Mardi 02 janvier 2007
Auteur : Imeldamizi (moi quoi)
Titre : Propriété privée (titre de umbre77)
Résumé : Draco Malefoy obtient toujours ce qu'il veut, quelque soit le prix à payer, le temps à attendre et les personnes à écraser. Vernon Dursley va l'apprendre à ces dépends, mais celui qui va le plus en souffrir est son neveu, Harry Potter.
Disclaimer : rien à moi tout à JK.Rowling, sauf l'idée qui est de umbre77.
Rated : M ou R voir même NC-17 pour certaines scènes très difficiles à venir.
Genre : Romance, drame (je pense), mais happy end.
Avertissement à lire impérativement : ceci est un slash, c'est-à-dire l'histoire de deux hommes ayant des relations amoureuses et sexuelles. En plus, l'un des partenaires est mineur dans cette fic, puisque chez le moldu, chez nous donc, la majorité est à 18 ans, cela implique un sens immoral que je tiens à souligner pour ne pas avoir de problème. Je vous préviens aussi que je vais exposer par la suite des scènes vraiment dures, violentes sexuellement et mentalement parlant. Si cela vous rebute ou vous gêne ne continuez pas, s'il vous plait. Merci.
Note de moi : Salut tout le monde ! Voilà donc le chap 2, comme promis. Le 3 sera pour le semaine prochaine, le lundi normalement. Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m'ont envoyé une review, je dois dire que je reste sans voix devant leur nombre, je ne m'attendais pas à un tel succès. Ca me fait vraiment très plaisir, même si j'ai du passer 4 heures à y répondre ! lol Les RAR sont donc à la fin du chap. Gros bisou à tous et bonne lecture !
Dédicace : A Umbrette, sans qui cette fic n'existerait pas.
Bêta : Druine, elle le vaut bien parce que franchement, elle a beaucoup de travaille, la pauvre.
Chapitre 1 : les jeux sont fait.
Vernon Dursley détailla la façade de l'immeuble devant lequel il était garé, un frisson d'excitation lui courant l'échine. Cela faisait vingt ans qu'il rêvait de ce moment. Vingt ans qu'il courrait après cette reconnaissance.
Ce soir, il ferait son entrée dans la sacro-sainte cours des géants du poker.
La première fois qu'il avait joué à ce vénérable jeu, c'était à l'internat, à Smelting. Il avait 11 ans. Son argent de poche y était passé mais une grande passion était née. Par la suite, il y jouait si souvent qu'il était devenu un véritable expert. Le poker était devenu une véritable obsession pour lui. Il se sentait si puissant, si intouchable lorsqu'il dépouillait ses partenaires d'un soir de leurs bourses qu'il ne pouvait se résoudre à stopper.
Un jour qu'il passait une soirée entre homme, chez les Polkiss. Il avait fait la connaissance de Barty Croupton, un cousin éloigné de ses hôtes. Alors qu'il s'apprêtait à rentrée chez lui, le portefeuille plus lourd des gains de la soirée, Croupton s'était imposé à lui pour faire un bout de chemin en sa compagnie.
« Je suis tout engourdi. Marcher me fera du bien. » avait-il argué.
Bien qu'agacé, Vernon n'avait pu dire non. Jamais il ne remercierait assez Croupton d'avoir tant insisté. En effet, sur le chemin, le jeune homme lui avait proposé de l'accompagner à une soirée privée sous la tutelle du Cercle d'Asmodée, société secrète de niveau international de joueurs professionnels de poker. Vernon s'était retenu de lui sauter dessus de joie. Il avait bien entendu accepté l'offre tout de suite.
Cela faisait des années qu'il tentait de pénétrer ce cercle très fermé. Mais toujours, on lui avait claqué la porte au nez, n'ayant pas les bonnes relations. Dix ans qu'il rongeait son frein en se faisant la main sur des petits joueurs.
Avant de se rendre au club, Barty lui fit un briefing sur le Cercle d'Asmodée. Il était régi par une hiérarchie inébranlable, divisés en quatre niveaux. La Cours, les Arcanes Mineurs, les Arcanes Majeurs et les Wizards.
Le premier niveau, la Cours, représentait tous les joueurs n'appartenant pas aux trois autres catégories mais jouant assez bien pour faire partis du cercle. C'était par là que n'importe quel nouveau membre du Cercle devait passer pour espérer monter en grade.
