-Hello ici Shade ! Nous sommes de retour pour vous jouer un mauvais tour :D

-Et Kay, pour vous servir, la nouvelle Team Rocket est là :P

-Sans oublier notre formidable Serpenta toujours au commande de nos corrections 3

-Grâce à elle, voilà une toute belle, tout nouvelle, une nouvelle longue fic où vous ne saignerez pas des yeux.

-Encore un nouveau thème différent, bien plus triste, mais on espère qu'elle vous plaira tout autant.

-Alors accrochez vous à votre petit cœur et bonne lecture.

-PS: On reprend les bonne habitudes, un chapitre toutes les deux semaines le dimanche ! Alors à dans deux semaine :D Love sur vous.


Quelle somme de douleur peut encaisser un être humain avant d'être complètement anéanti ? À quel moment l'esprit lâche-t-il, incapable d'endurer plus de souffrances qu'il n'en a déjà subi ? Qu'est-ce qui se passe quand le corps cède à la tourmente, se déchire complètement, incapable de continuer de fonctionner ? Quand tout se déchire parce que les plaies sont trop lourdes à supporter ?

Drago Malefoy, lui, avait tenu à peine deux semaines. Cela aurait pu paraître peu. Après des années de guerre. Après des mois de torture et de tension psychologique. On aurait pu penser qu'il serait plus résistant, plus dur, inébranlable. Pourtant, à l'aube du treizième jour, son corps tressautant dans un coin de la cellule, il n'était plus Drago Malefoy. Il n'était plus Serpentard. Il n'était plus arrogant ou intelligent. Il n'était plus un mangemort. Il n'était plus habile ou rusé.

Il n'était plus un homme.

Un tas de chair, un condensé de souffrance, voilà ce qu'il devenait. Son esprit n'était plus capable de voir autre chose que la douleur. C'était tout ce qu'il était. Il disait ce qu'on voulait entendre de lui, il ne luttait même plus. Il se contentait d'être là. De respirer. D'exister. Sans même comprendre pourquoi ou comment. Il n'y avait plus de questions, plus de demain, plus de matin ou de soir, plus de projets, plus de passé. Tout ce qu'il y avait, c'était ce tourment incessant, les voix grasses, la douleur, l'humiliation, le goût du sang, l'odeur infâme, la faim et ses pitoyables gémissements.

Le seul son que sa gorge semblait capable d'émettre. Il s'en foutait complètement d'ailleurs. Parce qu'il n'avait plus de dignité, de respect. À dire vrai, à l'aube du 31ème jour, la moindre parcelle d'humanité avait déjà déserté Drago Malefoy. Au 60ème jour, malgré tous ses efforts, il avait oublié son nom. Il ignorait même ce que c'était, un nom. Tout ce qu'il savait, c'était que la douleur était sans fin. Qu'il n'y aurait plus qu'elle, encore et toujours.

Juste la souffrance.

Chapitre 1

S'il y avait bien un truc que Philippé détestait, c'était cette paperasse à remplir à chaque mission qui leur faisait perdre tellement de temps. Il se redressa sur sa chaise, faisant craquer son grand corps, perdu dans sa robe d'auror. Il repoussa ses cheveux bouclés et blonds pour se lever et sortir de son bureau double. Aujourd'hui, Nate n'était pas là et cela lui faisait des vacances. Enfin il s'ennuyait presque. Il sortit dans le couloir où s'alignait les nombreuses portes de chaque côté des bureaux de son équipe avec au bout celui de son chef qu'il évitait en ce moment.

L'équipe Snake. Une équipe de six personnes, le patron y compris. Chargée de faire toutes les missions trop dangereuses dont souvent personne ne voulait par peur de ne pas revenir, généralement données directement par le ministre de la Magie ou le Magenmagot. Cela pouvait être de faire la baby-sitter d'une personnalité célèbre, ou alors s'infiltrer ou mener la chasse à des mages noirs qui prenaient parfois la grosse tête.

Philippé grogna en se disant qu'après la dernière mission sur un démantèlement d'un trafic de poudre noire qui droguait la magie en elle-même, il aurait droit à un peu de repos. Une sale affaire qui avait transformé plusieurs sorciers en Cracmols. Inutile de dire à quel point cela avait été compliqué à justifier.

