Histoire d'Amroth et Nimrodel
Catégorie : Romance, drame, aventures...
Disclaimer : Les personnages ainsi que les différents lieux viennent de l'imagination du professeur Tolkien et non de la mienne. Les personnages de mon crû possèdent eux aussi des noms tirés des langues de JRR Tolkien.
Note de l'auteur : L'histoire d'Amroth et de Nimrodel compte parmi l'une de mes préférées. Tolkien ne l'ayant malheureusement pas beaucoup développée, j'ai décidé de tenter de le faire, à ma manière. J'ai cependant cherché à respecter tout ce que Tolkien avait déjà pu écrire sur le sujet. Si jamais donc vous voyiez une quelconque contradiction avec ses écrits merci de me le faire savoir. A savoir : les mots en italiques sont du sindarin (elfique).
CHAPITRE 1
De l'est une ombre se propageait dans le ciel. Elle avançait rapidement et assombrissait le cœur de tous les peuples libres de la Terre du Milieu.
La plaine s'étendant au pied de Barad-dûr était desséchée, parsemée d'immondices. Elle grouillait d'hommes, d'orques et d'elfes venus de par tous les côtés. Une odeur de charogne s'exalait de la forteresse maudite où se terrait encore Sauron le Nécromancien, dont la terre était souillée par sa seule proximité.
En ce lieu, se tenait Amdír, le roi de la Loríen.
Par cinq fois déjà il avait rassemblé ses troupes et donné l'assaut ; et ses gens avaient vaillamment combattu. Mais cela ne pouvait plus continuer ainsi. Il ne l'ignorait point.
Il avait compté les têtes de ses ennemis par dizaines, par vingtaines ; mais cela était insuffisant.
Les orques battaient en retraite mais d'autres revenaient continuellement. Le nombre les submergeaient. Les gens de la Lothloríen étaient pleins de courage et d'endurance mais ils étaient bien mal pourvus en armes et en armures. Nombre d'entre eux étaient déjà tombés. Leurs vies qui auraient dû encore s'étendre sur des millénaires avaient été tranchées nets.
Et bientôt, il tomberait lui aussi. Il le savait car, même en ce jour, sa clairvoyance ne lui faisait pas défaut.
Cependant il ne regrettait pas sa décision. Non, il ne regrettait pas d'être allé au combat. Car jamais la paix ne règnerait tant que Sauron demeurerait invaincu… jamais…
Mais du milieu de ces sombres songeries Amdír porta les yeux sur son fils Amroth qui était à ses côtés et son coeur se réjouit. Il était beau, fort, et encore nullement dépossédé de son ardeur à la bataille. Sa sagesse amènerait la paix au pays de Lothloríen ; il ferait un bon roi.
§
Amroth bandait son arc vigoureusement et abattait de ses flèches affilées tous les orques qu'il pouvait atteindre. La bataille était en suspens.
De parmi les rangs des orques se rassemblèrent alors des Haradrims, de cruels hommes au service de Sauron. Ils étaient forts nombreux et dirigés par deux seigneurs dont la puissance n'avaient d'égale que leur malfaisance. Ils se nommaient Herumor et Fuinir et faisaient parti des Númenoréens Noirs, ceux qui s'étaient révoltés contre les Valar.
« - Amers sont ces jours, dit Amroth, où nous voyons des descendants de notre propre peuple se ranger au côté de notre ennemi. »
Mais un cri s'éleva alors et, en l'entendant, les Elfes comme les Humains s'étonnèrent et se réjouirent. C'était Durin, roi des Nains de la Moria qui, sans s'être annoncé, amenaient de nombreux guerriers en renfort.
Et Gil-Galad, lançant la même exhortation que son père bien des années avant lui, s'écria :
« - Utulién aurë ! Aiya Eldalië an Anatari utulién aurë ! Le jour est venu ! Voyez peuple des Elfes, père des Humains, le jour est venu !
Amroth et tous ceux qui l'entouraient répondirent alors dans un cri d'espoir victorieux :
- Auta i lomë ! La nuit va finir ! »
Et ce faisant, le prince de la Loríen s'élança en avant, entraînant tous ses soldats à sa suite.
§
De grands coups énergiques, Amroth pourfendait tous ceux qui lui faisaient face. Son robuste bras frappait inlassablement avec toujours la même énergie. Il était vigoureux, prompt d'esprit et se savait combattre le bon combat. Il n'éprouvait donc que dégoût en tuant ceux qui se présentaient à sa lame, mais nullement de remord. Et ce ne serait certes pas la vaillance qui lui ferait défaut.
