Rating : M

Prairing : HP/SS

Disclaimer : Vraiment rien à moi, personnages et univers de JKR, histoire de la sémillante Cluegirl, moi je traduis seulement…

Spoiler : tome 6

Avertissements : Ceci est un slash, c'est-à-dire deux fringants (enfin pas si frais que ça dans cette histoire) jeunes hommes en train de batifoler dans la nature. Cette fic a un rating M, ne perdez pas ça de vue.

Note de la traductrice : Le lien vers l'histoire originale est toujours disponible dans mon profil.

Note pour ce chapitre : Bon d'accord, techniquement on est vendredi… mais le chapitre est particulièrement long. Et le site du CNRS qui me sert de dictionnaire d'anglais n'a pas arrêté de planter, bordel !

Faites bien attention aux dates… Je vous souhaite une bonne lecture !

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Everybody's fool - - Chacun sa folie

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Chapitre 16 : Quelque chose de plus que cela

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Chers Maman et Papa.

Pourquoi aviez vous à faire ça ? Pourquoi avez-vous cru les mauvaises personnes, et être trahis par ces mauvaises personnes, et vous faire tuer ? Pourquoi vous êtes vous mariés et m'avez eu en premier lieu ? Pourquoi n'avez-vous pas pu juste continuer à vous haïr, comme vous le faisiez à l'école ? N'aurait-ce pas été plus simple pour tout le monde ?

Je ne sais même pas ce qui vous a décidé à vous aimer. Je veux dire un jour Papa est un stupide vantard qui ne pense qu'à lui, et Maman est une méprisante je-sais-tout qui pense qu'il devrait être cravaché, et la chose suivante que je sais, vous êtes heureux tous le deux, et dansaient encore et encore sous les feuilles mortes, comme si vous n'aviez jamais, jamais, imaginé une fin qui ne serait pas heureuse pour toujours.

Et puis, vous êtes tous les deux partis, et des photos stupides, c'est tout ce qu'il reste. Il n'y a pas de bonheur pour toujours. Il y a juste moi.

Je suis désolé. Je sais que vous avez tout donné pour moi, mais des fois… des fois je souhaiterais presque que vous n'ayez rien fait. Je continue à tout foutre en l'air, vous voyez ? Je ne peux pas aimer comme vous l'avez fait, je n'arrive pas à faire que ça marche avec quelqu'un qui me fait tourbillonner sous ces stupides feuilles et rire sans fin. J'ai essayé, vous savez ? J'ai vraiment essayé, mais je suis juste… je ne sais pas comment. Je continue à tout foutre en l'air, et tout s'en va avant qu'il n'y ait même eu un fantôme de happy end.

Et je continue à me demander si peut être n'avez-vous pas triché, vous savez ? Peut être qu'il y a eu une potion que maman a brassée en classe de Potion pendant que Slughorn ne regardait pas. Ou peut être il y a eu quelques transfigurations pour 'transformer un idiot en mari'… mais alors je regarde dans un miroir, et je vois cette stupide cicatrice, et j'ai à admettre que le seul amour que je ne connaîtrais jamais est l'amour qui m'a sauvé de Voldemort quelques années plus tôt.

Je devrais être satisfait par ça… mais c'est vraiment dur. C'est tellement égoïste de ma part de vouloir un amour comme ça, mais un que je peux en fait garder ?

Je crois que je devrais arrêter de pleurnicher là-dessus. Je veux dire, vivant et seul est mieux que mort et ensemble, pas vrai ? C'est sur ça qu'était votre sacrifice. Mais je… crois que j'avais besoin de le sortir. Et là maintenant, on dirait que vous êtes les seules personnes qui me restent pour le dire.

Pathétique. Je sais. Surtout puisque je sais parfaitement que Hedwige ne va pas amener cette lettre quelque part…

Il y a encore quelqu'un à la porte. Dobby en a marre de renvoyer les gens, je suppose. Je devrais y aller et le faire moi-même. De la façon dont ils cognent, je ne pense pas qu'ils vont juste se lasser et me laisser cette fois… j'aimerais qu'ils me laissent juste dormir.

Tu me manques, Maman. Tu me manques, Papa.

J'aimerais que vous soyez ici… ou peut être que je sois là-bas. Je ne sais pas vraiment.

Harry

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28 octobre

« Attendez une minute, » grogna Harry, regardant sa lettre se réduire en poussière dans l'âtre. Quand ce fut fait, il enveloppa sa couverture plus solidement autour de ses épaules et alla enlever les protections de la porte.

Remus parut en fait un peu surpris quand Harry apparut sur le seuil. Il le masqua rapidement par contre, et ses sourcils haussés et leur bref froncement aurait pu être provoqués par l'état des cheveux non lavés d'Harry et de ses habits. « Et bien, j'aurais dis bonjour, » observa-t-il avec un sourire hésitant, « Seulement tu ne ressembles pas à quelqu'un qui en a un. »

Harry secoua la tête et s'essuya le nez contre sa main tandis qu'il s'écartait de la porte d'entrée. « Je suis malade. J'ai dit à McGonagal que j'étais malade, » maugréa-t-il. « Et je le suis. Elle m'a donné la semaine de congés. J'étais pas assis en train de bouder, tu sais, je me sens vraiment comme une merde. »

Le sourire de Remus se réchauffa et il caressa de sa main l'épaule d'Harry en excuse muette. « Je peux vois ça. Es tu allez voir Pomfr—

« Non. » Harry soupira et se laissa tomber dans le fauteuil qui était devenu son nid durant les trois derniers jours. « C'est juste un coup de froid. Ou la grippe ou quelque chose comme ça. J'ai des potions… » Il fit un geste de la tête vers la rangée de bouteilles alignées sur la table à côté de lui, chacune vidée précisément au dosage autorisé pour trois jours. Aucune d'entre elle faite pour s'occuper en aucun cas de fièvre, douleurs, ou de l'incroyable niveau de léthargie que la tête d'Harry produisait. Mais Remus n'avait pas à savoir cela. « Et de toute façon, » toussa Harry, « Pomfresh dit toujours que la meilleur cure est de dormir pour ce genre de chose. »

Remus rit et s'installa dans l'autre fauteuil. Cet autre fauteuil. Celui où Snape l'avait baisé contre l'accoudoir, celui dont Harry s'était promis une vingtaine de fois depuis vendredi, qu'il brûlerait, aussitôt qu'il serait bien de nouveau. Harry se figea et espéra que Remus ne remarquerait pas l'odeur de sexe partout sur le tissu.

« Elle dit ça généralement pour empêcher tous les mômes qui reniflent d'essayer de louper les cours, tu sais, » dit Remus, comme s'il n'avait pas remarqué le rougissement d'Harry. « Mais il y a en fait certaines potions et charmes qui aident à faire passer ça plus vite. Je pourrai l'appeler par cheminette, si tu as un peu de poudre—

« Non ! » Remus se figea, alarmé quand Harry bondit de son fauteuil. Confus, Harry abaissa sa baguette et massa sa nuque endolorie. « Je… c'est fermé. La cheminée, je veux dire. Marche pas en ce moment. » Les sourcils de Remus se haussèrent et Harry haussa les épaules. « Les gens continuaient de m'appeler par cheminette alors que j'essayais de dormir, alors je l'ai fermée. » Si sa voix sonna contrite et hésitante, et bien c'était dû à toute la morve, pas vrai ?

« Nous étions seulement inquiet pour toi, Harry, » dit Remus avec cette voix calme et non-provocante dont Harry se souvenait pour les pires moments de Sirius à place Grimmaurd. « Personne ne t'a vu depuis vendredi, après tout. Tu ne voulais même pas laisser rentrer Minerva quand elle est descendue samedi matin—

« Je ne voulais pas lui tousser dessus et la rendre malade ! »

Remus leva une main. « Je comprends. Mais tu peux voir pourquoi nous avons tous été inquiets, n'est ce pas ? »

Harry ne pouvait pas, vraiment. Putain, il avait tué Voldemort, après tout. Deux fois ! Ou sept fois, si vous comptiez tous les Horcruxes séparément, ce qui, certains jours, Harry était entièrement enclin à faire. Sûrement on pouvait lui faire confiance de s'occuper de lui-même durant un anodin petit coup de froid !