Le seconde niveau, les Arcanes Mineurs, étaient constitués 56 personnes, réparties en Quatre Ordre : les Bâtons, les Coupes, les Epées et les Deniers. Seuls les joueurs les plus doués de la Cours pouvaient espérer en faire parti. Pour cela, il fallait vaincre sept fois une même Arcane Mineur, ou gagner une Olympiade, organisé à la mort ou à la montée en grade d'un titré.
Le troisième niveau, les Arcanes Majeurs, formé de 22 personnes. C'était le seul groupe où tous les membres étaient sur le même piédestal. Il n'y avait pas de dominant et tous pouvait aspirer au grade supérieur avec égalité des chances. Dans ce groupe seul le talent comptait. Comme pour les Arcanes Mineurs, les Majeurs devait s'affronter dans un tournoi lorsqu'une place chez les Wizards se libérait.
Les Wizards, justement, le dernier niveau divisé en deux sphères, les Chiffres et les Figures. Seuls les joueurs d'élite y parvenaient. Il était constitué de 56 personnes réparties en Quatre Maison symbolisée par les quatre couleurs : Gryffondor (le cœur), Poufsouffle (le carreau), Serdaigle (le trèfle) et Serpentard (le pique). Chaque Maison avait ses propres caractéristiques.
Les Gryffondors étaient appelés les fils de Moira, car la chance leur souriait plus qu'à quiconque. D'une témérité frisant la folie, ils avaient la réputation de prendre des risques inconsidérés. « Ca passe ou ça casse. » étant leur mot d'ordre.
Les Poufsouffles étaient les petits épargnants. Plus prosaïques, ils prenaient le moins de risques possible et ne misant gros que s'ils étaient certains de gagner. « Prudence est mère de sûreté. » était leur hymne.
Les Serdaigles jouaient avec une science du jeu incroyable, il était très difficile de les berner sur les règles. Tacticiens et très bons analystes, ils se targuaient de connaître parfaitement leurs adversaires. « Un homme averti en vaut deux. » était leur fer de croix.
Quand aux Serpentard, ils étaient les rois du bluffe. Rusés et vicieux, ils détenaient la palme dans l'art consommée de la tricherie et de la torture mentale. « La fin justifie les moyens. » était leur leitmotiv.
Pour montrer en grade chez les Wizards, il fallait d'abord être un Chiffre, toujours le Deux en prenier, le Dix étant le niveau suprême permettant d'accéder au statut de Figure. Par la suite, on occupait le grade supérieur à la mort ou la destitution du précédant titré. Il arrivait parfois qu'une personne saute un grade mais c'était extrêmement rare.
Les Figures étaient la crème de l'élite. Contrairement aux Chiffres, où il y avait neuf niveaux, là, il y en avait que quatre, l'As étant la Figure dominante, l'Empereur souverain du Roi. Et pour finir, la crème de la crème, le titre que seuls les joueurs les plus doués avaient l'honneur de porter : les Jokers. Semblables aux Dieux, ils dirigeaient le Cercle, ils ne jouaient qu'entre eux – il arrivait parfois qu'il accepter des Figures, mais c'était exceptionnel – et misaient gros, très gros… On disait qu'en une soirée, on pouvait devenir millionnaire ou clochard. Cet Eldorado avait fait rêver Vernon dès qu'il en sut l'existence.
Le soir du rendez-vous venu, Croupton l'avait amené dans un club privé, le Chaudron Baveur. Bien sûr, n'y entrait pas qui le voulait. Il fallait être parrainé par un autre membre pour y être accepté. Croupton avait été son parrain.
Ils avaient joué dans une grande salle bruyante et opaque de fumée de cigarette. Durant cette soirée mémorable, Vernon avait démontré tout son savoir faire et avait gagné coup sur coup, raflant le pactole. Contrairement aux soirées chez les Polkiss, la mise était beaucoup plus importante. Le lendemain, il s'offrit une nouvelle voiture.
Par la suite, il s'était acheté bien des choses grâce à ses gains. Sa femme pensait que c'était grâce à ses affaires étaient fleurissantes. Heureusement qu'il avait épousé une femme incapable de comprendre les répercutions néfastes que pouvait avoir la crise économique sur son entreprise !
