Attention, je préviens tout particulièrement pour ce chapitre que cette fic a un rating de 'M' - alors bien que cela peut sembler un peu excessif au vu des chapitres précédents je préfère en faire trop que pas assez - et que c'est pas pour rien. Comprenez qu'étant prévenus, je veux seulement vous entendre vous plaindre du fait que j'écris et up-date avec autant de vitesse qu'un escargot, et non remettre en cause le contenu sexuel plus ou moins explicite des lignes qui vont suivre (aussi, pardonnez toute maladresse, c'est pas un domaine où j'excelle).

Merci encore pour vos encouragements, c'est important pour moi et par rapport au travail que je fournis avec cette histoire qui me tient beacoup à coeur. Bonne lecture, et appréciez!

ASGARD

Après ce jour de vacances, il fallait se remettre au travail. On avait eu des nouvelles de Siegfried et de Thor annonçant qu'ils étaient sur le chemin du retour, et seraient donc vraisemblablement rentrés d'ici deux semaines.

Pendant ce temps, Albérich et Syd bossaient. Ce jour-là, Mizar semblait bien inspiré. Il avait bouclé à lui tout seul la distribution et l'emploi du temps de tous les serviteurs ce qui montait à environ cinq cents personnes pour tout le personnel.

De son côté Albérich restait silencieux et lisait un de ses livres politiques, prenant notes. Aucun des deux ne faisaient trop de bruit, faisant comme s'ils étaient seuls. C'était ainsi depuis longtemps.

Syd s'enquit de l'heure: d'ici quinze minutes Bud allait sûrement débouler dans la bibliothèque criant à corps et à cri pour passer le reste de sa journée avec son frère.

Zêta releva la tête et vit l'indomptable chevelure agressive de son collègue. Sa tête était baissée, lui camouflant ses durs yeux verts. Il examina alors ses mains; l'une tenait le livre, l'autre reposait mollement sur la table, légèrement recroquevillée sur elle-même. Elles étaient pâles, et laissaient voir ses veines les parcourir. Maigre aussi. Syd voyait nettement le relief accentué par les os fins et pointus. Sûrement froids aussi, se dit-il.

Au bout d'un moment le rouquin releva la tête, comme conscient d'être examiné. Ses pupilles rencontrèrent celles de Mizar. Il fronça les sourcils, un peu surpris:

- Il y a un problème? Demanda-t-il, plus étonné qu'agressivement.

- Heu, non, en fait… rien, balbutia Syd, comme s'il avait perdu sa langue.

Albérich fit une moue; ce n'était pas tous les jours que Syd de Mizar perdait sa langue. Pourtant il devait bien admettre que depuis ces derniers temps, il était assez distrait. Peut-être ne dormait-il pas assez. Mais ce n'était pas son problème.

- En fait, je regardais tes mains, avoua Syd, avant de s'en rendre compte.

- Ah? Fit l'autre en haussant les sourcils.

Syd retourna à son travail, mais releva de nouveau la tête:

- Dis, Albérich? Interpella-t-il l'autre qui semblait ennuyé d'être sans arrêt interrompu.

- Quoi?

- Quand tu veux faire quelque chose, tu le fais, non?

Houlà! Qu'est-ce qu'il va chercher? Albérich le dévisagea un moment, essayant de déceler quelque chose dans les traits de Mizar qui lui permettrait de deviner où il voulait en venir.

- Je veux dire, tu ne te poses pas de question? Continua Syd.

- Pff, Syd, je suis l'homme le plus intelligent du pays, je réfléchis toujours à tout ce que je fais, répondit l'autre, ne répondant pas précisément à la question.

Syd bougeait sur sa chaise, pesant le pour et le contre. En parler au rouquin, était-ce un bon parti, en sachant qu'Albérich n'était vraiment pas quelqu'un de fiable.

Il n'insista pas.

Il fut soulagé quand Bud vint le chercher pour passer la fin d'après-midi avec lui. Il ne semblait plus y avoir de problème en ce qui concernait son frère et Albérich. Ce dernier l'ignorait et était maintenant habitué aux brèves apparitions bruyantes du jumeau dans la bibliothèque. Il ne disait plus rien, et ne se mettait plus en colère contre lui.

Arriva le soir, et avec celui-ci, le dîner. La reine Hilda n'était pas présente, les affaires du pays ayant la priorité sur son estomac.

Le repas ne fut pas très joyeux. Il tardait aux cinq anciens guerriers divins le retour de leurs compagnons. Mime s'était vu contraint de retarder son départ pour sa petite maison sous les insistances d'Hilda et de Bud, plaidant que si cela continuait, le château tomberait en désuétude (malgré les cinq cents serviteurs, mais, eux, ce ne sont que des figurants).

Cette nuit-là, Albérich était victime d'insomnie. Il était tellement exténué qu'il ne pouvait s'endormir. N'y comprenant rien à ce pénible paradoxe, il ne faisait que ce retourner encore et encore dans son grand lit sombre. Un coup il avait trop chaud, puis trop froid. Il enleva son oreiller, puis en rajouta dix.

Se demandant ce qui l'ennuyait de la sorte, il repassa sa journée étape par étape, ce qui était facile, puisque tous les jours se ressemblaient et manquaient cruellement d'actions; il en conclut que rien ne clochait. Pourtant il n'arrivait pas à dormir… et quelque chose lui manquait. Freya. Il se mordit la lèvre.

Freya si douce et docile, mais en même temps tellement extravagante et compréhensive. Son amie, et une nuit sa maîtresse. C'était bien ce qu'il avait toujours voulu, mais maintenant il en voulait plus. Il la voulait tout le temps dans ses bras, et qu'elle y soit heureuse.

C'était la première fois qu'il désirait le bonheur de quelqu'un d'autre, la seule fois. Et pour une fois qu'il agissait de pensées désintéressées et qu'il voulait chérir quelqu'un, cela lui était impossible.

L'Asgardien fit des poings. Depuis cette nuit avec la jeune mariée, il avait encore plus mal. Comment pourra-t-il supporter de la voir maintenant avec son mari, s'embrasser sans retenu devant lui, riant aux éclats sans lui.

Il eut envie de tout casser! Il avait de nouveau chaud au point où son pyjama blanc gris lui colla désagréablement à son dos et ses jambes. Il rejeta les couvertures, en ayant marre de cette nuit qui ne finissait pas.

