Auteur : Umbre77

Titre : Le jour des premières fois

Résumé : Faut vraiment ? Après tout, c'est juste une histoire ajoutée à… Oui ? Bon, d'accord… T_T… (je déteste les résumés ! Les titres aussi, d'ailleurs !)… D'aussi loin qu'on s'en souvenait, Jamie Sirius Potter-Malfoy avait toujours été amoureux de Love Blaise Mastrome Darlenne. Et quand on aime quelqu'un qui vous déteste, ce n'est vraiment, vraiment pas facile !

Note de l'auteur : hé béh voilà, j'ai craqué ! J'ai fini par la publier, cette merde (oui parce qu'elle est faite depuis trois siècles, en fait… Kof kof… Mais faites comme si je ne l'avais pas dit ! loll).

Ainsi, pour ceux qui désirait une histoire Love/Jamie, en voilà une. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire alors… bonne lecture !

oOooOooOo

Il ne se souvenait pas de la première fois où il l'avait vu. Selon ses parents, dès ce moment, il ne l'avait pas lâché des yeux. Selon ses parents, dès que ses grands yeux verts avaient croisés ses majestueuses prunelles bleues indifférentes, aussi bébé qu'il était, il l'avait fixé avec dévotion.

Pour un poupin d'à peine 6 mois, cela avait été étrange. Mais amusant. Toute la famille s'était amusée de son regard extasié. Surtout qu'il n'avait fait qu'empirer avec les années. A l'âge de un an, dès qu'il apparaissait, il courait aussi vite qu'il le pouvait et s'accrochait à lui, incapable qu'il était de le lâcher, de s'en éloigner. Et lorsqu'il arriva à l'âge dit 'insupportable', c'est-à-dire l'âge de réclamer, il n'avait cesser de supplier ses pères de l'emmener chez lui.

Oui, d'aussi loin qu'on s'en souvenait, Jamie Sirius Potter-Malfoy avait toujours été amoureux de Love Blaise Mastrome Darlenne. Lorsqu'il avait accompagné son frère, Tristan, âgé lui aussi de 11 ans, tout comme Love, au Poudlard Express, c'était à la robe de sorcier de Love qu'il s'était accroché, pleurant à l'idée de le voir partir pour dix long mois. Il n'avait que cinq ans, mais déjà, il ne voulait pas le voir partir. Tout le monde avait été attendri par sa mine défaite et Love l'avait regardé avec sa moue contrariée habituelle. Ses cheveux bruns légèrement ondulés coupés courts avaient été soufflés loin de ses yeux par son soupir exaspéré. Et il avait patiemment détaché chaque doigt crispé sur sa robe.

Bien entendu, les années étaient passées vite. Jamie ne vivait pas que pour lui, après tout. Il avait Andy, sa compagne et complice de jeux. Il avait ses pères, chaleureux, attentifs et aimants. Mais il se languissait des Noëls qu'ils passaient avec tous leurs amis. Ou plus précisément, qu'il passait accroché aux robes de Love. Il se languissait aussi des étés où il profitait de la solide amitié de Tristan et Love pour le coller.

Oui, aucun doute : son amour pour Love avait commencé dès leur premier regard. Malheureusement, c'était loin d'être réciproque. Le jeune garçon semblait terriblement ennuyé par l'attitude collant du frère de son meilleur ami. Il tentait généralement de s'en débarrasser sous de faux prétexte et était parfois méchant avec lui, s'attirant les foudres de sa mère, de son beau-père et des parents du petit blondinet collant. Mais franchement, qui allait le lui reprocher ? Il ne pouvait simplement plus supporter d'être harceler par un bébé !

Lorsqu'il revint de sa première année de Poudlard, riche d'expériences, de magie, d'aventures vécues avec la maison Serdaigle et Serpentard (Tristan y avait été placé et Love s'était rapidement entendu avec la maison des verts et argents), il avait abordé une autre tactique : l'ignorer.

Bien entendu, cela ne marcha pas. Jamie continuait de le suivre, mais il le faisait avec plus de discrétion. La seule chose que craignait réellement Love, c'était de le voir rentrer à Poudlard. Il aurait 16 ans et le blondinet 11, mais il n'avait pas envie de voir ce petit pot de colle lui traîner au basque.

Et pourtant, ce fut très exactement ce qui arriva. Dès le premier soir, celui de la répartition, il s'était détacher du groupe de première année pour venir près de lui, à sa grande honte. Le professeur Granger avait rappelé Jamie qui avait hoqueté d'horreur en se rendant compte qu'il ne pouvait rester avec lui. Et les amis de Love s'étaient empressé de se moquer de son « petit pot de colle » personnel.

Heureusement, le Choipeaux fut clément : Jamie fut placé à Gryffondor. Il était le premier Potter-Malfoy à y atterrir. Andy avait été envoyée à Serpentard, avec un Tristan ravi. La moue peinée de Jamie n'échappa à personne et attira la sympathie. Très rapidement, il se noua d'amitié avec ses camarades rouges et ors. Avec l'un d'eux, très exactement. Un certain Alistair.

« C'est qui ce garçon que tu voulais pas lâcher ?

-Love Darlenne, répondit Jamie. C'est le garçon que j'aime. Plus tard, je serais marié avec lui ! Comme mes pères ! »

Alistair rit de sa détermination. Love, qui avait entendu, grogna de dépit. Ses amis, déjà remplis de moqueries, redoublèrent de sarcasmes à cette révélation hautement perceptible.

Leur relation n'était vraiment pas au beau fixe. Dès qu'il le pouvait, Jamie courrait vers Love et s'accrochait à lui. Sa tactique du 'ignorons-le' ne fonctionnait pas du tout et il commençait à s'énerver. Si bien qu'après un rancard loupé à cause de son pot de colle personnel, Love craqua.

« Fiche moi la paix, non de dieu ! Tu vois pas que je ne te supporte pas ? Tu ne vois pas que je te déteste ! Je préférais être mort plutôt que d'être un jour avec toi ! Alors lâche moi ! »

Il avait violemment poussé le petit garçon de onze ans. Celui-ci était tombé par terre, ses grands yeux verts remplis de larmes. Ce jour là, Love goûta pour la première fois à la honte. Mais il était si en colère qu'il ne fit aucun geste pour relever son petit fan. Il le laissa là, par terre dans le grand hall, entouré d'élèves qui se moquaient de lui.

Ce jour là, Jamie pleura longtemps, couché en boule dans son lit rouge et or. Andy avait fini par être kidnappée par un Alistair inquiet. Et face à son incompétence, elle avait elle-même appelé un Tristan étonné.

« Allons, bonhomme ! avait dit son grand frère, en le serrant contre lui. Love ne le pensait pas. Il était juste énervé… Laisse passer quelques jours et tu pourras de nouveau le coller comme d'habitude ! »

Mais Jamie n'avait plus coller Love. Au contraire, il l'avait éviter, triste et effrayé. Alistair le suivait comme son ombre, s'assurant que le petit garçon allait bien. Le pire fut Noël. Jamie refusa de rentrer au Talus. Il savait que Love et sa famille viendrait fêter Noël, alors il ne voulait pas y aller. Une fois encore, Tristan et Andy tentèrent de le calmer, mais le garçon refusa obstinément de les écouter.

Après quelques jours de discussions serrées, Harry avait été appelé à la rescousse. Jamie avait été gêner de voir son père débarquer dans sa salle commune. Mais plus encore, il avait été mortifié de le voir si inquiet et attristé.

« Tu ne veux pas passé Noël avec nous et je sais pourquoi tu le refuses… Mais… penses-tu que fuir Love est une solution ? Sa manière d'agir n'était pas glorieuse, ce n'est pas à toi de te cacher !

-Je ne me cache pas, papa ! s'était-il écrié. Je suis juste… triste. Je n'aime pas de voir sa haine. »

Harry avait soupiré. Cette année là, pour la première fois, les Potter-Malfoy décidèrent de passer Noël en famille uniquement. Cela avait surpris leurs amis. Sept avait bien entendu été mise au courant de la raison de leur décision. Et Love avait subi la plus sévère réprimande de sa courte vie.

« Comment as-tu pu être si méchant avec Jamie, Love ? C'est indigne de toi ! Je sais que ce n'est pas facile de supporter qu'un enfant te colle sans arrêt, mais comprends-le ! Il est amoureux de toi ! Le pauvre a du avoir le cœur brisé !

-Mais moi je ne l'aime pas !

-Je sais, idiot ! répliqua sa mère. Mais c'est jute un enfant ! Le plus âgé, c'est toi ! C'est à toi de prendre sur toi ! Dans un an et demi, tu sortiras de Poudlard, tu pourras donc vivre ta vie loin de lui. Est-ce trop te demander de supporter cela ? »

Love s'était renfrogné, mais après quelques heures, il décida de présenter ses excuses à un Jamie qui avait d'abord refusé de le regarder. Planté dans le petit salon du Talus où toute la famille Potter-Malfoy les avait laissé seuls, il tenta de se faire pardonner. Et malheureusement, le petit blond lui pardonna.

A la rentrée, tout était de nouveau comme avant. Jamie le collait, il grognait sa colère dans sa cravate et ses amis se moquaient de lui. Si bien qu'il se mit à fuir les lieux publics pour trouver refuge dans sa salle commune. Au moins, là, ce petit pot de colle ne pouvait le déranger.

Comme Sept l'avait prédit, un an et demi plus tard, Love quitta Poudlard. Ce qui entraîna autant de larmes chez Jamie que son admission. D'autant plus que le jeune homme, d'une beauté prodigieuse, attirait à lui bien des regards que Jamie ne pouvait supporter. Il dut pourtant se faire à l'idée : Il avait juste treize ans, Love ne le voyait que comme un enfant.

« Mais un jour, c'est lui qui me courra après ! »

Fier de cette promesse, il tenta vaguement de devenir « l'homme idéal » pour Love. Il avait appris en l'espionnant qu'il aimait les hommes à la forte carrure, ce qui le désespérait, car il était trop frêle. Afin d'obtenir l'amour de cet homme, il se mit à courir, chaque matin, autour du stade de Quidditch. Il se levait aux aurores pour pouvoir effectuer plusieurs tours de terrain. Malheureusement, cela ne changea rien. Sa carrure restait frêle. Il acquit pourtant des muscles, mais uniquement dans les jambes et d'une telle finesse qu'ils n'étaient pas perceptibles. Déprimé au possible, il se lança dans la musculation… et cela échoua.

« Pourquoi je ne parviens pas à être musclé ! s'était-il écrié à un Draco Potter-Malfoy étonné, l'été de ses 14 ans.

-Tu es musclé, Jamie, répliqua son père. Mais tu as hérité de la carrure fine de ton père… Et tout comme lui, tu pourras faire ce que tu voudras, tu resteras… tout en finesse. »

Jamie grogna de dépit. Satané gène !

Son frère n'avait de cesse de le taquiner avec ça. Tristan était bien plus large que lui. En fait, pour dire la vérité, Tristan était fort comme un bœuf. Que ce soit d'un point de vue magique ou physique. Cela le rendait séduisant. Si séduisant qu'un instant, Jamie craignit que l'amitié de Love pour son frère soit autre chose. Mais Tristan venait de rencontrer une jeune femme nommée Daphné pour laquelle il se mourrait d'amour. Ce simple fait le réconforta.

« Tu sais, lui dit Andy, alors qu'ils rentraient à Poudlard pour leur cinquième année, je pense que courir après Love sans arrêt ne t'aidera pas… Je crois que tu devrais plutôt essayer de vivre d'autres expériences de ton côté. Après tout, lui, il en vit… et je doute qu'il veuille d'un petit garçon inexpérimenté. Il suffit de voir avec quoi il sort ! »

C'était vrai. Love sortait toujours avec des garçons plus âgés.

« Tu crois ? demanda-t-il, fixant sa sœur avec espoir.

-J'en suis certaine », répondit la jeune fille, tout en regardant par la fenêtre du compartiment.

De leur place, ils avaient une bonne vue sur le quai de la gare. Ils virent leurs pères leur faire signe. Ils y répondirent avec joie. A côté d'eux, Severus et Neville Londubat-Rogue saluaient une dernière fois leur fils qui s'apprêtait à rentrer dans le train. Les yeux de Andy étaient indubitablement posés sur lui.

« Et toi ? demanda Jamie, en contemplant sa sœur. Quand te décideras-tu à parler à Spencer ? »

Sa sœur rougit mais haussa les épaules.

« Je ne sais pas, dit-elle. Jamais, sans doute. Je ne pense pas qu'il m'aime d'une quelconque manière…

-Vous êtes dans la même maison… Vous devez bien être proche, non ?

-Nous n'avons pas les mêmes amis, dit-elle en soupirant. Et puis… Il est si… Sérieux ! »

Jamie approuva. Spencer avait hérité des caractéristiques de son père le plus âgé : il était sérieux au possible. Heureusement, la douceur de Neville lui avait été transmise !

« Qui ne tente rien n'à rien, soeurette, lui dit-il tout en se levant. Tu devrais tenter ! »

Il quitta le compartiment pour rejoindre les Gryffondor. Alistair l'accueillit d'un large sourire.

« Hé, Jamie ! Passé de bonnes vacances ? As-tu vu Love ? »

Le blond haussa les épaules. Il l'avait à peine vu et le peu de fois où s'était arrivé, comme toujours, il avait été superbement ignoré.

« Mon pauvre ! lui dit Alistair en riant.

