Bonjour, bonsoir!

Ici une petite histoire qui se passe après les Grands Jeux Magiques, et est donc à propos du scan 334 : ce n'est pas vraiment un spoil parce que ça date, mais au moins vous êtes prévenus

Pour rappel: Grey a protégé Juvia d'un assaut de mini-dragon qui l'ont tué (du moins un instant seulement). Ensuite Ultear a remonté le temps et Grey en est finalement sortit indemne. Dans cette histoire, Grey ne se souvient pas vraiment de cette minute écoulée: j'ai en partie joué là-dessus.

Enjoy!

Elle se réveilla en sursaut, le visage d'une pâleur à en faire blêmir un fantôme. Ses draps étaient inhabituellement défaits et humides. Son cœur battait la chamade, ses pupilles étaient dilatées, comme en pleine crise de panique. Elle passa vivement sa main sur son front pour se débarrasser de la sueur qui en perlait, et se leva du même mouvement. Confuse, et en proie à un affreux pressentiment qu'elle ne savait comment chasser, elle ouvrit sa fenêtre pour inspirer l'air frais de la douce ville de Magnolia.

La nuit noir ne laissait discerner des rues que ce que les faibles rayons de la lune -cachés par les nuages- et les quelques réverbères daignaient éclairer. Pourtant le vent frais passant sur la colline de Fairy Hills ne parvenait pas à l'apaiser. Ce cauchemar revenait sans cesse la hanter. Chaque fois qu'elle clignait des yeux les images se précisaient, et s'enfonçaient dans son esprit comme un coup de poignard. Elle inspira, expira, mais rien n'y fit. Ça ne suffisait pas. Réouvrant ses yeux souillés de ces images d'épouvantes, elle remarqua qu'une fine pluie avait commencé à dégouliner du ciel.

Elle passa sa main dans ses cheveux azurs et soupira une fois de plus. La nuit était déjà finie pour elle. Elle tenta alors de se faire un thé, mais ses mains tremblaient encore, en remplissant sa bouilloire. Le présentiment, qu'elle savait pourtant faux, ne voulait pas partir.

Elle prit finalement une veste et chaussa la première paire qui vint -à savoir des chaussons- et finalement sortit de cette pièce devenue étouffante. A pas feutrés, elle longea les couloirs de Fairy Hills, de sorte à ne pas être entendue par ses comparses, et referma avec précaution la lourde porte d'entrée.

Elle frissonna en posant un premier pied sur le sol froid et mouillé et, resserrant sa pauvre veste en laine, avança d'un pas mesuré sous la bruine. Elle marcha tout d'abord lentement, pour tenter de calmer son cœur, puis plus vite, pour fuir ses pensées, puis courut, pour tout oublier.

Et si son esprit confus n'avait déterminé aucune destination, ses pas la menèrent néanmoins devant l'appartement de son aimé. Elle ne fut pas vraiment surprise de son reflexe, sa passion étant désormais ancrée dans son âme comme un navire à son port, mais ses yeux trahissaient son angoisse.

Normalement, près de lui, ses yeux pétillaient, de joie, d'envie, de passion ou d'amour. Désormais ils étaient dévorés par la peur. Elle les ferma intensément, et se laissa échouer sur la marche du trottoir près d'un réverbère.

Il est là, évidemment qu'il est là. Tout va bien. Tout va très bien. Rien ne s'est passé, rien ne va se passer, rien…

Un grincement résonne, une fenêtre s'ouvre. Elle ouvrit les yeux. Le sujet de toutes ses pensées sortait prendre l'air de sa fenêtre au deuxième étage. Il essayait d'allumer sa cigarette. Son briquet était presque vide, et il l'agitait vivement, agacé, jurant à demi-mot, en espérant profiter du peu de gaz qui restait. Son regard cependant croisa celui de la bleue et sa surprise fut si grande que la flamme enfin produite lui brula davantage les doigts que la cigarette. « Putain ! »

Elle-même fut très surprise et de son apparition, et de son juron soudain, et ne put que se confondre en excuses. Lui -son doigt meurtris dans sa bouche pour calmer la brulure- était passablement énervé. Il avait l'habitude qu'elle le suive, mais au milieu de la nuit, ça tenait de la folie.