Ils firent d'abord face aux Haradrims. Ceux-ci, bien que mal équipés pour se défendre, étaient animés d'une haine vivace qu'on pouvait lire sur leurs visages.
Avec la férocité d'un loup aux abois, l'un d'eux se jeta sur Amroth. Mais, accusant le coup, celui-ci lui décocha une flèche en plein cœur, et l'homme s'écrasa à terre.
Le combat s'engagea alors entre la troupe hurlante et les elfes de Loríen.
Amroth était aux prises avec un homme cherchant à le percer de son javelot. Déviant le coup de son écu, il plongea sa dague dans le corps de son ennemi. La lutte était sauvage; les hommes bien que peu robustes, étaient vifs et emplis de malice. Ils agissaient avec lâcheté et fourberie, poignardant dans le dos l'elfe occupé à combattre avec un autre.
Amroth, qui avait déjà vaincu nombre de ses ennemis se trouva brusquement faire face à Herumor, le Númenoréen corrompu. Un sourire mauvais ravagea la face de celui-ci lorsqu'il avisa à qui il avait affaire. Il tira son épée du fourreau et attaqua avec violence. Amroth n'eut que le temps d'esquiver. Il sortit aussitôt son épée pour parer le coup suivant. Celui-ci s'abattit avec la même brutalité, doublée d'une puissance inouïe. Le prince comprit alors qu'il ne pourrait rivaliser de force avec son adversaire ; il devrait se contenter de parer et d'éviter les coups jusqu'au moment propice où il pourrait enfin frapper.
Les attaques se succèdaient rapidement mais Amroth parait toujours, feintant parfois l'homme, mais sans parvenir à le distraire. Cependant, Herumor, fâché de le voir ainsi résister, frappait avec toujours plus de violence.
Ce fût sa perte et la fortune d'Amroth. Alors que le Númenoréen s'apprêtait à lui porter un autre coup, Amroth bondit prestement de côté et lui enfonça sa dague dans la poitrine. L'homme s'effondra et mourut dans un râle.
Les soldats de Lothloríen avaient vaincu les Haradrims. Les rares survivants s'étaient enfuis.
S'engagea alors un nouvel assaut contre les orques. A nouveau, une volée de flèches fit tomber les premiers assaillants puis, la terrible lutte pour la survie reprit. Amroth continuait à combattre avec toujours la même ténacité. Il tuait avec la précision d'une machine et la même sensibilité.
Mais voilà qu'il lui semblait peu à peu faire face à davantage d'ennemis.
Il était encerclé ! Son armée était pas à pas repoussée vers le sud et il en avait été séparé. Les orques le pressaient de toutes parts. Au prix de grands efforts, Amroth réussit à les tenir à distance quelques instants. Les quelques secondes de répit ainsi obtenues lui permirent de juger rapidement de sa situation : elle était bien mauvaise en vérité. Il s'agissait pour lui de reculer afin de rejoindre son armée, elle-même en grande difficulté, qui contemplait horrifiée, son prince pris au piège.
A nouveau les orques affluaient. Amroth planta son épée dans l'interstice entre le casque et la grossière cotte de maille d'un de ses ennemis. Il trancha la tête du suivant d'un coup sec. Il frappait sans réfléchir, la juste colère qui l'animait maintenant encore vivaces ses forces et sa volonté. Il se défendait avec rage, se refusant à l'idée d'être vaincu et de donner à ses immondes créatures la satisfaction de le voir mourir.
Le sang et la boue s'étendaient de toutes parts. Ils poissaient les longs cheveux d'Amroth et immaculaient son visage. Mais ses yeux d'un bleu pâle tirant vers le gris brillaient d'un éclat d'acier dans la détermination qui était leur.
Une vive douleur le sortit soudainement de son fol emportement, lui arrachant un cri. Il avait été frappé au côté et sa souffrance était si aiguë qu'elle semblait le transpercer de part et d'autre. Le coup avait été porté par un immense orque qui tenait en ses mains un épieu. Se baissant pour esquiver le coup suivant destiné à l'achever Amroth manqua s'écrouler à terre.
