Bonsoir, bonsoir, c'est la première fois que j'écrit sur ce fandom alors que le voyage de Chihiro est un de mes films préférés. Mais au détour d'une conversation avec une amie venant de découvrir les films de Myiazaki cette idée tournant autour de l'intriguant et fascinant Kanoashi a germé dans mon esprit. Et je n'ai pu résister à écrire ce chapitre. J'espère qu'il vous plaira ou vous intriguera. En tout cas n'hésitez pas à me laisser une review si le coeur vous en dit. J'y répondrais avec grand plaisir. Bonne lecture.

Ps: Je ne classe pas ce travail comme histoire achevée d'autres chapitres pourraient voir le jour si l'inspiration s'y pretait.

La pluie tombe du ciel nocturne recouvert de nuages noirs plombés. La mélodie mélancolique des gouttelettes d'eau accompagne son errance entre les bâtiments massifs aux couleurs délavées par les ans. Ses pas sont silencieux, légers, presque fragiles.

La nuit l'entourant est noire et silencieuse. Silencieuse et noire, comme lui...

Depuis combien de temps erre-t-il ?

Il ne sait pas...Il ne sait plus...l'a-t-il seulement un jour su ? Est-ce des jours, des mois, années, siècles ou plus ? Le temps s'engrène, le temps passe, le temps coule. Coule autour de lui, coule entre ses doigts comme la pluie.

Il avance, avance, avance sans véritable but, condamné à errer. C'est tout ce qu'il peut faire, tout ce qui lui reste.

Reste ?

A-t-il connu autre chose ? Il a oublié...Tout a été oublié. Ne lui laissant qu'un trou vide, béant, invisible.

Invisible et pourtant présent...

La pluie ruisselle sur le tissu noir le recouvrant. La pluie ruisselle le long de son masque. La pluie trace des sillons semblables à des larmes qu'il ne peut verser. A-t-il encore simplement des yeux pour pleurer ? N'est-il pas juste réduit à ce masque vide de toutes émotions ? Ce masque dissimulant un trou béant, ce masque cachant cette faim vorace suppliant qu'il comble ce vide en lui. Un vide qui le ronge. Un vide le faisant souffrir, un vide dont il ne comprend même plus la signification.

Entre les jardins aux milles fleurs colorées il s'arrête. Pourquoi ? Il ne peut l'expliquer avec précision. C'est juste un souffle, un murmure, une intuition peut-être qui chuchote qu'il doit s'arrêter ici.

Sous son masque il observe les travailleurs des bains s'activer, leurs silhouettes se découpent telles des ombres chinoises dansantes derrière les portes en papier de riz.

Il attend, il attend, il attend sous la pluie. Il attend sans être vu, on ne peut le voir, personne ne souhaite le voir. Les regards se détournent de sa silhouette dans les rues, les regards l'ignorent comme s'il n'existait pas, comme s'il n'avait jamais existé.

Et sous son masque sa faim n'en devient que plus forte, tenace à mesure que ces regards absents nourrissent le vide en lui. À mesure que ce vide le ronge, à mesure que ce vide fait disparaître le peu de ce qui lui reste...

Mais il y a enfin eu un regard, sur ce pont, quelqu'un s'est retourné, quelqu'un a levé les yeux vers lui. C'est ce regard qu'il cherche, c'est ce regard qu'il attend. C'est ce regard qui étrangement apaise et agite la faim le tenaillant.

Il désire ce regard innocent, un regard innocent appartenant à un être étranger à leur monde. Un être qui ignore ce qu'il est.

Kanoashi...

Il a un jour entendu ce nom chuchoté avec crainte sur son passage.

Kanoashi...

Ce nom lui fait mal, ce nom érafle une partie de lui enfuie si profondément qu'il ne peut l'atteindre. Ce nom agrandit le vide responsable de sa faim.

Kanoashi...

Sans visage, sans identité, sans rien. Un visage c'est ce qu'on est, c'est une histoire, c'est des souvenirs. Une identité, une histoire, des souvenirs volés, arrachés, ne laissant ensuite qu'un trou béant caché par un masque peint en blanc.