Il sortit alors de sa chambre en chaussons et se dirigea vers son endroit de prédilection, le seul endroit capable de l'apaiser et qui était propice à l'élaboration de plans. Il ne pouvait continuer ainsi!

Ouvrant la porte brusquement, il se rendit compte qu'il y avait déjà quelqu'un dedans, la pièce étant faiblement éclairée par quelques bougies. Il avança vers son centre et vit une ombre incertaine sortir d'un des rayons. Elle s'arrêta en voyant le rouquin, puis s'avança de nouveau vers lui:

- Qu'est-ce que tu fais là, Syd? Demanda le rouquin de mauvaise humeur; lui qui voulait être tranquille, c'était pas gagné.

- Je pourrais te renvoyer la même question. C'est pas comme si je braconnais sur ton terrain de chasse.

- Pff, grinça l'autre des dents: justement, si.

Syd soupira.

- Je suis venu ramener un livre, et comme je sais que tu es maniaque au point de remarquer un livre manquant, je voulais le remettre avant que tu me fasses une scène, expliqua courtoisement le noble.

- Ah.

Albérich ne savait pas quoi faire. Il ne voulait personne ici, mais si il mettait Syd à la porte, cet hypocrite voudra absolument savoir ce qui l'embêtait, alors Albérich s'énerverait, et s'engueuler avec Mizar n'apportait jamais rien de bon.

- Et toi? Qu'est-ce que tu fais ici à trois heures du matin? S'enquit Syd.

Presque entièrement dans l'obscurité, Zêta n'arrivait pas à bien voir le visage de son homologue, lui donnant ainsi un aspect peu concret.

- Bah, rien, je vais juste me chercher un livre, mentit le rouquin sans problème.

- Ah, tu devrais te reposer quand même, tu as l'air fatigué, conseilla Zêta.

Albérich ne répondit rien, dépassa l'autre et se prit une bougie allumée pour disparaître parmi les papiers et champignons.

Syd resta un moment immobile, puis s'assit. Il n'était pas fatigué. Il ne voulait pas dormir dans la même chambre que son frère. Pas après ce que ce dernier lui avait dit.

Il regarda d'un œil distrait la lumière que projetait la bougie d'Albérich à travers les ouvertures entre les livres, rendant la poussière entre eux visible.

Il fallut attendre un long moment pour qu'Albérich sorte avec un livre en main. Il n'avait aucune envie de lire, mais il n'avait pas le choix. En sortant de son rayon, il revit Syd attablé. Qu'est-ce qu'il foutait encore là, celui-là? Albérich était de nouveau mécontent. On ne pouvait pas le laisser seul un moment?

Ses yeux croisèrent ceux dilatés et brillants de l'ancien guerrier à l'armure de félin. Ainsi, à la lueur des bougies, on aurait dit véritablement un chat d'acier aux gestes fluides. En le voyant assis de façon si décontracté, le guerrier de Delta se dit qu'il avait en face de lui une carapace lisse et dure et impénétrable. A moins que cela ne soit la fatigue qui lui fasse voir des choses.

- Encore là? Murmura-t-il, détournant les yeux, las un moment.

Il s'assit à distance respectable, sentant les yeux aux reflets jaunes suivre tous ses mouvements avec précision. Albérich se sentait menacé mais il n'allait pas se laisser faire.

Syd ne put empêcher la nausée de lui monter du ventre en le voyant se déplacer. Il ressemblait à une limace ou à un cadavre, au choix. Visqueux et tenace. Il se planta les ongles dans sa paume. Il se reprochait de se laisser ainsi influencer malgré lui par les paroles de son frère. D'un côté il lui dit qu'il ferait peut-être bien de l'embrasser, et d'un autre il lui fait des révélations à son sujet d'une bassesse sans nom.

Ce qui le rendait horriblement attirant. Syd avait de l'orgueil, et il en prenait un sacré coup en se voyant captivé par une telle créature.

- Tu as un problème, Syd? Demanda Albérich en recouvrant son air provoquant, se mettant un rictus sur ses lèvres, prêt à l'affrontement.

- Tu veux vraiment que je te dise le fond de ma pensée? Demanda la voix de Syd.

- Oh, j'ai l'impression que je vais pas pouvoir dormir sans l'avoir entendue, ricana-t-il comme pour se protéger de cette voix, pour ne pas qu'elle l'atteigne.

- Tu me dégoûtes, répondit Syd platement.

Albérich ne s'attendait certes pas à une déclaration si directe, mais elle ne le surprit pas outre mesure. Il manqua de s'esclaffer même.

- Eh ben, pour un ambassadeur, tu y vas fort! Et puis ton opinion, bien que j'en étais déjà conscient, je m'en fous complètement, sourit Delta, laissant entre apercevoir ses dents fines, lui donnant un air de requin. Hilda m'a pardonné tous mes crimes, ainsi que sa sœur, alors vous autre, vous n'avez rien à dire. La prochaine fois, évite de commenter.

Sa voix dégagée cachait une colère grandissante. Il n'était pas venu ici pour s'entendre dire ces vérités générales. Et puis, il pouvait bien parler cet idiot. C'était pas avec lui que Freya avait couché, c'était pas avec lui qu'elle s'était soumise l'espace d'un instant.

- Peut-être bien, approuva Syd, sa voix un peu plus tendue. Mais penses-tu qu'elle va dire la même chose en apprenant que tu as violenté Fenrir?

Son corps était maintenant raide, transperçant le petit guerrier avec ses yeux transformés en lance-flammes.

Albérich n'eut rien à répondre à ça, déglutit juste. Mais il ne pouvait pas lui laisser prendre l'avantage.

- C'est quoi ça? Demanda-t-il sur la défensive. Tu fais mon procès maintenant? Tu n'as pas assez de choses à faire pour devoir te mêler des affaires des autres?

- Juste dis-moi si c'est vrai, demanda Syd.

- Qu'est-ce que cela peut bien te foutre!? S'énerva alors le rouquin, laissant sa frustration sortir. J'en ai rien à faire de ce que peut dire ton frère, car bien sûr c'est lui qui te l'a dit, lui sortit-il, et voyant qu'il n'était pas contredit il continua avec un demi-sourire pervers: Pourquoi? Cela t'intéresse tant que ça? Tu veux les détails aussi?

