Titre: Destin

Auteur: Maeve Fantaisie (ou Maeve tout court :) )

Disclaimer: Les personnages ne sont pas à moi mais appartiennent aux magnifiiiiiiiiiiques Clamp! (oui, je sais: "irrécupérable":) )

Résumé: Discussion au coeur des pétales de cerisier. Rencontre... ou retrouvailles?

Genre: Tsubasa Reservoir Chronicle :) (Fye: Alors, Kuropin? Tu te résignes? ; Kurogane: Bah, est-ce que j'ai le choix? ; L'auteur, avec un grand sourire: Hihi! Merci Kurogane! ; Kurogane: ... ; Fye, chuchotte à Kuro: Elle te fait peur, hein, c'est ça? ; Kurogane: PEUH! N'importe quoi! ; L'auteur, part en chantonnant... ; Kurogane: Quoique...).

Couple: Le même, le même, ho ho ho!

Note: Encore une fois, je m'excuse auprès de tous ceux qui ont attendu mon histoire, et remercie de tout mon coeur Saroux, Sofela, Lyra Squirrel, Altayr et Kokoroyume pour leurs si gentilles reviews!

Note 2: Les grands passages en italique sont les flash-backs.

Ceci est le dernier chapitre de cette fanfiction (snif!), et j'espère qu'il vous plaira! Bonne lecture:)


Destin, chapitre III: Au coeur des pétales

Oui, c'était ainsi que tout avait commencé. Il était ensuite allé voir la Sorcière des Dimensions, et en échange de son oeil droit, elle lui avait fourni le pouvoir de voyager à travers les mondes. Cependant, ce pouvoir ne luiserait pas attribué éternellement.

Pour les retrouver, le temps lui était compté.

L'enfant s'approcha de l'homme, un peu timidement d'abord, puis, s'enhardissant, son pas se fit plus décidé, et il s'arrêta à seulement deux mètres de l'individu qui le fixait toujours. Inspirant un grand coup pour se donner du courage, il lui adressa alors un très respectueux "Bonjour, Monsieur" accompagné d'une profonde courbette. Toute sa physionomie reflétait son extrême candeur et sa curiosité d'enfant.

L'homme soupira imperceptiblement.

La Sorcière l'avait pourtant prévenu...

xXxXxXxXx

- Vous souhaitez traverser les dimensions afin de retrouver ceux que vous avez perdus, mais sachez toutefois qu'il existe une multitude de dimensions différentes, obéissant à des règles et des lois toutes aussi variées.

L'homme se tenait face à la sorcière, impassible et froid. Cette dernière, en habit d'apparat pour une raison connue d'elle seule, le regardait droit dans les yeux sans une once de peur. Ce dernier détail surtout, parmi beaucoup d'autres, la rendait à ses yeux particulièrement dangereuse... ou totalement inconsciente.

La voix soudain grave, elle ajouta:

- Il existe cependant une règle commune à tous ces univers, un principe universel qui, de tout temps, a toujours régi la vie des hommes: "Il n'y a pas de hasard en ce monde: tout n'est que Fatalité".

L'homme se crispa. La sorcière le remarqua et un sourire triste se dessina sur ses lèvres.

- Le fait que vous veniez ici était inéluctable, aussi...

Cela voulait dire qu'il n'aurait rien pu faire pour empêcher ce qui s'était passé? Que tout serait arrivé de toute manière? Non, c'était trop facile de dire cela, trop simple de tout justifier ainsi!

Ses poings se serrèrent furieusement tandis qu'elle continuait, de sa voix profonde et douce:

- De plus, les gens que vous avez connus mènent une vie parallèle dans d'autres dimensions. Vous les rencontrerez sûrement: ils auront plus ou moins la même apparence, plus ou moins le même caractère que ceux que vous connaissiez, mais qui sait s'ils vous aiderons? Ils mènent une autre vie, dans un autre monde, alors qui sait s'ils vous reconnaîtrons? Qui sait si vous ferez partie de leur existence?

