Titre anglais : The Depths of Winter

Titre français: Au Coeur De L'Hiver

Auteur : Cosmic (Bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Post-Poudlard, Romance, Action/Aventure

Couple : HP/DM

Rating : M

Spoilers : Les cinq premiers tomes de HP

Etat actuel de la fic anglaise : Terminée. Elle compte 26 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : Ici même, sur FFNet.

Résumé : Quatre ans après avoir quitté Poudlard, Harry vit seul dans le Monde Moldu. Il a tourné le dos au Monde Magique, jusqu'au jour où Draco Malfoy se fait renverser sous ses yeux par une voiture et se retrouve paralysé dans un fauteuil roulant.

Disclaimer : Cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Avertissement : Attention, ceci est un slash ! Homophobes, veuillez vous abstenir, merci.

Note de la traductrice : Bonjour à tous ! Je sais, je suis légèrement en retard...Je devais rendre ma deuxième partie de mémoire aujourd'hui, et comme je m'y prends au dernier moment...Je ne vous fais pas de dessin lol. Bref, voici le chapitre 20, j'espère qu'il vous plaira. Le chapitre suivant arrivera en deuxième moitié de semaine prochaine, mais je ne saurais vous dire le jour ;) Bonne lecture !

Merci à Thalie-la-clochette, Mily Black, Kaly Nigellus, Onarluca, Light of Moon, Kain, Poisson Rouge, Petrus, Leviathoune, Shima-chan, Ariane Malfoy-Shinigami, JessyMP, Eleonore-dem, Lillas, Maiiya, Aiyuana, Boo Sullyvan, Zaika, Grimmy, Lilly.Malefoy, LiLy Jolie, Wildyheart, Lu-phénix, Namyothis, Ishtar205, Polarisn7, Rainbow Colors, Luce.wiz, Cachou, Serdra, Tchaye, Crys' L'Ange Noir, Sahada, Laylanounette, Alana Chantelune, Tinette, Allima, Vif d'Or, Dop, Ali Angel, Lo Hana Ni, Barbon, Kikaquitaine, Maiionette, Ayanena et Natmangafan.

Didi, Black Cat, merci, mais laissez-moi votre mail la prochaine fois si vous voulez que je vous réponde individuellement ;)

NOTE POUR CE CHAPITRE : quelques paroles de chanson sont dans ce chapitre, mais comme elles n'ont aucun intérêt dans l'intrigue, je ne les ai pas traduites.


CHAPITRE 20

Adamas aperio

Harry regardait, les yeux écarquillés, Mona qui ne cessait de hurler. Il tendit la main pour la toucher, mais un objet vola dans les airs et s'emmêla dans les cheveux de Mona. C'était une petite fleur blanche...

...et la seconde suivante, Mona n'était plus là. Une goutte de sang tomba sur le sol, là où elle était un instant auparavant ; elle tomba au ralenti, et heurta la terre sans un bruit.

Harry fit lentement quelques pas en arrière, le souffle court, en état de choc.

« Harry ? » appela Draco, les yeux aussi écarquillés que ceux de Harry. « Que – que lui est-il arrivé ? »

« On lui a lancé un sort » répondit faiblement Harry, regardant toujours, les yeux dans le vague, l'endroit où Mona s'était effondrée.

« Quel sort ? » demanda Draco.

Harry fit volte-face en entendant la question, revenant enfin à la réalité. « L'Adamas » dit-il d'une voix soudainement grave et tendue. Tous ses sens aux aguets, il cria à Draco « Rentre ! »

Il ouvrit la porte et aida Draco à entrer, le jetant presque à l'intérieur dans sa hâte. Il verrouilla la porte, les mains tremblantes.

« Il faut qu'on appelle la police » dit-il en regardant autour de lui en quête du téléphone.

Draco le regarda, abasourdi. « Et qu'est-ce que tu vas leur dire ? Que Mona était là, qu'on lui a lancé un sort et qu'on l'a évacuée avec un Portoloin ? Parce que c'est de ça dont il s'agissait, n'est-ce pas ? »

Harry le regarda, le temps que son esprit enregistre ce qu'il venait de lui dire. « Eh bien, tu as d'autres suggestions ? On ne peut rien faire – on ne peut pas – »

« Harry...Il faut qu'on aille voir les Aurors » dit doucement Draco. « La police moldue ne peut plus s'occuper de ça. »

Ce fut comme si l'on avait dégonflé un ballon : les épaules de Harry s'affaissèrent, sa tête s'alourdit, si bien qu'il ferma les yeux et s'effondra dans le canapé. Draco s'approcha et posa doucement la main sur l'épaule de Harry.

