Chapitre 3 : La coeur d'une mère

Los Angeles, Californie, quelques mois plus tard

Diego descendit de la voiture, tandis que sa mère le suivit de très près. Il jeta un œil de tous les cotés, espérant apercevoir une touffe blonde familière.
"- Mère, où est Oscar, demanda-t-il alors qu'elle lui prenait la main.
- Surement au cuartel, Diego, sourit-elle.
Voilà quelques temps que la famille de la Vega était de retour en Californie avec la compagnie du nouveau commandant, Oscar de Jarjayes. Au début, les habitants étaient sceptiques au fait d'accueillir un commandant étranger, mais il s'avérait que Oscar était une personne tolérante et très aimable que ce soit envers les plus pauvres ou les plus riches, si bien qu'en quelques jours, tout le monde l'avait déjà adopté. Dès lors, Los Angeles était paisible et rare était les bandits qui se manifestaient car on craignait le commandant du village qui avait montré ses preuves.
"- On peut aller le voir ? Fit Diego en faisant les yeux doux à sa mère qui se retint d'éclater de rire de son joli minois innocent.
- Bien sur, allons-y."
Ils traversèrent la place et se dirigèrent vers le cuartel dont les portes étaient grandes ouvertes. Le factionnaire les salua et les laissa passer connaissant bien les relations qu'entretenaient Oscar et les de la Vega.
Maria-Isabella frappa à la porte. Oscar ouvrit elle-même. Elle esquissa un sourire lorsqu'elle vit ses visiteurs.
"- Buenas Dias, Maria-Isabella, Buenas Dias Diego." Salua-t-elle en ébouriffant les cheveux du petit garçon.
"- Bonjour, lança Diego en français avec un accent tout à fait hispanique.
Oscar rit doucement.
"- Vous avez encore des progrès à faire, monsieur, sourit-elle.
- Diego, n'as-tu pas dit que tu voulais aller voir le sergent Garcia pour t'excuser de ta plaisanterie d'hier ? Fit Maria-Isabella.
La femme commandant ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, se retenant de rire. Elle avait entendu grâce au sergent Garcia, le mauvais tour que Diego avait joué à ce gros et bon soldat.
"- Il est sans doute dans la cour près des écuries, l'indiqua Oscar voyant que Diego hésitait à sortir. Le petit garçon ne protesta pas et obéit sagement, sortant du bureau. C'est là qu'Oscar comprit pourquoi la jeune mère avait voulu que Diego s'en aille. Maria-Isabella perdit alors son maintien droit et digne, se transformant sous ses yeux en une jeune femme fébrile, fatiguée et pâle. Il lui semblait qu'elle avait du faire un énorme effort pour paraître normal devant son fils.
"- Señora ! S'écria Oscar en voyant qu'elle titubait. Elle l'attrapa de justesse avant qu'elle ne s'écroule. Maria-Isabelle se reprit et leva ses yeux noisettes reconnaissantes.
"- gracias, je suis désolé, je croyais pouvoir tenir encore un peu...
- Que..vous est-il arrivé ? S'inquiéta Oscar.
- Vous vous souvenez que la semaine dernière, je suis tombée malade ?"
Oscar s'en souvenait très bien, mais elle s'était rapidement rétablie.
"- En vérité, le médecin m'a dit que je ne pourrais pas guérir, se confia Maria-Isabelle en s'asseyant pour reprendre son souffle, il m'a dit que je pourrai me sentir mieux...mais que je rechuterais et qu'un jour, mon corps ne tiendra plus.
- Maria-Isabella...commença-t-elle.
- Oscar, plus les jours passent, plus je ressens une extrême fatigue, il m'arrive même d'être obliger de demander un domestique pour une simple activité...Monter à cheval devient une torture, marcher me fatigue, j'ai une fièvre qui me survient n'importe quand...Et tout à l'heure, j'ai vu le médecin qui a demandé à ce que je ne sorte plus de chez moi.
"- Est ce que Don Alejandro est-il au courant ?
- Oui, il ne cesse de dire comme le dr Avila, mais...je ne suis pas du genre à rester enfermer à l'hacienda, je..."
Une quinte de toux la prit tout à coup. La commandante s'empara d'un verre d'eau pour la lui tendre.
"- Pardonnez moi...
- Ce n'est rien, la rassura Oscar, Diego est-il au courant ?
- Je ne veux pas l'inquiéter, ce n'est pas son rôle, il est encore trop jeune pour..."
La porte s'ouvrit brusquement. Diego entra, le sourire aux lèvres.
"- Mère, je me suis excusé auprès du sergent et il m'a donné trois caramels ! S'exclama-t-il joyeux, vous en voulez ?"
Il tendit ses friandises aux deux femmes. Sa mère refusa et le félicita.
"- J'espère, Diego, que tu cesseras de tourmenter ce pauvre Sergent, rit-elle doucement.