— Hé, Kylian, t'as mis quoi dans le rapport de procédure ? demanda-t-il en rentrant dans le bureau d'à côté sans même toquer.

L'homme assis derrière le bureau leva la tête de ses papiers, la plume encore à la main. C'était un homme grand, plutôt bien bâti qui ne semblait pas à sa place derrière le bureau en chêne. Ses longs cheveux noirs attachés en catogan dégageaient son visage aux traits un peu durs, son regard bleu pâle le rendant presque froid. Pourtant un sourire étira le coin de ses lèvres à l'entrée de Philippé et il baissa les yeux sur son parchemin.

— La date de la mission, informa-t-il. Et mon nom, prénom et fonction.

Cela déclencha le rire grave de Philippé qui vint s'appuyer sur le bureau avec un grognement.

— Tu crois que si on met juste « nous avons sauvé tout le monde » cela suffit ? demanda-t-il en lissant la robe sombre.

— J'ai essayé, il est revenu avec la mention, rapport incomplet, soupira Kylian.

— La poisse ! Qu'est-ce qu'on perd comme temps avec ça ! On a mieux à faire tout de même.

— Toute façon, on n'a pas reçu de nouvel ordre de mission, alors autant s'occuper, soupira Kylian en commençant à rédiger.

— Traitre, grogna Philippé sans bouger.

— Eva, hurla une voix qui venait du bout du couloir.

— Oups, sourit Philippé en se penchant pour regarder à travers la porte et voir leur équipière passer devant eux avant d'aller dans le bureau du chef.

Eva était la seule femme de l'équipe Snake et elle passait chaque jour à prouver que sa place était plus que méritée. Malgré la délicatesse de ses traits et sa longue chevelure auburn, elle était forte et déterminée et son regard brun était têtu et obstiné. Elle entra dans le bureau du chef et fit un geste grossier avec ses doigts à l'intention de Philippé qui mimait un « Adieu » du bout des lèvres, avant de refermer en s'avançant vers le bureau.

— Oui ?

L'homme, qui était leur patron, ne releva même pas la tête et commença à fouiller dans les nombreux documents qui encombraient le bureau.

— Où il est ce connard de dossier ? grogna-t-il. Tu vas devoir faire une recherche sur un imbécile de vieux pervers. Ah.

Il sortit une chemise cartonnée avant de reporter son regard vert émeraude sur elle, dévoilant un visage mince, recouvert d'une barbe de plusieurs jours, d'un petit nez qui tenait des lunettes rectangulaires noires et surtout des cheveux en bataille bruns qui ne camouflaient en rien la célèbre cicatrice sur son front. Harry Potter avait bien changé depuis sa bataille contre Voldemort trois ans plus tôt. Ses traits s'étaient durcis et la barbe n'aidait pas. Toute sa jeunesse semblait avoir été aspirée alors qu'il donnait les documents à Eva. Son corps avait pris de la carrure, du moins du muscle, et lui donnait un torse plus large, des bras et des jambes puissants, son corps était programmé pour son métier et à répondre vite. Oublié le petit garçon empoté.

— C'est une sale affaire et le Ministère veut absolument que ce soit une femme. J'aurais aimé ordonner à Nate ou Philippé de se déguiser mais le Ministre a dit non. Si tu as besoin d'un des idiots, n'hésite pas. Ils n'ont que ça à faire...

— Je suis parfaitement capable de m'en sortir, assura Eva sans une once d'hésitation en venant prendre le dossier.

— Parfait, dehors.

Eva grommela quelque chose d'inaudible mais tourna les talons et quitta la pièce sans autre forme de procès. C'était certain qu'on ne pouvait pas accuser Harry Potter de couver son équipe.

— Encore vivante ? ricana Philippé en la voyant repasser. Il est de quelle humeur ?

— Si je te dis qu'il a souri, tu me crois ? ironisa Eva qui n'avait pas vu l'ombre d'une expression joviale chez Potter.

— Je dirais que cela me ferait encore plus flipper.

— Eh bien il n'a pas souri et je pars en mission, asséna Eva qui entra dans le 3ème et dernier bureau de l'équipe.

— Et pas nous ? grogna le blond en croisant les bras. Favoritisme !