Mais il n'était pas dans sa nature de s'avouer vaincu. Il s'y refusait tant qu'il avait encore la force de lever son épée. Se redressant péniblement il fit face à l'orque que son élan avait déstabilisé. Et, sans lui laisser le temps de réagir davantage, enfonça sa fidèle épée dans la gorge de son adversaire.
Il profita du fait que les orques soient désorganisés par la mort de leur champion pour se retourner et franchir avec les dernières forces qui lui restaient, les quelques mètres qui le séparaient encore de son armée.
Pas encore revenu d'être demeuré en vie mais conscient que la priorité n'était plus à se préoccuper de son propre sort, le prince de la Loríen s'adressa au soldat le plus proche de lui :
« - Où se trouve mon père ? Il me faut lui parler immédiatement.
- Il s'est retiré à l'arrière, il est gravement blessé. »
Alors, véritablement pris de peur pour la première fois depuis le début de la bataille Amroth s'en fût vivement.
Il finit par apercevoir Saeldol, le conseiller, ainsi que d'autres seigneurs proches amis de son père. Ils conversaient avec un air grave.
S'approchant, il vit que son père était étendu près d'eux, à même le sol.
« - Ada ! s'écria-t-il, que vous est-il arrivé ?
- Cela n'a plus d'importance à présent, répondit le roi d'une voix faible, je suis content de te voir là ; je désirais encore te voir avant de me rendre dans les cavernes de Mandos, il faut…
- Ne dites pas de telles choses ! Vous devez vivre; vous allez vivre !
- Il est inutile de se bercer d'illusions mon fils aimé, cessons donc ces paroles inutiles…
Amroth étouffa un roque sanglot. Des larmes voilaient sa vue, lavant son visage des souillures de la bataille. Mais Amdír reprit :
- Il faut cesser le combat, se retirer immédiatement derrière la colline à laquelle nous tournons le dos. Plus de la moitié de nos guerriers sont morts et nous avons été séparés du reste de l'armée. Nous avons fait notre tâche ; j'ai rempli mon alliance avec Gil-Galad.
Les dernières paroles avaient prononcées dans un souffle. Le roi de la Loríen ferma les yeux et tentât de reprendre son souffle. Amroth laissa échapper un gémissement.
- Adaaaa…
- Navaer nîn iônn, adieu mon fils. Ne désespère pas ; tout n'est pas encore perdu, l'espoir subsiste toujours… »
Un dernier spasme agitasa main que son fils tenait entre les deux siennes, et le roi s'éteignit. Amroth poussa un hurlement de rage et de désespoir et tomba à genoux. Il resta ainsi plusieurs minutes, figé dans sa détresse.
Mais Saeldol vint le trouver.
Il sembla à Amroth bien cruel d'agir pareillement. N'avait-il donc aucune considération pour son roi ? Ne voyait-il pas qu'à présent tout était vain ? Oui, pourquoi s'agiter inutilement ? Tout ne lui semblait plus que futilité face à cette dure évidence : son père était mort.
« - Nous sommes à présent sous vos ordres. Quels sont-ils ? Que devons-nous faire ?
En cet instant précis, Amroth se sentait complètement désemparé. Il ne voulait pas de la royauté. Il ne se sentait pas plus apte qu'un autre à l'assumer, tellement impuissant en vérité… il n'avait rien pu empêcher, ni le massacre de son armée, ni la mort de son père…
Mais il savait qu'il ne devait pas se laisser aller au désespoir. Il accomplirait son devoir, dignement, comme son père le lui avait demandé. Pour lui, la bataille était terminée.
- Ordonnez la retraite. »
Le conseiller s'éloigna rapidement laissant Amroth seul avec le corps de son père.
Il était dans la mort comme il avait toujours été : majestueux, beau, noble et empreint d'une infinie douceur.
§
Nimrodel s'éveilla avec l'aurore. C'était l'heure pâle pâle où tout somnole encore. Le ciel était clair, d'un bleu sans voile, et l'air pur, dans la fraîcheur du matin. Le soleil déjà, caressait la forêt de ses rayons bienveillants. Tout renaissait. Les fleurs d'or s'ouvraient et de nombreux oiseaux laissaient entendre leur chant tandis qu'en bas, dans l'herbe tendre, fleurissait à nouveau l'elanor et le niphredil.
Nimrodel se leva et se dirigea vers son balcon. Son regard embrassa les pics neigeux des Monts brumeux qui s'étendaient dans le lointain.