Albérich aurait mis sa main au feu que son camarade Mizar avait blêmi à ça. Sûrement avait-il deviné juste. Il passa sa langue sur ses lèvres. Peut-être venait-il de découvrir l'ampleur de la luxure de ce soi disant guerrier fier, droit, intouchable à tous vices humains qu'était le superbe guerrier Syd de Mizar.

- Enfin, t'excite pas comme ça; si cela te démange, va voir ton frère, il salive littéralement dès qu'il te voit, ajouta le diable roux en ressentant une bouffée de plaisir en voyant Syd se relever si brusquement qu'il en renversa sa chaise, révolté et peut-être blessé, il ne pouvait dire.

Aussi rapide qu'il le put, Syd fut devant un Albérich pas vraiment surpris, ayant prédit à l'avance cette réaction. Mizar le dominait de toute sa hauteur, déjà non négligeable par rapport au nain des guerriers, mais Albérich ne faisait que lui sourire froidement, les yeux remplis de poison.

Dans un accès de colère aveugle Syd agrippa les cheveux de sang et le releva brutalement, plantant son visage contre le sien, lui crevant les yeux de ses propres orbes dilatés:

- Qu'est-ce que tu insinues encore, sale vermine? Fit sa voix rauque, emplie de menaces.

Il ne supportait plus d'entendre de telles choses. Il avait laissé passé une première fois, mais cela ne se passerait pas comme ça ce soir.

La prétendue victime qu'était Albérich ne fit que rigoler, les traits distordus par le plaisir qu'il semblait trouver dans la situation présente:

- Tss, j'aime juste te voir perdre tous tes moyens. Et comme cela arrive souvent, cela prouve bien à quel point tu es faible (sous entendant que lui était fort, et nettement), expliqua brièvement le manipulateur.

Il savait que Syd le détestait, il le lui avait bien rappelé de nouveau il n'y avait pas si longtemps que ça. Alors autant qu'il l'extériorise, c'était juste ce dont il avait besoin pour remplir ce mal être incessant que provoquait les pensées perpétuelles qu'il avait de Freya. Mais c'est à ce moment-là que la marionnette agit, même avec les fils coupés. Syd lui tira brutalement la tête en arrière, sa main toujours dans ses cheveux, et lui dévora la bouche sans préalable ni avertissement.

Il n'y eut pas de place pour la douceur dans cet échange. Même Albérich n'avait pas son mot à dire tant il était surpris de se retrouver en position d'infériorité, véritablement inférieur, ce n'était plus de la mascarade, mais Syd n'acceptait aucune intervention.

Sa langue s'était tout de suite insérée dans la bouche du rouquin, voulant toujours aller plus profondément et sans réserve. Il n'apprécia pas le moment, juste voulant assouvir une trop longue faim.

Quand enfin il en eut fini et qu'il détacha ses lèvres, il ne bougea plus, leur visage près l'un de l'autre. Albérich non plus d'ailleurs, totalement dérouté par ce qui s'était passé. Il déglutit. Cela n'avait pas été prévu. Syd avait toujours eu des réactions bizarres, certes, mais pas à ce point.

- C'était quoi ça? Demanda-t-il au bout d'un moment, sa voix malgré tout faiblement insolente, comme pour montrer qu'on ne faisait pas n'importe quoi de lui, et qu'on n'avait pas à le soumettre de la sorte.

Il ne se dégagea pourtant pas de l'étreinte peu affectueuse du noble, ses yeux fixant ceux de Syd. Ils étaient comme tétanisés; Albérich par le regard abasourdi de l'autre. Jamais il n'avait rencontrer une telle expression: les pupilles étroites brillaient de mille étoiles, mais de la couleur naturellement rouge-ambrée perçant, il n'y avait plus qu'un brouillon vague d'une couleur sombre indéfinissable, trouble et molle.

Il sentit la main dans ses cheveux desserrer lentement. Albérich ne bougea pas quand la main descendue à son dos le serra et l'approcha encore plus près du corps qu'il ne l'était déjà. Il fut surpris de ne sentir que faiblement les battements de cœur de l'entrepreneur. Au contraire le sien n'avait jamais connu un rythme aussi effréné.

Il se sentait flasque, se laissant prendre dans les bras de son homologue, la respiration faible, hypnotisé par les gestes lents de Syd, par son cœur à peine audible.

Pourtant en lui, Albérich comprenait ce qui se passait, savait comment cela allait se terminer si jamais il ne réagissait pas tout de suite, immédiatement!

Il tenta de protester alors qu'il vit les yeux déphasés s'approcher de sa tête à nouveau et se pencher légèrement vers lui. Mais ses protestations se coincèrent dans la gorge et se traduisirent par un faible grognement aigu.

La tête se pencha de plus en plus, et des mèches originellement turquoise caressèrent doucement son front, et bientôt ses lèvres frôlaient les siennes. Doucement passant par-dessus, provoquant de fins frissons le long de sa colonne de nerf. Une langue remplaça les lèvres et mouilla ses lèvres qui s'entre ouvrirent.

La tête lui tourna soudainement, chacune de ses cellules éveillées ressentaient une montée d'adrénaline violente. Le rouquin, comme si on avait de nouveau connecté son corps à un moteur, combla violemment le peu d'espace qui restait entre eux, écrasant ses lèvres franchement contre celle de Syd.

Il y inséra sa langue, excité par le jeu précédent de Mizar.

Ses mains jusqu'à là immobiles, enserrent la taille du noble, puis lui caressent son dos.

Bientôt, Syd se retrouva à terre, avec dans ses bras le rouquin dont les mains s'inséraient déjà sous ses fins vêtements de nuit. Il le laissa embrasser son cou, les yeux fermés, semblant voir la scène d'un point de vue extérieur tout en sentant son corps brûler, comme s'il enlaçait un brasier.

- Al… Albérich, maugréa-t-il, indécis. Hé, Albérich.

Il lui rendit sa liberté, sous le choc, réalisant la situation. Le charme était rompu. Albérich releva la tête vers lui. Aucun ne savait quoi dire. Le plus grand des deux se leva alors, complètement désorienté. Repoussant gentiment Albérich, il se rhabilla le torse et prit la direction de la sortie chancelant.

Megrez n'en croyait pas ses yeux. Il allait quand même pas le laisser tomber à un moment pareil? Il avait chaud, il avait froid. Il avait besoin, en tout cas pour le moment, de la chaleur de l'autre, de sa bouche, de son souffle comme si cela était le seul air qu'il pouvait respirer.