Ces personnes que vous avez connues, et leurs homologues qui vivent dans d'autres univers, sont semblables mais demeurent néanmoins différents. "Semblables", parce-qu'au fond d'eux, ils partagent la même âme. "Différents", parce-qu'ils suivent un chemin de vie différent, dont vous ou un autre vous-même ne faites pas forcément partie.

Et malgré cela, malgré tout, vous souhaitez toujours partir à leur recherche?

L'homme lui jeta un regard brûlant.

La sorcière sourit. Venant de cet être, il n'y avait pas de réponse plus explicite.

Oui, il avait un objectif à atteindre, et rien ni personne ne le détournerait du chemin qu'il avait choisi. "Destin"? "Fatalité"? Qu'importe! C'était lui et lui seul qui avait décidé de la route qu'il voulait emprunter, et si on lui donnait l'occasion de choisir à nouveau son destin, il emprunterait la même voie sans l'ombre d'une hésitation.

L'homme se tourna alors vers le petit garçon à côté de lui, un sourire poli aux lèvres:

- Bonjour, mon garçon...

L'enfant lui renvoya son sourire.

xXxXxXxXx

Ils marchèrent jusqu'à un banc situé au milieu de l'allée et s'y assirent. Les cerisiers en fleurs bruissaient doucement sous le vent léger. Des oiseaux pépiaient gaiement dans les feuilles, et, quand ils s'approchèrent du banc, l'enfant poussa des exclamations ravies.

Derrière ses lunettes, l'homme ne quittait pas le petit garçon des yeux. Dès qu'il l'avait aperçu, il avait spontanément repris son masque d'homme gentil et aimable, obéissant à une vieille habitude...

C'est avec un nouveau sourire qu'il lui adressa la parole:

- Que fait un petit garçon comme toi tout seul ici, si tôt le matin?

Et l'enfant lui répondit, avec toute la simplicité du monde:

- Je suis venu voir les cerisiers... (1)

Les yeux de l'homme s'agrandirent légèrement. L'enfant observait les arbres, et on pouvait lire de la douleur dans ses immenses yeux émeraude.

- Parce-qu'ils avaient l'air si tristes... Ils se tenaient là, tout seuls, sous le vent, et ils semblaient si tristes... Alors, je suis venu les voir!

L'enfant tourna son visage vers lui, et l'homme fut frappé par la profondeur de son regard.

- Vous aussi, vous avez l'air triste... comme ces arbres.

L'homme eut un sourire énigmatique.

Il avait la même aversion pour la souffrance. La même.

Il demanda d'une voix aux accents étranges:

- Ces cerisiers, est-ce-que tu les aimes?

- Oh, oui! répondit immédiatement l'enfant avec une expression joyeuse.

Un éclair passa dans l'oeil valide de l'homme. Cependant, aussi vif que fugace, il s'était aussitôt évanoui tel un rêve.

Son sourire s'accentua, se faisant doux et rassurant pour le petit garçon.

- Alors, il n'y a pas de soucis! Si tu aimes vraiment ces arbres, ils ont dû le sentir, et je suis certain qu'ils te sont reconnaissants de rester ainsi auprès d'eux.

- Vous croyez vraiment? demanda l'enfant, l'espoir brillant au fond de ses yeux.

L'homme hocha la tête, et le visage de l'enfant s'éclaira soudain d'un merveilleux sourire.

Oui, il avait la même envie de soulager la souffrance autour de lui...

La même envie, et le même sourire.

L'homme prit tout-à-coup une expression faussement sévère. Secouant l'index, il s'exclama:

- Toutefois, il est de mon devoir d'adulte de te dire qu'il est dangereux pour un petit garçon tel que toi de se balader tout seul ainsi de si bon matin!

- Oh, mais je n'habite pas loin.

Il pointa du doigt une villa située derrière les arbres.

