux hommes comme Severus et il savait que lorsqu'il aurait l'occasion, il devrait la saisir à deux mains. Il se glissa sur le lit, ce qui était légèrement gênant car il ne voulait pas bousculer Harry alors qu'il était encore couvert de bandages et de bleus, cachant sa douleur derrière un sourire qui faiblit sur les bords.

« Petit imbécile. » Sa voix était rugueuse, déchiquetée et il pouvait difficilement respirer quand Harry laissa échapper un son étranglé. Severus passa ses doigts dans les cheveux de Harry et – que Weasley soit maudit - posa un baiser sur le front de Harry. La peau de Harry était chaude au toucher et ses lèvres se séparèrent sous le poids du soupir qui suivit.

« Ouais. Je savais que tu serais fâché. Je n'ai pas pu atteindre ma baguette assez rapidement, j'ai tout gâché. » Severus se recula et le doux claquement de la porte annonça l'arrivée du guérisseur dans la pièce et il demanda à Severus de positionner Harry sous le creux de son bras devant lui. « J'aurais dû me souvenir d'Expelliarmus. Pas besoin de baguette pour ça ces jours-ci. »

Severus déglutit et il passa sa main libre dans les cheveux de Harry tandis qu'il se penchait sur lui et se collait comme si la poitrine mince et la robe abimée de Severus constituaient l'oreiller le plus confortable qu'il puisse demander. Severus fut conscient qu'il s'étendait sur le lit à côté de Harry pour l'aider à s'installer et que les Weasley étaient stupéfaits. Il garda son dos bien droit contre le mur froid et les coussins moelleux qui sentaient les potions médicinales et Harry. Chaque pouce de sa peau se réchauffa et un soulagement envahit son corps jusqu'à ce qu'il soit heureux d'être près de Harry.

« Je suis à peine en colère. Imbécile. » Il ignora les yeux qui les scrutaient et continua à caresser de sa main les cheveux de Harry. Il garda une légère pression sur le cuir chevelu de Harry, qui, il le savait, apaisait toujours Harry lorsqu'il était malade ou sortait d'un autre mauvais rêve.

« Tu prends tes potions ? Ta gorge ... Molly, assurez-vous qu'il les prend correctement. » Les yeux de Harry se fermèrent et il se rapprocha de Severus. « Je parie que tu ne les prends pas. Je ne veux pas que tu sois malade. »

Severus ne savait pas qu'il était possible que la boule dans sa gorge grossisse encore plus et quand il leva les yeux vers Molly, elle essuya activement des larmes silencieuses sur ses joues. Elle donna à Severus un sourire affectueux, bien que toujours incertain, et elle serra légèrement la main de Harry.

« Bien sûr que je le ferai, mon chéri. Nous veillerons à ce qu'il s'occupe de lui-même. »

Hermione se racla la gorge, sa voix à peine un murmure derrière Severus. « Nous le ferons tous, Harry. Le professeur Snape fait maintenant partie de la famille, n'est-ce pas ? »

La réponse de Harry fut de laisser échapper un autre soupir, le contentement étant clair pour les oreilles de Severus. Sa voix était si calme, presque inaudible mais ses mots voyageaient toujours à travers la pièce immobile alors que tout le monde essayait d'entendre les mots de Harry.

« Sais-tu à quel point il fait froid dans le noir sans toi ? » Il connaissait cette voix - les phrases languissantes et lourdes de sommeil qu'il formait juste avant de s'endormir. C'était le moment où Harry était le plus vulnérable et le plus calme. Severus avait rassemblé chacun de ces moments dans de petites flacons d'argent pour les semaines où Harry se rendrait dans des pays lointains avec le Ministère.

« C'était juste un autre mauvais rêve » murmura Severus. « Tu es au chaud maintenant. »

« Ouais. » Harry laissa échapper un soupire. « C'est le problème avec trop de sommeil. Tous les cauchemars. Enfin tu sais, tu en avais aussi. »

« Oui. » Severus ne pouvait s'empêcher de frotter ses lèvres contre la tignasse de Harry. Il voulait se noyer dans le parfum de son amant et ne jamais respirer autre chose. « Est-ce que tu as mal ? »

« Ça fait moins mal maintenant que tu es là. » La voix de Harry était endormie. « J'ai l'impression de te chercher depuis si longtemps. Je suis retourné à Poudlard. Sans vouloir t'offenser, Severus, mais tes quartiers sont effrayants. Je suis allé au balcon, tu te souviens ? Comme je l'ai fait il y a trois ans, quand je voulais que tu m'embrasses à nouveau. J'ai jeté des pierres dans le Grand Lac, mais la nuit s'est assombrie et il n'y a pas eu de feu d'artifice. Je ne savais pas que je te trouverais ici. »

« Je suis juste là, Harry. » Severus pouvait à peine parler. Sa voix était devenue si rude par l'émotion, que sa gorge se contracta. Il vit la manière dont Arthur fronça les sourcils devant les mots de Harry et il serra ses lèvres, ramenant toute son attention sur Harry. Il ne pouvait même pas s'occuper d'un Harry vivant et endormi dans ses bras.

Harry se rassit contre lui et ferma les yeux. Sa voix baissa et il s'accrocha à la robe de Severus. « Reste avec moi s'il te plait ? »

Severus eut envie de prendre sa baguette quand il entendit une protestation du guérisseur.

« J'ai bien peur que ça ne soit pas- »

Étonnamment, ce fut Weasley qui prit la parole en jetant un regard noir au guérisseur. « A l'époque, Severus Snape était un mangemort. Il était un espion pour Dumbledore. Un agent double. Vous avez probablement tout lu dans le Prophète après la guerre. Je pense qu'il doit être assez puissant pour faire quelque chose comme ça, n'est-ce pas ? De plus, Harry veut qu'il reste et il n'a peut-être pas l'air de vouloir se battre pour le moment, mais s'il y a une chose que j'ai apprise, ne jamais sous-estimer Harry Potter. Il pourrait lancer des sorts dans son sommeil ces jours-ci. »

Severus résista à l'envie de rire, d'abord parce qu'il savait que ce n'est pas tout à fait vrai et ensuite parce qu'il était trop occupé à être assommé par la défense inattendue de Weasley.