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Son cheval blanc galopait droit vers l'hacienda de la Vega. Il pleuvait. Si bien que les larmes qui sortaient de ses yeux se confondaient avec les gouttes de pluie. C'était un cauchemar. Elle n'aurait jamais cru revivre ça.
"- Dieu, je vous en prie, ayez pitié, faîtes que Maria-Isabella survive, faîtes qu'elle vive longtemps..."
Deux semaines que la mère de famille de la Vega était alitée dans son lit, ne sortant plus, ne se levant plus. Les médecins avaient été formelles, sa maladie était incurable et elle ne pourrait échapper à la mort. Mais Oscar espérait toujours qu'elle s'en sorte.
"- Diego ne mérite pas ça...pensa-t-elle désespérément.
Le petit garçon n'avait cessé de rester auprès de sa mère, jour et nuit, priant pour qu'elle rétablisse. Il avait même arrêté de faire ces petites bêtises, s'était mis à jouer du piano, instrument préféré de sa mère et racontait des tas d'histoires afin qu'elle se sente mieux. Mais tout ça ne servait à rien, même si Maria Isabella se forçait à paraître mieux portante, son état s'aggravait.
Don Alejandro savait qu'il ne pouvait rien faire pour elle, et fit tout son possible pour rester avec sa petite famille, si bien que lui aussi, on ne le voyait pratiquement plus à Los Angeles.

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Oscar arriva, mouillé de la tête au pied. Elle entra dans le patio et vit alors la lumière qui se dégageait de la chambre parentale. Elle monta à l'étage et entra sans frapper. La scène qui se montrait à ses yeux brisa ses espoirs et ses prières de ses derniers jours. Le médecin , près de la porte, baissa la tête. Padre Felipe récitait des prières en silence. Don Alejandro tenait la main de Maria-Isabella, verser des larmes silencieusement. Diego était couchée auprès d'elle gémissant et pleurant. Dans le lit, Maria-Isabella semblait endormie, elle gardait sa jeune beauté. Mais la pâleur mortelle montrait à Oscar, qu'elle avait quitté le monde depuis longtemps.
"- Non, souffla-Oscar en faisant un pas, non, pas elle...pas encore..."
Diego remarqua alors sa présence et se précipita vers elle. Il empoigna de ses petites mains l'uniforme d'Oscar, ses yeux étaient rouges et humides.
"- Sauvez-la, Oscar, sauvez maman ! S'il vous plait ! Vous m'avez sauvé, sanglota-t-il, vous pouvez la sauver !"
Don Alejandro, Padre Felipe et le docteur Avila se regardèrent, ils ne savaient pas comment réagir face à cet enfant qui venait de perdre sa mère, face à cet enfant qui ne savait pas encore ce que voulait dire le mot "mourir", face à cet enfant innocent avec un esprit imaginaire.
"- Sauvez là, répéta Diego en pleurant, s'il vous plait...
- Diego...murmura Oscar en le serrant dans ses bras, je ne peux pas la ramener, ta mère est partie pour un autre monde...elle ne reviendra pas. Pardonne moi, Diego."
Le petit garçon hurla en éclatant son chagrin, se recroquevillant dans les bras de la femme militaire qui pleura aussi.
C'est là qu'elle vit le souvenir de Maria-Isabella, souriant et lui dire :
"- Prenez soin de mon fils, Oscar."