- Ma maison est ici, j'y habite avec ma soeur jumelle et ma grand-mère. Je peux même apercevoir les cerisiers de ma fenêtre! Mais je voulais quand même venir...

L'homme haussa un sourcil réprobateur.

- Ta soeur et ta grand-mère doivent s'inquièter. Et puis, tu pourrais faire une mauvaise rencontre! Il est dangereux de parler à des inconnus...

Sans en comprendre la raison, il avait buté sur le mot "inconnus". Masquant aussitôt son trouble, il continua, un curieux éclat dans son oeil doré:

- ... Moi, par exemple. Que ferais-tu si j'étais... un assassin?

Il avait demandé cela d'un ton totalement neutre et détaché. Toutefois, son regard ne quittait pas l'enfant.

Ce dernier avait ouvert de grands yeux ronds et secouait maintenant vigoureusement la tête, de droite à gauche, de gauche à droite, répétant sans s'arrêter:

- Non, non, non, non, non, non, ce n'est pas possible! Vous êtes trop gentil!

- Ah ha ha ha!

Il avait la même naïveté, aussi.

L'enfant rougit, gêné.

- Ma grand-mère et ma soeur savent où je suis, et puis je fais attention. Je suis désolé: je ne voulais pas vous inquiéter!

- Mais non, ce n'est rien! lui répondit l'homme, son sourire poli toujours plaqué sur le visage.

Le silence s'installa un moment entre les deux individus. Le vent soufflait faiblement, et des pétales de cerisier voltigeaient doucement dans l'air tout autour d'eux. Puis soudain, l'enfant prit une expression amère.

Il observait attentivement le visage de l'homme en face de lui.

- Votre oeil...

Ses petits sourcils étaient douleureusement froncés.

- Ah, ça! répondit l'homme en se grattant négligemment l'arrière du crâne. Ce n'est rien du tout, vraiment! Je n'ai pas mal, ne t'inquiète pas.

L'enfant poussa un soupir soulagé.

Oui, ce n'était rien, un lointain souvenir, déjà.

Quelque chose qui sonnait comme un nouveau départ...

xXxXxXxXx

- Je vais donc exaucer votre voeu. Cependant, il y a un prix à payer, un prix qui doit être proportionnel au voeu formulé... Je me vois donc obligée de vous prendre quelque chose qui vous soit cher.

- ... Quelque chose qui me soit "cher"?

L'homme éclata de rire, mais d'un rire glacial, un rire semblable à une tempête de neige qui finirait d'étouffer sous son manteau toutes les lumières de la ville, un soir de rude hiver. C'était un rire d'hiver éternel, un rire qui sonnait comme le désespoir.

- Savez-vous à qui vous vous adressez?

- Bien sûr que je le sais.

L'homme fixa la sorcière de ses yeux dorés. Le rire s'était tu, et il avait repris son masque d'indifférence, cependant la sorcière devinait derrière ses yeux glacés la flamme, la petite flamme qui brûlait en lui et qu'il tentait de cacher désespérément. Cette flamme qui faisait fondre les maigres barrières qu'il érigeait autour d'elle et qui le consumait de l'intérieur...

Oui, elle savait

- Ce qui m'est "cher", c'est justement ce que j'ai perdu, déclara-t-il d'un ton parfaitement neutre et détaché.

Mais ses yeux étincelaient.

- Soit, dit-elle alors. Le prix à payer sera donc... votre oeil droit.

L'homme n'eut aucune réaction. Il ne réagit pas, ne tréssaillit même pas, et c'est d'une voix posée qu'il répondit simplement:

- Très bien.

Nulle émotion ne transparaissait sur son visage.

La sorcière ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux, stupéfaite. Certes, elle "savait" qui il était, mais assister à une telle absence de sentiment de ses propres yeux était tout autre chose...

C'était tout simplement irréel, inconcevable.

