Titre: Août

Auteur: Lychee

Disclaimer: Harry Potter et son univers appartiennent à J.K.R. et quelques maisons de production et d'édition. Aucun argent n'est fait sur cette fic.

Résumé: suite de "Se changer les idées?". R. Slash.

Dédicace: la première partie était pour ma sœurette… Etant donné qu'elle ne semble pas cracher sur mes idées perverses, celle-ci l'est également.

Août

Remus se sourit à lui-même. Harry s'en sortait mieux que bien. Non seulement sa maîtrise du sujet crevait les yeux, mais il possédait l'enthousiasme et l'endurance qui lui seraient nécessaires pour garder ses élèves en main et, accessoirement, en vie.

Le poste de DCFM était fait pour lui.

Il laissa son regard errer sur la salle de réunion. Il n'y avait pas eu de réels changements, en huit ans. Huit années déjà… Il soupira légèrement. Il ne rajeunissait pas… Mais avec Harry à ses côtés, il s'en foutait royalement.

- Et les Sortilèges Impardonnables?

Remus jeta un coup d'œil à Minerva, siégeant dignement dans son fauteuil de Directrice Adjointe. Des choses ne changeaient pas. Heureusement.

- J'ai prévu de séparer l'étude des trois Sorts, répondit calmement Harry. L'Imperium sera abordé dès la quatrième année, le Doloris en sixième et l'Avada Kedavra en septième.

Il y eut quelques murmures étonnés.

- Séparer les trois? répéta Flitwick de sa petite voix aiguë.

- Leur niveau de difficulté et de fonctionnement est totalement différent. J'estime qu'il s'agit d'une tradition stupide de les regrouper ensemble, alors qu'ils n'ont strictement rien en commun. (Puis il rougit légèrement, conscient de ce qu'il venait de dire.) Hum… Excusez-moi.

Il était adorable quand il rougissait.

- Ensuite, reprit-il sérieusement, concernant l'étude des différentes classes de Démons Mineurs et Majeurs…

Les autres professeurs l'écoutaient avec attention. Pas dans l'attitude de fauves prêts à bondir sur la pauvre proie, non, mais dans celle de professeurs expérimentés jugeant un nouveau collègue. Tout simplement. Et peu importait que ce nouveau collègue soit Harry L'Etoile-Du-Monde-Sorcier Potter. Après tout, ils l'avaient vu étant gamin. C'était bon de revenir à Poudlard.

Eeeer… presque tous, corrigea-t-il.

Un seul ne suivait pas avec attention. Un seul semblait mortellement s'ennuyer. Un seul fixait le jeune homme d'un regard hostile et froid.

Snape.

Bien sûr.

Monsieur le Directeur.

Hum. Dumbledore, ses yeux pétillants et son bon sourire étaient bien loin…

C'était étrange de voir Snape siéger au bout de la grande table. Etrange, mais… encore plus étrangement… pas choquant. Snape semblait bizarrement à sa place dans l'immense fauteuil. Remus, par exemple, n'y aurait jamais imaginé Minerva, malgré ses innombrables années en tant que N 2 de l'équipe. Sans parler de Flitwick ou de Bibine…

Snape, malgré son air renfrogné que Remus trouvait parfois digne d'un gamin de cinq ans, ne déparait pas la place d'honneur. Sorti de l'ombre, enfin libéré de son double rôle d'homme à tout faire des deux camps, son pouvoir s'étalait au grand jour et… était incontestable. Remus se demanda s'il lui venait de ces dernières années de cauchemar ou s'il l'avait toujours possédé – et dans ce cas, comment il était parvenu à si bien le dissimuler.

Dans tous les cas, il ne se cachait plus. Remus sourit au souvenir de la façon dont il avait mouché Fudge deux ans auparavant. Délicieux. Albus avait eu raison… la place de Directeur lui allait très bien. Surtout avec cette robe somptueuse – mais toujours noire, et oui, on ne change pas – et les quelques cheveux argentés qui ornaient à présent ses tempes…

Très classe.

- … ce qui devrait permettre quelques ultimes révisions avant les NEWT, concluait Harry.

Remus reporta son attention sur le jeune homme qui regardait les autres professeurs d'un air interrogateur. Il y eut peu de questions, puis Minerva lui adressa un sourire appréciateur et Harry se rassit.

- Très bien, fit la femme avant de se tourner vers le loup-garou. Remus?

Il se redressa, saisit ses notes et entama l'exposé de son programme.

O

- Alors? se moqua-t-il doucement à la fin de la réunion, rassemblant ses papiers tandis que les bavardages entre ses collègues partaient bon train. Tu as survécu?