Mais Harry savait que s'il disait ceci, ça amènerait cette tristesse songeuse dans les yeux de Remus. Cela, il ne voulait pas l'affronter, alors Harry toussa deux fois, se pencha pour attraper son thé et songeant à un accord de paix. « Ouais, je suis désolé. Mais je n'ai toujours pas envie d'ouvrir la cheminée, ok ? Les flammes vertes me font vraiment mal aux yeux et l'odeur de la fumée de la poudre de cheminette me fait mal à la tête. J'enverrai Dobby demander à Madame Pomfresh quelque chose plus tard, je le promets. »

Remus acquiesça, bien qu'il ne parût pas convaincu. Il fit alors son propre accord de paix, en changeant de sujet. « Alors, » aventura-t-il, « Snape est venu me voir. »

Harry toussa pour cacher sa peur. Remus ne ressemblait pas vraiment à quelqu'un qui a perdu des morceaux de chair, mais là encore, les loups-garous étaient forts et Remus était un super duelliste. Cela pouvait également expliquer l'absence de Snape depuis vendredi s'il était mort dans un fossé quelque part… « Il, euh, est venu ? »

« Mm. » Acquiesça Remus. « J'ai dit à Minerva ce week-end que je comptais retourner à la maison ce soir. Je suppose qu'elle a contacté Snape, n'importe où, où il était allé, et lui a fait savoir, parce qu'apparemment il a décidé que nous avions certaines affaires à conclure avant que je par—

« Tu pars ? » La voix d'Harry se brisa quand il le coupa. « Mais tu étais supposé rester pour une autre quinzaine ! »

« Je sais. Et j'en suis désolé, Harry. » Remus passa une main dans ses cheveux, faisant brillait les mèches argentées dans la lumière mordorée. « C'est juste… j'ai oublié à quel point l'Angleterre pouvait être humide et comment le froid s'installe dans mes os quand le temps change. Ça sera la pleine lune dans quelques jours également, et je devrais réellement préférer m'occuper de ma transformation à la maison, au lieu de cette cabane atroce. Tu peux sûrement comprendre pourquoi—

Harry lui lança un regard noir. « Bon Dieu, tu dois penser que je suis stupide. »

Cela fit taire Remus et il eut la grâce d'être surpris. « Et bien, c'était un facteur dans ma décision, je dois l'admettre. Mais Harry, s'il te plaît essaye de comprendre à quel point c'est dur pour moi de revenir ici. » Il fit un vague geste de la main, le geste englobant beaucoup plus que le cottage autour d'eux. « Tout ce qui est en Angleterre me rappelle tout ce que j'ai perdu. Même toi, Harry, avec les cheveux de James et les yeux de Lily. Et bien que je t'aime, et je ne veux pas que tu doutes à jamais de ça, c'est un peu trop à assumer tout ensemble… et cette affaire avec Snape par dessus ça également… je ne pense pas que j'étais assez préparé pour revenir ici de nouveau comme je l'avais supposé, c'est tout. »

Harry appuya faiblement sa tête contre le dos du fauteuil, trop fatigué pour penser à un seul argument. C'était un grand n'importe quoi, et il ne blâmait pas Remus pour vouloir en sortir. Harry voulait plutôt en sortir lui-même, seulement il n'avait nulle part où aller, réellement.

« Je suis désolé, » dit il. C'était faible, et cela ne règlerait rien du tout, mais c'était tout ce que Harry avait à offrir.

Remus se pencha pour combler l'espace entre eux et glissa sa main sur celle d'Harry. « Harry… Je ne t'en veux pas. Vraiment. » Harry risqua un coup d'œil vers lui, effrayé de croire en ces paroles. Remus sourit uniquement. « Tu as pensé que ça rendrait quelqu'un que tu aimes heureux. Comment pourrais-je être offensé par ça ? »

Harry pouvait penser à plusieurs raisons, mais il décida de prendre tout de même le pardon comme acquis. C'était un peu le seul auquel il pourrait s'attendre pendant un bon moment. « C'était plutôt stupide de ma part, » eut-il quand même à aventurer.

« Mm. Mal jugé, c'est plutôt la façon dont je vois les choses, » agréa Remus et se rassit dans son fauteuil.

« Alors… Se— » Harry toussa et recommença. « Snape est venu te voir et tu pars plus tôt. Je devine que c'était plutôt horrible, hein ? »

« Etonnamment, non. Il était d'humeur assez atroce, mais pour une fois, il ne semblait pas décider à me le reprocher. Nous avons eu ce qui passe pour une conversation civilisée, en fait. » Cela attira l'attention d'Harry et il ne put s'empêcher de cligner des yeux interrogativement. Remus rit. « Je sais. Si j'avais réalisé avant que l'insulter devant lui était le moyen pour être traité comme un égal, j'aurais peut être commencé par ça il y a longtemps. »

« Ç'a pas marché pour Sirius, » dit Harry, peu amusé.

« Un bon point. Toujours est il. Nous sommes parvenus à un accord pour la potion Tue-Loup. »

Les potions s'agitèrent abruptement dans le ventre d'Harry. « Il va toujours la faire pour toi, hein ? » Supplia-t-il. « Il ne peut pas juste arrêter—

« Harry. Nous pensons tous les deux que c'est mieux s'il ne prépare plus la potion pour moi. » Remus leva la main pour devancer la future explosion d'Harry. « Il m'a fait une potion de substitution qui me durera au moins jusqu'au printemps, mais nous avons parlé de… choses, et. Et bien. Nous pensons tous deux que nous serions plus à l'aise si je paye un autre préparateur pour faire sa formule ajustée pour moi à partir de maintenant. Ça rend les choses plus faciles pour tout le monde, tu comprends ? »

Plus simple. Harry ferma les yeux. Une raison de moins pour Snape d'avoir à parler à Harry. Un lien en moins. Une porte fermée de plus, un pont de plus en flammes. Il y eut un bruissement de tissu à côté de lui et Harry cacha sa main sous la couverture avant que Remus n'ait pu l'attraper et la prendre de nouveau.

« J'ai parlé à Ron également, » il divulgua la première chose à laquelle il pouvait penser, n'importe quoi pour faire diversion de la destination actuelle de la conversation. « A lui et à Hermione. Ils sont toujours des idiots, mais je… je les ai laissés s'excuser. Proprement, je veux dire… » Il laissa en suspend, conscient que cette conversation puisse être particulièrement pire.

« En fait je ne suis pas surpris, » dit Remus après un silence éloquent. « Considérant le fait qu'il a été chez lui depuis vendredi, couvant la même sorte de coup de froid que tu sembles avoir attrapé. Hermione n'a rien dit, sur vous trois ayant discuté, mais la coïncidence semblait significative depuis que Draco s'est montré de nouveau sans la moindre trace de maladie. Il était clair qu'il ne pouvait pas avoir été le contagieux. »

La peau d'Harry fut entièrement parcourut de frissons. « S'est montré de nouveau ? » Demanda-t-il, d'une voix qu'il pouvait au mieux contenir.

« Et bien, oui. Ce matin au petit déjeuner, en fait. » La curiosité flambait dans le regard ambré de Remus, mais il parvint à ne pas demander. « La glace est à la limite de se briser avec Sinistra pour son absence, en fait. Trois jours absent sans permission, et sans aucune excuse, ni un simple mot d'explication pour son Précepteur une fois qu'il est retourné ? Des Tyros ont été renvoyés pour moins que ça. »

« Oh ? » Ce fut tout ce dont pouvait parvenir Harry, avec de l'acide chaud pressant dans le fond de sa gorge. Son estomac se tordit.

« Minerva semble plus que prête pour l'envoyer promener, » acquiesça Remus. « Mais Sinistra semble avoir pris pour défense d'attendre l'opinion de Severus. Solidarité entre Serpentards et tout ça, je suppose. » Le ton de Remus était enjoué, mais ses yeux étaient graves, perceptifs et plus qu'un petit peu inquiet.

Harry parvint à tousser un sourire pour lui. « Qu'en dit Slughorn ? »

« Que Draco ne doit pas être si mauvais, si tu consens à discuter avec lui et nous devons tous croire au jugement de l'Elu… Bon Dieu, Harry, tu es tout vert ! Est ce que tu vas vomir ? Accio bassine ! »

Harry déglutit difficilement, fit un geste de la main et la bassine flotta plus loin. « Non, tout va bien. Je vais bien. » Il respira profondément, cligna fortement des yeux vers la cheminée et acquiesça. « C'est vrai. Ça va. Par contre je n'-- » Il jeta un coup d'œil vers Remus. « apprécie pas Draco, je veux dire. Plus maintenant. L'aime même pas. Et putain j'lui fais pas confiance. Pas que je lui ai fait confiance au début. C'était vraiment une phase stupide chez moi parce que j'étais un idiot et je n'aurais jamais dû—

Il frissonna et devint silencieux quand la main de Remus pressa son épaule, se tenant avec une innocente précision juste là où le sort coupant avait lacéré son tatouage. C'était toujours douloureux, cette cicatrice étendue et rose, mais ce ne fut pas ce qui fit échapper un souffle entre les dents d'Harry tel un fin sifflement glacé.

« Ça va, Harry, » dit Remus, frottant son pouce contre la couverture de laine qui couvrait les épaules d'Harry. « On ne contrôle pas avec qui on tombe amoureux, ou pourquoi, ou pour combien de temps. Ça arrive juste, tu sais ? Et on fait avec du mieux qu'on peut. »

« On ne contrôle pas ? » Harry frémit et essaya de ne pas se tortiller. C'était uniquement Remus, pour l'amour de Dieu ! Uniquement Remus ! Remus n'allait pas lui faire de mal, le frapper, le couper, le violer—Harry secoua la tête, fortement.

« Est-ce que tu penses que je serais tombé amoureux de Sirius Black si j'avais eu le choix dans l'affaire ? » Rit Remus, lâchant sa main au final. Il se dirigea vers le placard à alcool d'Harry et y prit une bouteille de rhum, avec deux tasses. « Merlin, Harry, il était pratiquement né avec son épitaphe déjà gravée : 'Ici gît Sirius Black. Il le méritait probablement.' »

« Il le méritait ? » Songea Harry, pas capable de se préoccuper du fait qu'il avait probablement l'air pathétique. « Il le méritait vraiment ? »

Et au final la tristesse passa dans les yeux de Remus tandis qu'il secouait la tête et versait du thé par-dessus le rhum. « Je ne pense pas que quelqu'un mérite ce qu'ils ont tous eu, n'est ce pas ? Tu fais uniquement ce que tu peux faire avec ce qui vient sur ta route, et espère que ça soit assez. »

« Comment le sais-tu ? » Demanda Harry, prenant sa tasse du bout des doigts. « Si c'est assez ? »

Remus songea en silence, soufflant gentiment sur la surface du thé. Puis il leva sa tasse en signe de salut et parvint à faire un sourire mi-figue mi-raisin. « Si jamais je parviens à savoir ça, » promit-il, « Je ferais en sorte que tu le saches. »

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Remus resta la plus grande partie de l'après midi. De même que deux bouteilles de rhum et une grosse partie d'une bouteille de cognac juste après.

