Titre : L'oeil du dragon

Suite des Tribulations d'un Chevalier au Japon (autrement dit, lisez le d'abord sinon vous allez rien piger.)

Auteurs: Kineko et Asuka, double dragon.

Série: Gundam Wing. Beaucoup plus que le fic précédent.

Couple: Pareil que le premier. On vise le 1x2x5. Maintenant, faut y arriver. ;p

Genre: un poil d'action et de romance, mythes Asiatiques revisités au lance-flamme, prise de tête pseudo-spirituelle.

Avertissements: TWT : timeline, what timeline ? Ca fait des années qu'on a pas vu la série, vous allez pas nous demander de caser ça entre deux épisodes précis quand même.

Deuxième avertissement: On se voit très rarement. On écrit que quand on se voit -- et encore, pas toujours. Les updates vont venir TRES lentement. ;p

oOo

Chapitre 1: Tadaima

En y repensant bien par la suite, Duo se rendit compte que les bizarreries avaient commencé dès l'entrée en ville. Avant, même; quand Wufei les avait rejoints dans le bus et, ô miracle, leur avait adressé la parole.

-Où allons-nous ?

C'était déjà un peu étrange en soi, cette question -- Wufei se fichait du nom des bases qu'il détruisait ces jours-ci, depuis la destruction de sa colonie -- mais Duo n'y prit pas garde. Ca faisait déjà plusieurs jours qu'il ne communiquait que par grognements et regards assassins. Duo comprenait ses raisons, mais il était quand même soulagé de ne plus avoir à le déchiffrer. Aussi il coopéra sans trop se poser de questions, de manière simple et précise par respect pour son deuil.

Il donna le nom de la ville, c'était tout.

C'est pour cela que le regard noir que lui lança Wufei le prit au dépourvu. Qu'est-ce qu'il avait encore dit ?

Il essaya de discuter avec Quatre, assis en face de lui, mais la tension de leur camarade rendait l'atmosphère trop lourde pour des plaisanteries. Aussi l'entrée dans la petite ville se fit-elle dans un silence total dans leur coin du bus. Faute de pouvoir être sociable, Duo s'était rabattu sur la contemplation du paysage vallonné et verdoyant de la campagne japonaise. Après les Colonies, c'était d'une beauté sans pareille, ce pourquoi la petite ville industrielle fut une telle déception. Des immeubles gris préfabriqués qui ressemblaient à des clapiers, des panneaux publicitaires aux couleurs délavées, des enseignes aux néons mourants -- ça ressemblait à une colonie bas de gamme pour mineurs d'astéroïdes.

-C'est mort ici, remarqua-t-il

Il y avait bien des gens qui passaient, des vieux, des enfants, des ménagères, des gens quoi, et même s'ils n'avaient pas l'attitude flamboyante d'une population de ville touristique, ils n'avaient pas non plus l'air inhabituellement déprimé, ou malade, ou apeuré... pourtant ...

Pourtant il avait l'impression qu'il leur manquait quelque chose. Du calcium peut-être ? Toujours était que cette ville, il n'avait pas envie de s'y éterniser.

-Pourquoi OZ ne construit-il jamais ses usines aux Bahamas ? marmonna-t-il.

Quatre eut une grimace polie qui indiquait qu'il n'en avait pas la moindre idée non plus. Duo s'ennuyait trop pour laisser mourir la conversation maintenant.

-Quelqu'un peut me rappeler pourquoi on est venus en bus ?

-Parce que l'âge minimum pour conduire est vingt et un ans au Japon, répondit Quatre.

-C'est profondément injuste.

-Aucun concessionnaire ne nous aurait loué de voiture, Duo. A la rigueur, Wufei pourrait passer pour dix huit ans, mais ce n'est pas suffisant.

Duo allait protester vivement qu'il pouvait très bien passer pour dix-huit ans quand quelque chose attira son attention au dehors.

C'était une espèce de boite en pierre haute au genou, dans un renfoncement entre deux maisons. Elle n'avait rien d'extraordinaire, et pourtant elle n'était pas à sa place. Personne ne semblait le remarquer.

