Disclaimer : Le Seigneur des anneaux n'est pas à moi mais à J.R.R Tolkien

Notes : Fiou enfin fini ! Au moins ce chapitre est-il arrivé plus vite que les autres. Il m'aura quand même donné beaucoup de mal surtout parce que je ne savais vraiment pas quoi en faire, et la trame en a beaucoup changé. En plus je me vois obligé de développer une facette de Sabé qui me donne envie de la buter xD

Enfin, bonne lecture !

Chapitre 7 : Edoras

- Nous pourchassons un groupe d'Uruk Hai vers l'ouest. Ils ont emmenés captif trois de nos amis.

Aragorn, Legolas et Gimli se tenaient debout au beau milieu de la plaine encerclés par la troupe de cavaliers d'Eomer qui avaient baissé leurs lances pour entamer une discussion moins hostile. Depuis des jours et des nuits les trois amis pourchassaient la troupe d'Uruk-Hai pour enfin parvenir à sauver Merry, Pippin et Sabé. Ereintés mais déterminés ils voyaient tout de même dans cette cavalerie un espoir de retrouver leurs trois compagnons. Eomer resta fier et impassible, fidèle à lui-même alors qu'il se rappelait sa rencontre avec cette mystérieuse Sabé. Etait-ce là les compagnons dont elle avait parlé ?

- Les Uruks ont été détruits. Nous les avons massacrés dans la nuit. Une femme nommée Sabé était leur captive.

- Que lui est-il arrivé, s'enquit Legolas, est-elle blessée ?

Par réflexe les trois compagnons balayèrent à nouveau la troupe du regard espérant la voir fendre la masse des cavaliers, mais ils n'étaient entourés que d'imposants chevaliers. Si l'appréhension et la tension de ses interlocuteurs n'avait pas été si palpable, Eomer se serait permis un sourire ironique en songeant à l'insolence et à l'air supérieur de cette guerrière qui semblait sans pitié lorsqu'elle se battait.

- J'en déduis donc que vous êtes ses compagnons. Elle était en parfaite santé, notre attaque lui a permis de se libérer et de combattre à nos côtés. Mais plutôt que de nous suivre elle a préféré galoper vers Edoras dans le but d'affaiblir le pouvoir de Saroumane. Elle vous croie mort. Et je doute qu'avec un tel projet elle survive bien longtemps.

- Et les hobbits, pressa Gimli, avez-vous vu deux hobbits ?

- Ils sont petits, précisa Aragorn, des enfants à vos yeux.

- Il n'y a pas de survivants. Nous avons empilés les carcasses et les avons brûlés.

Ils suivirent des yeux la direction que pointait Eomer du doigt et aperçurent une épaisse colonne de fumée grise.

- Mort, souffla Gimli avec consternation. Et la petite dans la nature…

Eomer ne comprenait pas bien comment on pouvait surnommer Sabé « la petite », même si cela était affectueux. Il avait même du mal à saisir comment cette femme qui lui avait semblé si antipathique pouvait avoir des compagnons si fidèles.

- Je suis désolé, fit-il après un temps de silence.

Legolas porta une main affectueuse sur l'épaule de Gimli alors que de l'autre il serrait rageusement le pendentif de Sabé autour de son cou, essayant d'intérioriser au maximum sa douleur et son inquiétude.

OoOoO

Sabé mit son cheval au pas alors qu'elle approchait des fortifications d'Edoras. Elle leva les yeux sur ces constructions rustiques qu'elle voyait pour la première fois et qui la changeaient considérablement de la capitale de Corus où elle avait passé sa vie, ou encore de Fondcombe. Tout ici respirait la ruralité, jusqu'aux paysans qui la fixaient depuis le porche de leur chaumière avec méfiance. Elle se redressa la tête haute, fière et menaçante sur sa monture, consciente que vu sa dégaine elle ne devait pas inspirer la confiance. Dans un dernier mouvement d'orgueil et peut-être aussi de compassion elle se refusa à demander l'aumône à ces pauvres hères ou bien encore le gîte pour la nuit. Elle ne voulut pas également vendre la monture qu'Eomer lui avait donnée, tant par respect pour ce cadeau que pour pouvoir chercher la famille du défunt cavalier et lui rendre ses dernières affaires. Ainsi elle passa la nuit dans une auberge miteuse qui empestait la bière et les vomissures et qu'elle dut payer à contre cœur avec une partie de l'argent trouvé dans la sacoche du cheval. Elle ne ferma pas l'œil de la nuit, elle sentait comme une énergie étrangère affluer dans ses veines, une sensation nouvelle de force et de pouvoir et elle se demanda ce que les orques avaient bien pu lui faire lors de sa captivité.