-Tu n'as pas l'air de compatir du tout ! lui signala Jamie.

-Bah, mieux vaut en rire qu'en pleurer, non ? »

Jamie avait secoué la tête face à la phrase bateau de son meilleur ami. Pendant tout le voyage, pourtant, il réfléchit à ce que lui avait dit sa sœur. Faire ses propres expériences ? Mais avec qui ?

« Alistair ? demanda Jamie. Est-ce que tu me trouves beau ? »

Son ami, alors occupé à recopier un devoir de vacance oublié, releva la tête de son parchemin. Il le scanna de la tête aux pieds et souris.

« Putain oui, Jamie, tu es beau ! Comment peux-tu en douter ? »

Il laissa planer un instant de silence.

« Rassure-moi, tu me dragues pas, là, j'espère ? » demanda-t-il subitement.

Jamie éclata de rire.

« Certainement pas ! dit-il. Mais ma sœur m'a dit quelque chose, tout à l'heure… Elle pense que je devrais vivre mes propres expériences de mon côté… Avec des garçons, tu vois…

-Jamie, te vexe pas, mais je suis hétéro ! signala Alistair.

-Crétin, laisse-moi finir ! »

Jamie lui donna une tape sur la tête en punition.

« Ce que je veux dire, c'est que je pensais à ça et brutalement, je me suis dit… Enfin… Je pense que ce serait bien aussi. Il y a d'autres garçons que Love, sur terre, après tout. Le truc, c'est que… Est-ce qu'un seul d'entre eux voudra de moi ? »

Alistair le fixa d'un air idiot pendant cinq minutes.

« Tu es vraiment aveugle, mon pauvre Jamie ! Bien sûr que oui ! Tu ne sais donc pas que tu es plus maté par la communauté homo de Poudlard que ne l'ont jamais été d'autres hommes ? Et pourtant, ton père était apprécié, du temps de sa scolarité ! »

Jamie grogna. Il n'aimait pas entendre parler des succès de ses pères. Il était bien assez difficile de les voir coller l'un à l'autre sans arrêt !

« On me mate ? finit-il par dire, surpris.

-Merlin oui ! Ton amour inconsidéré pour Love en a désespéré plus d'un… »

Jamie se perdit dans la contemplation de la lande anglaise.

« Dis… Tu crois que tu pourrais me faire une liste ? »

Alistair lui répondit par un grand sourire.

Trois jours plus tard, une liste fut déposée sur son lit. Dessus étaient marqués les noms des garçons, leur âge et leur maison. Jamie commença aussitôt un repérage et il sortit finalement avec un Poufsouffle de son année. Rapidement, pourtant, il rompit. Le jeune homme n'avait pas un caractère idéal pour lui. Il préférait les garçons moins dégoulinant de bons sentiments.

Un sixième année de Serpentard fit son bonheur. Leur relation commença en décembre et ne se finit qu'en mai. Il s'appelait Thomas et était assez gentil. Sérieux, aussi. Et malheureusement, il tombait amoureux de lui. Hors, Jamie ne voulait pas d'une histoire d'amour. Il ne voulait pas briser le cœur de quelqu'un juste parce qu'il voulait tenter de 'vivre un peu sa vie en dehors de Love'.

Il ne sortit plus avec personne cette année scolaire là. Mais son travail au restaurant lui fit rencontrer un jeune serveur de 18 ans qui lui plu assez. Sous l'air méfiant de Draco et amusé de Harry, il commença rapidement à flirter avec lui.

Sean Crown était un garçon charmant et assez gentil. Il avait de l'humour et le regardait comme s'il était la huitième merveille du monde. Jamie sentit que son amour pour Love était en danger face à ce garçon au regard noir. Mais il ne s'en aperçut que lorsque Love se présenta au restaurant en compagnie d'une de ses conquêtes. Lorsqu'il le vit, le jeune homme eut une grimace. Sans doute craignait-il de le voir gâcher son rancard, comme à son habitude. Mais rien ne se produisit comme il le craignait. Il les servit avec un étonnant professionnalisme et une indifférence qui stupéfia Love. Et l'irrita.

Alors qu'ils entamaient les desserts dans une ambiance plus ou moins cordiale, Love vit du coin de l'œil Sean entrer au restaurant. Il se dirigea rapidement vers les cuisines où il entra avec un joyeux bonjour. La salle n'était pas particulièrement pleine et Love n'eut aucun mal à entendre les conversations. Le fait qu'il soit placé près de la porte de service aidait également beaucoup.

« Tu es en retard, Sean, signala Harry, d'une voix pressée.

-Désolé patron ! dit le jeune homme. J'ai eu du mal à me réveiller. »

Le directeur du restaurant rit en l'entendant.

« Ne le dis pas en présence de Draco, si tu tiens à la vie…

-Bien chef ! dit-il. Est-ce que… »

Il s'arrêta, gêner.

« Enfin… Est-ce que Jamie peut dormir à la maison, encore une fois ? »

Un silence puis un 'bien sur !' joyeux arracha un glapissement de joie à Sean.

« Mais n'arbore pas cette expression lubrique devant Draco !

-Promis ! » dit le jeune homme.

Quelques minutes plus tard, il sortit des cuisines avec un calepin en main. Sans s'inquiéter des clients, il se dirigea vers Jamie et posa une main tendre sur sa taille. Il glissa sa bouche près de son oreille et chuchota quelque chose. Le blond sourit tendrement et hocha de la tête.

« Alors à ce soir ! » lui dit Sean.

Il l'embrassa sur la joue et s'empressa de répondre à l'appel d'un client. Rester près du comptoir du bar, Jamie le regarda s'éloigner avec une lueur de convoitise dans les yeux.

Sans s'en apercevoir, Love avait depuis longtemps complètement tordu sa fourchette à dessert.

Quand il rentra chez lui, il ne parvint pas à se sortir cette image de la tête. Jamie souriant avec amour à un autre que lui ? Et puis d'abord, qu'est-ce que ça faisait ? Il devrait en être content ! Il allait enfin être débarrassé de lui ! Mais il était tout sauf content. Une colère inexplicable le rongea pendant des jours et jamais son été n'avait été aussi pourri. Il ne fut jamais plus heureux de voir l'anniversaire de Harry Potter-Malfoy arriver. Comme chaque année, la famille la plus célèbre du monde sorcier organisait une fête en l'honneur du sauveur. Et comme chaque année, Love était invité, ainsi que sa mère, son beau-père, ses frères et ses sœurs.

Alors qu'il se hâtait généralement d'inventer un prétexte pour ne passer qu'en après-midi pendant un temps aussi court que possible, cette fois, il décida d'arriver dès le matin avec sa mère. Cela surpris prodigieusement Harry et le reste de la famille, mais il fut bien accueilli. Pourtant, il remarqua tout de suite que Jamie n'était pas là mais n'osa pas poser de question. S'il devait s'inquiéter de l'absence du gamin de 16 ans qu'il l'avait sans arrêt collé et dont il avait tenté de se débarrasser coûte que coûte, cela aurait semblé suspect. A la place, il préféra aller saluer Tristan et Daphné. Même s'il les voyait souvent, il était toujours heureux de les retrouver.

Un cri de rage poussé par Draco le fit sursauter. Quand il se retourna, il s'amusa de le voir tirer un Spencer Londubat-Rogue par l'oreille, l'air maussade.

« Draco, qu'est-ce que tu fais ? s'écria Harry.

-Il embrassait MA petite fille ! s'écria le blond.

-Laquelle ? Nicole ? Johanna ? demanda le brun, surpris.

-Non ! Andy ! »

Son époux le regarda d'un air blasé et délivra le pauvre garçon.

« Andy n'est plus une petite fille, amour, dit-il. Alors cesse de déformer l'oreille du fils de Severus, sinon, celui-ci risque de faire pire à Claus ! »

Draco eut un air agacé et siffla.

« Je ne veux pas le voir à moins de dix mètres de ma petite fille !

-Ta petite fille à 16 ans, tout comme Jamie ! Laisse-là vivre sa vie ! Depuis le temps qu'elle rêvasse au sujet de Spencer, elle doit te détester d'avoir interrompu un tel moment !

-Quoi ? Andy est… De… mais pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?

-Tout spécialement pour éviter ce genre de crise ridicule ! répliqua Harry. Laisse-les grandir, enfin !

-Mais ils ont juste 16 ans ! Et d'ailleurs, où est Jamie ?

-Avec Sean, Draco. Il est avec Sean !

-Encore ! s'exclama le blond. Chez lui ?

-Non, chez nous ! Et je t'interdis d'aller les déranger !

-Mais… Non ! »

Harry l'attrapa par la main.

« C'est mon anniversaire et je souhaite te tenir par la main jusqu'à ce soir, minuit, dans notre chambre où je te tiendrais par autre chose…

-Pitié, papa, mes oreilles ! s'exclama Tristan, plaquant ses mains sur celles-ci. »

Les autres personnes présentent éclatèrent de rire alors que Johanna, Nicole et Andy faisaient un geste similaire. Claus, lui, regardait d'un air interrogateur.

Love avait rit lui aussi, mais il ne pensait plus qu'à une chose : Jamie était à l'étage, seul avec ce Sean. La colère qui s'était apaisée face à la scène plus que cocasse s'était réveillée.

« Je reviens, dit-il en posant son verre sur la cheminée. Une envie pressante… »

Et sans hésiter, il quitta le grand salon pour se diriger vers les étages. Il y avait plusieurs toilettes au Talus, mais Love avait toujours préféré celle des étages. Personne ne fut donc surpris de le voir grimper les marches quatre à quatre.

Pour avoir éviter le territoire de Jamie pendant des années, Love savait parfaitement où était sa chambre. Il n'hésita donc pas à entrer dans le couloir y menant. Il savait qu'une salle de bain était attenante à sa chambre et qu'il serait donc normal qu'il soit juste à côté. S'il était surpris, il n'aurait qu'à prétexter la présence d'une personne dans ses toilettes préférées, ce qui l'avait obliger à aller dans une autre.

Sans aucune crainte, il poussa la porte de la salle d'eau. Il fut soulager en y voyant des cabinets : son excuse tiendrait donc la route. Il se tourna vers le mur séparant la chambre de Jamie de la pièce et s'approcha pour plaquer son oreille dessus. Rien, aucun bruit. Agacé, il finit par sortir sa baguette. Prudent, il ferma d'abord la porte de la salle de bain puis, enfin, osa lancer le sortilège d'opacité. Il craignit un instant que son sortilège soit détecté par Tristan. Son ami avec une puissance hors du commun et il ne voulait pas qu'il apprenne qu'il espionnait son frère. Mais quand il vit ce qu'il se passait dans la chambre, il oublia totalement Tristan.

Ce n'était pas choquant, en soi. Le plus grave avait visiblement déjà été fait, mais les voir enlacer à demi nu fit naître en Love une telle jalousie qu'il se sentit vaciller. Qui était ce bellâtre qui osait poser les mains sur le torse de son Jamie ? Ce garçon qui osait embrasser ses épaules, caresser son ventre ? Il se retint de toutes ses forces pour s'empêcher de défoncer le mur. Et les paroles n'aidaient pas.

« Sean, on nous attend en bas !

-Encore une minute », dit le jeune homme.

Jamie rit contre lui.

« Hors de question ! dit-il. Allez, dépêche ! Père va finir par monter et je n'ai pas envie que tous les amis de la famille l'entendent te traiter de dépraver pervers parce que tu as osé coucher avec son cher petit garçon adoré ! »

Sean rit tout en se séparant péniblement de lui.

« Bon, d'accord, j'arrête, dit-il. Mais tu ne perds rien pour attendre ! Cette nuit n'est pas suffisante, j'en veux encore ! »

Jamie rit de plus belle.

« Tu es vraiment un dépravé pervers ! »

Il lui asséna un coup de t-shirt. Sean l'attrapa vivement pour ensuite le lui arracher.

« Ne me frappe pas avec mon propre t-shirt, tu veux ! »

Il le déplia pour l'enfiler prestement.

« Et puis ça n'avait pas trop l'air de te déranger, que je sois un pervers, la nuit passer…

-Et ça ne me dérange pas, dit le blond, tout en enfilant une chemise blanche qu'il commença à attacher. Mais que mon père l'apprenne, ça, ça me dérange ! »

Sean eut un rire et vint l'enlacer pour embrasser son cou.

« Sean, attention, tu vas froisser ma chemise !

-Et Merlin sait que ce serait une catastrophe, hein ? dit l'autre, moqueur. Bon, je descends, si je te dérange. A tout de suite ! »

Jamie leva les yeux au ciel et déposa un baiser sur sa joue.

« A tout de suite ! »

Avec un dernier baiser, Sean quitta la pièce en sifflotant joyeusement. Jamie secoua la tête, continuant d'attacher sa chemise. Il la rentra ensuite dans son pantalon qu'il attacha et vérifia que le tout était bien mit. Passant une brosse dans ses cheveux, il resta un petit moment immobile face à son miroir, semblant pensif.

« Qu'est-ce que je vais faire, maintenant ? demanda-t-il à son reflet.

-Descendre pour l'anniversaire de ton père serait bien, lui répondit ce dernier.

-Non, je ne parlais pas de ça, répliqua le blond. Je parlais de Sean…

-Que veux-tu que je te dise, moi ! Je ne suis qu'un reflet.