Autant qu'il se souvienne, Harry parvint à garder le rythme, mais quelque part il ne se rappelait pas très bien quand son ami était parti, ou comment—à cet égard, si—Remus avait été assez sobre pour utiliser en toute sécurité la cheminée alors que son pass de transport international était ouvert, tout rose framboise dans la cheminée d'Harry.

Ni, précisément, Harry ne se rappelait pas comment il était arrivé à être allongé nu sur le sol des toilettes, avec sa tête posée sur le rebord de porcelaine de la cuvette, ses fesses et ses jambes étendues contre la porte. Egalement, assez froide, et littéralement éclaboussée de peinture bleue.

Sa tête était profondément sonnée et cognait comme s'il y avait eu une douzaine de trolls s'entraînant au grand jeté là où son cerveau aurait dû être. Heureusement, la petite pièce était sombre, la seule faible trace de lumière mélangée au froid s'étirait autour des hanches d'Harry.

Dans un véritable esprit Griffondorien, Harry tenta de renifler, tenta d'éternuer, puis cligna des yeux à cause de la douleur, et décida qu'il avait une gueule de bois absolument horrible. Ou qu'il était possiblement mort. Les deux feraient l'affaire, mais Harry ne pensait pas que la mort soit aussi douloureuse à moins qu'on est été un Mangemort, ou un employé du Ministère dans la vie et de ce fait le mériter amplement.

Le cognement s'amplifia, et il sembla y avoir des hurlements à l'intérieur, mais Harry n'arrivait pas à savoir où. Et il ne semblait pas pouvoir non plus être capable de retrouver comment marcher. Ses jambes étaient profondément endormies ; aussi engourdies et gelées qu'une carcasse bleutée de viande, suspendue dans les airs devant lui. Il apprit rapidement que la pièce était un peu trop étroite pour lui pour rouler sur le côté, et ses jambes trop endormies pour se replier correctement. Se recroqueviller un peu plus sous les toilettes était hors de question, elfe de maison ou non, alors…

Attendez.

Elfe de maison. Bien sûr ! Dobby l'aimerait toujours, même si Harry était un profond imbécile, et faisait des choses stupides pour foutre en l'air toutes les amitiés qu'il avait ! Dobby l'aimerait aussi longtemps qu'il pourrait être utile ! Et bon Dieu, mais Dobby pouvait être utile ici…

Harry s'y reprit à trois fois pour parvenir à un grognement qui pourrait ressemblait au nom de Dobby. Puis tout d'un coup, il y eut une explosion d'étincelles, une rafale lumineuse et un ping assourdissant qui firent vouloir à Harry d'être toujours inconscient.

« Monsieur Severus Snape Monsieur a dit à Dobby qu'il devait demander à Harry Potter de dire Finite Incantatem », tonna la voix grinçante juste à côté de sa tête. Harry se cacha derrière ses bras et supplia pour de la pitié avec un gémissement désespéré.

Quelque chose de froid fut poussé contre ses doigts. Harry frémit et se saisit du fin bâton de bois par réflexe. La magie frétilla en lui, suivie par une vague de nausée et l'urgence d'essayer de réciter tous les mots impies qu'il avait un jour appris. Sa gorge parvint seulement à émettre un grognement et quand Harry risqua un coup d'œil au travers de ses cils, il trouva Dobby à l'envers, apparaissant indistinctement devant lui tel un petit cauchemar de bien des dessous de lits.

Il déglutit. « Je bais bourir ? »

L'elfe de maison fit un bruit semblable au sifflement d'une bouilloire, enfonça ses deux petits poings dans sa bouche et gigota sur le siège des toilettes. « Oh, Harry Potter ne doit pas dire ça ! Dobby est méchant de lui laisser penser ça ! Méchant ! Méchant ! Méchant ! »

« Addents, arrêde de grier Dobby, bon Dieu, s'il te blaît arrêde de grier… » Harry inspira et se frotta les yeux, tressaillant quand sa baguette lui rentra dans le nez. « Du as dit gue Sdabe boulais guegue chose. Z'édais guoi ? »

« Harry Potter doit dire Finite Incantatem, » murmura l'elfe entre ses doigts.

« Bodel bourguoi il veut gue je dise Fidite Idcandadem ? » Se demanda Harry. Dans sa main, sa baguette gigota, comme si c'était de son propre accord.

Puis tout autour de lui, Harry sentit les protections de sa maison se désamorcer.

« BEDE ! » Glapit il alors qu'il entendait la porte d'entrée exploser contre le mur et son porte manteau s'écraser contre le sol. Il couvrit de nouveau sa tête et gémit quand les pas de Snape traversant le couloir résonnèrent comme un tambour dans tout le sol du cottage, chaque enjambée précise et furieuse. « Bon Dieu, Potter, » Harry gémit pour lui-même. « Vodebort aurait jusde dû de vaire boire. De lui aurait donné la budain de bicdoire zur un bladeau. »

« Je vais d'abord vous tuer, » l'assura Snape, sa voix basse et dure juste de l'autre côté de la porte. « Allez vous sortir de là maintenant, ou dois je venir vous chercher de force ? »

« Euh… » Harry partagea un regard silencieux et désespéré avec Dobby et parvint à pousser ses jambes contre son torse. A ce moment là, il réalisa qu'il avait vraiment vraiment besoin de pisser. « C'est bes jiottes, » temporisa-t-il. « Je zuis en drain de les udiliser. »

« Votre voix vient du sol, Potter, » répliqua Snape. « Soit vous avez dormi dans vos toilettes, soit vous avez décidément quelques inclinations sexuelles dégoûtantes, ce qui dorénavant vous vous assurerez de ne jamais me le re-mentionner. »

« Sexuelles—OW ! » Harry tenta de s'asseoir, cogna sa tête contre le rebord des toilettes et la serra entre ses deux mains. « Budain de BEDE, ça fait bal ! »

« Et nous nous aventurons un peu plus loin dans le royaume du grotesque, » marmonna Snape tandis que Dobby dansait d'un pied sur l'autre et gémissait en confusion.

'Aide moi !' dit muettement Harry à l'elfe. Trop tard. La poignée près de son talon s'abaissa et la porte fut poussée fortement contre les fesses d'Harry, le repoussant encore plus fermement contre les toilettes.

« BUDAIN ! » Glapit il, donnant un coup de pied dedans de toute la force qu'il pouvait avec sa jambe toujours endormie. Pas vraiment fort en fait. La porte vibra simplement.

Snape, par contre, eut une idée. L'instant plus tard, la porte avait disparu entièrement et les jambes d'Harry s'affalèrent dans la salle de bain avec l'écho d'un slap, ratant Snape seulement d'un bref mouvement sur la gauche de sa part.

Harry, ayant finalement la place pour le faire, roula sur ses genoux et s'accrocha désespérément aux toilettes. Dobby s'éclipsa une seconde avant qu'Harry ne relève le couvercle en le balançant, et puisse en finir avec son envie pressante.

Ce fut quelques instants de béatitudes plus tard que Harry put rassembler son attention pour remarquer que Snape ne riait pas. Pas fort, en tout cas.

Il osa un coup d'œil par-dessus son épaule et geignit. Snape était appuyé contre le chambranle, un sourcil haussé et un coin de sa bouche étiré dans un rictus de délice—Noël et tous ses anniversaires enroulés dans du papier doré d'absolues humiliations possibles.

Harry secoua les dernières gouttes et soupira. « Allez y alors. Bous veriez bieux d'en finir baindenant. »

Il y eut un froissement de tissu, puis les mains de Snape se glissèrent sous les bras d'Harry pour le maintenir sur ses pieds. Ses robes étaient râpeuses et portaient encore la gelée des matinées embrumées d'octobre tandis qu'il pressait Harry contre son torse. « En finir comment avec quoi, Potter ? » Demanda-t-il doucement.

« C'est ça. Gomme si j'allais vous groire gue vous n'allez bas rire de boi là-dessus… » Harry réessaya de renifler pour déboucher son nez, mais il ne fit aucun progrès.

