Voici une longue fic dont la première partie met en scène une histoire d'amour interdite entre Camus et une jeune femme chevalier du nom de Gaëlle. J'ai une idée en ce qui concerne la seconde partie mais je ne vous dit rien pour l'instant car je dois être bien sûre de ce que je vais faire !
Je prends délibérément des libertés en ce qui concerne la chronologie de l'histoire originale. Nous sommes ici en 1973, c'est-à-dire dans l'année de la réincarnation d'Athéna. Saga est déjà devenu Pope. Normalement, à cette époque, Camus est encore un enfant mais dans ma fic, il a seize ans et il est déjà chevalier.
PREMIERE PARTIE : GAELLE
Chapitre I/
Le Sanctuaire était en pleine effervescence car ce jour était celui de la cérémonie de présentation des nouvelles femmes chevaliers. La réforme permettant aux femmes d'entrer dans le cercle fermé des protecteurs d'Athéna était toute récente car c'était l'actuel Grand Pope qui l'avait mise en place. C'est pourquoi la gent masculine était très impatiente de voir à quoi ressembleraient les nouvelles promues car personne ne les avaient jamais vues. Le quartier des femmes était strictement séparé du reste du domaine et les apprenties ne devaient jamais se montrer à aucun homme de « l'extérieur » jusqu'à l'obtention de leurs armures. Quant à la façon dont elles étaient entraînées, cela relevait du secret absolu. Evidemment, les réflexions machistes allaient bon train. Les gardes et les chevaliers mineurs riaient d'un rire gras en se représentant des femmes engoncées dans des armures trop lourdes pour elles et des blagues obscènes réveillaient les hormones de ces hommes trop longtemps livrés à l'abstinence.
La cérémonie devait avoir lieu dans la Grande Salle du Pope en présence de toute la chevalerie et les nouvelles combattantes allaient devoir prêter serment de fidélité à Athéna dont la réincarnation était imminente.
Dans le quartier des femmes, on se préparait pour le grand moment. La première génération de chevalières comptait une dizaine de jeunes filles entre quinze et seize ans. Toutes étaient partagées entre la joie et l'appréhension à l'idée d'être enfin « lâchées » dans le Sanctuaire et de se mêler aux autres. Beaucoup cachaient leur anxiété sous le masque qu'elles étaient obligées de porter. La loi régissant le statut des chevalières était stricte et visait à mettre le plus de distance possible entre les deux sexes. Athéna étant une déesse vierge, ses combattantes se devaient de le rester. Aussi, en accédant au statut de chevalières, elles renonçaient à jamais à leur féminité, d'où le masque qu'elles ne pouvaient retirer que quand elles étaient entre elles. En dépit de leur jeunesse, leur entraînement avait fait d'elles des amazones farouches et entièrement dévouées à leur déesse.
Parmi elles, une jeune fille retournait nerveusement son masque entre ses mains et observant le palais du Grand Pope qui se dressait au loin par-delà la douzième maison. Une semaine plus tôt, elle était devenue le chevalier d'argent de la Couronne Boréale. Elle avait attendu ce jour pendant six ans et maintenant qu'il était arrivé, elle se demandait ce qui l'attendait. Elle avait des yeux vert foncés et de magnifiques cheveux blonds qui lui arrivaient à la taille. Le vent projetait sans cesse ses cheveux dans ses yeux et elle les écarta d'un geste agacé. Elle se demandait souvent si elle n'allait pas finir par les couper courts pour être tranquille mais un résidu de coquetterie féminine l'empêchait d'aller au bout de son projet. Soudain, elle entendit quelqu'un l'appeler :
- Gaëlle !
Elle se retourna :
- Quoi ?
C'était Sayuri, sa meilleure amie. Gaëlle l'adorait comme si c'était sa sœur. Elles avaient été séparées à cause de leur entraînement mais la joie de se revoir n'en avait été que plus forte. Sayuri était chevalier de la constellation du Paon. Contrairement à son amie, elle avait sacrifiée ses longues mèches noires pour une coupe de garçon. Du reste, elle était garçon manqué, une vraie caillera au milieu de ses congénères et Gaëlle aimait beaucoup la force de son caractère et son franc parler. Sayuri était japonaise et Gaëlle française mais comme au Sanctuaire tout le monde parlait grec, la barrière de la langue n'existait pas.
Sayuri lui fit signe de venir. Gaëlle se leva et la rejoignit. Sayuri passa son bras sous celui de son amie avec un large sourire sur son visage énergique. Ses yeux noirs pétillaient d'excitation :
- Alors ma grande, qu'est-ce que tu faisais là-bas ? Tu nous la joues mélancolique ?
- Oui, j'adressais un émouvant adieu à notre insouciante vie d'apprentie, répondit Gaëlle en roulant des yeux.
Sayuri se mit à rire :
- Avoue que tu as le trac !
- Pas toi peut-être ?
- Nan ! répliqua la japonaise qui leva fièrement son petit nez retroussé. Je suis impatiente au contraire !
- Ah oui, pourquoi ?
- Parce que je vais enfin LES voir !
- Voir qui ?
Sayuri la regarda avec une petite moue moqueuse :
- Allons, ne me fais pas croire que ça ne t'intéresse pas…
- Mais de quoi tu parles ? demanda Gaëlle qui commençait à craindre d'être devenue stupide.
- Des Chevaliers d'Or bécasse ! s'écria Sayuri en écarquillant les yeux.
Gaëlle éclata de rire :
- Oh non, tu ne va pas recommencer avec ça !