Harry sourit et Remus était sûr qu'il allait lui tirer la langue – mais le jeune homme se reprit.

- C'était bien, dit-il simplement.

Ils se tournèrent vers Minerva qui s'approchait d'eux, son visage sévère orné d'un sourire sincère.

- Je suis vraiment ravie que vous ayez accepté, tous les deux.

- Vous manquiez à ce point de candidats? s'informa poliment Remus.

- Oh, non. (Les yeux de la femme pétillèrent dans une voie très dumbledoresque.) Enfin, pas pour le poste d'Arithmancie, mais… (Elle se pencha et chuchota.) Ca fait royalement chier Severus.

Harry laissa tomber sa sacoche par terre et Remus dissimula son sourire derrière sa main.

- Il est impossible, continua la sorcière. Alors quand il m'a dit de me "démerder pour combler les trous" – je cite – j'ai pensé à vous… mais je ne regrette pas mon choix, ajouta-t-elle d'un ton plus sérieux. Surtout vous, M. Potter. Vous serez très bien.

- Merci, professeur, balbutia le jeune homme.

- Mmh. Je pense que ce sera "Minerva" et "Harry" maintenant, non?

Elle leur sourit une dernière fois, et s'éloigna.

- Remet-toi, dit tranquillement Remus. Je vais croire que tu as eu le coup de foudre.

Harry lui balança discrètement un coup de pied.

- Non, c'est juste… ça fait drôle de voir ses profs comme ça.

- Attend de voir tes élèves.

Ils échangèrent encore quelques paroles avec d'autres collègues, puis la réunion de la fin Juillet s'acheva et ils quittèrent l'Ecole.

Ils reviendraient dans un mois.

Pour l'instant…

O

Remus observa avec plaisir son amant se figer sur le seuil du salon et ouvrir de grands yeux. Puis se tourner vers lui avec un immense sourire.

- C'est… pour moi?

- Et bien… ce n'est pas moi dont c'est l'anniversaire aujourd'hui, en tous cas, répondit-il en se grattant le menton pensivement.

Harry s'était déjà précipité vers la cage imposante qui trônait sur la table. Il l'ouvrit et en sortit délicatement l'immense hibou d'un noir de jais qui y patientait impérialement, un joli nœud rouge et doré autour du cou.

- Je n'en avais jamais vu de comme ça, souffla-t-il en passant légèrement sa main le long des plumes d'encre.

- Le vendeur m'a dit que c'est une espèce magique assez rare, fit Remus en s'approchant. J'espère qu'il te plaît parce qu'il m'a fallu vingt minutes pour lui mettre ce foutu ruban, râla-t-il. Sale bête.

Le hibou grogna – grogna! – dans sa direction.

- Il est superbe, dit simplement Harry. En plus il t'aime déjà. Il a un nom?

- Pas encore.

Harry ôta délicatement le ruban et sourit à l'oiseau.

- Salut, Edward.

L'animal jappa d'un air satisfait. Harry éclata de rire. Remus se sentit vaguement inquiet.

Puis le jeune homme déposa avec soin son nouveau coursier dans la cage, et se tourna vers lui. Ses yeux verts étincelaient, ses cheveux étaient plus en bataille que jamais, et Remus se sentit brutalement en appétit féroce. Deux lèvres délicieuses effleurèrent les siennes.

- Merci, fit un souffle contre sa bouche.

Edward assista au spectacle d'un œil blasé.

oOo

Le jour se levait à peine quand Remus se réveilla. Tout contre lui, dans un fouillis de jambes, de bras et de souffles mêlés, Harry dormait paisiblement, et Remus se dit qu'il avait plus de chance qu'il ne l'était honnêtement permis.

Si quelqu'un avait prédit, 20 ans plus tôt, que le bébé que l'un de ses meilleurs amis tenait dans ses bras serait un jour son amant, Remus aurait éclaté de rire, Sirius aurait mis l'impudent dehors à coups de pieds, et James lui aurait vidé la poubelle dessus – sans parler de Lily. Mais, si ces trois-là avaient encore été vivants, Harry ne serait pas dans ce lit à côté de lui. Harry aurait eu une vie normale, avec des parents, un parrain, et le gentil oncle de la famille – lui-même.

Remus avait beau s'en vouloir violemment, en sentant Harry bouger légèrement contre lui, il était finalement presque heureux que tout se soit déroulé de cette manière.

Il devenait terriblement égoïste.

- Hello…

Deux yeux verts paresseusement entrouverts surmontaient un sourire embué de sommeil.

