Nom de l'auteur : Olessya

Titre : Sous le masque.

Genre : Sérieux, Lemon

Personnages principaux : Masque de mort, Saga, Camus, Hyoga, Mû, Milo, Flamme…

Note : Débute avant la bataille du Sanctuaire

SOUS LE MASQUE 5

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« Souviens-toi, petit… »

L'odeur lui donnait la nausée. Il connaissait bien cette odeur acre. Quand le vent venait de l'est, parfois, elle amenait jusqu'à la ferme les fumées pestilentielles de l'usine d'équarrissage. Cette odeur, c'était celle des chairs qui brûlaient ! De sa famille qui était entrain de brûler dans la maison ! Son estomac ne put plus le supporter et il se courba en deux pour vomir. Un effroyable chaos régnait dans sa tête.

« Souviens-toi. »

Il ne voulait plus penser à rien. Il porta sa main à son front. A force de frapper de toutes ses forces contre la porte, deux phalanges s'étaient brisées et pendaient lamentablement au bout de ses doigts.

Ils n'étaient qu'à quelques mètres de lui, eux, les assassins qui venaient de faire de lui un orphelin. Mais à cause de cette satanée grille, il ne pouvait les atteindre. Il avait reconnu leurs costumes noirs ! C'était eux que son grand-père avait remerciés !! Il les avait vus quand ils étaient venus, la première fois à la maison ! Surtout le grand avec les cheveux noirs ! Il s'était tourné vers lui avec un sourire carnassier quand Marco s'était planté devant lui pour demander :

« Pourquoi vous ne nous laissez pas tranquille !? Nous n'avons rien fait !! Vous n'avez pas le droit !»

L'homme avait rit.

« Souviens-toi, petit ! La raison du plus fort est toujours la meilleure ! »

*****

La porte claqua contre le mur pour laisser apparaître une sorte de furie à cheveux bleus.

« Es-tu totalement stupide ? »

« Comment ? » demanda Mû, le dévisageant de ses grands yeux violets, un peu surpris de cet accès de violence.

« Je sais qu'il est chez toi. Pourquoi l'as-tu sauvé ? »

« Je suis miséricordieux. J'ai appris la compassion. »

Comme il s'approchait de la porte de la chambre, Mû lui barra le chemin.

« Ecarte-toi, Mû ! Laisse-moi le voir que je l'achève ! » cria Milo.

« Pas question ! Si tu essaies de passer, je serais obliger de t'en empêcher. Par la force s'il le faut. » Le ton du Bélier était posé, la détermination se lisait dans ses yeux.

« Pourquoi le protèges-tu ? » demanda Milo, retrouvant un peu de son calme.

« C'est Sion, mon maître qui l'a choisi pour devenir le chevalier du Cancer. »

« Il s'est trompé ! Et alors ? Même si tu me dis qu'il n'a pas toujours été comme ça, je m'en fou ! Ce qui compte c'est ce qu'il est aujourd'hui ! Et il est devenu un être malfaisant qui ne sait que donner la mort. Personne ne porte mieux son nom que lui ! »

« Peu importe. Il a quand même le droit au pardon. Peut-être Camus lui accordera-t-il… »

« Peut-être… S'il se réveille un jour, bien sûr ! » dit Milo, ironique

Il sortit en claquant la porte. Mû retourna auprès du blessé.

*****

« Ne bouge pas ! » ordonna Milo alors que Camus essayait vainement de se retourner dans le lit.

Le Scorpion sourit : « Je suis content que tu sois réveillé ! »

Camus se força pour lui rendre son sourire.

« Et lui ? » ne put-il s'empêcher de demander.

« Lui ? Cette enflure de Masque de mort ? Bah… Il est toujours vivant, malheureusement ! Mû s'est occupé de lui. »

Camus ressentit un certain soulagement.

« Mais dès qu'il sera sur pied, je te jure que je vais lui régler son compte ! A moins que tu ne veuilles te venger toi-même… »

« C'est inutile… Laisse-le. »

« Je t'ai apporté tes livres ! » continua Milo, enthousiaste. « Comme ça, tu ne t'ennuieras pas trop ! »

« Merci. » Camus les prit mais les posa négligemment sur sa table de chevet. Non, il n'avait absolument aucune envie de lire.

« Pourquoi s'en est-il prit à toi ? » demanda soudain le Scorpion.

Camus haussa les épaules. Il ne répondit pas. Pas par gêne qu'ils aient été amants mais parce que tout lui était indifférent, à présent.