Il se releva alors à son tour, manquant de retomber à cause de ses jambes ne le supportant plus, et claudiqua le long des rayons; étant resté trop longtemps sur les genoux, il avait du mal à bien marcher.

Megrez rattrapa Syd juste au moment où sa main se posait sur la poignée de la porte. Le rouquin se redressa un peu, essayant tant bien que mal de garder le visage impassible.

- J'espère que tu comptes pas m'abandonner cette nuit? C'est pas très cavalier de part de me laisser tomber comme ça.

Syd sursauta mais ne bougea pas, ne se retournant même pas.

- Qu'est-ce que tu veux? Fit sa voix rauque.

- Tu te moques de qui? Je te laisse de bonne grâce m'embrasser et tout ce que tu veux, et après ton petit jeu tu te lèves comme de rien, et tu te casses. Tu te fous de qui? Sa voix devenait vite colérique.

- Ecoute, Albérich, ne fais pas l'idiot. Tu sais très bien comme moi que j'ai bien fait de nous arrêter. Bonne nuit.

La main tourna résolument la poignée, mais celle du rouquin s'abattit dessus:

- J'suis pas à ta disposition, Syd. C'est pas à moi de calmer ta libido en hausse, c'est pas à moi de répondre à tous tes caprices pendant que tu vas faire un tour je ne sais où avec ton imbécile de frère!

Syd se retourna violemment vers lui, énervé par la voix instable de l'autre, si différente de ce son méprisant qui collait à son image.

- Qu'essayes-tu de me dire, Albérich? Siffla-t-il entre ses dents. Que je te dois quelque chose? Je ne crois pas, alors arrête de te prendre pour le martyr du pays!

Albérich avait face à lui une tellement grande multitude de choix qu'il n'arrivait pas à se décider entre tuer Syd, juste le frapper, lui cracher à la figure, lui faire la morale, le provoquant en duel, l'embrasser, ou juste mettre le feu à la bibliothèque.

Il avait l'impression que ses nerfs le lâchaient de nouveau violemment. Son cerveau réfléchissait trop, il ne savait que faire. Pourquoi n'arrivait-il pas à réagir comme avant, comme il en avait l'habitude? Pourquoi tout cela le touchait-il tant?

Le guerrier de Zêta vit le visage blanc devant lui devenir cireux, des veines de frustration apparaître sur son front et sa nuque encore transpirante. Ses traits perdirent de leur agressivité, devenant nus de tous sentiments, et ce n'est qu'après un moment qu'il remarqua une goutte le long de sa joue, puis suivant le chemin de sa mâchoire.

Syd s'approcha de ce qui n'était plus qu'un corps avec une seule larme, et le prit une nouvelle fois dans une étreinte qui cette fois-ci était bien plus fraternelle que la dernière, plus en analogie avec quelqu'un se jetant, hypnotisé par un serpent dans un nid de vipères.

Doucement, il s'assit sur le sol contre la porte, ne disant rien, mettant Albérich, tel un enfant, sur ses genoux et la tête dans le creux de son épaule.

Aucun d'eux ne bougea pendant les dernières heures de cette nuit calme, et bientôt le duo s'endormit, exténué.

Le lendemain, Alcor prenait son petit déjeuner en silence (une fois n'est pas coutume) tout en réfléchissant d'où son frère avait bien pu passer la nuit. Déjà parti travailler sur cette réception? Sûrement. Il décida donc, après s'être rassasié, d'aller faire une petite visite à cette chère bibliothèque qu'il commençait à bien connaître.

En chemin il croisa Mime. Ce dernier lui donna un bref regard étrange qui éveilla les soupçons de Bud. Qu'est-ce qui se passait? Se demanda-t-il en fronçant les sourcils. Car, jamais Mime de faisait quelque chose sans raison, le moindre de ses haussement de sourcils avait toujours une signification bien plus recherchée.

Il arriva tout de même sans autre ralentissement marquant devant la grande porte sombre dont le bois sculpté était doux et tiède.

Il tourna la poignée, mais la porte resta coincée. Bud fut surpris. Peut-être avait-elle besoin d'être huilée, après tout, le château était âgé de plusieurs milliers de décennies (ou quelque chose d'approchant, se dit-il), et si on s'était jamais occupé des portes, c'était déjà une chance que la porte ne cède que maintenant. Il fallait tout de même noter que la plupart des portes du palais grinçaient. Alcor en savait un rayon là-dessus, surtout à l'époque où il était employé en tant qu'ombre officielle.

Mais cette époque était révolue, et Bud s'acharnait contre l'immense planche de bois épaisse de vingt-cinq centimètres; poussant surtout, mais cela ne semblait servir à rien. Puis soudain il entendit du chahut étouffé de l'autre côté. Cela ne pouvait être que Syd, ou Albérich ou les deux.

Il frappa à grands coups de poings.

- Hé! Laissez-moi entrer! Syd! T'es là! Cria-t-il.

Bruits, mouvements de paniques, murmures pressés. Bud se sentit animé d'une curiosité enfantine, en même temps qu'une drôle de pensée.

- Syd! Ouvre-moi! Ordonna-t-il encore, se contentant maintenant de tambouriner sur le bois.

- Minute Bud! Répondit la voix de son frère, crispée.

- Hé! Syd, fais pas de bêtises, ne saute pas! On peut en parler si tu veux! Rigola-t-il.

La porte s'ouvrit, enfin. Le jumeau de Bud avait des cernes et les cheveux dans tous les sens, les habits froissés.

- Qu'est-ce que tu racontes encore? Demanda-t-il, pas de très bonne humeur.

Bud le poussa sur le côté et entra. Au bout du chemin il y avait Megrez, livre à la main, le regardant, non le transperçant d'aiguilles. Il semblait encore tout endormi, pas vraiment frais.

- Qu'est-ce que tu veux? Demanda-t-il d'un ton énervé.

- Moi? Rien du tout, répondit Bud.

Syd alla s'asseoir aussi, pas très à l'aise. Bud se douta de quelque chose. Une sorte de mal aise ambiant. C'était lui qui avait provoqué ça? Si c'était le cas, son frère et l'autre zigoto devaient sûrement se sentir coupable de quelque chose. Un éclair un brin dépravé se répandit dans ses yeux, ce qui n'échappa pas à son frère qui commençait à bien le connaître. Ce dernier se renfrogna:

- Tu fais tout ce bouquant pour rien! S'énerva-t-il. C'est pour ça que tu étais en train de démolir la pauvre porte?