Quand a-il perdu ce qu'il était ? Comment cela lui a été dérobé ?

Il ne sait pas...Il ne s'en souvient plus. Quand il essaye de comprendre, il ne trouve en lui qu'une sensation diffuse de haine vorace.

Il n'est que cela désormais. Et sa faim le supplie, le tourmente, lui ordonne de combler ce vide avant qu'il ne cesse d'exister. Sa faim lui susurre de voler à d'autres ce dont il a été privé. Sa faim ronronne que ce n'est que justice, sa faim affirme que n'être rien c'est mieux que de disparaître tout court.

La pluie prend en force portée par le cri du vent. Sa tête se lève vers le ciel, la pluie s'infiltre sous son masque. La pluie a toujours éveillé sa faim, la pluie a toujours ravivé sa haine.

La pluie porte des chansons anciennes, des chants qui l'appellent sans qu'il ne sache pourquoi. Sans qu'il ne puisse comprendre pourquoi la sensation de l'eau coulant le long des ombres longilignes le formant est si douloureuse.

Il a envie de hurler de rage, de haine, de désespoir. Sa voix n'est plus...Disparue avec son visage, arrachée comme le reste...

Sa faim, elle, est toujours là. Accentuée par ses précédentes pensées, accentuée par la pluie chantant dans le ciel, accentuée par l'enfant humain ouvrant une porte et l'invitant à rentrer...

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Les esprits n'apprécient pas les humains. Les esprits des bains ne font pas exception à cette règle tacite, encore moins pour l'enfant humain travaillant pour eux...Silencieux il observe l'esprit Chichiyaku refuser la demande de celle qui l'a finalement regardé et permis de rentrer. L'autre esprit ignore ses demandes, se moque d'elle la prenant de haut.

Cela ne lui plaît pas...Cela ne plaît pas à sa faim, sa faim devient possessive.

Il apparaît derrière l'autre esprit ravalant son envie de les absorber lui et son identité. Une nouvelle fois son regard humain se pose sur lui. Elle incline légèrement la tête en signe de politesse. Jamais on a été aussi cordial avec lui, sa faim en est ravie ! Sa main filiforme soulève un des panneaux de bois qu'elle a en vain essayé d'obtenir.

Il lui tend.

Ses yeux d'enfants s'illuminent puis elle se sauve en courant, criant des remerciements sous les cris outrés du Chichiyaku et le regard intrigué des clients. Et lui redevient invisible, la suit, l'observe.

Quand elle est de nouveau seule il réapparaît. Il a pris d'autres panneaux en bois. Un saut remplit, pour elle, juste pour elle. Elle n'aura plus à dépendre du bon vouloir des esprits du bain, cela ne leurs appartient pas. La faim qui le cisaille préfère qu'elle dépende de lui.

Elle le regarde avec étonnement, demandant d'une voix timide si c'est pour elle. Il aimerait pouvoir parler, pouvoir lui parler. Mais il est réduit à ne pousser que des gémissements rogues en agitant son présent.

Elle ne le prend pas, elle le refuse, elle refuse ce qu'il lui offre, ce qu'il a dérobé seulement pour elle...

Il insiste incapable d'expliquer avec des mots qu'il ne peut tolérer son refus. Que son rejet réveille le vide, que son rejet accable la faim le torturant. Il part abandonnant son cadeau de toute façon cela n'a aucune utilité pour lui.

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Observer les employés se jeter sur l'or laissé par l'esprit de la rivière réveille une haine douloureuse siégeant au plus profond du vide sous son masque. Il ne comprend pas pourquoi elle s'agite ainsi mais elle est là. Tenace, vivace, puissante. Cela lui hurle de les déchirer, de les absorber, de les empêcher à jamais d'exister.

Dans l'ombre, il observe l'esprit mineur semblable à une grenouille verte gratter entre les lattes de bois avec une lime à la recherche de la plus infime poussière brillante. Aussi silencieux qu'un spectre il sort de l'ombre. L'esprit mineur sursaute, bafouille de peur, recule. Sa tête masquée se penche légèrement vers la droite, une de ses mains ébènes se tend, entre ses doigts fins l'or miroite.