« Qu'est-ce que tu fous-là à cette heure Juvia, putain ! »

« Pardon, pardon Gray-sama… Juvia… Juvia se promenaitMais elle s'en va ! »

Elle se releva derechef de son trottoir et s'apprêta à partir.

« Eh tu sais, je m'en fous que tu me suives de jour, mais vraiment la nuit j'aimerais être un peu seul tu vois ? » Reprit-il en passant la main dans ses cheveux de jais

« Cela n'arrivera plus, Juvia promet » répondit-elle en s'inclinant en guise d'excuse et sans plus de frivolité.

Gray fronça les sourcils. Quelque chose semblait étrange chez elle, même si, de loin, il ne voyait qu'à peine son visage. Son ton peut-être ? Sa gestuelle ? Quelque chose, dieu seul sait quoi, lui soufflait que le comportement de sa camarade était anormal. Alors avant qu'elle ne partît trop loin, il lui jeta un « Hey ! Tout va bien ? »

Son « Oui, oui ! Ne vous en faites pas » qu'elle lui jeta en se retournant ne le convainc pas le moins du monde. Il vit cette fois son sourire à la lumière des lampes, et non, tout n'allait pas bien.

A la longue, il avait appris à savoir ce que voulaient dire ses expressions du visage. Sans surprise, elle souriait beaucoup. Elle souriait gaiement à toute personne de la guilde. Ce sourire se teintait toujours de conviction lorsque l'on venait lui demander un service, ou lorqu'elle parlait à un client. Ou il y avait encore ce sourire gêné, qu'elle adressait avec politesse gênée à ceux qui l'ennuyaient.

Le sourire, c'était sa grande parade à tout. Mais même avec Grey ses sourires variaient : celui qu'elle avait lorsqu'elle était prise d'une de ses divagations, celui qu'elle arborait confiante lors de leurs combats, celui plus intime qu'elle lui offrait avec amour lorsqu'il faisait quelque chose de bien. Et puis il y avait le sourire faux. Le sourire « je vais bien », le sourire hypocrite qu'il détestait. Voilà. C'était celui-là ce soir.

« Il fait froid dehors, pourquoi tu te balades comme ça à peine habillée ? » Il enchaina, inquiet.

« Juvia aime la pluie »

Toujours ce sourire.

« Pourquoi est-ce qu'il pleut ? »

Elle cligna des yeux et fronça les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre. Et toujours ce putain de sourire.

« Seul le ciel sait ça, voyons, Grey-sama »

Il soupira et claqua la langue, puis lui rejeta un regard crispé. « Aller monte. Tu vas pas rester comme ça sous la pluie » Elle semblait ne pas comprendre ce qu'il lui proposait. Il soupira de nouveau. « Laisse-tomber j'arrive ».

La seconde suivante, il avait disparu de sa fenêtre tandis qu'elle fixait cette-dernière, encore hébétée, peu certaine de ce qu'il venait de lui dire.

Il descendit finalement quatre à quatre les marches de ses escaliers, non sans jurer plus d'une fois au passage. Il arriva à sa hauteur d'un pas rageur mais, au lieu de s'énerver, constata plus précisément le drôle d'état dans lequel se trouvait sa camarade.

Finement vêtue d'un pyjama en satin, d'une petite veste en laine et de pantoufles trempées, la jeune femme tremblait de froid. Ses cheveux en désordre détonnaient avec le soin qu'elle leur portait habituellement, et la coquetterie teintée de convenance qu'elle avait toujours. Ses yeux bleus semblaient enfoncés, du moins pas tout à fait ouverts, et arborés de cernes bien visibles maintenant qu'une couche de fond de teint ne les masquaient plus. La blancheur de sa peau n'arrangeait rien au portrait de la bleue qui s'apparentait davantage à un fantôme, ou du moins à la femme de la pluie, plutôt qu'à la fière et somptueuse néréide qu'il connnaissait.