« Remarque…. Peut-être sans raison… Il s'est bien attaqué à Saga comme ça ! J'ai toujours dit qu'il fallait l'enfermer !!! » dit le Scorpion. « Bon, je vais te laisser te reposer, Camus. Si quelque chose en particulier te fait plaisir pour ton dîner… »

Milo le fixa un instant attendant une réponse.

« Tout m'est égal… » lâcha Camus.

*****

Masque de mort ouvrit les yeux pour voir le visage empreint de douceur de Mû penché sur lui. Le Bélier lui sourit et replaça le bandage qui avait glissé.

« Masq… » commença-t-il « Comment dois-je t'appeler ? Tu as bien un nom ? »

Mû l'avait défendu contre Milo. Il avait entendu leur conversation de sa chambre. Le Bélier semblait sincère, il n'avait pas envie de jouer au petit jeu habituel de la provocation avec lui. Il sentait que cela aurait été inutile avec Mû.

« Marco. »

Un court silence suivit.

« Je suppose que maintenant, tu vas me demander pourquoi je m'en suis pris à Camus ? »

« Non. Cela ne me regarde pas. J'imagine que tu as tes raisons…. »

Le Bélier s'apprêta à sortir.

« Tu as faim ? »

« Non. » Masque de mort avait seulement mal. Mal au cœur. Pas en raison de la blessure mais mal de se trouver loin de Camus qui devait souffrir, lui-aussi.

*****

Masque de mort, camouflé par une colonne sentit son cœur se serrer à la vue de son aimé qui avançait lentement au bras de celle qu'il détestait plus que tout. Il se sentait brisé, infiniment malheureux. Il n'avait pas le droit d'approcher Camus et il essayait parfois d'échapper à la vigilance des autres pour tenter d'apercevoir ne serait-ce qu'une mèche marine flottant au vent.

Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu d'aussi près et Camus semblait si faible… Tout ça c'était de sa faute, à lui ! Le Verseau ne pourrait jamais lui pardonner. Seulement… s'il pouvait au moins comprendre…

Masque de mort ouvrit les doigts et souffla sur ce qu'il avait broyé dans son poing rageur. Un vent chargé de ce qui ressemblait à des flocons de neige vola jusqu'à celui qui obsédait son esprit.

*****

Camus, qui se promenait à pas lents au bras de Flamme, leva les yeux vers les pétales blancs qui flottaient dans le vent. Il ouvrit la main et en saisit quelques-uns et alors que la princesse, prise par son propre bavardage, ne remarquait rien. Il desserra les doigts et regarda. Des morceaux de papier blanc. Et dessus, des inscriptions. 'Voir' lut-il. C'était son écriture.

'Je ne veux plus te voir' recomposa-t-il mentalement. Il scruta les alentours, cherchant une trace de la présence de la seule personne qui avait pu lui faire parvenir un tel message.

Masque de mort se plaqua davantage à sa colonne pour ne pas être vu. Il sourit tout de même. Camus avait dû comprendre !

*****

« Tu veux t'asseoir ? » proposa gentiment Flamme « Tu es encore faible, tu ne dois pas faire trop d'effort ! »

Camus s'assit sur le petit banc à ses côtés.

« Flamme… Tu ne devrais pas passer tout ton temps auprès d'un malade. Tu devrais aller t'amuser… »

« Oh non ! Je suis bien avec toi, Camus ! Et puis… je voudrais rester toujours auprès de toi ! » Les grands yeux bleus se firent tendres et Camus, gêné, détourna son regard.

« Je te ferais souffrir. Tu seras plus heureuse avec Hyoga. »

« Mais, c'est toi que j'aime ! » s'écria-t-elle.

Camus soupira, renonçant à répondre. Il ne comprenait rien aux sentiments ! A Flamme qui l'aimait sans le connaître, faisant preuve d'une dévotion pour le soigner qui le mettait mal à l'aise et Masque de mort dévoré par une passion qui l'avait poussé au meurtre. Pourtant, lui, ne pouvait rien leur donner en échange. Son cœur était sec, glacé.

Camus se tourna vers Flamme à nouveau.

« Je suis insensible, froid… Oublie-moi ! » dit-il simplement.

*****

Masque de mort prit la direction de son temple le cœur un peu plus léger. Il avait envie de soleil, de lumière. Peut-être pourrait-il utiliser son cosmos encore affaibli pour dissiper la brume qui semblait ramper dans son temple ?

Mais à peine arrivait-il près des escaliers qu'une grande silhouette se dressa devant lui.

« Milo ? »

Le Scorpion serra le poing tandis qu'un rictus de haine déformait sa bouche.

« Il n'y aura pas Mû pour te défendre aujourd'hui ! »

La première piqûre du Scorpion l'atteignit sans que cela ne le surprenne outre mesure. Il tomba à la renverse à terre et resta assis. Les deux piqûres suivantes ne le firent pas réagir davantage.