-Mais tu es mon reflet. Donc, tu sais ce que je veux…

-Oui, je sais. Tu voudrais être amoureux de Sean, mais tu ne l'es pas. »

Love se détendit aussitôt, même s'il restait crispé.

« Je voudrais l'aimer, oui, murmura Jamie. Mais…

-Mais tu ne peux pas… Tu devrais le plaquer avant qu'il ne soit trop attacher ! »

Jamie se passa une main sur le front en entendant son reflet.

« Mais je l'aime, dit-il. Et je ne veux pas le blesser…

-Plus tu attendras, plus tu le blesseras, tu le sais… Romps tant qu'il n'est pas totalement accroc à toi… »

Jamie soupira.

« Pas aujourd'hui, dit-il. Je n'en ai pas le courage… Je ferais ça… Plus tard ! »

Et sur cette parole, il quitta sa chambre. Love s'empressa d'arrêter le sort et se précipita sur le lavabo. Il venait juste d'ouvrir la vanne d'eau froide lorsque la porte s'ouvrit sur un Jamie stupéfait.

« Oh, dit-il, étonné. Love… Mais qu'est-ce que… ? »

Le brun ne répondit pas, feintant de se laver les mains.

« Bon, peu importe, dit Jamie, l'air agacé. Désolé d'être entré sans frapper. Personne ne vient ici, normalement… »

Comme indifférent à sa présence, il entra à son tour pour aller ouvrir une armoire. Celle-ci contenait un cadeau finement emballer.

« C'est pour ton père ? »

De surprise, Jamie faillit laisser tomber le paquet. Love sentit une pointe de remord l'envahir. Depuis quand ne lui avait-il plus volontairement adressé la parole ? Au moins… Oui, ça faisait bien cinq ans. A l'occasion de ses pitoyables excuses pour son comportement révoltant…

« Oui, répondit Jamie. Il faut bien cacher ses cadeaux, sinon, il les trouve et il lance des sorts pour savoir ce qu'il y a dedans… C'est un vrai gamin ! »

Il leva les yeux au ciel tout en refermant l'armoire. Au même instant, Love ferma le robinet et chercha un essuie des yeux. En le voyant faire, Jamie en attrapa un et lui lança.

« Merci », dit-il, tout en le fixant.

Jamie haussa les épaules, feignant toujours de ne pas se préoccuper de lui. Mais Love n'était pas idiot. Il avait très bien remarqué son souffle plus rapide, ainsi que la légère rougeur de ses joues.

'Au moins, je l'attire toujours'.

Cette pensée le rassura et il s'approcha de Jamie.

« Tu as bien grandit, depuis la dernière fois que je t'ai vu… »

Sous prétexte de le mesurer, il se posta devant lui et posa une main sur sa tête.

« Encore un petit effort et tu atteindras peut-être ma taille… »

Les joues de Jamie étaient d'un rouge bien plus prononcé.

« Je ne sais pas si je grandirais encore beaucoup, dit-il. En tout cas, je n'ai pas pris un centimètre en un an… »

Il avait parlé sans balbutié, contrairement au passé et cette assurance lui plu. Il était rouge, certes, mais sûr de lui. Ou peut-être qu'il avait fini par ne plus rien attendre de lui. C'était probablement la meilleure raison du calme de sa voix.

« Je vois, dit-il. Ce n'est pas grave… Tu es très bien comme ça. »

Et en parlant, il laissa ses yeux voyager sur le corps du plus jeune. Celui-ci écarquilla les yeux de surprise. Love dut retenir son sourire. Oui, c'était ça… Jamie n'imaginait pas un instant qu'il puisse être attiré par lui.

« Où est donc passé le petit garçon blond qui me courrait après ? demanda-t-il d'une voix tendre. J'ai l'impression qu'il s'est métamorphosé en un magnifique jeune homme… »

Cette fois, la mâchoire de Jamie failli se décrocher. Mais il la garda solidement fermer.

« Tout le monde grandit, dit-il, tout en reculant, gêner. Et vieilli. Comme mon père, d'ailleurs. Il doit m'attendre, en bas. On y va ? »

Love eut une moue chagrinée, tout en continuant de le fixer intensément.

« S'il le faut vraiment », dit-il.

Sa réponse sembla stupéfié le plus jeune qui se repris pourtant très vite. Au fond de lui, Love eut presque pitié pour Sean. Quelque chose lui disait que le pauvre garçon allait rapidement être largué !

L'anniversaire de Harry se passa étonnement bien mieux que ne l'avait craint Love, en arrivant. Bien sûr, il dut se maîtriser fortement lorsqu'il voyait Sean peloter Jamie, mais il n'était pas le seul à enrager. Draco Potter-Malfoy et son paternalisme sur développé furent ses meilleurs alliés de toute la journée. Et quand Sean dut rentrer chez lui vers 16 heures, il ne cacha pas son soulagement.

« Tu es bizarre, aujourd'hui, Love, fit remarquer sa mère.

-Bizarre ? dit-il. Je ne vois pas en quoi. Tu m'excuses, j'aimerais discuter avec parrain ! »

Et il s'approcha de Blaise, méfiant du sixième sens aigu de sa mère. Heureusement, Blaise était bien trop distrait par Louis que pour discuter longtemps avec lui et c'est d'un pas nonchalant qu'il s'approcha de l'endroit où était Jamie. Ce dernier discutait avec Spencer, l'air compatissant.

« Tu n'as qu'à faire comme si de rien était. Papa va lui parler et il va se calmer. Je suis sûr que quand il lui aura exposé combien tu es un garçon sérieux, digne de confiance et qui plus est, du même âge que Andy, il t'accueillera… Non, pas à bras ouverts, mais avec plus de sympathie qu'il n'en a manifesté aujourd'hui ! »

Spencer afficha un air incrédule, mais il approuva. Il fut appelé par son père et, après s'être excusé, s'éloigna d'un pas rapide et élégant. Rester seul, Jamie le suivit des yeux d'un air amusé.

« Ton père est donc si difficile, vous concernant ? » demanda Love, faisant sursauter le plus jeune.

Le blond le regarda d'un air réellement ahuri. Il ne comprenait pas pourquoi cet homme qui l'avait ignorer pendant toute son enfance venait maintenant lui parler. Et qu'est-ce que c'était que ce regard désireux, dans la salle de bain ? Love était-il saoul ?

« Très difficile, répondit-il mécaniquement, tout en s'interrogeant. A ses yeux, nous ne sommes que des enfants. Il ne supporte pas de nous voir grandir trop vite. Je crois qu'il a peur de nous voir partir… Il voudrait nous garder pour lui aussi longtemps que possible. »

Il sourit en parlant. Son père était le plus distant et sévère de ses deux parents, mais ce n'était qu'une façade, il l'avait très bien compris, tout comme ses frères et sœurs. En vérité, Draco était profondément attaché à chacun d'entre eux et il leur souhaitait le plus grand bonheur du monde…

« Il a laissé partir Tristan, non ? Demanda Love.

-Après trois jours de discussion intense avec papa, signala Jamie, riant. Mais je ne m'inquiète pas… Père veut notre bonheur. Lorsqu'il réalisera que Andy est sincèrement amoureuse de Spencer, il deviendra un défenseur acharné de leur couple, quitte à enchaîner Spencer à… Non, pas au lit de Andy, mais au moins à la barrière entourant la maison ! »

Love sourit en l'entendant parler. Sans le regarder, Jamie se servit un verre de jus d'orange qu'il but tranquillement. Il grimaça en le buvant et un rayon violet fusa vers son verre. Relevant les yeux, le blond sourit à son grand frère qui s'était approché.

« Il n'y a pas de pulpe dedans et rien qu'en voyant ta grimace, j'ai eu pitié, lui dit Tristan.

-Tu aimes la pulpe ? s'étonna Love, attirant l'attention des deux Potter-Malfoy. Ce n'est pas… commun, on va dire.

-Jamie n'est pas comme tout le monde », dit simplement Tristan en lui ébouriffant les cheveux.

Son petit frère rit en le sentant faire. Il passa pourtant une main rapide dans ses cheveux, les ordonnant de nouveau.

« Alors, ça se passe comment, à Poudlard ? demanda Tristan. Il paraît que tu es en possession d'une liste de garçons. Comptes-tu tous les embrasser ?

-Embrasser ? demanda Jamie. Depuis quand le simple baiser est-il une preuve de victoire ? »

Il ricana devant l'air blasé de Tristan.

« Je n'ai pas l'intention de sortir avec tous… De toute façon, la liste a changé. Tous les septièmes années qui s'intéressaient à moi sont partis…

-Quel drame ! commenta Tristan. Il te reste encore les autres !

-Certes, répondit Jamie. Mais j'ai découvert que je préférais les garçons plus âgé que moi…

-Et donc, avec Sean… »

Le blond soupira et baissa la tête.

« Ah, dit Tristan, faisant une grimace. Ça ne colle pas ?

-Oh si, très bien, dit-il. Mais… Je n'arrive pas à tomber amoureux de lui. »

Le plus âgé eut une grimace. Love, lui, se retenait de sourire comme un perdu.

« Et tu comptes le plaquer, donc ? »

Jamie hocha de la tête.

« Peut-être qu'avec un peu de temps…, sous-entendit Tristan.

-Non, répondit fermement Jamie. Ça fait un mois que je sors avec lui et ce qui aurait du se transformer en amour a muté en une profonde amitié et beaucoup de respect. Trop de respect que pour lui briser définitivement le cœur…

-Je crois que tu le lui briseras quand même, tu sais ? demanda Tristan, tout en posant une main sur son épaule pour s'excuser du chagrin qu'il faisait à son frère. Il m'a déjà l'air de beaucoup t'aimer. »

Jamie soupira.

« Je sais, dit-il. Enfin…Je romprais avec lui dès que je peux… »

Tristan secoua la tête.

« Si ce n'est pas malheureux… Tu deviens comme Père, à l'époque de Poudlard. Il paraît que lui aussi courait après tout ce qui bougeait… Peut-être que dans cinq ans, tu rencontreras ton propre Harry… »

Jamie sourit.

« J'espère le rencontrer plus vite, dit-il.

-Est-ce pour ça que tu as gardé la fameuse liste de Alistair ? »

Jamie grimaça en rougissant. Love, lui, plissa les yeux. Il n'avait pas pensé à ça ! Jamie allait à Poudlard. Cette foutue école était une agence de rencontre à elle toute seule ! Et il ne pourrait rien faire, vu qu'il avait déjà 21 ans et donc, aucune chance d'y retourner.

« Papa et père étaient ennemis, intervint brutalement Nicole, qui s'était approchée. Peut-être que tu devrais essayer avec les garçons qui te détestent ? »

Jamie la regarda d'un air étonné et sembla sérieusement y réfléchir.

« Sauf que… personne ne le déteste, signala Johanna en arrivant. Enfin, selon Andy… »

La concernée, installée un peu plus loin, entendit son nom et s'approcha.

« Quoi ? dit-elle.

-Quelqu'un déteste-t-il Jamie, à Poudlard ? Demanda Nicole.

-Pas que je sache, répondit Andy. Non, il est généralement assez apprécié. Enfin, sauf par Rusard, mais il n'aime personne.

-Ben voilà la solution ! s'exclama Tristan. Heureux, Jamie ? Rusard est ton âme sœur ! »

Le blond fit semblant de s'étouffer et de vomir. Il termina par un soupir d'agonie et se laissa tomber mollement dans un fauteuil, sous le rire de ses frères et sœurs.

« Moi, je veux bien t'épouser ! s'exclama Claus, venu les rejoindre.

-On ne se marie pas, entre frères, répondit Rose, qui était venue également. Demande à Sirius, il te donnera une explication assez amusante sur le sujet… »

Claus hocha de la tête et partit en courant vers celui qu'il considérait comme son grand-père.

« Pauvre Sirius », dit Andy, amusée.

Les autres haussèrent les épaules avec indifférence.

« Sinon, Jamie… N'avais-tu pas déclarer un jour que tu épouserais Love ? » le taquina Tristan.

Le blond rougit brutalement et n'osa pas croiser le regard amusé du concerné.

« Je n'étais qu'un gamin stupide à l'époque, merci de me le rappeler, Tristan ! dit-il.

-Tu es toujours un gamin, intervint Draco, qui s'était approché. Et le gamin que tu es va venir, ainsi que tous les autres, offrir son cadeau à son père qui trépigne d'impatience. Debout la marmaille ! »

Les Potter-Malfoy grognèrent d'ennui mais obéirent avec plus de joie qu'ils n'en montraient.

Love s'apprêtait à les suivre lorsqu'il remarqua que Rose Malfoy le fixait d'un air pensif.

« Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il, mal à l'aise.

-Oh non, tout va bien, répondit la médicomage, amusée. Je me disais juste… que tu regardais mon neveu avec beaucoup d'intérêt. »

Love haussa un sourcil.

« Lequel ? dit-il. Je te rappel qu'il y en a trois !

-Non, deux, répondit-elle. Je suis la marraine de Claus, je te rappelle ! »

Love leva les yeux au ciel.

« Il en reste encore deux…

-Tu sais très bien du quel je parle, Love, répondit Rose. Serais-tu intéressé par Jamie ? »

Il haussa les épaules.

« En quoi ça te regarde ?

-En tout et en rien, répondit la jeune femme. Je sais juste que Jamie est amoureux de toi depuis si longtemps que personne n'est capable de dire quand ça a commencé. Je sais également que si tu décides de jouer avec, il te laissera faire ce que tu veux, comme tu le veux, sans même protester et cela, quoi que tu lui fasses. Et c'est cela, justement, qui me dérange…

-Comment ça ? demanda Love.