Tant de questions demeuraient sans réponses… D'après le positionnement des étoiles qu'elle voyait au travers de sa fenêtre de nombreux jours s'étaient écoulés depuis son enlèvement. Avait-elle été la seule prise par les orques ? Ou bien, conformément à sa vision Saroumane avait ordonné qu'on emmène les hobbits ? Pourtant elle était seule au réveil, pas même les corps sans vie de ses compagnons… Et ses compagnons que leur était-il arrivé ? Avaient-ils été massacrés pas leurs ennemis ? Son rêve avait-il été réel ? Saroumane avait-il tenté de prendre possession de son esprit et surtout Boromir était-il bel et bien mort ? Pour se rassurer, sa main chercha le pendentif offert par Galadriel mais elle n'eut aucune prise. Sabé ne pu alors retenir ses larmes. Jamais elle n'avait été seule, sans quelqu'un à ses côtés pour la guider et la protéger. Jamais elle n'avait connu la perte d'êtres chers…

Toute la journée du lendemain elle resta enfermée dans sa chambre, assise sur le lit, ses bras entourant ses jambes ramenées vers elle. Que devait-elle faire ? Par où commencer pour atteindre Saroumane ? Eomer avait été vague sur la situation du Rohan, juste qu'il était soumis désormais à Grima devenu l'homme de main du magicien blanc. Elle dut lutter plusieurs fois contre ses étranges crises, tâchant le plancher du sang qu'elle crachait en quantité, la douleur lui transperçant les flancs et la poitrine. Elle ne possédait plus aucune des plantes que Gandalf lui avait confiées avant sa mort et le magicien n'était plus là pour savoir où en trouver et Sabé n'avait aucune connaissance en botanique. La mort était donc si proche ? Elle la prendrait ainsi, dans cette auberge mal famée sans qu'elle ait pu tenir aucun de ses engagements ?

Le soir elle descendit enfin dans la salle principale pour se sustenter et reprendre des forces et ce qu'elle entendit alors lui redonna plus de courage que n'importe quel met. Elle venait de se trouver un but, une dernière mission pour laquelle elle était prête à donner sa vie. Tous ne parlaient que de l'état de leur roi qui se dégradait de jour en jour : il n'était plus qu'un vieil homme sénile et soumis à Grima. Il devint évident pour Sabé que Saroumane était derrière tout cela et qu'elle devait rencontrer Grima pour pouvoir en apprendre plus. Peut-être feindre une alliance pour pouvoir en finir avec Saroumane…

Ainsi ce n'est qu'avec une esquisse de plan mais une grande détermination qu'elle prit la route du château. Elle ne s'était pas changée et encore moins arrangée mais elle en joua pour accéder plus facilement au château du roi. Elle laissa son cheval au bas des marches, tous reconnaissant alors les armoiries d'Eomer le banni et elle monta rapidement les marches, les lourdes portes de bois s'ouvrant presque instantanément, Grima langue de serpent se tenant devant elle, encadré de plusieurs chevaliers. Sans un mot, ils se jaugèrent du regard puis elle leva les mains avec une grâce moqueuse pour montrer qu'elle était désarmée. Les orques lui avaient retiré toutes ses armes, et l'épée prise sur le cadavre du cavalier était restée accrochée à sa selle.

Grima, apparemment irrité par sa présence émit un bruit semblable au sifflement d'un serpent avant de se retourner, faisant signe à ses gardes du corps de rester dehors alors qu'ils entraient dans la salle du trône sombre et qui semblait désertée.

Sabé posa un regard mêlé de compassion et de mépris sur le vieil homme qui semblait âgé comme le monde, assis avec lassitude sur le trône.

- Il ne nous entend pas, ne nous voie même pas. Ce n'est qu'une pathétique poupée de chiffon.

- En voilà des façons de parler de son bien-aimé roi, Grima.