- Salut, jeune homme de 22 ans, murmura Remus en se penchant pour l'embrasser.

Trop de chance.

Harry cria grâce quelques minutes plus tard.

- Je suis mort, se plaignit-il. (Puis il eut une grimace maligne.) Franchement, Remus, à ton âge…

Remus lui mordit l'oreille. Assez brutalement.

- Votre irrespect, M. Potter, mérite punition.

Harry ronronna et Remus convint que, parfois, l'état de loup-garou – et l'état d'étonnante santé qui, hors pleine lune, en découlait – offrait quelques avantages. Une récupération certaine, par exemple.

O

- Qu'est-ce qu'on fait, aujourd'hui? demanda finalement le jeune homme après une douche (à deux), un petit-déjeuner (agité), une deuxième douche (pour éponger le petit-déjeuner), et un solide déjeuner parce qu'à une heure de l'après-midi, il commençait à faire faim.

- Un tour à Londres? proposa Remus.

Il observa le visage du jeune homme qui hésitait. Harry était si transparent quand il ne faisait pas attention.

- Hum… Je n'ai pas vraiment envie d'aller au Chemin de Traverse, avoua enfin l'ancien Auror.

"Pas envie que l'on chuchote à nouveau sur mon passage, qu'on s'interroge sur toi, et que je tombe sur des 'connaissances' que je n'ai absolument pas envie de rencontrer", aurait-il pu ajouter. Mais il n'en avait pas besoin. Remus savait déjà.

- On peut aller dans le Londres moldu, sourit le loup-garou.

Cette fois, le jeune homme hocha la tête avec enthousiasme.

O

Harry avait des fesses à croquer dans son jeans moldu et son T-shirt bien trop large qui laissait deviner de bien jolies choses. Remus tira d'un doigt distrait sur le col de sa propre chemise, et jeta un coup d'œil à un groupe d'adolescentes qui, à quelques mètres d'eux, gloussaient en regardant indubitablement en direction de son amant.

Enfin. Dans leur direction, corrigea-t-il en sentant quelques regards spéculatifs glisser également sur lui. Bon. peut-être n'était-il pas si vieux et décrépit que ça, alors…

- Qu'est-ce qu'on fait? demanda Harry en tournant ses yeux brillants vers lui.

- Je ne sais pas. Tu as des envies particulières?

Le regard vert pétilla malicieusement et Harry s'approcha de lui.

- Te violer sur place, là, au milieu de tout le monde, lui souffla-t-il à l'oreille.

Remus, interceptant le regard encore plus intéressé du groupe de jeunes demoiselles, estima qu'il valait mieux s'éloigner un peu et, glissant son bras sous celui du jeune homme, l'entraîna plus loin.

- Un cinéma? proposa Harry un bon moment plus tard, alors qu'ils continuaient à déambuler.

Remus suivit son regard en direction des gigantesques affiches qui surplombaient une impressionnante file de Moldus.

- Je n'ai jamais eu beaucoup l'occasion d'y aller, continuait pensivement le jeune homme. (Il se tourna tout à coup vers lui.) Tu sais ce que c'est?

Remus hocha la tête.

- Tes parents nous y traînaient souvent, Sirius, Peter et moi, pendant l'été.

- Alors ça te dit? fit le jeune homme avec enthousiasme.

- Ca dépend de ce qu'il y a…

O

- Gollum, fit fermement Harry tandis qu'ils sortaient de la salle.

- Pardon? demanda Remus, légèrement inquiet.

- Je disais que je préférais Gollum. La scène où il se parle à lui-même est géniale!

Harry souriait comme un gamin. Remus secoua gravement la tête.

- Je ne suis pas d'accord. Le plus intéressant, le plus captivant de tous, c'est…

- Aragorn?

Remus fit signe que non.

- Legolas?

- Non.

- Si tu me dis Gandalf, je t'accuse d'entretenir des sentiments bizarres vis-à-vis de Dumbledore, le prévint Harry.

Remus secoua de nouveau la tête.

- Allez, dis, soupira le jeune homme.

- C'est Grima Langue-de-Serpent, fit sérieusement le loup-garou. Non, vrai, continua-t-il tandis que Harry éclatait de rire, tu ne trouves pas qu'il dégage une sensualité très profonde, et que…

Il s'arrêta sous les regards effrayés et vaguement méfiants des gens autour d'eux.

- Ca donne envie de relire les trois tomes, commenta Harry un peu plus loin. Achète-moi une glace.

- Tu peux te l'acheter tout seul, se moqua Remus.

- C'est moins drôle, fit Harry avec un regard plein d'étoiles.