— Genre il est capable de faire du favoritisme, lâcha Kilyan dans son dos avec sarcasme.

— Ce n'est pas faux, à part grogner et soupirer, il ne fait pas grand-chose...

— Je préfère qu'il grogne dans son bureau que contre nous sur le terrain. C'est pire sur le terrain.

Phillipé allait répondre mais une missive arriva jusqu'à lui.

—Dans tous les cas, il est relou, grogna l'homme en retournant à son bureau après l'avoir lue.

Ce n'était pas qu'ils détestaient leur chef. Pas du tout. C'était juste que Harry Potter n'était pas connu pour son amabilité. Pour autant, ils se confiraient leurs vies mutuellement pour les biens d'une mission, sans problème. Parce que l'équipe Snake c'était aussi ça, une étrange famille dysfonctionnelle avec un chef qui ressemblait plus à un hippogriffe comme patriarche.


Harry se laissa aller dans son fauteuil de bureau avec un soupir de fatigue. Il avait mal à la nuque d'avoir passé la journée sur ces stupides dossiers qui ne servaient à rien. Il tenta donc de s'étirer, dévoilant quelques secondes un ventre plat et musclé alors qu'il passait une main sur son visage. Il tira même sur quelques poils de barbe qui commençaient à grandir. Il allait devoir penser à rentrer.

Il jeta un œil à l'horloge simple sur son mur gris et grommela en voyant qu'il était même au milieu de la nuit et que tout le monde devait être parti. Harry n'avait pas vu le temps passer. Peut-être qu'il devrait envisager à dormir ici. Il regarda le canapé défoncé qui était le seul autre meuble dans la pièce, en dehors du bureau et des placards. Il en avait déjà passé tellement de nuits ici qu'il se fit violence et se leva d'un bond. Non, il devait prendre une douche, sortir d'ici. Il enfila sa robe noire, sur son jean et son pull simple, pour partir.

Il quitta à grands pas le bureau, traversa le couloir et arriva jusqu'à une zone de transplanage afin de rentrer dans sa tanière. Un petit appartement tout simple dans un immeuble de trois étages. Une chambre sans décoration, une pièce de vie regroupant salon, salle à manger, cuisine qui satisferait surement un étudiant moldu mais guère plus. Seule la douche vers laquelle il se dirigeait était passable. Une douche, un évier et des toilettes, rien de moins. Si ce n'était une étagère. Harry laissa tomber ses vêtements au sol, dévoilant un corps certes musclé, ferme, mais toujours un peu maigre. Quelques cicatrices se trouvaient ici et là. Une sur la cuisse gauche, une sur le flanc et la dernière sur l'épaule droite. Il ne voulait pas les regarder. À vrai dire, il n'en avait rien à faire. De toute manière, il n'y avait plus personne pour regarder son corps maintenant alors quelle importance à quoi il ressemblait. La seule chose qui comptait était la petite bague sur la chaine autour de son cou qu'il ne quittait jamais. Juste ça.

Il finit par se glisser sous l'eau chaude avec un soupire satisfait. C'était bien un des rares plaisirs qui lui faisaient encore ressentir quelque chose. Ça et peut-être la nourriture de temps en temps. Il était vide de toute façon. Il se demanda vaguement si un jour il ne se réveillerait pas. Juste car il aurait oublié de le faire, son corps ayant arrêté de fonctionner. Même si juste l'idée de fermer les yeux, pour mourir, lui sembla séduisante pendant une seconde, il sortit de la douche après s'être nettoyé et passa une serviette autour de sa taille. Il alla voir dans le désert de son frigo et en sortit un vague morceau de jambon avant d'aller se coucher, comme ça, sans s'habiller.

Il se laissa même tomber dans son lit comme si son corps venait d'arriver au bout de ses forces. Et c'était le cas, en trois jours, il n'avait dormi que cinq heures. Pourtant ses yeux verts fixaient toujours le plafond. Là, sans bouger, dans l'ombre. Tout seul.


C'était un ancien manoir. Il avait appartenu à un mangemort et il avait été déserté à la fin de la guerre, lors de la victoire, sans doute aucun. C'était une ruine inhabitée. Du moins en apparence. De nombreux comptes-rendus avaient laissé penser qu'il y avait de l'animation ici. L'équipe Snake s'y était donc déplacée, sous la coupe d'Harry Potter qui avait mené l'expédition. Ils n'avaient pas été déçus.