Snape l'amena sur le banc près de la porte et l'installa fermement là. « Bien sûr je vais rire de vous pour ça, Potter, » dit il, attrapant un sac près de la porte, et rempli d'une série de bouteilles, qu'il envoya près de la hanche d'Harry. « A ce point, même si vous arriviez miraculeusement à éviter de faire une seule chose idiote de plus durant le reste de ma vie, je doute que je serais à court de matériel. »

« Oh bon Dieu… »

Mais non, Snape n'avait aucune pitié. « Vous avez attrapé et nourrit un virus moldu banal au lieu d'aller voir un guérisseur pour vous soigner ; bien que sous potions, vous vous épanchez dans un concours de boissons avec un loup-garou—courtisant un profond empoisonnement alcoolique, je n'aurais pas besoin de l'ajouter ; vous avez recouvert votre salon et la plupart de vos meubles avec de la peinture bleue qui sent comme si elle avait été transfigurée de quoique ce soit qui remplit votre placard à alcool et que vous êtes parvenu à ne pas boire ; vous êtes nu, n'ayant aucune possibilité de savoir ce que sont devenus vos vêtements, et vous êtes clairement tombé dans les pommes et sur vos toilettes à un certain moment de la soirée. »

Il déboucha la première des petites bouteilles et la pressa dans la main d'Harry. « J'ai manigancé une ruse pour vous faire enlever les protections de votre maison, seulement pour savoir si vous ne vous étiez pas noyé dans votre vomi, mais êtes parvenu à vous caler dans vos toilettes, je confesse je me trouve dans l'incapacité de déterminer où, précisément, commencer. »

« Ha, ha, » grommela Harry, grimaçant quand ses pieds commencèrent à le picoter douloureusement. « Je zuis si abusé. »

« Ah, oui, cela conviendra pour un début, je suppose ; vous parlez comme un idiot, Potter. » Snape donna un petit coup au coude d'Harry, et refit son rictus. « Buvez cette potion ainsi je pourrais enfin prétendre que nous partageons le même langage. »

Ce que fit Harry, et Snape plaça la bouteille suivante dans sa main avant que Harry ait même fini de s'acclimater à la texture. « C'était juste un petit coup de froid, » haleta-t-il pour gagner un peu de temps et laisser ses oreilles finir de siffler. « Et j'avais envie de me reposer de toute façon. Je ne savais pas—

« Que vous étiez un sorcier, pas un quelconque moldu impuissant ? » Snape se retira en faisant tourbillonner ses robes, et l'instant d'après, la porte d'entrée claqua.

Harry jura mais but la deuxième potion. « Je ne suis pas impuissant, » se dit il à lui-même dans le silence qui suivit. « Je ne le suis pas. »

« Assez étrangement, vous semblez être le seul qui ait le besoin de le prouver encore et encore. » La voix de Snape derrière lui fit sursauter et glapir Harry.

« Je pensais que vous étiez parti, » il savait qu'il sonnait buté, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Snape accrochait ses robes et sa veste sur les crochets sur la porte de la chambre d'Harry, les pieds pâles, longs et nus, ses doigts travaillant les boutons de sa chemise.

« Vous le feriez, » agréa-t-il sombrement, et enleva sa chemise. « Je ne suis pas parti, cependant, vous n'êtes pas seul, et je n'ai aucune intention de continuer à vous regarder à ressasser tout ceci quand il est clair que vous ne savez pas ce que vous faites. »

Harry cligna des yeux. Cela ressemblait à une insulte, mais… mais Snape enlevait son pantalon. Et il n'hurlait pas. Et bien que ses yeux soient furieux, ses mains ne l'étaient pas. Il ne balançait rien du tout. Il n'ensorcelait personne. Harry frissonna, avala la dernière potion, et passa une main sur son tatouage égratigné par réflexe.

Les yeux de Snape suivirent le mouvement et il soupira. « Un bain, Potter. Vous ressemblez à un des ces pictes sauvages, et vous avez l'odeur d'une chèvre. »

« Vous avez dit le reste de votre vie, » croassa Harry, et même lui n'était pas certain de ce qu'il voulait dire.

Snape eut simplement un sourire moqueur, et le mit encore sur ses pieds. « Vous n'avez pas besoin de vous inquiéter, Potter ; nous savons tous les deux que vous ferez quelque chose de beaucoup plus idiot que ça avant que je n'enlève cette attitude dépressive, » dit il, et bizarrement, sa voix fut réconfortante quand il guida Harry en bas des marches dans l'eau fumante et le fit s'asseoir contre son torse.

Et cela fut plus facile pour se laisser aller. Uniquement flotter dans la chaleur, laisser ces doigts longs et forts nettoyer la peinture de sa peau, et la peine de la fièvre de ses os. Laisser les saveurs âcres des potions et l'odeur de savon au citron enlever le fouillis et les complications et les confusions de son esprit.

Les mains de Snape étaient des choses simples. Juste des doigts, des pouces, des paumes. Ongles taillés, tâchés et des jointures osseuses qui savaient où cela faisait mal, mais également où l'envie d'être touché était douloureuse. Les mains de Snape n'avaient pas à chercher, n'avaient pas à demander la permission quand elles faisaient haleter Harry, ou pardon quand elles faisaient gémir Harry. Elles savaient ce qu'elles lui faisaient, elles connaissaient tous les pincements sur les tétons d'Harry, toutes les caresses enveloppantes sur ses testicules, tous les effleurements le long de ses cuisses qui le laissaient le souffle court et sombrer dans le désir.

Les lèvres de Snape étaient des choses simples également. Aspirant les ombres sensibles derrière les oreilles d'Harry, caressant sourcil, joue et mâchoire de baisers silencieux, tant de simplicité qu'aucun mot ne pourrait être. Des lèvres agiles… non effrayées par les choses simples. Non effrayées par les choses difficiles. Non effrayées de goûter aux tétons durs comme de la pierre d'Harry, ou de se presser chaudement et fermement autour de l'érection qu'Harry avait avant même de réaliser qu'il en avait une. Non effrayées de sucer les peurs nerveuses profondément, humidement, plongées dans un silencieux et blanc vortex de libération.

Quelque chose se brisa alors dans le torse d'Harry, quelque chose déchiqueté et acéré, qui faisait écho aux sanglots des murs recouverts de vapeurs. Quelque chose de beaucoup trop compliqué, beaucoup trop facile. Quelque chose qui faisait sentir comme si mourir serait moins douloureux à faire.

Il s'accrocha aux bras qui étaient repliés autour de lui, remua contre le torse mince et dur, une main disciplinant ses cheveux par des caresses lentes et douces. Mais il n'y avait pas de doux chuchotement, pas de chut tout va bien se passer du tout, pas ici, ici, ici. Pas de mensonges.

Harry ne pouvait pas se rappeler quand il avait été aussi reconnaissant pour du silence.

« S'il vous plaît, » hoqueta-t-il, quand Snape se leva, et le poussa hors de l'eau également. « S'il vous plaît, ne partez pas. »

« Pas aujourd'hui, » promit Snape, et appela des serviettes du panier près du banc. « Je n'ai pas encore eu mon petit déjeuner et je dirais que vous n'avez pas eu le votre, ni hier, ou avant-hier, non plus. » Le ton brusque fut juste ce qu'il fallait pour faire sortir Harry de sa rêverie, et si le rictus de Snape était un peu satisfait quand il tendit une serviette à Harry, Harry se dit qu'il pouvait faire l'effort de l'ignorer.

Dobby vint plus que chargé, comme d'habitude. La montagne de nourriture aurait pu nourrir Snape, Harry, l'équipe de rugby favorite de Dudley, un thestral ou deux, et un groupe très affamés d'autostoppeurs en plus. Harry était plus qu'un petit peu douteux sur le fait de mettre des œufs, du bacon, du porridge, des beans avec des toasts, des saucisses, des pommes frites, des tomates, des champignons, de la crème anglaise, des scones et de la crème fouettée dans un estomac qui n'avait goûté à rien d'autre qu'à de l'alcool et un assortiment de potions pour la plus grande partie de trois journées, cependant il n'était pas particulièrement prêt à se battre avec Snape pour cela. Et bien sûr, un fois qu'il ait eu commencé à manger, son corps s'adapta avec une bonne volonté.

Les autostoppeurs, au final, devraient continuer à avoir faim.

Harry aurait été embarrassé, seulement Snape mangea autant que lui, et ne sembla pas le moins du monde honteux de son appétit.

Dobby s'agita dans le cottage pendant qu'ils mangeaient, réparant, nettoyant, remettant ceci ou cela droit, enlevant le bleu tapageur étalé sur ses tapis et ses meubles, ses fenêtres et ses tables tant qu'il y était. Snape regarda l'elfe travailler avec une intensité féroce à laquelle Harry n'avait pas à réfléchir trop fort pour savoir d'où elle provenait. Après un moment, la question muette devint simplement trop pesante, et il abaissa sa tasse de thé dans un soupir.

« Je voulais que les choses… changent, je pense, » dit il, repensant à Pétunia, et comment le salon recevait une nouvelle couche de peinture à chaque fois qu'elle et Vernon avaient une dispute. « C'était un tel bordel, tout a chaviré et s'est barré, et… et je ne savais pas quoi faire d'autre, alors… » il haussa les épaules. « J'pense que ça avait plus de sens quand j'étais saoul. »

Snape acquiesça sobrement. « Certes. Ainsi que votre choix de couleur, pas de doute. Une légère curiosité, allez vous autoriser l'elfe de repeindre par-dessus, ou avez-vous l'intention de compléter les manques sur vos murs avec ce particulièrement cauchemardesque bleu vif ? »

Harry inclina sa tête et fixa les murs. « J'sais pas. Le bleu ne doit il pas être 'calmant' ? »

« Calmant. » La tête de Snape avait adopté le même angle que celle d'Harry, et sa voix était teintée de mépris.

« Ouais, je devine que non, » sourit Harry. « Mais ça aurait pu être pire, je suppose… » Il s'arrêta, surpris quand la main de Snape prit la sienne, retirant ses doigts tremblants de là où ils étaient en train de frotter son tatouage.

