Enfin, je vous poste la suite... Après quelques soucis informatiques qui m'ont donné quelques sueurs froides (j'ai bien cru tout perdre, après un cramage de disque dur, alors qu'il s'agit d'un portable tout neuf...), me revoilà, avec près de 15 jours de retard...

Mille merci aux lecteurs qui continuent à me suivre et bien sûr aux reviewers dont le spetits mots me mettent toujours autant de baume au coeur. En particulier merci à Noel noir pour les riches, à Anthales, Kiito, Kokoroyume, Xodom, Mia, Bohemio, Sylnaruto, Lone Wolf, Ulis, Nonotiti, Spaz313 et bien d'autres... J'espère vous retrouver encore pour ce chapitre...;)

Alors pas mal d'action dans celui-ci, directement au sein de poudlard, en espérant que cela vous plaise toujours autant...

Bonne lecture donc et à bientôt!

CHAPITRE 53 : Danger à Poudlard

En ce soir de fin mai 1998, tout semblait paisible dans le crépuscule qui se dessinait au loin. Tout ? Non, pas tout à fait… Le bruit de sortilèges lancés à tout va rompait le silence qui aurait dû régner autour de Poudlard. D'habitude à cette heure tardive de la soirée, les élèves et professeurs se dépêchaient de finir le repas, avant de regagner chacun leur dortoir ou appartement en vue d'une nuit reposante.

Mais ce soir, il en était tout autrement. Les élèves se terraient dans leur dortoir, certes, mais leur visage montrait une terreur sans nom, tous collés les uns contre les autres dans leur salle commune surpeuplée. Poudlard était attaquée… Poudlard, l'école de sorcellerie si réputée pour ses protections à toute épreuve, était attaquée… Alors, soit, les professeurs la défendaient vaillamment, mettant tout en œuvre pour que les barrières protectrices tiennent contre l'assaut des Mangemorts, et s'assurant que chaque élève fût à l'abri dans leur salle commune, tandis que les Aurors faisaient brillamment face aux partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom… Mais ces derniers semblaient réellement enragés et déterminés à pénétrer le château, et leur nombre plus que conséquent, associé aux sortilèges des plus violents qu'ils n'hésitaient pas à utiliser, n'aidait en rien à rassurer les occupants du château.

Les élèves les plus âgés s'efforçaient d'apaiser les esprits et de divertir autant qu'ils le pouvaient les plus jeunes. Chacun priant en fait pour que cette horreur cesse au plus vite et qu'ils puissent retourner à leurs jeux innocents… Enfin, s'il leur était possible d'y retourner après pareille épreuve…

- Chut, fit une voix, son écho résonnant durement contre les murs froids et lisses du couloir du sixième étage de l'aile ouest.

- J'ai cru entendre du bruit, répondit une autre, plus enfantine, et assez apeurée.

- Tais-toi. Il faut regagner notre dortoir au plus vite, on y sera en sécurité, répliqua la première, un peu plus assurée, bien que la peur filtrât tout de même dans ses accents écossais.

- Quelle sage décision, rétorqua alors une voix plus grave et plus masculine, aux intonations railleuses, tandis qu'un homme masqué tout de noir vêtu s'avançait vers les deux gamins.

Ces derniers tentèrent de s'enfuir, mais eurent la désagréable surprise de trouver un deuxième homme masqué derrière eux, à quelques mètres à peine. Ils étaient maintenant totalement bloqués, les deux hommes leur barrant savamment le passage, tout en les menaçant de leur baguette. Le plus âgé tenta de dégainer à son tour, prêt à se défendre tant bien que mal face aux deux sombres individus, mais il fut aussitôt désarmé par le premier arrivant.

- Trop facile, fit la voix rocailleuse du deuxième homme. Vraiment trop facile. Décidément, le niveau baisse à Poudlard.

- Inutile de s'attarder avec eux, reprit le premier. Nous avons plus urgent à faire.

Il levait déjà sa baguette, un éclair avide et sournois traversant ses sombres pupilles, quand il se sentit frappé de plein fouet par un puissant expelliarmus, et que sa baguette lui échappa des mains.

Une troisième ombre s'avança alors vers le petit groupe, d'un pas mesuré, et une voix suave s'en éleva, une voix que tous reconnurent sans peine, même les élèves qui avaient eu le triste plaisir de l'entendre dans certains cours si redoutés…

- En effet, inutile de s'attarder avec eux.

Les deux jeunes Serdaigles tremblèrent d'effroi quand la pâle lueur des baguettes confirma leur doute en éclairant le visage crayeux de leur ancien professeur de potion. Seul visage à ne pas être masqué d'ailleurs, à leur plus grande surprise.

Mais ils n'eurent guère le loisir de s'appesantir sur les changements survenus sur ce visage tant honni, qu'un des deux mangemorts s'avançait à nouveau vers eux, menaçant. Le plus âgé des Serdaigle tenta de s'interposer entre le dit Mangemort et son ami, bien qu'il sût en son for intérieur que c'était peine perdue… Ils étaient encerclés et impuissants face à ces trois sorciers aguerris. Au bord du désespoir, les deux garçons fermèrent les yeux, se préparant déjà à vivre leurs derniers instants.

- Stupefix, entendirent-ils cependant, de cette même voix suave et profonde qui les avait tant effrayé auparavant, sans être pour autant atteint eux-mêmes.

Ils daignèrent alors rouvrir les yeux pour voir leur ancien professeur de potions en prises avec l'un des mangemorts, alors que l'autre, celui qui se trouvait derrière eux, était immobilisé et inapte au combat. Les sortilèges fusaient entre les deux adultes, et il s'en fallut de peu pour que l'un deux toucha le plus jeune.

- Mettez-vous à l'abri, bougres d'idiots ! Vociféra Severus, entre deux maléfices, tout en faisant voltiger sa cape noire dans une danse macabre en évitant autant que possible les attaques du Mangemort.

- Traître, traître à ton sang, traître à ton Maître, c'était donc toi le traître, s'écria le dit Mangemort.

- Quelle perspicacité, mon cher Jugson, souffla Severus, d'un ton narquois et presque badin.

Toutefois la tension de ses muscles indiquait clairement qu'il ne prenait pas du tout la chose de façon badine. Bien au contraire. Jugson était un duelliste hors paire, à la hauteur de nombre d'Aurors, et lui donnait du fil à retordre. En outre, il devait mettre les gamins à l'abri… « Quelle idée saugrenue les avait donc pris encore, d'aller se balader dans les couloirs alors que Poudlard était attaquée ? » Fulmina-t-il mentalement.

Il n'eut toutefois pas le temps de tergiverser plus longuement, son adversaire se rappelant très rapidement à lui par un sortilège de lacération bien visé, qui atteignit Severus sur le flanc gauche. Il laissa échapper un juron sous la douleur, et riposta aussitôt par un sectum sempra, qui manqua malheureusement sa cible, puis par un « protego miror »… Ce fameux sortilège qui faisait un bouclier miroir et renvoyait tout maléfice à son expéditeur.

Immanquablement, Jugson, qui apparemment ne connaissait pas encore cette nouvelle invention, tomba dans le piège, et reçut de plein fouet l'« inflammare » qu'il venait de lancer, hurlant de douleur quand les flammes lui léchèrent hargneusement les bras et le torse. Severus en profita aussitôt pour prendre l'avantage.

- Avada Kedavra, lança-t-il d'une voix sombre, tandis que la lueur mortelle s'échappait de sa baguette et fuyait vers le Mangemort, qui s'affaissa aussitôt à terre, telle une poupée de chiffon, inerte et sans vie.