Le petit homme voûté lui lança un regard en biais et Sabé ne cacha pas sa répugnance à être dans la même pièce que lui.

- L'esprit de ces barbares de soldats est étriqué, ils ne savent rien du monde. Moi par contre je sais ce que vous êtes. Je le sens.

Il appuya ses dires en s'approchant de Sabé qui se recula avec une mimique de dégoût. Intrigué, Grima resta alors à bonne distance mais marcha autour d'elle comme un rapace au-dessus de sa proie tandis que la suivante restait murée dans le silence.

- Vous êtes seule. Où est donc cette belle communauté ? Vos si fidèles compagnons, où sont-ils ?

Sabé tressaillit à la mention de la communauté de l'anneau. Un temps de silence s'installa, puis elle se dirigea lentement vers le roi, les talons de ses bottes claquant sur le sol de pierre. Elle effleura à peine le visage du vieux souverain et un étrange malaise la prit soudain, la rendant craintive. Elle s'écarta du monarque en ramenant sa main à elle. L'espace d'un instant elle avait senti une partie du pouvoir de Saroumane, une partie de toutes les ténèbres qui enveloppaient le cœur de Théoden. Et elle les avait trouvées tentantes. Alléchantes. Elle aussi voulait ce pouvoir.

Derrière elle Grima ricanait comme s'il avait tout prévu. Elle continua de reculer de quelques pas avant de se courber en deux, une violente douleur s'imposant à elle. Elle porta une main à sa poitrine serrant les lambeaux de ses vêtements alors qu'une violente toux s'emparait d'elle, faisant trembler tout son corps. Puis elle cracha une gerbe de sang qui recouvrit la main qu'elle avait placé devant sa bouche. Elle sentait ce goût cuivré dans sa bouche et la douleur disparut. Ce n'était pas son propre sang qu'elle voulait goûter… Elle entendait une voix d'homme, cette voix qu'elle entendait dans toutes ses visions contrôlées les orques, la voix de cet homme qui avait juré la perte du Rohan.

- Oui, s'esclaffa Grima, laissez le pouvoir de Saroumane vous enlacer.

Apeurés, les hommes du château qui s'était camouflés derrière les colonnes pour prévenir tout danger quittèrent leur cachette, fixant avec appréhension, la main sur la garde de leur épée, cette femme tremblante qui semblait en proie à une véritable crise de démence. Grima lui ne la craignait pas, au contraire il l'incitait à céder. Il se rapprocha d'elle, se collant presque à son dos, lui susurrant à l'oreille de se laisser guider.

- Nul ne peut résister au magicien blanc, il…

Grima écarquilla des yeux terrifiés et plein d'incompréhension, la fin de sa phrase mourant dans sa gorge. Sabé le regarda avec des yeux d'un bleu violent et électrique, un sourire malsain sur le visage, sa main planté dans la poitrine du conseiller du roi.

Elle resserra la prise de ses doigts autour du cœur palpitant de ce dernier qui la regardait avec panique, les lèvres tremblantes. Une voix avait tourné dans la tête de Sabé et de vieux instincts avaient refait surface. Un instinct de mort, elle voulait du sang, elle voulait tuer.

Elle tira un coup sec, arrachant un râle qu'elle trouva comique à Grima alors que celui-ci tombait au sol dans son propre sang alors qu'elle gardait son cœur dans la main. Elle éclata d'un rire dément alors que les soldats sortaient enfin de leur état de choc pour s'emparer d'elle qui portait le cœur à sa bouche pour le lécher et enfin gouter au sang d'un autre. Son hilarité disparut quand un soldat la saisit et elle laissa tomber le cœur dans un bruit répugnant au sol avant de se retourner et de briser le bras de son agresseur alors que tous les autres sortaient leurs épées. Vive comme l'éclair, elle bondit sur ces hommes, les repoussant avec force et se rua vers la porte comme un animal pourchassé et apeuré. Les soldats hurlèrent alors quelque chose qu'elle ne comprit pas, comme une mise en garde alors que les portes s'ouvraient toute grande laissant entrer d'autres soldats alors que des serviteurs alertés par le bruit entraient dans la salle par les autres ouvertures. Sabé tourna sur elle-même, ses yeux balayant frénétiquement cette foule qui n'osait l'approcher alors que ses mains, sa tunique et le bas de son visage étaient couverts de sang, comme un animal qui vient d'arracher la chair d'un autre. Elle ressentit une furieuse envie de bondir sur eux et de leur arracher la gorge sans plus attendre mais avant qu'elle ne fasse un seul pas en avant, une conscience presque étrangère et qui pourtant avait toujours été la sienne se rappela à son esprit, lui transperçant presque le crâne. Elle se prit la tête entre les mains et poussa un hurlement terrifiant, déchirant. Les hommes du Rohan, superstitieux, ne savait comment agir face à une telle créature des enfers qui avait semblé si normale à leurs portes quelques minutes plus tôt.