Granger étouffa un rire et donna à Weasley un baiser sur la joue qui le fait rougir jusqu'au bout de ses oreilles. « Je pense que Ron a raison. Nous pouvons sûrement contourner les règles cette fois-ci ? »

« Je crois que si cela aide Harry à se reposer, il est dans l'intérêt de tout le monde de laisser Severus rester. » Arthur regarda Severus. « J'aimerais parler avec vous quand vous en aurez le temps, je pense que nous le ferions tous, mais pour l'instant ... »

« Pour l'instant, je reste. » Pour la première fois depuis que le Prophète avait atterri sur sa table, Severus était exactement où il voulait être et il n'avait aucune intention de quitter Harry pendant très longtemps.

« Bien. » Le guérisseur leva les mains et jeta un coup d'œil à Severus. « Mais vous devez le laisser se reposer. »

« Je préparais à peine une leçon de potions. » Severus résista à l'envie d'ajouter quelque chose d'insultant à cette phrase, mais il n'était pas sûr de vouloir irriter les personnes chargées de s'occuper de Harry.

« Je vais devoir demander au reste d'entre vous de partir. S'il vous plaît, laissez-le dormir aussi longtemps qu'il en aura besoin. »

« Bien sûr. » La voix de Molly se fit à nouveau entendre et elle embrassa doucement Harry avant de chasser tout le monde.

Le guérisseur explora les pansements de Harry et répondit aux questions de Severus au sujet des potions qu'il devait prendre avec une courtoisie professionnelle. Puis il quitta la chambre.

La main de Harry s'enroula dans la robe de Severus et il marmonna quelque chose, que Severus ne comprit pas.

Sans se soucier de la douleur dans son dos et de la palpitation sourde dans son cou, Severus entoura ses bras autour de Harry pour le maintenir près de lui et lui murmurer à l'oreille alors que ses doigts agrippaient plus fermement Severus.

« Chut, mon amour. Je te tiens. » Severus prit une profonde respiration et ses mots étaient autant pour lui que pour Harry. « Tout va bien se passer. »

OoOoO

« Je suis allé chercher vos potions. J'espère avoir pris les bonnes. Je pensais que vous aimeriez peut-être aussi une tasse de thé. »

La porte s'ouvrit et Charlie la ferma derrière lui avec un léger coup de pied. Il posa les potions et le thé sur la table à côté de la baguette de Harry, et Severus prit la potion avec un soupir de reconnaissance.

« Merci.» Il laissa le liquide emprunter un chemin apaisant dans sa gorge, se sentant déjà un peu plus fort avec Harry au chaud dans ses bras et la potion insensibilisant la douleur sourde dans sa gorge. « Je suppose que je devrais demander quand il vous en à parler. »

« Il ne l'a pas fait. J'ai deviné. » Charlie haussa les épaules, s'assit sur le siège près du lit et serra légèrement la main de Harry. « Salut, Harry. J'espère que cela ne te dérange pas que je dise à ton professeur que tu as toujours été clair sur le fait d'avoir des sentiments pour lui. Je t'achèterai une bière quand tu te réveilleras si tu es fâché. »

« Vous avez deviné ? »

« Ouais. Puis je lui ai fait avouer. » Charlie jeta un coup d'œil rapide à Severus. « Je pensais que c'était à sens unique au début. »

« Non. » Severus eut l'impression de reconnaître ses années passées à essayer de ne pas penser à Harry autrement que comme une nuisance. « Cela n'a jamais été à sens unique. »

« Ouais, je pense que c'est un peu évident maintenant. » Charlie rigola, s'asseyant sur sa chaise et cherchant son thé. « Je l'aimais bien, vous savez. Je pensais que je serais capable de le convaincre d'aider les dragons un jour et de les élever. » Les yeux de Charlie brillèrent de joie. « Il est difficile de résister aux dragons. »

« Je ne peux qu'imaginer. » Severus haussa les sourcils vers Charlie. « Votre intérêt aussi était évident. Pour moi, au moins. »

« Je me doute. » Charlie jeta un regard affectueux à Harry. « Pas pour lui, cependant. J'ai reçu le message assez tôt. J'ai su depuis lors qu'il y avait quelqu'un d'autre et je l'ai vu ensuite vous parler à l'extérieur juste après cette première fête ministérielle. Il est revenu avec la plus étrange des humeurs. J'ai su depuis que quelque chose se passait. Je n'avais tout simplement pas réussi à assembler les pièces. »

Malgré sa jalousie habituelle, Severus ne put plus détecter quoi que ce soit de la part de Charlie qui ne soit pas simplement chaleureux, une véritable affection. Amour, d'un genre différent de celui de Severus et de Harry. Pas de quoi menacer Severus ou le faire rager et jeter des sortilèges.

Harry se déplaça et marmonna quelque chose, son expression troublée. Severus commença à caresser les cheveux de Harry et murmura « je suis là » à l'oreille de Harry. L'expression sombre passa et Harry eut l'air à nouveau paisible, frottant sa joue contre Severus. Lorsque Severus regarda Charlie, il les observait tous les deux avec une expression particulière.

« Je pensais qu'il était idiot quand il me l'a dit. La façon dont il a parlé de vous. C'était comme si… » Charlie haussa les épaules, sa phrase perdue dans le silence.

« Comme si j'avais un cœur ? » Severus leva les yeux au ciel et secoua la tête.

« Je pense que je le vois un peu mieux maintenant. Ce qu'il voit. » Charlie sourit et finit son thé. « Il était heureux, vous savez ? Il est heureux. »

Severus émit un grognement. « Je peux imaginer à quel point il était heureux de devoir garder mes secrets. » Il fit une pause et évalua Charlie. « J'ai souvent pensé que Harry serait mieux avec quelqu'un de plus comme vous. J'ai bien peur d'être trop égoïste ces jours-ci pour lui donner l'occasion de découvrir cela par lui-même. » Severus devait être fatigué de parler si librement.

« Ne soyez pas doux. » Grogna Charlie. « Ne prenez pas de décisions pour lui. Il m'a dit une fois que vous êtes son âme sœur, vous savez ? Je l'ai énervé et je l'ai fait sortir de ses gongs. La moitié des membres moldus du club le regardaient et au moins la moitié de ceux-ci lui ont demandé son numéro ou lui ont proposé de lui payer un verre. », précisa-t-il.