-Sans vouloir t'offenser, Love… Ne joue pas avec lui, sauf si tu as l'intention de l'aimer toute ta vie ! Car je ne suis pas la seule à avoir remarquer que tu le fixais avec plus d'intérêt. Deux Potter-Malfoy sont déjà en train de décoder ton attitude. Et ce sont les deux plus puissants ! »

Sur ses mots, elle s'éloigna pour aller embrasser la joue d'un Harry Potter-Malfoy venant de découvrir son cadeau. Love regarda l'homme, dubitatif. Il ne semblait pas l'avoir regardé de la soirée. Comment pouvait-il l'avoir observer ?

« Il n'en a pas l'air, mais papa est très observateur, intervint Tristan, le faisant sursauter. Quant à moi, un sortilège d'opacité jeté sur le mur de Jamie m'a intrigué. Ce n'est pas beau de jouer les voyeurs, Love… »

Le concerné leva les yeux au ciel et se laissa tomber sur le canapé près de lui.

« Est-ce que tu vas me faire la morale ? dit-il.

-Non, répondit le jeune homme, souriant. Je ne vais pas non plus te mettre en garde. Tu me connais bien. Tu sais que je veille autant sur ma famille que mes pères. Je veux simplement savoir quelles sont tes intentions vis-à-vis de mon petit frère. »

Le brun soupira en regardant Jamie. Ce dernier tendait son paquet à son père, un joyeux sourire aux lèvres.

« Sincèrement ? Je n'en ai pas la moindre idée ! »

Tristan grimaça.

« Pourquoi ce subit intérêt ?

-Je ne sais pas non plus… Je ne l'avais jamais regardé avant. Même maintenant, je ne le regarde pas vraiment. Tout ce que je sais… C'est qu'il m'est insupportable de le savoir avec quelqu'un d'autre. Il m'est inadmissible qu'il puisse s'enticher d'un autre. »

Tristan le regarda d'un air pensif.

« Alors ce n'est que ça ? Un sentiment de propriété agacé ?

-Non, pas du tout ! s'énerva Love. Je ne suis pas… Enfin, tu vois.

-Comme ton père ? demanda son ami. Je n'en doute pas. Mais quand tu dis que tu ne supportes pas que mon frère soit regardé par un autre, on le dirait…

-Ce n'est pas ça ! dit Love. Depuis toujours, c'est vrai que Jamie n'a jamais regardé que moi… Et ça m'a toujours dérangé, mais je m'y suis habitué.

-Alors ça te dérange de perdre quelque chose que tu as toujours eu ? Je ne suis pas sûr d'apprécier ça non plus, tu sais ?

-Je sais, répondit Love.

-Tu ne l'as jamais regardé ? demanda Tristan, l'air peiné. Même pas une toute petite fois ?

-C'est un gamin, Tristan ! »

Son ami eut un sourire amusé.

« Oui, c'est un gamin… Mais un gamin qui grandit. N'est-ce pas ce que tu lui as dit dans la salle de bain ?

-Tu nous espionnais ?

-Je t'ai dit que le sortilège d'opacité avait attiré mon attention ! répliqua Tristan. Regarde le, maintenant, s'il te plait. »

Love haussa un sourcil interrogateur.

« Regarde-le et décris-le moi. »

Love eut une moue mais tourna la tête vers Jamie. Ce dernier était assis près de Harry et le regardait en souriant, heureux de le voir déballer ses présents.

« Il a l'air gentil et joyeux, dit-il. Il a vraiment l'air d'aimer son père…

-Je ne te demande pas de regarder ses expressions, dit Tristan. Mate le. »

Love parut étonné mais il inspira pour regarder le jeune homme blond. Comme dans la salle de bain, il laissa ses yeux descendre sur le corps du jeune homme.

« Il est fin, dit-il, exprimant ses pensées à voix haute. Il ressemble beaucoup à son père. A Draco, je veux dire. Ses cheveux sont blonds et lisses. Il a une peau adorablement blanche, bien qu'elle ne paraisse pas trop pâle. Il n'a pas l'air d'un cachet d'aspirine, je veux dire. Son visage est très beau… Il a perdu ses rondeurs d'enfants. Il a des épaules magnifiques… Il a une carrure fine, mais très musclée, si j'en juge à ses avants bras et à ses mollets. Il a des jambes de coureurs…

-Il court beaucoup, commenta Tristan. Quoi d'autre ? »

Love ne répondit pas. Il en était tout bonnement incapable. Sa respiration était coupée. Quand était-ce arrivé ? Bien sur, il avait remarqué qu'il grandissait… Mais quand était-il devenu aussi beau ? Quand avait-il acquis se semblant de maturité encore jeune, mais bien présente ? Quand son visage était-il devenu plus adulte ? Quand avait-il commencé à être attirant ?

« Est-ce que tu le vois, maintenant ? demanda Tristan.

-Oui, souffla Love, incapable de détourner ses yeux de Jamie.

-Bien, dit son ami. Et qu'est-ce que tu ressens, si je te dis que ce garçon… S'est envoyé en l'air toute la nuit avec un autre homme ? »

Le grondement rageur que poussa Love attira sur lui l'attention de tous les invités. Heureusement, comme il regardait Tristan, tous crurent que les deux amis se chamaillaient et s'en désintéressèrent.

« C'est la réalité, Love, continua Tristan. Oh, Jamie est amoureux de toi. Il l'a toujours été, après tout. Mais il grandit. Et chaque année qui passe le pousse à regarder autour de lui. Il découvre d'autres hommes et commencent à s'y intéresser. Et ceux-ci le remarquent également. Comment ne pas le faire ? Eux ne l'ont pas connu bébé. Ils le voient comme un adolescent qui deviendra plus tard un homme magnifique. Non, qui devient un homme magnifique. Il attise la convoitise et c'est normal.

-Tais-toi, pitié, dit Love.

-Tu l'as toujours vu comme un gamin ? Je ne crois pas. Tu t'es simplement dit qu'il t'attendrait aussi longtemps que tu le voudrais alors tu ne t'es pas gêner pour t'en désintéressé. Mais tu n'as jamais oublié que quelque part… Il était à toi. Tu es possessif, comme ton père, que tu le veuille ou non. Mais plus que tout… Il t'intéresse… Vraiment ! »

Love ferma les yeux, mortifié.

« Pitié, Tristan…

-Quoi ? C'est la stricte vérité, tu le sais bien. Regarde-le… Tu l'as toujours regardé, tu sais. A Poudlard, quand tu l'as blessé… Tu étais dans un état aussi pitoyable que lui. Bien sur, tu avais honte… Mais surtout, tu t'en voulais horriblement de l'avoir blessé et tu désirais réellement te faire pardonner ! Combien de fois as-tu laissé ton regard dérivé vers la table des rouges et ors pendant les repas ? Sois honnête avec toi-même, Love…

-C'est bon, j'ai compris, lui signala le jeune homme. Non d'un chien… C'est un gamin !

-Il n'a que cinq ans de différence, tu sais ?

-C'est énorme, cinq ans ! s'agaça Love. Regarde comment il est devenu, en cinq ans !

-Tu préférais qu'il ait onze ans… J'ignorais que tu avais ce genre de penchant…

-Crétin ! répliqua Love. Je ne suis pas pédophile. Je veux dire… Comment sera-t-il à mon âge ? Ou ne serait-ce qu'à sa majorité ? Je n'aurais jamais la patience d'attendre jusque là !

-Et bien n'attends pas !

-Je ne détournerais pas un mineur ! s'exclama Love, outré.

-Techniquement, tu ne le détournes pas, tu sais ? demanda Tristan. Ça fait des années que tu l'as détourné ! »

Love gémit en enfonçant son visage entre ses mains. Amoureux d'un gamin ? On aura tout vu !

« Hé, une minute, toi ! Tu n'es pas censé me dire que c'est ton petit frère et que si je le touche, tu me tues ? »

Tristan éclata de rire.

« Tu rigoles ? Love, je l'ai vu pleurer des milliers de fois à cause de ton indifférence. Si tu ne le touches pas, je te tue ! La seule chose que je te demande, c'est de lui être fidèle et de te dépêcher de lui mettre le grappin dessus ! »

Love haussa un sourcil interrogateur.

« Il y a des milliers de pervers dans le monde, dit sérieusement Tristan. Je préfère le savoir avec un pervers que je connais…

-Hé ! Je ne suis pas un pervers !!

-Pitié, Love… Nous sommes sortis en boîte ensemble, ok ? Je sais comment tu es ! »

Le jeune homme eut la bonté de rougir de honte. Mince, Tristan savait comment il était.

« Oh, une dernière chose… papa ne te parlera pas aujourd'hui… Mais n'oublie pas que sous ses dehors gentillets, c'est un vrai démon. Père, à côté de ça, c'est un ange. Alors ne blesse jamais Jamie… Tu risquerais de le sentir passer ! »

Love regarda Harry Potter-Malfoy embrasser son mari avec tendresse.

« Je note, dit-il. Une tactique, pour Jamie ?

-Laisse-le rompre avec Sean avant… Sinon, il va être totalement chamboulé et je ne veux pas que mon frère joue un double jeu avec lui… C'est un garçon sympa.

-Et quand va-t-il rompre ?

-Je t'enverrais un message. Quand ça arrivera, je vous organiserais une rencontre chez moi… J'inviterais Jamie sur une excuse bidon et comme par hasard, ce jour là, tu nous rendras visite, à Daphné et moi…

-Tu es vraiment un Serpentard… »

Tristan sourit d'un air ravi.

« Merci, dit-il. Cela dit, je te surveillerais, pendant ta tentative de séduction… Alors n'agit pas comme un crétin. Je ne te donne pas l'autorisation pour t'envoyer en l'air avec lui derrière le cabanon du jardin, compris ?

-Hé ! Je ne suis pas comme mon père ! s'énerva Love.

-Non, mais tu es un pervers… Et quelque chose me dit que tu vas très vite vouloir t'isoler avec Jamie… Il n'en a pas l'air, avec ses petits airs angéliques, mais c'est le digne fils de mes pères… Comme moi, d'ailleurs. Et tu sais ce qu'on dit sur mes pères, n'est-ce pas ? »

L'air lubrique de Love lui arracha une grimace.

« Pitié, épargne-moi ça ! Je suis de ton côté, mais de là à te voir le regarder comme ça, je ne sais pas si j'y survivrais… Et tu risques d'attirer l'attention de père ! »

Love repris aussitôt une expression plus neutre.

« Merci, dit Tristan. Je t'envois un message très rapidement.

-Je l'attends impatiemment », répondit-il, ses yeux toujours fixé sur Jamie.

Et pour l'attendre, il l'attendit. Les jours passaient et il commençait à en avoir marre de guetter ce foutu hiboux. Est-ce que Jamie allait larguer cet abruti de serveur le jour de son départ pour Poudlard ? Cette simple idée le révoltait, car elle sous-entendait qu'il ne le reverrait plus avant Noël. Or, il voulait absolument commencer à le charmer avant. Enfin, charmer… Façons de parler. Il allait juste s'assurer qu'il se débarrasserait de cette liste de garçons !

Ce fut le 24 août qu'il reçut la lettre de Tristan. Il s'en saisit fébrilement pour découvrir quelques mots écris à la va vite.

Jamie a plaqué Sean. S'est mal passé. Est venu de lui-même à la maison. Ramène tes fesses. Fais comme si c'était un hasard ! GROUILLE !

Mal passé ? Comment, mal passé ? Inquiet, Love se jeta dans sa cheminée, non sans avoir vérifié qu'il était décent. Il n'avait pas vraiment envie d'arriver en pyjama non plus ! Il arriva à Godric's Hollow, maison de Daphné et de Tristan et fut surpris de ne trouver personne dans le salon. Alors qu'il sortait de la cheminée, la jeune Auror arriva.

« Ils sont à l'étage, dit-elle, l'air sombre. Dans la chambre ronde…

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il.

-Jamie a dit à Sean qu'ils devaient se séparer… Qu'il n'était pas amoureux de lui et ne pouvait pas continuer comme ça. Et Sean l'a… très mal pris. »

Love sentit une pointe de rage naître en lui.

« Est-ce qu'il lui a fait du mal ? »

Daphné grimaça.

« Disons qu'il va entendre parler des pères et qu'il va probablement perdre son emploi au restaurant… Tristan, Harry et Draco s'en occuperont… Pour l'instant, tu ferais bien de monter… »

Il approuva et courut jusqu'au couloir. Il croisa Tristan qui avait un air si mauvais qu'il en trembla de frayeur.

« C'est à ce point ? demanda-t-il, de plus en plus inquiet.

-Je vais éviscérer ce fils de chien, siffla Tristan, sa magie crépitant autour de lui. Occupe toi de mon frère ! »

Il partit sans même attendre de réponse. La gorge serré, Love grimpa quatre à quatre les escaliers. Il avait déjà dormi à Godric's Hollow par le passé et savait donc où se trouvait la chambre ronde. Il s'en approcha donc vivement et se figea à l'entrée. Il n'y avait aucun son à l'intérieur, si ce n'est une calme respiration. Ne pouvant plus supporter le suspens, Love poussa la porte. Au son, Jamie, qui était assis dans le lit, se retourna. Il parut stupéfait de le voir là, mais Love ne s'en préoccupa même pas. Il était bien trop furieux en découvrant les ecchymoses, les vêtements déchirés et la lèvre gonflée du jeune homme. Les points serrés, il s'avança dans la chambre dont le volet était légèrement baissé, afin de diminuer la luminosité.