« Je ne veux pas y retourner » dit Harry. « Je suis parti...Aller à Ste Mangouste a déjà été suffisamment dur... »

Draco se mit à sa hauteur et lui prit la main. « Je déteste devoir te dire ça, mais tu n'as pas le choix. »

« Tu ne détestes pas du tout me dire ça » marmonna Harry.

Draco eut un léger sourire. « Je croyais qu'on avait dépassé ce stade. »

« Ouais, c'est ça. Comme si on le dépassera un jour » fit Harry en levant la tête. Il soupira, acquiesça et fit un faible sourire à Draco.

« Regardons le bon côté des choses » dit gentiment Draco. « Peut-être qu'on ne te reconnaîtra pas. Plus de cicatrice, de nouvelles lunettes... » Il fronça les sourcils et pencha la tête sur un côté. « Mais tu ne peux pas te balader dans ces vêtements, parce que tout le monde te regardera sinon. »

Harry gloussa, mais le son émis ne fut pas très joyeux, car sa gorge était sèche. « C'est toi qui les as choisis. »

« Hum, oui, c'est vrai, hein ? » fit Draco, assez fier. « Bon, allons manger avant de faire quoi que ce soit d'irréfléchi. »

« Manger ? ». Harry releva brusquement la tête. « Oh merde, quelle heure est-il ? »

« 18h20 » répondit Draco après avoir consulté sa montre. « Quel est le problème ? »

« J'ai promis à Myra qu'on serait chez elle pour manger à 19h » dit Harry.

Draco haussa les épaules. « Quarante minutes. On a largement le temps d'y aller. »

Harry fit une pause et se passa la main dans les cheveux. « Merlin, mais qu'est-ce qu'on fait ? » dit-il, sentant son cœur se remettre à cogner à grands coups contre sa poitrine. « Mona vient d'être frappée par un sort, juste sous nos yeux, et nous ignorons totalement si la personne qui a fait ça, quelle qu'elle soit, est encore dans les parages...Nous pourrions être attaqués à l'instant même où nous mettrons le nez dehors. Nous n'avons pas nos baguettes – nous ne pouvons pas lancer des sorts de protection sur la maison – et nous on est là, à parler d'aller dîner chez Myra comme si de rien n'était – comme si Mona ne venait pas d'être assassinée – comme si tout était – »

« Chuuut » fit Draco en se rapprochant de Harry et en lui prenant la main. « Nous ne sommes pas sûrs qu'elle soit morte. Et Mona parlait de quelqu'un. Que quelqu'un en avait après elle. Seulement elle. Pas nous. Si la personne qui a lancé un sort à Mona avait voulu nous faire la même chose, alors elle l'aurait fait directement. »

« Qu'est-ce que tu en sais ? Quelqu'un en a après nous. Quelqu'un a fait sauter mon appartement, avec toi dedans. Peut-être qu'ils voulaient simplement ôter Mona de leur chemin...Peut-être qu'ils nous attendent toujours... »

« Non » lui assura Draco. Harry ne lui demanda pas comment il le savait. Il savait que Draco n'avait aucune preuve, et ça valait mieux pour Harry qu'il fasse semblant de croire que Draco avait bel et bien la preuve de ce qu'il avançait.

Retombant dans le silence, Draco serra doucement la main de Harry. Le brun ferma les yeux et essaya de ralentir les battements effrénés de son cœur.

Après plusieurs longues minutes, Harry alla dans sa chambre se changer et se préparer pour le dîner. Il mit un point d'honneur à ignorer ses mains qui tremblaient.

Il se concentra totalement sur la lourde tâche qui consistait à se préparer, car il voulait désespérément oublier ce qu'il venait de se passer. Ca ne marchait pas ; dans son esprit, le visage crasseux et désespéré de Mona revenait le hanter.