OoOoO

Il avait été convenu que pour cacher ses véritables pouvoirs et intentions, Gandalf jouerait le rôle d'un vieillard soutenu tant bien que mal par Legolas. Et alors qu'ils montaient tous lentement les marches de pierre menant au château, ils stoppèrent quelques instants intrigués par l'effervescence qui semblait y régner. Puis un cri inhumain déchira l'air et ils bondirent soudainement en avant, grimpant avec rapidité les marches et repoussant des gardes trop choqués pour agir, et atteignirent la grande salle du trône. Sabé, au centre de cette foule qui la menaçait de ses armes était à genoux, se tortillant en proie à une affreuse douleur. Couverte de sang elle semblait transfigurée, ses doigts rougeoyants s'enfonçant dans ses cheveux alors qu'elle poussait un nouveau cri.

- Que lui avez-vous fait misérables, s'écria Legolas en s'armant avec célérité et bandant son arc aussi vite que l'éclair.

- Legolas, non !

Gandalf avait presque rugit et tout le monde s'arrêta, la foule se fendit en laissant le vieux magicien approcher de Sabé qui le regardait, effrayée. Jamais aux yeux du magicien elle n'avait semblé si petite, si fragile. La douleur semblait l'avoir quitté et elle posa alors son regard sur ses mains ensanglantées. Des larmes roulèrent sur ses joues tandis que Gandalf passait une main presque affectueuse sur le haut de sa tête. Elle sombra quasi instantanément dans l'inconscience.

Son corps tomba au sol dans un bruit mat et Legolas bondit en avant pour s'agenouiller à ses côtés et vérifier que sa santé n'était pas en danger. En la voyant si paisible et vulnérable, il était difficile de penser que tout ce sang était à quelqu'un d'autre. Il sentit alors Aragorn lui toucher l'épaule et regarda dans la direction que l'homme lui indiquait. Ecroulé dans une mare de sang, son cœur à côté de lui, Grima langue de serpent gisait avec une plaie béante dans la poitrine.

- Saroumane est décidé à empoisonner tous les esprits, soupira Gandalf. Veillez sur elle quelques instants je vous prie.

Choqué, nul ne chercha à arrêter Gandalf alors qu'il s'approchait du roi malade. Legolas prit Sabé dans ses bras alors que Gimli et Aragorn se postaient devant eux, prêt à les protéger de ces personnes terrorisés par le spectacle qu'avait offert la jeune femme.

OoOoO

- Certains des soldats présents affirment que Grima lui a lancé un maléfice.

Aragorn se tenait assis sur le rebord en pierre de la fenêtre d'une des chambres du château, alors que Gimli quant à lui était assis au pied d'un grand lit et Legolas se tenait dans un coin de la pièce, sombre et silencieux, alors que dans le lit était allongée Sabé, sommairement lavée et habillée d'une simple chemise de nuit blanche en lin. Gimli répondit à Aragorn par un vif hochement de tête.

- Ce n'est donc évidemment pas sa faute. Et personne ne viendra lui reprocher la mort de ce serpent.

- Mais elle s'est facilement laissée posséder.

- Merci Legolas, de votre soutien toujours si précieux.

Tous sursautèrent et se tournèrent vers le lit d'où la voix de Sabé venait de s'élever. Elle était dans un état de semi-conscience depuis un moment mais n'avait pas osé interrompre ses compagnons. Elle se redressa péniblement sur ses coudes et son regard perdu croisa celui froid et distant de Legolas. Elle baissa les yeux. Elle avait presque fini par oublier cette expression sur le visage de l'elfe. Aragorn descendit de son perchoir et s'approcha du lit.