« En effet. Je vous remercie donc beaucoup pour l'avoir emmené boire dans un bar gay et moldu. »

Charlie rit. « C'était juste amusant. Nous cherchions quelqu'un pour moi, pas pour lui. Il n'est pas libre, n'est-ce pas ? Il a passé toute la nuit à parler de vous. Comment vous vous associez parfaitement bien. Comme des pièces d'un puzzle. Il m'a dit qu'il ne fallait pas se fier à la première impression, quand les toutes les pièces du puzzle étaient dispersées. Mais il a dit aussi qu'avec un peu de travail, vous essayerez de les assembler ensemble et de créer une image étonnante. » Charlie fit une grimace. « Il pense que vous êtes un putain de Monet. »

Une vague d'émotion envahit Severus et il laissa échapper un faible gémissement d'appréciation. Il rapprocha Harry près de lui et ferma les yeux. « Petit imbécile sentimental. »

« Mais il a raison n'est-ce pas ? » Charlie se leva, sa voix déjà très éloignée. « Dormez un peu, professeur. Je vous vois dans la matinée. »

La porte se referma derrière Charlie puis Severus s'allongea à côté de Harry et permit enfin au sommeil de le réclamer.

OoOoO

« Bonjour. »

Lorsque Severus sortit de la douche et redescendit une semaine après l'attaque de Harry, il le trouva assis à la table du petit-déjeuner avec une place libre à côté de lui. Il avait l'air plus brillant qu'il ne l'avait été depuis des jours. Ses joues étaient roses et son sourire était large. Ce furent les légères ecchymoses sous ses yeux et les fragments de son corps encore couverts de bandages qui rappelèrent à Severus ce que Harry avait traversé.

« Pourquoi te lèves tu si tôt ? » Severus jeta un regard noir au guérisseur qui leva les mains.

« Ne me regardez pas, professeur Snape. Il insistait. »

Severus prit place aux côtés de Harry en se renfrognant. « Fichu Gryffondor. »

« Attention. En ce moment, vous en êtes entouré. » Harry hocha la tête en direction de Granger et Weasley. Molly apparut de nulle part en s'inquiétant pour Severus et apportant une tasse de thé fraîchement préparé.

« Severus ! Enfin. Harry vous attendait, il a des nouvelles. »

Severus leva les yeux sur Harry qui le regardait, ses joues se réchauffant.

« J'étais sur le point de te le dire. »

« Le suspense me tue, Potter. Crache le morceau. »

Harry éclata de rire, ses doigts reposant légèrement sur la jambe de Severus sous la table. Avec un soupir, Severus posa sa main sur celle d'Harry et leurs doigts s'emmêlèrent. Juste pour faire bonne figure, il serra légèrement la main de Harry pour lui faire savoir que, aussi misérable que soit son apparence extérieure, il était vraiment heureux que Harry soit là et l'embête à nouveau.

« Les guérisseurs pensent que je devrais pouvoir rentrer chez moi demain. »

Severus regarda Harry, déchiré entre le désir de passer du temps seul avec lui et l'inquiétude en pensant qu'il était susceptible de causer plus de dégâts en essayant de récupérer rapidement.

« Hors de question. Tu ne peux pas retourner au Square Grimmauld sans surveillance. »

Harry s'affaira à mettre de la marmelade sur son pain et Severus fut assailli par le souvenir de doux baisers d'agrumes et d'un petit-déjeuner au lit. Il dégagea sa main de celle d'Harry pour lui permettre d'accéder à son thé, glissant son bras autour du dossier de la chaise d'Harry quand il versa une tasse bien chaude. Il n'était généralement pas un homme qui faisait preuve d'affection en public, mais c'était comme s'il ne pouvait pas rester un moment sans toucher Harry. Comme s'il avait besoin de ce contact pour s'assurer que Harry était toujours en vie.

« Je ne suis pas sûr que Harry pensait au Square Grimmauld, Professeur. » Granger parla doucement et Severus la regarda, tandis que Harry sifflait un « Hermione » de manière offensée.

« Le square Grimmauld sera très bien », dit Harry sans regarder Severus. « Je suis assez fort pour faire de la magie et je peux me débrouiller sans problème. »

« Ce n'est pas ce que tes guérisseurs recommandent, Harry. » Arthur s'assit à la table et fronça les sourcils, inquiet. « Tu vas avoir besoin d'aide pour au moins le mois prochain. »

« Je ne suis pas invalide. » Marmonna Harry.

« Tu peux rester ici jusqu'à ce que tu ailles mieux. Nous aurons beaucoup de place quand tout le monde sera rentré chez soi. » Molly déposa un nouveau lot de pâtisseries sur la table et prit place à côté d'Arthur.

L'air autour de Severus devint soudainement froid. Bien sûr, Molly et Arthur s'attendaient à ce que les autres rentrent chez eux. Granger et Weasley devaient avoir leur propre vie en dehors du Terrier et, d'après de petites discussions, il était clair qu'ils partageaient une maison récemment achetée. L'idée de laisser Harry au Terrier et de faire des visites formelles et sur pilotis à l'occasion était peu attrayante pour le moins. Il avait déjà dû demander à Arthur aussi poliment que possible de lui verser un verre de ce putain de whisky de feu la veille et avait dû lui demander également d'arrêter de demander quelles étaient ses intentions envers Harry.

« Il y a bien sûr une autre alternative. » Severus posa ses doigts sur la nuque de Harry.

« Une autre alternative ? » Demanda Harry d'un ton optimiste. Le souffle de Severus se bloqua dans les poumons et il hocha la tête tout en maintenant le regard de Harry. « Qu'est-ce que c'est, alors ? »

Severus lança un regard noir à Harry. « Est-ce si difficile à deviner ? »

« Tu dis en permanence que tu n'es pas devin mais que tu es Legilimens. » Harry paraissait plus joyeux, suçant une petite goutte de marmelade sur son pouce. « Tu me fait dire ce que je veux tout le temps, même quand tu sais exactement ce qu'il en est. »

Severus se pinça le bout du nez et espéra sincèrement que personne d'autre ne comprendrait le fait qu'Harry parle de leur vie sexuelle à la table du petit déjeuner. « C'est complètement différent. »

« Nan. Pas vraiment. »

Severus grogna. « Tu viens à Spinner's End avec moi, insupportable gamin, et je n'entendrai plus parler de toi qui joue le martyr au Square Grimmauld ou qui passe sous les pieds de Molly et d'Arthur. Maintenant, bois ton thé. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de Harry et il porta la tasse à ses lèvres, ses yeux rieurs. « Mieux ? »

Severus passa ses doigts dans les cheveux de Harry, toujours furieux. « À peine tolérable. »

« Qu'est-ce qui vient de se passer ? » Ron Weasley semblait incertain et Granger rigola.