« On peut entrer ? » implora-t-elle. « Je ne peux pas rester...On va me trouver... »

« Adamas aperio. »

Ces mots ressemblaient à un murmure porté par le vent. Une lumière bleue frappant Mona, la faisant s'effondrer par terre en hurlant de douleur. Du sang avait commencé à jaillir de son nez, de sa bouche...Une unique goutte de sang était tombée sur le sol, juste au moment où une fleur blanche avait atterri sur ses cheveux et l'avait emportée.

Harry se demanda où il aurait été transporté s'il avait tendu la main vers Mona une seconde plus tôt.

Il se demandait si elle était toujours en vie ; à sa connaissance, personne n'avait survécu à ce sort, donc il en doutait fortement, mais...Pourquoi l'avait-on emmenée ? Pourquoi quelqu'un avait-il pris le risque de d'abord lui jeter un sort, puis de l'éloigner de Harry ?

La réponse était évidente : Mona avait des informations, et ce quelqu'un ne voulait pas que Harry mette la main dessus. De plus, le sort aurait pu être tracé, afin de retrouver celui qui avait jeté le sort.

Mais qui l'avait jeté ? Il avait des ennemis à revendre dans le Monde Magique. Des anciens Mangemorts qui avaient échappé à la condamnation, des enfants, des femmes, des familles de Mangemorts... : tous libres de se venger. Même des sorciers qui étaient du côté de la 'Lumière', comme on l'appelait, avaient tenu Harry responsable de la mort de leurs proches. Harry avait été le héros : certains semblaient croire que c'était la même chose qu'un sauveur, et que toute personne combattant du côté de Harry resterait en vie.

Comme ils avaient tort...

Ils en avaient eu la preuve dès la quatrième année.

« Tue l'autre. »

La haine avait commencé à monter alors, cette haine et cette noirceur qui avaient finalement réussi à détruire le Seigneur des Ténèbres lors de la bataille finale. Elle s'était développée en lui pendant des années, peut-être même depuis qu'il avait entendu parler de la première fois de Voldemort.

Et maintenant, quelqu'un voulait à nouveau le tuer.

Ou peut-être pas. Et s'ils voulaient attraper Draco, et non Harry ? Draco se cachait depuis des années, craignant de pénétrer à nouveau dans le Monde Magique. Mais depuis qu'il vivait avec Harry, beaucoup de monde était au courant de son existence, l'avait vu et lui avait parlé. Harry ne savait même pas si Draco était connu sous le nom de Draco Malfoy avant l'accident de voiture.

En prenant en compte le fait qu'il était possible que quelqu'un veuille tuer Draco, la liste des ennemis s'agrandissait encore plus, et Harry eut mal à la tête, rien que d'y penser.

« Harry ? Tu es prêt ? »

La voix de Draco sortit Harry de sa rêverie, le faisant sursauter. Il avait réussi il ne savait comment à s'habiller : il portait un jean ajusté et une chemise blanche manche trois quart. Il tenta de se coiffer, mais en vain, car ses cheveux restaient en bataille, donc il abandonna.

Draco l'attendait dans le salon. Harry retint son souffle en le voyant : Draco était magnifique. Il portait un pantalon noir ajusté – ce n'était pas du cuir, mais une autre matière que Harry ne reconnut pas – et un polo bleu glacier. Ses cheveux étaient bien coiffés et soigneusement rabattus en arrière. Non pas gominés comme ils l'étaient à l'école ; juste en arrière, pour dégager son visage. Il portait le collier en argent avec un petit pendentif en forme de dragon que Harry avait insisté pour acheter lorsqu'il avait vu Draco le regarder.

Draco haussa un sourcil dans sa direction. « Tu n'es pas mal du tout » fit-il. « Enfin, bien sûr, même toi, tu ne peux pas mal assortir les vêtements que je t'ai choisis » ajouta-t-il avec un sourire suffisant.

Harry leva les yeux au ciel, mais le nœud dans son estomac se desserra légèrement. Il s'approcha de Draco, se pencha et l'embrassa sur les lèvres, lui laissant savoir exactement ce qu'il pensait du blond. Ca ne sembla pas déranger Draco, qui enroula ses bras autour du cou de Harry et approfondit le baiser, laissant leurs langues batailler pour se goûter l'une l'autre, les mains enfouies dans les cheveux du brun.