Secouant la tête, il se retourna vers ses compagnons et essaya de se rappeler de leur conversation.

Wufei le regardait ; et pour la première fois en quinze jours Duo avait l'impression qu'il le voyait vraiment, qu'il n'était pas encore en train de se remémorer l'explosion de sa colonie.

Et puis son visage se ferma et il fronça les sourcils.

-On arrive.

Duo hésita une seconde, puis donna un petit coup de coude au Chinois.

-Ca va ?

Wufei passa la lanière de son sac en travers de son épaule avant de répondre.

-Je ne suis pas en sucre, Maxwell. Ce n'est pas la peine de te soucier de moi.

Bon, au moins il n'avait pas fait semblant de ne pas comprendre, se dit Duo en soulevant son propre sac.

Il suivit ses camarades à l'extérieur, jetant un regard aux environs alors que le bus repartait, les laissant tout trois à l'arrêt. L'air était lourd, limite étouffant.

-On se croirait dans une colonie avec un système d'irrigation foireux.

-C'est vrai, c'est très humide ici...agréa Quatre.

-On est dans une ancienne cuvette de lac, marmonna Wufei.

Les deux amis se tournèrent vers leur camarade, surpris de l'entendre parler de lui-même.

-Un lac ?

-Il a été asséché à peu près au début de la colonisation spatiale.

-Ces terrestres sont mabouls d'assécher un lac ! commenta Duo.

Bon, eh bien si la ville était pleine de cinglés, ça expliquait peut-être l'atmosphère.

-J'espère que Heero et Trowa vont bientôt arriver, cette ville me fiche le bourdon...

Quatre lui jeta un regard surpris.

-Elle n'est pas si terrible. Juste un peu... morne. Mais c'est une ville industrielle tout de même...

-Ouais mais... T'as pas l'impression qu'il manque quelque chose ?

-Des espaces verts ? Suggéra Quatre.

-Mais non... enfin si, mais c'est pas ça...

Il essaya de mettre le doigt sur ce qui le gênait, mais c'était trop vague pour qu'il trouve les mots. En désespoir de cause, il se retourna vers Wufei

-Je suppose que toi non plus tu vois pas qu'il y a un truc qui manque dans cette ville ?

Wufei lui dédia un long regard inexpressif, puis se décida à lui répondre

-Si. Son âme.

Le type avait eu l'ait assez facile à comprendre quand Duo l'avait rencontré pour la première fois sur un champ de bataille; colérique, avec une revanche à prendre et une tendance à se croire supérieur à eux tous. Mais depuis qu'ils avaient commencé à travailler en équipe, chaque fois que Wufei ouvrait la bouche, Duo découvrait une nouvelle facette.

C'était sûr que le côté philosophico-spirituel, il ne s'y était pas attendu.

-... Je suppose qu'on pourrait le décrire comme ça, ouais... lui accorda-t-il.

Quatre leur jeta un regard bizarre. Duo lui tira la langue ; d'eux tous, Quatre était le seul à pratiquer une religion, et d'habitude, c'était lui qui repérait ce genre de trucs en premier. Pour une fois que la sensibilité bien enterrée de Duo se réveillait, il aurait pu faire l'effort de confirmer.

-Elle n'a pas toujours été ainsi, continua Wufei d'un ton absent, en balayant la ville de son regard.

-Comment tu sais ça ?

Wufei garda le silence un petit moment.

-... mon clan a vécu un moment dans la région avait d'émigrer sur L5, répondit-il finalement d'une voix atone.

Ca, c'était le genre de gaffe impossible à rattraper, un superbe saut à pieds joints dans le plat.

-Désolé...

Wufei haussa une épaule en guise de réponse et se désintéressa de Duo, se tournant vers Trowa qui arrivait les mains dans les poches.

Leurs retrouvailles furent ... chaleureuses.

-Salut. Venez.

