Petit mot de l'auteure : Dix ans après, voici la suite ! Je suis désolée de ce retard. Mais comme promis, vous aurez toute l'histoire !
Merci à Angelica, Marina, Lassa, starck29 et Coraline pour leurs reveiws sur les chapitres précédents !
RaR (Lassa) : Joyeux anniversaire en avance ! J'ai hésité à publier le texte demain pour te faire un cadeau d'anniv, mais j'ai préféré aujourd'hui puisque demain, je suis dans le train si tout vas bien et que je n'aurais donc pas d'internet. Bref. Ca fait commencer les festivités on va dire !
Il était assis en face d'elle, souriant d'une moue amusée. Ainsi remontées élégamment, ses lèvres donnaient à son visage un air jovial. Mais Sansa savait que derrière ce visage qui se voulait avenant se cachait un véritable monstre. Le genre de monstre qui vous souriait largement, vous mettez en confiance, avant de réduire en cendre vos plus profonds espoirs.
Apportez moi sa tête !
Il arborait le même sourire que lorsqu'il avait prononcé la sentence qui avait arraché à Sansa sa naïveté d'enfance. C'était ce sourire qui l'avait privé de son père.
C'était ce sourire qui l'avait si détruite qui lui avait fallu deux ans à l'Endroit pour enfin oser le confronter. Mais aujourd'hui, après tous ses efforts, son travail sur elle-même, ses heures d'entraînements, ses rendez-vous avec sa psychologue, Sansa se sentait prête à lui faire face.
Et surtout, elle se sentait prête à lui enlever définitivement ce sourire narquois.
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Lorsqu'elle était arrivée à l'Endroit, Sansa était réapparue devant Winterfell. C'était la troisième fois qu'elle revenait dans la demeure de son enfance après l'avoir quitté contre son gré. La première fois, c'était pour se marier avec Ramsay – elle ne savait pas alors quel genre de personne était son promis. Sur le moment, elle avait retrouvé avec plaisir les tours enneigées du château, les pierres millénaires où elle s'était cachée jeune. En passant sous les grilles qui s'étaient ouvertes si souvent sur la stature imposante de son père, Sansa avait eu l'instant l'impression d'être à la maison. Un instant seulement – car l'emblème Bolton était affiché fièrement sur les étendards de la bâtisse. Elle n'était plus chez elle – car malgré son mariage, elle restait une Stark de cœur. Et les Stark n'étaient plus les bienvenus à Winterfell.
La deuxième fois qu'elle était revenue, elle n'était plus seule. Jon était à ses côtés, et les étendards aux couleurs Stark avaient enfin repris leur juste place. Mais malgré cela, malgré qu'Arya soit elle aussi enfin rentrée, Sansa ne se sentait plus chez elle. À ses souvenirs d'enfant se superposaient désormais le fantôme de Ramsay. La nuit, alors qu'elle se retournait sans arrêt dans son lit, elle était tirée de ses rares heures de sommeil par le rire délirant de son époux. Le souffle court, elle s'empressait de fuir la terreur qui montait en elle pour gagner le grand froid des murailles. Elle restait là haut de longues minutes, souvent accompagnée de Theon. Le Fer-né était le seul à pouvoir comprendre ce qu'elle ressentait et Jon, Arya et Bran l'avaient bien compris, laissant à leur duo brisé l'intimité salvatrice dont ils avaient besoin.
Petit à petit, alors qu'elle allait de mieux en mieux, Sansa avait cru pouvoir réapprendre à considérer le château comme le sien. Mais la guerre contre les Marcheurs blancs c'était avérée imminente, et avant qu'ils ne puissent réellement comprendre ce qui était en train de leur arriver, ils étaient morts.
Et encore plus rapidement, Sansa c'était de nouveau trouvée devant la lourde porte du château, devant y toquer comme une étrangère dans sa propre demeure. Mais cette fois-ci, Sansa voulait croire que les choses seraient différentes – aucun nom ne s'était imposé à son cœur lorsque les Anciens dieux lui avaient dit qu'ils allaient la transporter auprès de la personne qu'elle avait le plus besoin de revoir, mais elle n'avait pas besoin d'un nom.
