Les Jolis Pitits Dessins

que l'on griffonne quand on s'emmerde…

Epilogue

Comment choquer Dumbledore.

Ce fut un boucan monstrueux qui réveilla Severus le lendemain matin, alors qu'il avait l'impression de n'être endormi que depuis quelques instants. Visiblement on se bagarrait juste derrière la porte de ses appartements. Il tendit l'oreille, à moitié dans les vapes.

- JE VOUS DIS QU'IL N'EST PAS REVENU DEPUIS HIER SOIR, piaillait une voix hystérique, IL L'A TUE, PROFESSEUR, IL L'A TUE!!!

- Calmez-vous, miss Granger. Et laissez-moi essayer d'ouvrir cette porte.

- HARRY!!!! gueula une autre voix, masculine celle-ci. HARRY, TU ES LA??!!! ("BOM BOM BOM" fit la porte) T'INQUIETE PAS, ON ARRIVE!!!

- Monsieur Weasley… pardon… Minerva, pourriez-vous essayer de les tenir un peu à l'écart? Merci… Alohomora!

Chboum. Des pas résonnèrent dans son bureau en direction de sa chambre, et il se redressa en tentant de reprendre ses esprits juste comme la porte s'ouvrait.

- Severus, déclara Dumbledore en apparaissant, navré de vous déranger, mais visiblement Harry n'a pas regagné son dortoir hier soir et je voulais vous demander si… vous… saviez…

Severus sentit un mouvement contre lui, tandis que Dumbledore se figeait en face du lit, les yeux exorbités. Se retournant, il avisa à son côté un Potter tout aussi nu que lui qui s'ébouriffait les cheveux en clignant des yeux.

- … où… il était? termina le Directeur.

- HARRY, CA VA??!!! TU ES VIVANT??!! PROFESSEUR, QU'EST-CE QU'IL Y A??!!! continuaient les voix de l'autre côté de la porte.

- MON DIEU IL L'A TUE!!! IL L'A PEUT-ETRE MEME TORTURE!!! HARRYYYYYYYYY!!!

Severus regarda son vieil ami qui ouvrait et fermait spasmodiquement la bouche comme un strangulot à l'air libre. Puis il regarda Potter qui jetait un coup d'œil un peu perdu autour de lui. Puis il re-regarda Dumbledore.

- Il est là, répondit-il sur le ton de l'évidence.

L'adolescent avisa à son tour le vieux sorcier et sourit timidement.

- Heu… hello?

Et alors – et alors Dumbledore rougit. Severus observa avec intérêt la vague de chaleur d'un beau rouge brique gagner lentement mais sûrement le visage du Directeur, envahir sa gorge, son menton, ses joues, son nez – déjà rouge mais à présent d'un beau vermillon – et atteindre son front, offrant un joli contraste avec sa longue barbe blanche. Il commençait à se demander si le vieil homme n'allait pas faire un infarctus – on a beau être sorcier, on n'est pas à l'abri d'un truc comme ça – mais Albus se contenta de faire brusquement demi-tour et de sortir en fermant vivement la porte. Severus échangea un regard avec le morveux et ils écoutèrent attentivement.

- PROFESSEUR!!! ALORS?!! HARRY?!!

- IL EST VIVANT, DITES?? CE BATARD NE LUI A RIEN FAIT???

Potter ricana légèrement à côté de lui.

- Chut! murmura Severus.

- …hum… non… il va bien… euuuuh… bon, retournez dans vos dortoirs maintenant je vous préviendrai…

- MAIS HARRY??!!! OU EST-IL??!!! QU'EST-CE QU'IL Y A??!!!

- … hum, ça va aller… il est entre de bonnes mains… allez, on s'en va…

- Vos amis sont parfois un peu lourds, Potter.

- Ils se préoccupent de moi, c'est tout, répondit-il en souriant comme les hurlements diminuaient progressivement en s'éloignant. Dites, le truc que vous m'avez fait la cinquième… non, la sixième fois…je n'ai pas tout tout compris…

- Essayez d'être un peu attentif, grommela Severus en envoyant promener les couvertures.

- Oui monsieur.