Harry finit par se reculer, à bout de souffle. « Prêt pour le départ ? »

Draco acquiesça, les lèvres gonflées et l'air un peu hébété. « J'ai appelé un taxi. Il sera là d'ici une minute ou deux. »

« Et si— »

« Personne ne nous attend dehors pour nous jeter un sort » dit Draco en serrant brièvement la main de Harry.

Malgré l'assurance de Draco, Harry resta à l'intérieur, regardant par la fenêtre à côté de la porte d'entrée, jusqu'à ce que le taxi arrive. A ce moment-là, il fit sortir rapidement Draco de la maison, se disant que celui ou celle qui avait lancé un sort à Mona n'allait peut-être pas leur faire la même chose, à lui ou à Draco, devant un Moldu.

Durant le trajet en taxi, Harry ne cessa de regarder derrière lui pour s'assurer que personne ne les suivait, jusqu'à ce que Draco lui pose une main sur la jambe, et d'un regard significatif, lui intime d'arrêter.

Cinq minutes plus tard, Harry et Draco étaient devant l'immeuble de Myra. Draco regarda les escaliers et eut un sourire ironique.

« Je crois qu'on va devoir réitérer ce qu'on faisait à chaque fois pour monter à ton appartement » dit-il en jetant un coup d'œil à Harry. Celui-ci acquiesça nerveusement et se pencha pour prendre Draco dans ses bras. Il remarqua avec contentement que Draco n'avait pas l'air mal à l'aise : il laissa Harry le porter, sans qu'une rougeur ne s'empare de ses joues, ni qu'il ne lance un regard furieux en direction de Harry.

Myra habitait au second étage. Harry se demanda comment ils s'étaient débrouillés pour faire monter et descendre Draco quand le blond était resté chez la jeune fille à l'époque où lui-même était à l'hôpital. Enfin, il n'y avait que deux volées de marches, donc ce n'était pas trop difficile de porter Draco. Il était encore léger dans les bras de Harry, et le brun supposait qu'il devait être encore plus léger à l'époque. Et Harry ne doutait pas que Darius les avait aidés.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent sans encombre à l'appartement de Myra.

« Oh, vous êtes absolument superbes, tous les deux » dit-elle en souriant quand ils pénétrèrent dans le petit appartement. « Là, laissez-moi prendre vos vestes. Draco, tu as ma reconnaissance éternelle d'avoir habillé Harry de telle sorte que je ne me dise pas qu'il est complètement daltonien. »

« Daltonien, et totalement aveugle en ce qui concerne les formes et les tailles » la corrigea Draco avec un sourire narquois en direction de Harry.

« Hey ! » protesta Harry, indigné, mais Myra se contenta d'acquiescer. « J'ai le sentiment que la nuit va être longue » marmonna Harry dans sa barbe, et les deux autres rirent.

Myra avait préparé un dîner simple : pommes de terre sautées et poulet, avec une excellente sauce aux cacahuètes à côté. C'était délicieux, ce qui n'était pas étonnant, vu que Myra était connue précisément pour cette sauce et pour son art de tirer le meilleur du poulet.

Harry regardait Myra et Draco discuter, son humeur alternant entre sa joie immense de sa relation avec Draco et les pensées sombres et les questions sur ce qu'il était arrivé à Mona un peu plus tôt. Draco, d'un autre côté, avait l'air d'avoir beaucoup plus de facilité à oublier les événements de l'après-midi. Il était très agréable, et même charmant, avec Myra, et il était manifeste qu'ils s'entendaient très bien. Ils parlaient et riaient comme de vieux amis, même s'ils se connaissaient seulement depuis quelques semaines.

Le dîner se termina et ils allèrent sur le canapé ; Harry choisit de s'asseoir par terre, car le canapé n'avait que deux places. Ca ne le dérangeait pas ; il s'adossa au canapé et écouta, avec un léger sourire, Myra et Draco égrainer sujet après sujet, exprimant souvent bruyamment leur désaccord sur différents points.

Quand l'horloge pointa 23h et qu'ils baillaient tous les trois, Harry proposa à Draco de rentrer chez eux.