Au fur et à mesure des années, il montait de plus en plus en grade, pour parvenir au titré très convoité du Roi de Carreau. Cela faisait seulement un an qu'il était entré dans le cercle des figures et sa fulgurante ascension en avait épaté plus d'un. Il ne s'était jamais senti aussi important. Il était devenu un puissant parmi des puissants. Une chose qui l'exaltait dans cette société très fermée, c'était de pouvoir côtoyer des personnes influentes, de la scène politique, musicale ou cinématographique, même des têtes couronnées de ce monde, et d'en être indéniablement la star.
D'ailleurs, quelque temps après être devenu une Figure, il s'était installé dans une villa ultra-moderne du quartier le plus chic de la capital. Maintenant, il ne partait plus en vacance sur les côtes froides d'Angleterre ou chez sa sœur, mais à Tahiti ou New-York. Il était invité à des cocktails à Hollywood, à des vernissages à Paris et à des soirées électorales à Washington. Il jouait au golf avec les grands pontes de ce monde et sa famille ne s'habillait que chez des grands couturiers. Il s'était acheté un yacht, un véritable petit bijou.
Et maintenant, ça… une invitation de Blaise Zabini, en personne…
Tout joueur de poker donnerait père et mère pour avoir ce petit carton en main. Car Blaise Zabini n'était autre que l'héritier en titre de la famille fondatrice du Cercle d'Asmodée.
En effet, c'était Austin Zabini qui avait crée cette société en 1856. Etant toujours neutre et n'ayant le droit de participer à aucun jeu, les membres de cette famille arbitraient les parties les plus importantes et s'assuraient à ce que les dettes soient dûment réglées.
Le casino Zabini était réputé de part le monde. Les touristes y affluaient comme les abeilles sur le miel pour y dépenser leurs économies et entrapercevoir les stars qui y descendaient régulièrement. Cependant, très peu de personne savait que le casino était le siège du Cercle d'Asmodée et qu'il existait une pièce que seul les possesseurs de ce petit carton pouvaient en franchir les portes. La Chambre des secrets, la salle des trônes des Jokers.
Malheureusement pour Vernon, cette invitation ne signifiait pas qu'il allait devenir un Joker. Loin de là même ! Aucun des quatre Jokers n'était mort, seule condition pour qu'un nouveau soit nommé. De plus, il y avait trois personnes prioritaires à lui. Mais elle lui mettait déjà un bon pied à l'étrier. Sans oublier le prestige qu'elle lui apporterait au près de ses rivaux.
Vernon venait d'entrée dans la cours des grands. Ses mains lui picotaient déjà, impatientes de tenir les cartes. Ses petits yeux luisaient d'autosatisfaction et un sourire fat étirait ses lèvres. Ce soir était son grand soir. Il allait devenir une légende !
Avec une impatience mal contenue, il descendit de la voiture, tendit les clés au voiturier en lui recommandant de bien faire attention avec son petit bijou. Il offrit son bras à sa femme, superbe dans sa robe Chanel, et ils montèrent les marches recouvertes d'un tapis rouge flamboyant, d'un air supérieur ridicule, sous les flashs des photographes.
Quelques questions fusèrent parmi la horde de journalistes, mais les Dursley les snobèrent superbement. Ils n'avaient pas oublié les horribles calomnies de ces hyènes dont leur adorable fils avait fait l'objet suite à un malencontreux malentendu.
En effet, quelque mois plus tôt, Dudley, leur magnifique garçon, avait été accusé de viol par une arriviste de la pire espèce qui n'en avait qu'après leur fortune. Heureusement, la justice avait triomphé, donnant raison aux Dursley. Cela n'avait pas empêché les journalistes de médirent sur les relations de Vernon auprès du juge s'occupant par un heureux hasard de ce dossier épineux.
« Vernon, Pétunia, quel plaisir de vous revoir ! »
Vernon perdit aussitôt son sourire.
Gilderoy Lockheart, le gérant du casino, grand, blond, avec un sourire de publicité pour dentifrice. Un homme que Vernon n'appréciait pas particulièrement. Pour lui, Lockheart n'était qu'un parasite tout juste bond à dévergonder les femmes faciles.
« Ma chère Pétunia, permettez-moi de vous complimenter. Vous êtes d'une splendeur inégalable. » déclara Lockheart en faisant un baisemain à sa femme.