- Ben, j'arrivais pas à l'ouvrir. Et d'abord qu'est-ce que vous faisiez ici, avec la porte fermée à clé? Demanda-t-il soupçonneux.

- Qu'est-ce que tu racontes Bud? Fit Syd, l'air innocent, mais cela faisait longtemps que Bud n'était plus un enfant de cœur malgré les apparences. La porte n'était pas fermée, d'ailleurs il n'y a même pas de loquet ou serrure.

Bud hocha la tête. Puis son regard tourna vers Albérich qui le lui rendit, venimeux. Songeur, Alcor ne discuta pas, juste se mordit la lèvre, pensif.

- Tu mens, émit-il enfin on ne peut plus sérieux.

Surpris, Syd s'énerva:

- Bud, je travaille, veux-tu bien nous laisser.

- Tu parles, en pyjamas tu travailles? Sans avoir pris de petit déjeuner? Discuta son frère.

Mizar fit des poings, colère grandissante:

- C'est quoi cette inquisition?! Je te rappelle que tu n'es plus mon ombre! Alors sors d'ici immédiatement!

Albérich restait silencieux. Il ne fallait pas sous-estimer Alcor. Il connaissait Syd mieux que quiconque, au grand déplaisir de Megrez. Le rouquin n'avait pas à intervenir, c'était seulement une énième querelle entre les deux asgardiens frères. Rien de nouveau. Il avait juste un peu peur pour sa bibliothèque. Qu'ils se chamaillent si cela leur chantait, mais ailleurs! Pourtant les choses n'étaient pas en train d'évoluer? Qu'allait choisir Syd? Lui ou son frère? Car en définitif, c'était ça, la vraie question. Pas que Syd présentât un grand intérêt, mais en passant par lui, c'était une manière d'acquérir une supériorité face à cet Asgardien pouilleux: Albérich n'aimait pas toutes les informations que Bud savait à son sujet.

Bud ne comprenait pas pourquoi son frère était si agressif de si bon matin. Il était pourtant assez matinal d'habitude, et le matin était déjà bien entamé. Il s'inquiétait simplement pour lui.

- Calme-toi Syd, je te surveille pas, juste que je m'inquiète pour toi, c'est tout, avoua-t-il franchement.

- Fais-moi rire, répondit l'autre sarcastiquement. Ben, maintenant que tu vois que je vais très bien, tu n'as qu'à partir voir ailleurs!

L'ombre de Zêta savait qu'en restant ici il envenimerait la situation. Mais partir voulait aussi dire qu'il était vaincu face à Albérich. Ce gnome le regardait avec malveillance et un brin d'amusement; étant quasiment sûr de sa victoire, il pouvait très bien le narguer.

Bud maudit Syd d'être trop entêté pour rien remarquer, se laissant manipuler par ce diable rouge.

Il resta immobile, ne sachant pas quelle décision prendre. Son cerveau n'admettait qu'une réflexion: "pourquoi ces deux-là étaient-ils donc enfermés ici?" Pas très utile pour la situation présente.

- Bud, tu m'ennuis. Va voir Mime; aujourd'hui, je vais être très occupé, repris Syd plus doucement, voix atone.

L'ombre renifla de façon méprisante et fit demi-tour.

- Très bien. Mais n'oublie pas de manger un peu, conseilla-t-il avant de partir.

Qu'est-ce que Mime venait faire là-dedans? Etait-il au courant de quelque chose? Cela ne faisait plus aucun doute, sinon pourquoi ce coup d'œil plus tôt? Mais cela prouvait quoi? Pas grand-chose, juste que Syd et Mime avait parlé… de lui.

Bud déglutit. Il était frustré. Il alla pourtant chercher le musicien. Il allait avoir des réponses.

- Vous avez vu Mime de Benetnasch? Demanda-t-il alors qu'il ne le trouvait pas.

- Je crois qu'il est sorti. Il ne doit pas être loin. Si vous vous dépêchez, vous le rejoindrez sûrement avant qu'il ne sorte de l'enceinte du palais, lui répondit-on.

Alcor sortit alors. Dehors ses pas s'engouffraient dans la neige. Au loin, une ombre progressait rapidement à pied.

- Mime! Appela-t-il.

C'était sûrement lui car la silhouette s'arrêta, et plus Bud approchait plus il distinguait les attraits du jeune homme orphelin.

- Qui a-t-il? Il n'est pas prudent de sortir sans polaire, tu sais, accueillit-t-il sans cérémonie.

- T'inquiète. Dis, ça te gène si je t'accompagne, proposa Bud, grand sourire franc.

Le musicien haussa un fin sourcil clair. Réflexion éclair.

- Si tu veux, murmura-t-il. Mais alors va te chercher de quoi te couvrir.

- Très bien! Attends-moi, hein! J'arrive tout de suite!

Et Bud partit comme une flèche. Mime n'eut le temps que de se dire que les jumeaux avaient encore eu un différent. Quand son fardeau fut de nouveau là, ils partirent sans un mot à pied.

Après le départ de Bud, Syd resta un long moment silencieux, fatigué. Il regarda Albérich. Il était surpris que ce dernier ait gardé un profil si bas lors de son altercation avec son frère.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Demanda Mizar, la tête entre les mains, les yeux fermés

Silence.

- T'es fatigué, tu devrais aller te reposer, proposa Albérich.

- La faute à qui? Souffla l'autre sarcastiquement. Désolé, se reprit-t-il rapidement en se rendant compte de son manque de tact. T'as sûrement raison. Mais bon, je vais d'abord manger un peu. Tu viens?

Il se leva et Albérich suivit sans un mot. Ils avaient été réveillés par Bud qui assenait à la porte des coups non nécessaires. Alors le temps qu'ils se rendent compte où ils étaient, avec qui, et tous les événements qui en découlaient, Syd pensait qu'il était légitime de ne pas être de très bonne humeur.

Albérich ne dit pas grand-chose, réfléchissant. A table il regarda avec attention son homologue. Il n'avait pas très faim, sa victoire contre Bud l'avait suffisamment rassasié.

- Qu'y a-t-il? Fit le noble aux cheveux turquoise.

