Pairing principal : Stiles Stilinski et Derek Hale
Disclaimer : Aucun des personnages mentionnés ici ne m'appartient, tout revient à Jeff Davis
Crédit image : Geeky-sova
Résumé :
Pour aider son père et mettre un peu d'argent de côté, Stiles décide de travailler dans un magasin de comics, le week-end. Un jour, il fait la rencontre d'une étrange cliente et de son frère, envers lequel il éprouve immédiatement un incroyable sentiment de curiosité et d'attraction.
Notes de l'auteure :
Salut !
Je vous retrouve aujourd'hui pour une toute nouvelle histoire (un Sterek, of couurse) qui comptera en tout 16 chapitres que je publierai chaque semaine.
Il s'agit d'un Univers Alternatif – même si les loups-garous sont présents – dans lequel j'ai vraiment essayé de garder les personnages au plus proche de la série. Scott n'a jamais été transformé et lui et Stiles ignorent tout de l'existence de créatures surnaturelles.
J'espère que cette histoire vous plaira !
Bonne lecture :)
Chapitre 1
« J'y crois pas, tu dors encore ? »
Stiles ne fut pas vraiment surpris par la voix de son ami mais ne leva pas les yeux vers lui, préférant étendre les muscles endoloris de ses bras et de son dos. La journée avait été rudement longue et il mourait d'envie de se relaxer sous une douche brûlante.
« Tu sais que tu vas finir par te faire virer si on continue à te surprendre en train de ronfler sur le comptoir ? » insista Scott, l'avant-bras posé près de la caisse, ses mains disparaissant presque sous les manches de son blouson.
« D'abord… » présenta Stiles en levant un premier doigt, « Je ne dormais pas, je reposais simplement mes yeux. Ensuite, tu es juste jaloux de ne pas avoir envoyé ton CV et de pouvoir ainsi obtenir de l'argent en faisant ce que tu aimes. Je suis plus futé que toi, fais-toi une raison. »
Stiles avait en effet décidé de postuler pour un petit job, à côté de ses cours au lycée et avait été étonné puis ravi de découvrir que le magasin de comics du centre-ville cherchait quelqu'un pour tenir la boutique le samedi. L'exposé qu'il avait préparé afin de convaincre l'employeur de le choisir n'avait pas servi à grand-chose. Ce dernier semblait tellement désespéré à l'idée de trouver une personne motivée et volontaire qu'il ne perdit pas de temps à avouer à Stiles qu'il pouvait commencer tout de suite. Ce n'était pas le boulot le plus captivant du monde. Les passionnés de bandes dessinées se faisaient de plus en plus rares et si les quelques réalisations cinématographiques des dernières années avaient réussi à en emballer certains, il s'agissait surtout de curiosité passagère. Les visites étaient bien plus importantes que les réels achats. Mais Stiles n'allait certainement pas s'en plaindre. Il avait eu de la chance de tomber sur une belle opportunité qui lui permettait de concilier devoirs, job à mi-temps, la tête dans les bouquins et week-end de jeux vidéo.
Même s'il peinait à l'avouer, cet endroit lui permettait aussi de rencontrer du monde et de sortir un peu de sa zone de confort. Scott et lui n'étaient pas vraiment ce qu'on pouvait qualifier de « jeunes dans le coup ». Le nombre de fois où ils avaient été invités à des fêtes se rapprochait de zéro. Mais Stiles s'y était habitué et il ne lui était aujourd'hui pas difficile de passer plusieurs jours, enfermé chez lui, devant l'ordinateur, avec de quoi grignoter jusqu'au prochain matin. Il n'en était pas très fier mais préférait parfois se faire plus discret et éviter une énième humiliation sociale. Ce qui n'était pas vraiment le cas de Scott, celui-ci essayant vainement de s'immiscer dans ce cercle si restreint des élites de leur école, un système hiérarchique que Stiles répugnait au plus haut point.
La dernière fois qu'il était rentré en pleurant chez son père, ce fut lorsque Lydia Martin refusa publiquement le présent qu'il avait choisi de lui offrir pour son anniversaire. Il avait cotisé durant des mois afin de lui présenter un bijou qu'elle aurait été susceptible de juger suffisamment digne d'elle. Résultat des courses, il était revenu avec un cadeau qu'il lui était impossible de ramener en boutique pour remboursement, une réputation encore plus amochée et le cœur réduit en miettes.