« Love ? s'étonna Jamie. Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Je passais par hasard, dit-il, la voix dure. Daphné m'a dit… Et Tristan m'a demandé de venir te surveiller. »

Jamie le fixa un instant puis se détourna, cachant son visage.

« Ah, dit-il. Ben… C'est gentil, mais je vais bien. Je n'ai pas besoin de baby-sitter, tu peux rentrer chez toi. »

Love ne répondit pas. Etonné, Jamie tourna la tête vers lui et découvrit son air furieux. Il frissonna en le voyant.

« Euh… Tu vas bien ?

-Non, répondit Love, tremblant de rage. Je crois que je vais commettre un meurtre dans peu de temps et je n'aime pas ça… »

Jamie sembla déstabilisé par son aveux.

« Qu'est-ce que tu… ? »

Love ferma les yeux, coupant Jamie dans sa phrase.

« Il m'est… insupportable de te voir dans cet état, Jamie… »

Le concerné le fixait, immobile, voir même gelé.

« Je ne comprends pas, dit-il après un moment. Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

Love ouvrit les yeux en entendant ses mots.

« Ce que ça peut me faire ? Non mais est-ce que tu t'es vu ? Tu es couvert de bleu ! Tu es blessé ! Et ça m'est insupportable. Je ne peux pas accepter que qui que ce soit te face du mal ! »

La respiration de Jamie se bloqua dans sa gorge. Après un long moment, il ressentit une douleur dans la poitrine et se remit à respirer.

« Tu sais ce n'est pas… Si dramatique. Je l'ai bien amoché, moi aussi… Et puis… C'était mérité.

-Mérité ! s'écria Love, sa voix portant dangereusement fort.

-Je lui ai fait croire… Enfin… J'ai joué avec lui. C'est de ma faute.

-Rien ne justifie qu'il t'ait frappé ! cria le brun, furieux. Rien, tu m'entends ! On ne frappe pas les gens sous prétexte qu'ils vous plaquent ! C'était de ton droit de le faire. Qu'est-ce qu'il voulait ? Une relation sans amour ? Personne de saint d'esprit ne souhaite une telle chose. Son comportement est irresponsable et impardonnable. Ce n'était pas de ta faute !

-Je n'aurais pas du me servir ainsi de lui.

-Tu ne t'es pas servi de lui ! s'époumona Love, tout en se précipitant sur lui. Tu le respectais et le considérais comme un ami. Tu as voulu lui épargner une souffrance inutile et il te remercie comme ça ? Non, Jamie, je crois que tu ne comprends pas bien. Celui qui mérite des coups, ce n'est pas toi, c'est lui ! Il n'avait pas le droit de s'en prendre à toi ! Personne n'en a le droit ! »

Tout en parlant, il s'était agenouillé dans le lit et l'avait tiré contre lui pour le serrer de toute ses forces. Comment osait-on s'en prendre à ce garçon ? Ce si merveilleux garçon qu'il aimait ? Si Tristan le laissait vivant, lui le tuerait !

« Love… Tu me fais mal, hoqueta Jamie. Tu sers trop fort… »

Il s'en écarta précipitamment, l'air horrifié.

« Pardon ! dit-il.

-Non, ce n'est rien, ris Jamie, tout en tirant maladroitement sur ses vêtements. C'est moi qui m'excuse. Tu ne devrais pas t'en faire autant, ça va, tu sais ?

-Il me dit que ça va ! C'est ça ! Menteur ! Tu as le droit de pleurer, tu sais ?

-Je ne pleurais pas, dit Jamie.

-Tu devrais !

-Non… Si je pleure, il aura gagné. »

Love cligna des yeux d'un air idiot. Il sourit pourtant et, la grande surprise de Jamie, le repris dans ses bras, le serrant avec plus de douceur que la précédente.

« Tu es courageux, dit-il, caressant ses cheveux. J'aurais du m'en douter, tu es à Gryffondor, après tout… Mais c'est tout de même plaisant à constater… »

Contre lui, Jamie respirait vite, visiblement troubler. Love sourit en s'en apercevant mais ne fit aucun commentaire.

« Jamie, murmura-t-il. Tu es un garçon bien. Non… Un homme bien. »

Une fois encore, la respiration de Jamie se bloqua un court instant.

« Tu as bien agis en te séparant de lui et quoi que tu en penses, tu n'es pas fautif… Il n'aurait pas du agir ainsi et je t'interdis de penser autrement. D'accord ?

-D'accord », répliqua le plus jeune.

Il sembla hésiter puis passa ses bras autour de sa taille. Love poussa un soupir de satisfaction en le sentant faire.

« Oser te faire du mal… à toi ! Je devrais le tuer pour ça !

-Je crois que Tristan s'en occupe, dit-il. Enfin… J'espère quand même que non !

-Et moi, j'espère que si ! dit Love. Il le mériterait, crois-moi. Personne n'a le droit de te toucher de cette manière ! »

Jamie eut un vague sourire. Sean avait du frapper vraiment très fort pour qu'il ait de telles hallucinations. Dans tous les cas, elles étaient vraiment très plaisantes. Il n'allait certainement pas tenter de les arrêter ! Au contraire. Si elles pouvaient durer longtemps… Comme toute sa vie, par exemple ? Il en serait réellement reconnaissant à Sean.

« Tu vas bien, tu es sûr ? Est-ce que tes parents savent que tu es dans cet état ?

-Non, répondit Jamie. Ils ne savent pas. Mais je crois que Tristan est allé les chercher. Je suis étonné qu'ils ne soient pas déjà là… Et oui, je vais bien. Je suis probablement dans le coma, mais je vais bien.

-Dans le coma ? demanda Love, tout en s'écartant de lui. Il le regarda sous toutes les coutures, s'assurant qu'il n'avait rien. Pourquoi dans le coma ?

-C'est la seule explication à ton comportement étrange ! répliqua Jamie. Sincèrement, Love… tu étais en train de me serrer dans tes bras ! »

Le jeune homme le regardait d'un air perplexe.

« Oui, et alors ?

-Alors ? Ne suis-je pas censé être quelque chose de désagréable et de totalement négligeable que tu devrais ignorer ? Ne suis-je pas… Comment as-tu dis, déjà ? Ah oui… La personne que tu détestes ? Celle qui te donnerait envie de mourir plutôt que d'être en ma compagnie ? »

Love grogna et le colla contre lui d'un air mauvais.

« J'étais un gamin stupide, merci de me le rappeler, dit-il, copiant les paroles de Jamie à l'anniversaire de Harry. Je suis désolé pour ça. Je me suis déjà excusé, non ?

-Oui… Même si on aurait dit que tu regrettais de le faire… »

Love grogna de plus belle. Etait-il obligé de lui rappeler ça aussi ? Ses excuses avaient été aussi pitoyables que son comportement.

« Je tiens à toi, Jamie, dit-il. Bien plus que tu ne peux l'imaginer. Bien plus que je n'étais capable de l'accepter. Alors… Dis-toi juste… Que je ne supporte pas qu'on te fasse du mal. Que je ne supporte pas non plus de te voir avec quelqu'un. Avec quelqu'un d'autre que moi, s'entend. Respire, Jamie ! »

Le jeune homme avait cessé de respirer depuis le début de son discours.

« Tu as pitié, c'est ça ? Est-ce que Tristan t'a payé ?

-Crétin, répondit Love. Personne ne m'a payé. Disons juste que j'ai ouvert les yeux.

-Ouvert les yeux ? demanda Jamie.

-Tu es sacrément attirant, répliqua Love. Tu m'attires, en vérité et cela, depuis si longtemps que je l'avais même pas remarqué. »

Des pas précipités se firent entendre dans les escaliers, accompagnés des cris inquiets de Harry et Draco.

« Nous en reparlerons », dit Love.

Il s'écarta de lui et sourit en constatant que les doigts de Jamie étaient crispés sur sa robe. Comme par le passé, il les dénoua doucement. La différence, c'est qu'il ne souffla pas d'exaspération. A la place, il se pencha sur lui et déposa un baiser sur son front. Il eut tout juste le temps de se redresser et de s'écarter avant que la porte s'ouvre, laissant entrer un Harry Potter-Malfoy mort de frayeur. Derrière lui, Draco semblait tenter entre serrer son fils contre lui et aller tuer Sean.

« Jamie ! s'exclama Harry en bondissant sur le lit. Mon dieu, qu'est-ce qu'il t'a fait ? Mais tu pleures ! »

Love se retourna aussitôt pour découvrir qu'en effet, quelques larmes s'étaient échappées des yeux de Jamie. Pourtant, il souriait. Il souriait comme un dément, ce qui lui arracha une moue amusée.

« Jamie ? Tu vas bien ? Pourquoi souris-tu ? Jamie ?

-Je souris parce que tu me fais rire, papa, répondit le jeune homme. Je vais bien, ne t'en fais pas. Par contre, je suis inquiet pour Tristan… Il est parti voir Sean et…

-Ne t'en fais pas, répondit Draco. Daphné est avec lui. Elle le contrôle. »

Jamie sembla approuver cela. Si quelqu'un pouvait empêcher Tristan de commettre un homicide, c'était Daphné !

« Et vous ? demanda-t-il. Qui vous empêche de tuer ?

-Notre envie de ne pas aller en prison, répliqua Draco. Cela dit, il est viré. N'est-ce pas, Harry ?

-Bien sûr ! répondit le concerné. Comme si j'allais garder quelqu'un capable de faire du mal à l'un de Mes enfants ! »

Il eut un air coléreux qui impressionna réellement Love : était-ce ce dont parlait Tristan ? Le côté démoniaque de Harry Potter-Malfoy ?

« Que fais-tu ici, Love ? demanda Draco, non sans lui serrer la main pour le saluer.

-J'étais venu rendre visite à Tristan, expliqua-t-il. Comme il était furieux, Daphné m'a expliqué et Tristan m'a chargé de le surveiller…

-C'est gentil, dit Harry. Mais nous nous en occupons, maintenant. Si tu veux rentrer…

-Je crois que ce serait mieux, oui, dit-il, bien qu'il en soit agacé. Prenez soin de vous… »

Les Potter-Malfoy le remercièrent et Jamie le regarda sortir d'un air à la fois anxieux et attristé. Et si tout ça n'était qu'un rêve ? Et si c'était juste un mauvais coup sur sa tête qui le faisait délirer ? Peut-être était-ce le cas, d'ailleurs. Il ne savait plus trop quoi penser.

« Tu vas bien, tu es sûr ? demanda son père, tout en passant une main sur son front. On va rentrer à la maison… Les autres sont inquiets pour toi. Là bas, on demandera à Severus de venir. Je veux être sûr que tu n'as rien…

-Je n'ai rien, papa, répliqua Jamie, tout en se levant. Mais bon, si tu as besoin de ça pour te rassurer… »

Quand il arriva chez lui, il n'eut pas le loisir de réfléchir à ce qu'il s'était passé à Godric's Hollow. Tous ses frères et sœurs tournaient autour de lui, tel des corbeaux. Et quand Severus arriva, il fut ausculté avec une minutie presque agaçante.

« Il se porte comme un charme, conclut le professeur de potion. Une pommade pour les ecchymoses et il n'y paraîtra plus. »

Jamie sembla ravit de l'apprendre. Il eut un léger sourire à l'intention de ses pères qui étaient nettement plus détendu.

« Bon, dit-il. Vous voyez ? Je vais bien ! »

L'angoisse qui était présente dans la maison avait définitivement laissé place à du soulagement. Tristan apparut une demi-heure plus tard avec Daphné. Celle-ci leur apprit qu'il n'avait rien fait à Sean, si ce n'est le terrifier à vie.

« Je crois qu'il ne frappera plus jamais personne », dit Daphné, amusée.

Toute la petite famille rit et Jamie en fut soulagé. Il était bien sûr triste que sa relation avec Sean se soit si mal terminée, mais il avait bien appris de son erreur : dorénavant, il éviterait de rester trop longtemps avec des personnes qu'il savait ne pas aimer.

« Viens là petit frère, lui dit Tristan, l'attirant dans une solide étreinte. Franchement… Il va falloir que tu prennes des cours d'auto-défense !

-Hé ! se plaignit le concerné. Je me suis bien défendu !

-Oui, j'admets, concéda Tristan. Il était dans un aussi mauvais état que toi ! »

Les rires accueillirent cette nouvelle et Draco eut un sourire ravi.

« Je suis très fier de toi, dit-il. Je l'aurais été bien plus si tu lui avais cassé la jambe, mais on ne peut pas tout avoir…

-Ne l'incite pas à la violence, s'il te plait », rétorqua Harry.

Après cette réflexion, la famille reprit plus ou moins une vie normale. Plus ou moins car Harry le couvait davantage et Draco semblait décidé à le tenir éloigner des garçons plus encore. Plus ou moins car Jamie devint plus rêveur. Avait-il réellement vécu ses moments avec Love ? Ou n'était-ce définitivement qu'un délire de son subconscient ? Il n'osait même pas demander confirmation de sa présence à ses parents. Ils auraient trouvé ça trop louche.

Deux jours avant la rentrée, une lettre lui fut apporté au petit déjeuné. Il était heureusement seul à ce moment là et il se hâta de décrocher le message.