- Sabé, vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé ?

- Je n'ai malheureusement pas la chance de souffrir d'amnésie, fit-elle avec agacement, je me souviens parfaitement d'avoir tué Grima de façon quelque peu… Barbare.

Elle s'assit alors sur le lit mais ne tourna pas la tête vers l'elfe quand elle l'entendit quitter la pièce sans un mot. Tout ce temps passé ensemble, tous ces évènements qui avaient finis, du moins Sabé le croyait-elle, par changer l'pinion de Legolas sur elle, tout cela partait en fumée. Elle regarda ses mains dont les ongles étaient encore maculés de sang séché.

- J'ai senti la présence de Saroumane en moi. Il a réveillé des instincts enfouis au plus profond de moi.

Par réflexe, apeurée par ce qu'elle avait fait elle porta la main à son cou à la recherche de son pendentif mais ses doigts ne croisèrent aucune chaîne d'argent. Elle soupira. Elle oubliait toujours qu'elle avait perdu le précieux présent de Galadriel, sans doute durant sa captivité chez les orques. Aragorn posa une main amicale sur son épaule.

- Nul n'est à l'abri du pouvoir de Saroumane. Théoden lui-même est resté sous son emprise de longs mois durant.

Avant qu'elle ait le temps de répondre la porte s'ouvrit de nouveau mais sur la belle Eowyn cette fois, drapée dans sa riche robe de velours bleu nuit. Elle balaya la pièce de son regard fier et s'inclina avec grâce, fixant un instant Aragorn avant de se tourner vers Sabé.

- Le seigneur Legolas m'a prévenu de votre réveil à l'instant.

A peine eut-elle fini sa phrase que deux servantes entrèrent à sa suite, l'une portant des vêtements frais, l'autre de quoi se laver et se sécher.

- Je pense que votre amie souhaiterait sans doute se préparer avant d'aller rencontrer le roi. Et il vous demande quant à vous dans la salle du trône pour une affaire des plus urgentes.

Les trois compagnons se cherchèrent du regard avant que Sabé ne leur adresse un sourire rassurant. Le roi désirait certainement la voir à propos de l'incident avec Grima, mais elle ne semblait pas compter dans ceux appelés à propos de l'affaire des plus urgente. Sans qu'un mot de plus ne soit échangé, tous sortirent sauf les deux servantes. L'une d'elle, la moins terrifiée, lui tendit un petit sachet.

- Le magicien m'a chargé de vous le remettre…

Sabé inclina la tête avec reconnaissance alors qu'elle se levait, et saisit le petit sachet de toile qu'elle ouvrit pour y découvrir les racines qui lui avaient tant manqué ces derniers temps pour camoufler ses crises. Elle ne comprenait pas, ce magicien… Gandalf ? Elle croisa un instant son reflet dans le miroir et elle se trouva changée. Elle voyait plus que jamais ancré en elle, presque tatoué sur sa peau blanche la marque de Sauron et Saroumane, l'œil rivé sur elle. Elle écarta lentement les bras, permettant au deux femmes de lui retirer sa chemise, la laissant nue. Elle se sentait souillée, salie par Saroumane et son pouvoir. En songeant alors au plaisir enivrant qu'elle avait ressenti et qu'elle garderait secret Lorsqu'elle avait senti affluer la puissance et sa main s'enfoncer dans le corps de Grima, son visage se ferma et prit l'espace de quelques instants une dureté inhabituelle et cruelle.

OoOoO

Sabé passa une dernière fois la main sur robe de coton avec un sourire amer. Dans la hiérarchie des hommes elle était vêtue comme une servante, une paysanne. Elle songea avec un brin d'amusement que Boromir aurait beaucoup de moqueries à formuler sur cette tenue correspondant soi disant à son rang. Mais l'éclair de joie qui l'avait traversé devint vite un élan de tristesse. Elle oubliait que son camarade était tombé au champ d'honneur ; s'il lui était resté un fol espoir qu'il ait pu être sauvé il était parti en lambeau lorsqu'elle s'était réveillée, seulement entouré d'Aragorn, Gimli et Legolas. Il faudrait d'ailleurs impérativement qu'ils l'informent du sort des hobbits. Elle frémit en songeant à Frodon et surtout à l'anneau qui se trouvait quelque part dans la nature. Elle priait de tout cœur pour qu'il ne soit pas dans les mains de Saroumane ou Sauron. Une autre question lui tournait dans la tête. Etait-ce bien Boromir qui l'avait sauvée des méandres de son propre cœur ?