Il s'agissait là d'un visage inconnu, et qui l'inquiéta plus qu'autre chose. Sans entendre ses protestations, il lui prit alors le poignet et la mena à l'abri dans son appartement.

Ahurie, elle voulut à peine passer le seuil de la porte, et, même le faisant -sous ses ordres-, s'avança d'un pas prudent, les yeux parcourant scrupuleusement la pièce. Le dos rond, et quelque peu fascinée, elle tentait de se faire le plus petite possible, comme si, quelque part, elle détonnait dans cet espace qu'elle avait tant fantasmé. Il poussa un léger gloussement à sa démarche, et l'invita à s'asseoir, tout en lui tendant une couverture.

« Bon. Qu'est-ce qui va pas ? » Elle ne répondit pas immédiatement, et Grey, assis près de la fenêtre lui demanda si elle était d'accord pour qu'il fume devant elle (ce à quoi elle acquiesça – elle n'allait pas le contraindre dans son propre appartement). « Dis-moi », reprit-il entre deux bouffées. Elle s'apprêta à ouvrir la bouche, formant un début de sourire hypocrite mais il la coupa net. « A d'autres le « je vais bien », s'il-te-plait, on va pas y passer des heures ».

Lui-même dû se rendre compte que ses paroles étaient abruptes -même si cela ne l'avait pas le moins perturbé du monde-, puisqu'il toussa un peu et tenta de reprendre ses mots : « Je veux dire… Tu sais… Je suis pas un monstre, je peux comprendre, je te jugerai pas » Puis il lui servit un de ces sourires carnassiers, un peu mesquin même, dont il a le secret « Je sais que t'es un peu tarée mais je peux pas croire que tu le sois au point de sortir seule sans veste dans le froid à trois heures du matin ».

Elle contempla son sourire. Dieu ce qu'il la faisait chavirer ç'en devenait indécent. Elle gloussa elle-même un peu à sa réplique et se décida enfin à répondre sincèrement, même si elle détestait se présenter devant lui si piteusement.

« Juvia n'arrivait pas à dormir »

La réponse ne le surprit pas vraiment, mais il fut au moins content qu'elle lui réponde. « Ok, super ! » C'était stupide de dire ça, mais elle le rendait nerveux. « Enfin non… pas super… mais je comprends. Je dors mal moi aussi ».

Elle aussi était nerveuse : genoux serrés, mains précautionneusement posées sur ses cuisses, le regard fuyant. C'est vrai que la situation était anormale, il faut dire. Lucy allait encore ragoter le lendemain si ça se savait. Gray grimaça à l'idée, mais très honnêtement comprenait que l'on se fasse des idées. Qui ne s'en ferait pas ? Lui-même à cet instant…

« Pourquoi du coup ? » Poursuivit-il pour mettre fin à ces pensées.

Il examina son regard, il parlait de lui-même. « Cauchemars ? » répondit-il à sa place, plus sérieusement. La mâchoire de la jeune femme se resserra instinctivement. Les images retournaient encore en boucle. Elle frissonna.

Son silence était très significatif. Entre eux deux, ce n'était normalement jamais le plus causant. Elle faisait souvent conversation pour deux, parlant de choses et d'autre, sans se soucier de l'intérêt des dites choses. Pourtant il se retrouvait contre toute attente à être celui qui poussait à la conversation sans grand succès il est vrai.

« Il y avait quoi dans ce cauchemar ? » Il la cherchait du regard en penchant la tête, mais ses yeux fixaient fermement la fenêtre. Il soupira en reportant la cigarette à sa bouche. « J'en fais aussi tu sais des cauchemars ». Toujours pas de réaction.