« Je pense que ça s'appelle flirter. Oh, et Harry va vivre avec le professeur Snape pendant un moment. » Elle soupira joyeusement. « Je pense que c'est plutôt romantique. »

Severus souhaita vraiment pouvoir encore prendre des points à la maison Gryffondor et retourna à son pain grillé dans le but de préserver un peu de sa dignité.

OoOoO

Ce fut un effort de groupe pour préparer les affaires de Harry. Le guérisseur expliquait les différentes potions et les soins nécessaires de Harry, comme si Severus était un étudiant incompétent.

« Je connais bien les potions antalgiques simples. » Il lui lança un regard hautain et tint la bouteille à la verticale. « Je peux vous assurer que j'ai des remèdes bien meilleurs que cela dans mes rayons personnels. »

Le guérisseur roula des yeux. « Bien sûr. Je vais venir lui rendre visite régulièrement, tout de même. »

« Pas trop régulièrement, j'espère. » Severus soupira et rangea les vêtements de Harry dans une petite malle. Les efforts déployés au cours des derniers jours pour se lever du lit avaient eu des conséquences néfastes sur Harry. Ce dernier regardait Severus depuis le lit, ses paupières tombant de sommeil.

« Nous partirons dans la matinée ? » Il tendit la main et Severus posa son pouce sur la paume de Harry.

« Oui, après le petit déjeuner. Je crois que Molly veut s'assurer que tu es bien nourri avant que tu ne sois soumis à ma cuisine. »

« J'aime bien ta cuisine. » Harry serra la main de Severus puis se tourna vers le guérisseur. « Pourriez-vous nous donner un moment ? »

La pièce se vida et Severus s'assit à côté du lit, contemplant Harry. « Je préférerais vraiment que tu gardes toutes tes grandes déclarations pour lorsque nous serons chez moi, si tu peux te contenir suffisamment longtemps. »

Harry renifla et il secoua la tête. « Pas de grandes déclarations, promis. »

La voix de Harry était hésitante et Severus insista. « Parle-moi, Potter. »

« L'attaque a fait le tour de la presse. » La voix de Harry était échaudée, ses lèvres baissées aux coins et l'inquiétude gravée sur son visage.

« Naturellement. Tes fans adorés veulent savoir que tu n'as pas l'intention de les quitter pour l'instant. »

« Ils découvriront où je suis et probablement feront-ils toutes sortes de liens. »

« En effet. » Severus passa ses doigts sur les lignes sur le front de Harry, comme si cela pouvait lisser ses sourcils. « Molly et Arthur ont suggéré un court communiqué de presse. Nous voulions en discuter une fois que tu serais prêt. »

« Qu'est-ce que dirait ce communiqué de presse ? » Harry fronça les sourcils et cligna des yeux vers Severus. « Que je reste avec toi parce que tu es doué pour les potions ? »

Severus renifla. « Si tu le souhaites, et bien j'espère qu'il sera un peu plus éloquent. »

Harry laissa échapper un son frustré et il se releva sur le lit avant qu'un éclair de douleur ne semble lui couper le souffle. « Putain, je ... »

« Arrêtes de t'inquiéter, Harry. » Severus le calma et il appuya ses lèvres sur son front qui était chaud et moite. « Tu as besoin de repos. » Il fit une pause puis embrassa Harry sur les lèvres, un doux et chaste baiser qu'Harry essaya de poursuivre quand Severus se retira.

« Reviens. »

« Embrasser ne repose pas. »

« Je ne sais pas, mais cela semble plutôt thérapeutique. »

« Idiot. »

« Pourquoi es-tu toujours aussi agaçant ? » Harry s'effondra sur le lit, un bâillement lui échappant alors qu'il essayait de garder les yeux ouverts. « Cela ne te dérange pas si la presse commence à spéculer sur nous ? »

Severus s'en fichait. Il savait que la vie de Harry était exposée au grand public. Il savait que les gens qui ne connaissaient même pas Harry pensaient qu'ils avaient le droit de porter des jugements sur lui simplement parce qu'il était une personnalité publique. Il savait que la presse tenterait sans doute de discréditer Severus en tant que corrupteur de l'étoile brillante du monde sorcier.

Il avait été préoccupé par toutes ces choses, mais plus autant depuis la découverte de l'attaque d'Harry par cette même presse qu'il détestait tant.

« Nous pourrions, bien sûr, utiliser le communiqué de presse pour prévenir toute spéculation de ce type. »

« Nous pourrions ? » Les yeux de Harry s'ouvrirent et il inclina la tête pour étudier Severus. « Et que dirions-nous ? »

« Je préférerais éviter tout ce qui est trop fleuri. Une simple déclaration sur la nature de notre relation devrait suffire. »

« Quelque chose comme Harry Potter se rétablit bien et attend avec impatience une baise époustouflante quand il sera complètement rétabli - l'ancien professeur de Poudlard Severus Rogue envisage de contribuer à la fois à sa récupération et à cette baise ? » Un sourire se dessina sur les lèvres de Harry.

« Oui, Potter. Exactement ce que j'avais en tête. S'il te plaît, dis tout à la presse sur ton appétit sexuel insatiable. »

« Mon quoi ? » Harry éclata de rire, et cela réchauffa Severus de toutes parts. « Ne serait-ce pas plutôt à cause de toi, Severus que je suis toujours excité ? »

« Peut-être. Maintenant reposes-toi un peu et cesses de s'inquiéter. »

Severus se leva avec un étirement et rangea le reste des bouteilles.

« Severus ? »

« Potter. »

« Je suis content que nous rentrions bientôt à la maison. »

Severus fredonna son accord et essaya de ne pas trop se concentrer sur la qualité de ces mots.

Spinner's End, un mois plus tard

Il fut remarquablement facile de partager son espace avec Harry. Severus supposa qu'ils le faisaient depuis un certain temps à présent, mais avec les vêtements de Potter rangés dans sa garde-robe et la litanie de potions sur la table de chevet, le déménagement était devenu plus sérieux que les nuits occasionnelles passées l'un avec l'autre avant l'attaque.

« Te rappelles-tu quand je t'ai demandé si nous pouvions informer les gens ? »

« Quelle fois ? » Severus versa à Harry un petit verre de vin, juste une goutte qui n'altèrerait pas ses potions. Son estomac était agréablement plein du repas du soir qu'ils avaient préparé ensemble après qu'Harry se soit senti assez bien pour passer la soirée hors du lit.