Remus acheta deux glaces et ils partirent les manger sur un banc de Regent's Park. Cinq minutes plus tard, Remus se promit d'acheter plus souvent des glaces au jeune homme, qui en avait partout et la dégustait de telle manière que Remus craignit un moment qu'ils ne se fassent arrêter pour atteinte aux bonnes mœurs ou, ajouta-t-il quand la glace commença à dégouliner le long de la gorge en sueur de son amant et qu'il crispa ses doigts sur le banc pour ne pas aller la récupérer, pour bientôt exhibition dans un lieu publique. Il était en train de débarbouiller avec son mouchoir un Harry ravi quand deux voix les interpellèrent.

Ils s'écartèrent légèrement l'un de l'autre pour voir arriver Tonks, les cheveux bleus, longs et bouclés, accompagnée par Ginny Weasley. Les deux jeunes filles se jetèrent sur eux en riant avant qu'ils n'aient eu le temps d'ouvrir la bouche.

- Remuuuus, fit Tonks avec un petit sifflotement. Tu devrais t'habiller plus souvent en moldu…

- Qu'est-ce que vous faites là? sourit poliment Harry.

Remus le devina aussi peu à l'aise que lui-même.

- On se balade… fit l'Auror.

- En amoureux, comme vous, ajouta Ginny avec un léger sourire.

Remus en resta muet; Harry avait pris la couleur d'une jolie petite tomate.

- Ah, allez! rit la rouquine. Quand Ron m'a raconté que tu "passais tes vacances" chez Remus, Harry, y'en a plusieurs qui ne se sont même pas posé de questions, à la maison…

- Eeeeuh… C'est quoi, "plusieurs"? marmonna Harry.

- Disons que les jumeaux ont bondi de leur chaise en hurlant "Je le savais!", que Bill a hoché la tête, tandis que Maman et les autres les regardaient sans comprendre.

- Et Ron?

- Faudra peut-être que tu lui dises…

- Félicitations! fit gaiement Tonks tandis que Harry hochait la tête.

Remus reprit un peu ses esprits et sourit légèrement.

- Félicitations aussi, dans ce cas.

Les deux filles échangèrent un regard.

- Hum… oui.

Puis ils éclatèrent tous les quatre de rire.

O

- Nous quoi? répéta Remus.

- Vous acheter des fringues, fit Tonks le plus sérieusement du monde. Tu comprends, c'est pas marrant d'acheter des fringues pour Ginny… ou que Ginny les achète pour moi… Oh allez dites oui!

Harry avait l'air terrorisé et Remus n'était pas très enthousiaste. Ils échangèrent un regard: "Ah, les filles…"

- C'est trop tard les boutiques ferment déjà, fit Harry d'un air plein d'espoir.

Ginny eut un sourire inquiétant.

- C'est pas grave on est libre après-demain, et d'après ce que j'ai compris vous ne débordez pas d'activit

Pris au piège. Remus soupira et hocha la tête.

- Wouaaaaiiiih!!! crièrent les eux filles. On commence dès le début d'après-midi, continua Tonks, et si vous êtes en retard… (elle leur jeta un regard menaçant)… votre vie s'achèvera ici.

Ce fut avec un certain soulagement que Remus vit enfin les deux folles s'éloigner.

- Dis… ce sont vraiment ce qu'on appelle des "amies"? fit pensivement Harry.

- Il paraît, oui.

- Je veux retourner combattre Voldemort, fit fermement le jeune homme.

O

Quand ils furent rentré, qu'ils eurent mangé, pris une douche, quand ils eurent discuté de leur journée, ri des moments saugrenus, parlé de la surprise de voir Ginny et Tonks ensemble, supputé la future réaction de Molly, quand ils se furent glissé dans le lit, s'embrassant déjà, quand il eut pris Harry, quand le jeune homme eut crié son nom, quand ils eurent mêlé leurs langues une dernière fois avant de fermer les yeux, alors Remus ne songea plus à son égoïsme, il ne songea plus aux "et si" et aux "dans ce cas", il songea juste encore une fois qu'il avait un chance de damné.

Et qu'il ne la laisserait pas s'échapper.

O

Ginny et Tonks les fixaient d'un regard… carnivore. Remus frémit.

- On va où? demanda Harry d'une toute petite voix.

- Chez Rififiel! s'exclama gaiement Ginny. C'est partiiiiii!

Rififiel se révélait être, comme Remus l'apprit plus tard, une boutique et le nom de sa propriétaire, Cracmol de son état. Qui, quand on lui présenta Harry, commença à bondir partout en poussant des cris de joie. Tonks et Ginny parvinrent à rattraper les deux hommes juste avant qu'ils ne se fussent éclipsés discrètement, et ils se mirent au travail.