Nous devons discuter, je te le rappelle. Je n'ai pas oublié cela. Pourrais-tu me retrouver devant le chaudron baveur, côté moldu ? Je t'y attendrais vers 14 h, pendant une demi-heure.

Bien à toi,

Love.

Jamie contempla la lettre pendant dix minutes, stupéfait. Alors il n'avait pas rêvé ?

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Andy, le faisant sursauter.

Il lui lança un regard hésitant puis, se levant brusquement, la pris par la main pour la tirer vers les étages.

« Les enfants, vous ne mangez pas ? demanda Harry, sortant de la cuisine.

-Plus tard », répondit Jamie.

Et il entraîna sa sœur avec lui jusqu'à sa chambre. Là, il ferma brutalement la porte et la fit s'asseoir sur son lit. Enfin, il lui tendit sa lettre. Andy leva un sourcil en la lisant.

« Love ? Dit-elle. Love t'envoies une lettre ? Il te donne un… Un rendez-vous ? De quoi devez-vous discuter ? Et quand avez-vous décider que vous deviez le faire ?

-Je ne saurais trop te le dire, répondit Jamie en se laissant tomber sur son lit. Mais écoute, il… Il a eu un comportement bizarre avec moi.

-Bizarre comment ? » demanda Andy, intéressée.

Jamie la regarda d'un air ennuyé puis, vivement, se mit à tout lui raconter. Le subit intérêt de Love le jour de l'anniversaire de leur père, mais également son comportement, à Godric's Hollow. A la fin de son récit, Andy souriait comme une possédée.

« Oh, je vois, dit-elle. Il te regarde enfin ! »

Jamie gigota.

« Tu crois ? Demanda-t-il. Tu crois qu'il m'aurait enfin remarqué ?

-Quelle autre explication à ça, sinon ? dit-elle en brandissant le message. Ah, Jamie, c'est une excellente nouvelle ! Ton rêve d'enfance va se concrétiser…

-N'en sois pas si sûre… Peut-être que depuis, il a regretté et qu'il va juste m'accueillir pour me dire qu'il s'est planté et qu'il ne veut plus me voir. Ou peut-être va-t-il sortir avec moi mais je ne serais qu'une passade…

-Peut-être, oui, lui répondit sa sœur. Mais franchement, c'est toujours mieux que son indifférence, non ? Et puis, tu es un Gryffondor, que je sache ! Vas-y et vois comment les choses tournent… Et évite de trop te prendre la tête… Laisse faire les choses, tout simplement. »

Jamie réfléchit un instant à cela. Andy se trompait rarement, il suffisait de voir les effets de son dernier conseil. Vivre ses propres expériences avait été positif, si on mettait de côté sa conclusion avec Sean. Après tout, Love le voyait, à présent, non ?

« Tu as raison, dit-il. Je vais pas me prendre la tête et aviser avec le temps. »

Sur cette conclusion, ils redescendirent dans la salle à manger ou toute la famille était réunie.

« Enfin ! s'exclama Harry. Qu'est-ce que c'est que ces complots ?

-Complots ? demanda Andy. Aucun complot, papa. Jamie et moi aimerions juste aller sur le Chemin de Traverse, tout à l'heure. Nous avons envie de faire les magasins un peu… Je crois qu'il a besoin de se changer les idées… »

Harry les regarda d'un air soupçonneux tout les deux mais il finit par approuver.

« Très bien, dit-il. Quelqu'un d'autre veut les accompagner ? »

A leur grande joie, personne ne se proposa.

« Qu'est-ce que tu vas faire, sur le Chemin de Traverse ? lui demanda Jamie, quand ils regagnèrent sa chambre.

-Retrouver Spencer, répondit Andy. Je lui envoie un hibou tout de suite. Ça te dérange si on y va plus tôt ? Ainsi, ça t'évitera de tourner en rond dans la maison… »

Jamie approuva son idée. Il n'avait pas envie lui aussi d'attendre désespérément 14 h.

Sans surprise, Spencer fut positivement ravi de les retrouver devant chez Ollivander. Ils quittèrent donc la maison vers les 10 h. Jamie n'aimait pas de tenir la chandelle mais Andy insista pour qu'il reste avec eux jusqu'à son rendez-vous. Surpris d'entendre parler d'un quelconque garçon, Spencer s'étonna.

« Tu as rendez-vous ? Avec qui ? demanda-t-il.

-Love, répondit Andy, à sa place. Et il est impatient !

-Je ne le suis pas, grogna Jamie. Bon, peut-être un peu… Mais c'est normal, aussi, j'attends ça depuis…

-Seize ans ? demanda Spencer, amusé. Et bien… Qui l'eut cru ? Depuis combien de temps ?

-L'anniversaire de papa, dit Andy.

-Je me disais qu'il te fixait étrangement, murmura Spencer. Et bien, et bien… Tu l'as dit à tes parents ?

-Je ne sais même pas si on va sortir ensemble, répondit Jamie. Je leur dirais si c'est le cas ! »

Andy et Spencer approuvèrent sa décision. La matinée s'écoula bien plus vite que Jamie ne le pensait. Se promener sur le Chemin de Traverse deux jours avant la rentrée était réellement agréable. Ils croisèrent bons nombres de leur camarade de classe. Tous profitaient du soleil, un sourire radieux sur le visage. A midi, ils décidèrent de s'accorder un sandwich au chaudron baveur. Jamie pensait avoir le temps de retourner dans l'allée sorcière, mais ils passèrent un si bon moment qu'il s'aperçut avec surprise qu'il était déjà 14 h.

« Je vais y aller, dit-il. On se retrouve à quelle heure, pour rentrer ?

-Aucune, répondit Andy. Je dirais à papa que tu as croisé des amis et que tu as décidé de rester un peu avec eux. Je ne donnerais pas de noms, ainsi, il n'ira pas vérifier. Bonne chance petit frère ! »

Ce dernier grimaça. Etait-elle toujours obligée de lui rappeler qu'ils avaient un mois de différence ?

« A toute à l'heure, vieille sœur ! » répliqua-t-il puérilement.

Sous le rire de Spencer, Andy lui tira la langue alors qu'il sortait du chaudron baveur. Il regarda autour de lui, inquiet d'être du côté moldu. Non pas qu'il n'y allait jamais, mais il était toujours accompagné d'un membre de sa famille quand s'était le cas. Et puis, il ne comprenait pas pourquoi Love lui donnait rendez-vous de ce côté-là…

« Jamie ? Tu es déjà là ? »

Le jeune homme se retourna pour voir Love arriver d'un pas rapide. Visiblement, il avait eu peur d'être en retard.

« Oui, je me suis promené avec ma sœur sur le Chemin de Traverse, dit-il. Alors ça n'a pas été difficile d'arriver à l'heure… »

Love lui fit un sourire et Jamie sentit qu'une part de lui était réellement en train de s'affoler. Il s'obligea pourtant à garder un air neutre. Pas besoin d'avoir son air amoureux sur le visage : il ne savait pas ce que lui réservait Love, après tout.

« Andy est donc dans les parages ? demanda le plus âgé.

-Oh, elle est restée dans le Chaudron Baveur, avec Spencer, dit-il. Nous sommes notre propre alibi pour que papa ne lâche pas l'inquisition à nos trousses…

-Astucieux, répondit Love. Tu viens ? »

Il lui tendit une main que Jamie considéra d'un air interrogateurs. Love sembla amusé et se saisit de sa main pour ensuite le tirer vers les rues de Londres. Jamie fut légèrement étonné. Il le tenait par la main ? Dans la rue ? Que mijotait donc Love, exactement ?

Bien entendu, il ne posa aucune question. A la place, il se laissa guider, peu soucieux des rues qui défilaient autour de lui. Il voulait juste savoir pourquoi cet homme qui ne le regardait jamais semblait soudainement se préoccuper de lui. Ce n'était pas habituel. Et c'était très déstabilisant. Finalement, ils s'arrêtèrent une fois arriver dans un parc relativement calme. Love le conduisit jusqu'à un petit banc protéger du soleil par l'ombre d'un arbre imposant. Ce dernier protégeait également des regards curieux.

« Je suis content que tu ais pu venir, lui dit Love. Non pas que j'ai pensé que tu ne viendrais pas, mais je craignais qu'un de tes pères t'en empêcherait…

-Ils ne sont pas contre les sorties, dit Jamie. Disons que Père est protecteur vis-à-vis de nos relations amoureuses. Tandis que Papa nous laisse faire ce que nous voulons, tant que c'est raisonnable et que nous ne nous mettons pas en danger. Je ne crois pas être en danger avec toi. Si je leur avais dit que j'avais rendez-vous avec toi, je ne crois pas qu'ils s'y seraient opposés.

-Tu ne crois pas ? Même pas Draco ? Demanda Love, étonné.

-Père n'a pas de raison de se méfier de toi, que je sache… »

Jamie avait dit ça d'un air condescendant. Après tout, techniquement, il était le cadet des soucis de Love. Alors pourquoi son père se serait-il inquiété de le savoir en sa compagnie ? Cette réalisation assombris légèrement le visage de Jamie.

« Alors ? Demanda-t-il. Pourquoi exactement voulais-tu me voir ?

-Le message n'était pas clair ? Demanda Love. Je voulais que nous terminions notre conversation… Au sujet… Et bien, je ne sais pas trop comment qualifié le sujet… »

Jamie acquiesça. Quel était le sujet, exactement ? Il n'y en avait pas vraiment…

« Je n'ai pas bien compris… Ce que tu essayais de faire, en vérité, dit Jamie, préférant regarder le parc devant lui. Ton comportement… Je veux dire… Pourquoi as-tu agis ainsi ? »

Il y eut un instant de silence puis Love soupira.

« Comment te répondre ? lui demanda-t-il. Je suis… un crétin. »

Jamie sursauta en l'entendant. Il se tourna vers lui pour le regarder, interrogateur.

« Hein ? dit-il, déstabilisé.

-Voilà qui veut tout dire, souffla Love, ennuyé. Je suis un crétin, tu as bien compris. Je veux dire… Tu as passé ton enfance à t'accrocher à mes robes ! »

Jamie rougit en l'entendant parler.

« Et cela m'agaçait énormément ! Pour ne pas dire que j'étais réellement prêt à te jeter un sort quand je te voyais courir vers moi, la bouche en cœur. J'ai tout tenté pour te faire décrocher. L'agressivité, les insultes, l'indifférence… Rien ! J'en suis venu à me tenir éloigné de tous les endroits où tu étais susceptible d'aller… Et au moment où je m'y attends le moins… Tu te désintéresses de moi ! »

Jamie leva un sourcil sceptique en l'entendant. Lui, désintéressé ? La bonne blague !

« Sauf que là, c'est moi qui ne suis plus d'accord, poursuivit Love, agacé. Parce que je m'aperçois qu'il m'est insupportable de te voir avec quelqu'un. Que je te veux pour moi tout seul ! Que je te suis… attaché. Réellement. Je tiens à toi. Depuis toujours, probablement. Sauf que je ne t'ai jamais vu que comme un bébé pleurnichard et insupportable. Bébé que tu n'es pas. Loin de là. Tu es même très… Peu importe ! »

Le visage de Jamie avait brutalement prit une couleur rouge en l'entendant parler.

« Est-ce que tu es en train de dire que…

-Quoi ? demanda Love, agacé de le voir s'arrêter.

-Que tu es attiré par moi ? demanda Jamie, stupéfait.

-Est-ce si horrifiant ?

-Horrifiant ? Demanda Jamie. Non. Incroyable, oui ! Je veux dire… Qu'est-ce qui t'a fais changer d'avis ?

-Tu m'as écouté ? Je… je te vois, maintenant.

-Tu ne me voyais pas, avant ?

-Si, mais je te voyais comme un bébé… »

Jamie leva un sourcil sceptique.

« Je vois, dit-il. Et maintenant non ? Bien, je suppose qu'il était temps…

-Ne prends pas cet air blasé, veux-tu ? s'agaça Love. Tu étais un bébé, à l'époque. Tu l'es toujours, d'une certaine manière !

-Certainement pas ! s'exclama Jamie, bondissant sur ses pieds. Je suis un homme.

-Un homme, vraiment ? Alors pourquoi tu n'agis pas comme tel ? »

Jamie eut un mouvement de recul de la tête. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ?

« Un homme aurait déjà eu le courage de m'embrasser », répliqua Love, face à son air perdu.

Cette fois, le blond rougit jusqu'à la racine des cheveux. Embrasser Love ? Comme ça ? Dans ce parc ? Sans réfléchir ? Sans crainte d'être rejeter ? Et si c'était juste une mauvaise farce ?

Face à lui, Love soupira profondément.

« Qu'est-ce que je disais, dit-il, en l'attrapant par la main. Un vrai gamin. »

Il le tira brutalement vers lui et posa ses lèvres sur les siennes. Jamie sentit son ventre se tordre brutalement et son cœur faire une si violente embardée qu'il crut qu'il était sorti de sa poitrine. Pourtant, il ne s'écarta pas. Love le tira plus près de lui et il se laissa faire. Peu lui importait d'être assis sur ses genoux. Peu lui importait d'être vu. Peut-être que Andy et Spencer étaient cachés dans un buisson… Il s'en fichait. La langue de Love caressait sa lèvre inférieur. Elle se glissait parfois dans sa bouche et rencontrait la sienne. Elle la taquinait alors, la cherchait, la provoquait. Et doucement, presque malhabile, il lui répondit. C'était délicieux. Et étrange. Et si excitant. Il se surpris à enrouler ses bras autour des épaules de Love, pour se plaquer violemment contre lui.