« C'est vrai que j'ai souvent abordé la question. » Avoua Harry puis regarda le Prophète avec son article granuleux spéculant sur la relation de Harry avec Severus. « Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? »

« J'aurais pensé que c'était évident. »

Harry ferma le journal et haussa les épaules. « Parce que j'ai été blessé. Parce que tu dois être gentil avec moi car je ne vais toujours pas bien ? »

« Quand as-tu vu que j'étais gentil avec toi ? » Severus lança un regard noir quand Harry rit doucement en réponse.

« Plus que tu ne le penses probablement, en fait. »

« Cela n'a rien à voir avec la peur de causer une rechute si c'est ce qui te préoccupe. » Severus vit la tension dans les épaules de Harry et choisit ses mots avec soin. « J'ai bien peur de ne pas aimer rester dans l'ignorance quand il s'agit de toi. Je ne voudrais pas que tu revives une expérience similaire et surtout je ne le supporterais pas si cela se reproduisait. »

Harry regarda à nouveau le journal, la rougeur envahissant ses joues. « Je ne suis pas sûr de ce que j'aurais fait si j'avais lu quelque chose comme ça à propos de toi. »

« En effet. » Severus essaya de chasser le souvenir de la panique brûlante qui l'avait traversé. « Pendant que nous sommes sur le sujet d'être maintenu dans l'ignorance, y a-t-il une raison pour laquelle tu as négligé de me dire quoi que ce soit sur le fait que ta vie était en danger ? »

« Oh, ça. » Harry rencontra les yeux de Severus et dit dans un souffle : « J'aurais dû t'en dire plus sur le groupe en Amérique, je le sais maintenant. »

« Certainement. »

« Ce n'est pas inhabituel pour moi de recevoir des menaces de mort. Je ne peux pas te parler de tous les idiots qui m'envoient des beuglantes ou des hiboux, sinon nous passerions tout notre temps à en parler et je ne le veux pas particulièrement. »

Severus grogna. « Je ne suis pas d'accord. Tu peux absolument me parler de chacun d'entre eux. Si je dois veiller personnellement à ce que toutes les menaces soient éradiquées- »

« Non ! » Harry lève la main, la voix ferme et les yeux clairs et concentrés. Sa mâchoire se serra. « Tu ne vois pas ? Je ne voulais pas t'inquiéter, mais aussi parce que je ne veux pas que tu fasses ça. »

Une colère familière traversa Severus. « Tu ne t'attendais pas à ce que je veuille m'assurer que quelque chose comme ça ne se reproduise plus ? »

« Comment allais-tu faire ça ? »

Severus se leva et croise les bras, regardant Harry. « Je ferai tout ce qu'il faut. »

La mâchoire de Harry se remit à fonctionner et il secoua la tête. « Tu ne peux pas être avec moi à chaque seconde de la journée. Je vais aller au travail et sortir et tu ne seras pas toujours là. »

La pensée de Harry sans lui donna à Severus les paumes moites. Le maître des potions serra ses lèvres l'une contre l'autre. « Nous pouvons aussi concevoir un sort. S'il y a un danger, j'en serai immédiatement conscient. »

« Il y a le Patronus pour ça. » Harry jeta un regard noir à Severus. « Sauf si tu penses à un sort de pistage. »

« Bien, je suis sûr que quelque chose pourrait être facilement imaginé- »

« Aucune chance. » Harry renifla et il croisa les bras, inclinant son menton dans un geste de défi. « Tu as passé la moitié de ta foutue vie à assurer ma sécurité. Tu as été torturé à cause de cela. Tu as failli mourir de la morsure de Nagini et tu t'es retrouvé à Azkaban en remerciement pour tout. Maintenant, tu as l'intention de passer tout ton temps libre à me surveiller pour voir si j'ai réussi à me sortir des toilettes, et si je me suis mis au travail sans trébucher sur mes lacets ? »

Severus se pinça l'arête du nez. « Je comparerais difficilement le fait d'être attaqué par plusieurs sorts et de mourir de traumatisme au fait de trébucher sur tes lacets. Je promets de ne pas bondir sur toi à chaque fois que tu te seras coupé avec du papier. »

« Non, Severus. Tu ne vas plus vivre comme ça. » La voix de Harry était calme mais ferme. « Je sais ce que ça t'a fait. Et si c'était moi qui devait prendre soin de toi après ? »

« Je ne suis pas celui qui reçoit des menaces de mort quotidiennes. » Severus serra les poings. « En plus, je suis tout à fait capable de prendre soin de moi. »

« Moi aussi ! » La voix de Harry s'éleva, ses joues devinrent roses. « Je ne suis plus un enfant. J'étais sur le point d'être promu Auror en chef avant tout cela. Si je ne te dis pas tout, c'est parce que je fais beaucoup de choses dangereuses et que ce n'est pas ton travail de me protéger. »

« Si la menace est suffisamment sérieuse pour justifier une protection permanente, tu ne penses pas que cela vaut la peine d'en discuter avec quelqu'un avec qui tu es censé partager des informations importantes ? » Se moqua Severus.

Harry fronça les sourcils. « Je sais. Je promets que s'il se passe quelque chose de grave comme ça, je t'en parlerai. Mais tu ne peux pas être là tout le temps et je ne te ferai pas passer le reste de ta vie à travailler sur des sorts et des potions pour t'assurer que je ne me ferai pas tuer. »

« Je ne savais pas que cela te dérangeait autant. C'est plutôt malheureux, compte tenu de notre situation actuelle. » Severus se leva et commença à faire les cent pas, refusant de regarder Harry.

« Bien sûr que ça me dérange, idiot ! Je ne peux pas me doucher sans avoir besoin d'un coup de main pour le moment. Je dors la moitié de la journée et je me sens comme de la bouse de dragon la plupart du temps. Je meurs d'envie de sortir à nouveau sur mon balai et je tuerais pour me sentir assez bien pour aller boire une pinte au Chaudron Baveur. Assis-toi, tu me donnes le tournis à marcher comme ça. »

Severus grogna mais s'assit tout de même. « J'avais cru comprendre que tu appréciais que l'on prenne soin de toi avant l'attaque. Est-ce que je me suis trompé ? »

Les sourcils d'Harry se froncèrent puis ses joues devinrent roses. Il frotta sa main contre sa nuque et rougit jusqu'au bout de ses oreilles alors qu'il regardait Severus. « Au lit, tu veux dire ? »

« A l'occasion. » Severus inclina la tête, le souvenir de quelques nuits en particulier essayant de calmer sa colère.