Sans qu'elle ne pût la réfréner, une vague de répulsion monta en elle, répulsion instinctive face à cette neutralité glacée, quasi... inhumaine

Un tel contraste, il y avait un tel contraste avec l'éclat qu'elle avait aperçu dans ses yeux l'instant d'auparavant! Cet être méprisait jusqu'à sa propre existence... Une seule chose comptait pour lui, une seule et unique chose, et au-delà d'elle, il n'était plus qu'indifférence et vide...

La sorcière frissonna.

- Vous ne vous occupez pas de savoir ce que va devenir cet oeil?

- Je suppose qu'il est "destiné" à quelqu'un?

- Exactement.

- Et bien, cela m'est égal, se contenta-il de répondre.

- Mais... vous n'êtes pas sans savoir que cet oeil contient une partie de vos pouvoirs...

- Cela, je le sais mieux que vous, je crois.

- Et pourtant, vous acceptez un tribut aussi lourd sans même réagir?

Sa question était presque une supplication.

L'homme eut un rictus sardonique.

- Un seul oeil est bien suffisant pour apprécier la laideur du monde qui nous entoure.

- Pourtant...

- Tout ce que vous pourrez me demander n'est rien comparé à la valeur de ce que j'ai perdu, l'interrompit-il finalement d'une voix tranchante et froide comme l'acier. Absolument tout...

- Soit, répéta tristement la sorcière.

Elle s'approcha donc de l'homme afin d'exécuter son "travail". Et, tandis qu'il ne réagissait toujours pas, ne criait même pas, elle sentit pour la première fois la peur se distiller en elle tel un terrible venin.

xXxXxXxXx

L'enfant pépiait et gazouillait gaiement. Il parlait de tout et de rien, et l'homme l'écoutait, le fixant intensément, s'abreuvant de sa voix, de ses mimiques, de ses sourires, comme une fleur se gorgerait de soleil. (2)

L'enfant lui ressemblait, réellement.

Cette ressemblance ne s'arrêtait pas à l'apparence physique. C'était quelque chose de beaucoup plus profond, qui venait de l'intérieur. Il avait la même lueur au fond des yeux, la même timide candeur, le même sourire, la même innocence. Il émanait de lui la même aura de pureté et de gentillesse.

Ils étaient tous deux si semblables...

"Partager la même âme"...

Quelques années de plus, et l'enfant lui ressemblerait trait pour trait, et l'illusion serait parfaite.

Il avait presque l'impression de l'avoir retrouvé...

Et pourtant, une angoisse lui restait au fond de la gorge, une angoisse sourde mais intense qui se déversait en lui depuis qu'il s'était souvenu des paroles prononcées par la Sorcière des Dimensions lorsqu'elle lui avait expliqué le fonctionnement des mondes.

"Malgré tout".

C'était si stupide!

Une angoisse sourde incarnée par deux petits mots...

xXxXxXxXx

Soudain, l'enfant poussa un cri.

- Aaaaaaah! Nooon!

Il se leva brusquement, et, rouge tomate, se mit à trépigner et courir dans tous les sens, se prenant la tête dans les mains.

- Je suis trop bête! Excusez-moi, je suis désolé!

Il était complètement affolé!

- Tout va bien, ne t'inquiète pas, lui dit l'homme d'un ton rassurant, tout en l'agrippant pour le forcer à se calmer.

Le petit garçon s'arrêta finalement, rouge écrevisse. Les mains sur les genoux, il reprit douloureusement son souffle.

- Quelque chose ne va pas? demanda l'homme les sourcils levés, la mine inquiète.

- Je... je, bredouilla l'enfant.

Et sa figure devint pivoine.

- J'ai complètement oublié de me présenter... répondit-il finalement d'une toute petite voix.

L'homme éclata de rire. L'embarras, qui colorait maintenant l'enfant des pieds à la tête, le faisait ressembler à un étrange coquelicot.

- Je... je suis sincèrement désolé!

- Ah ha ha ha ha!