Au profond soulagement de Remus, les vêtements proposés étaient nettement moins excentriques que leur créatrice.

- Elle a beaucoup de succès dans le monde moldu, expliquait lui Ginny tandis que des cris de détresse jaillissaient de la cabine où Harry avait été entraîné. Elle a réussi à assez bien mélanger les styles moldu et sorcier, et pas mal de gens s'y intéressent.

- Elle n'a pas de problèmes avec le Ministère de la Magie?

- Ben non, intervint Tonks, la fille de Fudge s'habille ici…

- Je vois.

- NAAAaaaaaaAAAAAaaaaaaAAAAAAAANNNNN!!!!!

- SIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!!!!

Un Harry fut expulsé de derrière le rideau, et Remus faillit avaler son dentier – s'il en avait eu un. Gah, fut-il capable de penser. La petite femme eut un sourire satisfait.

- Alors?

Alors Harry aurait fait fondre la banquise. Oh, il portait un pantalon, un T-shirt et un manteau, comme tout le monde. Sauf que le pantalon d'un noir absolu était peut-être un peu étroit pour les centenaires couloirs de Poudlard, que le T-shirt s'arrêtait au-dessus du nombril, et que le manteau descendait jusqu'à ses chevilles, en une sorte d'hybride de cape sorcière et de manteau de ville moldu.

Les deux filles applaudirent.

- Je ne pourrai jamais porter ça! protestait Harry – tout rouge.

Rififiel afficha un sourire triomphant.

- Bien sûr que si! Parce que le truc c'est qu'en refermant le manteau… (Elle ferma agilement une série de bouton.)… tu es parfaitement présentable!

Et c'était vrai: le long manteau sombre, lui-même assez strict tout en restant élégant, ne laissait plus apparaître que le col ras tout à fait respectable du T-shirt, et le bas du pantalon.

Remus imagina les journées qui l'attendaient: croiser Harry dans les couloirs, parfaitement digne d'apparence, en sachant qu'il suffisait d'entrouvrir le manteau pour tomber sur ce joli petit ventre… Il réprima son sourire idiot.

- Vous avez d'autres paquets surprises du même genre? demanda-t-il très sérieusement à la Cracmol.

Celle-ci sourit de toutes ses dents.

- Tout à l'heure. Pour l'instant c'est votre tour, mon petit monsieur.

Ark.

O

- C'est un peu beaucoup, quand même, fit remarquer Harry en changeant de main quelques-uns uns des dizaines de sacs qu'il portait.

- Meuh non, fit Ginny. Je suis sûre qu'il n'y a rien dans ton armoire, à part tes vieilles robes d'Auror.

- Maugrey était furieux, tiens! fit tout à coup remarquer Tonks tandis qu'ils se laissaient à nouveau tomber sur un banc du parc.

Remus vit Harry grimacer.

- Je m'en doute… fit le jeune homme. Mais je ne regrette pas, ajouta-t-il calmement.

- Ca on a remarqué, commenta Ginny en pinçant la cuisse de Remus.

- Ca suffit, jeune fille, gronda-t-il tandis que les autres riaient.

- Alors vous allez retourner à Poudlard? enchaîna Tonks, qui ajouta un peu rêveusement. Vous en avez de la chance…

- Mmmh… admirent les deux hommes.

Il y eut un silence songeur, tranquille. Puis les deux filles se levèrent.

- On rentre, annonça Ginny. Sinon Maman va s'inquiéter.

Remus vit le visage de Tonks s'assombrir légèrement. Hum. Le jour où Molly apprendrait que son unique fille voulait vivre chez une autre fille s'annonçait difficile.

- D'accord, fit-il en souriant. Encore merci.

Elles s'éloignèrent avec un signe de la main.

- Peut-être, fit Harry au bout d'un moment, que ce serait plus facile pour elle si je disais d'abord à Molly que je suis gay. (Remus ne répondit rien et il ajouta plaintivement après un léger silence.) Elle a essayé de me marier pendant des mois, tu sais?

- J'aurais bien aimé voir ça, sourit Remus.

- C'était le cauchemar. J'en ai rencontrées des centaines, des milliers… fit Harry avec des yeux vides, comme s'il revoyait ledit cauchemar. J'en rêvais la nuit…

Remus lui embrassa la main.

- Tu veux une glace?

O

- Oh, fuck! s'exclama Harry un beau matin, quelques jours plus tard.