Essoufflé, Severus dut prendre quelques secondes pour reprendre ses esprits. Il alla vérifier qu'aucun souffle de vie ne s'échapperait plus de Jugson, puis se tourna vers le second Mangemort, ignorant royalement les deux gamins pour l'heure. Il s'agenouilla à ses côtés, et lui retira délicatement son masque. Streswons… Le jeune Streswons Roger qu'il avait eu l'occasion de sonder lors de son entrée au sein des Mangemorts… Sa raison lui dictait de le tuer, là, maintenant, pendant qu'il en avait l'occasion. C'était après tout un sortilège indolore, rapide et propre… Mais une étrange poigne lui étreignait le cœur, alors qu'il levait déjà sa baguette, prêt à lancer le sortilège mortel…

Ce n'était qu'un enfant… Qu'un enfant à peine plus âgé que ceux qu'il venait de protéger… Qu'un enfant… Avait-il le droit d'ôter la vie à un enfant ? Si lâchement… Si… Non, il ne le pouvait pas, n'est-ce pas ? Et pourtant, s'il ne le faisait pas, cet enfant inconscient et stupide allait connaître Azkaban… Un sort peut-être pire que la mort, même sans les détraqueurs pour garder la forteresse… Sans compter qu'il avait toutes les chances de s'échapper par la suite avant la fin de la guerre, et de trahir Severus en révélant sa traîtrise… Rhâa, quel choix cruel et difficile encore…

Tout à son débat intérieur, pris entre ses doutes et son esprit calculateur et rationnel, il n'entendit pas les deux Serdaigles se rapprocher de lui.

- Qu'allez-vous faire de lui ? S'enhardit le plus grand, bien que sa voix indiquât clairement la peur qui l'envahissait.

- Qu'allez-vous faire de nous ? Ajouta le plus jeune, qui se raccrochait désespérément aux robes de son aîné.

Severus se releva lentement, et daigna alors tourner son ténébreux regard vers eux, un regard qu'ils n'avaient jamais vu chez cet homme qu'ils redoutaient pourtant. Un regard où perçait le doute. Et la culpabilité aussi…

- De lui ? Rien. Les Aurors s'en chargeront mieux que moi, se décida-t-il enfin, en lançant un puissant sortilège d'entrave et de ligotage au jeune Mangemort, agrémenté d'un sortilège d'oubliette pour lui faire oublier l'intervention non désirée du Maître des potions, sans pour autant le réanimer. Et de vous…

Toutefois, il ne finit pas sa phrase la laissant en suspens, les laissant libres d'imaginer moult scénarii. Il s'approcha simplement, mais aussitôt les deux gamins reculèrent, la lueur de peur qui semblait s'être apaisée quelques secondes auparavant se ranimant instantanément.

Severus soupira lourdement.

- Je ne vais pas…, commença-t-il, d'une voix moins dure et moins tranchante, presque rassurante.

Mais il ne put expliquer plus clairement ses intentions, qu'une autre voix l'interrompit.

- Ne les touchez pas, s'exclama celle-ci, provenant de l'autre bout du couloir, à l'opposé de Jugson, venant donc de derrière Severus.

Celui-ci voulut se retourner, mais aussitôt la voix le lui interdit.

- Ne bougez pas et éloignez-vous d'eux. Levez les mains, doucement…

- Fileus, je ne vais pas leur faire de mal, tenta Severus, en vue de raisonner son ancien collègue.

Mais en vain. Il sentit une baguette s'enfoncer dans son dos, sans douceur, tandis qu'une petite décharge électrique lui parcourut tout le corps, les ondes irradiant à partir de la baguette jusqu'à chacune de ses extrémités, lui arrachant un léger sifflement de douleur.

Mais Severus ne lâcha pas pour autant sa propre baguette, trop conscient de sa situation plus que critique, et reprit, d'une voix légèrement saccadée :

- Fileus… Si je voulais… leur faire du mal… je l'aurais déjà fait… Vous arrivez… après la bataille… mon cher, tenta-t-il d'ironiser.

Ce qui lui valut une autre décharge. Mais cette fois, dès que la sensation presque paralysante s'estompa, il se retourna vivement vers le petit homme, qui avait visiblement baissé sa garde un cours instant, et fondit sur lui, lui arrachant à main nue sa baguette. Inutile de lancer un duel avec le professeur de sortilège, Severus connaissait parfaitement les qualifications de l'autre homme et n'avait de temps ni pour un duel, qui s'avérerait immanquablement interminable, si ce n'est même en sa défaveur, ni pour le convaincre par la manière douce. Non, dans ce cas, la manière moldue restait la plus sûre… Elle pouvait avoir du bon parfois…

- Fileus, je vous ai dit ne pas vouloir leur faire du mal. Je suis d'ailleurs intervenu à temps pour leur éviter une mort certaine. C'est…

Une fois encore, il ne put finir, de nouveau interrompu en pleine phrase. Décidément, aujourd'hui personne ne voulait lui laisser en placer une…

- C'est vrai, intervint l'un des Serdaigles. Le Profes…. Euh… Monsieur Snape nous a défendu. Il a... Il a… Il a tué le premier Mangemort… et a ligoté le second.

Fileus lança un regard furibond à Severus, faisant fi a priori d'être en position d'infériorité. Le Maître des potions ne se départit pourtant pas de son sang-froid et soutint son regard un long moment… Moment qui parut une éternité à tous quatre, Severus et Fileus semblant se jauger du regard, alors que les deux garçons regardaient de l'un à l'autre avec une certaine appréhension.

- Non, il n'est pas sous imperium ni sous sortilège de confusion, reprit alors Severus, répondant à l'interrogation muette qu'il venait d'entrapercevoir dans l'esprit du vieil homme.

- Et comment voudrais-tu que je te croie… Severus ? Répondit Fileus, semblant hésiter un instant sur le prénom, comme s'il avait voulu dire un autre mot à la place.

Mais même s'il ne l'avait pas prononcé, Severus avait parfaitement compris ce qui avait failli échapper au Maître es sortilège. Assassin, traître, renégat, meurtrier, lâche… Tant de mots qu'il pouvait comprendre, mais qui lui déchiraient étrangement l'âme plus encore qu'elle ne l'était déjà… Ce qui dut se voir à son regard qui venait de se rembrunir, et au tremblement de sa main qui menaçait le petit homme de sa baguette. Non pas de sa baguette, mais de la baguette d'Albus…

La tension était plus que palpable, et Severus sentait qu'il fallait trouver une solution rapidement, alors que les minutes s'égrenaient à vitesse grand V. Il ne pouvait rester indéfiniment là, les Aurors ne sauraient tarder dès lors, lorsqu'ils découvriraient les corps inertes de leurs deux confrères à l'entrée du passage secret venant de la Tête Sanglier… Mais sa raison ne parvenait à contenir sa rage désespérée, et cette dernière menaçait de le submerger à tout instant, risquant de lui faire commettre l'impardonnable sur son ancien collègue et… ami. Oui ami, en quelque sorte… Et qu'il était douloureux de voir un ami douter de vous… Mais au vu des circonstances, qu'y avait-il de plus normal, n'est-ce pas ? Cruel. Oui, cruel…

Severus sentit brusquement une douce pression hésitante sur son bras, lui faisant baisser lentement sa baguette. Le Serdaigle… Severus n'avait pas vu le jeune homme et son ami se glisser lentement mais sûrement auprès de leur professeur et directeur de maison. Mais apparemment, au vu du regard soudain apeuré de Fileus, ce dernier, lui non plus, n'avait pas vu venir le geste de son protégé et devait sans doute redouter la réaction du Maître des potions… et Mangemort qui se tenait devant eux.