Il s'était promis de ne plus jamais laisser une chose pareille lui arriver. Ce qui n'était pas vraiment compliqué, étant donné qu'il attirait la gente féminine comme l'obscurité attirait les papillons. Sa vie amoureuse ressemblait davantage à un désert aride, chaud et sec. Mais il avait son père. Il avait Scott. Et tout une série de livres et de jeux sur lesquels se focaliser pendant des heures et des heures.
« Pas sûr que ton patron soit gagnant au final si son employé passe ses heures de service à roupiller tranquillement. Je croyais que tu avais décidé de te coucher plus tôt ? » le sermonna légèrement son ami et Stiles haussa les épaules, l'air de dire que cette règle était plus dure à tenir qu'il ne l'aurait voulu.
« Et moi, je croyais que tu étais censé passer la soirée avec Kira ? »
Le visage de Scott s'assombrit brièvement avant qu'il ne soupire lourdement, s'affaissant contre le meuble.
« Elle passe le week-end chez sa grand-mère. »
« Comment allez-vous tenir deux jours, sans vous voir ? » demanda sarcastiquement le brun, conscient qu'il était presque impossible de voir l'un sans l'autre.
Il ne connaissait pas bien Kira mais elle semblait être une fille chouette, lui lançant des sourires timides, la plupart du temps ou étant cachée à la bibliothèque, derrière d'énormes livres d'histoire. Il n'aurait jamais cru que Scott se remettrait de sa rupture avec Allison, pas après les mois qu'il avait passé à tenter de le consoler, de le convaincre qu'il finirait par trouver quelqu'un d'autre. Ils étaient sortis ensemble pendant près d'un an, cumulant les ruptures et les réconciliations mais Stiles avait bien vu que dans les yeux de son ami, elle était la bonne, celle avec qui il se voyait déjà même peut-être emménagé. Mais les choses s'étaient compliquées et Stiles s'était retrouvé avec un Scott en larmes, le nez dégoulinant, dans les bras.
« J'en sais rien, mec. Ma mère veut que je profite de l'occasion pour passer un peu de temps avec elle. Elle a parlé d'un film avec Richard Gere. »
Stiles grimaça et lui tapota l'épaule, magnanime.
« Courage. Avec un peu de chance, elle te croira si tu lui dis que tu as des devoirs à finir. »
« Mais ça n'arrive presque jamais. » contra-il, fronçant quelque peu les sourcils.
« Euh, en vérité, ça arrive quasiment tout le temps, Scotty. Pas étonnant que ton emploi du temps soit aussi léger si tu ne prends même pas le temps de noter le travail qu'on a à faire. »
« Pourquoi je m'embêterais ? Tu es toujours là pour me rappeler ce que je dois potasser. » répliqua simplement le jeune homme et il le fit d'une manière si naturelle et ordinaire, reconnaissant sans hésitation que Stiles était celui qui le maintenait à flots, que Stiles sentit son cœur se serrer.
« Oh, je t'aime aussi, mon pote. » minauda-t-il, se rapprochant pour passer ses bras autour de ses épaules mais Scott se déroba. Leur accolade attira les regards des clients présents.
Peu importait que son ami soit un peu fleur bleue ou qu'il ne se concentrait pas autant qu'il le devrait sur ses dissertations, Stiles ne le changerait pas.
Scott déposa son sac à dos sur le sol, s'empara d'une BD et s'installa dans un fauteuil à reliures rouges, tout près de lui. Stiles, quant à lui, rouvrit le cours qu'il avait abandonné pour s'accorder une courte sieste mais aucun d'eux ne prêta vraiment attention à ce qu'ils lisaient, s'arrêtant pour partager une anecdote, peu touchés par le fait qu'ils étaient bien plus bruyants qu'ils ne devraient l'être.
« Excusez-moi. »
Faisant volte-face, Stiles se dépêcha de s'occuper de la femme qui se présenta devant lui, les bras chargés de revues, leurs Unes révélant des super-héros aux costumes moulants et colorés. Il essaya de ne pas laisser apparaître l'ahurissement sur son visage, sachant qu'il devait probablement s'agir de la plus grosse commande qu'il lui avait été donné de faire depuis qu'il travaillait ici. La cliente ne parut pas dupe, néanmoins, se contentant de le regarder d'un air morne et de déclarer :
« J'ai cinq garçons. »
Stiles sourit et lui rendit sa monnaie avant de jeter un coup d'œil vers sa droite, Scott riant derrière son livre.