« J'aime ça. » Harry se racla la gorge et attrapa un endroit invisible sur son jean. « Je sens que j'en ai parfois besoin. Ces moments où tu es dur avec moi et ce qui vient après. Les moments où tu n'es pas du tout rude et que nous prétendons que je suis… »

« Quand tu es euphorique, » finit Severus. Il tendit la main vers Harry et passe son pouce sur sa main. « J'aime beaucoup cela aussi. Tu n'as pas de problème pour que cela continue ? »

« Aucun. » Un léger frisson traversa Harry jusqu'à ce qu'il finisse par lever les yeux en déglutissant difficilement. « J'ai juste besoin que tu me fasses confiance pour prendre soin de moi quand je ne suis pas avec toi. »

Severus pensa aux fois où il avait regardé Harry au ministère et dans la presse au fil des ans. Il ne doutait pas que Harry soit capable de se débrouiller seul. « Je te fais confiance. »

Harry acquiesça et la tension diminua dans la pièce. Il fit un petit sourire à Severus. « Je veux seulement pouvoir m'appuyer sur toi. »

Severus étudia Harry de près et acquiesça après une longue pause. « Cela ne sera pas toujours facile pour moi. »

« Je le sais. » Harry se rassit dans son fauteuil, contemplant Severus. « Je sais aussi pourquoi tu veux tous les tuer. Je le voudrais aussi. »

« Tu les appréhenderas et tu feras en sorte que justice soit rendue. » Les lèvres de Severus se transformèrent en un sourire.

Harry haussa les épaules et il regarda ses mains. Le froncement de sourcils ne quittait toujours pas son visage. « Severus ? »

« Oui ? » Par expérience, Severus savait que quand Harry avait du mal à trouver ses mots, lui devait en dire le moins possible. Harry avait tendance à babiller quand il était nerveux à propos de quelque chose et il finissait toujours par y arriver d'une manière ou d'une autre.

« Sais-tu ce que je disais chaque fois que je t'ai demandé si nous pouvions le dire aux autres ? » La voix de Harry était claire et il resta concentré sur Severus.

« Je crois que j'étais là lors de ces conversations. » Severus perçut le regard douloureux sur le visage de Harry et il fronça les sourcils. « Y a-t-il un code secret dont je ne suis pas au courant ? »

« Peut-être. » Harry rougit et son froncement de sourcils disparut. Il baissa les yeux sur ses mains puis se releva. Une fois debout, l'air sur son visage coupa le souffle de Severus. C'était la façon dont Harry le regardait parfois lorsqu'il pensait que Severus ne le remarquait pas. Cela le ramenait à un baiser brûlant qui offrait un chemin que Severus n'avait jamais envisagé pour lui-même.

« Harry ... »

« Tu le savais déjà, n'est-ce pas ? » Harry se leva et avec une grimace, il se mit à genoux et posa ses mains sur les cuisses de Severus. Il était moins mobile maintenant et Severus savait, qu'à cause de ses blessures, les mouvements et le simple fait de s'agenouiller devaient être incroyablement douloureux.

« Relèves-toi, petit imbécile. Tu vas te blesser à nouveau. »

« Dans une minute. » Harry passa ses mains sur les cuisses de Severus et, mis à part quelques baisers lents, c'est vraiment le premier rapprochement qu'ils avaient eu depuis l'attaque. Severus réprima un gémissement à la façon dont Harry réchauffait sa peau et rendait son corps pétillant de plaisir. « Je voulais juste que tu saches, je suis stupide à cause de toi. »

« Tu es certainement stupide. » Il n'y avait aucune malveillance dans les mots de Severus

« Ça fait longtemps que je ne suis pas mis à genoux pour toi. Vas-tu me laisser faire ? »

« Il y a des positions bien plus confortables pour toi si c'est quelque chose que tu veux vraiment faire. » Severus se leva et aida Harry à se relever, passant ses mains dans son dos et le rapprochant. Il appréciait la façon dont le souffle d'Harry résonnait et il caressa de ses lèvres l'oreille de Harry.

« Peut-être mais j'ai tendance à être un peu stupide surtout il s'agit de toi. »

Severus serra les cheveux de Harry et l'attira plus près de lui.

« Veux-tu finir ton verre de vin ? »

« Pas particulièrement. » Harry se recula et souri à Severus. « Emmène-moi au lit, veux-tu ? »

Severus ne put qu'accepter.

OoOoO

Ce fut difficile pour eux au début, de retrouver leur chemin ensemble. Severus était trop conscient de faire du mal à Harry, intervenant à tout moment pour lui dire doucement ou gentiment ou pour l'amour de Merlin, Potter, tu vas nous causer des dommages au cerveau.

Finalement, Harry repoussa Severus alors qu'il plaçait le long du ventre de Harry une série de baisers et il lança un regard farouche à Severus.

« Qu'est-ce que tu crois être en train de faire ? » Demanda Harry, un sourcil relevé.

Severus regarda Harry et se redressa sur ses talons. « J'essayais de t'embrasser, espèce de gamin ingrat. »

« Tu es bizarre. » Harry soupira un peu, puis attira Severus dans un baiser, parlant contre ses lèvres. « Tu te rappelles quand je t'ai dit que je n'allais pas me briser. »

« Je ne suis pas encore devenu sénile. » Severus se souvint des supplications de Harry, brisées et pleines de besoin. Il avait toujours aimé Harry lorsqu'il se laissait aller complètement entre ses mains.

« Eh bien. Tu ne m'as jamais traité comme de la porcelaine avant. »

Sais-tu que ton cœur s'est arrêté et qu'ils ont dû te ramener à la vie ? Tu étais blessé partout. Dans tant d'endroits. Tu étais tellement blessé que je ne pensais pas que quiconque serait capable de te soigner, voulut dire Severus. Il chassa les images de Harry cette nuit-là et se concentra plutôt sur les baisers que Harry déposait sur la cicatrice encore tendre de son cou.