Cependant, ce simple geste suffit à Severus pour que sa raison reprenne le dessus. Avec un soupir las et résigné, il baissa définitivement le bras, se mettant ainsi à la portée d'une possible attaque de Fileus. Mais rien ne vint. Les deux hommes se contentèrent de s'évaluer du regard, chacun essayant de jauger l'autre, de le comprendre. Puis, voulant rompre ce conflit silencieux, Severus tendit à nouveau la baguette du petit homme, la manche dirigée vers son propriétaire. Sans un mot, Fileus s'en empara aussitôt, tandis qu'une lueur incrédule et circonspecte éclairait son regard clair et limpide.

- Tu es un homme bien complexe, Severus, conclut Fileus. J'espère un jour pouvoir éclairer le mystère que tu es.

Severus baissa simplement le regard comme toute réponse, seule faiblesse qui pourrait trahir tous les sentiments tumultueux qui l'envahissaient à l'heure actuelle.

- Vous feriez peut-être mieux de raccompagner ces jeunes gens en sécurité, Fileus, suggéra le Maître des potions d'une voix redevenue soyeuse comme de la soie.

- Et vous ?

- Que voulez-vous faire de moi ? S'enquit Severus, en relevant ses yeux d'ébène, d'un air de défi.

- Rien. Pour ma part, rien.

Le regard de Severus marqua à son tour son incrédulité.

- Considérez que je paie ainsi la dette de vie, que je viens de contracter avec vous à l'instant. Ainsi nous sommes quitte, fit Fileus, d'une voix déterminée.

Et sans même attendre la réponse du Mangemort qu'il allait laisser filer, Fileus partit, entraînant avec lui les deux Serdaigles apeurés, mais soulagés de s'en tirer à si bon compte, laissant Severus plus que troublé.

« Une dette de vie ? Le vieil homme considère-t-il réellement qu'il a une dette de vie envers moi ? » Se questionna Severus intérieurement, avant de se fustiger de perdre encore du temps avec de telles questions aussi futiles.

Alors qu'il s'apprêtait lui-même à repartir dans l'autre sens, il entendit cependant une petite voix l'interpeller à nouveau derrière lui. Le plus jeune des Serdaigles…

Severus, bien qu'à contre-cœur, se retourna, sans toutefois leur offrir son habituel regard meurtrier si légendaire.

- Merci, souffla le garçon d'une petite voix timide.

- Oui merci, répéta le plus grand plus fortement. Et au fait… Vous avez du sang là, ajouta-t-il en montrant sa tempe du doigt.

Severus suivit le geste du gamin, et porta sa main à sa tempe droite. Ses doigts rencontrèrent alors effectivement un liquide poisseux et rougeâtre. Du sang… Il n'avait même pas eu conscience d'être blessé à cet endroit…

- Et là aussi, rajouta Fileus, cette fois désignant son flanc gauche.

Et Severus baissa, presque par réflexe, les yeux à l'endroit désigné… Ah oui, là, il l'avait senti… Qu'importe, il s'en occuperait plus tard. Soudain, Severus releva promptement le regard vers le vieux Serdaigle, alors qu'une subite idée lui traversait l'esprit… Comment avait-il pu oublier un tel détail ?

- Fileus. Personne ne doit savoir. Personne. J'espère pouvoir compter sur vous pour faire le nécessaire, afin que cette… histoire ne s'ébruite pas.

Et comme pour appuyer ses dires, son regard se porta sur les deux élèves, avant de revenir sur l'autre homme. Il perçut alors un éclair de compréhension traverser les prunelles azur de son vis-à-vis.

- Bon courage Severus, souffla simplement Fileus, comme une promesse non dite de faire effectivement le nécessaire, avant de se détourner avec les deux gamins.

Severus se retourna cette fois définitivement, et reprit son chemin. Il devait maintenant trouver une porte de sortie… Les cachots... Oui, les cachots seraient l'issue la plus sûre… Certes, le passage ne menait pas directement à l'extérieur des lourdes enceintes de Poudlard, mais cela le mènerait au moins au parc, et de là, il pourrait rejoindre le Forêt Interdite, et fuir les Aurors qui allaient immanquablement lui courir après…

Mais à peine fut-il à quelques mètres des escaliers, que trois Aurors lui barrèrent le passage, tandis que quatre autres l'encerclaient par derrière. Il était cerné… Il faillit laisser échapper un cri de rage… Rhâaa… Pourquoi donc tout s'acharnait toujours contre lui ?

- Alors Snape ? On revient sur le lieu de son crime ? Fit un Auror.

- Cela ne te suffit pas de souiller les derniers souffles de vie d'un grand homme, il faut aussi que tu viennes souiller son dernier sanctuaire, renchérit un autre.

Les insultes fusèrent ainsi, plus vite que des sortilèges ne l'auraient fait, atteignant leur cible plus sûrement et plus durement. Mais Severus n'en montra rien, et garda le silence, faisant tourner son esprit à vive allure en vue de trouver une issue. Personne n'avait encore lancé les hostilités, les Aurors se sentant certainement en assez bonne position de force pour se permettre de perdre un peu de temps avec les amuse-gueules… Tant mieux, cela en faisait gagner à Severus, qui savait n'avoir aucune chance dans une confrontation directe. Il était bien trop exposé… Une cible bien trop facile, aucune possibilité de se protéger ou d'esquiver…

Non, il devait fuir. Trouver une issue. Malheureusement, il n'y en avait aucune… A moins que… A moins qu'il ne teste ce que son Maître avait eu la « bonté » de lui apprendre récemment. Oui, c'était peut-être la seule solution… Encore fallait-il qu'il y parvienne… Car c'était un sortilège complexe, qu'il n'avait encore réussi qu'une fois sur deux… Mais avait-il seulement le choix ?

- Alors Snape ? On ne daigne pas nous répondre, reprit le premier Auror. Que c'est impoli… Mais nous allons t'apprendre la politesse et les bonnes manières, n'est-ce pas ?

Se disant, il leva sa baguette, et lança enfin le début des festivités… Mais à son grand étonnement, son maléfice n'atteignit jamais sa cible. Au lieu de cela, il alla se fondre dans une épaisse fumée noire ayant l'étrange forme d'un homme, mais pas la consistance, et vint finir sa course sur l'un de ses collègues. Aucun des Aurors présents n'eurent le temps de comprendre ce qui leur arrivait, que déjà la silhouette noire immatérielle se ruait vers le premier groupe et les traversait, leur laissant une désagréable sensation poussiéreuse, sans pour autant être douloureuse…

Une fois qu'il eut franchi la barrière humaine, Severus se rematérialisa, la fine poussière noire qu'il était devenu se rassemblant et se recompactant, lui redonnant alors une consistance solide. Cela lui procurait toujours une sensation des plus étranges, de se volatiliser de la sorte, mais c'était si jouissif de faire un tel pied de nez aux Aurors… Jouissif et éprouvant aussi, rectifia-t-il mentalement, quand il sentit ses genoux fléchir, tandis qu'il récupérait une apparence humaine… Oui, sacrément éprouvant… Mais ce n'était pas le moment de flancher, se rabroua-t-il. D'autant plus qu'il entendait déjà les Aurors reprendre leur esprit.

