Je crois que je vais devenir fou, pourquoi est ce que je ne l'ai pas rencontrée quand j'étais jeune ? Elle a vingt ans de moins que moi mais j'ai de plus en plus envie de l'embrasser surtout maintenant alors que je suis si énervé contre cette guerre qui s'annonce, le nombre de morts que cela va engendrer et cette peur panique qu'elle meurt là-bas alors qu'elle est si jeune. Comment Harry peut supporter tout ce poids sur ses épaules ? Tout le monde le regarde comme s'il allait être le sauveur du monde et il prend ses dispositions pour leur montrer qu'il est fort et courageux. Il prend des décisions pour cette guerre et je sais qu'il culpabilise parce qu'il a aidé à refaire vivre Voldemort. Je l'ai déjà vu dans le grenier recroquevillé sur lui-même et je fais de mon mieux pour l'aider. Je voudrais rester pour l'aider mais je dois partir et il veut que j'y aille pour qu'enfin cette guerre commence pour se finir au plus vite. Il veut prouver qu'il n'est pas le survivant pour rien. Ron l'aide à sa manière, il n'est pas assez mûr pour porter avec lui le poids qui pèse sur les épaules de son meilleure ami. Harry cache le mieux qu'il peut son fardeau à Hermione, pourtant elle serrait la mieux placée pour l'aider durant mon absence, il a besoin de se confier.

Hermione monta lentement les marches qui menaient au grenier. Personne n'y allait jamais habituellement, seul Remus allait si cacher avant les soirs de pleines lunes. Elle ouvrit doucement la porte et laissa ses yeux s'habituer à l'obscurité puis elle le vit recroquevillé dans un coin. Elle s'approcha doucement et s'agenouilla près de lui. Il la vit enfin et la serra contre lui. Elle se laissa faire d'abord surprise puis elle ferma les yeux et le retint contre elle. Ils restèrent longtemps ainsi silencieux puis Harry recula et sourit posant doucement sa main sur la joue de la jeune femme.

« - Merci d'être là pour moi, Hermione.

On est tous là pour te soutenir, Harry, même si ça fait niais de dire ça, je ne veux pas que tu en doutes… on ne te demande rien. »

Il ne répondit pas mais sourit.

XXXXXXX

Je pars demain à l'aube et je n'ai pas pu dire « au revoir » à tout ce monde et surtout pas à elle ou à Harry. Je m'en veux de le laisser là seul mais je sais qu'elle serra là pour lui et je viens sûrement de faire la chose la plus stupide de ma vie en me fiançant avec Nymphadora alors que je ne vis que pour Hermione. Je suppose que j'ai fait ça pour nous séparer définitivement et Tonks est si heureuse. Elle attendait ça depuis longtemps et elle est prête à attendre mon retour pour qu'on se marie. Mais est ce que je reviendrais un jour ? Tout le monde a été très content pour nous et Hermione m'a souri mais je l'ai sentie gênée. Ou peut-être que j'ai tellement envie qu'elle refuse ce mariage que je m'imagine des choses. Je n'ai même pas offert de bague à ma fiancée.

Mes valises sont prêtes et je crois que je suis fin prêt à partir, je cacherai ce journal et j'ai déjà tout réglé au cas où je mourrais là-bas.

Le journal s'achevait comme ça, brusquement et Hermione resta de marbre plongée dans ses pensées. Elle tourna lentement les dernières pages vierges, on frappa à la porte, elle ferma brusquement le journal et le cacha sous son oreiller, Ron entra et referma la porte derrière lui.

« - Bonjour !

Elle fit un tendre sourire et gêné, il s'assit près d'elle.

Je sais que ce n'est pas le moment mais ça fait longtemps que j'y pense…

Il gardait les yeux baissés et prononçait ses mots doucement. Elle resta impassible et il lui prit la main, rouge jusqu'à la racine de ses cheveux.

Hermione, je voudrais qu'on sorte ensemble et peut-être qu'un jour on se mariera.

La jeune femme le regarda surprise. Il la demandait presque en mariage alors qu'il n'avait jamais une relation plus qu'amicale. Il les voyait déjà avec une famille alors que la guerre allait être ouvertement déclarée. Il se pencha vers elle et voulut poser ses lèvres sur les siennes, Elle refusa en posant le bout de ses doigts entre leurs lèvres.

Non, Ron, je suis touchée mais ce n'est pas possible.

Il recula boudeur.

Pourquoi ? Je croyais que tu m'aimais bien.

Je suis très attachée à toi, Ron, mais comme… un frère.

On a pas essayé.

Ron…

Tu aimes quelqu'un d'autre ?

Hermione se redressa et le regarda droit dans les yeux, il était en colère et elle ne lui en voulait pas.

Oui.

Et il t'aime ?

Oui.

Alors tu n'as qu'à te marier avec lui ! »

Il sortit furieux en claquant la porte, elle resta figée par la réaction qu'il venait d'avoir. Sans le savoir il venait de lui faire très mal. Comment pouvait-elle épouser un homme qui était peut-être mort ? Qui ne lui avait même pas avoué ?