« Quelle indécence ! »

Jamie sursauta en entendant une voix féminine. La femme marmonnait tout en s'éloignant, disant à son enfant de ne pas regarder. Il aurait du en être gêner, mais il n'y arrivait pas. A la place, il regardait Love qui souriait, moqueur.

« Un parc était définitivement une bonne idée, dit-il, tout en passant une main dans ses cheveux. Ici, au moins, je ne peux rien te faire… »

Jamie frissonna. Quoi ? Il les avait amené là de crainte de lui faire… Mais il était d'accord, lui ! Il ouvrit la bouche pour protester mais n'eut pas le temps. Love l'embrassait de nouveau et il n'avait aucune envie d'arrêter ça. Loin de là, même.

« Qu'est-ce qui a changé ? Demanda Jamie, lorsqu'ils se séparèrent. Je suis toujours plus jeune que toi… et c'est vrai que je suis un gamin, comparé à toi… Mais… Pourquoi maintenant, tu veux de moi ? »

Love souffla contre son cou. Il sentit ses bras se serrer autour de sa taille.

« Avant, dit-il à son oreille, je pensais que je n'avais pas à m'inquiéter. Que tu serais toujours là, quoi qu'il arrive. Chaque fois que je me retournais, tu étais là. Donc, je pouvais faire ce que je voulais. Tu étais un gamin sans importance. Beau, certes, mais un enfant. Protégé des tentations extérieures. Des dangers extérieurs. Je n'ai pas vu tout de suite que tu grandissais. Je ne l'ai compris que cet été. Et ça m'a… Agacé. Enervé. Enragé. Tu es devenu beau. Non, pas exactement. Tu as grandi et la beauté que tu avais et que je me forçais à nier… Cette beauté est apparue aux yeux des autres.

-Les autres ? demanda Jamie, en s'écartant de lui.

-Ceux qui ne sont pas stupidement aveugle et donc, qui peuvent tenter de te séduire et de t'arracher à moi. Ça m'a parut… insoutenable, lorsque je t'ai vu avec ce garçon. Lorsque j'ai compris que vous aviez couché ensemble. Je veux être le seul à te toucher. Le seul à pouvoir t'approcher. Le seul avec qui tu veuilles être. Je te veux… Pour moi tout seul. »

Jamie le fixait d'un air à la fois étonné et inquiet.

« Est-ce que… C'est juste de la possessivité ?

-Non d'un chien ! s'énerva Love. Je ne suis pas comme mon père ! »

Jamie lui lança un regard interrogatif. Son père ? Lee ?

« Tu parles de Lee ? » demanda-t-il.

Love soupira en l'entendant. Forcément ! Jamie ne connaissait rien de son vrai paternel. Sa mère et lui n'en parlaient jamais et les pères du garçon n'avaient sans doute jamais mentionner Angus Mastrome devant lui.

« Non, dit-il. Mon père biologique… Angus Mastrome. Un stupide crétin narcissique et cupide. Un criminel enfermé à Azkaban… D'après ce que je sais… Il sortait avec mon parrain, par le passé. Puis il a décidé que ma mère était plus satisfaisante alors il a laissé mon parrain, lui brisant le cœur par la même occasion. Sauf que quand Blaise est tombé amoureux d'un autre, mon père ne l'a pas supporté. Il estimait que Blaise lui appartenait. Comme s'il était un jouet qu'on rangeait dans une malle. Il a voulut le reprendre, tout en restant avec ma mère, qui était alors enceinte de moi. Et comme mon parrain croyait encore l'aimer… Enfin, ça s'est mal terminé. L'important, dans tout ça, c'est que mon père est un stupide crétin égoïste qui était possessif. Excuse-moi de m'être énervé. C'est juste que je ne l'aime pas. Et comme il paraîtrait que je lui ressemble beaucoup physiquement… Enfin… »

Il détourna la tête, sous les yeux fascinés de Jamie. Il n'avait jamais entendu parler de ça. En fait, s'il y réfléchissait, c'était la première fois qu'il avait une si grande conversation avec Love. La première fois qu'il l'embrassait, aussi. Et la première fois qu'il s'asseyait sur ses genoux, dans un parc remplis de moldus homophobes. Que de première, pour cette journée.

« Tu estimes quand même que je suis à toi, dit-il. Ça ne me dérange pas. Enfin… ça ne me dérangerait pas si… »

Love le regarda, attendant qu'il finisse. Jamie tenta vaguement de ne pas rougir, en vain.

« Si ? demanda l'homme, amusé de sa gêne.

-Si tu m'aimes », répondit Jamie, enterrant son visage dans son épaule.

Love rit contre lui et le serra tendrement.

« Si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas décidé de venir te parler, dit-il. Je suis amoureux, bien entendu. C'est la seule raison qui justifie que je décide d'affronter les terribles Harry et Draco Potter-Malfoy, réputés pour être des sorciers surpuissants et surtout, surprotecteurs avec leurs précieux enfants… »

Jamie rit contre lui. Il l'aimait. Le reste, il s'en fichait. Ses pères n'auraient rien à dire. Ce qu'il voulait depuis si longtemps était en train de se produire. Soudainement, il se fichait des homophobes du parc. Il s'écarta de lui pour l'embrasser. Peut-être avec un peu trop d'ardeur, car il sentit Love se tendre contre lui, mais il s'en fichait. Il l'aimait ! Rien d'autre ne comptait.

« Calme, lui souffla Love. Ne me fais pas regretter plus de ne pas t'avoir inviter dans une chambre du Chaudron baveur…

-Je n'aurais rien contre », lui dit Jamie.

Love soupira en l'entendant et il le serra à l'en étouffer.

« Ne joue pas aux adolescents pervers, s'il te plait, dit-il. J'ai promis, comme un idiot, que je ne te sauterais pas dessus le premier jour.

-A qui as-tu promis cela ? demanda Jamie, curieux.

-Ton crétin de grand frère. Celui là même qui doit être quelque part dans ce parc, en embuscade… »

Jamie sursauta en l'entendant. Il se retourna, scannant le parc des yeux.

« Laisse, tu ne le trouveras pas, lui dit Love. C'est Tristan… Il est sûrement bien caché…

-Sûrement, oui, dit Jamie. Tu crois vraiment qu'il est là ?

-J'en suis certain, répondit Love. Et même si ce n'est pas le cas… Je ne peux pas dignement te sauter dessus ainsi… Tu as 16 ans !

-J'ai la majorité sexuelle, justement… »

Love grogna en l'entendant.

« Ne me le rappelle pas… Tu pars à Poudlard bientôt… Rien que pour ça, je devrais m'assurer que tu ne seras pas capable de m'oublier pendant les mois à venir…

-T'oublier ? s'exclama Jamie, fronçant les sourcils. Crétin ! Je suis amoureux de toi depuis que j'ai ouvert les yeux la première fois de ma vie ! »

Love eut une petite moue attendrie.

« Je sais… Et alors ? Il me semble que tu as eu des relations, l'année dernière. Et cet été… »

Il se renfrogna en mentionnant Sean.

« Ils ne comptaient pas, dit Jamie. C'était des… Cobayes.

-Cobayes ? »

Le jeune homme gigota, mal à l'aise. Love serra brutalement les dents et, délicatement, le fit descendre de son perchoir.

« Si tu dois gigoter ainsi, assieds-toi plutôt sur le banc… »

Jamie écarquilla les yeux en l'entendant. Gêné, il s'installa sans discuter. Pourtant, il ne put s'empêcher de prendre la main de Love dans la sienne.

« Disons… Que je voulais essayer de voir si je pouvais sortir avec des garçons. Si j'étais… attirant. Et aussi… peut-être… Tester.

-Tester ? demanda Love. Magnifique… Me voilà avec un adolescent curieux. Tu as déjà tout testé ? »

Jamie rougit.

« Je ne vais certainement pas te raconter ce que j'ai fait avec ces garçons !

-Merlin m'en préserve, s'exclama Love. Ma possessivité ne le supporterait pas. Ce que je veux dire, c'est… Non, je ne veux pas savoir ! »

Jamie inclina la tête sur le côté. Love semblait renfrogné et ennuyé à la fois.

« Savoir quoi ? demanda Jamie, soudain courageux. Si on m'a déjà pris ? Si j'ai déjà fait une fellation ou l'inverse ? Si…

-Pitié ! s'exclama Love, détournant la tête. Ne parle pas ainsi…

-Pourquoi ? demanda Jamie. C'est ainsi, oui. De toute façon, la réponse est oui à tout... J'ai même pris quelqu'un… et j'ai même fait… »

Une main sur sa bouche l'arrêta.

« Ne dis plus rien, s'il te plait. »

Love le regardait avec un tel désir que Jamie se sentit suffoquer. Personne ne l'avait regardé comme ça, par le passé. Pas même Sean. Un violent courant d'électricité voyagea dans tout son corps. Provocateur, il lécha la paume de la main qui était contre sa bouche. Love glapit et s'écarta de lui.

« D'accord, dit-il. Tu n'es pas un gamin, j'ai compris ! Arrête, maintenant ! »

Jamie haussa les épaules, amusé. Love le voulait. Lui ! Le sale morveux qu'il avait détesté, par le passé. C'était plus qu'une hallucination, c'était un rêve !

« Est-ce que ça va aller ? demanda-t-il, soudain plus compréhensif.

-Je crois, oui, répondit Love. Je déteste ton frère, quel que soit l'endroit où il s'est planqué… »

Jamie sourit et se leva.

« Et pourquoi devrait-on lui obéir, exactement ? demanda-t-il, en le prenant par la main.

-Parce qu'il est le sorcier le plus puissant de cette foutue planète, répondit Love, tout en se laissant entraîner.

-Et alors ? Que pourrait-il faire ? Si moi, je veux que tu m'embrasses… Et même plus ? Aujourd'hui ? »

Love le regardait d'un air étonné.

« Tu es inconscient… Et si je t'avais dit toute ses belles paroles pour que tu te laisses faire ? Et si je voulais juste te baiser ? »

Jamie s'arrêta et le regarda avec un sérieux étonnant.

« Alors tu me baiseras aujourd'hui, dit-il. Et quand tu m'auras brisé le cœur en me rejetant parce que tu as obtenu ce que tu veux, je lâcherais sur toi mes pères et mon frère. Je leur demanderai de te faire autant de mal que tu m'en as fait. Puis je te bannirais à jamais de mon cœur. Parce qu'aucun homme ne m'obligera à devenir un crétin pleurnichard… »

Love le regardait, surpris.

« Tu es le digne fils de tes pères, hein ? dit-il. Fort et indépendant. Harry et Draco en même temps…

-Je ne suis pas eux, répondit Jamie. Si j'étais mes pères, ce n'est pas eux que je lâcherais, c'est moi qui te blesserais de mes propres mains. Mais je sais que ça, je n'en aurais pas le courage. Mais celui de me relever et d'avancer, je l'aurais, si… On ne vit qu'une fois. Passer son temps à pleurnicher ne sert à rien.

-Est-ce également une des raisons de tes 'tests' masculins ? Tu voulais vivre, même sans moi ?

-Bien sûr, répondit Jamie. Je n'allais pas t'attendre éternellement. Si tu devais me voir un jour, alors tant mieux. Sinon… Et bien… Tant pis pour ce nous qui me faisait rêver. Et tant pis pour l'amour que j'avais pour toi. Il aurait bien fini par mourir.

-Tu crois ? » demanda Love, l'air inquiet.

Jamie le remarqua et eut un sourire.

« J'en suis certain. Ça aurait prit des années. Peut-être même que ça n'aurait pas totalement marché. Il paraît qu'on n'oublie jamais totalement son premier amour… Mais je ne m'inquiète pas… J'aurais remonté la pente.

-Je suis donc facile à oublier ?

-Je n'ai pas dit ça, répondit Jamie. J'ai juste dit que j'aurais continué. Une vie, c'est trop court que pour se lamenter. C'est également trop court que pour hésiter ou pour se questionner sur des choses qui n'arriveront pas. »

Love le regarda.

« Déterminé à défier Tristan, hein ? dit-il.

-Non, répondit Jamie. Seulement, je rentre à Poudlard bientôt… Et il y a tellement de garçons, là-bas… Tu sais, il paraît que c'est la plus grande agence de rencontre du monde sorcier… »

Love leva les yeux au ciel et le regarda d'un air agacé. Même s'il était conscient de la provocation de Jamie, ça ne l'empêcha pas de le tirer vers un coin reculé du parc. Un coin très isolé.

« Tu es un sale manipulateur.

-C'est l'apanage des gamins, répondit Jamie, l'air amusé. Où va-t-on ?

-Dans un endroit où transplaner ne sera pas vu par les moldus… »

Jamie eut un large sourire ravi et le suivit. Il rit en voyant qu'ils traversaient tous le parc pour arriver dans un coin réellement très isolé.

« Si Tristan me tue, tu en prends la pleine responsabilité ?

-Totale, répondit Jamie. Veux-tu que je signe une décharge ?

-J'apprécierais, dit-il. Il se contentera peut-être de me paralyser à vie. »

Sur ce, il transplana. Jamie fut un peu déstabilisé de se retrouver dans un appartement. Il était sobre, mais chaleureux. La décoration était dans les teints pâles, une variante de bleu et de gris.