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" … visiblement, vos amis, s'inquiétant de ne pas vous voir revenir, ont fait irruption dans le bureau du Pr Dumbledore au petit matin, hurlant que j'avais profité de notre entrevue pour vous emmener dans un des plus profonds cachots de Poudlard pour pouvoir vous torturer à mon aise – ce qui se révèle être une idée assez tentante, somme toute. Impossible de les calmer. Albus, légèrement préoccupé, est devenu très inquiet de voir que j'avais verrouillé ma porte – je me contente ordinairement d'un mot de passe… mais vous vous souvenez sans doute de ce qu'est devenue la clef, n'est-ce pas? – et a donc fait irruption dans la chambre… vous connaissez le reste.

A présent qu'il est remis du choc initial, il ne semble pas prendre la chose trop mal. Je pense qu'il m'a un moment soupçonné d'avoir abusé de vous, et j'ai eu du mal à le convaincre que je n'avais fait que ce qu'il m'avait demandé, c'est-à-dire régler votre petit problème. Et oui, à ses yeux vous êtes toujours le petit marmot de première année, Potter.

Il a cependant été très strict concernant nos futures… discussions. Il nous est catégoriquement interdit de nous revoir – en privé, s'entend – avant la remise de votre diplôme. C'est-à-dire dans presque quatre mois. Je lui ai répondu – certes, pas en ces termes – que la frustration aurait sans doute une influence négative sur vos révisions et nuirait à vos examens, mais il m'a répliqué que l'inverse était également valable. Mes appartements étant maintenant gardés à l'œil, j'espère que vous possédez toujours cette intéressante carte magique du Château, qui pourrait se révéler fort utile.

J'ignore comment vous vous en sortez avec vos amis, Potter. Je me doute qu'ils ne se contenteront pas de quelque vague mensonge. Et, si cela doit m'éviter de me retrouver 'accidentellement' aspergé de je ne sais quelle potion infâme à mon prochain cours avec vous, je ne vois pas d'inconvénient majeur à ce que vous leur disiez la vérité – si vous le désirez. Vous me décrirez leur tête en détail la prochaine fois que nous nous verrons.

Dites bonjour à votre tatouage de ma part, où qu'il se cache.

Votre,               S.S. "

Harry plia et reposa la lettre, puis regarda ses deux amis qui l'avaient écouté sans mot dire.

- Hum… voilà.

Ron s'éclaircit la gorge et parla avec difficulté.

- Attend. Toi. Snape. Vous – tu – toi et – VOUS AVEZ COUCHE ENSEMBLE?!!

Hermione ne disait rien, le regard fixé droit devant elle.

- Et bieeeen… oui, on peut dire ça comme ça.

- Et – pire que tout – oh mon Dieu – (Ron semblait vraiment misérable) VOUS COMPTEZ RECOMMENCER?!!

Harry se dit que parfois Ron était très très lent.

- Oui.

Il y eut un silence pénible.

- Heu – Harry, il va me falloir un peu de temps pour m'y faire. Un peu beaucoup.

- Je comprends.

Ron hésita, ouvrit la bouche, puis se ravisa et se leva.

- J'ai besoin d'air, marmonna-t-il. Herm' tu viens avec moi? Hermione? insista-t-il en lui tapotant l'épaule. Hermione?!

Sans un bruit, la jeune fille tomba par terre.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

" … ils l'ont plus ou moins bien pris: Hermione s'est évanouie et Ron rougit dès qu'il m'adresse la parole. Je crois qu'ils sont surtout embarrassés par le fait d'être allés hurler partout que vous étiez en train de m'arracher les ongles et de décorer les cachots avec mes boyaux alors qu'en fait… bref. Je pense que vous aurez droit à une bonne dose de regards sceptiques durant notre prochain cours, prochain cours que j'attends avec impatience…

En parlant d'impatience: j'ai découvert une nouvelle fonction de la carte des Maraudeurs. Si on la tapote distraitement en pensant à autre chose de très précis – je pense que vous voyez de quoi je parle – plusieurs endroits se mettent à clignoter, pour la plupart extrêmement intéressants. J'ai notamment repéré une salle de bain cachée qui aurait été aménagée pour Salazar Serpentard lui-même, au quatrième étage, et qui semble gi-gan-tesque, ainsi qu'un petit jardin botanique astucieusement dissimulé, que j'ai été visiter, et qui vous intéressera sûrement autant pour les quelques espèces rares qui y poussent que pour une grande et confortable étendue d'herbe.