« Pourquoi ne restez-vous donc pas dormir ? » demanda Myra. « L'un de vous devra dormir par terre, bien sûr, mais— »

Draco eut un sourire narquois. « Tu veux nous voir en pyjama, hein ? »

« Eh bien », fit Myra avec un sourire angélique, « ça risque d'être un peu dur vu que vous n'avez pas apporté vos pyjamas, n'est-ce pas ? Non, vous voir nus est bien plus intéressant. »

Elle gloussa quand elle vit l'air choqué de Draco et Harry. Elle haussa les épaules, riant toujours. « Darius est le seul à avoir le droit de parler de sexe ? »

« Que – tu – quoi ? » bégaya Harry, ne connaissant pas ce côté de Myra.

« Oh, allez, Harry. Ferme la bouche, on dirait un poisson rouge. »

Harry ferma brusquement la bouche et lui lança un regard furieux.

Et ils finirent bel et bien par dormir chez elle. Draco se pelotonna sur le canapé, tandis que Harry passait à la salle de bain. Quand Harry revint, Draco dormait. Harry regarda Draco, un doux sourire de contentement sur les lèvres, debout dans l'embrasure de la porte menant à la cuisine et au salon. Il s'approcha et déposa un léger baiser sur les lèvres de Draco. Le blond ouvrit brièvement les yeux et sourit légèrement, avant de replonger dans le sommeil.

Harry se releva.

« Il y a quelque chose dont tu veux me parler ? »

La voix douce de Myra le surprit. Il fit volte-face pour la regarder. Elle était appuyée contre le chambranle de la porte, un sourire satisfait sur les lèvres. Quand elle vit qu'il ne dirait rien, elle fit « Tu tiens à lui. »

« Ca se voit tant que ça ? » demanda Harry, prenant soin de parler à voix basse afin de ne pas réveiller Draco.

Elle haussa un sourcil.

« Nous...C'est arrivé comme ça » fit Harry en se rapprochant d'elle, près de la porte. « J'ai simplement réalisé qu'il était plus que... »

Elle sourit. « Bien » approuva-t-elle. « Je suis heureuse que tu t'en sois rendu compte. J'avais peur que ça ne te prenne des années. »

« Tu savais ? »

« Oh Harry » fit Myra en secouant la tête, le sourire toujours aux lèvres. « Bien sûr que je savais. »

« Est-ce qu'il— » commença Harry, mais elle le coupa.

« Non, il n'a rien dit. Je vous ai juste observés, tous les deux. C'était écrit dans vos yeux. De plus, vous allez bien ensemble, d'une manière étrange certes, mais le fait est là ». Elle fit une pause, puis ajouta « Tu avais l'esprit ailleurs ce soir. »

Harry fut surpris par ce brusque changement de sujet et il baissa la tête, étudiant le sol. « Il s'est passé quelque chose avant qu'on arrive. Je – je ne peux pas tout te dire à ce sujet, parce que...Bref, je ne peux pas. »

Elle l'étudia soigneusement du regard de longues minutes, le visage empreint de douceur. « Qu'est-ce que tu as fait avant que Darius ne te rencontre, Harry ? » demanda-t-elle, mais elle continua, comme si elle n'attendait pas de réponse. « Draco ne me dira rien, même si c'est évident qu'il sait. Qu'as-tu pu faire de si mal pour que tu ne nous penses pas capable de surmonter ça ? »

Elle s'interrompit, le regard toujours posé sur lui. Puis elle secoua la tête. « Je pense que nous le saurons en temps voulu. Ou peut-être pas. Mais Harry, je veux que tu saches que, quoi que ce soit, je serai toujours ton amie. Draco est au courant et il est toujours... ». Elle s'arrêta, hésitante. « Je ne pense pas que ce soit si grave que ça, quoi que ce soit. »

Harry l'écoutait, sentant son cœur se gonfler en voyant quels amis fantastiques il avait. « Merci » dit-il, d'une voix aussi douce que celle de Myra. « J'espère pouvoir vous le dire un jour. »

Myra sourit et lui tendit la couverture et l'oreiller qu'elle tenait.

« Bien » fit-elle en retournant dans sa chambre. « Bonne nuit, Harry. »

« Bonne nuit, Myra. »

&&&&&&&&&&

Myra les réveilla à sept heures quand elle se mit à préparer son petit-déjeuner.