- J'ai très envie de t'embrasser, se fit la réponse avec simplicité.

Syd rougit malgré lui et détourna les yeux.

D'ailleurs cela ne manqua pas. Dès qu'ils furent de nouveau dans l'antre poussiéreuse de feuilles, dès que la porte fut fermée, Albérich s'appropria les lèvres froides de l'ancien guerrier à l'armure noire. Syd y répondit avec autant d'envie, laissant la langue étrangère conquérir sa bouche sans résistance.

Leurs mains devinrent bien plus mobiles que la nuit dernière. Albérich défit rapidement le haut du pyjama de l'autre et le plaqua, dos contre la pierre froide et irrégulière du mur. Il commença à lui embrasser le torse et à le lécher de sa langue brûlante. Le corps offert à lui tressaillait, réagissant en se cabrant.

Les pâles mains du rouquin se posèrent sur les hanches. Il se mit à genou et doucement commença à faire descendre le pantalon de l'Asgardien.

Il semblait à Syd qu'il perdait la tête quand il ne sentit plus Albérich contre lui. Il allait trop lentement à son goût. Il rejoignis alors le rouquin sur le sol, s'allongea sur lui et mordit ses lèvres blêmes et ce visage qu'il n'arrivait pas à reconnaître comme étant celui de l'être le plus abjecte du pays. A son tour, il s'enquit le défaire ses vêtements mais avec bien plus de rapidité. Pour l'instant il avait besoin de le voir, de le sentir. Ils approfondiraient plus tard, bientôt.

Il ne fallut donc pas attendre trop longtemps pour que Delta soit nu, dominé par Mizar. Syd caressa son visage, leurs corps pulsant aux coups de leurs cœurs en effervescence. Le noble jumeau passa ses bras sous Albérich et le souleva.

- Qu'est-ce qu'il y a? S'étonna Albérich, quittant le sol.

- Je veux te voir à la lumière, répondit doucement Syd.

Delta fut déposé sur le tapi devant la cheminée en feu. Les flammes décoraient la peau blafarde d'Albérich de leur lumière.

Ils s'embrassèrent, et Syd décida qu'il voulait prendre les initiatives, descendant sa main vers le membre excité de son compagnon. Albérich eut sa respiration coupée un instant, rejeta la tête en arrière, les yeux fermés alors que la main délicate lui procurait un plaisir tel qu'il lui était impossible de rationaliser dans sa tête trop pleine de sensations intenses.

En sautant sur Syd, Albérich avait compté garder contrôle de la situation, de ne pas laisser la possibilité à l'autre de prendre l'avantage. Echec total. C'était lui qui se faisait asservir, et il voulait encore plus de cet asservissement. C'était comme donner son corps totalement à l'autre en échange de plaisir. Il donnait son corps à Syd comme Freya lui avait donné le sien. Et dans les deux cas, c'était tout aussi bon.

Ses ongles s'enfoncèrent dans le tapi, et la sueur coulait à flot de son corps quand il sentit la douce chaleur de la bouche de Zêta qu'il commençait à bien connaître enserrait son sexe engourdi, d'un coup, trop vite, trop inexpérimenté, mais aussi inespéré. C'était trop d'émotion pour lui. C'était comme l'aboutissement d'un rêve, la réalisation d'un fantasme. Il se sentit vivant tout à coup, alors qu'il se vidait. Vivant et chaud.

Il ouvrit ses yeux, et releva le haut du corps qu'il soutient avec les coudes. Il fut tout de même surpris de ne pas voir de touffus cheveux blonds et de grands yeux jumeaux aux siens, mais plus clairs et nices. Il déglutit. Il vit pourtant des yeux presque rouges habités maintenant une intensité nouvelle et enveloppante. Ce n'était pas première fois qu'il voyait ça. Cela lui donnait envie de pleurer presque. On avait envie de lui.

Il entendit Syd cracher de façon peu agréable, mais quand il remonta à hauteur de l'autre, il avait un sourire juvénile qui plu beaucoup à Albérich. Leurs têtes n'étaient plus très loin l'une de l'autre, et à la commissure des lèvres de Syd il restait des traces blanches.

- T'es comme cette fois où je t'ai vu sur ton lit, murmura la voix rauque de Syd.

- C'est-à-dire?

Ils s'installèrent confortablement, voulant toucher le plus de peau possible, et Mizar le lui murmura à l'oreille sa réponse.

Plusieurs jours passèrent, et un soir, lors du dîner bien entendu, il fut émis l'annonce de l'arrivée immédiate des guerriers d'Alpha et de Phecda. La princesse Hilda en fut très heureuse, et ses traits s'allégèrent un peu à la vue de son guerrier favoris.

Ils étaient tous deux harassés de fatigue, mais ils dînèrent tout de même en compagnie de leurs compagnons.

Siegfried nota une légère tension entre les deux frères, mais il n'y prêta guère attention. Albérich semblait toujours aussi vénal, et Mime toujours cloisonné dans son indifférence respectable. Comme quoi, tous ces gens ne changeraient jamais de leur vie.

Duhbe fut tout de même mécontent de remarquer un changement en la personne de Fenrir. Le loup soi-disant solitaire semblait ne plus pouvoir se passer de la compagnie ou des accords d'Hilda, nécessitant d'elle une attention perpétuelle.

Il mangea en silence, les autres prenant son état d'esprit soudainement grincheux plus pour de la fatigue que du véritable ressentiment.

Ils ne parlèrent pas affaire. Demain, ils auront une réunion officielle avec la souveraine. D'ici là, les deux messagers pouvaient prendre leur temps et se reposer.

Après le digestif, Thor décida de se retirer, se sentant trop courbaturé par tous ces jours à cheval pour pouvoir ne serait-ce rester plus longtemps assis sans mal.

Albérich voyant que Syd et Siegfried s'étaient de suite mis à parler décida de suivre le même chemin que Thor, mais vers sa propre chambre où un bain devait sûrement l'attendre.

Arrivé, il alla ouvrir la porte quand il hésita et se retourna:

- Qui est là? Demanda-t-il.

Comme prenant forme de nul part, Bud apparut, petit sourire ironique aux lèvres.

- Que me veux-tu? Continua Albérich de questionner.

Bud n'était pas vraiment surpris par cet accueil des plus chaleureux.

- Je peux savoir ce qui se trame entre toi et mon frère? Fit-il directement, pas en état de plaisanter.

- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, haussa Megrez les épaules.

- Ah, non? Qu'est-ce que tu as fait alors à mon frère pour qu'il soit devenu comme ça tout à coup?

- Comme quoi? Ecoute Bud, tu me fatigues, alors s'il te plait…

Le rouquin se retourna vers sa porte et l'ouvrit. Il s'y faufila rapidement et referma la porte avant que l'autre ne veuille le suivre. Bud sembla ne pas vouloir insister plus de toute façon, pensant qu'il aurait plus de chance avec son frère.

Albérich soupira, alla vite se laver et se mit au lit.

Pouvait-on véritablement parler de relation entre Syd et lui? Il n'était définitivement pas amoureux du noble. Il se plaisait à se dire que c'était en attendant Freya.

On ne changeait pas un esprit aussi retords et sournois tel que le sien aussi facilement par le simple contacte d'une caresse et de doux mots. D'ailleurs Syd devait sûrement ressentir la même chose. Aucun doute que la présence de son frère lui pompait l'air et qu'il avait besoin d'une porte de sortie de temps en temps. Et puis, Syd était un envoyé de Freya. Sinon jamais il ne se serait intéressé à lui au début.

- Je peux savoir pourquoi t'es parti sans un mot tout à l'heure? Retentit la voix caractéristique de son amant officieux dans le cadre de la porte.

Le rouquin tourna la tête vers lui. L'invité sembla hésiter à entrer; Albérich ne fit rien, le laissant prendre lui-même sa décision.

- J'étais fatigué, répondit vaguement l'homme aux yeux verts.

- Tu dors avec la lumière allumée? Tu veux donc que je parte? Assuma Syd sans trouble.

Albérich se mordit la lèvre. Il ne répondit pas. Syd sembla prendre ça pour une réponse affirmatif et recula, sortant de la pièce. On n'aurait pas pu décrire ce qu'il pouvait bien ressentir. Pourtant avant de refermer la porte Delta se redressa:

- Attends! Je veux bien que tu restes un peu, si tu veux, dit-il plus fort qu'il ne l'aurait voulu, avec bien plus de émotion qu'il ne se serait normalement permis; bien sûr on s'en rendit compte.

Pov' chochotte, tu as peur du noir, et en plus tu ne peux pas dormir sans compagnie. De plus en plus pitoyable, je me demande ce qu'on va pouvoir faire de toi…

Zêta resta penaud au milieu de la place. C'était rare qu'il rentre dans cette pièce. Et puis Albérich le mettait mal à l'aise ce soir.

- Je pensais pas que tu viendrais, émit le rouquin avec une certaine arrogance dans les yeux.

- Pourquoi ça? Je me suis un peu inquiété en plus te voyant, c'est tout, répondit l'autre doucement, pas très assuré par les yeux de Megrez.

- Duhbe n'est plus assez bien pour toi? Fit sa voix sifflante.

- Je ne vois pas le rapport, haussa Mizar les épaules. Bon, si tu comptes être désagréable, je vais y aller.

- Approche, ordonna le rouquin, ne semblant pas avoir entendu son homologue qui lui obéit.

Albérich sourit. Syd s'assit sur le lit, de plus en plus tendu.

- Détends-toi, lui murmura l'autre qui s'agenouilla sur le lit pour être à sa hauteur, derrière lui.

Albérich lui embrassa doucement la nuque, dégageant peu à peu ses cheveux turquoise. Mordillant doucement, faisant virer la peau tendre au rouge.

- Albérich, protesta le noble, je ne crois pas que cela soit une bonne idée. Je veux dire, ici et maintenant.

Il devait bien s'avouer qu'il avait un peu peur de où pouvait le mener le rouquin. Il devait bien avouer qu'il était rarement à l'aise en sa présence, mais paradoxalement, le danger de la situation l'excitait.

- De quoi tu as peur? Je sais très bien ce que je fais, lui susurra-t-il à l'oreille.

Syd haussa imperceptiblement les sourcils de manière ironique et fut légèrement amusé par les propos de Megrez.

Il décida pourtant de se rendre agréable et de ne rien faire pendant que l'autre lui enserra le torse qu'il caressa et apprécia la peau qui fut rapidement recouverte d'un fin relief électrique.

- Tu as froid? Tu as la chaire de poule, se moqua-t-il.

- Arrête, sinon… Syd ne termina pas ses menaces et se retint de faire plus le moindre son.

Il était devenu vite très rouge, et Albérich trouva cette situation des plus amusante. Le guerrier de Zêta, un des plus grand snob que le pays eut connu se taisait au simple contacte d'une main.

- Je t'ai demandé d'arrêter, siffla Mizar.

- Je t'ai dit de te laisser faire, lécha-t-il le lobe de son oreille.

Il était grisé par cette domination exercée sur une telle personnalité. En comparaison Fenrir n'était qu'un menu repas; maintenant il pêchait dans la cours des grands.

Ses mains continuèrent de danser aimablement. Mais Syd n'était pas du genre à se laisser manger tout cru sans une mémorable résistance, et qui sait, peut-être le chasseur deviendra-t-il chassé?

Syd se dégagea de cette hypnose, énervé sans vraiment savoir pourquoi. Il se releva sèchement, fixant le feu en face du lit, à l'autre bout de la pièce (qui n'était pas exagérément grande).

- Pff, fit Albérich un rictus, qu'est-ce que t'as encore, chochotte?

Syd de Mizar sembla tressaillir. Il n'allait pas se faire humilier de la sorte par un gnome trop plein de lui-même sans réagir. Il se retourna, prêt à lui dire ses quatre cent soixante quinze mille huit cent vérités, mais le rouquin parla avant lui:

- Tu restes avec moi cette nuit? Juste pour dormir, j'te le promets.

Les vérités coincées dans la gorge tel un gros chat avec une énorme boule de poils, l'Asgardien se demandait ce qui se passait. Ce fou, là, sur le lit, ce fou bon à enfermer allait le rendre complètement dingue. Au moins ils pourront se retrouver en asile ensemble, mais là n'était pas la question! La question était comment le fou en question arrivait tour à tour à le mettre hors de lui, puis à l'attendrir un tant soit peu. Il devait aussi se l'avouer: Albérich, ainsi, tête légèrement incliné, les yeux cachés par ses cheveux de sang, torse nu, dans cette posture tout à fait prude, mais que Syd ressentait avec la plus violente perversion, ainsi, il ne pouvait que ravaler son chat furieux plein de poils, s'approcher, et que se soumettre à la demande du prestidigitateur.