Lorsqu'il fut presque huit heures du soir, Scott se prépara pour aller rejoindre sa mère, passant d'abord à l'épicerie afin d'acheter des piles neuves pour la télécommande du salon. Stiles, s'il fut un peu déçu de son départ, ne laissa rien paraître et adopta plutôt un air canaille.
« Tu serais gentil de me rapporter un sandwich, en passant. »
« Ne rêve pas éveiller. » rit Scott depuis la porte qu'il garda entre-ouverte, presque entièrement dehors.
« Allez, quoi, je meurs de faim, » Stiles gémit, ayant dû sauter le déjeuner après avoir failli arriver en retard au boulot. « Tu ne m'abandonnerais pas sciemment dans cet état-là, pas vrai ? Pitié. »
« C'est vraiment parce que ton père me tuerait si je te laissais pour mort », souffla l'autre, avant de s'enfuir, n'ayant pas le temps d'observer le signe victorieux que Stiles lança en l'air, encore une fois peu soucieux de l'image qu'il laissait aux quelques visiteurs.
Il réussit à imprimer une bise sur la joue de Scott quand ce dernier revint pour le nourrir et s'esclaffa lorsqu'il tenta de s'essuyer vigoureusement avec sa manche, l'air faussement dégoûté. Le reste de la soirée se passa, comme à l'accoutumée, plutôt calmement. Les éventuels curieux que Stiles pouvait avoir, majoritairement adolescents, étaient probablement occupés à l'extérieur, profitant de leur samedi soir pour s'accorder des sorties entre amis. Il alluma la radio, chercha une station dont les chansons lui plaisaient et laissa les sons envahir la pièce en musique de fond.
Le ventre désormais plein, il entreprit de commencer le rangement du magasin, ramassant les revues que des enfants avaient fait tomber par terre, ne prenant pas la peine de les remettre à leur place. Il passa une serpillère dans l'arrière-boutique et réajusta la tête de gondole avec leurs derniers arrivages, dans le but de la rendre la plus attractive possible. Quand il estima qu'il avait fait du bon travail, il termina l'inventaire et vérifia le contenu de sa caisse.
Lorsqu'il fut temps pour lui de quitter à son tour les lieux, Stiles agrippa son sac et sa veste fébrilement, ferma les volets et sortit, comme toujours, par la porte arrière, qu'il verrouilla. Sa voiture était la seule présente sur le petit parking et il s'y installa, tremblant sous la fraîcheur des sièges. Il enclencha le chauffage, frotta ses mains l'une contre l'autre et se dirigea vers chez lui. Son père était encore au bureau et le silence qui l'accueillit en rentrant fut lourd mais pas étranger. Comme il s'y était attendu, la douche qu'il prit lui fit le plus grand bien.
Il passa presque toute sa nuit derrière son écran, enchaînant les épisodes d'une série les uns après les autres, allant se chercher un en-cas quand la faim se réveilla à nouveau. Ses yeux le picotaient et il percevait la fatigue jusque dans ses membres mais il résista jusqu'à ce qu'il ne tienne plus, finissant par s'endormir dans les alentours des quatre heures et quart. L'ordinateur encore en charge, il le décala mollement sur le côté et s'enfonça sous les couettes. Quelques heures plus tard, le claquement sourd de la porte d'entrée fit office de réveil et il grogna avant de sortir la tête de l'oreiller.
Descendant les escaliers avec lenteur, les yeux à moitié fermés, Stiles rejoignit son père, déjà assis dans la cuisine, un petit sourire lui plissant le coin de la bouche à la vue de son fils.
« Nuit agitée ? » demanda-t-il derrière sa tasse de café et Stiles lui répondit en marmonnant dans sa barbe.
« Pourquoi est-ce que tu continues à boire ça ? » s'inquiéta l'adolescent en pointant du doigt la carafe de liquide fumant. « Tu ne pourras pas fermer l'œil. »
« Tu verras qu'à mon âge, il te sera impossible d'abandonner certaines habitudes. »
« Mouais, pas sûr que ça soit vraiment une question d'habitude. Je dirais plutôt de l'obstination. »
« Comment s'est passé ta soirée ? » s'intéressa Noah et Stiles n'ignora pas qu'il tentait de changer le sujet de leur discussion. Il le laissa faire malgré tout, sachant qu'il remettrait bien assez tôt la question sur le tapis.
