Bonjour (bonsoir ? bonne nuit ?),

après une histoire estivale il y a quelques mois, j'ai décidé de sortir une petite histoire... hivernale ! (on aime l'originalité)

Cette histoire-ci est particulière, car Clarke et Lexa se trouvent cette fois-ci dans mon univers original, celui de Précédent.

"Précédent ? Keskecé ?" me demandez-vous.

Il s'agit d'une histoire dont j'ai eu l'idée au collège, et après plusieurs versions j'ai enfin trouvé l'équilibre de narration entre l'adolescente que j'étais et la jeune adulte que je suis devenue.

J'ai posté le début sur wattpad (Précédent n'étant pas une fanfiction, je ne peux pas la poster ici), tandis que je continue d'avancer doucement.

Avant de vous lancer dans cette nouvelle fanfiction, voici le synopsis de Précédent pour vous donner un peu le contexte :

"La réincarnation est un phénomène prouvé. Après la mort d'un individu, ses souvenirs et aptitudes sont naturellement transmis par le gène à un nouveau-né. Chacun hérite de la vie d'une personne passée. Un Précédent pour le définir.

En 2122, Sian erre sans souvenir de son enfance. Jeune adulte, elle attend encore la manifestation de son Précédent. Une rencontre fortuite la propulse dans la quête de son identité.

En 2018, Adrien découvre les liens de son tourment avec le passé, tandis qu'une nouvelle découverte s'impose en France."

Un passé sans dessein se situe en 2120, deux ans avant le début de Précédent pour Sian, dans la même ville. Je mentirais si je disais qu'il n'y avait aucun lien entre les deux histoires. Il faut bien s'amuser un peu. :3

Je vous laisse découvrir ce premier chapitre. Dites-moi si la suite vous intéresse !

Bonne lecture :)


Elle consulta sa montre, legs de son père. Elle manquait de temps. Elle ne pensait qu'au futur, cherchait à oublier le passé, en conscience du fait qu'elle perdait son présent dans l'inquiétude.

Elle avait perdu son emploi un mois plus tôt. Elle n'en trouvait pas d'autre. Elle avait besoin d'être quelqu'un. Utile pour la communauté. On ne la laisserait plus vivre dans ce quartier si elle ne justifiait d'aucune activité. Son statut était mal vu.

Clarke tournait en rond dans son salon. Elle avait obtenu sa place dans ce studio grâce à Raven, sa colocataire pendant ses études. Raven avait été la seule à la soutenir dans son départ. Quand on avait un passé aussi important que Clarke, on ne fuyait pas ses responsabilités. On allait jusqu'au bout de ses études. On ne pouvait y échapper. On devait remplir son destin.

Clarke devrait devenir médecin. C'était écrit dans ses gènes. Son Précédent s'était manifesté très tôt dans ses rêves. Au départ, Clarke avait pensé qu'il ne s'agissait que d'échos des récits de sa mère, elle-même doctoresse. Mais ç'avait été plus que cela. Clarke était l'héritière d'un médecin spécialisé en pédiatrie. Un comble pour la jeune femme, qui en pleine réflexion berçait dans ses bras son fils de cinq mois.

Aden.

C'était pour lui que Clarke luttait.

Elle voulait lui offrir la vie qu'il méritait. Elle se demandait souvent si elle commettait une erreur. Aden serait mieux logé en métropole. Il serait en sécurité. Ici, tout était incertain. Mais si elle retournait en métropole, elle devrait laisser son fils en garde le temps de ses études. Elle n'aurait pas de temps à lui accorder. Ses études étaient trop importantes. On avait besoin de gens comme Clarke. Les médecins manquaient dans cette métropole. Clarke devrait rattraper son retard.

Laisser son fils dans les bras d'autres personnes. Risquer de perdre la garde définitive. Ce n'était pas une option envisageable. Alors elle se cachait.

Aden gémit dans ses bras. Le petit garçon s'éveillait. Clarke observa les minuscules yeux bleus s'ouvrir, puis se fermer, à plusieurs reprises. L'estomac de Clarke se noua. Elle venait de l'entendre, ce qu'Aden avait pressenti, les cris d'alarme.

