Chapitre 14. Serpent ou lion?
Au bout de quelques minutes je finis par me détacher de lui. Il... enfin... c'était… Désolée, je déconnecte légèrement. Si je tenais l'imbécile qui l'a traité de glaçon…
- Bonne nuit, me murmure-t-il avant de m'embrasser une dernière fois et de s'éloigner.
Il me semble également l'entendre me rappeler de ne pas sortir de la salle commune, mais j'avoue que je suis un peu perdue et que je n'ai pas vraiment écouté. Je pense que ça fait trop d'émotions en une seule soirée.
Même si nous nous sommes rapprochés ces derniers temps et qu'il est plus détendu en ma présence je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse faire un truc pareil… Je devrais l'énerver plus souvent…
Est-ce que je viens vraiment de penser ça ? Merlin, j'espère que c'est juste le choc de la soirée et que je ne suis pas en train de perdre la tête pour un serpentard…
Au bout de quelques minutes de débat intérieur je finis par me décider à rentrer, sous le regard réprobateur de la Grosse Dame.
Le lendemain matin
- Althéa ?... Althéa ?... ALTHEA !
- Hein, oui ? Tu veux quelque chose Emy ? Demandais-je en levant les yeux de mes céréales.
- Je t'appelle depuis au moins dix minutes, qu'est-ce que tu as ce matin ?
- Oh…, répondis-je en replongeant dans mes pensées.
- Althéa !
- Heu, oui, quoi ?
- Je baisse les bras, tu es impossible ! Je préférais encore quand tu disais des bêtises, soupira Emily.
J'avoue que je ne suis pas très loquace ce matin, mais je n'ai pas forcément beaucoup dormi (voire pas du tout). Et au lieu de me concentrer sur ce que Val Filis m'a demandé je n'ai eu que Matheo en tête. Je suis sûre qu'il l'a fait exprès !... Oui, je suis de mauvaise foi et j'assume.
Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Je l'intéresse ? Peut-être qu'il voulait juste me faire taire… non, s'il avait juste voulu me faire taire il se serrait contenté de me crier dessus. Donc je l'intéresse ? Mais alors, pourquoi est-il partit ? C'est un mec, il aurait dû essayer d'en profiter plus, non ? Surtout que je ne me suis pas forcément beaucoup débattue… (à moins de considérer que se coller à lui et lui rendre son baiser soit de la résistance).
- Althéa, qu'est-ce que tu as encore fait ? Me demanda Clara, qui venait d'arriver dans la grande salle, en s'installant à côté d'Emily.
- Heu, au sujet de… ?, dis-je perplexe.
- En passant devant la Grosse Dame je l'ai entendu marmonner que tu étais dévoyée.
- Ce terme s'utilise encore ? Demandais-je.
- Cela a un rapport avec ton air perdu ? Réagit Emiliy.
- Bon, je crois que j'ai oublié mon devoir au dortoir, à tantôt, m'exclamais-je en me levant précipitamment.
Je n'écoute pas les protestations des filles, et me dirige rapidement vers la sortie de la grande salle. Emily a tout de même le temps de me crier un tonitruant « Le prince des glaces s'est enfin déclaré ? C'est ça ? ». Pour la discrétion et le respect de ma vie privée on repassera…
J'ai à peine le temps d'atteindre l'escalier qui mène à la salle commune, que je me fais arrêter (pourquoi personne ne veut me laisser tranquille en ce moment ?).
- Miss Finnigan, me salua mon très cher (vous saisissez l'ironie ?) professeur de métamorphose. Pourrait-on avoir une discussion ? À propos de vous-savez-quoi.
- Faites attention monsieur, quelqu'un pourrait croire que vous me faite une proposition indécente. En plus, je ne suis pas sûre…
- Je vous en prie, je me rends bien compte que tout ce qui s'est passé hier a été très rapide et assez incroyable. Je tiens à vous apporter des preuves de ce qui a été dit, ou du moins à vous présenter mes arguments, car vous pourrez toujours penser que je les ai falsifiées.
- Écoutez, j'ai besoin de réfléchir à tout ça…
- Je vous en prie, murmura-t-il.
Il a l'air sincère et désespéré. Je sais que c'est totalement illogique, mais j'ai le sentiment que je dois le croire. Comme si c'était impératif.