« Plutôt paisible. Et la tienne ? »
« J'ai dû arrêter une bande de jeunes alcoolisés sur la voie publique. Ils étaient sept et sacrément enthousiastes. Parrish a reçu un bel œil au beurre noir, en signe de reconnaissance. » Son père l'informa, des rides formant des vagues sur son front. « Dis-moi, on a bien eu cette discussion sur les dangers de l'alcool et des substances illicites, toi et moi, hein ? »
« Un bon millier de fois, papa. »
« C'est ce que je me disais. Et donc, tu es certain… »
« De ne pas avoir besoin d'une piqûre de rappel ? Absolument. »
« Bien. »
Noah avala une nouvelle gorgée de café et ils restèrent tous les deux silencieux, se remémorant sûrement la première fois qu'ils en avaient discuté. La conversation avait alors ensuite dévié vers d'autres thèmes, comme celui de l'entrée dans l'adolescence, de l'ébullition des hormones et de la nécessité de l'utilisation de préservatifs. Stiles frissonna. Ce fut un moment douloureux et terriblement embarrassant pour chacun d'eux. Levant la tête, il croisa le regard de son père et ils pouffèrent avant de se détendre, s'avouant volontiers qu'y repenser avait quelque chose de plutôt amusant.
Stiles n'eut pas besoin de préparer le petit-déjeuner, son merveilleux paternel étant passé à un diner sur le chemin du retour et il ouvrit la boîte que celui-ci lui tendit. Il mangea la moitié de ses pommes de terre, des saucisses et du bacon, s'enfila un verre de jus d'orange et entreprit de faire la vaisselle.
Plus tard, quand son père partit se coucher et qu'il somnolait lui-même devant le poste de télé, la sonnette d'entrée retentit et Stiles s'empressa de répondre, peu désireux de couper le sommeil de son père qui ne dormait déjà pas suffisamment à son goût. S'attendant à entendre quelqu'un dans le couloir, il souffla quand il constata que ce ne fut pas le cas et ouvrit la porte. Avant de rester bouche-bée face à la personne qui se tenait devant lui.
« Alors, tu ne m'invites pas à entrer ? »
« Euh, si. Si, bien sûr. »
Laissant la jeune fille se faufiler à l'intérieur, Stiles referma la porte et contempla celle dont tout le monde savait qu'elle n'avait pas la langue dans sa poche, lui rendre son regard, une expression malicieuse scotchée sur le visage.
« Voici donc la maison du shérif. Sympa. »
Erica Reyes ne faisait pas vraiment partie de son cercle d'ami. Passée de l'ombre à la lumière en l'espace d'un été, elle était devenue une sorte de nouvelle égérie pour les mâles de son lycée, après avoir passé l'essentiel de sa scolarité à raser les murs pour ne pas subir les moqueries d'idiots prépubères. S'il avait discuté plusieurs fois avec elle avant qu'elle ne change subitement, du tout au tout, il lui était aujourd'hui beaucoup plus difficile de tenir une discussion avec elle, sa transformation aussi bien physique que mentale le mettant hautement mal à l'aise. Elle s'en amusait beaucoup, d'ailleurs, la plupart du temps.
« Désolé si je parais impoli mais… qu'est-ce que tu fais ici ? »
Erica le jugea un instant, l'observant de long en large, comme si elle cherchait à savoir s'il méritait qu'elle lui réponde avant de déclarer :
« Devoir d'histoire, projet commun, note coefficientée, ça te parle ? »
« Je croyais qu'on avait prévu de se voir à la bibliothèque ? » l'interrogea-t-il, se grattant furtivement l'arrière de la tête, se rappelant précisément de leur conversation et de leur décision de se retrouver là-bas.
« Je passais dans le coin. »
Stiles ne crut pas vraiment à son excuse et plissa les yeux, perplexe.
« Comment est-ce que tu sais où j'habite ? »
Elle rit brièvement avant de s'asseoir sur son canapé, les jambes croisées, et un bras posé sur le dos du canapé.
« T'es le fils du shérif, tout le monde ici sait où tu vis. »
Choisissant d'accepter cette réponse, plutôt effrayante, sans rétorquer, il dansa un moment sur ses pieds, ne sachant que faire, gêné dans sa propre maison, alors qu'Erica l'observait depuis son siège.
« Tu veux… Alors, tu veux travailler maintenant ? »
Le regard qu'elle lui envoya lui donna l'impression d'être un imbécile.