« Bien pire. » Ses yeux reflétaient sa colère quand il s'approcha plus près. « Le cramoisi dans cette teinte particulière ne conviendrait même pas aux Griffondors idiots. Je vous remercierai de ne plus me l'imposer de nouveau. »

« Je pensais à du vert, en fait, » mentit Harry, mais se laissa emporter par le baiser.

oOoOoOo

Hébété, à bout de souffle et rougissant de luxure, Harry frémit quand même quand il sentit des doigts frais effleurer ses fesses. Il ne voulait pas frémir, ne voulait pas penser à ce qui était arrivé, ce qui avait été presque, pas vraiment, mais très très proche d'arriver, mais n'était pas, mais aurait pu être si, si facilement. Il frémit et retint son souffle. Quand Snape se recula, Harry s'en voulut de l'avoir fait.

« Non, » cria-t-il et attrapa le bras de Snape. « C'est bon. Il n'a pas. Nous. Je vais bien. Je veux—

Snape le coupa avec un baiser dévastateur, roulant sur Harry, les emmêlant dans un nœud de draps déjà rendus musqués par la première fois où ils s'étaient frottés l'un à l'autre ce matin. Son sexe, aussi rigide qu'une barre d'acier contre les cuisses d'Harry, et cela le fit s'arquer contre lui dans un grognement—les yeux grands ouverts, afin de brûler tous les angles sévères du visage de Snape, toutes les mèches de cheveux noires et graisseuses dans son cœur tambourinant.

« Je me fiche de ce qu'il a fait, » la voix de Snape était grave et avide, et une chaleur ardente dans l'oreille d'Harry. Il abaissa son pelvis, coinçant Harry sur le lit tandis qu'il tendit son long bras vers la table de nuit derrière eux, tira le tiroir et le déposa sur le lit. Harry entendit s'ouvrir le pot de lubrifiant et gémit quand Snape embrassa son épaule, puis mordilla gentiment le long de la cicatrice que la nuit de vendredi avait laissée sur son épaule droite. « Vous m'entendez, Potter ? Je m'en fiche. »

« Je— » Harry ravala un léger son paniqué, et mordit la gorge de Snape pour se clamer. « Je vous entends. Bon Dieu, je vous entends ! » Il s'arqua une nouvelle fois, n'essayant pas de maintenir ses cris quand ces doigts retournèrent, mouillés et onctueux, pour le re-tester. « Je vous entends, je vous ente—

Snape grogna et le réduit au silence par un baiser. Un doigt s'enfonça, se retira.

« Je peux— » haleta Harry, s'accrochant. « Vous— » Un autre baiser féroce, une autre poussée à l'intérieur qui firent se recourber ses doigts de pieds. « Severumph— » Il fut encore réduit au silence, encore ouvert, encore maintenu à un volume muet et alangui.

Cette fois ci quand la bouche s'enleva de la sienne, Harry parvint à ne rien dire, mordant sa lèvre, se positionna prestement contre les doigts de Severus, et attendant, attendant, attendant. Un demi sourire fut sa récompense, et un brasier affamé dans ces yeux noirs.

« Un mot, Potter, » dit Severus, enfonçant loin, recourbant ses doigts juste , pour que Harry ne puisse plus lâcher un souffle ou dire un seul mot. « C'est tout ce qui m'importe d'entendre de votre part. Un mot. » Ses doigts glissèrent, envoyant une onde de feu dans l'épine dorsale d'Harry, et des étoiles se mêlèrent à sa vision. « Dites moi non… » La pression tomba, les doigts se retirèrent, doucement, mutinement, ainsi ils chatouillèrent à peine la courbure de ses fesses. « Ou sinon dites moi oui. »

Oui ou non ? De Snape ? L'homme qui a ridiculisé Harry pendant des années pour ne pas avoir compris les diverses nuances du gris ? L'homme qui n'a jamais levé les yeux sur une ligne sans trouver un moyen de la rendre floue ? Ça ne pouvait pas être vrai.

« Qu'est ce— » commença-t-il.

« Un mot, » Severus brisa le baiser pour grogner. Ses doigts faisant des cercles mais ne pressant pas à l'intérieur.

Alarmé, Harry lança ses hanches vers ce toucher chatouilleur et prometteur. « Allez-yomph ! »

« Un. » Une morsure sur les lèvres gonflées d'Harry. « Mot. »

Harry inspira, un goût de volupté et de thé, de sperme et de bacon graisseux sur le souffle de son amant. Lécha les fines lèvres douces au dessus de ces dents furieuses. Les dents de son amant.

Le sien.

C'est aussi simple que cela…

Harry se tortilla furieusement, libérant ses mains, et les incurva dans les cheveux de Severus, maintenant sa tête en place, juste là où Harry pouvait regardait droit dans ces yeux noirs.

« Un mot, » avertit Severus, et il y eut une attente immobile et insondable derrière ces mots. Un boîte fermée, un chat à l'intérieur, ni mort ni vivant. Severus Snape n'était pas complètement certain de ce qui arriverait après, réalisa Harry avec une pointe de surprise, et pour une fois, il n'était pas enragé pour cacher ce fait.

Harry sentit un sourire commencer à descendre dans son ventre. « Un mot, » agréa-t-il, effleurant son pouce contre les lèvres humides et gonflées de Severus. « Plus ! »

Severus émit un son coincé au fond de sa gorge ; une sorte de grognement, une sorte de mugissement, une bénédiction acharnée coincée entre ses dents quand elles se refermèrent sur la gorge d'Harry et mordirent fort. Harry serra fort, et lutta contre les draps, essayant de balancer ses jambes autour des hanches de Severus, pour exhorter ce magnifique sexe incurvé vers sa maison…

Et quelqu'un cogna soudainement à la porte.

« PUTAIN ! » Cela sortit de la bouche d'Harry avant même qu'il ait le temps de le penser. Puis Severus se détacha des mains d'Harry et se retourna sur un genou si vite, qu'il faillit presque tomber du lit. Harry le rattrapa en maugréant. « Comme si tu allais ouvrir cette putain de porte, » siffla-t-il. « Je me fiche de qui—

« Je sais que tu es là, espèce de traînée ! » La voix de Draco Malfoy, rendue aigue par la rage, transforma la colonne vertébrale d'Harry en glace, et sa langue en poussière.

« Les protections de la maison ! » Severus se pencha pour attraper sa baguette, et invoqua son pantalon tandis qu'Harry s'agitait pour retrouver son souffle. Il n'avait pas remis les protections après avoir laisser entrer Snape. Aucun d'entre eux n'y avait pensé. Toute la matinée, les protections avaient été enlevées. Toute la matinée…

« Putain ! » Harry parvint à murmurer d'une voix rauque alors que Malfoy martelait la porte encore une fois. Severus envoya un bas de pyjama sur la tête d'Harry, avec un regard furieux.

« Tu ne vas pas me faire chanter, putain, Potter ! » Les coups prirent une note plus basse, comme celle de bottes cognant contre le bois épais. « Tu as plutôt intérêt à garder ta putain de bouche fermée sur tes putains de fantasmes éthyliques, ou je le jure je TE RUINERAI ! »

Harry se figea, un gilet à la main. « Fantasmes ? » Il entendit le mot glisser de ses lèvres, une forme étrangère, un sous-entendu abyssal au travers d'une épaisse brume troublante, qui obscurcit sa vision de rouge. « Fantasmes ! »

Il frappa la porte dans sa course, et la balança contre le mur, baguettes et sorts appartenant à un monde lointain dans sa furie. Le point d'Harry le trouva à mi-chemin, lèvres pulpeuses, et jointures déchirantes contre la même rangée de dents. L'instant d'après, le dos de Malfoy cogna contre la porte, et tout le poids d'Harry se reporta sur sa gorge par le biais d'un avant-bras.

« Je t'ai dit de dégager d'ici, » siffla Harry, tordant le fin poignet jusqu'à ce qu'il ait à lâcher sa baguette, ou à sentir ses os craquer, en fait. « Je t'ai dit de partir, » dit il, plantant durement sa baguette sous l'arc de la mâchoire fragile tandis que le blond devenait lentement rouge par manque d'air. « J't'ai dit de me laisser tranquille. J't'ai dit de te barrer de ma vie. Pourquoi tu ne veux jamais écouter, bordel ? »

« Potter. » La voix de Snape, juste derrière lui. Harry ne se retourna pas. « Potter, laissez le respirer. »

« J'aimerais vraiment pas, Monsieur, » grinça Harry, creusant plus profondément avec sa baguette. « Les Malfoys sont comme les gnomes, voyez vous ? Faut les tuer quand vous les attrapez, ou on ne peut pas les faire sortir. On peut pas leur laisser poser un pied. »

« Severus, » dit Malfoy d'une voix rauque, les yeux ronds et implorants. « Aidez moi ! Il est…taré—

« Taré. Putain, je suis furieux ! »

« Envoyé une note… dit que je devais… quitter Poudlard… dans les 24 heures, ou… il… »

« Si je t'avais envoyé une note, Malfoy, ça t'aurais explosé les mains dès que tu l'aurais touchée ! » Hurla Harry. « Tu as essayé de— » le mot se brisa dans sa gorge, et c'était tout ce que pouvait faire Harry pour ravaler les épines. « Je t'ai dit non ! J't'ai dit plus jamais, et tu—

« Il était saoul ! » Malfoy, essayant clairement de faire son cas avec Snape, regarda au-delà de l'épaule d'Harry. « Il m'a fait ses avances au pub devant tout le monde, et il ne voulait pas—

« JE NE VOULAIS PAS DE TOI ! » C'était tout ce que pouvait faire Harry pour s'empêcher d'enfoncer sa baguette dans sa gorge. Il pouvait se l'imaginer ; un bon coup, et toute cette chair tendre se déchirerait. Peut être que la baguette traverserait jusqu'à cette langue agile et menteuse avant de continuer plus haut, au travers du palais, faisant craquer comme du papier les os fins des sinus, jusqu'à finalement presser dans…

Une main effleura doucement l'épaule d'Harry, des doigts froids retraçant la nouvelle cicatrice tendre tandis que Severus se rapprochait du dos d'Harry. « Potter, stop, » murmura-t-il, sourd et calme dans l'oreille d'Harry. « Nous avons du public. »

Les yeux de Malfoy se détournèrent, et l'ombre d'un rictus apparut traversa ses lèvres ensanglantées. Harry suivit le regard, et trouva une bulle flottant dans l'entrée, regardant avec une patience muette et glacée. Les épaules de Malfoy se relaxèrent, son souffle sortant plus facilement entre ses dents. Tu n'oserais pas me tuer pendant que le Choixpeau Magique regarde ! Il aurait tout aussi bien pu le cracher à voix haute.