- Bien, je vous écoute, finis-je par répondre.
- Merci, suivez-moi dans mon bureau, ce que je veux vous montrer s'y trouve.
- D'accord, je vous suis, répondis-je.
- Et moi aussi, clama bien fort Matheo, en émergeant du bout du couloir.
Apparemment il ne bluffait pas quand il a dit qu'il me surveillerait grâce à la carte.
C'est normal que je n'arrive plus à ressentir de l'énervement contre lui ? Peut-être que c'est parce que j'ai trop envie de l'embrasser…
Quoi ? Il faut vraiment que j'apprenne à contrôler mes pensées, ça devient du grand n'importe quoi ! Ce n'est pas parce que nous nous sommes embrassés que je dois me laisser faire !
- Personne n'a demandé ton aide Matheo, répondis-je froidement.
- Je suis à Serpentard, je me passe largement de permissions. Cela dit, j'accepte de te laisser l'écouter, sois contente, répondit-il froidement.
Waw, le retour du glaçon. Comparé au Matheo d'hier, c'est limite de la schizophrénie.
- Tu n'as pas à décider à ma place !
- Je sais que je le formule mal Althéa, mais j'ai besoin d'être là. C'est une demande, pas un ordre, répondit-il d'une manière un peu trop larmoyante pour être crédible.
Ça sonne louche. Un serpentard ne suit que son avis propre en général… Il veut quelque chose… (le premier qui répond « toi », je l'étrangle). En tout cas, il doit avoir un plan, aucun serpentard ne montre ses faiblesses en public à moins d'avoir quelque chose à y gagner.
- Heu, d'accord. Nous vous suivons professeur, finis-je en me tournant vers Val Filis (qui nous avait observés pendant tout ce temps).
Sur le chemin de son bureau, je n'ai pas pu m'empêcher de jeter quelques coups d'œil à Matheo. Il faudra vraiment que nous parlions d'hier, car il a l'air d'être beaucoup plus zen que moi et je n'apprécie pas.
- Installez-vous, dit Val Filis en refermant la porte derrière nous. Voici les livres qui concernent la façon de détecter une nymphe, j'ai signalé les chapitres dans lesquels on parle de l'objet qui nous a permis de vous repérer hier. Si vous voulez on peut aussi le ressortir pour que vous ayez le temps d'en voir le fonctionnement.
Globalement je vais vous épargner la discussion qui a suivi, ce serait vraiment vous ennuyer pour rien. Après avoir consulté les livres et assisté à la petite démonstration Matheo est toujours contre, je suis toujours pour et vu que nous sommes incapables de nous mettre d'accord (car son petit jeu de « c'est ta vie, c'est toi qui gères » n'a pas duré longtemps) nous nous disputons encore. Val Filis a même fini par nous laisser en précisant qu'il attendait ma réponse.
- Est-ce que tu vas arrêter ? C'est ma vie, c'est donc ma décision. Tu n'es pas mon père !
- Je crois qu'on a déjà eu cette discussion, lança-t-il avec un sourire moqueur. Tu veux qu'on reprenne notre discussion où on l'a laissée hier ?
Oh Merlin, je dois être écarlate.
- Tes… heu… arguments étaient déloyaux ! Répliquais-je.
- Tu n'as pourtant pas protesté face à ces « arguments » et tu as même eu l'air de les apprécier.
- Pure impression.
- Bien, alors tu vas sans doute me repousser maintenant, car je te préviens que si tu me laisses t'approcher je t'embrasse, dit-il avec son habituel sourire moqueur.
Oui, je dois le repousser… Mais c'est trop dur, comment en sommes-nous venu à cette discussion au fait ?
- Oh et puis zut, dis-je en l'attrapant par le cou et en posant mes lèvres sur les siennes.
Il ne laisse passer que quelques secondes avant de prendre le contrôle du baiser, en bon serpentard. Je le sens entrouvrir ses lèvres et sa langue vient jouer avec la mienne. C'est fou comme un baiser peut à la fois être doux et brûlant...
Je suis désormais plaquée contre le bureau et j'avoue ne pas savoir du tout comment nous avons atterri là.
- J'ai gagné, me chuchote-t-il entre deux baisers.
- Frimeur, murmurais-je avant de reprendre ses lèvres.