« A part si tu as autre chose en tête. »
Ni l'insinuation ni le ton qu'elle employa, ne passèrent inaperçus et Stiles secoua vivement la tête, presque apeuré, conscient de la présence de son père à l'étage.
« Non. Non, non. Pas d'autres idées. Pas d'autres idées du tout. Travailler. C'est très bien. »
Il l'invita à s'installer sur la table de la salle à manger – hors de question qu'ils se retrouvent tous les deux à bosser dans sa chambre – et il la laissa sortir ses affaires, tandis qu'il partit récupérer les siennes dans son bureau. S'il n'avait rien contre Erica, la perspective de devoir rendre un sujet avec elle comme partenaire ne le réjouissait guère. D'abord, car il avait espéré que son professeur l'associerait avec Scott. Mais malgré ses regards lourds de sens et ses mains jointes, ce dernier préféra le mettre avec une autre fille du club de musique. Mais aussi et surtout car il ne la connaissait pas, et qu'elle ne le connaissait pas non plus. Or, le plus souvent, les gens avaient à tendance à s'enfuir en découvrant les interstices de sa personnalité.
« Tu veux boire quelque chose ? »
Après s'être emparé de deux canettes de coca dans le frigo, il s'assit en face de la jeune fille, attrapa un stylo et un surligneur et se concentra sur ses feuilles. Etrangement, leur séance de réflexion se passa sans encombre, Erica semblant particulièrement intéressée par ce qu'ils faisaient, n'émettant plus de déclarations douteuses ou de blagues graveleuses. Alors, Stiles se détendit doucement. Elle était toujours un peu particulière et étonnement directive mais sa façade de fille superficielle s'effaça quelque peu pour laisser apercevoir autre chose. La fin de matinée s'écoula plutôt rapidement et Stiles lui proposa le reste des lasagnes de la veille, qu'Erica accepta sans broncher.
Leur déjeuner ne resta pas longtemps silencieux car la blonde se pencha bientôt sur la table pour le fixer de ses yeux bruns.
« Tu es moins ennuyant que ce que je m'étais imaginée. »
« De quoi tu parles ? » siffla Stiles, piqué malgré lui par la critique soudaine.
« Je veux dire… Toi et McCall, vous êtes plutôt… Enfin, tu vois quoi. »
« Non, en fait, je ne vois pas ce que tu veux dire, Erica. » Stiles s'entêta, refusant de participer, à demi-mots, à ce qu'il savait déjà être une sorte de jugement.
« Des siamois. Toujours collés ensemble ? Prisonniers de votre bulle ? C'est à peine si on peut parler avec l'un sans que l'autre n'intervienne. »
« On… » il bredouilla, perdu, parce que c'était comme si elle ne comprenait pas pourquoi Scott et lui étaient tellement à part, pourquoi ils ne perdaient plus leur temps à essayer de se faire une place parmi les plus grands du lycée.
Elle aurait dû le savoir, pourtant, mieux que personne. Savoir que ne pas être populaire signifiait accepter une vie passée dans l'ombre, à espérer que personne ne leur marcherait dessus pour mieux se déployer.
« C'est inattendu. Mais assez satisfaisant. » déclara-t-elle mystérieuse et Stiles n'eut vraiment aucune idée de ce qu'elle entendait par là. « Pas que tu ne restes pas au fond un gamin chétif, aux t-shirts trop larges. »
« Que… Quoi ? »
« J'ai un bus à prendre. Quand est-ce que tu es libre pour qu'on remette ça ? »
Ils s'accordèrent pour un nouveau rendez-vous, dont Stiles s'assura qu'il se passerait bel et bien à la bibliothèque de leur établissement. Il était encore un peu sonné, ne sachant si la précédente déclaration de la jeune blonde indiquait qu'elle l'appréciait un tant soit peu et il resta devant la porte, pas vraiment à l'aise avec les « au revoir ». Elle lui facilita cependant la tâche, enfonçant son poing dans son épaule avec une force qui le fit sursauter, au point qu'il la frotta pour éloigner la douleur. Puis, elle lui envoya un clin d'œil avant de déguerpir dans son allée.
Fermant la porte, il retourna s'assoir à la table, dans le but de remettre un peu d'ordre. Mais soudain, son cœur manqua plusieurs battements lorsque la voix grave de son père s'échappa des escaliers. Stiles le découvrit les cheveux ébouriffés et un trou dans le bas de son pantalon de pyjama.