La grenouille s'avance, son regard brille de convoitise. Cette convoitise pour le métal doré embrase sa haine dévorante.

Ensorcelée par le métal chatoyant ne cessant de croître dans sa main, la grenouille s'approche, la grenouille oublie le danger qu'un être comme lui représente. Avec la vivacité d'un serpent venimeux son autre main se referme sur le batracien. Celui-ci n'a le temps que de pousser un cri étranglé avant d'être englouti. Sa personnalité, ce qu'elle est se diffuse dans le vide siégeant sous le masque. Le corps noir et longiligne se transforme, prend des formes rappelant celles de celui qu'il vient d'avaler. La faim change également, la faim se colore des désirs secrets de l'esprit mineur.

Quelques secondes passent dans un silence sombre puis il y a une voix, une voix demandant ce que c''était que ces bruits. Il observe l'esprit qu'il a dérobé pour l'enfant humain approcher de sa cachette. Le Chichiyaku recule de méfiance en croisant son masque blanc et devant sa nouvelle voix volée à un des employés. Mais lui aussi oublie de se méfier face à l'or ruisselant depuis sa main tendue.

Derrière le masque sa faim empoisonnée par les désirs d'un autre ronronne de joie.

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Ses cris résonnent dans la pièce autrefois luxueuse et maintenant maculée de nourriture graisseuse tachant les tapis de velours recouvrant le sol, meurtrissant les fresques délicates habillant les murs. Il veut sortir ! Il veut la trouver ! Il la veut pour lui, pour lui seul. À lui, seulement et uniquement à lui...L'enfant humain, l'enfant humain aux senteurs d'eau sauvage.

Il a faim d'elle, une faim gangrenée de convoitises perfides appartenant aux esprits qu'il a dévoré. La sorcière tente de l'apaiser, elle peut encore le contraindre dans cette pièce mais cela ne durera pas. Elle le sait aussi bien que lui le sait.

La voilà !

Seul avec lui, tout à lui. Il peut enfin lui parler, même si cette voix n'est pas la sienne, même si les mots goudronneux qui coulent de sa bouche ne sont pas totalement les siens. Elle l'écoute sans broncher, sans montrer de crainte. Cependant il peut sentir sa peur. Une partie d'elle a peur...Une partie de lui s'en réjouit...

Il lui offre de l'or, elle refuse d'un signe de tête, continue de refuser malgré les mots plaisants qu'il lui susurre. Il ne comprend pas pourquoi elle refuse ce qu'il veut lui donner, c'était ce que les autres désiraient...Pourquoi n'était-elle pas intéressée par l'or ? Pourquoi ne désire-t-elle pas le métal chatoyant...Alors il lui offre de la nourriture, la nourriture que ceux ingérés par sa faim trouvent délicieuse. Elle décline à nouveau...

Elle préfère lui parler, les questionner sur ce qu'il est...

Que peut-il lui répondre ? Il ne sait rien de lui et ce qu'il sait sont les souvenirs appartenant à d'autres...

Il se rétracte sur lui même tel un animal blessé. Avec douceur la fille humaine aux senteurs d'eau s'approche de lui, il retient un grondement. Il est plus fort qu'elle pourtant c'est lui qui craint d'être blessé.

La voix de l'humaine est douce, sa voix exorcise certains désirs lui ayant été imposé. Elle dit qu'elle comprend, qu'elle veut aider, qu'elle peut aider. Il l'écoute sans bouger, derrière son masque un échos ancien à envie de pleurer.

C'est cet écho ancien qui le pousse à accepter la boulette qu'elle lui offre. Sa gueule massive se referme dessus, il mâche.

C'est amer ! Horriblement amer !

C'est amer, c'est tenace, ça le lacère derrière son masque. Il hurle de rage, il hurle de douleur, il vomit ce qui semble être des litres de boues. Sa rage se tourne vers elle, il se précipite, elle fuit, il la pourchasse en vomissant, en lui promettant qu'il lui fera payer.