Les oiseaux, effrayés par toute cette agitation, se réfugièrent aussitôt dans les arbres et observèrent la scène avec étonnement. Le rire chaud et clair s'élevait dans le silence de l'allée, et la Nature l'écoutait, éberluée par ce son qui n'avait jamais retenti jusqu'alors.

Caché derrière son embarras (qui le couvrait bien :) ), l'enfant regardait l'homme, surpris mais heureux.

Quand ce dernier se rendit compte qu'il riait, il se tut immédiatement. La Nature reprit alors ses activités, préférant croire à un rêve.

L'enfant, une mine penaude sur le visage, son embarras un peu retombé, s'excusa une nouvelle fois.

- Ce n'est pas grave, lui répondit l'homme, un sourire affable à nouveau accroché à ses lèvres comme si rien ne s'était produit.

- Ma grand-mère m'a pourtant appris que c'était très important...

Et, avant que l'homme ne pût l'arrêter, il se recula de quelques pas et s'inclina profondément.

- Alors, je me présente: je m'appelle

- Subaru...

Ses lèvres ne pouvaient plus retenir ce que son coeur lui criait.

L'enfant le fixa de ses immenses yeux émeraude, une expression d'intense incrédulité peinte sur le visage.

- ... Vous connaissez mon nom? On s'est déjà rencontré?

L'homme eut un pauvre sourire.

Au loin retentit le cri d'un corbeau qui s'envola hors des feuillages éclairés, comme pour fuir le soleil.

xXxXxXxXx

"Semblables, mais néanmoins différents".

Il le savait.

Il avait été prévenu, et, depuis le début, malgré la ressemblance, il le ressentait au fond de lui.

Il n'était pas lui...

Ce soleil n'était pas le sien.

Tout cela, il le savait!

Alors, pourquoi cela faisait-il si mal?

"Malgré tout"...

L'homme comprenait à présent le sens de cette angoisse qui l'avait étreint.

Rester dans l'obscurité la plus totale, et chercher la lumière sans jamais la voir était une chose... Mais l'apercevoir dans les ténèbres et ne pas pouvoir l'atteindre...

L'entrevoir, et devoir la perdre aussitôt...

C'était tellement pire!

Alors, l'homme se recroquevilla sur lui-même, perdu dans le noir de ses pensées. La lumière avait disparu, ne laissant derrière elle qu'une solitude oppressante et une douleur sans nom.

Et puis soudain il la vit.

"Et malgré cela,..."

La flamme!

Elle rougeoyait faiblement, mais était toujours là. Au fond de lui, elle brûlait toujours...

"... malgré tout,..."

Toujours...

"... vous souhaitez toujours partir à leur recherche?"

Alors, dans l'obscurité, l'homme se redressa.

Parce-que malgré tout, il suivrait ce chemin qu'il avait choisi d'emprunter.

Parce-que malgré tout, il refusait de perdre ce sourire.

Parce-que malgré tout, l'Espoir était toujours là.

L'homme tourna finalement sa tête vers l'enfant, et dans son oeil doré brillait avec force une détermination farouche.

Et sur le visage de l'enfant, cet oeil doré rencontra des larmes.

xXxXxXxXx

Pourquoi?

L'enfant ne comprenait pas, ne comprenait plus.

Pourquoi?

"On s'est déjà rencontré?"

A cette simple question, le visage de l'homme s'était assombri.

A cette simple question, son oeil s'était éteint.

Triste, il était devenu si triste...

Pourquoi?

Le petit coeur de l'enfant se serrait de douleur.

Quand il avait aperçu l'homme dans l'allée, il s'était senti comme attiré.

Ce monsieur dégageait une triste mélancolie, à l'image des cerisiers qu'il était venu voir. Alors, sans trop comprendre, il l'avait abordé.

Sa peine... Il aurait tant voulu effacer sa peine!

Malgré son visage souriant, l'enfant l'avait sentie, cette peine que l'homme cachait au fond de lui...

Une peine immense.

C'est pour cela qu'il avait été si heureux de l'entendre rire!

