Il faut vraiment que j'arrête de poster des trucs en rapport avec mon humeur immédiate. Manqué pour cette fois.

Euh, ça ne va pas être marrant, voilà voilà !


Chapitre 11


Son frère était un véritable génie. Enfant, il l'admirait. Le peuple voyait en Matthius Dessler l'avenir de Gamilas, le moyen pour cette planète décadente de retrouver sa gloire passée.

Il était décédé pendant la grande guerre d'unification. Sa mort avait choqué : l'espoir de la nation était parti avec Matthius. Le poids des responsabilités avait été transféré sur ses propres épaules. Mais il savait pertinemment qu'il ne pourrait jamais égaler les capacités de son frère. On ne lui faisait pas confiance sur sa capacité à donner à Gamilas l'avenir brillant que lui aurait conféré Matthius. Pourtant, jamais la planète jumelle d'Iscandar n'avait atteint un aussi haut stade de développement que sous son règne.

Il n'avait plus de père. Son oncle, le souverain précédent, n'avait lui non plus pas cru en lui. Il l'avait formé, certes, mais il semblait sans cesse déçu par ses aptitudes moindres en comparaison de celles de son aîné. Sa mère lui accordait à peine son affection du vivant de Matthius. A sa mort, elle ne l'avait même plus regardé. Il était devenu une ombre pour sa propre famille.

Il avait pris le pouvoir. Fait assassiner ou exiler ses opposants politiques. Jusqu'à sa belle-sœur et son bébé. Le monarque avait redoré l'image de Gamilas, avait étendu l'empire jusqu'à d'autres galaxies. Tout cela, dans le seul et unique but de sauver les siens.

Malgré cela, on le voyait comme un monstre, comme indigne de son rang et de sa naissance.

Il y avait eu Starsha.

Il l'aimait, admirant l'Iscandarienne qu'il avait hissé sur un piédestal dans ses plus jeunes années. Cependant, il lui semblait qu'elle s'opposait à lui quoi qu'il fasse, ayant proposé son aide à ces terriens qu'il voulait anéantir pour le bien de son propre peuple. Elle avait fait le choix de protéger la Terre plutôt que Gamilas, ses voisins et alliés. Il avait beau l'aimer sincèrement, il faisait passer son devoir avant lui-même.

Et on lui reprochait d'être orgueilleux …

L'homme faisait comme si ça ne le touchait pas, forcé de se montrer fort pour ne pas être renversé. Jusqu'au point de ne même plus savoir pourquoi il souffrait quand il se sentait mal. Il n'était plus capable de dire quel souvenir douloureux le hantait quand c'était le cas. Il se rappelait juste qu'il haïssait la pluie, même s'il ne comprenait plus pourquoi.


Le tyran prit entre ses mains gantées le visage de Lorelei. Il le faisait souvent, mais étrangement, il n'avait jamais été aussi délicat auparavant. Sans un mot, il contempla un long moment le visage de sa prisonnière. Celle-ci n'osait pas bouger, ne comprenant pas ce qui se passait, ce qui lui avait pris.

Son visage ne reflétait qu'une sorte d'intérêt teinté de tristesse. Des soubresauts brusques au coin de ses lèvres trahirent son malaise, comme il hésitait sur l'expression à adopter. Il réalisa que ses gants l'empêchaient de sentir la chaleur de la peau de la terrienne, et cela le frustra. L'homme n'avait qu'une envie à cet instant précis, celui de tenir dans sa main le cou de Lorelei, de s'assurer qu'il lui était impossible de s'enfuir, quitte à l'étrangler. Pourtant, il ne le faisait pas, conscient qu'il lui aurait fait du mal.

Une larme s'échappa de l'œil de la jeune femme. Elle était gelée par la peur, ne comprenant pas ce que pensait le tyran. Sentir le tissu contre sa peau l'inquiétait, devinant les doigts de l'homme, crispés contre sa nuque, pouvant lui faire du mal à n'importe quel instant.

Il effaça la gouttelette d'eau d'un geste vif du pouce.

Puis d'un coup, la prit dans ses bras, et la serra contre lui.

Lorelei sentit sa respiration s'emballer. L'angoisse s'était insidieusement frayé un chemin dans son corps, et l'empêchait de bouger. Sa respiration était devenue irrégulière, et tout la dépassait.

- Reste.

Un mot, un ordre. Mais ce fût sûrement la chose la plus sincère qu'il lui ait dite en sept ans. Elle avait senti sa main se refermer dans ses cheveux, comme pour la forcer à rester immobile, là, contre lui.

Alors, attendrie, la jeune femme dégagea doucement l'un de ses bras, et remonta timidement le long du dos du gamilien pour lui rendre son étreinte.


Lorelei comprit ce qui devait hanter le dictateur au point qu'il veuille la forcer à lui témoigner un tant soit peu d'affection. Ce fut à ce moment qu'elle saisit ce qui l'effrayait quand il s'endormait, et pourquoi il n'arrivait pas à mettre des mots dessus. Il y avait quelque chose de naïf dans l'étreinte qu'ils partagèrent à ce moment-là.

La jeune femme se sentait un peu stupide de céder à ses caprices, et se rendait bien compte qu'elle allait finir par se faire avoir.