« Je crois finalement qu'il va falloir qu'on ait à nouveau cette conversation, fils. »
Stiles claqua son front contre la table dans un bruit sourd.
O
Le lendemain, à l'heure du déjeuner, Stiles, le plateau chargé, écoutait Scott de manière distraite, trop concentré sur le plat sur lequel il mourrait d'envie de se jeter. Son ventre avait en effet commencé à grogner depuis sa première heure de cours. Scott, presque collé à Kira qui essayait de retirer les carottes de son entrée, son allergie l'obligeant à se passer de cet aliment, était en train de lui raconter la bagarre dont il avait été témoin un peu plus tôt, d'un air beaucoup trop excité à son goût.
« T'aurais dû voir ça, mec. Angela Barking, presque à terre, le nez en sang. Elle avait le nez en sang. » s'écria-il comme s'il n'avait jamais contemplé le liquide rougeâtre et épais auparavant.
« Quelqu'un l'a emmené à l'infirmerie ? »
« Ouais, ouais. » étaya Scott, comme si Stiles tentait de s'éloigner du réel sujet. « Elle n'a pas versé une larme, cette fille est une force de la nature. Je crois qu'elle réussirait à s'en sortir même écrasée sous un immeuble. »
Angela Barking était la meilleure joueuse de lutte de leur lycée et si Scott disait qu'elle avait été bien amochée, c'était que ça avait dû être un sacré spectacle.
« Je ne peux pas croire que t'aies raté ça. »
« On amenuise toujours les effets néfastes que peut engendrer une petite vessie. »
Ce n'était pas comme si l'occasion ne risquait pas de se représenter. Il y avait presque autant de disputes que d'heures de cours dans ce bahut et leurs professeurs étaient devenus des sortes de négociateurs en herbe, concernant les situations tendues. Levant la tête de son assiette, Stiles le regretta amèrement lorsqu'il surprit les regards amourachés que se lancèrent les deux tourtereaux assis en face de lui. Grimaçant, il ne put s'empêcher d'être quand même heureux pour son meilleur ami, qui paraissait maladivement aux anges. Sans se rendre compte qu'une personne s'était faufilée derrière lui, Stiles émit une sorte de jappement, la main sur le cœur. Le sourire d'Erica lui donna l'impression que lui faire peur avait été son intention première.
« Qu'est-ce que… »
« Salut. »
Jetant des coups d'œil à droite et à gauche, Stiles chercha à analyser la situation rapidement, s'imaginant déjà être l'objet d'une farce, seule raison qui expliquerait le fait qu'Erica choisisse de s'afficher avec eux. Mais aucun élève ne les regardait avec moquerie, ce qui ne lui permit pas de se détendre pour autant.
Sans explication, elle recula la chaise à sa gauche et s'y assit, ouvrant son sac pour y retirer Stiles ne savait quoi. Scott observait la jeune fille, la bouche grande ouverte et les yeux ronds, ce qui ne fit qu'augmenter la panique du brun.
« Erica, tu as besoin de quelque chose ? » chercha-t-il à demander, poliment.
« Je sais qu'on avait dit qu'on se retrouverait jeudi pour travailler mais j'ai fait quelques recherches et je crois que je m'en suis pas mal sortie. »
Elle aligna une rangée de feuilles de brouillon sur la table et Stiles hésita avant de se pencher dessus.
« Je ne te demande pas de les commenter maintenant, Einstein. » Elle leva les yeux au ciel. « Emporte-les chez toi et dis-moi ce que tu en penses ensuite. Voilà mon numéro. »
Stiles attrapa le bout de papier qu'elle lui tendit de façon automatique, avant qu'un frisson intense et électrique ne lui traverse le dos. Tournant la tête telle une girouette, analysant l'ensemble de la salle, il finit par repérer ce dont il avait si peur, déglutissant avec peine. Isaac et Boyd, deux autres élèves, et dont le dernier n'était autre que le petit-ami d'Erica l'examinaient avec soin depuis leur table et Stiles aperçut sa vie défiler sous ses yeux. Qu'allait donc penser le garçon si sa copine lui glissait sans remords son numéro dans les mains ? L'expression du jeune homme était neutre mais Stiles imaginait déjà des images de lui-même, laissé dans une allée, le corps ensanglanté.
Il était tellement estomaqué qu'il ne remarqua même pas que la jeune fille avait déjà disparu et que Scott secouait une main devant son visage, l'air aussi ahuri que lui.