D'anciens partisans n'avaient pas tardé à leur tomber dessus, luttant, combattant avec hargne et désespoir. Ils en avaient arrêté trois, cinq s'étaient enfuis, lorsqu'ils entrèrent enfin à l'intérieur du manoir en ruine pour le fouiller. Les mangemorts avaient l'habitude de prendre la poudre d'escampette, que ceux-là se battent à la place les amena à se séparer à fouiner, à la recherche de ce qu'ils avaient pu protéger.

Harry détestait ces missions, tout en les attendant avec impatience. Il les détestait pour les découvertes qu'il faisait souvent : corps torturés, magie noire, etc. Mais il les attendait pour enfin évacuer sa haine sur ces déchets. Il se mit à regarder un peu partout, avant d'entendre Nate dire qu'il avait trouvé un sous-sol. Harry s'y dirigea, comme une bonne moitié de l'équipe, mais il ne trouva que des caisses d'alcool et des cellules vides, bien qu'il y ait plein de sang frais. Pas un seul corps. Rien. Il n'y avait qu'une odeur qui embaumait, lourde, planant par-dessus de celle de moisi, qui prenait à la gorge.

— Chef, hurla soudainement Philippé. On a un problème.

Harry roula des yeux, une main toujours sur sa baguette, l'autre passa dans ses cheveux, agacé.

— Si c'est encore une histoire de cafards, je vous jure que je vous tue tous, dit-il en se dirigeant vers lui.

Mais le blond bouclé ne dit rien en le voyant et montra simplement une des cellules. Il y avait une silhouette à l'intérieur. Le corps était immobile, recroquevillé dans un coin, les vêtements en lambeau qui le couvrait à peine étaient tachés de sang et les trous laissaient voir de nombreuses plaies qui saignaient encore.

— Je crois qu'il est encore vivant, dit Philippé en ouvrant la grille d'un sort.

Harry grogna mais il avait déjà vu ça de trop nombreuses fois pour vraiment se sentir mal. Pour autant, cela continuait à lui serrer le cœur et lui faire pitié. Il entra donc dans la cellule d'un bon pas et s'agenouilla devant l'homme en posant sa main dans un endroit épargné.

— Hé, appela-t-il.

L'homme roula sur le dos, sans même montrer le moindre signe de résistance, les yeux clos, le visage sale encombré de longs cheveux blonds, couvert de sang séché et frais et d'une barbe de plusieurs semaines. Sous toute la crasse, le visage était maigre mais familier. L'homme gémit faiblement, sans force.

— Il y a un cadavre dans la cellule d'à côté, informa Kylian en les rejoignant.

Mais Harry ne quitta pas le visage de l'homme devant lui. Parce qu'il le connaissait. Et pour la première fois, son cœur rata un battement alors qu'il ne se souvenait même pas en avoir encore un.

— Malefoy, murmura-t-il.

— Malefoy ? répéta Kylian en observant l'homme qui avait tout d'une épave. Comme dans Drago Malefoy ? Il est recherché, non ?

Le blond dont il était question ne semblait même pas s'intéresser à ce qui l'entourait, comme si rien ne l'atteignait. Il était juste là, couché, les lèvres craquelées mais entrouvertes laissant échapper une respiration rauque et difficile. Il n'ouvrit même pas les yeux à l'entente de son nom.

— Oui, grogna Harry en se penchant au-dessus de lui, cette fois sans le toucher. Malefoy, tu m'entends ?

Lorsqu'il n'eut aucune réponse, Kylian finit par soupirer.

— J'appelle un médicomage ?

— Préviens plutôt Sainte Mangouste. Je vais l'emmener, déclara Harry en enlevant sa robe. Malefoy, on va t'emmener à l'hôpital et tu seras soigné.

Harry déposa le vêtement sur Drago et ne plus voir ses plaies lui procura un étrange soulagement. Il prit ensuite délicatement ses épaules pour le redresser. Cela tira un glapissement rauque à Drago qui pourtant ne chercha pas à s'échapper de la prise, il ferma juste plus fort les yeux et se recroquevilla sur lui-même.

— J'essaie de contacter Hermione Granger, murmura Kylian en sortant de la cellule.