Severus se retourna alors vivement, juste à temps pour voir un stupefix le frôler, sans pour autant le toucher. Il para un autre petrificus d'un protego, et esquiva de justesse un troisième maléfice. Maintenant, il devait les isoler de lui, afin de se donner du temps pour fuir…

Déterminé et concentré, il leva donc son bras gauche, laissant son bouclier s'évanouir, tandis qu'il pointait sa baguette droit devant lui, en criant de toutes ses forces, presque en un cri désespéré :

- Aedifico ater murus

A peine eut-il fini son incantation, qu'une barrière immatérielle bloqua les Aurors et les sortilèges… La même barrière qui avait été utilisée lors de ce terrible soir à la tour d'astronomie, empêchant quiconque ne portant pas la Marque honnie de passer… Malheureusement, un des sortilèges avait tout de même eu le temps d'atteindre Severus avant qu'il ait pu finir son sortilège. Et une douleur cuisante lui vrillait à présent l'épaule gauche.

Severus jeta un bref regard à la nouvelle estafilade. Rien de bien mortel, le sortilège n'avait fait que le frôler, fort heureusement. Il releva aussitôt les yeux vers les Aurors, visiblement furieux de s'être faits si facilement avoir et qui essayaient tant bien que mal de défaire sa barrière.

- Ton Maître t'a apparemment appris quelques tours, à ce que je vois, reprit le plus ancien de la troupe, d'un ton hargneux, mais calme.

Cependant Severus préféra ne pas répondre. Il se contenta de leur adresser une légère courbette, et tourna les talons, faisant magistralement virevolter sa robe noire dans son sillage, alors qu'il prenait la fuite en sens inverse et dévalait les escaliers capricieux.

Il était arrivé maintenant au niveau du troisième étage, quand une silhouette s'interposa à nouveau sur son chemin, l'empêchant de descendre les dernières marches de l'escalier qu'il venait d'emprunter… Etait-il à ce point maudit que tout le château et ses défenseurs semblaient s'être ligués contre lui ? Severus s'apprêtait à faire marche arrière tout en maintenant en joue son adversaire, mais un rapide coup d'œil par-dessus son épaule lui apprit que toute retraite lui était impossible, une deuxième personne bloquant le haut de l'escalier… Maudit, vous dis-je…

- Severus, tu es cerné, rends-toi.

- Professeur Slughorn, Professeur Vector, répondit le dénommé d'une voix suave, doucereusement suave. Laissez-moi passer, et il ne vous arrivera rien.

Un fin sourire ironique souleva les épaisses moustaches de Slughorn, tandis qu'il dévisageait le Maître des potions qui avait été son élève, un des meilleurs d'ailleurs, et qui était ensuite devenu un collègue, comme s'il cherchait à déceler ce que ces yeux sombres et ténébreux pouvaient bien cacher. Mais sans succès…

- Tu n'es pas en mesure de parlementer ou d'exiger quoi que ce soit, Severus, alors rends-toi.

« Se rendre ? Se rendre ? Mais pour qui me prend-il ? » Ragea Severus pour lui-même, mais gardant son célèbre masque impassible, faisant croire à un calme olympien, un calme bien trompeur et mensonger…

Non, il ne se rendrait pas. Jamais. Et encore une fois, il se devait de trouver une échappatoire. Et vite, car la bagarre faisant rage dehors semblait mugir plus faiblement déjà… Aucune issue possible ni devant, ni derrière… Ne lui restait donc plus, comme seule option, que celle de s'échapper par les côtés… Ce qui voulait dire le vide…

Severus regarda rapidement par-dessus la rambarde… Fichtre, cela faisait une sacrée hauteur. Et inutile d'essayer de réitérer l'exploit de la falaise en essayant de transplanner, cela était impossible dans ce château… Maudit château… Or à cette hauteur, il allait se rompre le cou…

- Severus, reprit Slughorn, légèrement inquiet d'avoir compris les intentions du jeune homme. Tu n'as aucune chance.

- Ne faîtes pas de folie, voyons, intervint Vector à son tour.

De folie ? Mais toute cette histoire était déjà pure folie, alors un peu plus, un peu moins… Severus réévalua rapidement la hauteur, puis après un dernier regard à son ancien professeur et directeur de maison, lui faisant comprendre toute sa détermination, il s'élança vers la rambarde, l'enjamba prestement aussi souplement qu'un fauve et sauta par-dessus… dans le vide…

- Non, entendit-il les deux professeurs s'écrier dans son dos.

Trop tard. Il sentit le vide le happer, le vide… Lui qui avait longtemps eu peur du vide justement… Quelle ironie du sort… Il tenta toutefois de ralentir sa chute d'un sortilège, espérant que sa lourde cape aiderait aussi, quand il entraperçut soudain une autre rambarde à portée de main. Sans doute dans un réflexe désespéré de survie, sa main se tendit, sans qu'il n'ait eu besoin de le lui ordonner, et agrippa le vieux bois vermoulu, plus que râpeux sous sa peau que le contact brutal brûlait, alors qu'il la sentait inexorablement glisser… Les lois de la pesanteur était décidément inéluctable, même dans le monde la magie, songea-t-il subrepticement, avant de parvenir dans un ultime effort, à agripper la rambarde de son autre main.

Malheureusement il avait oublié son épaule blessée, même si légèrement. Et cette pression supplémentaire si soudaine, si inopinée, relança une vive douleur dans tout son côté gauche, lui arrachant un cri de douleur, avant qu'il ne se laisse tomber.

Il entendit des exclamations de surprise et de peur, provenant à la fois d'en haut et d'en bas. Certainement son cri malencontreux avait-il alerté quelques badauds… Mais très vite, le dur contact du sol de pierre se fit sentir, ses jambes cédant de suite sous la pression et la douleur, le laissant s'effondrer sur le côté, misérablement… Ce contact fut toutefois moins douloureux qu'il ne l'avait pensé… Le fait qu'il ait pu se rattraper à la rambarde avait dû sacrément amortir la chute, et il ne devait plus lui rester dès lors de grande distance à parcourir avant d'atteindre la terre ferme…

Il tenta de se relever, vacillant, sentant ses jambes trembler fortement. Apparemment rien de cassé. Des muscles endoloris certes et quelques contusions, mais rien de bien irréparable. Quand il fut enfin sur pied, il affermit sa prise sur sa baguette, précieuse baguette qu'il était parvenu, miraculeusement, à conserver dans sa main gauche durant sa chute… Puis il daigna relever le regard. Pour constater, avec désarrois, que quasiment toute la horde de ses anciens collègues lui faisait face, telle une barrière humaine, avec un air à la fois surpris, hébété, choqué… et haineux. Ou du moins méchamment déterminé à capturer l'assassin de leur très estimé directeur…

- Severus, toi ? Ici ? Fit le Professeur Sinistra, la première à reprendre ses esprits.

- Non, ce n'est qu'une illusion, voyons, rétorqua Severus d'un ton mordant et sarcastique.

- Garde donc ton ironie pour le procès, intervint Bibine. Tu n'es pas le bienvenu. Et tu es cerné.

- J'ai comme l'impression d'avoir déjà entendu cette réplique, ne put-il s'empêcher de répliquer, tout en fusillant le professeur de vol du regard.

Mais il ne put émettre le moindre sarcasme supplémentaire, car un sortilège d'électrocution vint le frapper traîtreusement de dos, le faisant tomber à genoux, sans pour autant qu'il lâche sa baguette. Au contraire, sa main se crispa davantage encore sur le bois rugueux, en même temps que chacun de ses muscles criait au crime… Puis un second, un peu moins puissant toutefois, suivit son prédécesseur.