« Erica Reyes ? Tu essayes de sortir avec Erica Reyes ? »
« Chut, parle-moi fort abruti. Et puis, qu'est-ce que tu racontes, je n'essaye pas de sortir avec elle. »
Mais c'était comme si Stiles n'avait rien dit car Scott s'enfonça ensuite sur son siège, sifflant d'admiration.
« Tu te rends compte que Boyd va te réduire en miettes ? » Scott enchaîna, ignorant ses paroles.
« T'as entendu ce que je viens de te dire… »
« Il fait au moins deux mètres dix et toi… bah, t'es intelligent. »
Stiles, dans sa panique, fut reconnaissant que Scott ne fasse pas étalage de son physique incommodant, réfléchit deux secondes, avant de questionner d'une voix incertaine :
« Tu crois vraiment qu'il va vouloir me faire la peau ? »
« Tu t'es affiché avec sa copine. Il souhaite certainement ta mort de la manière la plus lente et douloureuse possible. Mais t'en fais pas, je gère la situation. » lui sourit son ami. « Ecoute-moi bien, tout ce que tu as à faire, c'est de feindre un évanouissement. »
« Un évanouissement, Scott ? »
« Oui, tu fais semblant de tomber dans les pommes et le tour est joué. Il n'osera jamais toucher un mec déjà à terre. »
« C'est ça ta solution ? » s'indigna Stiles. « Que je m'humilie devant tout le monde en perdant connaissance avant même que le gars ait posé la main sur moi ? »
Scott se contenta d'hausser les épaules, comme si Stiles ne comprenait pas le génie de sa proposition et ils auraient certainement continué à argumenter si Kira ne les avait pas interrompus.
« Tu n'as pas à t'en faire, Stiles. » l'apaisa-t-elle, d'un ton doux. « Je connais Boyd et c'est un garçon très bien. Erica a dû lui dire qu'elle viendrait te voir, je suis même sûre qu'il a une confiance totale en elle. Il n'a aucune raison de vouloir te faire du mal. C'est vraiment quelqu'un d'adorable. »
Elle continua ensuite à trier son repas, Stiles pas tout à fait rassuré pour autant. Il écouta vaguement Scott demander à sa copine d'un ton implorant ce qu'elle entendait par adorable et depuis combien de temps ils étaient devenus si proches. Il les laissa discuter, priant intérieurement pour que Vernon Boyd ne soit pas déjà en train de planifier son assassinat.
Mais les jours passèrent et Kira sembla avoir raison. Aucune ombre ne tenta de se faufiler derrière lui, sur le chemin qui le menait à la maison. Sa voiture ne prit pas feu subitement, les freins ne lâchèrent pas après avoir été trafiqués. Il ne s'empoisonna pas non plus après avoir ingurgité son déjeuner. Et ce ne fut que lorsque le week-end arriva qu'il fût presque certain que Boyd ne viendrait finalement pas lui lancer un duel à mort pour la main d'Erica.
Se levant tôt le samedi matin, Stiles eut le temps de terminer tous ses devoirs et ouvrit la boutique, sans se dire qu'il passerait tout son dimanche, le nez fourré dans les bouquins. Lui et sa nouvelle partenaire de travail eurent même l'occasion de se voir à nouveau pour bosser et il fut particulièrement satisfait de toutes les recherches qu'elle lui fournies. Pas qu'il s'était attendu à ce qu'elle ne fiche pas grand-chose. Disons juste qu'elle n'aurait pas été la première à lui faire ce coup bas.
La cloche de l'entrée du magasin retentit pour la première fois mais il n'y prêta pas vraiment attention, continuant à s'occuper sur son téléphone. Puis, il encaissa huit clients d'affilée et se dit qu'il s'agissait d'une bonne journée pour la boutique.
Mais bientôt, la sensation d'être observé procura à Stiles des picotements dans le corps. Il découvrit près du comptoir, une jeune fille dont le visage lui était totalement étranger, les cheveux sombres et les yeux d'une couleur si claire qu'ils donnaient l'impression d'être de l'eau liquide. Son regard était intense, comme si elle ne croyait pas à ce qu'elle voyait et Stiles s'interrogea, pensant qu'il devait avoir une tâche d'encre sur la figure. Mais les émotions qui traversèrent ses pupilles furent si différentes qu'il peina à croire que ce fut la seule raison. Effarement, peur, perplexité, questionnement. Se jetant à l'eau, Stiles mit fin à ce drôle d'échange.