Elle inspira profondément pour faire taire le fourmillement de son esprit et avança d'un pas ferme vers la salle du trône, celle là même où quelques heures avant elle avait massacré Grima. Domestiques et soldats s'écartaient sur son passage, comme si elle était un démon. Sabé songea non sans une certaine satisfaction qu'ils avaient enfin comprit que malgré les apparences elle n'était pas une elfe. Elle ne comprit d'ailleurs pas cet étrange sentiment de fierté en voyant la crainte dans leurs yeux mais elle ne put s'interroger plus longtemps à ce sujet, elle arrivait déjà une des portes adjacentes à la salle du trône d'où résonnait la puissante voix de Théoden, en désaccord avec Aragorn lui semblait-il. Elle entra discrètement et se tint à l'écart, abrité dans une des alcôves, retenant une exclamation de surprise en voyant Gandalf aux côtés du roi. C'était bien le vieux magicien tombé dans les profondeurs de La Moria avec le Balrog, et pourtant il était complètement différent à ses yeux... Son regard croisa celui, perçant, de Legolas qui avait immédiatement perçu sa présence. Sabé bomba alors la poitrine et leva la tête, hautaine. Elle ne tolèrerait pas plus maintenant l'attitude de l'elfe qu'elle ne l'avait fait auparavant. Si ces liens qu'elle pensait avoir tissé avec lui étaient chimériques, peu lui importait alors de cet archer arrogant et méprisant.

- Aux dernières nouvelles c'était Théoden et non Aragorn le roi du Rohan.

Un silence suivit cette réplique autoritaire, rompu par un puissant rot de Gimli. Sabé pouffa discrètement derrière sa main, commençant alors doucement à s'approcher de la table de ses trois compagnons, sa jupe glissant avec légèreté sur le sol. Elle ne comprit pas le désarroi qu'on lisait dans les yeux de Gandalf quand Théoden ordonna qu'on parte au gouffre de Helm. Sa connaissance sur les civilisations extérieures était limitée et aucun étranger ne pouvant entrer dans Corus, elle ignorait ainsi tout des changements survenus chez les hommes depuis cinq mille ans. Même Gandalf ne lui en parlait pas, surveillé de près par Anubis et ses sbires qu'il ne parle jamais du monde extérieur sur Corus. Elle pouvait prétendre connaître le peuple elfique et ses traditions, mais uniquement parce que c'était un peuple immuable. Elle avait pourtant été surprise en arrivant en Terre du Milieu de découvrir qu'il ne peuplait plu la majeure partie du continent.

Cette terrible sentence tombée, on sembla enfin prêter attention à la Nephtisis qui ne baissa pas le regard quand celui de Théoden la transperça. Elle se contenta de s'incliner avec respect, ses cheveux ondulés dont juste quelques mèches étaient négligemment retenues à l'arrière de sa tête par une attache en forme de fleur du Rohan glissant sur ses épaules. Elle portait une robe blanche dévoilant ses épaules et la naissance de sa poitrine, galbée par un corset rouge cousu dans une matière quelque peu grossière, la même que celle qui terminait les manches bouffantes de la robe sur ses avants bras. C'était peut-être une manière d'essayer de la rabaisser que de la vêtir ainsi d'une toilette esthétique mais tout de même portée par des gens de rangs inférieurs. C'était une toilette portée par les femmes du Rohan lors des grandes occasions. Mais Sabé supportait cette humiliation avec dignité et lorsqu'elle se redressa elle ressemblait plus à une dame mutine et libre, qu'à une servante comme telle était sa fonction.

Théoden laissa planer un silence lourd, Sabé restant immobile et silencieuse, évitant le regard de ses compagnons tandis qu'il retournait s'asseoir sur son trône.

- On m'a dit que vous avez souillé cette salle par le sang de mon conseiller, fit Théodent après un long moment, indiquant d'un geste ample quelques traces de sang qu'on avait pu laver de la pierre, comme si Grima voulait encore rester dans cette salle de pouvoir.