Ils seraient tous ensemble normalement.
Elle n'avait jamais été aussi heureuse de voir qu'elle ne s'était pas trompée : sitôt après que Rickon eut ouvert la porte de chêne, ses bras s'était refermés sur les siens. Ils avaient été suivi presque immédiatement par ceux de ses parents et de ses frères et sœurs.
Sansa aurait pu se sentir quelque peu triste qu'il lui ai fallu attendre la mort pour revenir chez elle et s'y sentir réellement comme tel – mais la joie de revoir les siens équivalait tout le reste.
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Il y avait un détail que Sansa n'avait pas pleinement réalisé en évoluant à l'Endroit : elle rencontrerait des personnes mortes.
C'était d'une telle logique qu'elle s'était trouvée ridicule de ne pas l'avoir immédiatement réalisé, mais toute à sa joie de parler de nouveau avec ses parents ou Robb, elle avait naïvement occulté le fait que l'Endroit ne se résumerait pas à leur bulle familiale. Elle voulait désespérément laisser son passé derrière elle, oublier les horreurs qu'elle avait vécu pour se concentrer à créer de nouveaux souvenirs avec ses proches... ce n'était pas un souhait démesuré, non ? Mais elle avait cruellement compris que même ici, les monstres n'étaient pas encore loin. Il lui avait suffit d'apercevoir au loin la silhouette de Ramsay Bolton pour être ramenée à la réalité.
Oui, dans ce bric-à-brac de morts attendant le jugement dernier, Sansa Stark n'allait pas pouvoir échapper à ses fantômes.
Elle était rentrée à la maison prise de tremblements nerveux et une bile paniquée dans la bouche. Sa panique ne s'était calmée que lorsque Theon, qu'elle avait installer de force à Winterfell, l'avait prise précautionneusement dans ses bras. La rousse avait alors pris une résolution : elle avait déjà confronté Ramsay, l'avait regardé fièrement alors que la vie quittait son corps, impitoyablement labouré. Il était hors de question qu'elle flanche de nouveau. Ni devant lui, ni devant personne – elle valait bien plus que tous ceux qui avaient essayé de la détruire.
Et qu'importe le temps que cela prendrait pour canaliser ses peurs, elle leur ferait mordre la poussière.
oOoOo
En frappant à la porte du palais que l'Endroit avait façonné sûrement à la demande de Joffrey, Sansa avait frissonné de dégoût. Il fallait croire que même sa mort ne lui avait pas fait comprendre qu'il n'avait rien d'un roi – et bien soit. Elle s'en chargerait elle-même.
Lorsque la porte s'était ouverte sur la figure de Joffrey, Sansa avait senti une bille de panique et de peur remonter dans sa goerge. Mais elle s'était rapidement reprise, plaçant sur son visage le masque impassible qu'elle avait appris à manipuler. Il était hors de question qu'elle se montre faible devant lui.
- Je peux rentrer ? demanda-t-elle avec une fermeté qui indiquait qu'elle ne souffrirait aucun refus.
D'abord surpris, les yeux de Joffrey se firent moqueurs, et il s'écarta avec un ricanement désabusé pour la laisser passer. Sansa brûlait de lui donner l'un des nombreux coups qu'elle avait appris, mais se força à se calmer – la violence n'était pas la solution. Si le frapper lui aurait fait du bien à court terme, elle avait compris avoir surtout besoin de vider ce qu'elle avait sur le cœur.
Elle prit donc son mal en patience, et suivi Joffrey jusqu'à un riche salon, décoré tout de rouge et de jaune, si surchargé de sièges, lustres et autres meubles lustrés qu'il en devenait étouffant. D'un geste dédaigneux, il lui indiquant une place sur l'une des nombreuses bergères, sur laquelle Sansa prit place en retenant une grimace – elle détestait ces meubles du Sud, si outrageusement pompeux et inconfortables de surcharge décorative.
- Que me vaut cet honneur, lady Sansa ?