Il vomit de la boue, il vomit de la nourriture, il vomit les esprits, il se sent plus léger. Il redevient vide. Vide c'est mieux qu'empoisonné, vide c'est mieux que rongé par les désirs d'un autre.

L'enfant l'appelle, l'enfant l'attire hors des bains. L'enfant lui demande s'il souhaite l'accompagner. Il hoche la tête en signe d'accords, s'assied à coté d'elle dans le train. Il est vide, il est privé de voix, la faim est de retour, la faim est différente.

Il est vide, privé de visage, privé de voix pourtant un goût amer subsiste dans sa bouche calmant sa faim.

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Il mange lentement, appréciant chaque bouchée cela fait si longtemps qu'il n'a pas senti le goût de ce qu'il mangeait. Si longtemps que c'est lui qui savoure la nourriture et non pas une personnalité dérobée à un autre.

En plus des saveurs venant de la pâtisserie faite par la seconde sorcière le goût de la boulette persiste. Toujours aussi amer et tenace. Amer et tenace telle une ancienne blessure, tel un ancien souvenir, tel un écho, étincelle d'une autre vie.

Quelque chose s'étire sous son masque, il se raidit. Cette chose...C'est...C'est un sourire...Son cœur s'emballe, pour sourire il faut un visage, cela lui revient, au plus profond du vide un fil fugace danse, un fil qu'il peut saisir. Un fil en amenant tant d'autres, ceux d'une ancienne tapisserie détruite.

L'enfant humain, la fille aux senteurs d'eau à rallumé quelque chose en lui, quelque chose qu'il pensait ne jamais retrouver, quelque chose qu'il va retrouver.

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Ses cheveux noirs enluminés par une poussière d'or pâle ruissellent telle l'eau vive le long de son dos. Sa peau est blanche, sa peau scintille comme le givre sous le soleil d'hiver. Ses yeux aux iris fendues flamboient d'un rouge profond. Son visage n'est pas humain, aucun humains ne porte des cornes acérées se courbant vers le ciel, aucun humain n'a de crocs en guise de dents. Aucun humain n'a des traits aussi beaux et laids à la fois.

Beauté irréelle, beauté irréelle déchirée par un rictus emplit de haine conférant à son visage une laideur démoniaque.

Retrouver ses souvenirs, retrouver son visage, se retrouver n'a pas été gratuit. Rien n'est jamais gratuit. Rien ne le sera jamais. Pour gagner quelque chose il faut en sacrifier une autre. La faim n'a pas été entièrement sacrifiée, la faim a été transformée par ses souvenirs...

Il se souvient, il se souvient des peuples l'ayant vénéré et ayant vénéré ses nombreux frères. Il se souvient des enfants jouant le long de ses berges. Il se souvient des femmes posant des lanternes sur ses eaux pour guider les êtres aimés au moment du dernier au revoir. Il se souvient de sa bienveillance envers ceux qu'il a vu naître, grandir, mourir le long de son domaine. Il se souvient du progrès venu frapper aux portes des petits villages. Il se souvient des anciens pleurant le départ des jeunes. Il se souvient de son cadeau. Il se souvient de sa stupidité...

Cela ne valait rien pour lui seul comptait le bras du grand fleuve où il était né. Mais l'or, l'or plaisait aux humains. L'or pouvait aider le village sur lequel il veillait depuis bien longtemps. L'or a permis au village de subsister, l'or l'a fait grandir. L'or leurs a permis de le détruire...

Il n'arrive pas à retenir un frisson. C'est douloureux, ce souvenir restera douloureux aussi longtemps qu'il existera. Il peut encore sentir leurs machines, sentir leurs pollutions creuser, lacérer sa chaire. Creuser, lacérer ses berges. Il se souvient de cette souffrance le rongeant. Il se souvient de ses hurlements restants sourds aux oreilles de ceux qui ont oublié comment écouter.

Son or est devenu faux, son or est devenu boue. Dés lors il n'a plus eu d'utilité pour ceux bâtissant un monde nouveau. Un monde érigé par des hommes assouvissant ou détruisant les éléments.