Elle alla à la fenêtre et l'aperçut, la fumée. En haut, l'étage du dessus, à droite.

Clarke se hâta. Elle attrapa le duvet de son fils sur le sofa, couvrit le nourrisson et alla ouvrir la porte du studio. Le couloir était empli de fumée. Mais Clarke n'avait pas le choix. Les escaliers n'étaient pas loin

Elle remonta le duvet jusqu'à couvrir la tête d'Aden et fonça dans le couloir. Elle connaissait le chemin par cœur. Sa respiration retenue, elle dévalait les marches. L'incendie était en haut, elle descendait. Elle croisa sur son chemin d'autres locataires.

Très vite, la lumière du jour l'aveugla. Elle était dans la rue. Elle ôta le duvet du visage de son fils en pleurs.

Des dizaines de personnes s'étaient regroupées devant l'immeuble. Clarke s'éloigna de la bâtisse. Elle traversa l'avenue et s'arrêta dans une rue où elle s'assit. Elle ajusta son enfant sur ses genoux. Aden s'apaisait à l'air frais.

Il n'était pas un enfant capricieux. Il ne pleurait que lorsqu'il se sentait en danger. Il devait sentir que la situation ne lui permettait pas de caprice. Clarke se sentait désolée de ne pouvoir lui offrir plus.

Elle voyait au loin son immeuble brûler. Des pompiers vinrent avec un camion, mais ils manquaient d'eau et de mains pour vaincre le feu.

Clarke resta là longtemps à observer le désastre. Elle ne se sentait ni mal, ni bien. Elle luttait depuis trop longtemps. Elle n'avait plus rien à ressentir. Elle ne vivait que pour protéger son fils.

Elle se demandait souvent si elle avait commis une erreur en quittant la métropole. Mais sans cette décision, elle n'aurait jamais eu Aden. Aussi difficile lui était-il d'élever un bébé seule, Clarke ne pouvait pas regretter la naissance de son fils. Elle l'aimait. Elle continuera de lutter pour lui.

Elle avait arrêté ses études en deux mille cent seize, et avait rencontré le père d'Aden un an plus tard. L'année suivante, elle découvrait sa grossesse. Cinq mois plus tôt, à l'été deux mille cent dix-neuf, elle accouchait.

Son ancien compagnon, Finn, avait été arrêté par les gardiens pour trafic de substances illicites. Il avait voulu étendre son marché à la métropole. Un pari risqué, stupide. Clarke se retrouvait seule pour élever leur fils. Elle lui en voulait encore aujourd'hui.

Clarke se releva à la hâte. Une voiture avait attiré son attention. Son immeuble s'effondrait, pourtant ce n'était pas cela qu'elle craignait. C'était cette voiture noire, dont sortaient trois personnes vêtues de pourpre. L'uniforme des gardiens. Ils étaient là, dans la ville morte. Ils ne pouvaient la voir.

Clarke se retourna et s'éloigna calmement. Elle ne pouvait éveiller les soupçons, risquer d'être remarquée. Étant donnée l'importance de son Précédent, il était possible qu'elle soit sur la liste des personnes recherchées. Le personnel médical était nécessaire, et ce, de toute urgence. Le nombre de médecins avait diminué ces dernières années. Pas assez d'héritiers dans le coin.

Clarke soufflait bruyamment, mais elle s'était éloignée. Elle avait rejoint le centre-ville, avait manqué de buter sur les pavés brisés. Elle n'avait plus d'appartement maintenant. Plus d'endroit où passer la nuit. Il lui fallait une solution au plus vite.


Le voyage en train lui avait paru long. Lexa n'était pas parvenue à s'endormir. Elle avait relu tous les dossiers disponibles sur son écran. Les trois collègues qui l'accompagnaient avaient fait une longue sieste. Quelques sièges plus loin, un petit groupe de citoyens venait faire des recherches dans la ville morte.