« Je le sais. Cependant, tu as encore du chemin à faire pour récupérer et il serait négligent de ma part de… »

« Putain, Severus. » Harry glissa sa main dans les cheveux de Severus et l'attira dans un profond baiser. C'était le genre de baiser que Severus n'avait pas eu depuis un moment et quand Harry lui lécha la bouche et écrasa ses lèvres, il lui rappela à quel point cela lui avait manqué. Combien Harry lui avait manqué, chaud, impatient et tremblant sous lui. Les sons qu'il pouvait tirer des lèvres de Harry juste en l'embrassant étaient indécents et excitants. Une fois, Severus avait dit à Harry qu'il pouvait faire fortune en mettant leur mémoire en bouteille, pas qu'il serait vraiment capable de partager ce côté de Harry avec quelqu'un d'autre. Les sons qu'il émettait, étaient juste pour Severus et il les gardait jalousement.

« Dis-moi ce que tu veux. » Severus passa sa main sur le corps de Harry. En dépit des paroles du jeune homme, il était préoccupé par les ecchymoses pourpres et les blessures profondes qui guérissaient lentement.

« Je ne suis pas sûr de vouloir baiser… je ne sais pas si je peux… » Les mots de Harry le laissèrent paniqué et il laissa échapper un son étranglé et frustré. « Pourtant je le veux. Je te veux tellement, mais… je ne sais pas si je pourrais encore m'agenouiller aussi longtemps ou… »

« Chut. » Severus utilisa le ton qu'il utilisait parfois quand Harry se réveillait au milieu de la nuit. Il utilisait la même intonation que lorsqu'il voyait Harry se gratter le bras, distrait alors qu'il regardait au loin. « Je ne te traiterai pas comme de la porcelaine, mais je refuse également d'aggraver tes blessures. Nous avons le temps et beaucoup d'alternatives dont nous pouvons profiter à la fois. » Severus caressa de ses lèvres l'oreille de Harry. « Détends - toi, Harry. »

Cela sembla marcher car Harry se recoucha sur le lit. Severus n'avait jamais réaliser à quoi Harry ressemblait, nu et étendu sur ses draps. Pourtant cette fois, quand il vit la façon dont les yeux d'Harry s'assombrissaient, il sut qu'Harry le ressentit aussi.

Severus redescendit sur le corps de Harry, s'attardant sur les bleus et les plaies qui commençaient à cicatriser. Cette fois, il ne fut pas fugace ou doux, bien qu'il prenne son temps. Quand il atteignit la queue de Harry et qu'il souffla légèrement dessus, ses mains se nouèrent dans les draps et il se cambra légèrement vers Severus.

« Si longtemps. Ça fait tellement longtemps. Merde. S'il te plaît, Severus ! »

Severus voulut dire à Harry d'être patient et de maîtriser son orgasme, mais en vérité, cela faisait si longtemps pour lui aussi, il ne pouvait gérer une approche lente et languissante. Il avait besoin de goûter de nouveau à Harry - de respirer son parfum savoureux et musqué et de le sentir palpiter sur sa langue, sa queue dure et lourde dans sa bouche.

Avec un gémissement, il se blottit contre Harry. Il prit sa longueur avec de la salive, se déplaçant de long en large et passant sa langue dans la fente humide pour recueillir le pré-sperme salé qui perlait déjà du bout. Harry écarta les jambes en une invitation silencieuse, un gémissement s'échappa de ses lèvres. Avec un autre gémissement, Severus murmura un sort pour lubrifier ses doigts. Harry aimait les mains de Severus, il le disait toujours quand il était en train de le baiser, ses pupilles s'épanouissant d'excitation. Severus avait bien l'intention de donner à Harry tout le plaisir qu'il pourrait recevoir.

Il enfonça un doigt à l'intérieur de Harry et prit à nouveau sa queue dans sa bouche. Il était si serré et chaud, acceptant avec empressement l'intrusion avec un faible cri de plaisir. Severus fredonna autour du sexe de Harry. Il inséra un deuxième doigt et le fit bouger lentement. Il adorait toucher Harry jusqu'à l'orgasme - surtout sachant qu'il s'agissait simplement d'apporter du plaisir au lieu de préparer Harry à la prochaine étape. Harry avait toujours été si joliment réactif. Tellement impatient de voir ce que Severus allait faire de son corps. Cela ne manquait jamais de surprendre Severus. De voir à quel point leurs intérêts s'alignaient au lit et dans d'autres aspects de leur vie.

Lorsque Severus caressa de ses doigts à l'intérieur de Harry, il ne tarda pas à s'enfoncer dans la gorge de Severus. Sa queue palpita et Severus avala tout, ne reculant que lorsque le sexe fut complètement nettoyé. Quand Harry essaya de se déplacer et lutta pour se retourner, Severus posa sa main sur sa hanche et secoua la tête.

« Reste exactement où tu es et mets tes mains au-dessus de ta tête. »

« D'accord. » Harry avait l'air de vouloir se plaindre, mais au lieu de cela, il mit ses mains au-dessus de sa tête et regarda Severus.

« Parfait. » Avec un autre sortilège murmuré, Severus lubrifia sa queue et glissa sa main dessus alors qu'il regardait dans les yeux de Harry. Cela n'aurait pas dû être aussi intime, se caresser pendant que Harry regardait. Cela n'aurait pas dû rendre sa poitrine aussi serrée ou faire battre son cœur aussi vite lorsque les yeux d'Harry s'élargirent alors qu'il comprenait le plan de Severus. Il avait eu suffisamment de temps pour pousser sa queue contre les lèvres de Harry ou pour trouver la meilleure position pour plonger au plus profond de lui. Mais tout ce que Severus voulait était de regarder Harry et être regardé en retour.

Alors que Harry se tortillait sous lui et que de petits oh, de plaisir, quittaient ses lèvres gonflées, l'orgasme de Severus le prit au dépourvu avec une force aveuglante. Il tomba sur le torse de Harry, avant de glisser sur le côté. En réponse, Harry caressa distraitement la poitrine de l'homme, ne détournant pas une fois le regard de Severus.

« Harry. »

Ce fut tout ce que Severus pouvait gérer, une fois détendu et rassasié. Il ne trouvait pas les mots pour dire à Harry à quel point il était heureux qu'il soit en vie, ni même les mots pour lui dire qu'il était un gamin ou une taquinerie de choix que Severus utilisait pour masquer à quel point il l'aimait. Il avait fallu que ce soit Harry Potter parmi tous.

Tout ce qu'il pouvait gérer était un murmure brisé du nom de Harry alors qu'il ravalait les larmes qui menaçaient de tomber depuis la première fois où il avait vu les images de Harry dans le journal.

Pour l'instant, pour eux, c'était assez.

Dîner de remise des prix du ministère de la Magie, décembre 2002

Quand Harry rejoignit Severus sur le balcon, il avait eu la courtoisie de penser à apporter du champagne.