« Désolée, mais il faut que je mange » dit-elle sans paraître le moins du monde désolée, tout en continuant à faire du bruit. Draco et Harry grimacèrent face à ce vacarme et souhaitèrent être de retour chez eux, afin de pouvoir continuer à dormir aussi longtemps qu'ils le voulaient.

Tous deux se rendirent compte qu'ils n'arriveraient pas à se rendormir, si bien qu'une demi-heure plus tard, les trois jeunes gens avaient fini leur petit-déjeuner. Myra les gronda tous les deux : Draco pour manger trop peu, et Harry pour manger comme un porc.

« Vraiment » fit-elle. « Tu manges comme si tu avais toujours trois ans. »

« Que sais-tu de moi quand j'avais trois ans ? » demanda Harry avec un sourire angélique. « Peut-être que j'étais très bien élevé à l'époque, et que maintenant j'ai besoin de faire ressortir mes côtés puérils. »

C'était en fait proche de la vérité, mais il n'allait certainement pas le reconnaître ; Myra le prendrait comme une simple plaisanterie. Et effectivement, ce fut le cas. « Ouais, c'est ça » dit-elle en secouant la tête.

Harry et Draco partirent en même temps que Myra, après avoir appelé un taxi. Elle leur fit signe de la main, puis se détourna et partit dans la direction opposée, en route pour l'université.

« Alors, quelle impression ça te fait de ne plus avoir à aller en cours tout à coup ? » demanda Draco en le regardant avec attention.

« C'est merveilleux » répondit Harry en souriant. « A présent, la seule chose dont j'ai à me soucier, c'est de mon livre. »

Bon, ce n'était pas la seule chose dont il avait à se soucier, mais il préférait faire comme si.

« De quoi ça parle ? »

« Le livre ? ». Draco acquiesça. « « Je – c'est— ». Harry hésita. Le livre était personnel. Les autres l'avaient été également, mais celui-ci l'était encore plus.

Draco pencha la tête sur un côté. « Qu'est-ce qu'il a, ce livre ? Pourquoi tu es incapable de m'en parler ? »

Harry tenta de sourire. « C'est juste très personnel. »

Draco bougonna.

« Je pense que c'est mieux que tu le lises toi-même quand je l'aurai terminé » fit nerveusement Harry. « Comme ça, je n'aurais pas à te l'expliquer. »

Draco leva la tête vers lui, l'air toujours un peu renfrogné. « D'accord » dit-il enfin, comme si c'était lui qui abandonnait la partie.

Quand ils rentrèrent chez eux, Harry alla voir les ouvriers. Ils avaient un double des clés, afin de pouvoir entrer même quand Harry et Draco n'étaient pas là, étant donné que le brun voulait qu'ils travaillent tous les jours sans exception. Harry constata que ça valait vraiment le coup quand il entra dans ce qui avait été le garage.

Le carrelage était posé – blanc, en grande partie, avec une frise gris-bleu qui courait autour de la pièce et des motifs noirs ça et là –, et la douche était terminée depuis une semaine. Les fenêtres qu'ils avaient installées rendaient la pièce presque achevée lumineuse et spacieuse.

« Bonjour » le salua l'un d'entre eux, et Harry se sentit coupable de ne même pas avoir retenu leurs noms.

« Bonjour » répondit Harry. « Ca avance ? »

« On est en train d'apporter la touche finale » fit le même homme. « L'électricien vient dans une heure pour poser les lampes. Je pense que vous pourrez prendre votre premier bain demain, M. Evans. »

Harry sourit, content de cette nouvelle. « Parfait » dit-il.

Après être resté quelques minutes pour regarder les ouvriers travailler, Harry retourna dans la maison. Draco était sur le canapé du salon, en train d'écouter de la musique.

Just the way we are

I guess you've seen it now

La voix de la chanteuse était douce, frêle tout en étant forte, comme celle d'un ange. Le slow était triste, les paroles profondes, pourtant elles lui semblaient étrangement familières.

A mirror of ourselves sure makes us weird

Falling down

Draco leva les yeux vers lui, un léger sourire aux lèvres. Il chantait en rythme avec la musique, d'une voix aussi douce que celle de la chanteuse. Une sorte d'émotion l'entourait, mais Harry ne pouvait dire ce que c'était. De la tristesse ? Pas tout à fait. Pas de la colère, ni de la joie...De l'envie, peut-être ? Mais quelle sorte d'envie, c'était trop en demander à Harry.