Mais ce qui l'étonna le plus, ce fut de réaliser qu'elle était … bien, alors qu'elle se trouvait dans ses bras. Son esprit la tança assez fort, en lui faisant remarquer qu'elle était vraiment trop naïve. Elle n'en revenait pas d'être aussi facilement bernée par ses propres perceptions. Ses sens s'affolaient : elle était attendrie par la chaleur de la peau bleue contre la sienne, par la pression de la main de Dessler dans ses cheveux, du son d'un battement de cœur trop rapide, qu'elle n'aurait pas su reconnaître comme étant le sien ou celui du gamilien, de la senteur du cuir de son uniforme, et l'autre, plus ténue, d'une huile ou d'un parfum qui s'était estompée comme on balaye de la buée sur une fenêtre.

Un peu étourdie par les signaux contraires que son esprit lui envoyait, la jeune femme finit par se dégager doucement, ne sachant plus comment réfléchir. Elle croisa son regard.

Ses joues s'embrasèrent instantanément, et elle n'osa plus affronter ses yeux mauves.

- Je …

Elle n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit : il l'embrassait tendrement.

Mais plus étonnant encore, elle se surprit à lui rendre doucement son baiser.

Sa respiration s'accéléra, et la jeune femme osait à peine croire ce qu'elle venait de faire. Elle sentait légèrement les mains de l'homme descendre jusqu'à sa taille, et la serrer contre lui. Cela l'étonnait presque de le voir aussi délicat : il pouvait parfois se révéler si abrupt que la terrienne eut du mal à réprimer quelques frissons quand ses doigts effleurèrent son dos.

Un ordre soudain lui intima de le repousser, mais elle n'y parvint pas.

Elle était incapable de bouger.

Il retira rapidement ses gants, et caressa son visage du bout des doigts. Puis il la reprit dans ses bras, hésitant tout de même : il craignait qu'elle le repousse, mais il voulait la serrer contre lui. Sa présence était infiniment rassurante, il ne pouvait le nier.

Il tremblait presque.

Un frisson parcourut Lorelei, qui s'était laissé faire. Emportés par leur mouvement, ils avaient reculé jusqu'à la table, contre laquelle la terrienne s'appuya, un peu étourdie. Elle s'était contentée de papillonner des yeux, et sans qu'elle ne comprenne ce qu'elle faisait alors, ses mains s'aventurèrent sur la veste qu'il portait, s'y agrippant doucement, avec hésitation.

Serait-elle parvenue à la lâcher ?

Une foule de pensées envahissait son esprit, sans qu'elle ne parvienne à les hiérarchiser : elle avait terriblement chaud, et ses joues la brûlaient, mais d'autre part, de trop nombreux frissons secouaient insensiblement sa gorge, qui se soulevait au rythme irrégulier de sa respiration inarrêtable. Ses lèvres tremblaient, et elle n'aurait plus su parler. Le bruit de la pluie heurtant la fenêtre se répercutait dans sa tête, assourdissant.

La tension absolue qui étirait son corps avait pris possession de tout : incapable de penser, la terrienne ne se voyait même plus bouger, et ne se rendit pas compte que ses mains gelées commençaient à défaire les attaches de la veste du gamilien.

Celui-ci, comprenant ce qu'elle faisait, pris sa main dans la sienne, et fut étonné de la trouver si froide. L'embrassant sur la joue, amusé, il pressa son front contre le sien, surprenant alors la fièvre qui s'était emparé d'elle. Puis il prit son visage en coupe dans ses mains, et l'embrassa encore.

Un léger sourire se fraya un chemin sur le visage de l'homme en face d'elle, mais elle osait à peine croiser son regard, encore perdue dans sa propre incapacité à penser. Un long frisson, à moins que ce ne fût une perle de sueur, se mit à dévaler son dos sous sa robe. Un nœud atrocement serré s'était noué dans sa gorge, mais d'autre part, elle n'aurait su expliquer pourquoi son cœur battait si vite, et pourquoi elle achevait de lui retirer sa veste.

Dessler avait hésité un instant, ayant l'impression que quelque chose d'anormal se passait. Lorelei s'était alors redressée, et se hissant sur la pointe de ses chaussures, elle l'avait embrassé avec tendresse, presque timidement.

Puis elle l'avait serré contre elle, si fort, prise d'un inexprimable besoin de la présence d'autrui, si fort qu'elle aurait pu l'étouffer. L'immense solitude qui l'avait habitée sept longues années durant la rattrapait soudain : depuis quand n'avait-elle pas reçu de chaleur humaine ? Depuis combien de temps l'impression que son cœur se nécrosait pour ne laisser qu'un vide l'habitait ? Et maintenant qu'il l'embrassait si doucement, elle ne l'aurait pour rien au monde laissé partir, maintenant qu'il semblait tout comme elle avoir autant besoin de sa présence qu'elle ne voulait la sienne, maintenant que cette tension, qui pourtant embrumait son esprit, lui permettait de bouger, maintenant qu'elle n'avait plus d'autre façon de définir cette tension terrible et douloureuse qui tordait ses entrailles et diminuait ses poumons que par le mot désir.

Maintenant que rien autour d'elle n'avait plus aucun sens ; maintenant plus que jamais elle voulait ses baisers.

Son rationalisme et son bon sens avaient cédé leur place à une pulsion si vive et à une si simple terreur d'être seule qu'elle n'aurait pu penser à tout ce qu'elle avait traversé jusqu'alors. Elle ne voyait que sa main et le sourire sincèrement réservé sur son visage ; et si fébrile que ses doigts en tremblaient, elle prit sa main ; il acheva de délacer sa robe.

Ils n'auraient pas su dire si c'était le bruit de la pluie ou de leurs pouls qui était si abominable.


Je

Suis

Désolée

Vraiment.

Mais est-ce que ce serait amusant s'ils avaient une vie facile ? (Je n'arrange tellement pas mon cas)