Cette fois, Severus céda, et se laissa glisser sur le côté, sa main laissant rouler le précieux bout de bois à quelques mètres d'elle, alors que le maléfice s'estompait. Pourtant Severus pouvait encore sentir tous ces muscles se contracter et protester vigoureusement contre ce traitement infâme. Certes, traitement moins dur qu'un endoloris, mais tout de même infâme… Et son cœur… Severus avait l'impression que celui-ci allait percer sa cage thoracique tant il battait fort.

- Horace, s'écria une voix derrière lui. Une voix lointaine que les brumes de son esprit parvenait encore difficilement à entendre. Horace, arrêtez.

- Mais Minerva…

- Je vous remercie Horace, continua la dénommée. Mais je crois que ce ne sera pas nécessaire d'aller plus loin. Ah Harry, contente de vous voir arriver.

Minerva… Minerva et Potter, parvint à assimiler Severus, tandis que son esprit reprenait peu à peu pied dans la réalité, en attendant que son corps cesse de crier douleur…

- Que s'est-il passé ? Fit la voix grave du jeune homme.

Severus vit soudain une silhouette s'approcher de lui, fendant la barrière humaine que formaient les professeurs de Poudlard, ceux-ci s'écartant d'ailleurs de suite pour céder le passage à l'Elu. La silhouette sembla s'arrêter à quelques mètres à peine de lui, alors qu'il pouvait entendre des pas, des pas rapides, ceux de Minerva, et des pas plus lourds, certainement ceux de son bourreau, Slughorn, qui se rapprochaient également de la scène dans son dos.

- Que s'est-il passé ? Répéta Potter, cette fois avec une once d'inquiétude et de colère dans la voix.

Ou peut-être rêvait-il… En effet, pourquoi Potter serait-il inquiet, ou même en colère, n'est-ce pas ? Poudlard ne semblait pas être encore tombée aux mains du Lord Noir… Et ce n'était certainement pas la vue de l'espion qu'il détestait le plus, ainsi blessé et à terre, qui pouvait provoquer en lui de tels sentiments, n'est-ce pas ?

- Je ne sais pas, Harry. Je ne sais pas, répondit Minerva d'une voix tranchante et sèche, de cette voix qu'elle prenait lors de ses cours. Je ne sais pas, mais je compte bien le savoir. Severus ? Severus, m'entendez-vous ? Pouvez-vous vous lever ? Demanda-t-elle.

Le dénommé la chercha alors du regard, tentant d'accommoder sa vision pour mieux distinguer ses interlocuteurs. Alors que ses yeux se réadaptaient peu à peu à une vision normale, il put apercevoir l'air de profond étonnement, de surprise interloquée et de lourds questionnements s'installer sur le visage des autres professeurs. Certainement étaient-ils choqués de l'attitude… comment dire… inquiète et protectrice de leur directrice, envers un mangemort présumé assassin du grand Albus Dumbledore… Il en aurait presque ri, tant ils paraissaient stupides, s'il n'avait pas eu aussi mal.

- Severus ? Répéta Minerva.

- Severus ? Que s'est-il passé ? Fit brutalement une nouvelle arrivée, qui n'était autre que Pomfresh.

Celle-ci, voyant que la bataille s'estompait, avait décidé de se rendre au devant de ses possibles blessés et venait d'apercevoir une longue silhouette noire par terre. Silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien…

- Rien, voyons, grommela enfin l'interpellé d'une voix rauque. Juste une petite course poursuite, un saut dans le vide, quelques maléfices… Mais rien de bien méchant.

Cependant le fait qu'il n'ait pas encore tenté de se lever démentait clairement le contraire.

- Cessez donc vos railleries, et essayez de vous lever, si vous le pouvez, intervint Harry, tout en tendant sa main à l'homme à terre pour l'aider à se remettre debout.

Severus hésita quelques secondes, tenta de se relever seul, mais finalement la douleur fut la plus forte, et il dut accepter cette poignée de main, même si cela lui fendait le cœur de faire montre d'une telle faiblesse. Surtout devant tant de témoins… Malheureusement, ses jambes eurent du mal à soutenir son poids, et il vacilla dangereusement. Il ne dut qu'aux réflexes fulgurants du jeune Gryffondor de ne pas retourner par terre. Harry venait de le rattraper de justesse par le bras, et leur visage n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre…

Severus se serait bien écarté vivement, s'il s'en était senti la force, mais il dut s'avouer que la poigne de fer du garçon lui était pour l'heure plus que salutaire. Il mit donc sa fierté et son orgueil de côté, et s'appuya sur le support que le plus jeune lui offrait pour assurer son assise. Puis, doucement, il écarta Potter de lui, lui faisant comprendre d'un regard que point trop n'en fallait non plus…

C'est alors qu'il put apercevoir la mine presque sinistre de ses anciens collègues. Dire qu'ils étaient stupéfiés aurait été un doux euphémisme. Ils ne devaient certainement rien comprendre à la scène se jouant devant eux, et mille questions devaient se bousculer dans leur cerveau alors en ébullition…Enfin, pour ceux qui en avaient un, bien entendu…

- Severus, que s'est-il passé ?

Minerva et son ton autoritaire…

- Comment allez-vous ?

Pomfresh et son âme d'infirmière…

- Plus tard, Minerva. Et ça ira bien, Pompom. Il le faut bien de toute façon, leur répondit-il d'une voix basse, tout en détournant son attention des autres spectateurs pour le moment pétrifiés.

- Alors, il faut vous dépêcher, car les Aurors, que vous avez croisés en haut, ne vont pas tarder à arriver.

L'intervention de Slughorn surprit Severus. Et sur le moment, il ne put déterminer à quel sentiment il voulait laisser libre court. Son admiration pour avoir réussi là où des Aurors avaient échoué ? La rage de voir que son ancien directeur de maison l'avait ainsi attaqué sans scrupule ? Ou la pointe de déception qu'il ressentait d'avoir dû se retrouver dans une telle situation avec cet homme qu'il avait appris à estimer ? Mais quand il croisa le regard de l'homme, d'habitude si débonnaire, il sut. Slughorn avait compris. Peut-être pas tout, mais l'essentiel.

- Et la bataille aux portes de l'école va bientôt prendre fin. En notre faveur. Donc les Aurors de ce côté-ci ne vont pas tarder non plus, ajouta Harry.

Severus remarqua alors qu'il n'était pas le seul à être blessé, même si pour Potter cela semblait encore assez superficiel…

- Et celle dans la forêt a été rondement menée par les centaures, continua le garçon, qui n'avait apparemment pas remarqué le soudain regard scrutateur de Snape sur lui.

Le Gryffondor se mit brusquement à fouiller dans ses poches et en sortit un vieux parchemin, apparemment vierge. Un parchemin qui rappelait étrangement quelque chose à Severus... Potter sembla hésiter un instant, jetant un bref coup d'œil presque coupable vers ses professeurs, puis se décida enfin.

- Je jure que mes intentions sont mauvaises, murmura-t-il tout en pointant sa baguette vers le dit parchemin, sur lequel apparurent aussitôt de fins tracés et une délicate écriture à l'encre noire.

- Qu'est-ce ? S'enquit Severus, d'un ton inquisiteur.

Harry releva aussitôt le regard vers le Maître des potions, une leur de défi et d'amusement dansant dans ses prunelles couleur poison.

- La Carte des Maraudeurs, souffla-t-il.

- C'était donc ça, fit Severus en retour, après un bref regard sur la carte où il vit leur nom à tous inscrits dans ce qui devait représenter le Grand Hall.