Je vous souhaite à demain, avec toute mon affection,               Harry.

PS: mon tatouage a hâte de vous revoir. Bonjour au vôtre. "

- Des bonnes nouvelles, Severus? lui demanda aimablement Minerva de l'autre bout de la Salle des Professeurs.

Severus rangea prestement sa lettre et lui jeta un regard neutre.

- Oui. Je vais enfin recevoir des ingrédients que j'attendais depuis très longtemps.

La femme hocha la tête, subitement désintéressée. Pas besoin d'être sorcier – de toutes façons… - pour deviner que tout ce qu'elle voulait savoir était pourquoi Dumbledore était ressorti écarlate des appartements de Severus. Et ce dernier doutait qu'elle puisse seulement imaginer…

Avec satisfaction, il se renfonça dans son fauteuil, lança un sourire innocent à Dumbledore qui faisait semblant de lire dans un coin en lui jetant des coups d'œil suspicieux, sous les regards intrigués du reste de l'équipe qui n'avait jamais vu leur Directeur passer autant de temps avec eux que depuis quelques jours.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Harry relut encore une fois l'énoncé.

" Les fibres de noix de coco et leur utilisation dans les contre-poisons des régions du Pacifique. Vous pourrez à la rigueur traiter de l'importation de cet ingrédient dans les pays européens et de leur conséquence sur l'abandon de certains autres ingrédients végétaux, tout en veillant à garder le sujet en vue. "

Faciiiiiiiiiiiiile. Il saisit sa plume et se mit à griffonner joyeusement. Quand il termina de relire sa copie une grosse heure plus tard, même Hermione n'avait pas terminé son premier parchemin. Il fallait dire que depuis peu, il se sentait pris d'un soudain intérêt pour les Potions.

Il lui restait trois quarts d'heure à tuer… Il contempla un moment Severus, se dit que l'homme était décidément bien plus agréable à observer quand ils étaient seuls, et commença machinalement à jouer avec ses feuilles de brouillon. Il s'arrêta soudain. Et si…

Il sourit et empoigna un crayon.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Severus parvint enfin au bout de la copie, fit claquer sa langue avec approbation, et inscrivit un grand 'A+' à côté du nom de son auteur: 'Harry Potter'.

Une feuille glissa à terre alors qu'il reposait le devoir sur le tas déjà corrigé. Un peu surpris, il se pencha, la ramassa, et ne put s'empêcher de sourire.

° Hohooooooooo… C'est vrai que ni lui ni toi n'aviez encore dessiné ce couple là…°

* Et pour cause… HOHOOOOOOOOOOO!!!*

° Attends une minute… Vous n'avez pas encore essayé, ça?°

* C'est vrai… D'où tire-t-il ça?*

° Il a beaucoup d'imagination…°

* Ca j'ai constaté!*

° Severus tu penses que tu pourrais essayer d'être dessous pour une fois?°

* ET PUIS QUOI ENCORE!*

° Oui mais regarde… C'est tentant non?°

Severus poussa un soupir désespéré: voyons, s'il se rappelait bien, les Moldus appelaient cela "schizophrénie"…

- Il te plaît mon dessin?

Harry venait de surgir derrière lui, vêtu du grand peignoir de Severus, encore mal réveillé.

- Assez. Mais je ne pense pas que la position soit vraiment possible.

- Bien sûr que si.

- Non.

- Si.

- Non.

- Si. Regarde, si tu passes comme ça…

- Non. Parce que ça bloque là.

- Ce n'est pas un problème, regarde tu fais comme ça, tu pousse ça là…

- Mmh… Je ne suis quand même pas convaincu.

Ils échangèrent un regard sérieux.

- Cela nécessite une petite étude, je pense.

- Je suis d'accord. Mais vite parce que Dumbledore m'attend dans une demi-heure à son conseil d'administration.

- Tu lui diras que tu corrigeais tes copies et que tu es tombé sur un dessin cochon.

F-I-N.