Il s'apprêtait à abandonner mais se mit à réfléchir. Il fronça cette fois les sourcils « J'ai un rapport avec ce rêve ? ».

Elle se retourna instantanément vers lui, un mélange de stupeur et d'horreur arborant son visage fatigué. « C'est très clairement un oui » chuchota-t-il avec appréhension. « Ça fait depuis qu'on est revenus des Jeux Magiques que je te trouve bizarre, et fatiguée » Il avait remarqué -malgré son fond de teint - qu'elle dormait mal la nuit, ou qu'elle était souvent perdue dans ses pensées, ou qu'elle venait plus tard à la guilde « Ça a un lien avec ce qui s'est passé ? »

Le cœur de la bleue se remit à cogner contre sa poitrine en ressassant les images qu'elle fuyait depuis des semaines. Consumée par ses songes, elle ferma intensément les yeux. Elle entendait encore, comme si elle y assistait de nouveau, le bruit sourd des coups de feu tirés par ces créatures infâmes. Elle revoyait encore et encore le premier coup, le deuxième, et la dizaine d'autres, qui le traversaient comme une vulgaire feuille de papier. Elle sentait encore cette odeur immonde, de souffre et de cendre, envahir ses narines.

« … j'en ai pas gardé de souvenirs » Elle n'écoutait plus vraiment ce qu'il disait. La fatigue l'emmenait sur une pente glissante, faite d'hallucinations et de rêves lucides. Pour la première fois de sa vie, elle voulait partir loin de lui, suffisamment loin pour qu'il ne l'entende pas pleurer. « … même Lyon n'a rien voulu me dire, je veux dire, c'est bizarre… ». Il ne se rendait pas compte. Et elle ne voulait pas qu'il se rende compte. Elle ne voulait pas qu'il sache. Elle voulait tout garder pour elle : sa peur, son angoisse, sa honte. Elle voulait le protéger, et se protéger elle-même, faire comme si rien ne s'était jamais passé. Mais c'était un rêve trop utopique.

Voyant qu'il n'arriverait à rien avec elle, il poussa un énième soupir, et se leva finalement. « T'as pas besoin de me parler, tant pis, une autre fois. Tu veux quoi ? Café ? Thé ? » A vrai dire, il n'attendit pas même sa réponse, la connaissant suffisamment. Il mit de l'eau dans la bouilloire, l'alluma, puis fouilla au fond de ses placards en quête d'un sachet de thé.

« Gray-sama est mort »

Il écarquilla les yeux et s'immobilisa immédiatement. Seul le sifflement de la bouilloire résonnait dans la pièce lorsqu'il se retourna.

Elle le fixait, d'un regard terrifiant, vide, aride, si éloigné de ce qu'elle donnait d'habitude à voir. Elle avait fait un effort surhumain pour dire ces simples mots, et pour rationnaliser toute l'horreur qu'elle subissait depuis cet évènement tragique.

Lui ne savait que dire. Il ne s'y attendait pas du tout. D'un rire nerveux, il esquissa toutefois « Eh je suis bien vivant, tu vois ».

« Tu es mort », répéta-t-elle cependant, ne pouvant soutenir le regard davantage, ou encore empêcher cette fois une larme de rouler le long de sa joue. « Devant mes yeux »

Les yeux du brun s'adoucirent, il éteignit la bouilloire -qui faisait alors un bruit d'enfer- et se rapprocha d'elle tout en lui tendant sa tasse. « Mais rien ne s'est vraiment passé tu sais… »

« Si, ça s'est produit. Juvia le sais, ce n'était pas un rêve »

Elle le revoyait encore. Ce rayon qui lui transperçait la poitrine. Le sang qui giclait, son regard qui se vidait.