Mais pourtant, cet homme, il ne le connaissait pas.

C'était même la première fois qu'il le rencontrait...

Alors, pourquoi?

Auprès de cet homme, ce sentiment étrange l'avait assailli...

Le sentiment qu'il ne lui était pas étranger.

Un sentiment monté du plus profond de son être, et qu'il ne le comprenait pas.

Pourquoi, pourquoi?

Ce monsieur lui était inconnu, pourtant!

Malgré tout, ce sentiment était bien là...

Cette peine... à cause de lui...

Son regard.

POURQUOI?

L'enfant était prisonnier au coeur du tourbillon formé par toutes ces émotions contradictoires. Sentiments, pensées, tout se mêlait et tournoyait, menaçant de l'engloutir. Et par-dessus tout cela, dominait une intense tristesse...

Alors, les larmes avaient coulé.

Tentant de soulager le petit coeur submergé de l'enfant, elles coulaient, coulaient, seule expression de sa tourmente intérieur, grosses perles qui accrochaient la lumière du soleil et que rien ne semblait pouvoir arrêter.

Et puis...

- Ne pleure pas...

...Ces mots s'élevèrent soudain, légers et tendres, dans l'intimité de l'allée. Simplement murmurés, ils retentirent tels une prière.

Le vent se leva un peu, comme pour effacer les larmes de l'enfant.

- Ne pleure pas...

Je ne veux pas que tu pleures.

L'enfant leva lentement son visage humide vers l'homme face à lui.

Il avait enlevé ses lunettes, comme pour finalement ôter toute barrière entre lui et le petit garçon. Son oeil or et profond pétillait, tandis que son oeil blanc confrontait l'enfant à lui-même, en un triste miroir.

Il souriait doucement.

Cependant, ce sourire était différent de tous ceux qu'il lui avait adressés jusqu'à présent. Légèrement esquissé, il avait quelque chose de plus maladroit...

Et d'infiniment plus doux.

Alors l'enfant secoua sa tête vigoureusement, faisant s'envoler les dernières gouttes de lumière accrochées à ses cils, et essuya ses joues d'un revers de main. Puis, rougissant un peu, il planta son regard émeraude irisé par les larmes dans celui de l'homme, et lui offrit un sourire éblouissant comme le soleil.

Au bout de quelques instants, l'homme détourna la tête, une expression impénétrable sur le visage. Son sourire s'était effacé, comme un songe. Il se leva soudain et remit ses lunettes.

- Je dois y aller...

Son ton était monocorde, décidé, sans appel.

Il était déjà resté trop longtemps...

- Et puis, ta chère soeur doit s'inquièter, dit-il en se tournant vers l'enfant, un nouveau sourire aimable plaqué sur les lèvres. Tu devrais rentrer!

Ce dernier le regarda, une lueur un peu confuse brillant au fond de ses prunelles, et hocha lentement la tête.

Alors, sans un mot de plus, l'homme commença à se diriger vers l'extrémité de l'allée par laquelle il était venu.

L'enfant sembla soudain réagir et se leva brusquement.

- A... Attendez!

L'homme s'arrêta instantanément. Cependant, il ne se retourna pas.

- Je...

L'enfant hésitait et rougissait, embarassé. Pourtant, il devait à tout prix savoir! S'armant de courage, il inspira un grand coup et demanda d'une traite:

- Et vous? Quel est votre nom?

Silence.

Enfin, l'homme tourna lentement la tête vers l'enfant, le fixant de son oeil unique.

- Si tu continues d'aimer les cerisiers, tu le sauras sûrement un jour...

Une légère brise se mit à souffler, emportant avec elle les pétales des arbres fleuris de l'allée. Elle ébouriffa les cheveux de l'enfant, douce comme une caresse.

L'enfant ferma les yeux pour se laisser embrasser par cette brise parfumée... Quand il les rouvrit, l'homme n'était plus là. La brise ne soufflait plus, et il semblait s'être envolé avec elle.