L'estomac d'Harry se retourna. Parce que le bâtard avait raison. « Bannissez là, » gronda-t-il, sachant que Severus ne voudrait pas, et s'en fichant presque.

« J'ai fait l'ajustement le week end dernier. Elles sont reliées aux effusions de sang maintenant, et non juste aux attaques magiques, » Severus se rapprocha plus près du dos d'Harry, de longs doigts glissant le long de son bras pour se refermer sur la main d'Harry qui tenait la baguette. « Nous pourrions également remercier Mr Malfoy proprement d'avoir suggéré cette idée… »

« Le remercier ! » Harry abandonna à contre cœur la baguette, et se renfrogna quand Severus effaça de son pouce les gouttes de sang sur le menton pointu de Malfoy avant de se reculer. « Pour avoir essayé de—

« Snape, je ne sais pas ce que Potter vous a dit, » commença le blond, poussant futilement contre le bras d'Harry contre son cou, « Mais je n'étais pas—

« Le vent est trop frais pour avoir cette discussion dans l'entrée, Potter, » le coupa Severus. « Et il est clair que Malfoy est sous l'influence de quelques drogues altérant son bon sens, au sinon il aurait eu plus de jugement que de venir hurler à propos de chantage à votre porte, là où tout le monde pourrait entendre. Je suggère que nous nous retirions à l'intérieur, pour discuter de ceci comme des sorciers civilisés. »

C'était sur le bout de la langue d'Harry de refuser. Les mots étaient à moitié formés dans sa gorge, ses points déjà enroulés dans le fin tissu de la chemise, ses pieds nus prêts à l'emmener dehors et à claquer la porte… mais Severus avait raison. Malfoy n'agissait pas comme il devrait. Aussi odieux qu'il était devenu durant ces deux dernières années, et aussi vile et violent qu'il pouvait être en privé, il n'aurait jamais laissé quiconque le voir agir comme un abruti à moins qu'il n'ait pas toute sa tête.

Soudainement, Harry se rappela deux choses : le regard de malicieuse allégresse sur le visage de Kreattur quand ses mensonges avaient envoyé Harry dans le piège de Voldemort… et le son des larmes furieuses de Dobby vendredi soir tandis qu'il nettoyait du sol le sang d'Harry et les plats cassés. Puis il pensa à comment le morveux pourri gâté demandait toujours des plats spéciaux quand il mangeait dans la Grande Salle.

Harry commença à sourire. « Tu es défoncé… »

« Tu aimerais, tête de lard, » se moqua Malfoy, mais il y avait une pointe d'incertitude dans sa moquerie. « Comme si je toucherais à ces merdes moldues ! Tu es celui qui envoie des notes hystériques dans mes quartiers, et tente de noircir ma réputation ! »

« Quelle réputation ? Celle où tu es un meurtrier qui s'en est sorti ? C'est cette réputation que tu veux dire ? »

« Je n'ai jamais tuer personne ! »

« Tu as essayé ! Katie Bell ! Ron ! » Harry le repoussa vers la porte, les dents serrés. « Combien d'autres y aurait il eu si Dumbledore n'avait pas forcé la main de Snape ? Tu n'es pas innocent juste parce que tu es incompétent ! »

« Oh, et tu en connais sur l'incompétence qui fait tuer des gens, n'est ce pas, Potter ? » Malfoy découvrit ses dents dans un sourire mauvais. « Comment cette chère Ginevra se porte ces temps-ci ? »

« Assez, » la commande tranchante de Severus fut tout ce qui empêcha la vision d'Harry de se re-teinter de rouge. Ses mains s'abaissèrent, chaudes et solides sur les épaules d'Harry, plus une ancre qu'une corde ; un solide point de balance, dans lequel Harry pouvait se reposer. Il le fit, littéralement tout autant que figurativement, voyant le regard froid de Malfoy se balancer entre Severus et Harry, mais s'en fichant complètement. Laissons le comprendre. Laissons le dire ce qu'il a envie. Harry était fatigué de tout ça. Harry était fatigué de lui.

« Notre conversation semble avoir dévié du sujet, » la voix de Snape gronda derrière l'oreille d'Harry. « Je crois, Mr Malfoy, que j'ai quelque chose à l'intérieur que vous devriez voir. »

Malfoy se moqua, et repoussa le bras d'Harry de sa gorge. « Croyez moi, je l'ai vu. J'ai tout vu. »

« Je doute assez de ceci. » Severus passa une main calmante le long du bras gelé d'Harry de façon possessive qui étrangement, fit battre le cœur d'Harry plus vite. Il cacha son frémissement, mais il savait que Severus l'avait remarqué, par la gentille pression sur son tatouage égratigné… Plus Jamais.

« Toujours est-il, dans un intérêt de solidarité de Maison, il me semble que vous devriez voir cela, » continua-t-il, « Avant que je transmette la preuve aux Aurors, bien sûr… »

La bulle miroita dans le faible couchant, vigilante, impassible.

La gorge de Malfoy se mit en mouvement. Un muscle sursauta dans sa mâchoire, puis il fronça des sourcils, comme si confus. « Preuve de quoi ? »

Harry sentit le sourire de Severus contre le dos de son crâne, puis l'épaule derrière la sienne se haussa. « Seulement une petite chose, vraiment, une lettre, vous impliquant comme complice et appui dans une tentative de kidnapping échouée… »

« C'est impossible, » siffla Draco, puis se reprit. « Je, c'est—

Harry se tourna, à moitié surpris. « Il était le complice de De Castillo ? » Mais même quand il le demanda, les faits faisaient leurs chemins dans sa tête : un Attrapeur pourrait tendre un piège à un Attrapeur, après tout, et Draco était venu à Poudlard cet après midi là, bien qu'il ne fut pas sur la liste des invités. « Tu as déjà fait l'interrogatoire, n'est ce pas ? C'est là où tu as été depuis vendredi soir ! »

Du coin de son œil, Harry vit le brusque mouvement de Malfoy, et voulut le rattraper. La prise de Severus contrecarra son geste juste assez pour que la main d'Harry se referme sur du vide. « Bordel ! »

Severus aboya son rire, le son figeant les deux plus jeunes hommes. « Tu penses qu'il va aller loin, Potter ? Sans sa baguette, ni la preuve qui l'enverra à Azkaban ? » Malfoy se retourna, son souffle gelant dans l'air d'octobre, comme s'il avait courut bien plus loin que trois pas dans le jardin non entretenu d'Harry. « Même avec son raisonnement recouvert de cranson-officinal, de livèche et d'achulée sternutatoire (1), Mr Malfoy est bien plus Serpentard pour être aussi négligent. »

« Je ne veux pas de lui dans ma maison, » maugréa Harry quand Severus l'incita à rentrer.

« Fais moi plaisir, » le murmure réchauffa son oreille, et avec un dernier regard noir, Harry se laissa guider à l'intérieur.

Tel un papillon de nuit pâle et éthéré, Malfoy suivit. « Severus, c'est un malentendu, » dit il quand il referma la porte laissant la bulle dehors. « Je n'ai jamais écrit aucune lettre à aucun espagnol, et si je l'avais fait, vous savez que je n'aurais pas été aussi négligent que—

« Je sais, » répliqua Severus, s'appuyant négligemment contre le corps de la cheminée.

Harry, invoquant sa baguette de sa chambre, rata presque sa prise. « Tu sais ? »

« Bien sur, » répliqua Severus. « La lettre s'est auto-enflammée trente seconde après que De Castillo l'ait lue. »

Les lèvres de Malfoy se tordirent victorieusement. « Ainsi vous n'avez aucune 'preuve' après tout—

« Cependant, » le coupa Severus. « Enseigner à de fainéants morveux qui préféreraient tricher que de faire leurs devoirs pendant seize ans m'a donné une profonde connaissance des charmes de reconstruction. Recréer la lettre ne fut pas un effort valant d'être mentionné. »

« Prouvez le ! » Malfoy chargea, s'arrêtant vite quand les deux baguettes d'Harry et de Severus se tournèrent vers lui. « Vous n'avez rien, ou vous l'auriez montré maintenant ! Ce n'est qu'une ruse pour tenter de m'incriminer. Potter vous a acheté, et—

« Non, » dit Severus, bien que Harry ne soit pas certain si c'était une réponse aux accusations de Malfoy, ou un ordre pour arrêter les sorts muets se formant dans l'esprit d'Harry. Des doigts pâles et tachés atteignirent sa robe, le tissu noir s'écarta pour laisser entrevoir l'arc d'une clavicule nue quand Severus en sortit un fin rouleau de parchemin.