Vernon vit d'un très mauvais œil le rougissement de cette dernière. Il s'empressa de tendre la main à ce play-boy d'opérette pour couper court à cette scène déplaisante. Il vit une lueur railleuse dans les yeux bleus de Lockheart. Sale crapule !
Ils ne s'attardèrent pas dans la salle de jeu au combien bruyante et clinquante. Les Dursley suivirent Lockheart le long du casino, passant de salle en salle, s'arrêtant à peine pour saluer une connaissance. Tout le long du trajet, leur guide badina de manière fort charmante, faisant sourires éclatants et œillades charmeuses à une Pétunia rougissante de plaisir. Vernon, lui, grinçait des dents et incendiait son épouse du regard à chaque stupide gloussement, ayant hâte de se débarrasser de ce voleur de femme.
Plus ils avançaient et plus les salles de jeu étaient petites et le nombre de joueurs restreint. Au final, ils arrivèrent devant un ascenseur gardé par deux gorilles à la mine peu amené. Lockheart passa une carte magnétique dans la fente prévue à cet effet et les portes du monte-charge s'ouvrirent. Ils y pénétrèrent, le directeur fit un code que les Dursley ne virent, avant d'appuyer sur un bouton. A la grande surprise de Vernon, ils ne montèrent pas mais descendirent.
Quelques stupides gloussements, oeillades aguichantes et grognements menaçants plus tard, un « tin » signala leur arrivée. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un long couloir en bois précieux vert où plusieurs gardes étaient postés. Un grand homme noir, très beau et très élégant, se tenait devant eux, une main dans la poche de son pantalon et l'autre tenant un téléphone portable qu'il pianotait rapidement. Dès qu'il les vit, il rangea son mobile et leur fit un affable sourire.
« Voilà les derniers privilégiés, Patron ! » annonça gaiement Lockheart avec un sourire clinquant.
Vernon comprit alors qu'il avait en face de lui Blaise Zabini. Malgré leur célébrité, il était très rare de voir des photos des Zabini dans les journaux. Peu de personne savaient donc à quoi ils ressemblaient. Vernon en resta un peu bête. Il ne l'avait pas imaginé ainsi. Il le voyait plus âgé, plus… blanc…
Sous le regard noir impassible de leur vis-à-vis, Vernon se sentit tout d'un coup moins sûr de lui.
« Merci, Gil. Tu peux remonter. » congédia Zabini.
« Pétunia, au plaisir de vous revoir. » susurra Lockheart, un baisemain et coup d'œil séducteur à l'appui. « Vernon, que la force… euh, je veux dire que la chance soit avec vous ! » ajouta-t-il, légèrement moqueur.
Pétunia battit des cils en pouffant comme une truie et Vernon l'aurait bien étranglé. Lockheart disparut dans l'ascenseur, les laissant entre les mains du maître des lieux.
« Mr et Mrs Dursley, je suis Blaise Zabini, le propriétaire de ce casino. Je suis honoré que vous ayez pu répondre présent à mon invitation. » dit le noir en s'inclinant légèrement.
« Tout l'honneur est pour nous ! » s'empressa d'affirmer Vernon faisant une profonde courbette.
Pétunia fit une révérence pleine de grâce. Elle s'était entraînée des heures devant son miroir pour y parvenir sans faire craquer les os de ses genoux ou se retrouver sur les fesses. Si elle l'avait raté, Vernon ne le lui aurait jamais pardonné.
« Si vous voulez bien me suivre. Les autres joueurs sont déjà arrivés. »
« Le carton d'invitation précisé bien 20 h, il me semble ? » s'enquit fébrilement Vernon, inquiet de faire mauvaise impression.
« Ce n'était pas un reproche, Mr Dursley. Vous n'êtes pas en retard. Je dirais même que vous êtes en avance d'un quart d'heure. Les autres sont juste des parasites adorant dévaliser ma cave à vin. Voilà pourquoi ils viennent toujours deux heures avant l'heure dite. » le rassura Zabini avec un sourire rassurant.
Vernon resta un instant interdit avant de partir d'un grand rire, prenant cela pour une plaisanterie. Quel joueur digne de ce nom irait s'enivrer avant une partie ? Pétunia l'accompagna aussitôt et Zabini se contenta d'un sourire. Ils suivirent un véritable labyrinthe de couloirs, tous gardés par une armée d'hommes baraqués en noir. Tant de surveillance sidéra les Dursley.