Remus s'approcha de son amant qui parcourrait le journal, assis à la table de la cuisine.

- Quoi?

- Tu te rappelles cette histoire de Moldus assassinés? La Gazette y a finalement fourré son nez, fit sombrement le jeune homme.

En effet le journal du jour titrait "Le Retour des Mangemorts en Colère?". Harry le balança furieusement sur la table.

- Quelle feuille de chou! Je hais ces journalistes qui viennent foutre le bordel!

- Ne les mets pas tous dans le même sac, fit doucement Remus en saisissant la page où s'étalait l'article. Même si tu as tes raisons.

- D'accord, marmonna Harry en se tartinant un toast. Je hais Rita Skeeter.

Dont le nom s'apposait à la fin de l'abomination.

- Qui s'occupe de l'affaire? questionna Remus.

- Kingsley Shakebolt. Je crois.

- Tu n'as qu'à lui souffler – ou à Tonks – le petit secret de Skeeter.

Le jeune homme contempla un moment sa tartine, puis mordit sauvagement dedans.

- Ch'est che que je vais faire.

O

Edward revint dans la soirée.

- Tonks te remercie et va immédiatement mettre ton petit conseil en application, fit Remus en parcourrant la lettre des yeux. (Puis il les leva vers le jeune homme.) Qu'est-ce que tu fais?

Harry, un parchemin à la main, suçotait distraitement le bout d'une plume.

- Je voudrais faire des travaux pratiques, comme toi, expliqua-t-il. Je fais la liste de ce qui serait possible…

- Dans tous les cas, tu as déjà un loup-garou sous la main, sourit Remus.

- Oh, mais celui-là je me le réserve… Sérieusement, je pourrais trouver quelques Epouvantards… mais c'est pas assez. Je voudrais des choses plus… plus… dangereuses. (Il leva un regard sérieux vers Remus qui s'était approché du bureau.) Je veux dire… Entre Voldemort et un lutin de Cornouailles, il y a une petite différence de niveau… Je voudrais qu'à la fin de leurs études ils puissent vraiment faire face.

Remus lui caressa les cheveux. Il ne comprenait que trop bien.

- Pourquoi tu ne reprendrais pas l'idée de Lockhart? Le club de duel? C'est un peu ce que tu avais fait tout seul durant ta cinquième année, non?

Harry grimaça.

- J'aimerais bien mais… ça va être le bazar complet.

- Réserve-le aux Sixièmes et Septièmes Années?

Harry hocha la tête et inscrivit l'idée sur la feuille.

- Sinon, continua Remus, je suis sûr qu'en fouillant la Forêt tu pourrais trouver des choses dangereuses. Et je ne plaisantais qu'à moitié quand je disais que tu m'avais sous la main. Ce n'est plus comme si j'avais besoin de le cacher, maintenant.

Harry lui jeta un regard incrédule.

- Tu accepterais de servir… d'objet d'étude?

Remus roula des yeux et lui ôta la plume des mains pour lui en chatouiller le nez.

- Non. Ce que je veux dire, c'est que d'abord si tu as besoin d'un renseignement à ce sujet tu peux me demander, et que si tes élèves veulent en savoir plus ils peuvent aussi me demander. Histoire qu'ils comprennent qu'un loup-garou n'est pas qu'une brute sanguinaire… enfin j'espère. Je ne suis qu'une brute sanguinaire?

Harry fit semblant de réfléchir.

- Au vu de la dernière nuit que j'ai passée avec toi je dirais plutôt oui mais… Bien sûr que non, fit-il en lui passant les bras autour du cou.

Il échangèrent un long baiser.

- Je crois qu'il y a des Trolls, dans la Forêt, dit Remus quand ils se séparèrent. Enfin c'est vrai que tu est venu à bout de l'un d'entre eux durant ta Première Année… peut-être que ce n'est pas assez dangereux pour toi, ajouta-t-il malicieusement en faisant courir la plume de long de la nuque du jeune homme.

- C'est bête, un Troll, murmura Harry en fermant les yeux. Mais assez costaud, quand même.

Remus ne répondit pas tout de suite, occupé à lui chatouiller les ailes du nez, les joues, les lèvres.

- Et un Severus Snapus? C'est très dangereux, comme bestiole, fit-il distraitement.

- Bonne idée. J'enverrai régulièrement mes Septièmes Années chez Mossieur le Directeur, souffla le jeune homme, les yeux toujours fermés.

Remus fit glisser la plume de long de la gorge palpitante, jusqu'à la clavicule dénudée par le col de la chemise. Harry ne respirait presque plus.