Elle ne sortit pas de sa chambre de tout le reste de la journée, impossible de sortir de cette chambre alors qu'elle avait les yeux rouges et qu'elle tremblait. De rage ou de désespoir ? Elle s'était recroquevillée sur elle-même ses jambes sous son menton. Elle se leva et s'assit au bureau, l'effleurant. Elle le voyait partout à son bureau, sur son lit, quand il dormait paisiblement. Elle ouvrit machinalement un tiroir, ce qu'elle n'avait jamais osé faire jusqu'à là, par pur respect ou par peur ? Elle prit la lettre qui s'y trouvait et l'ouvrit.

Je pars dans quelques minutes et j'écris ces mots sans savoir si je pourrais encore en écrire assis sur cette chaise devant ce bureau. Qu'on m'interrompe, qu'un jolie visage passe timidement la porte et me regarde et que je ressente tellement de bonheur à les croiser encore et encore. Si je reviens un jour, je promets de la protéger. En attendant, je sais que Harry le ferra à merveille. En attendant, je pars…Je n'aime pas les adieux donc je ne verrais personne avant de franchir la porte. Je leur dis adieux en pensées en espérant quand même les revoir un jour. Et puis qui sait ce qui se passera ? On va peut-être tous mourir un par un sur un champs de bataille pour donner un avenir meilleur aux survivants.

Remus Lupin

Elle laissa échapper la lettre qui tomba comme au ralenti sur le sol.

XXXXXXX

Une porte claqua en bas, des cris mais était-il vraiment de joie ou de stupeur ou encore d'horreur. Hermione ne bougea pas, blanche comme la mort, elle était malade et personne ne semblait pouvoir y faire quelque chose. L'infirmière avait déclaré à une assemblée stupéfaite que si elle ne guérissait pas c'est qu'elle désirait mourir et que rien ne pouvait y faire. Harry avait pleuré en la regardant si pâle et l'avait suppliée de ne pas l'abandonner à son tour mais y pouvait-elle quelque chose ? Ron s'était excusé, l'avait suppliée de tenir bon et qu'il ne lui en voulait pas de ne pas l'aimer comme il l'aimait avec la même ardeur et qu'il ne survivrait pas si tout le monde mourrait autour d'eux, surtout elle. Ginny l'avait regardée et l'avait prise dans ses bras. Les autres la regardaient comme si elle était en sucre et priait en silence qu'elle retrouve goût à la vie. Mais doucement elle ne vivait plus. Comment pourrait-elle vivre sans lui auprès d'elle ? Elle se maudissait de ne pas arriver à être aussi forte que lui. Harry entra dans sa chambre brusquement, elle ferma les yeux, ce seul bruit lui donnait mal à la tête. Il se pencha vers elle et embrasa sa joue, un sourire magnifique aux lèvres.

J'ai quelque chose pour toi qui te donnera envie de vivre encore très longtemps ma Hermignonne.

Doucement, il l'aida à se lever, sa robe flottait sur ses épaules. Avait-elle autant maigri que ça durant deux semaines ? Elle avança doucement, aidée de Harry et elle descendit prudemment les marches. Ron lui sourit quand il la vit descendre et elle détourna les yeux pour tomber sur deux silhouette enlacées, Ginny et quelqu'un d'autre, en robe de sorcier impeccable et noire. Doucement la deuxième personne se tourna un sourire resplendissant aux lèvres qu'il perdit en la voyant si pâle et si maigre. La main d'Hermione lâcha celle de Harry et retomba contre son corps. Elle resta sans voix et s'avança vers lui, les larmes aux yeux. Pour finir par lui attraper la main et se serrer contre lui comme si elle avait peur qu'il s'échappe, qu'il s'évanouisse en milieu de paillettes brillantes comme dans ses cauchemars.

Elle releva la tête vers lui, ses joues baignaient de larmes. Elle se mit sur la pointe des pieds et l'embrassa comme si sa vie en dépendait… comme si leurs vies en dépendaient.

Des années après…

Les chapeaux furent lancés haut dans le ciel, les gens riaient et pleuraient de joie même si beaucoup étaient morts, où à l'hôpital. La guerre sans pitié s'achevait enfin. Harry était terriblement blessé mais les médecins étaient optimistes. Cependant tous n'avaient pas été aussi chanceux. Maugrey était mort, Rogue également, des centaines de sorciers étaient morts pour la paix laissant derrière eux leurs amis et leurs familles en deuil. Beaucoup de l'Ordre étaient morts mais ils voulaient tous cette paix qui était enfin arrivée. Des jets de lumières volaient en tout sens. Il la prit dans ses bras et la souleva. Elle cria et rit puis elle lui tendit son doux fardeau : un garçon né deux mois à peine avant la bataille final et qui avait failli être orphelin. Un jour, il écrira toutes les histoires de la guerre que ses parents avaient bien voulu lui raconter. Un jour, il entrera à la fabuleuse école de Poudlard et serra fier de dire haut et fort accompagné de sa meilleure amie et futur femme :

« Je suis Tim Lupin, fils de Remus Lupin, membre de l'Ordre du Phénix et de Hermione Granger-Lupin qui m'a eu à 17 ans et demi, née juste avant la guerre et qui fait partie d'une illustre famille avec Harry Potter et Ron Weasley et, elle, c'est ma meilleure amie, nulle autre que Myriam… Potter »