Il comprit instantanément, et toutes les pièces du puzzle se mirent rapidement en place. Il releva lentement ses obsidiennes sur le garçon et soutint le regard moqueur de celui-ci, tous deux sachant de quoi ils parlaient exactement.

- Bon, vous réglerez vos comptes plus tard, intervint Minerva, croyant à un énième conflit entre les deux hommes. A quoi sert donc cette carte, Potter ? Demanda-t-elle à son tour, le « Potter » revenant sur le champ comme s'ils étaient en cours.

Harry lui expliqua brièvement à quoi servait la dire carte, ignorant délibérément les hoquets de surprise, d'étonnement réprobateur ou de fausse offuscation… Il avait mieux à faire, et s'employait à scruter chaque recoin du château que la carte lui indiquait.

- C'est bon. Il n'y a plus de Mangemorts dans l'enceinte de l'école. Et les Aurors sont toujours bloqués en haut, fit-il enfin, une fois son inspection finie. Je ne sais pas comment vous avez fait…

- Mieux vaut que vous ne le sachiez pas, le coupa Severus, intérieurement flatté et troublé que Potter ait révélé « son » secret devant lui.

La confiance semblait peu à peu s'installer. Une réelle confiance, s'entend bien…

- Mais je crois tout de même que votre carte est quelque peu incomplète. Il manque certains passages secrets, ainsi qu'une ou deux salles cachées des cachots.

- Severus…, fit Minerva agacée de ce comportement enfantin. Nous n'avons pas le temps…

- Oui, je sais, la coupa-t-il à nouveau. Minerva vous les montrera, pour que vous puissiez la compléter.

Après tout, n'en ayant plus l'utilité lui-même, il pouvait bien à son tour révéler « son » secret… Enfin, plutôt l'un de ses secrets… Il montrait ainsi la confiance qu'il voulait bien accorder en retour au preux Gryffondor.

- Je dois y aller, conclut-il, tout en se retournant vers l'endroit où il avait vu sa baguette rouler.

Mais elle n'y était plus. A la place, se tenait Slughorn. Ce dernier s'avança doucement vers lui, et, ayant compris ce que cherchait le jeune homme, lui tendit le bout de bois aux sculptures fantaisistes.

- Je ne sais pourquoi ni comment elle a pu parvenir entre vos mains, jeune homme, mais tâchez d'en prendre soin et d'en faire bon usage.

Severus se sentit plus que troublé. Slughorn avait reconnu la baguette d'Albus… Il ne lui faudrait pas longtemps pour tout assimiler et remettre dans l'ordre… Saurait-il garder le silence ? D'ailleurs tous ces témoins ici présents… Trop de témoins… Perturbé, bien que son masque indéchiffrable restât bien en place, Severus ne répondit rien, et s'empara simplement de la baguette, d'un geste lent et presque révérencieux. Oui, il y prendrait soin… Inutile de le lui dire…

- Je vais y aller. Minerva, je crois que certaines mesures s'imposent… Trop de gens… Ce serait risqué si… Enfin, vous voyez.

- Oui, ne vous en faîtes pas, je m'en charge avec Potter.

- Faîtes-leur passer un serment. Celui que vous voulez, mais faîtes-leur passer un serment. On n'est jamais trop prudent, exigea-t-il, en dardant son regard noir sur chaque personne présente, ignorant les exclamations outrées de certains, ou les claquements de langue réprobateurs et agacés des autres.

- Oui, je vous ai dit que je m'en chargeais, répéta Minerva, alors que Severus s'éloignait déjà. A demain, Severus, ajouta-t-elle.

- Je doute pouvoir répondre présent demain, Minerva, fit-il sans pour autant se retourner. Mais je vous ferai signe, comme d'habitude.

Il sortit alors par l'entrée principale, alors qu'il n'aurait jamais cru pouvoir franchir à nouveau ces lourdes portes un jour, en tout cas certainement pas vivant, puis s'engouffra dans le lourd manteau noir et glacial de la nuit, en direction de la forêt… Il s'élançait déjà dans le parc, plongé dans une obscurité lourde et menaçante, foulant à grandes enjambées l'herbe mouillée qu'il entendait crisser sous ses pas, quand il entendit au loin les derniers mots de Minerva.

« Faîtes attention… ». Pfff… Comme s'il avait pour habitude de ne pas faire attention et de foncer tête baissée dans le danger tels ces ânes bâtés de Gryffondors…

Il avait à peine parcouru une dizaine de mètres, quand son attention fut brusquement distraite par le pâle éclat lunaire se reflétant sur une pierre blanche… Non, sur une tombe blanche…

« La Tombe d'Albus », réalisa-t-il, une sourde émotion le saisissant brutalement. Il n'avait même pas eu l'opportunité de venir se recueillir sur cette tombe, devant la tombe de l'un de ses plus grands mentors, de l'homme qu'il avait le plus respecté de toute sa vie, de l'homme qu'il avait appris à connaître, à apprécier… et à aimer. Oui, aimer, comme un fils aimerait son père… Combien de fois Albus l'avait-il comparé au fils prodigue perdu et retrouvé ?

Sa raison lui dictait de faire fi de ces émotions pitoyables qui l'étreignaient si pathétiquement, mais son corps semblait refuser de lui obéir… Il se vit impuissant avancer inexorablement, lentement, vers la dite tombe, d'un pas incertain et vacillant, tandis que sa main blême et tremblotante se tendait pour toucher la pierre rugueuse…

Il sentit le contact dur et froid sous ses doigts, puis, comme s'il venait de ressentir une brûlure cuisante, il retira brusquement sa main… Non, il ne pouvait souiller cette tombe, comme il avait souillé l'homme… Non, il n'en avait pas le droit… Il se laissa alors tomber à genou, la tête basse, les épaules affaissées dans un sourd gémissement, et des sanglots silencieux et sans larme s'emparèrent de lui… Il savait que ce n'était ni le lieu ni le moment, mais il ne pouvait s'en empêcher. Il en avait besoin, il le devait…

Soudain, il sentit une présence à ses côtés… Non, rectification, deux présences… Mais ses instincts lui dictaient qu'il n'avait rien à craindre de ces présences… C'est pourquoi il ne bougea pas d'un pouce, et resta là, à genou, relevant simplement lentement les yeux sur la tombe immaculée qui lui faisait face…

- Severus, commença une voix aux accents écossais qu'il aurait reconnue entre mille. Vous ne devriez pas vous attarder plus longuement. Ils ne vont pas tarder maintenant.

Minerva. Elle devait parler des Aurors, certainement.

- Snape. Ce n'est pas le moment, fit l'autre voix, plus masculine.