- Je serai très jaloux de toutes les étudiantes qui tourneront autour de toi, lui gronda Remus à l'oreille, avant de lui donner un coup de langue.

- Oui monsieur.

- Et si tu n'es pas sage, je veillerai à ce que tu reçoives la punition que tu mérites, continua-t-il.

Les yeux verts s'entrouvrirent, voluptueux.

- Une retenue? murmura Harry, et Remus adorait la façon dont les mots glissaient sensuellement sur ses lèvres.

- Par exemple.

Le jeune homme sourit.

- J'ai hâte d'y être, chuchota-t-il en lui tendant ses lèvres.

Mais Remus le repoussa en souriant légèrement.

- Pleine lune, fit-il gentiment.

L'expression frustrée de Harry se fit ennuyée puis furibonde.

- Et ça t'amuse de m'exciter dans ce cas-là? râla-t-il.

O

Remus se réveilla sur le vieux canapé défoncé de la cave, enroulé dans une couverture. Clignant des yeux, il aperçut Harry, vêtu d'un pantalon de pyjama, assis sur l'accoudoir en face de lui. Le jeune homme avait quelques griffures ici et là, de grosses cernes, et le fixait d'un air pensif.

- Hello, grogna Remus en tentant de redresser tout son corps douloureux. Que nous vaut ce visage songeur dès le matin?

Harry sourit légèrement.

- Ca fait un mois jour pour jour que je t'ai vu nu pour la première fois. (Il se laissa glisser près de lui.) Ca fait un mois que je me suis dit pour la première fois que tu avais de jolies fe –

- M. Potter! rit Remus.

- Mmmh…

Le jeune homme se pelotonna contre lui, s'appropriant une partie de la couverture. Ils restèrent là un moment, silencieux. Remus, le nez dans les cheveux à l'odeur d'herbe fraîche de son amant, soupira imperceptiblement. Il avait un peu peur, au fond. Il avait peur que Harry parte. Parce qu'après tout ils ne s'étaient rien promis. L'Etoile du monde sorcier sembla anticiper ses pensées.

- Remus…

- Oui?

- Tu… tu viendrais habiter avec moi à Grimmaurd Square?

Remus obligea son cœur à repasser à un rythme normal puis lui embrassa le sommet du crâne.

- Bien sûr. C'est à mon tour de squatter chez toi, et honnêtement je ne pense pas pouvoir garder cette maison indéfiniment.

O

Le lendemain, Harry se planta fermement au centre de l'immense hall, resta pensif au moins un dixième de seconde, puis se décida.

- On jette tout.

Le tableau de la vénérable maman de Sirius éclata en imprécations et en menaces.

- Tout? demanda prudemment Remus.

- MAUDITS BATARDS!! DEGENERES!! SI UN SEUL MEMBRE DES BLACK –

- Tout.

- … ENCORE VIVANT, IL VOUS FERAIT SORTIE LA CERVELLE PAR LES OREILLES –

- J'ignore totalement ce qu'il y a là-dedans et je n'ai même pas envie de le savoir, continua Harry. Ce n'était pas… le vrai foyer de Sirius, donc il n'y a pas de regrets à avoir… Et puis ça nous évitera le rangement, ajouta-t-il, pratique.

Remus ne put qu'être d'accord.

- … SOUHAITE QUE VOUS CREVIEZ DANS LES ORDURES –

- J'ai déjà essayé, fit distraitement Harry en saisissant l'annuaire des Cheminettes.

O

- YAAAAAAAH!!! Un antique Retourneur de Temps de poche!!!

Tonks sautillait partout.

- Bien entendu, Harry avait tout de même prévenu ses amis avant le passage de la compagnie qui devait lui vider la maison, et une quinzaine de personnes fouillait allègrement de la cave au grenier, à la recherche de leur bonheur.

Remus suivit du regard une Hermione chargée de livres respectables, et décida d'aller faire un tour dans la bibliothèque avant que celle-ci ne se retrouve pillée. Harry l'y rejoignit une demi-heure plus tard, les cheveux pleins de poussière.

- Il y a une remise à balais, commença-t-il à débiter à toute allure, avec des merveilles, tu ne peux même pas imaginer, et même une vieux Frottàfond de première série, et –

- Et je pensais que tu voulais tout jeter? se moqua Remus.

Harry ferma la bouche et renifla. Puis sourit. Puis lui tira la langue. Puis lui demanda ce qu'il lisait.

- Un vieux livre de Potions, répondit Remus en le lui tendant.

- Plutôt du genre de Snape…

- C'est ce que je pensais.

- Tu veux lui offrir?

Remus haussa un sourcil.