« Bonjour. Est-ce que je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose de particulier ? »
Elle sembla sortir d'une transe, secoua la tête, et lui offrit un sourire blanc, presque écarlate et Stiles la trouva drôlement jolie.
« Je crois bien que oui. Attendez une seconde, je… Derek. » Elle appela d'une voix plus forte, « Je crois que j'ai trouvé notre sauveur. »
Derrière elle, émergea un garçon, ou plutôt un homme, si Stiles était honnête aucun élève de son lycée ne ressemblant à ce spécimen. Il n'avait rien à envier à Boyd, était grand et sombre, dépassant de presque une tête la cliente qui l'avait regardé si étrangement. Mais il y avait quelque chose d'autre, quelque chose de presque dangereux s'échappait de lui, comme s'il s'agissait d'un animal qui risquait de mordre si jamais on l'approchait. Stiles essaya de le rassurer en lui lançant un sourire, auquel l'homme ne répondit pas, le visage impassible. Tout, de sa figure à sa posture, évoquait l'obscurité. Il avait les traits si serrés que lorsqu'il plaça ses poings sur le comptoir, Stiles les imagina aisément s'abattre contre sa mâchoire.
« Nous cherchons un cadeau pour l'anniversaire de notre petite sœur » expliqua la jeune femme qui, visiblement, n'avait pas conscience du malaise dans lequel Stiles se trouvait, ni avec quelle dureté celui qui se prénommait apparemment Derek, claquait son regard sur le sien. « Et elle adore ce genre de trucs. » Elle rajouta en lançant un signe désinvolte vers les étagères.
« Je peux vous proposer notre dernière collection. On devrait recevoir le reste dans le courant de la semaine prochaine. » Stiles leur indiqua en les menant vers l'exposant.
Derek ne bougea pas, restant en arrière et Stiles chercha à ne pas se sentir vexé, se concentrant sur la jeune femme, qui faisait de son mieux pour paraître intéressée. Elle lançait parfois des coups d'œil derrière elle, comme si elle espérait faire venir l'homme par la seule force de ses pensées. Stiles resta professionnel, laissant ce sentiment étrange de côté et se concentra sur sa mission : venir en aide auprès d'une cliente en détresse.
« C'est vraiment gentil de votre part, mon frère et moi ne nous y connaissons vraiment pas dans ce domaine. Cora a essayé de nous parler de Shield, des Avengers et de quelque chose d'autre qui sonnait comme Adra ou Cobra. On a vite été perdus. »
« HYDRA. » la corrigea gentiment Stiles avec un petit sourire.
« Oui, c'est ça. » Elle rit, claquant des doigts. « Mais je suis prête à faire des efforts. J'ai vu tous les Captain America. » Elle confia, fièrement.
« C'est plutôt un bon début, et si vous le voulez, je peux même vous aidez à intensifier votre entraînement. »
S'emparant d'une feuille de papier, il s'enquit de lui expliquer, aussi vite qu'il le put, les grandes lignes de ce qui représentait pour lui une œuvre cinématographique – oui, il en faisait un peu trop – et les films qu'elle devait absolument voir, si elle souhaitait obtenir une compréhension globale de la saga. Selon lui, leur sœur serait d'autant plus ravie de réaliser que sa fratrie avait fait l'effort de comprendre ce qui lui plaisait tant, s'engageant alors ensemble dans des discussions à n'en plus finir. Quand il eut terminé, elle le remercia chaleureusement, abandonnant le vouvoiement et l'enlaçant furtivement. Gêné, Stiles lui tapota le dos maladroitement.
« Passez une bonne journée. »
Elle lui rendit son salut, et bouscula son frère pour qu'il en fasse de même mais ce dernier s'effaçait déjà, soulagé de pouvoir enfin déguerpir au plus vite. Stiles se retrouva alors seul, se demandant ce qu'il avait bien pu faire pour engendrer une telle animosité, au premier regard. Soupirant, il referma sa caisse d'un claquement sec et pria pour que le reste de sa soirée se déroule sous de meilleurs augures. Cinq heures plus tard, ses prières furent exaucées lorsqu'un Scott tout excité débarqua pour sa pause avec deux sacs de nourriture thaï. L'homme et ses yeux trop clairs furent aussitôt oubliés.
Alors, qu'en avez-vous pensé ? Quels sont vos avis sur ce début d'histoire ? J'ai hâte de vous faire découvrir le reste !
Bon week-end et à la semaine prochaine !