« Ne le laisse pas l'avoir, » cria Harry quand Severus transmit la lettre à Malfoy.

« J'en ai refait une, Potter, » vint la réponse grimacée quand il fit signe à Harry de venir à ses côtés, « Je peux facilement en faire une deuxième. Tous les Serpentards savent cela. »

Et bien sur, un seul regard vers la tête de Malfoy quand il traqua le bras de Severus s'installer sur les épaules nues d'Harry, sa peau blanche brûla d'un rose furieux le long de ses pommettes annonça la fin des faux semblants. Malfoy ne s'embêta même pas à dérouler la lettre, et bien qu'il la portât comme une porcelaine de Chine délicate, ses doigts tremblants n'auraient pas pu être plus tendus que s'il l'avait agrippée comme un vif d'or. « Qu'est ce que vous voulez ? » Dit il à travers ses dents.

Le sourire de Severus s'agrandit, satisfait et vicieux, en réponse. « Je veux que vous vous souveniez de deux choses, Mr Malfoy ; qu'il, » un geste de la tête vers Harry, « a été assez puissant et plein de ressources pour défaire le Lord Noir plus de fois que vous n'avez levé les yeux sur Lui. Qu'il est seulement dû au fait qu'il est un noble et idiot Griffondor que vous ayez survécu pour respirer devant nous aujourd'hui, et que s'il avait été un brin un homme moindre, il vous aurait laissé vous et moi rôtir à Azkaban, comme nous le méritions grandement. »

Malfoy ouvrit la bouche, mais Severus le coupa, le gargouillis de son grognement produisant quelque chose dans le ventre d'Harry qui le fit ronronner de plaisir. « Et la deuxième : souvenez vous que je suis moi-même relativement peu affecté par des notions Griffondoriennes d'honneur et de fair-play. Que je vous ai moi-même enseigné tout ce que vous savez sur la duplicité et la manipulation, et que j'ai connu la plupart de vos secrets de famille depuis avant votre naissance. » Et, oh, comment Harry appréciait la façon dont le rougissement de colère de Malfoy se répandait jusque dans son cou pendant que ses yeux suivaient les cercles que le pouce de Severus faisait sur le tatouage d'Harry. « Je veux que vous vous souveniez que je suis un homme jaloux et possessif, et un bâtard cruel avec un tempérament vicieux et non repentant, de qui, il est une très mauvaise idée de s'en faire un ennemi. »

La mâchoire de Malfoy remua pendant un instant, bataillant clairement pour garder la tirade qui hurlait au travers de chaque ligne et courbure de son visage. Mais, après un regard final et haineux vers Harry, il parvint à acquiescer. « D'accord, » dit il, et tendit avec deux doigts la lettre. « Vingt quatre heures vous avez dit ? »

Juste comme ça ? Pensa Harry, sentant le plaisir dans son ventre coaguler. Tu a passé deux ans à te foutre de moi et maintenant tu es d'accord pour me laisser tranquille juste parce qu'IL t'a menacé ?

Harry enroula son poing autour de sa baguette. « Je ne t'ai pas promis une seule de putain de seconde—

« Vingt quatre heures, » Severus dit par-dessus lui, se penchant pour reprendre la lettre.

Malfoy fit un rictus, ses yeux gris brillant. Harry pouvait sentir le sang brûler son visage, mais l'effleurement reposant du pouce de Severus sur son épaule le retint, gardant sa baguette pointée vers le sol, gardant les sorts rebondissants contre ses dents.

Ce n'était pas fini. Pas comme ça. Ça ne pouvait pas être fini comme ça…

« Bien sur, » songea Severus alors que Malfoy était déjà à moitié retourné et allait attraper la poignée de la porte, « J'ai été connu pour mes mensonges… »

Malfoy n'eut pas le temps de glapir avant que le sort de transfiguration ne le touche. Sa grande forme mince se tordit sur elle-même et diminua dans un bruit fuselé. Deux secondes plus tard, un ferret blanc sursauta, se dressa avec furie contre la porte d'Harry. Pendant un instant, tout ce qu'Harry put faire fut de fixer la créature, qui semblait également estomaquée elle-même. Puis un rire puissant et étonné surgit de sa gorge.

« Tu avais prévu ça, » cria-t-il, se tournant pour donner un coup dans les côtes de Severus tandis que le ferret babillait et alla se réfugier dans le placard à alcools d'Harry. « Putain de merde, tu avais entièrement prévu tout ce truc ! »

« Délinquant, » Severus poussa Harry et se frotta contre lui. Mais il réussit à paraître satisfait quand il transfigura une cage avec le seau à charbon d'Harry. « Malfoy a encore moins d'imagination que toi. Ce n'était pas un exploit impressionnant d'anticiper ce qu'il ferait une fois que j'étais certain de sa culpabilité. »

« Alors tu n'aurais rien fait de cela, s'il n'avait pas été dans les souvenirs de DeCastillo ? » Railla Harry, invoquant le ferret avec un joyeux coup de baguette. Il aurait pu cogner l'animal une fois ou deux contre le placard avant de le mettre en cage mais, et bien, c'était déjà assez une punition en elle-même. « Pas que je me soucis s'il était vraiment coupable ou non… »

Un effleurement de son bras égratigné fit relever la tête à Harry, pour trouver Severus en train de le fixer d'un regard chaleureux et sage. « Malfoy était coupable, » dit il, et retraça de son doigt une tendre cicatrice qui parcourait le visage d'Harry de sa joue à son menton, soignée si prudemment que bien qu'elle fût toujours douloureuse, pas même Harry pouvait la voir dans un miroir. « Il l'était. N'es aucun doute là-dessus. »

Harry déglutit, incertain s'il voulait plus se laisser aller dans la caresse ou se reculer. « Je devine que les Aurors ont déjà tes souvenirs dans une pensine, alors, » dit il avec un froncement de sourcil et un geste de la main en direction du ferret, grignotant sa cage. « Pourquoi avais tu besoin de le faire venir ici ? »

Severus renifla et remit la lettre dans ses robes. « L'évidence est plus flagrante maintenant que Malfoy a tenu la lettre. Encore mieux qu'il ait eu du sang sur les mains quand il l'a fait. »

« Shackelbolt aurait fait des pieds et des mains juste pour avoir n'importe quelle évidence physique, et tu le sais. » Harry rit. « Je pense que tu avais juste envie de transformer Malfoy en ferret pour ton propre plaisir tordu. Toutes ces conneries sur les preuves flagrantes étaient uniquement une bonne excuse— » Harry grogna, content et surpris quand Severus saisit ses épaules et le poussa contre le mur de la cheminée pour un baiser profond et entier.

« L'inattention aux détails, » maugréa Severus entre deux baisers, « c'est exactement pour cela que tu étais toujours abyssal en potion… » Il s'interrompit en grognant quand Harry mordit le plat de son torse.

« Meilleur en transfiguration par contre, » haleta Harry, poussant les robes de Severus de côté pour atteindre son téton tendu et le mordre gentiment. « P'exemple. Je sais que Malfoy restera comme ça uniquement pendant une semaine, puis le sort se retournera. » Il sourit quand il sentit de longs doigts s'enfoncer profondément dans ses cheveux pour le presser encore plus près.

« Cela durera… Merlin, oui, juste ici… cela durera assez longtemps pour nourrir ton hippogriffe domestique. » Severus siffla quand Harry le pinça, mais il ne sembla pas vraiment châtié. « Non ? Et bien, je suppose que nous pourrions l'utiliser comme sujet d'expérimentation pour les accords de protections… Ah ! Refait ça. Plus fort ! »

Harry obéit. Puis il releva sa tête pour retrouver son souffle. « Je pense que rajouter une barrière pour les 'profonds merdeux' aux protections pourrait être un peu délicat… » Il câlina la bosse du pantalon de Severus et résista à la tentation de se demander à voix haute comment l'homme pourrait se remettre au travail s'ils continuaient à faire ça.

« Morveux, » grogna Severus comme s'il avait deviné la pensée, puis il bougea ses hanches pendant qu'Harry déboutonnait le pantalon. « Tu vas réellement continuer à me parler des tourments de Mr Malfoy ? »

Jetant un coup d'œil au ferret se grattant, Harry haussa les épaules. « C'est plus dur de vouloir le voir souffrir maintenant qu'il est aussi mignon qu'il l'a toujours pensé, je crois. » Le ferret répondit à l'observation d'Harry par un sifflement enragé, et Harry porta sa main à son nez à l'odeur âcre et musquée de l'animal. « Mais encore, si nous relançons le sort régulièrement, on pourrait l'utiliser pour tester les protections contre les animagi… » Il haleta, et perdit son fil de pensée quand la langue de Severus glissa dans son oreille.