« Pourtant je suis en vie » Répondit-il

Puis le deuxième coup au ventre, le troisième au bras, le quatrième…

« Je te promet… »

Et enfin celui à la tête, qui l'atteint alors qu'il n'était guère plus qu'une poupée de chiffon. Le sang qui jaillit de son crâne, ses yeux qui n'avaient plus rien de leur éclat, son corps transpercé de part en part. Et ce sang, ce sang, partout, partout…

« … Je vais bien »

Elle ne tenait plus, ses mains fébriles accrochées à son visage, couvrant ses yeux souillés d'horreurs. Elle se leva, elle voulait prendre l'air, oublier, respirer, tout sauf revoir ça.

« Tout… tout ne va pas bien » Elle en hurlait de rage et désespoir. « C'est de la faute de Juvia, de sa faute ! ». Les larmes coulaient ardemment tandis qu'elle faisait les cent pas et que Grey se retrouvait là désemparé.

« Attend, Attend, qu'est-ce que tu racontes ? » Il voulut s'approcher d'elle, mais elle ne faisait que reculer. Bras tendus vers elle, confus, il se sentait impuissant face aux pleurs de sa camarades.

« Grey-sama, Grey-sama… » Elle hyperventilait, et n'arrivait pas à articuler ses phrases.

Bien maladroitement, il s'approcha d'elle. Lui prenant doucement les bras, elle frémit, de peur, de confusion et de surprise, puis se laissa faire. « Chhh… calme-toi, tout va bien… ». Il lui tapotait légèrement les épaules d'un rythme régulier, quoiqu'avec un peu de distance.

Il ne l'avait jamais vu comme ça. Non, réellement, il n'avait jamais vu un tel flot d'émotion chez sa camarade. Il la voyait toujours mesurée en tout, ajustant ses mots, ses gestes, même dans ses élans d'affection. Il ne l'avait jamais vu aussi désemparée, fragile et désespérée qu'en cet instant. Et il devait bien admettre que ça avait de quoi lui retourner l'estomac.

Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait à vrai dire, ni ce qu'elle avait pu voir, et qui la hantait depuis des jours. Mais il saisissait quelque part l'horreur qu'elle avait pu ressentir assistant à sa… mort ? (Il ne savait comment imaginer ça, c'était très étrange). Il ne pensait d'ailleurs pas même avoir cet impact sur les autres.

Bien sûr, il savait qu'elle l'aimait. Oh oui. Elle lui faisait savoir chaque jour que Dieu faisait ! Par des cadeaux, des sourires, des soupirs, des attentions, des regards… Mais il n'avait jamais pu s'empêcher de penser que tout ça… tout ça n'était pas vraiment réel, ni vraiment possible. Malgré l'importance qu'elle avait fini par prendre -en tant que camarade, qu'amie, que..- il n'arrivait pas à croire que ses sentiments fussent autre chose qu'une vanité, qu'une vague émotion passagère. Persistante, certes, mais éphémère.

Pourtant elle était là, devant ses yeux, à ressasser comme la pire tragédie ce qui n'était en réalité pas vraiment sa mort. Comptait-il à ce point ?

Il essaya de la faire revenir à ses esprits, en l'asseyant sur le fauteuil, et lui tendant cette fois un verre d'eau fraiche, mais son pauvre cœur s'affolait en tous sens, et des larmes perlaient toujours à flot de ses yeux.

« Eh… t'en fais pas… Je suis là, tu vois, il s'est rien passé c'est pas grave… »

Elle secouait frénétiquement la tête, toujours secouée de sanglots

« Tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas…

-Alors explique-moi ! »

Elle laissa couler un long silence. Elle referma ses paupières, prit une large inspiration, puis enfin, contenant ses larmes, daigna le regarder droit dans le yeux. Ces yeux bleu marine, qu'elle avait si souvent regardé… et à présent si inhabituellement inquiets. Elle aussi le voyait sous un jour nouveau.

Elle détourna toutefois le regard. Elle avait trop honte pour continuer à l'admirer.