« La salle des coffres n'est pas loin, il est donc normal que la sécurité soit renforcée à ce niveau. Je ne voudrais pas que des personnes malveillantes s'introduisent ici. » leur expliqua Zabini.
Les Dursley se gonflèrent d'orgueil que le maître des lieux ait suffisamment confiance en eux pour leur révéler cette information. Une nouvelle fois, un sentiment de puissant envahit Vernon. Il était un grand.
Ils finirent par déboucher sur une énorme porte en bois. Elle donnait sur un vaste salon décoré avec goût. Quelques personnes y étaient déjà, discutant tout en jouant aux cartes. Vernon connaissait pratiquement tout le monde, la plupart étant des Figures et leurs moitiés. Il les salua avant que Zabini le prie de le suivre, sans sa femme. Il constata avec satisfaction que bon nombre des autres invités le fixaient avec envie. Eh oui, mesdames et messieurs, il allait jouer avec les Dieux !
Laissant une Pétunia désappointée derrière lui, Vernon emboîta le pas au propriétaire d'une démarche voulue princière mais rendue un peu vacillante par l'anticipation. Zabini le guida au fond de la salle, devant une porte dérobée qu'il n'avait pas remarqué. Un joker à la mine canaillou y était gravé. Zabini l'ouvrit grâce à un passe et un frisson courut l'échine de Vernon. Son cœur battait à tout rompre, ses mains lui démangeaient.
Ils entrèrent.
La pièce était petite et sombre. Il n'y avait qu'une lampe située juste au-dessus de l'unique table de jeu. Trois personnes y étaient déjà installées, attendant visiblement le dernier joueur. Lui.
« Mr Dursley, voulez-vous bien vous asseoir ? » proposa Zabini en tirant l'unique chaise libre à la table.
D'un pas tremblant, la respiration un peu saccadée, il obéit. Une fois installé, il ferma un bref instant les yeux, tentant de calmer les battement frénétiques de son cœur.
« Mr Dursley, laissez-moi vous présenter vos adversaires de la soirée. A votre droite, vous avez Alastor Maugrey… »
Un homme très laid, mutilé même, qui avait un œil de travers. Alastor Maugrey, dit Fol Œil, était une légende vivante dans le milieu. On disait qu'il était le premier Joker et qu'il n'avait fait sa fortune qu'en plumant ses adversaires. Il avait aussi la réputation d'être un chasseur de milliardaire, adorant les déposséder jusqu'à leur dernière chemise. Vernon aurait sûrement embrassé le sol qu'il foulait s'il n'était irlandais. Encore un rebut de l'humanité !
Vernon inclina légèrement la tête en guise de salut. L'autre lui répondit par un simple grognement.
« A votre gauche, le cheik Hassan Rafiq Ben Mourad Al-Khazim… » poursuivit le noir.
Rien qu'aux vêtements aberrants et à la peau basanée de cet homme, Vernon aurait deviné qu'il était l'un de ces rois du pétrole arabes. Il retint difficilement un reniflement méprisant. Il haïssait ces gens-là, plus encore que les irlandais et les français réunis, c'était pour dire… Ils se saluèrent d'un hochement de tête.
« Et en face de vous, Draco Malefoy. » acheva Zabini.
Vernon réprima avec peine un sursaut de surprise.
Draco Malefoy !
« Mr Dursley. » le salua poliment ce dernier.
Draco Malefoy s'adressait à lui ! Vernon en resta paralysé. Il n'aurait jamais espérer, même dans ses rêves les plus fous, lui parler un jour, et encore moins en un tel endroit. Bien sûr, il l'avait déjà aperçu lors de soirées mondaines, mais jamais ils n'avaient été présentés.
Blond, jeune – il n'avait que 25 ans – et extrêmement beau, Draco Malefoy était à la tête du Trust Grindelwald, un géant mondial dont l'activité était aussi diverse que fructueuse.
Depuis la mort de son père, quatre ans plus tôt, il la dirigeait d'une main de maître, si bien que ses détracteurs de l'époque étaient tous à ses pieds maintenant. Un mot de lui pouvait vous propulser parmi les étoiles, tout comme il pouvait vous plonger dans la fange. Il brassait des millions chaque jour et son argent de poche devait être l'équivalent des bénéfices de Vernon en une année… si ce n'est plus ! Pas étonnant donc, qu'il soit à la tête d'une des plus grosses fortunes mondiales.