From a mountain of frights

What's there to hold on to ?

Quand les dernières notes de la chanson s'éteignirent, Harry se demanda ce qu'il allait dire. Il voulait dire quelque chose d'important, quelque chose de profond. Pourtant, tout ce qui sortit fut « Triste chanson. »

« Pas vraiment » fit Draco en rompant leur lien visuel pour éteindre la chaîne hifi avant que la chanson suivante ne démarre. « C'est une chanson sur la compréhension. Enfin, bien sûr, on peut interpréter ses paroles comme on veut, je suppose. »

« C'est qui ? »

« Lene Marlin » répondit Draco. « Elle est de Norvège, je crois. »

« Elle est douée. »

Draco acquiesça.

« La piscine sera terminée demain » annonça Harry à Draco. « Ils sont en train de fignoler là. »

Draco le regarda, un étrange air de gratitude et de tristesse ancré sur son visage. « C'est...bien. »

Il n'avait pas besoin d'en dire plus ; Harry comprenait.

Harry s'assit sur le canapé à côté de Draco et le serra contre lui, l'embrassant tendrement, puis il resta simplement là, à le tenir dans ses bras. Draco soupira de satisfaction dans les bras de Harry.

L'étrange atmosphère se brisa quand Draco se mit soudainement en mouvement. Il tendit le bras et attira le fauteuil roulant à lui. « Je sors » annonça-t-il en se déplaçant gracieusement du canapé au fauteuil. Harry se demanda s'il y avait quelque chose que Draco ne faisait pas avec grâce.

« Où ça ? »

Draco eut un petit sourire suffisant, ce qui rappela à Harry le Draco qu'il connaissait à l'école. Il avait du mal à réunir les deux personnes en une seule : le trou du cul de l'école et l'homme qu'il serrait dans ses bras quelques instants auparavant. « Ca ne te regarde pas, Potter. »

Harry leva les yeux au ciel. « Très bien. Tu rentres quand ? »

Draco haussa les épaules. « Plus tard. Avant 17h. »

Harry était surpris de voir que Draco sortait si longtemps ; il se demanda où allait le blond. Mais il n'avait pas le temps de s'interroger davantage : il fallait qu'il aille à l'université pour annoncer qu'il abandonnait. Puis il supposait qu'il devrait appeler Darius et Pally. Darius, parce que c'était son meilleur ami, et Pally, parce qu'elle aimait savoir ce qu'il se passait dans sa vie.

Il prit le métro pour aller à l'université, décidant de ne pas prendre de taxi quand Draco n'était pas avec lui. Il était possible de prendre le métro avec le fauteuil roulant, mais Harry n'était pas un fan des grosses foules, et Draco ne s'était toujours pas habitué au fait d'être en fauteuil roulant. Bref, c'était plus simple pour eux de prendre un taxi.

En milieu de matinée, cependant, il n'y avait pas autant de monde que dans l'après-midi, et Harry laissa ses pensées dériver sur son livre, l'intrigue et les personnages. Il en oublia presque de sortir du métro au bon arrêt, mais heureusement, il fut sorti de sa rêverie par la dame à côté de lui, qui sortait également à cet arrêt.

Il fit le reste du chemin à pied, et une heure et demie plus tard, il était de retour dans le métro, en homme libre.

Quand il rentra chez lui, la maison semblait étrangement vide. Harry s'était habitué à ce que Draco soit tout le temps à la maison quand il rentrait des cours, ce qui était la raison pour laquelle il avait paniqué quand Draco n'avait pas été là la dernière fois.

Harry se demandait où le blond passait son temps quand il n'était pas à la maison.

Il alla voir les ouvriers et l'électricien qui était arrivé, et regarda de plus près la structure qu'ils avaient installée, celle qui permettrait à Draco d'entrer et sortir de l'eau. Ne sachant plus quoi faire au bout de quelques minutes, Harry retourna dans le salon et pressa la touche 'marche' du lecteur CD.