Ce dernier l'enlaça et le força à s'asseoir à côté de lui. Avec un air sérieux, il le débarrassa totalement de sa fine flanelle. Torse nu, le noble se laissa embrasser et lécher. Ses mamelons se dressèrent quand cette langue voluptueuse se posa sur eux tour à tour, lui arrachant des plaintes excitées.

Delta l'allongea, lui massa le buste. Ses mains s'installèrent sur les hanches du noble. Il lui embrassa son ventre, titilla son nombril.

Les mains de Syd tremblaient et s'enfoncèrent dans l'épais matelas. Se déhanchant bien malgré lui, il essayait de se convaincre qu'il pouvait mettre un point final à cette situation qu'il en avait toujours le contrôle, mais que s'il ne le faisait pas c'était… c'était parce qu'il se sentait tout simplement… allumé, et qu'est-ce que c'était bon!

Le rouquin sourit de contentement quand Syd commença à émettre des plaintes plus vivaces, et il alla jusqu'à passer sa main sous son pantalon duquel il avait défait la ceinture et les boutons pour enserrer ses doigts tels des étaux autour du morceau de chair chaud et roide.

Syd se cabra violemment d'un coup comme subissant un choc. Il ne voyait plus très bien, trop embrumé, mais il n'avait pas besoin de ses yeux; son sens tactile suffisait largement.

Pourtant, bientôt, dans son champ de vision apparu la couleur familière qu'il associait à la pilosité d'Albérich.

Dans un râle il essaya de prononcer son nom, mais cela fut traduit par un gémissement incompréhensible, réclamant plus.

Le rouquin eut cette fois un rictus, ses yeux verts étincelaient tels des feux d'artifices. Lui aussi était excité. Pas parce que c'était Syd qui était couché dans son lit, ou pas parce que c'était un homme… mais juste à cause de la supériorité si extrême qu'il avait. Il était en son pouvoir. Juste une petite caresse et ce noble de pacotille était si saoulé de désir qu'il ne se rendait plus compte de rien.

Le petit guerrier arrêta soudain ses attentions luxurieuses, surplombant Mizar avec des yeux soudain froids et attentifs, en voulant plus, en voulant trop. Sa main s'était totalement retirée de son corps.

Syd ne semblait pas le voir du tout. La seule chose qui avait du sens pour lui, c'était qu'il était au bord de la libération, et qu'il en serait frustré si cela ne se faisait pas tout de suite. Voyant qu'Albérich n'était plus disposé à le faire profiter de sa talentueuse main, il s'en chargea lui-même, et se masturba jusqu'à l'assouvissement, mais l'arrière-goût était amer. Putain de gnome, qu'est-ce qu'il voulait? Qu'il supplie pour qu'il finisse le travail? Syd ne s'abaisserai jamais à ça, Albérich pouvait toujours courir, Mizar n'aimait pas être utilisé pour assouvir une quelconque curiosité malsaine qu'éprouvait l'énergumène.

Virant soudain à la colère, le rouquin grogna méchamment et se retourna. Il quand même bien faire attention à lui!

Se vidant eut pour effet de le ramener à la réalité et la colère s'évanouit aussi vite qu'elle était venue. Syd cligna des yeux, et se sentit mal à l'aise. Trouvant son pantalon poisseux il soupira. L'enlevant, il se mit debout dans la bassine emplie d'eau encore tiède près du feu et se nettoya.

- Tu sais que je me suis lavé dans cette eau, constata platoniquement le rouquin, la tête dans l'oreiller.

- Pas de très bonne humeur, huh? Répondit l'autre, semblant par contre pas trop mécontent.

Syd était habité par un certain contentement malgré le déroulement des événements: il avait déjoué Albérich à son propre jeu, et ce dernier n'était pas ravi.

Le self-proclamé homme plus intelligent d'Asgard tourna la tête et ouvrit étroitement un œil vers l'autre. Le guerrier félin était nu à l'exception de sa flanelle défaite sur ses épaules qu'il avait remis, les pieds dans l'eau, se nettoyant les jambes.

- Tu n'as pas de pudeur! Pff, tu m'énerves, maugréa-t-il irrité.

- Tu t'énerves toi-même. C'est à cause de qui cette situation à l'origine. Si tu arrêtais de me sauter dessus chaque fois qu'on se voit, je serais pas dans ta chambre à me laver dans ton bain, ou sans froc.

Furieux, le nain lui balança sans vergogne l'oreiller en duvet d'aigrette du Brésil. L'infortuné coussin rejoint le noble et ne fut pas privé d'un bon bain après un plouf conséquent qui fit rire joyeusement Syd.

- T'es content maintenant j'espère, t'as plus d'oreiller. T'es pas mieux que mon frère, si ce n'est pire.

Il prit la piteuse victime qu'il essora et la déposa près du feu. Il s'essuya et rejoint sans arrière pensée l'autre sur le lit.

- Qu'est-ce que tu fous là? Casse-toi, ordonna Delta sans le regarder.

- Oh, méchant, ria Mizar d'humeur de plus en plus rieuse.

Il y eut un petit silence que Syd apprécia à sa juste valeur. Il se mit dans les couvertures, comme s'il s'agissait de son lit et resta sur le dos, Albérich à sa droite, lui tournant le dos, vraisemblablement faisant la gueule sans qu'on sache véritablement pourquoi.

- Tu me demandes de rester le temps de te défouler, et après tu me jettes? Fit remarquer l'homme à la chevelure turquoise, sans émotions apparentes.

- Ben, comme ça, on est quitte.

Syd jeta un coup d'œil au dos qui avait parlé et il sourit. Qu'est-ce qu'il était vindicatif. Juste parce que dans la bibliothèque il l'avait laissé tombé parmi les livres car perdus dans un tourbillon de nouvelles émotions, Albérich voulait se venger?

- C'est puéril.

Enervé de s'entendre dire ces quatre vérités, le boudeur se retourna vers lui, toutes griffes dehors :

- Ta gueule! Je te déteste! Siffla-t-il entre ses dents.

- Ne t'inquiète pas, moi aussi je te déteste, fit Syd en écho, bien plus joyeusement, puis il l'embrassa.

(à suivre…)

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