Ou du moins, aussi chaleureuse qu'elles pouvaient l'être avec Glaçon-Man numéro 3.

oOo

La maison était... Etait. Elle tenait debout, et le toit ne fuyait pas, ce qui, aux yeux de Wufei, était le principal. C'était un cube de béton, le genre de bâtisse faite pour durer et résister à tout, pas pour être belle. Il s'en fichait ; c'était fonctionnel. Il aurait mal supporté d'être dans une maison traditionnelle.

Quatre et Duo insistèrent lourdement pour gagner le droit de camper sur le canapé. Ils étaient en train de tirer à la courte paille quand Wufei ramassa son sac, grimpa les escaliers et s'engouffra dans la première chambre qu'il vit. Les efforts qu'ils faisaient pour le ménager étaient louables, quoique peu subtils, mais pour le moment Wufei avait envie d'être seul.

Seul.

L'explosion silencieuse lui avait paru si irréelle. Il ne serait pas arrivé à croire que c'était vrai s'il ne l'avait pas sentie.

Et maintenant il se sentait faible, vide, déconnecté. C'était la première fois de sa vie qu'il était réellement seul. Même après la mort de Meiran, il avait eu sa famille, ses camarades de classe, maître O... ses voisins, les gens qu'il croisait dans la rue, tous ces gens de son sang qui n'étaient plus.

Et il se retrouvait au point de départ, tout seul cette fois ci.

Il n'allait pas recommencer à ruminer ça. Cette satanée ville n'allait pas l'enfoncer encore plus dans sa déprime.

Il allait les venger. Après... il verrait bien.

Bien déterminé à arrêter de penser, il s'allongea sur l'un des lits et se força à s'endormir.

oOo

Heero se rendit compte que les trois derniers pilotes étaient enfin arrivés quand il fut accueilli d'une grande tape amicale dans le dos sitôt franchie la porte.

-... Duo.

-Salut Heero, comment va ? T'étais où, t'aurais pu venir nous accueillir quand même.

-Je vérifiais qu'il y aurait de la place pour vos Gundams.

-Ah, cool.

Quatre était en train d'étaler un sac de couchage sur le canapé. Il lui fit un grand sourire et un salut de la main. Heero se contenta d'un hochement de tête en réponse. Il n'y avait vraiment que lui pour sembler penser que faire du camping dans le salon, c'était une vraie petite aventure.

-On mange dans une demi-heure, l'informa Duo en ramassant son sac à dos.

-J'ai déjà mangé, répliqua Heero en le suivant dans les escaliers.

-Ah. C'est laquelle ta chambre ? demanda Duo en ouvrant la porte de gauche.

-Celle-là.

-Bon, bah tu partages avec Wufei, lui annonça Duo à voix basse. Je crois qu'il dort.

Duo disparut dans la chambre de Trowa. Heero entra dans la sienne.

Wufei était en effet en train de dormir. Allongé sur le côté, il gardait la main sur la garde de son épée. Il fronça les sourcils quand Heero fit un pas à l'intérieur. Heero décida de ne pas essayer d'être discret, ça allait le réveiller plus sûrement que s'il faisait un peu de bruit. Se tournant vers son propre lit, il se pencha pour ramasser son sac.

Il y avait quelque chose qui scintillait dans l'encolure du t-shirt de Wufei. Vaguement surpris, il se demanda depuis quand Wufei portait des colliers.

C'était nouveau, ça. Wufei n'avait pas l'air du genre à s'encombrer de bricoles de ce genre. En plus ça avait l'air fragile, une fiole de verre ouvragé attaché à une simple cordelette.

Heero pensa à lui en faire la remarque plus tard, puis, dans un sursaut inattendu de tact, décida que Wufei avait suffisamment perdu ; s'il voulait s'encombrer de signes distinctifs, ça ne regardait que lui.

Heero ramassa son ordinateur portable et décida d'aller s'installer dans le salon. Il serait à la merci de Duo, mais au moins il ne risquait pas de se retrouver nez à nez avec l'épée d'un type qui était déjà ronchon même quand il n'était pas mal réveillé.