— Elle va être ravie, grogna Harry en passant un bras dans le dos et l'autre sous les jambes.

Drago était si léger qu'Harry se demanda depuis combien de temps il était ici. Philippé lui maintint la porte ouverte alors qu'il remontait dehors avant de transplaner à l'hôpital en serrant le corps contre lui. Il atterrit aux urgences de Sainte Mangouste où régnait une agitation sans limite, comme toujours. Pourtant une silhouette traversa rapidement le grand hall en direction d'Harry. Hermione Granger l'appela et lui indiqua une salle d'examen vide. Elle s'était affinée avec les années, comme si cela avait été trop dur pour son corps. Les cheveux bouclés attachés en chignon haut fait à la va-vite lui donnait l'air d'une femme débordée qui ne prenait pas le temps de dormir, impression soulignée par les cernes sur ses joues un peu trop pâles.

Après un salut rapide, Harry déposa doucement Drago qui gémit.

— Il n'a rien dit depuis qu'on l'a trouvé. Je ne suis même pas sûr qu'il soit vraiment conscient.

— Il est dans un état, murmura Hermione en faisant un mouvement de baguette avant de le déshabiller.

D'un sort, elle découpa les vêtements en lambeaux, découvrant la peau pâle parsemée de plaies ensanglantées, alors qu'il ne semblait plus avoir que la peau sur les os.

— Tu devrais attendre dehors, Harry, ajouta Hermione alors qu'une infirmière entrait.

— Je vais retourner là-bas voir si je trouve ce qu'ils y faisaient, déclara Harry en se tournant vers la porte. Préviens-moi quand tu as fini.

— Ça marche, acquiesça Hermione déjà penchée sur le corps anéanti.

Harry réapparut devant le manoir et rentra aussitôt pour retrouver son équipe.

— Vous avez trouvé quelque chose ?

— Pas mal d'objets de magie noire, répondit Nate en indiquant ce qu'ils avaient réuni.

— Et l'identité du cadavre : c'était Lucius Malefoy, ajouta Kylian.

— Aucune idée depuis combien de temps ils sont là mais cela devait faire un moment, renchérit Philippé.

— Vous savez pourquoi ?

— Aucune idée, il va falloir rentrer et interroger ces trois-là, affirma Nate en désignant les trois prisonniers inconscients.

— On va faire ça alors, sourit légèrement Harry. Je prends le premier. Eva le second et Nate le dernier. Les autres, cherchez d'autres indices, compris ?

— Oui, acquiesça Kylian.

Philippé le suivit alors qu'Harry prenait le bras du premier prisonnier pour transplaner dans une salle sombre que seule son équipe pouvait utiliser. Il jeta l'homme sur la chaise, unique meuble de la pièce. D'un coup de baguette, il l'attacha et le tourna vers lui alors que l'homme reprenait conscience.

— Vous faisiez quoi là-bas ?

— Interrogé par le grand héro de la nation, ricana l'autre en crachant le sang de sa bouche avec mépris. Quel honneur.

Le visage d'Harry resta tout ce qu'il y a de plus neutre et c'en était presque effrayant alors qu'il levait la main pour l'enfoncer dans une plaie à la cuisse qu'un de ses hommes avait faite. L'homme grogna et serra les lèvres mais releva un regard plein de haine vers Harry.

— Petit auror, tu ne tireras rien de moi. Tu crois me torturer ? Tu crois en être capable ? Votre sens de l'honneur vous empêchera toujours d'être performant en torture.

— Oh crois-moi tu me connais mal, assura Harry. Qu'est-ce qu'il s'est passé avec les Malefoy ?

— Ces lâches ont fui le combat, grommela le mangemort. Tu as aimé ce qu'on a fait d'eux ? Ça, c'est de la vraie torture, dont tu es incapable.

— Sectum sempra, souffla Harry pas plus haut qu'un murmure.

Le mangemort bascula la tête en arrière alors que de nombreuses plaies s'ouvraient sur son corps, il grommela mais ne hurla pas. Il encaissa avec des grognements et finit par ramener son regard plein de mépris sur Harry, indifférent à son sang qui goutait au sol.

— C'est ce que tu as de mieux, Potter ?