Elle ne répondit pas, ne sachant pas par quoi commencer. Elle avait pourtant répété et c'était préparée un discours, mais alors qu'elle était de nouveau face à son ancien bourreau, les mots s'envolaient pour laisser placer aux souvenirs d'une autre époque où elle était démunie, terrorisée et seule. Mais au moment même où elle formulaient cette dernière pensée, elle sentit dans sa poche la clef de Winterfell, et sut qu'elle se trompait. Elle n'était plus seule.
Et elle n'était plus faible.
- Vous êtes un monstre.
Elle aurait voulu crier cela, mais n'avait pu au final que le murmurer. Joffrey lui leva un sourcil surpris, mais quelque peu hautain.
- Oh vraiment ? Vous êtes venue chez moi pour...
- Vous avez assassiné mon père, le coupa-t-elle. Vous m'avez mentit. Vous avez mentit à tout le monde. Et ensuite, vous avez fait de ma vie un enfer. Vous m'avez humiliée, frappée, dédaignée, battue. Mais cela, vous le savez déjà. Ce que vous ne savez pas en revanche, c'est que vous ne m'avez pas détruite. Je me suis relevée de vos sévices et de ceux des autres, et aujourd'hui, je suis plus forte que vous ne le serez jamais.
Et sur ce, elle se leva – elle avait dit ce qu'elle avait à dire, c'était prouvé ce qu'elle voulait se prouver, et de ce fait n'avait nul besoin de ce que pourrait bien répondre Joffrey.
Du moins, c'est ce qu'elle croyait avant de l'entendre rire et répliquer moqueur :
- Alors c'est tout ? Vous venez chez moi pour me faire le discours de la pauvre victime qui est forte et bla bla...
Il ne termina pas sa phrase, car en trois pas Sansa s'était retournée vers lui et lui avait décroché une droite si puissante qu'elle l'avait fait tomber de son siège. Alors qu'il tâtait, choqué, ses lèvres ensanglantées, Sansa le saisi par le col pour lui cracher :
- Écoutez moi bien, Majesté. Je suis une victime. Et je suis forte. Et vous, vous n'êtes rien. Ouvrez un peu les yeux et regardez autour de vous ! Vous êtes seul dans votre grand palais. Aucun ami, aucune famille... Même vos frères et sœurs vous ont délaissé. Parce que vous êtes un monstre. Mais vous savez quoi ? Vous ne pouvez blesser personne. Toute votre vie était tournée vers le mal que vous pouviez faire aux autres, mais ici, vous êtes inoffensif. Vous n'avez donc plus aucun objectif, aucune occupation, aucune personne qui se soucie un tant soit peu de vous. Vous n'êtes rien. Simplement... du vide. Du vide si insignifiant que lorsque vos vingt années ici seront passées, personne ne verra la différence entre votre présence ou absence. Parce que lorsque je vais sortir d'ici, il est certain que plus personne ne viendra vous voir avant très, très longtemps.
Et sur ces paroles définitives, elle le lâcha – non sans avoir donné une dernière gifle – et le laissa pantelant, gisant et misérable sur le sol, et quitta le palais.
Elle se trompait cependant sur un point. Quelqu'un d'autre viendrait voir Joffrey, et le soir même suivant sa propre visite : Arya Stark, qui mit une telle frayeur à l'ancien roi que celui-ci n'osa plus jamais quitter ses murs.
Et lorsqu'elles se raconteraient leurs deux interactions, les sœurs Stark lèveraient leurs verres chacune en hommage à l'autre.
Mais pour l'instant, assise dans un parc de l'Endroit, Sansa pleurait.
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- Tiens, murmura une voix qui la tira de ses pensées.
Elle leva les yeux pour tomber nez à nez avec une très jolie jeune femme, âgée de quelques années de plus qu'elle. Celle-ci lui tendait un mouchoir et trop hébétée pour poser une question, Sansa s'en saisit et bredouillant un « merci » chancelant.
- Je ne vais pas te demander ce qui se passe. Mais si tu as envie d'en parler, tu peux.
- On ne se connaît pas, fut tout ce qu'elle put répondre.
- Parfois c'est plus simple de se confier à des inconnus.
Sansa considéra les propos de l'étrange femme, et finit par ouvrir la boucher :
- Je me suis confrontée à une personne de mon passé. Qui m'a fait beaucoup, beaucoup de mal. J'ai réussi à lui faire face, mais quand je suis ressortie, je me suis effondrée... Je me croyais pourtant devenue forte, murmura-t-elle amèrement.