Nous aurions sans doute continué indéfiniment cette agréable séance si la sonnerie n'avait pas fini par retentir.
- Oh zut, j'ai botanique, je n'y serais jamais à temps, m'exclamais-je en m'écartant.
- On se voit après les cours ? Me demande-t-il en me caressant la joue.
- Oui, il faut absolument qu'on parle de... ça, répondis-je.
- De notre baiser tu veux dire ? Enfin, nos baisers, parce qu'il y en a eu largement plus qu'un.
- Heu oui, de ça. Et aussi du fait que tu n'as aucun droit de regard sur ma vie et que donc JE décide si j'aide Val Filis à retrouver Antéa. D'ailleurs, je vais lui répondre que je suis d'accord pour la faire venir ce soir.
Je le vois froncer les sourcils, puis soupirer.
- Bon, nous devrions aller en cours, me dit-il, semblant ignorer ma dernière phrase. On se retrouve à 16h devant la salle sur demande ?
- Bien, à tantôt, dis-je en attrapant mon sac.
- À tantôt, me répond-il en sortant (non sans m'avoir embrassée une dernière fois avant de partir).
Je n'avais pas quelque chose à faire ? ... Zut, mon cours !
L'après-midi, 15h45
- Où vas-tu Althéa ? Me demanda Emily en levant les yeux du devoir de métamorphose qu'elle était occupée à rédiger dans la salle commune.
- Me promener.
- Où ?
- Dans le parc, j'ai le droit non ? Répondis-je.
- Bien sûr, surtout vu la pluie qui semble s'abattre contre les fenêtres.
- Je... j'aime la pluie.
- Et tu aimes aussi te moquer de moi apparemment. Il est évident que tu vas voir Potter. Tu sors avec ?
- Oui... Non... Je ne sais pas, répondis-je, pas forcément mécontente de me confier. Il m'a embrassée hier devant la Grosse Dame – mais ça tu t'en doutais – et ce matin aussi en fait, dans la classe de métamorphose ...
- Hé bien, il lui faut du temps pour se décider, mais une fois qu'il y va, il y va..., constata Emily.
- J'ignore totalement comment interpréter son comportement...
- Tu dois bien être la seule... Tu sais que personne ne l'a jamais vu traîner avec une fille avant toi ? J'ai même entendu Malefoy demander à Jack s'il ne pensait pas qu'il était gay l'an dernier.
- Il doit juste être discret, répliquais-je.
- Moui, enfin tout Poudlard est au courant que tu l'intéresses quand même.
- Tu rigoles ?
- Quoi ? Tu étais sérieuse quand tu me répondais qu'il se comportait juste en ami ? Tu es définitivement naïve en amour.
- Hey, calme. Personne n'a parlé d'amour, me défendis-je.
- Appelle ça comme tu veux, mais en tout cas il est certain que tu ressens quelque chose pour lui. Si ce n'avait pas été le cas tu ne m'aurais pas dit « Nous nous sommes embrassés deux fois » mais « Il va garder la trace de ma main sur sa joue pendant au moins une semaine ».
- Merlin, j'en pince pour un serpentard, m'exclamais-je en réalisant que mon cas était définitivement désespéré.
- Et oui. Bon, tu m'excuses, mais après cette petite conversation j'ai quelques gallions à aller récupérer. Tu viens de me faire gagner une FOR-TUNE.
- Pardon ?! M'écriais-je. Tu n'as pas honte ?
- Attends que je réfléchisse... Non. À tantôt Althéa.
Et voilà... C'est beau l'amitié... Je hais cette manie qu'ont les gens de faire des paris à la moindre occasion. Surtout quand c'est sur mon compte... (parce que j'avoue qu'autrement j'y participe).
Mais il serait quand même temps que je me mette en route, car Matheo doit déjà m'attendre. Cette petite conversation m'a fait prendre du retard. Heureusement la Salle-sur-Demande n'est pas trop loin de la Grande Salle et il ne me faut que quelques minutes pour faire le trajet. Évidemment il est déjà là et je sens que je vais avoir droit aux traditionnels reproches selon lesquels les griffondors ne savent jamais être à l'heure.
- En retard. Je dirais bien que ça m'étonne venant de toi, mais ce serait un mensonge, me dit Matheo.
- Désolée, je me suis faite arrêtée par Emily, répondis-je.