Elle avait passé la nuit dans son talan niché dans un grand mallorn, méditant en tailleur sur une couverture de coton posée à même son plancher. De sa demeure on pouvait contempler le cheminement de la rivière qui prenait sa source dans les montagnes pour s'enfoncer dans les profondeurs de la forêt. Cette rivière tant chérie de Nimrodel.
Elle vivait là, avec les oiseaux et les écureuils comme plus proches voisins. Mais des bruits vinrent la tirer de sa douce quiétude et elle sentit un brusque changement dans l'air environnant.
Inquiète et intriguée, elle s'arracha à la contemplation des eaux courantes et se saisit de la branche la plus proche. Elle bondit lestement sur un autre arbre. Puis, elle entreprit de descendre parmi les longues branches grises. Elle se mouvait avec rapidité et agilité.
Dès qu'elle eut touché le sol elle courut jusqu'à l'orée de la forêt d'où elle vit une colonne de guerriers marchant dans sa direction. Elle grimpa dans un arbre bordant le chemin pour pouvoir observer sans être vue elle-même.
C'était des elfes de son pays. Ils étaient blessés pour la plupart et ils avaient le regard hagard d'hommes au réveil d'un long cauchemar.
Un frisson la parcourut. Combien d'entre eux avaient-ils du voir mourir, quelles souffrances avaient-ils dû endurer ? Et eux-même avaient du combattre, ôter des vies… Sa répulsion pour tout ce qui touchait à la guerre était telle qu'elle ne comprenait pas qu'ils aient jamais pu y prendre part. C'était là quelque chose qu'elle ne pouvait ni comprendre ni accepter.
Elle brûlait de descendre pour les voir de plus près, dans l'espoir de reconnaître quelques-un de ses amis car leur nombre était bien moindre qu'à leur départ. Mais la souffrance qu'elle lisait en eux la retint. Que dirait-elle à ces hommes qui avaient le cœur encore lourd des toutes les horreurs qu'ils venaient d'endurer ? Nulles paroles de réconfort ne saurait les toucher en cet instant, elle le savait bien.
La triste troupe avançait toujours, des elfes de tous âges défilaient tristement sous ses yeux quant elle aperçut, un brancard porté par quatre guerriers. Dessus reposait un elfe. Il lui sembla étonnement beau dans ce sinistre tableau, et son visage affichait une expression sereine qui le distinguait de tous ceux qui l'entouraient. Mais son teint était d'une pâleur surnaturel ; il était mort.
Nimrodel qui le détaillait perchée dans son arbre étouffa un cri de stupeur en reconnaissant le roi.
« Nae ! Hélas ! Quels cruels malheurs nous frappent donc en ces jours ! Il me faut aller prévenir mon père sans tarder ! »
Descendant du mallorn, elle partit dans une course folle qui devait la mener jusqu'au cœur de la forêt.
§
Le temps était brumeux et les rayons de soleil ayant percés ne répandaient qu'une pâle lueur. Amroth fixait le corps de son père mis en terre. Il avait été déposé dans une tombe et à ses côtés reposait son épée et son étendard.
Amroth se força à détacher son regard de ce corps sans vie qui, dans la froideur de la mort, lui paraissait soudainement étranger. Il préférait conserver en son cœur l'image du vivant de son père.
Levant les yeux au ciel, il entonna sa complainte :
« O Amdír, O Malgalad ! Oh Amdír, Oh Malgalad !
O mîn aran ! Oh, notre roi !
O sael brannon ! Oh sage seigneur !
Sador na lîn 'waedh, Fidèle à ton serment
An i sîdh maethannech, Pour la paix tu combattis
A nas gwannannech, Et là-bas tu mourus.
U thiatha, Plus jamais tu ne paraîtras
Beleg na lîn 'weth, Puissant à la tête de ton armée
Aglareb or lîn archam, Glorieux sur ton trône.
I ngeir lîn faer athradant, Les mers ton esprit a traversé.
Hebithatharm lîn rîn an uir, Nous garderons ton souvenir pour toujours
A lîn esta bronatha, Et jamais ton nom ne sera oublié
A Nlórinand, en Loríen. »
Voilà ! Il y a surtout eu des scènes de bataille bien que cela soit une histoire d'amour mais c'est seulement le début.
A ceux qui ont aimé comme ceux dont ce n'est pas le cas, le bouton pour les commentaires est en bas en gauche (des fois que vous l'auriez oublié ;o). Toutes les critiques sont les bienvenues tant qu'elles sont fondées. Merci d'avance !