Ce qu'il a hurlé, ce qu'il a pleuré, ce qu'il les a maudit. Sa partie du fleuve, ses méandres...Rien...Plus rien...Perdus, détruits, volés. Ne laissant qu'un silence malade après les dernières prières des animaux sur lesquels il veillait, après les cris angoissés de ses frères incapables de l'aider.

La douleur était si grande, la douleur le changeait, le transformait. Comme d'autres avant lui, il a préféré oublier. Lentement tout s'est effacé...Son histoire, ses souvenirs, son visage, lentement un nouveau Kanoashi est apparu. C'était mieux...Un Kanoashi est moins dangereux que ce qui attend les esprits rongés par leurs souvenirs, par leurs haines et par leurs souffrances.

La plupart font le même choix que le sien, préférant une vie d'errance, dépourvu d'histoire, dépourvu de leurs visages.

Lui maintenant se souvient, la mémoire a un prix. Un Kanoashi ne peut se souvenir, un Kanoashi ne peut avoir un visage. Alors il se transforme, il devient une nouvelle chose. Tout cela grâce à un regard curieux et une porte ouverte.

Les dragons sont des esprits sages, puissants, anciens. Mais surtout possessifs aussi possessifs que les eaux rongeant la pierre dont ils sont les gardiens. Leurs sagesses contrebalance cette possessivité pouvant éroder n'importe quel obstacle.

Sage, l'est-il encore ?

Non...La sagesse n'est pas pour ce qu'il est. La sagesses est étrangère à ce qu'il est devenu. La sagesse a disparu laissant place à la malice, à l'envie de posséder, de réclamer.

Il déteste, méprise, hait les humains !

Sauf une...

Les dragons sont des esprits anciens. Ancien il l'est, bien plus ancien que l'esprit d'une rivière convoitant ce que lui aussi convoite. L'esprit de la rivière est jeune, presque un enfant par rapport à lui. Un enfant qui par bonté a laissé repartir l'humain désiré.

Généreux Haku...

Il ricane silencieusement, étirant ses lèvres en un sourire révélant ses crocs. Il n'aura pas la même générosité. La rivière ne l'avait pas réclamée...Le fleuve le fera. Lui n'aura pas la sagesse d'attendre.

Les dragons sont des êtres possessifs, les dragons sont des êtres dangereux. Leur amour est difficile à comprendre et à supporter pour l'âme d'un mortel. Ce n'est rien en comparaison de ce que les Yokai sont. Ce n'est rien en comparaison de ce qu'un Yokai ressent. Ce n'est rien en comparaison de ce qu'il ressent.

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Le temps ne s'écoule pas de manière homogène entre le monde mortel et le monde spirituel. Le temps régissant le monde des hommes est plus impatient et avance bien plus vite que son frère régnant dans le monde des esprits.

Dans son lit une adolescente se réveille en sursaut. Sa poitrine se soulève au rythme de son cœur affolé. Ses yeux balayent avec angoisses les ombres l'entourant, certaine d'encore sentir le regard glaçant vu dans ce rêve étrange.

Un rêve où un masque semblant familier s'abaissait pour révéler un visage d'une inconcevable beauté. Un visage où une faim insidieuse faisait briller les yeux rouges la fixant alors qu'une voix profonde susurrait un mot. Un nom inconnu et pourtant familier.

''Sen...''

Sa respiration s'apaise. Ce n'était qu'un de ses rêves étranges, un de plus. Chihiro retombe sur ses oreillers, ferme les yeux, retourne dans cette frontière oscillant entre songes et réalités. Son esprit dérive, un dragon l'attend comme chaque nuit depuis cinq ans.

Le dragon n'est plus le même...Ses écailles blanches sont maintenant couleur de nuit. Sa crinière vert d'eau est ébène saupoudrée d'or, semblable à une nuit étoilée se reflétant sur des eaux calmes. Les yeux couleur rivière brillent désormais d'un rouge ardent.

La bête lui sourit, un sourire carnivore, son corps serpentin se referme sur elle en une étreinte suffocante. La voix du dragon a elle aussi changé, sa voix ressemble à celle du visage caché par un masque. Sa voix lui promet que bientôt il viendra la chercher, que bientôt elle lui appartiendrait.