« Pouvons-nous rentrer bientôt ? J'ai dû parler à Lucius Malfoy à propos des investissements. J'ai été tenté de le frapper avec ma canne juste pour me débarrasser de lui. »

La récupération de Harry avait été lente mais régulière. Lors des événements où il était susceptible de rester debout une bonne partie de la soirée, il utilisait une canne pour soulager sa jambe gauche, qui avait été particulièrement endommagée lors de l'attaque.

« Hélas, non. » Severus grogna et enroula son bras autour de Harry pour l'aider à alléger un peu le poids de sa jambe. Il ne le dirait jamais à voix haute, mais il appréciait à quel point Harry et lui se connaissaient déjà, à plus d'un titre. « Habituellement, je serais très heureux de partir, mais j'ai bien peur que tu doives supporter d'être adoré par la presse et certains membres du ministère encore un peu plus longtemps. »

« Je me demande s'il y a quelqu'un d'autre ici qui m'adore également ? » Harry se rapprocha, gosse effronté qu'il était.

« Décidément pas. » Severus roula des yeux mais posa néanmoins un baiser sur les cheveux de Harry. Il se dit que c'était parce qu'il faisait froid ce soir, et non parce que Harry portait sa robe préférée et avait passé la majeure partie de son souper à manger un désert au chocolat d'une manière qui ne pouvait être décrite que comme un péché. « J'ai décidé que le chocolat n'était plus autorisé lors d'événements officiels. Si on ne peut pas te faire confiance pour manger sans faire tomber ta cuillère, je ne pense pas que tu puisses être récompensé avec du chocolat. »

« Il était tellement agréable à lécher, Severus. » Harry laissa échapper un rire. « Si tu veux, je pourrais te montrer exactement comment je- »

« Potter ! » Severus grogna et attira Harry plus près de lui, le regardant. « Tais-toi. »

« Avec joie. » L'expression de Harry était féroce et étourdissante puis il se pencha vers Severus, capturant ses lèvres dans un baiser affectueux. Malgré le froid dans l'air, chaque pouce de Harry était chaud contre son corps. Severus glissa ses mains dans les cheveux de Harry pour approfondir le baiser, ne se reculant que lorsqu'il s'inquiéta d'être en publique.

« Tu es vraiment une menace. »

« Tu le sais depuis des lustres. » Harry frotta les lèvres sur la mâchoire de Severus et le berça doucement en lui gémissant doucement à l'oreille : « S'il te plaît, pouvons-nous rentrer à la maison ? »

Le cœur de Severus loupait un battement chaque fois qu'Harry parlait de chez lui. Harry n'avait pas quitté Spinner's End lorsqu'il avait été informé qu'il pourrait à nouveau vivre seul. Après un silence gênant pendant qu'ils rangeaient les vêtements de Harry dans une petite mallette, Severus avait finalement enroulé ses bras autour de Harry et lui avait dit le genre de choses que seul Harry serait autorisé à entendre. Cela avait fait l'affaire et la valise avait été rapidement déballée, quand ils avaient trouvé un moment pour le faire entre deux baisers paresseux et des heures emmêlées sous les draps.

« Je pensais que tu aimerais rester pour le feu d'artifice. »

Cela attira l'attention de Harry et il se retint de poser des baisers contre la gorge de Severus. « Il y a un feu d'artifice ? C'est nouveau. »

« Effectivement. Le ministère veut épater la galerie cette année. »

« Je ne vois pas pourquoi. » Harry fit une grimace. Il avait l'air déchiré, regardant le ciel sombre avec des yeux brillants puis de nouveau vers Severus. « Veux-tu rester uniquement pour le feu d'artifice ? »

Severus remercia le ciel qu'il faisait sombre et qu'il ne rougissait pas facilement. « Seulement parce que j'en entendrais parler jusqu'à ma mort si je te traînais chez moi sans te donner l'occasion d'être un romantique insupportable. »

« Je vois. Seulement à cause de ça. » Le sourire de Harry était large et il donna un autre baiser lent à Severus avant de s'appuyer contre lui. « Eh bien. Ça sera le feu d'artifice. La romance d'abord, le sexe plus tard. Doucement sur le champagne, Severus. Tu n'es plus aussi jeune qu'avant. »

Le jappement qu'Harry laissa échapper quand Severus le frappa à l'arrière de la tête en valait la peine. Il enroula ses bras autour de Harry et le maintint stable pendant qu'ils regardaient les étoiles. Les jardins commençaient à se remplir de sorcières et de sorciers vêtus de robes de cérémonie colorées et Severus donna un coup de coude à Harry.

« Nous devrions aller rejoindre les autres. »

« J'aime parfois les ombres. Elles sont silencieuses. » Harry serra la main de Severus, sa voix basse. « Tu ne t'en souviens pas ? »

« Je ne vais probablement pas l'oublier. » Severus jeta un coup d'œil à Harry. « Ma vie a pris un chemin quelque peu inattendu quand tu es venu me rejoindre dans l'ombre. »

« Bien inattendu, bien sûr. » Harry adressa un sourire à Severus et s'appuya à nouveau contre lui, observant les étoiles.

« Je n'irais pas si loin. »

« Bien sûr que tu ne le ferais pas. » Harry riait. « Regardons le feu d'artifice d'ici. J'ai passé toute la nuit avec ces gens et je n'ai pas vraiment envie de marcher jusque là-bas. »

« Es-tu mal à l'aise ? »

« Chut, non. Arrêtes de t'inquiéter. » Harry se rapprocha le plus possible de Severus. « Je veux juste être seul avec toi pour pouvoir te dire des choses que personne d'autre ne peut entendre. »

« Quelle chance pour moi. » Le ton de Severus était sec et léger, mais en vérité, il appréciait toujours ces moments de tranquillité avec Harry, alors que leur vie était plus remplie que jamais. Et c'était bon de savoir que Harry appréciait toujours ces moments aussi. « Je suppose que nous pouvons le voir assez bien d'ici. »

« Je parie que nous aurons la meilleure vue de tous. »

Severus se tourna vers Harry, qui lui donna un de ces regards qui coupait le souffle de Severus.

« Oui. » Severus se permit un autre baiser rapide avant de faire demi-tour pour regarder le premier feu d'artifice exploser dans le ciel. « Sur ça, je ne peux qu'être d'accord. »

Fin


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Bise

Gaeill