Potter. Voix qu'autrefois il avait honnie, sans vraiment savoir pourquoi d'ailleurs, mais qu'il avait appris à mieux connaître, à mieux comprendre. Une voix qui avait étonnamment mûri ces derniers temps… Voix qui le ramena instantanément à la réalité…

Forçant alors son visage à reprendre une expression de marbre, il se leva, quelque peu chancelant. Après un dernier effleurement de la pierre si précieuse à ses yeux, il se décida à détourner le regard et à reprendre la fuite… La fuite… Toute sa vie ne se résumerait donc qu'à ça ? La fuite ? Il avait fui son père et son enfance et s'était réfugié à Poudlard dans le giron de la dure maison de Serpentard… Il avait ensuite fui cette école où il n'avait connu que tourments pour se réfugier dans les bras trompeusement protecteurs du Lord Noir et des Mangemorts, sombre famille parricide et fratricide… Il avait ensuite fui son soit disant Maître, pour trouver refuge de nouveau à Poudlard dans les bras de Dumbledore. Puis, finalement, il avait fui le lieu de son crime, Poudlard, pour se réfugier… nulle part… Non, cette fois, il n'avait trouvé aucun refuge…

Lui qui avait toujours eu besoin, et avait encore besoin, d'un refuge, d'un repère pour avancer, se sentait soudain seul et abandonné, comme jamais il ne l'avait senti… Abandonné dans son immense désert de solitude et de culpabilité… Peut-être était-ce cela grandir ? Se retrouver seul face à ses démons et leur faire face… Seulement, voilà, lui n'avait pas le courage de faire face à ses vieux démons… Peut-être n'avait-il pas le courage de grandir…

Sans trop savoir comment, il avait atteint la lisière de la forêt interdite, et il revint à la sordide réalité, quand il sentit un vent frais et l'odeur caractéristique de sombres peurs latentes envahir ses sens de nouveau en éveil…

Il avança prudemment, baguette au poing, éclairant son chemin d'un faible lumos. Mais rapidement, il entendit tout autour de lui des bruits de sabots se déplaçant nerveusement, et l'encerclant… Les centaures… A n'en pas douter, les nobles créatures venaient de l'encercler et semblaient vouloir l'empêcher de souiller leur forêt et territoire…

- Sombre Humain, fit une voix grave et rauque qu'il était sûr d'avoir déjà entendue, mais sur laquelle il ne parvenait de suite à replacer un nom. N'avance pas davantage dans notre forêt, au risque de connaître notre juste courroux.

- Bane, répondit simplement Severus, qui avait déjà eu affaire à l'ombrageux centaure, et venait tout juste de se rappeler de son nom.

- Estime-toi heureux que l'on te laisse une chance de t'en sortir, et va-t'en. Ne souille pas davantage notre forêt, esclave meurtrier.

« Esclave meurtrier ». Ces mots frappèrent durement Severus au plus profond de son âme, déjà passablement torturée. Mots durs, mais ô combien vrais, il ne pouvait que l'admettre.

- L'esclave meurtrier ne vous veut pas de mal, rétorqua-t-il cependant d'un ton acide, ne pouvant retenir plus longuement sa rancoeur.

- Comment peux-tu affirmer ça avec tant d'aplomb, Severus ? Comment peux-tu mentir si éhontément, alors que tes actes passés ont prouvé maintes fois que tu ne cherchais qu'à faire le mal ? Intervint un autre centaure, plus âgé, et quelque peu plus majestueux aussi.

Magorian. Severus reporta de suite son attention sur le magnifique centaure qui s'avançait vers lui de quelques pas, devançant légèrement son troupeau et signifiant clairement à tous que c'était avec lui que l'on devait traiter. A tous, humains, et non humains, comme le souligna son regard dur envers le jeune centaure présomptueux qui n'avait de cesse de briguer sa place de chef de troupeau, à savoir le jeune Bane… Ce dernier toutefois, ne tenta pas de pousser l'affront plus loin, et se tut, bien que ses prunelles froides et meurtrières se reportassent sur le Maître des potions avec plus de rage encore…

Severus s'inclina alors respectueusement devant le vieux centaure au port altier.

- Magorian, commença-t-il d'une voix moins dure. Je ne mens pas, mais je n'ai guère le temps de vous en donner la preuve. Je n'ai jamais manqué de respect envers votre peuple, veuillez au moins m'accorder ceci.

Le centaure sembla le juger longuement, tandis que Severus soutenait son regard sans ciller, prunelles de jais dans prunelles d'acier. Mais aucune animosité particulière ne pouvait être lue dans chacun des deux regards. Non, simplement un profond respect chez l'humain, et une profonde déception chez le centaure…

- Je te l'accorde, convint enfin Magorian, sans pour autant se départir de sa lueur de déception. Mais je dois aussi avouer que tu m'as profondément déçu, humain.

- Déçu ? S'étonna Severus

- Oui, déçu. J'avais placé tant d'espérances en toi, jeune prodige parmi tes paires… Certes peu prodige dans les domaines qui nous tiennent à cœur, à nous centaures, mais tu recelais de tant d'autres talents… Quelle déconvenue de voir un génie d'esprit tel que toi se donner aux Ténèbres. Quel soulagement de te voir revenir, même si un peu tardivement, vers la Lumière… Pourquoi nous as-tu finalement trahi ? Pourquoi ?

- Vous trahir ? Répéta Severus incrédule. Mais je ne vous ai jamais trahi. Et comment l'aurais-je pu d'ailleurs ? Commença-t-il à s'emporter finalement, retrouvant sa voix froide et grondante, sans prêter plus d'attention à Potter et Minerva qui venaient de les rejoindre, cette fois accompagnés de Hagrid et de Fileus. Les centaures n'ont pas daigné choisir de camp, à ce que je sache. Comment aurais-je donc pu trahir un peuple qui préfère se terrer dans la forêt, à l'abri dans son territoire ? Comment…

Mais il s'arrêta en plein milieu de sa phrase, Magorian l'arrêtant d'un signe impérieux de la main, alors que des bruits de sabots agités et coléreux s'élevaient tout autour de lui, plus que menaçants.

- Du calme, humain, fit le vieux centaure.

L'emploi du terme humain ne présageait rien de bon pour Severus, ce qui eut l'effet d'une douche froide et suffit à le calmer.

- Tu n'es pas en position de nous juger.

Certes. Un point pour le vieux centaure, concéda silencieusement l'espion.

- Nous n'avons peut-être pas prêté allégeance au vieil homme et ne lui avons rien promis, mais il est hors de question de prêter mains fortes aux humains se nommant pompeusement « Mangemorts ». Si notre forêt est menacée, nous combattrions incontestablement aux côtés de ceux protégeant la vie.

Ces paroles, même si elles ne résolvaient pas son problème présent, apportèrent un soulagement considérable à Severus… et aux autres humains présents, cela va sans dire. Et cela dut se lire dans son regard d'ébène, car le vieux centaure sembla soudain perplexe.

- Quel humain difficile à lire tu fais, Severus, reprit Magorian. Tu sembles… rassuré.

Severus baissa alors le regard, ne voulant pas répondre, puis reporta son attention sur les autres centaures, dont Bane… Ce regard suffit pour être pris par le jeune fou de centaure comme une agression, et aussitôt il menaça Severus de son arc. Ce dernier ne broncha pas, bien que se raidissant, et soutint le regard haineux du « canasson », attendant sa sentence qui ne saurait tarder.

- Bane, tenta le vieux centaure, souhaitant visiblement éclaircir certains points avant d'en venir à de telles extrémités.

Mais le dénommé ne put attendre plus longuement et décocha sa flèche. Severus pinça simplement les lèvres et crispa les poings, attendant inexorablement l'impact qui ne saurait tarder, tandis qu'un cri étouffé légèrement à sa droite lui fit pleinement prendre conscience de la présence des quatre autres humains, témoins impuissants de la scène. La flèche pourfendit l'air en sa direction, en tournant majestueusement sur elle-même, et sa pointe acérée vint violemment gifler la joue droite de Severus, pour finalement achever sa course endiablée dans l'écorce d'un arbre centenaire…

Severus ne put réprimer un soupir de soulagement, tout en reprenant une respiration quelque peu normale, sans pour autant lâcher son agresseur du regard. Cependant celui-ci, enragé que l'humain ne daigne pas baisser les yeux devant lui, commença à ruer, prenant appui sur ses pattes arrières et menaçant le Maître des potions de ses pattes avant, plus meurtrières encore qu'un sortilège… Mais le patriarche de la troupe ne l'entendait pas de cette oreille, et s'interposa, ruant à son tour face au jeune effronté, et lui donnant un violent coup de sabot pour le ramener à un semblant de raison et le faire rentrer dans les rangs.