Harry leva sa baguette pour arrêter le sort avant de reprendre la parole.

— Pourquoi est-ce que Drago est encore en vie et pas Lucius ?

— Le vieux n'a pas tenu la distance. Il serait vivant si c'était toi qui l'avais torturé, aucun doute là-dessus.

Harry leva un sourcil et s'apprêta à relancer un sort quand une note vola jusqu'à lui. Harry l'attrapa, la lut et se détourna aussitôt du prisonnier.

— Déjà ? s'enquit le mangemort avec un rire gras. Petit joueur.

Harry aurait pu lui dire qu'il n'était pas le centre du monde, que cela n'avait rien à voir avec lui mais cela aurait été lui donner de l'importance alors il sortit sans un mot, pour transplaner aussitôt à l'hôpital. Il se mit donc à la recherche d'Hermione et la trouva dans une chambre, à l'étage et elle sortit en le voyant, refermant la porte derrière elle.

— Tout va bien ? demanda-t-elle en levant son regard chocolat vers lui.

— C'est à lui qu'il faut demander ça, dit Harry en montrant la porte. Qu'est-ce qu'il a ?

— Je répondrais plus vite à la question « qu'est-ce qu'il n'a pas ? ». Que comptais-tu faire de lui, Harry ? Parce que là, il n'est pas près d'être capable de faire ou dire la moindre chose.

Harry grogna aussitôt, en se tournant vers elle.

— Je voulais des informations. Sur ce qu'il se passait là-bas.

— Je ne suis pas certaine qu'il soit capable de dire quoi que ce soit. Harry, il est dans un état lamentable, soupira-t-elle en serrant le dossier entre ses mains. Les plaies ne se referment pas, elles sont l'effet de magie noire et le font souffrir tout le temps. Son estomac est aussi grand que celui d'un nourrisson, preuve qu'il n'a pas mangé depuis des mois. Ils l'ont sans doute maintenu en vie grâce à des sorts nutritionnels qui apportent l'essentiel mais qui ne sustentent pas. Ses yeux ne supportent pas la lumière du jour, ça l'a brûlé quand j'ai analysé ses prunelles. Les seuls sons qu'il a émis sont des gémissements de souffrance. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là-bas mais il est ... loin. Il s'est totalement laissé manipuler.

— Oui, il a fait pareil quand je l'ai pris, soupira Harry. Bien, je vais trouver autrement alors. Son père était mort dans l'autre cellule à côté s'il te demande.

— Je ne suis même pas certaine qu'il ait conscience que tu l'aies sorti de là, même s'il est éveillé.

Cette fois, Harry fronça les sourcils, en se penchant vers Hermione.

— Tu peux faire quelque chose pour lui ou pas ? demanda-t-il un peu abrupte.

— Je vais déjà m'occuper de soigner ses plaies et de le nourrir, acquiesça Hermione.

— Très bien, fais donc ça alors, dit-il en se détournant déjà. Donne-moi des nouvelles s'il y a encore du nouveau.

Hermione hocha la tête sans le retenir et, le dossier toujours dans les bras, le regarda s'éloigner avant de retourner vers la chambre. Harry retourna retrouver le mangemort pour reprendre l'interrogatoire.

Cela dura de longues heures qu'Harry ne vit même pas passer mais l'homme ne dit rien, pas plus que les deux autres. Et cela agaça Harry. Il rentra chez lui au petit matin et jeta rageusement ses chaussures, puis ses vêtements couverts de sang. Il prit une douche pour enlever le liquide rouge sur son visage et ses mains mais lorsqu'il s'assit sur son lit, cinq minutes plus tard, il n'était pas calmé. Le seul problème, c'était qu'il n'était pas sûr que ce soit à cause des mangemorts. Qu'est-ce que Drago avait fait pour être dans un tel état ? Il était si faible, si fragile, pas même une insulte, pas un grognement. Rien, juste de la douleur. Une plaie humaine qui lui rappelait un peu trop son état à l'intérieur. Il jeta sa lampe au sol en s'allongeant dans son lit. Oh il savait bien qu'il ne dormirait pas non plus cette nuit mais au moins, ce n'était pas à cause de ses vieux souvenirs.


Cela promet des choses très joyeuses, n'est ce pas?

A dans deux semaines :D Love sur vous :D