« Relève-toi ! Tu crois peut-être que je vais avoir pitié de toi parce que tu ne veux pas riposter ? »

Mais Masque de mort n'esquissa pas de geste de défense quand l'aiguille écarlate le transperça à nouveau.

Milo ne comprenait pas. La seule personne qui avait réagi ainsi était Kânon. Ce dernier voulait expier sa faute ainsi. Mais Masque de mort ? Non ! Il n'avait manifesté aucun remord ! Milo l'attaqua à nouveau.

« Pourquoi ne réplique-t-il pas ? »

Le Scorpion renonça à utiliser son attaque favorite et se contenta de lui asséner un violent coup de poing.

Masque de mort, à terre, ne bougeait pas. Peut-être était-il à peine remis de son étrange blessure (Camus avait-il riposté ?) et ne pouvait donc pas tenter de rivaliser avec lui. Mais le Cancer gardait les yeux ouverts. Milo fut saisi par la profonde tristesse qui émanait de son visage. Une expression de douceur s'y lisait presque. Le Grec s'arrêta de le rouer de coup, frappé par la grande similitude avec l'attitude de Camus qui, depuis qu'il s'était réveillé, semblait n'avoir plus envie de rien. Que leur était-il arrivé à tous les deux ? Masque de mort n'était pas trop faible, il n'avait simplement plus la volonté de se défendre.

Quand il réalisa cela, Milo ne put plus l'attaquer. Il le laissa simplement à terre et s'éloigna.

*****

Milo parti, Masque de mort se releva lentement. Autrefois, son orgueil lui aurait interdit de se laisser malmener ainsi sans réagir. Mais aujourd'hui… La révolte qui soufflait en permanence en lui s'était éteinte. Il avait cru avoir tiré un trait sur son passé il y a quatorze ans, mais il n'en était rien. Il n'avait fait que stigmatiser sa douleur en se retranchant derrière un mur de haine.

Il y a quatorze ans….

Il avait reçu son armure et son premier acte en tant que chevalier d'or du Cancer avait été de manquer à son serment de chevalier.

« Tu ne devras jamais te servir de ton armure pour servir tes intérêts personnels. »

Il était retourné en Sicile, non loin de là où il s'était entraîné. Il n'avait pas eu beaucoup de mal à les retrouver. Ils avaient été tellement terrorisés de le voir… Ils l'avaient supplié de les épargner, certains s'étaient mis à genoux, d'autres pleuraient. Ca avait presque gâché le plaisir qu'il avait eu de les tuer. Les tous premiers visages sur le mur de sa maison !

Il était rentré au Sanctuaire. Un bref apaisement dans son esprit avait suivi. Pour cet acte, il aurait dû être banni de l'ordre de la chevalerie. Saga n'ignorait rien de cet épisode et en échange de la clémence du Pope, celui qui se faisait désormais appeler Masque de mort était devenu son tueur attitré. Le bras armé d'un Pope sous emprise maléfique. Il avait eu de moins en moins de remords à tuer les faibles et de plus en plus de plaisir à le faire. Il était devenu peu à peu cet homme froid, ce tueur impitoyable et cruel jusqu'à ce que sa rencontre avec Camus réveille la dernière étincelle d'humanité en lui.

Adorable Camus…, maudit Camus qui le faisait tant souffrir!

Le masque était tombé à présent mais il ne ressentait plus que du vide en lui.

*****

Il entendit du bruit. Quelqu'un qui se faufilait discrètement dans son temple. Il s'avança vers lui prudemment. Mû l'avait mis en garde : beaucoup de chevaliers rêvaient de lui régler son compte depuis qu'il avait essayé de tuer Camus.

Il tomba face à face avec deux yeux marines qui brillaient dans l'obscurité.

« Camus ! »

Ils se fixèrent un instant en silence, le cœur battant pour Masque de mort. Puis d'un même geste, d'un même élan, leurs bouches se trouvèrent. Ils échangèrent un baiser passionné.

Masque de mort passa ses bras autour de lui. Quand il éloigna ses lèvres, il sentit sur son visage le souffle froid de Camus qui reprenait sa respiration. Il lui avait tellement manqué !

« Pourquoi es-tu venu ? »

« Je voudrais… essayer… »

Camus n'acheva pas sa phrase mais le Cancer comprit. Rien qu'à son regard, de toute façon, il aurait compris. Ce regard marine, cette nuit paisible dans ses yeux… Et l'étau qui emprisonnait le cœur de Marco se desserra complètement.

Il voulait essayer de l'aimer !

FIN