« Tu vois, Potter ? » Les doigts de Severus donnèrent la chair de poule à la nuque d'Harry. « On peut t'apprendre… »

« Ohh, putain oui, quand tu enseignes des trucs comme ça… » haleta Harry. « Alors qu'est ce qu'il lui arrive quand nous en aurons fini avec les tests ? On le laissera partir comme ça ? »

« Non. » Harry releva la tête, étonné. Le renfrognement farouche de Severus s'accorda parfaitement à son ton tranchant.

Avalant ses nerfs étrangement frivoles, Harry se laissa être remis sur ses pieds. Tous ses nerfs étaient vivants, et picotant de désir, de soulagement, de faim, de trépidation et de confusion. C'était important. Ce n'était pas sur Malfoy. Pas vraiment. Ça ne pouvait pas l'être.

Harry se força à reculer ; d'enlever ses mains de la peau de Severus ; de demander… mais pas les questions dont il voulait réellement une réponse. « Non ? » Il recula d'un pas, pensant que la réponse avait besoin de plus d'espace, ou peut être qu'il aurait besoin de plus d'air pour la recevoir. « Quoi, alors ? »

« Le Magenmagot sera plus que satisfait de le juger in absentia dès que j'aurais envoyé la lettre et finit mon rapport par pensine, quand ce sera clair qu'il a fuit l'Angleterre, » répliqua Severus, fermant la distance entre eux, mais ne s'approchant pas pour envelopper Harry. « Je n'ai aucun doute, après que j'ai pu satisfaire mes plus bas instincts, que Schackelbolt aura une équipe pour s'occuper de lui, peu importe la forme ou la condition dans laquelle il se trouvera devant eux. »

Le cœur tambourinant dans son torse, Harry recula d'un autre pas, l'odeur chaude et musquée de Severus s'enroulant autour de sa gorge, son ventre, ses testicules. Il pouvait demander ça. Il pouvait. « Pourquoi ? »

Severus s'avança de nouveau, indistinctement près et brûlant dans la pièce glacée, mais il ne le toucha pas encore. « Malfoy ne mérite pas la liberté, » dit il après une longue pause silencieuse. « Pas en tant qu'homme, pas en tant qu'animal. Pas avec le lot d'opportunités et de secondes chances qu'il a gaspillé sans deuxième pensée ni remord, » Harry regarda les yeux noirs retracer son visage et trembla. « Pas avec tout ce qu'il a essayé de détruire. »

Il recula de nouveau, appuya ses épaules fermes et froides contre la porte de sa chambre, bien que la retraite lui prît plus de courage que de faire face à Voldemort. Il ferma les yeux, et pria tous les Dieux pour qu'il n'ait pas compris de travers toute l'affaire. Pas encore… Plus—

« Pourquoi ? » Harry entendit de nouveau sa voix, rêche et soudaine dans le silence. Son sexe était dur et endolori contre la couture de son bas de pyjama, et sa colonne vertébrale l'irritait avec des gouttes de sueur nerveuse alors qu'il attendait toujours. Puis il entendit le bruissement des vêtements de Severus, le doux 'whump' quand ils tombèrent sur le sol.

« Peut être… » Harry se crispa quand le souffle de Severus frôla sa frange. « Peut être en suis-je venu à croire qu'il y a quelque chose à dire pour les gens qui reçoivent ce qu'ils méritent. »

Un son qui n'était absolument pas un sanglot s'accrocha dans la gorge d'Harry à cela. Des rires. Ce devait être un rire, parce qu'il souriait, n'est ce pas ? Et ses yeux étaient uniquement fermés parce qu'ils étaient douloureux et picotaient, pas parce qu'il était effrayé de les ouvrir et de voir ce qui aurait pu être tapi dans… dans… le regard de Severus.

Il était un Griffondor. Il fut assez courageux pour se tenir devant Voldemort, Lestrange, Ombrage, un basilic, deux Malfoys et Scrimgeour. Il pouvait le faire. Il pouvait. Snape lui laisserait savoir s'il avait tout merdé. Snape lui laissait toujours savoir.

Severus ne le laisserait pas tomber.

Harry enroula ses deux mais contre son estomac courbaturé et inspira. « Qu'est ce que je mérite, alors ? »

Des cheveux longs chatouillèrent ses biceps, puis ses épaules, et l'instant d'après, Harry sentit le doux effleurement de lèvres là où il avait payé pour avoir de l'encre et du regret inscrit dans sa peau. Son souffle lui échappa quand une main dure se referma sur son épaule, et putain, cette fois ça ne pouvait pas être autre chose qu'un larmoiement.

« Un mot, Potter, » Severus murmura les mots contre les tempes transpirantes d'Harry. Harry ravala son gémissement quand un torse nu se pressa contre le sien. « Extrudius ! »

Son bras fut saisit d'une crampe soudaine et brûlante. Harry siffla entre ses dents, et se serait écroulé sur le sol, si le poids de Severus ne l'avait pas ancré au mur. La douleur se résuma à une piqûre acide là où le tatouage était. Harry, certain que cela n'avait pas fait aussi mal quand il avait fait faire la chose, saisit l'autre bras de Severus et s'y accrocha de toute sa force. Puis la brûlure devint une irritation, et une sensation mouillée, comme si du sang ou de la sueur coulait sur sa peau.

Harry cligna des yeux pour éclaircir sa vision et pencha sa tête pour voir. L'encre luisait sur sa peau rougie et commença à faire baver les mots Plus Jamais vers son coude.

Puis la main de Severus glissa vers le haut et effaça le souvenir hideux. Se penchant uniquement pour ramener sa main maculée entre eux, Severus tourna sa paume et haussa un sourcil inquisiteur. Et là gisait le cœur brisait d'Harry, meurtri et cafouilleux, une bavure sanglante dans sa main.

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Harry traça avec son doigt les contours de la forme, sentant la façon dont son souffle se synchronisait avec le torse pressé contre lui, la façon dont son sexe, peu découragé par la brève peine, avait trouvé son chemin dans la courbure de la hanche de Severus, la façon dont le nœud dans son estomac commençait à se défaire.

« Juste comme ça ? » Parvint à demander Harry après une pause.

« Cela doit-il être plus compliqué ? » Quelque chose dans la voix de Severus attira son attention, et Harry releva la tête pour chercher dans ce visage buriné, interdit, impassible, une trace de peur. Elle était là enroulée à de l'incertitude, et… oui, cela devait être l'espoir. Cela devait l'être.

Harry déglutit, retraça encore une fois les contours du cœur brisé. « Tu as dit que les choses simples étaient les plus difficiles, » offrit-il en ouverture. C'était seulement juste.

Les sourcils couleur corbeau se haussèrent et de l'amusement voila l'once de vulnérabilité. « Je n'ai jamais été facile dans ma vie, Potter, » répliqua Severus, infléchissant sa balance pour presser ses hanches un peu plus fort, « Et je n'ai pas l'intention de commencer maintenant. Et pour être franc, tu es aussi simple que chacun. » Harry ne put s'empêcher de renifler à cela, mais le ton plaisantant s'estompa quand Severus continua. « Je dirais que cela ne nous tuera pas d'admettre les choses telles qu'elles sont, mais je ne vais pas te laisser tout foutre en l'air par tes soins. »

Harry sentit son sourire imbécile menacer de sortir, comme les picotements dans ses yeux, et l'envie de rouler ses hanches contre celles de son amant. Il baissa son regard, lit les réminiscences sanguinolentes comme le futur dans cette paume plissée et ternie.

« Plus jamais… » récita-t-il, puis il referma la main de Severus, se penchant sur la pointe des pieds et pressa un baiser sur ces lèvres. « Oui. »

Un mot.

Ce n'était pas tout ce que Harry voulait. Cela n'enlèverait pas les cicatrices de sa peau, de son âme. Cela ne les empêcherait pas de se battre, cela ne les empêcherait pas de craindre. Il le savait. C'était seulement un mot. Ce n'était même pas assez proche de tout ce que chacun d'eux avait besoin.

Mais c'était assez pour la suite, et c'était plus que ce qu'Harry avait eu depuis très, très longtemps. Plus, suspectait il, que ce qu'avait eu Severus pour la plus grande partie de sa vie. Dans l'arc puissant formé par leurs bras, dans la cadence de leurs souffles accordés, dans l'odeur familière de leurs peaux pressées, c'était certes une richesse.

« Oui, » exhala-t-il de nouveau quand les cheveux de Severus encadrèrent son visage, se coupant du reste du monde. « Oui. Plus… »

La fin…

oOoOoOo

(1) : Ce sont les ingrédients pour le filtre de Confusion et d'Embrouille.

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Ahem… et voilà une histoire qui se finit. Merci d'avoir suivit la traduction de ce petit bijou et merci à l'auteur de l'avoir écrit en premier lieu !

D'autres remerciements pour les personnes ayant laissé des messages sans adresse mail et pour tout le monde en général, ça m'a fait plaisir et ça m'a encouragé d'avoir toutes vos réactions.

Pour la prochaine traduction, jetez donc un coup d'œil à mon profil de temps en temps, j'y laisserai des messages. Et pour 'Si vous êtes prêt', la suite arrivera dans deux semaines (normalement) et je reprendrai mon rythme d'un chapitre par semaine. Quelle allégresse pour moi, ils sont beaucoup plus courts que ceux de Cluegirl !

Rhaaa ! J'en reviens pas moi-même d'avoir traduit tout ça !

edit: Aerials? Si tu repasses par ici, j'ai bien pris en compte ta remarque. Merci!