Les Chevaliers d'Or représentaient une sorte de seigneurie digne des légendes au sein du Sanctuaire et cette attirance mêlée d'admiration était encore plus présente chez ces filles. Bien sûr, chacune d'elle gardait cela pour elle, ne voulant pas passer pour une idiote auprès des autres. Seule Sayuri affichait sans vergogne sa curiosité et clamait tout haut ce que ses congénères pensaient tout bas. Elle commença à prendre un air de fan hystérique :
- Ils seront lààààààà ! cria-t-elle en sautillant. Tu crois que je pourrais leur demander des autographes ?
- Ca va pas non !
La brune pouffa de rire :
- Mais non, j'plaisante ! Quoique….
- Tu n'oserais pas ! affirma Gaëlle en mettant les poings sur les hanches.
- Tu crois ? insinua son amie.
Gaëlle soupira et secoua la tête :
- Non, t'as raison. Tu es capable de tout !
- Ah ! J'aime te l'entendre dire !
- N'oublie quand même pas ce que la loi ordonne aux femmes chevaliers !
- Oui je sais. Mais si je ne peux pas toucher, je peux quand même regarder !
Et les deux amies recommencèrent à rire de bon cœur. Gaëlle adorait ces moments où Sayuri faisait le pitre pour qu'elles s'amusent ensemble. Sa nervosité s'était envolée d'un seul coup et c'est le cœur plus léger qu'elle revêtit son masque quand vint l'heure de se rendre au palais.
Il y avait tellement de monde dans l'immense salle du Pope qu'elle semblait avoir diminué de moitié. Les chevaliers étaient placés en fonction de leur hiérarchie.
Le Grand Pope, le seul à être assis, trônait en robe d'apparat. Les Chevaliers d'Or se tenaient devant lui, les Chevaliers d'Argent occupaient les côtés et les gardes se massaient derrière.
Des centaines de paires d'yeux observaient les nouvelles promues et les commentaires circulaient d'oreille à oreille au fond de la salle. Les filles devaient s'avancer chacune à leur tour, s'agenouiller et prêter serment à Athéna selon une formule consacrée.
Pendant qu'elle attendait son tour, Gaëlle, qui avait l'oreille fine, essayait de capter au mieux tout ce qui se disait. Le mot « sexy » revenait souvent, plus quelques autres encore plus explicites. Mais apparemment, le masque frustrait ces messieurs ! Il ne lui plaisait pas non plus mais, au moins, elle pouvait sourire à son aise en entendant les commentaires.
Sayuri, qui venait de finir sa présentation se glissa prés d'elle et murmura :
- Bon sang, je vais finir par regretter notre serment de chasteté !
- Sayuri !
- Gaëlle, ils sont trop beaux ! Tu ne les as pas regardé !
En fait, la jeune fille avait essayé mais elle avait été prise d'une si forte impression en regardant les Chevaliers d'Or qu'elle avait baissé les yeux comme devant une vision sacrée. Ils étaient tout simplement fascinants. Leurs armures étincelaient et une longue cape blanche recouvrait leurs épaules. Ils se tenaient très droit, admirables de fierté et de noblesse. Plus que des hommes, ils avaient l'air de demi-dieux devant lesquels on ne pouvait que s'incliner.
Après la remarque de Sayuri, elle voulut les observer plus attentivement. Et là, son regard tomba immédiatement sur l'un d'entre eux et ne s'en détacha plus. Elle ne comprit pas ce qui lui arriva. Un choc sourd la secoua de l'intérieur, bouleversant ses pensées et remuant chaque fibre de son corps. Elle oublia tout, ses congénères, la foule, la cérémonie. Il n'y avait plus que Lui.
Ses longs cheveux bleu foncés.
Lui.
Ses yeux sombres au regard sans faille.
Lui.
Son visage aux traits parfaits.
Lui.
L'air royal qui émanait de toute sa personne au point que son casque ressemblait à une couronne.
Lui…
Elle crut que ses jambes se dérobaient sous elle et vacilla. Sayuri lui saisit discrètement le bras.
- Ca va ?
Elle répondit par un hochement de tête parce qu'elle était incapable de parler. Elle était submergée par un flot d'émotions contradictoires. Envie de pleurer, envie de rire, envie de mourir de ce sentiment surpuissant qui s'était emparé d'elle. Des larmes brûlantes coulaient sous son masque. Un coup de coude de Sayuri lui apprit que c'était à son tour de prêter serment. Elle s'obligea à calmer les tremblements de son corps pour s'avancer dignement au centre de l'espace laissé par la foule. Quelques pas pendant lesquels elle LE regarda plutôt que le Pope et plus elle s'approchait plus de nouveaux détails lui apparaissaient. Elle aimait la façon dont deux de ses longues mèches encadraient son visage et retombaient sur son torse. Elle aimait le fuselé de ses jambes accentué par les longues bottes d'or, les muscles harmonieux de ses bras.
Elle n'avait plus prise sur la réalité. Elle se vit s'agenouiller, la tête baissée et s'entendit prononcer à haute voix :
- Moi, Gaëlle, Chevalier d'Argent de la Couronne Boréale, je fais serment de servir Athéna au péril de ma vie, d'honorer ce Sanctuaire et de vivre à jamais dans le respect de sa loi.
Ces mots qu'elle avait tant rêvé de prononcer, lui semblaient dit par une autre comme s'ils ne la concernaient plus vraiment. Telle une automate, elle se releva et retourna à sa place. Aussitôt, Sayuri murmura :
- Alors, ils sont canons hein ?
Gaëlle s'entendit répondre oui d'une voix blanche puis elle ne suivit plus rien du reste de la cérémonie.