- Je ne sais, votre Majesté, si on peut encore dire que Gima était votre conseiller. Il était plutôt celui de Saroumane et…

- Il suffit, s'écria le roi en frappant avec violence sur le bois de son trône, n'oubliez pas où est votre place ! Comment peut-on faire confiance à un être tel que vous ? Vous étiez possédée par le démon.

- Vous aussi Majesté avait été la victime de la puissance de Saroumane.

Tous écoutaient avec attention cet échange, retenant leur souffle devant tant d'insolence. Sabé connaissait désormais, en voyant le regard furibond du roi et son visage rouge de colère que si elle était ainsi rabaissé c'était parce que le roi aurait voulu tuer ce traître lui-même, pour son honneur. Il ne voulait pas qu'on puisse penser qu'il avait été surpassé, il avait besoin d'asseoir de nouveau son autorité après avoir passé tant de temps sous le joug des ténèbres et celle qui l'avait privé de son droit de détruire Grima était la cible parfaite pour montrer à tous qu'il restait le roi. Aragorn intervint alors en se levant et se plaça à côté de Sabé.

- Majesté, je suis conscient du danger que Sabé représente selon certain, mais en ces temps sombres, tous les bras volontaires pour protéger le Rohan sont les bienvenus et elle sera sous notre responsabilité.

Sabé pinça les lèvres à l'idée de devoir combattre pour un roi si orgueilleux alors qu'il avait passé les derniers mois comme un vieillard croulant et sénile et Théoden pinça les lèvres en songeant qu'une femme servante était nécessaire à son royaume selon Aragorn.

- Bien, fit-il avec une colère contenue, peut-être faut-il combattre le mal par le mal. Mais s'il advenait qu'elle s'en prenne à un homme du Rohan, ce sera à vous, Aragorn, fils d'Arathorn d'en répondre.

Un éclair mauvais passa dans le regard de Sabé. Quel roi pathétique pour oser ainsi manquer de respect au souverain légitime du Gondor. Il faisait une lourde erreur lorsqu'il la disait possédée par le démon. Elle était le démon, elle le sentait au fond d'elle-même, cette bête qu'elle contenait depuis si longtemps et qui n'avait qu'un seul souhait : sortir et montrer l'étendue de son pouvoir.

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L'air frais du dehors eut pour effet de calmer les instincts de Sabé. Il lui semblait que dans le château étouffant et face à Théoden, qui gardait encore la trace si vivace de l'enchantement de Saroumane, elle devenait presque quelqu'un d'autre. Elle regardait avec inquiétude tous ces pauvres hères se préparait au long et périlleux voyage qui les attendait. Alors qu'elle écoutait ses compagnons son respect pour Théoden s'amenuisait encore. Gimli, Legolas et Sabé restèrent à l'entrée de l'écurie alors que Gandalf et Aragorn continuait. Complètement perdue trop de questions se bousculaient dans la tête de Sabé, elle avait perdu le fil de l'évolution de la communauté de l'anneau. Elle regarda tour à tour Legolas et Gimli avant de hausser les sourcils.

- Depuis quand notre cher Gandalf est-il de nouveau parmi les vivants ?

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Gandalf, prêt à monter son cheval baissa la voix et fit à Aragorn avec gravité :

- Sabé est encore un danger. Je crains que les orques ne lui aient fait ingurgiter une de leurs substances, et le corps de Sabé dont les origines profondes sont celle de Sauron même aura mal réagi.

- Est-elle encore soumise à Saroumane ?

- Pire mon ami, bien pire… Elle est à la merci d'elle-même.

- Que pouvons-nous faire ?

- Ce combat n'est pas le votre Aragorn. Mais si elle devient de nouveau dangereuse, complètement soumises à ses origines, il vous est impératif de faire le nécessaire.

Un silence pesant s'installa quelques secondes entre les deux hommes, leur regard ne se perdant pas l'un l'autre.

- Tuez là.

A suivre…

Et voilà ! J'espère que ça vous a plu, laissez moi vos impressions, bonnes ou mauvaises  A écrire, ce chapitre m'a laissé à moi une impression de malaise, certainement parce que je visualise avec force de détail la mort de Grima :

A la prochaine ! Le chapitre suivant sera certainement la conclusion des Deux Tours. Les révélations sur Sabé approchent à grands pas !