« Juvia… c'est Juvia qui aurait dû… qui aurait dû mourir…. Grey-sama… Grey-sama s'est interposé »

Grey cligna une fois ou deux des yeux. Il l'avait sauvé ? S'était sacrifié pour elle ?

Enfin, ce n'était pas bien étonnant lui qui avait déjà tenté d'utiliser son Ice Shield…

Au-delà de cela, il sentit une forme de soulagement. Dans cette autre réalité, il n'était finalement pas mort pour rien. Il avait sauvé quelqu'un qui comptait pour lui, c'était le principal.

Cependant il haussa un sourcil.

« Je ne comprends pas vraiment le problème... »

Elle se retourna subitement vers lui, comme s'il venait de blasphémer.

« Grey-sama ne comprend pas où est le problème ? Il ne comprend pas ? Comment ne peut-il pas comprendre ? Juvia l'a tué ! »

-Wow, wow, WOW, deux secondes là. Tu ne m'a pas tué !

-C'est tout comme ! » Répliqua-t-elle en serrant les poings qu'elle fixa intensément « Juvia… Juvia ne sait faire que des mauvaises choses… Elle n'a pas changé » Les larmes recommencèrent à tomber. « Elle est toujours la femme de la pluie qui apporte le malheur, elle ne sait faire que le mal, malgré tous ses efforts… Elle ne mérite pas d'être à… »

Cette-fois il s'énerva pour de bon et se leva d'un coup de sa chaise « D'être où ? A Fairy Tail ? Maintenant ça suffit ces conneries ! Evidemment que tu mérites d'y être pauvre idiote ! »

Son changement de ton la prit par surprise et elle se mit, éberluée, à le fixer sans un mot. « Comment tu peux dire une chose pareille ? Tu n'as pas le droit de dire ça ! Tu as prouvé des milliers de fois que tu la valais ta place ! T'as pas le droit de douter de ça ! »

Elle en resta muette un instant. Mais lorsqu'elle ouvrit de nouveau la bouche pour répliquer, il la coupa nette.

« Non putain réponds pas ! T'as rien à répondre ! C'est toi qui comprends pas ! Tu vois pas que je me suis sacrifié pour toi justement parce que tu en valais mille fois la peine ? »

De nouveau elle demeura silencieuse : stoïque, ébahie, croyant à peine ce qu'elle venait d'entendre.

Lui, essoufflé d'avoir crié, prit lentement conscience de ce qu'il venait de dire, et vira progressivement au rouge écarlate.

« Je… je veux dire… » Il bredouilla, gêné, tandis qu'elle-même rougissait à vue d'œil. « Tu… enfin… tu méritais… je veux dire, j'aurais… »

Elle toussota un peu, tentant de le sauver de sa gêne « Gray-sama aurait fait ça pour tous ses camarades c'est ça ? Tout comme Juvia l'aurait fait avec n'importe qui ».

N'importe qui ? Vraiment ? Sans trop savoir pourquoi, son affirmation lui parut injuste. Mais il ne pouvait pas la contredire. Il fronça légèrement les sourcils.

« Ouais… Ouais, voilà, c'est ça… » répondit-il promptement, passant sa main derrière la nuque.

La surprise avait détourné l'attention de Juvia un bref instant, et finalement elle put constater que ce bref échange lui avait fait du bien. Elle avait eu besoin de vider son sac, et de partager son désarroi. Aussi esquissa-t-elle enfin un semblant de sourire sincère -bien qu'épuisé- lorsqu'elle se rendit compte que la pluie avait cessé. « Juvia ferait mieux d'y aller maintenant, merci pour cette discussion Grey-sama.

-Ouais, bien sûr, pas de problème, lui répondit-il à demi sûr de lui. Surtout, il admirait son sourire, qui arrivait comme une éclaircie après l'orage. Le rouge n'avait toujours pas quitté ses joues.

« Quand tu veux »

Alors ? Qu'en avez-vous pensé ? Dites le moi le commentaire ou mettez cette histoire en favoris ! 😊