Your words cut rather deeply,

they're just some other lies

I'm hiding from a distance,

I've got to pay the price defending all against it

C'était à nouveau cette voix douce, et Harry regarda le CD, curieux. Lene Marlin : Playing my game était inscrit sur la pochette bleue du CD, avec une photo d'une jolie – évidemment – femme, qui semblait très jeune. Harry parcourut la liste des titres de chansons tandis que la chanson continuait. Ses yeux s'arrêtèrent sur la quatrième.

Flown Away

Cela serait-il... ? Harry pressa vivement la touche 'suivant', jusqu'à ce qu'il atteigne la quatrième chanson.

Un souffle de vent, un doux air de piano...

I've flown too high on borrowed wings,

beyond the clouds and where the angels sing

Harry écoutait, comme s'il était en transe. C'était cette chanson. La chanson que Draco avait chantée.

In a sky containing no one but me,

up there's all empty and down there's the sea.

No one here but me

Harry, qui ne s'était pas rendu compte qu'il avait fermé les yeux, les rouvrit pour regarder par la fenêtre, là où Draco était assis quand il l'avait chantée.

« Tu tiens à lui. »

« Ca se voit tant que ça ? »

Puisque Myra était au courant, Darius n'allait pas tarder à savoir aussi. Même si Darius s'était éloigné d'elle depuis qu'il en était tombé amoureux, ils n'avaient toujours aucun secret l'un pour l'autre – à part celui-là, évidemment. Darius saurait. Harry se demandait comment il allait réagir.

« Plutôt agréable à regarder, n'est-ce pas ? »

'Ridiculement beau' serait plus exact. Une peau pâle, parfaite, des cheveux doux, des yeux gris qui pouvaient s'obscurcir de colère ou briller de joie. Un corps qui était toujours incroyable, bien qu'un peu frêle, malgré le fauteuil roulant.

Il secoua la tête, se demandant quand est-ce qu'il était devenu aussi accro.

Il s'assit, prit un livre qui traînait et se mit à lire, incapable de se concentrer suffisamment pour continuer à écrire son roman.

Plusieurs heures plus tard, Harry entendit la porte s'ouvrir et se refermer, et Draco entra dans le salon.

« Ca sent bon » dit-il en faisant un signe de tête vers le repas que Harry était en train de préparer : pommes de terre, rôti de bœuf en sauce, et légumes.

« Ca sera bon » répondit Harry, tentant d'ignorer la façon dont son cœur s'accélérait quand Draco le regardait.

Draco remarqua tout à coup la musique qui jouait en sourdine. « Tu as trouvé un de mes CD préférés, à ce que j'entends » dit-il.

« Il était dans le lecteur, je n'ai eu qu'à le mettre en route. Je l'aime bien » fit Harry. Il se pencha pour embrasser Draco. « Ca me rappelle de bons souvenirs. »

Draco eut un petit sourire satisfait, tout en répondant au baiser.

Draco s'assit à table et regarda Harry cuisiner en silence pendant quelques minutes. Il finit par dire « Il faut qu'on aille voir les Aurors. »

Harry tressaillit. « Je sais. »

« Quand ? »

Une question aussi simple...Mais Harry n'avait pas envie d'y répondre.

« Je...Demain ? » proposa Harry.

Draco acquiesça. « On aurait dû y aller aujourd'hui, ou même hier, mais je suppose que demain ça ira toujours » dit-il. « Je vais juste passer un coup de fil. »

Dix minutes plus tard, Draco était de retour, et le dîner fut servi. Ils mangèrent en silence, tous deux plongés dans leurs pensées. Harry était inquiet : il ne voulait pas retourner encore une fois dans le Monde Magique. Retourner à Ste Mangouste pour aller chercher Hermione quand Draco avait été malade avait été suffisamment dur. Alors aller au Ministère parler aux Aurors...Harry ne voulait même pas y penser. Avec ou sans sa cicatrice, on allait le reconnaître, surtout qu'il aurait à dire son nom et la raison pour laquelle il souhaitait parler aux Aurors. Alors, il serait de retour en Enfer.

Draco lui toucha le bras et Harry sursauta, rompant le fil de ses pensées et de ses souvenirs.

« Ca va bien se passer » dit Draco en le regardant droit dans les yeux. « Tu vas t'en sortir. »

Harry ferma brièvement les yeux et quand il les rouvrit, il fit un bref hochement de tête et tenta un maigre sourire. Draco lui serra le bras en retour.

A suivre...