- C'est à toi.

- Tout ce qui est à moi est à toi, fit Harry avec une courbette. Et honnêtement je n'en aurai pas l'utilité. (Il prit un air grave.) Ca permettrai peut-être d'entamer des "relations de civilit" avec lui, on risque d'en avoir besoin…

Remus le regarda d'un air sceptique.

- Des relations de civilité avec Snape?

Harry resta pensif un court instant.

- Ouais, laisse tomber.

O

Les travaux ne faisaient que débuter quand les derniers jours d'août arrivèrent. Mais après tout, ils auraient encore des vacances et des vacances…

oOo

Remus renifla. Marmonna. Renifla encore.

- Ca suffit, Remus, fit Bibine à côté de lui. Arrêtez de vous comporter comme un gamin.

Il se retint de lui tirer la langue et prit un air encore plus boudeur. De quoi elle se mêlait, celle-là. Enfin il aurait dû se douter que quelques membres de l'équipe ne tarderaient pas à deviner. Bon, d'accord, peut-être que s'il n'avait pas l'air aussi jaloux personne n'aurait deviné. Mais est-ce que c'était sa faute si Harry était assis à l'autre bout de la table à côté d'un petit jeunot auburn aux larmoyants yeux bleus azur qui se révélait être le nouveau professeur de Potions, aussi? Remus espéra mesquinement que Snape menait la vie dure au jouvenceau. Et qu'une de ses potions lui exploserait dans sa belle gueule.

Et si Harry pouvait cesser d'afficher ce sourire sympathique.

MacGonagall termina la répartition et emmena le Choixpeau. Remus oublia alors pour un moment Harry et observa avec curiosité le nouveau Directeur se redresser pour adresser son discours de bienvenue. Le temps que Snape ait déplié son interminable silhouette, un silence religieux était tombé sur la Salle.

- Bienvenue à tous, fit sobrement l'homme. Je suppose qu'il est inutile de vous rappeler que les vacances sont terminées et que le travail recommence. Je n'ai rien à vous apprendre que vous ne sachiez déjà – ou refusiez de savoir – concernant le règlement. Je compte sur les Préfets pour en informer les nouveaux venus. Bon appétit.

Snapesque.

Aucun élève n'applaudit – mais tous se jetèrent sur la nourriture qui venait d'apparaître. Remus lui-même regarda son assiette pleine avec plaisir.

- Il s'améliore, commenta Bibine.

Remus, la bouche pleine, leva un sourcil interrogateur dans sa direction. La sorcière renifla.

- Il y a deux ans, un des cinquième année m'a dit que son discours de bienvenue ressemblait à son ancien discours de début d'année.

- "L'art subtil des potions", "mettre la Mort en bouteille" et tout ça?

- Ouip. (La sorcière fit une pause en contemplant sa part de tourte.) Il n'avait pas tord, conclut-elle.

Remus sourit légèrement. Son sourire s'élargit en entendant un peu plus loin le Maître des Potions remettre à sa place M. Belle-Gueule.

O

Harry se laissa tomber sur le lit avec un soupir joyeux, puis regarda autour de lui.

- Ca y est. On y est, dit-il avec un air heureux.

Inutile de demander où.

Remus s'assit à côté de lui et lui écarta une mèche de cheveux du visage.

- Qu'est-ce qu'il y a? demanda vaguement le jeune homme, les yeux clos, béat.

- Je me disais que tu aimes vraiment Poudlard.

- Mmmmmh…

Harry posa la tête sur sa cuisse.

- Moui, fit-il simplement. (Puis il ajouta:) Antonin me disait à table –

- Antonin? coupa, peut-être un peu sèchement Remus.

Harry eut un sourire innocent.

- Oui, Antonin, le nouveau prof de Potions. Il me disait que –

- Tu l'appelles déjà Antonin?

- Entre collègues… Et donc il disait que –

- Snape est ton collègue et tu le connais depuis dix ans et tu ne l'appelles pas Severus, marmonna Remus.

La bouche de Harry se nicha dans son cou.

- Oh que voilà un loup-garou jaloux… fit le jeune homme avec un rire étouffé.

- Je ne suis pas –

Si. Remus soupira. Harry lui prit le visage entre deux mains et le força à le regarder.

- Je t'aime, dit-il doucement avant de l'embrasser.

L'estomac de Remus fit quelques sauts périlleux, mais il n'eut pas le temps de répondre, trop troublé par les mains qui couraient déjà partout sur son corps.

Il ne sut jamais ce que Belle-Gueule avait bien pu dire – et il s'en foutait totalement.

O

A suivre.