- J'espère que tu es prête à te faire pardonner.
Je rêve ou il me demande de...
- Comment me faire pardonner ? Demandais-je de la manière la plus innocente possible.
- J'ai ma petite idée, répond-il en s'avançant pour m'embrasser.
J'ai comme l'impression que ça devient une habitude. Le pire c'est que je ne sais toujours pas ce qu'il y a entre nous. Cependant, au vu des gloussements des filles qui viennent de passer à côté de nous, tout Poudlard doit déjà savoir qu'il y a quelque chose entre nous, quoi que ce soit.
- Ah non, je proteste ! S'exclama une voix derrière nous.
Nous nous retournons faire face à Malefoy.
- Je peux savoir pourquoi ? Ça fait des mois que tu me suggères de me décider, lui répond Matheo.
Des mois ? Il n'y a plus aucun doute : je suis aveugle.
- Bien sûr, mais c'était avant que tout Serpentard se rende compte que tu en pinçais pour une rouge. Tu aurais pu attendre 3 jours tout de même, 3 petits jours, gémit Malefoy.
- Et en quoi ça change ta vie ?
- Toi aussi tu as parié ?! M'exclamais-je.
- Heum, non, bien sûr que non. Pourquoi ferais-je une chose pareille ?
- Et qui d'autre a parié ? Demanda froidement Matheo.
- Crois-moi, tu ne veux même pas savoir : la liste t'effrayerait. Bon, je vais vous laisser, j'ai des dettes à régler... Puis vous avez un rendez-vous apparemment. Sortez couverts ! S'exclame-t-il en partant.
- Je crois que pour notre tranquillité il vaut mieux entrer dans la salle-sur-demande. Après toi, me dit Matheo en me tenant la porte.
Nous arrivons dans un une pièce dans les tons bleus avec de confortables fauteuils, d'immenses fenêtres et un bon feu de bois. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part... Mais oui, chez les Potter, nous sommes dans leur salon.
- Matheo, me dépêchais-je de dire avant d'être à nouveau distraite par lui, il faut qu'on parle.
- Cette réplique fait très film à petit budget, dit-il en essayant de me reprendre dans ses bras.
- Je suis sérieuse, il faut qu'on parle de ce qui s'est passé depuis hier.
- Écoute, je désapprouve totalement. C'est de la folie mais c'est ton choix, donc même si je trouve cela désastreux, je vais arrêter.
- Je... mon choix ? Mais c'est toi qui m'embrasse dès qu'on se voit ! Si tu désapprouves il fallait te retenir ! Zut quoi, tu aurais pu me dire ça avant que je réalise que tu me plais !
- Je parlais de Val Filis.
- Oh zut, bah oui c'est logique... Répondis-je toute penaude.
Je suis vraiment idiote... C'est évident que ce qu'il a dit ne pouvait pas concerner nos baisers...
- Encore que ta réponse ne me dérange pas, au contraire. Bien que tu aies chamboulé l'ordre dans lequel je voulais aborder les choses, me répondit-il en souriant.
- Bon... heu... et bien tu peux continuer là.
- Et bien vu que tu viens de m'avouer que je te plais...
Merlin je suis vraiment idiote.
- ... et que c'est réciproque, que nous aimons beaucoup passer du temps ensemble et que nous adorons nous embrasser je propose qu'on sorte ensemble.
- Comme ça ?
- Pourquoi se compliquer la vie ? À moins que tu sois contre bien sûr, me dit-il avec un sourire un peu trop confiant à mon goût. Et si tu acceptes de sortir avec moi il me semblerait normal que, vu que je vais laisser ma petite-amie risquer sa vie de manière totalement inconsidérée, nous passions le temps qui reste avant de rejoindre Val Filis ici, en tête-à-tête.
Il est vraiment trop sûr de lui ! Mais aussi vraiment craquant... Après tout pourquoi perdre du temps à faire semblant de lui en vouloir alors que de toutes façons nous allons quand même finir sur ce canapé à nous embrasser...
- Bien, mais que mon petit-ami sache qu'à l'avenir il ne doit pas être aussi sûr de lui, dis-je en l'attrapant par la cravate pour l'emmener avec moi vers le canapé.
- Un serpentard est toujours sûr de lui voyons, me sourit-il.