- Les larmes ne sont pas signes de faiblesse. Ce sont des simples substituts lorsque les mots deviennent insuffisants.
- Tu le penses vraiment ?
- Bien sûr, puisque c'est moi qui le dit. Si j'avais tord, cela voudrait dire que je suis très faible, vu combien je pleure pour tout et pour rien. Et je préfère me penser forte. Et puis, il faut bien que quelqu'un soit d'accord avec moi.
Cela arracha un sourire à la rousse, chose que l'inconnue remarqua puisqu'elle sourit à son tour.
- Si tu veux retourner voir cette personne pour la frapper, je peux t'accompagner. J'ai la force d'un moineau, mais je suis un très bon soutien.
- C'est gentil, mais c'est déjà fait.
- Tu l'a frappé ?
- Oui. Deux fois. Ça faisait du bien d'ailleurs.
- Ouah... bravo, félicita l'inconnue franchement impressionnée. Une bonne chose de faite. Et que veux-tu faire maintenant que tu t'es défoulée sur lui ?
- Et bien... je voudrais... finir de me remettre mentalement. Et trouver l'amour. Un prince. Un vrai. Un de ceux qui vous console, vous protège, vous aime. Mais... c'est un rêve tout à fait irréalisable. Il n'existe pas de prince.
- Si, il en existe. Et je suis sûre que oui, tu l'attraperas ton prince. Mais de ce qui se passera ensuite, je ne peux rien dire à l'avance. Ça sera à toi de le découvrir. Mais laisse toi une chance. Et s'il s'avère que ce prince est une déception, je viendrais t'aider à le réduire en poussière.
Sur ce, elle lui tapota l'épaule et se leva, mais Sansa la retint :
- Comment t'appelles tu ?
- Si je révèle mon nom, cela ne risque-t-il pas de faire perdre le côté « je me confie à toi parce que je ne te connais pas » ?
- Sûrement. Mais comment puis-je t'appeler en renfort de bagarre si je ne connais pas ton nom ?
- Tu marques un point. Je m'appelle Genya.
- Genya, répéta-t-elle. Moi c'est Sansa. Stark.
Disant cela, Sansa laissa porter son regard sur les longs cheveux argentés de l'inconnue, sa peau hâlée et ses yeux améthystes.
- Genya... ton prénom... c'est un mensonge, n'est-ce pas ? demanda-t-elle.
- Oui et non, répondit la jeune femme en haussant les épaules. Mon véritable prénom est Rhaenys Targaryen. Mais je n'ai jamais répondu à un autre nom que celui de Genya.
Et avant que Sansa ne puisse répondre quoi que ce soit, la jeune femme était presque au bout du parc, ne se retournant que pour crier :
- N'oublie pas de m'appeler pour casser des gueules !
Et aussi rapidement que cela, elle avait disparu. Tout c'était passé si vite que Sansa se demanda si elle n'avait pas rêvé – mais force était de constater que non, lorsqu'elle reçu le soir même une missive, où il était écrit :
« Tu peux aussi m'appeler si tu décides qu'au lieu d'attraper un prince, tu préfères attraper une princesse »
Petit mot de fin : le couple aujourd'hui c'était Sansa x Rhaenys. On reviendra sur le pourquoi du comment d'où débarque cette dernière, ça ne rentrait pas dans ce chapitre. Pour le prochain, outre qu'on continu avec les deux nanas, le couple imposé a été vu dans le fameux repas organisé par Nymeria et Myrcella (repas dont personne ne doit se souvenir, vu que le truc date de ya deux mois, donc pour rappel : Tywin, saladier de couscous. Vous replacez le truc ?).
Pour les défis de la Gazette :
ship improbables : Sansa x Rhaenys
CDR : 93. « Oui, tu l'attraperas ton prince. Mais de ce qui se passera ensuite, je ne peux rien dire à l'avance. »
mille prompt 540 : clef
Si tu l'oses 9 : vide
pop Clochette : écrire sur un personnage féminin principal
five of club : écrire sur un personnage vaincu