« C'est la première fois que je viens chez toi, s'exclama soudainement Jamie, ravi.

-C'est la première fois pour beaucoup de chose, je crois, répondit Love, tout en l'attirant contre lui.

-Non, en vérité, ce ne sera pas la première fois que je…

-Je sais, coupa Love, mécontent.

-Comment, tu m'aurais préféré vierge ? demanda Jamie, amusé.

-Mhmm… Je ne sais pas… Peut-être pourrais-tu me montrer ce que tes tests t'ont appris… »

Jamie eut un large sourire ravi. Puis, sans hésitation, il se plaqua contre lui, lui arrachant un baiser violent et assuré.

« Ah, je vois, dit Love, tout en l'entraînant avec lui vers une porte. Et quoi d'autres ? »

Jamie eut une moue et sans attendre, continua de l'embrasser. Il se laissa entraîner sans s'inquiéter de l'endroit où ils allaient. De toute façon, il faisait une pleine confiance à Love. Avec une maîtrise dont il aurait pu remercier Sean, il détacha la chemise de l'homme contre lui sans même regarder, ses mains ayant hâte de rencontrer le torse contre le sien. Il sentit la peau chaude très rapidement et laissa ses doigts la découvrir. Pourtant, très vite, il voulut la voir et la goûter. Il arrêta donc le baiser pour regarder Love. Puis il se baissa, donnant un baiser sur la clavicule. Puis un autre au centre de son cou, contre sa trachée qu'il sentait à travers la peau fine. Puis encore un autre, plus bas, sur sa poitrine. Il ouvrit légèrement la bouche, comme pour aspirer l'odeur qui se dégageait de la peau. Doucement, il la lécha, la mordilla. Love haletait contre lui.

« Je vois, dit-il, respirant difficilement. Tu as appris jusque là… »

Jamie ne répondit pas. Il laissait ses mains courir dans son dos, massant les muscles qu'il pouvait sentir.

« Non, répondit-il. J'ai appris plus encore… »

Il commença à descendre sa bouche le long de son torse, mais Love l'empêcha de descendre et l'obligea à remonter. Passionné, il le poussa sur le lit et vint se coucher sur lui, entre ses jambes. Ses lèvres partirent rapidement en exploration de son cou. Machinalement, mais aussi désespérément, leurs hanches se frottaient l'une contre l'autre, exacerbant leur désir de plus en plus fort.

« Je… Je ne crois pas que nous irons plus loin aujourd'hui, souffla Jamie, sentant le plaisir devenir de plus en plus fort, au rythme des mouvements de Love.

-Nous n'en aurons pas le temps, répliqua Love. Je crois que… Tristan… va venir… »

Jamie rit puis cria presque. Le plaisir devenait trop fort. Son sexe comprimé lui faisait mal et il ne souhaitait qu'une chose : qu'il soit libéré afin qu'il puisse demander à Love de le toucher… Mais il n'en fit rien. L'homme devait avoir raison. Tristan allait sans doute arriver… Et puis, franchement, il était incapable de prononcer d'autres mots. Tout ce qu'il voulait, c'était encore plus de Love. Il l'embrassa donc avec plus de fureur alors que ses mouvements se faisaient presque frénétiques. Ses mains continuaient d'explorer le torse bien plus large que le sien. Plus adulte, aussi. Il adorait ça.

« Love, murmura-t-il contre sa bouche. J'aimerais… tellement…

-Moi aussi », lui fut-il répondu.

Les mouvements devinrent irréguliers. Jamie sentit sa respiration se perdre et ses sens s'affoler. Ça y était. Il poussa un cri désespéré, se frottant plus fort encore alors qu'il serrait Love contre lui avec tant de force qu'il en avait mal. Mais le brun ne s'en plaignit pas. Il le serra tout aussi fort alors qu'il perdait lui aussi conscience de ce qui l'entourait. Brutalement, presque bestialement, ils jouirent tous les deux.

« Non de dieu », murmura Love, couché contre lui.

Jamie approuva mentalement. Sacré non d'un chien, oui ! Il n'avait jamais ressenti ça avec personne. Non pas qu'il ait un nombre élevé d'amants. Il en avait eu trois. Mais sérieusement, jamais il n'avait autant pris de plaisir. Et pourtant, ils n'avaient pas dépassé le stade du frottement. Qu'est-ce que ce serait, quand ils iraient plus loin ?

« Je ne te le fais pas dire, dit la voix agacée de Tristan. Putain, tu avais promis, Love ! »

Les deux amants s'écartèrent brutalement l'un de l'autre pour croiser le regard furibond du plus âgé des enfants Potter-Malfoy.

« Vraiment, Love, tu me déçois, dit-il, l'air plus moqueur qu'énervé.

-Il m'a provoqué, se plaignit son ami, l'air déstabilisé.

-C'est vrai, approuva Jamie, l'air fier de lui.

-Je ne vois pas de quoi tu es fier, répondit Tristan. Regardez-vous… Raaah… Je vous attends dans le salon. Revenez-y quand vous serez présentable… Et dans moins de deux minutes ! »

Les deux amants rirent en l'entendant. Dès que la porte fut fermée, pourtant, Jamie se tourna vers Love d'un air inquiet.

« Est-ce que ça va aller ?

-Je crois que oui, lui répondit-il. Ton frère est loin d'être un idiot. Il sait comment cela fonctionne, entre deux personnes qui se désirent. Je pense qu'il veut juste nous ennuyer un peu et probablement nous humilier… Ah, sans doute va-t-il aussi exercer un peu de chantage, histoire de gagner quelque chose à l'affaire… C'est un Serpentard, après tout… »

Jamie sourit en l'entendant. Il ne put résister et s'approcha de Love pour l'embrasser. Comment pouvait-il s'en empêcher, de toute façon ? Il avait attendu ça pendant seize ans !

« Il ne vous reste qu'une minute ! » s'impatienta Tristan, dans le salon.

Jamie soupira en se séparant de Love.

« Casse-pied, dit-il, faisant rire le plus âgé.

-Nous aurons d'autres occasions, lui dit Love. Et puis, franchement… Je préfère que cela soit ainsi… Tu auras ainsi hâte de me revoir…

-J'aurais eu hâte de te revoir, même si nous étions allé jusqu'au bout, répliqua Jamie, une moue sur les lèvres. Rah, pourquoi faut-il que ça arrive maintenant ? Je vais bientôt retourner à Poudlard ! »

Love eut un sourire alors qu'il lui lançait plusieurs sortilèges de nettoyages.

« Je te rendrais visite, pendant les sorties de Près-Au-Lard, dit-il. On pourrait aussi s'écrire. Je crois que ce n'est pas une mauvaise chose, en fait… On ne se connaît pas beaucoup, tous les deux… ça va nous permettre de le faire…

-Mouais, répondit Jamie. Ça ne me réjouis par pour autant…

-Je l'espère bien, répondit le plus âgé. Nous avons toute la vie devant nous, ne t'inquiète pas. La prochaine fois, nous ferons l'amour… »

Jamie frissonna en l'entendant.

« La prochaine fois, dit-il, pensif. Ça nous amène à Noël, non ?

-Je crois, oui, dit Love, amusé. Très bon cadeau de Noël en perspective… »

Il l'attira à lui après s'être assuré qu'ils étaient convenables tous les deux. Doucement, il l'embrassa une fois encore.

« Les deux minutes sont passées ! » s'énerva Tristan.

Ils soupirèrent de concert puis sortirent malgré eux, main dans la main.

« Enfin ! s'exclama l'autre, agacé. Bon, assis les deux tourtereaux… »

Tous deux se lancèrent un regard blasé. Tristan était en mode 'profitons de la situation' et ils n'avaient aucune chance de gagner. A moins que ? C'était la journée des premières fois, après tout…

« En premier lieu, je ne suis pas très fier de toi, Jamie. Oser séduire ainsi un pauvre homme qui n'a plus eu de soulagement sexuel depuis au moins deux mois…

-Comment sais-tu ça, toi ? demanda Love, soupçonneux.

-On est sorti ensemble en boîte, je te rappelle, dit Tristan. Quand tu es en manque, je le vois ! Mais je m'occupe de Jamie, pour l'instant. Jamie, donc…

-Quoi ? demanda le concerné. J'ai envie de lui depuis que j'ai eu ma première érection, j'ai bien le droit d'essayer, non ? Et puis je ne vois pas comment tu peux oser me faire une leçon de morale. Toi ! Le garçon qui a osé s'envoyer en l'air avec une élève dans la grande salle ! »

Tristan resta stupidement fixé.

« Comment est-ce que tu… ?

-Un secret ne se garde jamais, à Poudlard, répliqua Jamie.

-Je m'en fiche, il y a prescription, répondit Tristan. Je suis majeur et je ne suis plus à Poudlard. Ce n'est pas avec ce petit argument que tu vas m'obliger à me taire devant les parents…

-Certes, mais je pourrais leur raconter aussi, pour tes frasques à la maison… »

Cette fois, Tristan eut un air abasourdi.

« Comment est-ce que tu… ?

-Andy, répliqua Jamie, amusé. Elle t'a vue. Elle a été traumatisée à vie, d'ailleurs. Mais bref… Tu connais les règles de Père, non… ? »

Tristan gronda d'agacement. Les règles de Draco Potter-Malfoy : pas de relations sexuelles sous son toit… Oui, enfin, en ce qui concernait leurs enfants, parce que les deux parents, eux, ne se gênaient jamais ! Il trembla en y pensant, secouant la tête pour effacer les nuisances sonores qu'il percevait parfois, lorsqu'il dormait encore au Talus.

« Et donc, poursuivit Jamie. Nous avons tous les deux de lourds secrets, n'est-ce pas ? Il serait donc bien que tu te taises jusqu'à ce que j'estime que papa et père doivent être informé…

-Tu es diabolique, souffla Tristan. Très bien, je ne dirais rien… Non d'un chien, moi qui me faisait une joie de te faire chanter ! »

Jamie eut un sourire moqueur. A côté de lui, Love souriait tout autant. C'était vraiment la journée des premières fois !

« En attendant, vous en avez assez fait pour aujourd'hui ! signala Tristan. Je te ramène à la maison !

-Quoi ? s'exclama Jamie. Non ! Je veux rester encore un peu !

-Hors de question ! Papa va s'inquiéter que tu ne sois pas encore rentrer !

-Andy lui a dit que j'étais sur le Chemin de Traverse avec des amis !

-Et tu le crois assez stupide pour qu'il n'aille pas vérifier ? Je vais te servir d'alibi. Je t'ai rencontré alors que tu quittais tes amis et tu m'as accompagnés rendre visite à Love. Vu ton acharnement à le coller quelle que soit la situation, ils goberont ça facilement. »

Jamie eut une moue. Sa main serrait fermement celle de Love.

« S'il te plait, Tristan… Je rentre à Poudlard bientôt…

-T'avais qu'à plaqué Sean plus tôt, répliqua son frère, intraitable. Allez, on y va !

-A une seule condition, répliqua Jamie.

-Tu n'es pas en position de négociation…

-Si j'y suis ! Soit je viens avec toi et tu acceptes de me servir d'alibi pour les jours restant entre ma rentrée à Poudlard, soit…

-Soit ? demanda Tristan, amusé.

-Soit je rentre pas avec toi, je reste ici et tant pis pour les parents ! »

Tristan leva les yeux au ciel.

« C'est pitoyable, comme marchandage. Dans les deux cas, je ne me sens pas concerné par ce qu'il t'arriverait…

-Soit je dis à Draco et Harry que s'est toi qui a mis le feu au restaurant, il y a 8 ans, répliqua Love, qui se tenait jusque là tranquille.

-QUOI ? s'étrangla Tristan, horrifié.

-Hein ? s'exclama Jamie, stupéfait. C'était toi !

-Love, faux frère ! s'exclama Tristan. Tu avais promis de ne rien dire !

-Je sais, mais j'ai réellement envie de revoir Jamie avant qu'il ne rentre à Poudlard… Donc…

-Je vois, tu préfères tripoter mon frère que de tenir une promesse faite à ton meilleur ami !

-Exactement, répliqua Love, intraitable.

-Lâcheur ! », riposta Tristan.

Il poussa pourtant un soupir désespéré.

« Bon, très bien… Vous avez gagné… »

Il se passa une main dans les cheveux.

« Mais on rentre, maintenant… Et je ne te servirais d'alibi que les après-midi. De 14 à 17 heures…

-Pas besoin d'attendre Noël, alors, s'exclama Jamie. Trois heures, c'est largement assez pour…

-Stop ! s'exclama Tristan. Je ne veux pas savoir ! Maintenant, debout et on rentre ! »

Love eut un sourire. Il se pencha sur Jamie et déposa un baiser sur ses lèvres.

« Va avec lui, dit-il. On se revoit demain. Je t'attendrais ici, cette fois. Tiens… »

Il sortit de sa poche un petit papier.

« C'est mon adresse… Tu sauras venir plus vite, ainsi… »

Jamie hocha de la tête et l'embrassa à son tour.

« On y va ! s'énerva Tristan. Sacré dieu… »

Les deux autres eurent un rire en l'entendant. Ils se séparèrent pourtant, même si aucun des deux n'en avaient envie. Mais bon… Ils avaient toute la vie devant eux, de toute façon. Une très longue vie qu'ils allaient enfin partager !

FIN