Quand elle put enfin descendre, elle prit une longue bouffée d'air puis, fermant les yeux, l'expira lentement. Elle n'était pas venue en mission ici depuis huit mois. La dernière fois, elle avait été obligée de voir ses collègues tabasser un vieil homme sous prétexte que son Précédent était un voleur. L'homme n'avait commis aucune faute dans sa vie. Les gardiens lui en avaient attribué une.

Lexa n'avait pas souhaité devenir gardienne, mais son statut avait permis à sa petite-sœur et elle de déménager en métropole. Sa cadette avait sept ans de moins qu'elle. Leurs parents décédés, Lexa veillait sur elle depuis dix ans.

Sa sœur avait dix-neuf ans et étudiait en histoire. Lexa, quant à elle, en avait vingt-six, et n'était plus certaine d'être en train de réaliser son destin.

Elle marchait en silence dans les rues de la ville morte, tandis que ses collègues plaisantaient sur la laideur des lieux. La métropole était mieux entretenue, mais en était-elle plus jolie pour autant ? Plus fausse, peut-être. Lexa soupira.

Son Précédent était pompier.

Malgré le danger, malgré le mécontentement de ses parents, il avait suivi la voie des flammes. Jeune pompier volontaire dans sa tendre jeunesse, il avait dompté plus de brasiers que la gloire lui en avait attribué. Mais Lexa savait. Elle le voyait dans ses rêves, dans ses flashbacks, tous ces sauvetages, ces victoires contre l'élément destructeur. Son Précédent s'appelait Becca. C'est son genre qui lui avait valu si peu de reconnaissance.

Becca avait été une femme pompier brave.

Lexa aurait aimé être comme elle. Au lieu de ça, elle était gardienne et bossait dans une brigade corrompue par la paresse et l'impulsivité.

Les affaires déposées à l'hôtel, les gardiens avaient une heure devant eux avant de devoir commencer leur ronde. Ils ne venaient dans les villes mortes que pour surveiller. Les métropoles ne se préoccupaient plus de ces villes, mais elles gardaient un œil sur les habitants.

Depuis le balcon de l'hôtel, Lexa observait la rivière. Elle avait revu les photos des personnes disparues des dizaines de fois pendant le trajet. Si ses collègues n'y prêtaient pas l'attention qu'elles méritaient, Lexa devait s'y attarder. Il y avait des gens, parmi ces personnes, que l'on recherchait depuis longtemps. Certains plus importants que d'autres.

Lexa soupirait toujours en découvrant le visage de cette femme, Suzan, disparue depuis seize ans. Les métropoles du monde entier avaient perdu sa trace, mais c'était celle pour qui travaillait Lexa qui était tenue pour responsable de cette disparition.

La gardienne alla se faire un thé. Les placards avaient toutes les vivres dont Lexa aurait besoin pour son séjour. Trop pour elle, à son goût, alors que de nombreuses personnes rôdaient dans les rues de la ville morte.

Lexa n'avait jamais retrouvé qui que ce soit. Ni dans cette ville, ni dans aucune autre ville morte qui entourait sa métropole. Le visage de Suzan faisait partie des photos disposées dans le fichier depuis plus de quinze ans. Lexa ne pensait plus la retrouver un jour.

Mais il y avait d'autres personnes que Lexa pourrait apercevoir. Ramener à la métropole. Assise sur le sofa avec sa tasse chaude à la main, Lexa laissait défiler les annonces les plus récentes. Elle ne pouvait s'empêcher de s'arrêter sur certaines. Il y avait là des jeunes femmes avec un passé intéressant, futur prometteur.

Lexa haussa les sourcils face au visage juvénile de cette femme blonde aux yeux bleus. Clarke Griffin. Disparue depuis quatre ans. Son visage interpellait toujours Lexa. Qu'est-ce qui avait poussé Clarke à quitter la métropole ? Était-elle vraiment partie de son plein gré ?

La gardienne se posait toujours mille questions sur les disparus, mais elle ne pouvait se permettre de s'attarder sur une photo. Certains visages l'intriguaient un instant, puis Lexa retrouvait son statut de gardienne. Elle était censée exécuter des ordres, non avoir pitié d'inconnus.