Ce qui sembla suffisamment efficace : Bane céda rapidement et recula, reprenant sa place parmi les autres centaures qui se contentaient de regarder la scène, si commune pour eux, en silence, patiemment… Ils avaient confiance envers le vieux Magorian, c'était un meneur digne de leur troupeau, qui avait toujours su prendre les bonnes décisions, et en ces temps troublés, ils avaient besoin de lui, et non d'un étalon trop fougueux et impétueux comme Bane…

- Humain, reprit le chef des centaures, une fois la paix rétablie au sein de ses troupes. Je constate avec joie que tu n'as pas perdu ton sang-froid légendaire. Tu sais faire preuve d'un certain courage… Il est dommage d'avoir gâché tant de talents et de valeurs…

- Magorian, répondit enfin Severus. Je ne vous ai pas trahi, pas au sens où vous l'entendez. Je ne peux vous en dire plus, si ce n'est que les apparences sont parfois trompeuses… Je…

Mais les mots lui manquèrent. Que dire d'autres… De toute façon, qui pourrait le croire…

- Alors finalement, tout n'est peut-être pas perdu, reprit le plus vieux, d'un air mystérieux et songeur.

Severus releva subitement les yeux, interloqué.

- Non, tout n'est peut-être pas perdu, continua le centaure. Si le Protecteur est revenu aux côtés de l'Elu, peut-être y a-t-il un espoir…

Le Protecteur ? L'Elu ? Ces termes, Severus ne les connaissait que trop bien, ils faisaient référence à l'oracle de la famille Prince, ce fameux oracle… Cependant, il était bien l'un des rares humains présents à comprendre un tant soit peu de quoi voulait parler Magorian. Harry, qui avait saisi qu'il était vaguement question de lui, sembla soudain se réveiller.

- De quoi parlez-vous ? L'Elu ? Vous parlez de moi ? Et si c'est le cas, alors qui est le Protecteur ?

Le regard émeraude du gamin allait de Magorian à Severus, puis de Severus à Magorian, réclamant des explications pressantes.

- Tu ne lui as rien révélé ? S'enquit Magorian, en regardant Severus droit dans les yeux.

- Non, répondit-il, laconique. Mais comment savez-vous ? Comment connaissez-vous donc cet oracle ?

Des ricanements amusés venant du troupeau l'entourant lui parvinrent. Mais si la situation les amusait au plus haut point, il n'en était rien le concernant. Non seulement le temps pressait, car les Aurors ne tarderaient pas à venir, sans compter les Mangemorts qui devaient encore l'attendre au repère, mais en outre, les centaures détenaient peut-être des réponses dont il avait cruellement besoin…

- Comment sommes-nous au courant de cet « oracle » ? Et bien tout simplement, parce que celui ou celle qui a proféré cet oracle, oracle plus que fiable, j'en ai peur, n'est autre que l'un des rares humains disciples des centaures. Et nos disciples, humains ou non, ne peuvent que nous répéter leurs oracles, comme l'exige la tradition, afin de perpétuer leurs prédictions au cours du temps, jusqu'à ce que soit venu le temps de leur réalisation.

- Et le temps est venu ? Continua Severus.

- A ton avis ? Je crois que tu as déjà fait tes propres conclusions, jeune Severus. Ton destin approche, ainsi que celui de ce jeune homme, tout comme celui du vieil Albus Dumbledore était venu. Le Guide a accompli son œuvre, le Protecteur a commencé la sienne, pour que l'Elu puisse à son tour réaliser la lourde tâche qui l'attend.

- Le guide… répéta Severus. Il s'agit d'Albus, n'est-ce pas ? Demanda-t-il soudain enfiévré.

Aucune réponse verbale ne lui parvint clairement, mais le regard lourd de sens du vieux centaure suffit pour lui affirmer qu'il avait vu juste.

- Le Protecteur… Moi. L'Elu… fit Severus, prenant alors seulement pleinement conscience de toute l'ampleur du vaste échiquier, au milieu duquel il se tenait.

- Il n'est plus temps de reculer Severus, reprit Magorian. Maintenant que tu as commencé, tu dois aller jusqu'au bout, et continuer malgré tout…

- Continuer malgré tout… répéta Severus quelque peu hagard.

Les mêmes mots qu'Albus lui avait dits avant de mourir… Avant…

- Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ? Commença à s'impatienter Harry, plus que perdu… redoutant de comprendre ce qu'il venait d'entendre.

En fait, il y aurait d'autres sortes de prophéties, qui ne concerneraient pas que lui, mais aussi d'autres personnes, personnes chargées de l'aider dans sa tâche ? Et ses personnes seraient en fait Dumbledore et Snape ? Pour Dumbledore, soit, mais pour Snape… Ils étaient censés se haïr, non ?

- Severus, tu devras un jour lui expliquer, ordonna Magorian, en désignant d'un signe de tête le jeune Gryffondor, presque aussi impétueux et irrespectueux que Bane.

Severus foudroya le centaure du regard, mais dut céder, tout comme Bane l'avait fait précédemment, devant ce regard d'acier d'une volonté implacable.

- Oui, je lui dirais, mais pour l'heure, je dois passer, répondit-il, revenant à ses premières priorités.

- Oui, tu dois passer, fit le vieux centaure, sans pour autant s'écarter pour lui livrer passage.

Ce qui eut le don d'agacer l'espion, qui commençait à sérieusement bouillonner intérieurement. Mais que leur fallait-il de plus pour comprendre ? Il n'avait pas le temps pour des explications plus poussées… Le laisseraient-ils donc passer ? Qu'ils se décident, nom d'un barde !

- Je te dois des excuses, jeune humain, reprit le chef des centaures. Je t'ai mal jugé. Je t'ai accusé sans fondement, alors que j'aurais dû savoir, te connaissant, ce qu'il en était vraiment.

Severus fut plus qu'étonné qu'un centaure daigne présenter ses excuses à un humain. Et profondément ému aussi… Combien de fois avait-il reçu de telles excuses, de la part de ses paires, pour un jugement trop hâtif ? Trop peu souvent à son goût, constata-t-il amer. Alors venant d'un centaure… Mais il ne sut que répondre, et préféra accorder au digne centaure un simple hochement de tête, plus fiable que sa voix n'aurait pu l'être en pareilles circonstances.

Puis les centaures s'écartèrent enfin, lui faisant presque un haie d'honneur, ce qui impressionna considérablement Severus, même s'il n'en laissa rien paraître. Il avança alors d'un pas d'abord hésitant, puis plus pressé, entre les magnifiques créatures qui lui indiquaient ainsi le chemin, et finalement, partit en courant, sa longue silhouette se fondant bientôt dans l'obscurité écrasante de la forêt.

- Magnifique ! Entendit-il à peine Minerva s'exclamer, alors qu'il était déjà au loin.

- Si Albus avait été là ! Renchérit Hagrid, presque la larme à l'œil. Un grand homme, Dumbledore. Un grand homme. Je suis sûr qu'il aurait été content.

- Oui, conclut simplement Fileus. Content et fier.

Seul Harry garda le silence, profondément troublé par les révélations qui s'offraient soudainement à lui, tandis que les centaures avaient déjà tous disparu dans la forêt. Ainsi il n'était pas le seul dont le destin l'attendait… Et son destin était même lié à des personnes dont il n'aurait même pas eu idée… Voilà qui méritait réflexion…

Fin du chapitre.