-Monsieur?

Les cerisiers parurent soudain à l'enfant empreints de mélancolie. De nouvelles larmes perlèrent au coin de ses yeux, larmes qu'il essuya aussitôt.

- Alors au revoir, murmura-t-il, tentant malgré tout de sourire en fixant la direction vers laquelle semblait vouloir se diriger l'homme avant de le quitter, direction qui correspondait étrangement à celle empruntée par la brise. Au revoir.

Et l'enfant partit en courant dans la direction opposée, vers sa maison, une lumière or et un sourire au fond du coeur.

"Il n'y a pas de hasard en ce monde: tout n'est que Fatalité".

Le Destin semblait être scellé. Pourtant, encore une fois, c'était l'être concerné qui avait choisi sa propre voie, lui et lui seul.

Quoi qu'il arrivait, c'étaient les êtres humains eux-mêmes qui choisissaient leur propre "voeu", et décidaient librement de l'accomplir. Au fond, tant qu'ils en décidaient ainsi, ils restaient, chacun, les maîtres de leur propre destinée...

C'était ce que se disait, caché derrière ce même mur blanc devant lequel il avait atterri, Seishiro Sakurazuka en observant toute la scène.

Et, en regardant ainsi l'enfant s'envoler vers son avenir, il ne pouvait s'empêcher de penser que, quelque part dans ce monde aussi, Un autre lui-même cherchait certainement le sourire qui le sortirait de son monde d'indifférence et de ténèbres.

Ce sourire de soleil que lui-même refusait de perdre...

Quoi qu'il pût arriver, il le retrouverait, et cela même s'il devait supporter les mauvais tours joués par un farceur qui s'amusait à lier les êtres entre eux, et que l'on nommait Destin.

FIN


Notes:

(1):L'auteur (qui se fait fondre toute seule): Kyaaaaaaaah... Trop mimi :)

(2):L'homme: ... Hum, sur ce coup-ci, il y en a une qui a fait preuve d'un peu trop d'audace...

- L'auteur: Hihi, c'est joli les fleurs, non? Moi, je les aime beaucoup!

L'homme lui jette un regard noir.

- L'auteur: Euh... Ah ha ha ha!

Le ciel s'assombrit soudain et l'homme s'avançe vers elle. Une étrange aura électrique l'entoure...

- L'auteur, en reculant: Gloups!

- L'enfant, qui surgit de nulle part: Moi aussi, j'aime beaucoup les fleurs:)!

Silence... Le ciel se dégage.

- L'homme: Tout compte fait, je ne te tuerai pas.

- L'auteur, qui a eu la peur de sa vie: Ouf! Merci beaucoup!

- L'homme, un sourire carnassier aux lèvres: J'attendrai pour cela que l'enfant soit couché...

- L'auteur: ... ... ... Au secours...


L'auteur, aux anges: Hihihi, et voilà, c'était le tout tout dernier chapitre de ma toute toute première fanfiction! HOURRA! J'espère qu'il vous aura plu... Moi, il me plait beaucoup! (même si je me suis un peu laissée emportée à certains moments...) Je remercie de tout mon coeur le petit Sub qui a apporté un peu de joie dans ma fic, et le grand Sei, héros de cette histoire! (Seishiro: "Grand Sei" dont la réputation est fichue... ; L'auteur: Ah ha ha!) Et à vous tous qui avez lu cette histoire et reviewé, je fais plein de bisous et vous dit un grand MERCI:)!

Surtout, n'hésitez pas à laisser des commentaires pour me donner votre avis, qu'il soit bon ou mauvais! (bah oui, je suis une débutante:) )

(courbette) De tout mon coeur, à bientôt, si... (jette un coup d'oeil anxieux à Seishiro)...je suis toujours en vie, et si l'Inspiration aux ailes blanches daigne à nouveau passer me voir! (mais ce sera après le bac:) )

Gros gros bisous!

Maeve