Un boum boum lourd traversa la porte. Lexa roula les yeux et se leva. Il n'y avait que Nyko pour frapper ainsi. Elle ouvrit la porte. Il se tenait là, dans le couloir, ennuyé.

- Un immeuble brûle dans le quartier Est. Ça semble criminel. On doit aller vérifier, voir si on trouve pas des infos sur des dossiers, expliqua-t-il.

Son collègue, Dom, sortit de la chambre de droite.

- La routine, quoi, commenta ce dernier.

Lexa ne répondit pas. Elle n'appréciait pas Dom. Il n'avait aucune empathie pour rien ni personne.

Elle attrapa ses affaires et ils quittèrent les lieux.


Le haut de l'immeuble commençait à s'effondrer. Des gens fuyaient, couraient dans tous les sens. Des enfants pleuraient, leurs parents essayaient de les rassurer sans succès. D'autres se muraient dans le silence, stupéfaits.

Les gardiens commençaient à interroger des locataires pour obtenir des informations. Lexa, quant à elle, avait une autre idée. Elle se dirigea vers le camion, dont la citerne grondait alors que les pompiers essayaient désespérément de puiser l'eau au fond.

- Mon Précédent était pompier. Laissez-moi vous aider, leur proposa-t-elle aussitôt.

Et cela suffit pour qu'ils acceptent. C'était là l'importance du Précédent. Votre futur, votre crédibilité, votre dignité se fondait sur la personne qui avait été là avant vous, et dont vous aviez hérité du gène. Des souvenirs, des aptitudes, qui offraient à Lexa un savoir-faire unique alors qu'elle n'avait que très peu pratiqué le métier dans sa propre vie.

Mais Lexa avait un entraînement de gardienne. Sa forme et son héritage la poussèrent à aller secourir les habitants restés coincés dans l'immeuble. On ne pouvait sauver le bâtiment, mais il n'était pas encore trop tard pour ces gens que le malheur avait frappé.

Droguée par l'adrénaline, Lexa observait les personnes regroupées au loin devant l'immeuble effondré. Tout était arrivé si vite.

Lexa s'approcha d'une rescapée tétanisée et s'adressa calmement à elle :

- Vous pensez que tous les locataires sont sortis ?

La femme, dont l'âge visait la trentaine, eut un temps de réaction allongé par le choc. Lexa lui laissa le temps de réfléchir sans la brusquer.

- Ma voisine et son gamin... je les ai pas vus sortir...

C'est tout ce que Lexa obtint d'elle. Un tour des victimes et Lexa rejoignait ses collègues. Les habitants des quartiers environnants venaient porter secours. C'était ainsi que l'on survivait dans la ville morte. On s'entraidait, ou on s'abandonnait. Pour survivre, mieux valait s'entraider.

- J'ai pu avoir une liste brève des locataires, dit fièrement Dom. Selon l'un des gérants, une personne allait se faire virer bientôt. Et devinez quoi ? Elle est dans le dossier.

Il montra son écran à ses collègues qui l'entouraient. Quand l'image rencontra le regard de Lexa, l'estomac de la gardienne se crispa.

Elle avait eu un mauvais pressentiment. Elle ne pouvait croire qu'il devenait réalité.

Clarke Griffin avait habité cet immeuble. Selon Dom, le témoin qu'il avait interrogé l'avait vue sortir.

Ses collègues étaient prêts à la trouver et l'embarquer, coupable, mais Lexa ne pouvait tirer une conclusion si rapide. Il devait y avoir plus à cette histoire qu'une jeune femme disparue ayant mis le feu à son logement par rancune.

Lexa ne croyait pas aux clichés des apparences, malgré l'air angélique de la jeune femme sur la photo. Elle ne lui accordait ni de trait pur, ni de cœur obscur. Elle allait simplement la retrouver, obtenir la vérité et la ramener à la métropole. C'était censé être ça, le travail de gardien. Ses collègues l'oubliaient souvent, Dom savait mais l'ignorait amplement.