Rencontrer Draco Malefoy était un privilège tenant du miracle, le riche héritier ayant une vie sociale très restreinte. Et même s'il possédait toutes les qualités requises pour faire la Une des journaux à scandale – beau, jeune, riche et célèbre –, il n'y figurait que très rarement. Le fait qu'il est mis sur la paille un quotidien très respectable qui avait eu l'outrecuidance de publier des photos compromettantes de son défunt père, en avait refroidi plus d'un. Quand on avait la fortune de Draco Malefoy, on savait protéger sa vie privée.
Mais que faisait-il là ? Autant, la présence de l'irlandais et de l'arabe ne le surprenait pas outre mesure, autant celle de Draco Malefoy le stupéfait. Il n'aurait jamais cru qu'un garçon si jeune puisse faire parti des Joker… mais peut-être qu'il n'était que l'invité d'un soir, comme lui ? Oui, c'était sûrement ça.
Mais tout de même, les invités à cette table n'étaient que des Figures, alors cela voulait dire que ce mioche était tout de même haut placé dans le cercle malgré son âge. C'était déroutant et même rageant. Dire qu'à lui, il lui avait fallu des années ne serait-ce que pour rentrer dans le Cercle !
Vernon avait du mal à reprendre contenance. Malgré sa rancune, il était tout de même très honorer. Il se retenait de lui sauter dessus pour lui serrer la main avec ferveur et lui hurler son admiration. Il n'était pas suicidaire. Toucher Draco Malefoy sans sa permission engendrait moult disgrâces. De tout façon, il était trop surpris pour ne serait-ce que respirer.
« Mr Dursley, vous sentez-vous bien ? » s'enquit Zabini, les sourcils légèrement froncés.
Vernon se rendit compte qu'il était le point de mire de tous. Il ferma brusquement la bouche, se sentant parfaitement idiot et cessa de fixer bêtement le blond. Il essuya frénétiquement la sueur perlant sur son front et s'éclaircit la gorge.
« Hum, oui, oui. » assura-t-il de sa voix la plus convaincante.
« En êtes-vous sûr ? » insista le noir.
« Mais oui. » répondit Vernon, un peu agacé.
« Si vous en êtes sûr… Messieurs, je vous présente donc Mr Vernon Dursley, le Roi des Poufsouffle, qui remplacera Miss Marchebank, ce soir. »
Il eut un petit silence où les trois autres joueurs le jaugèrent comme s'ils cherchèrent à évaluer ses capacités. Vernon leur lança un regard nerveux, en respirant bruyamment. Il fallait qu'il se calme, il était bien trop agité. Ce n'était pas bon pour le jeu.
« Messieurs, comme le veut la tradition, vous allez signer le contrat d'usage avant de débuter la partie. » reprit Zabini. « Je vous rappelle qu'il stipule que tout peut être mis en jeu. Absolument tout. Et que les parties présentes s'engagent à régler leurs dettes sans protester, en temps et en heure. »
Tous hochèrent la tête, connaissant par cœur ce contrat. Lorsqu'on faisait parti du Cercle, la première chose que l'on apprenait était cette règle. Ils signèrent le contrat à tour de rôle. Zabini le prit et le donna à un homme dont Vernon ne vit pas le visage. Des femmes aux corps de rêves déposèrent des jetons devant chaque joueur. Vernon lorgna le décolleté pigeonnant de l'une d'elle, sans vergogne.
« La mise minimale est d'un million de livres sterling. » annonça Zabini en mettant un jeu de carte flambant neuve au centre de la table.
Vernon faillit cracher ses poumons. Bien évidemment, les regards des autres se portèrent immédiatement sur lui – eux ne semblaient pas étonnés outre mesure. Un million de livres sterling ? Ils étaient complètement siphonnés !
« Eh bien alors, Dursley ! Trop gros pour toi ? Je ne l'aurais pas cru, pourtant ! » se moqua Fol Œil avec ce qui pouvait passer pour un sourire, un regard éloquent sur la forte carrure de Vernon.
Ce dernier se retint de le rabrouer. Il pouvait parler avec sa figure de monstre !
« Y a-t-il un problème, Mr Dursley ? » s'enquit poliment l'arabe.
Il ne lui accorda même pas un regard. Par contre, il pouvait difficilement ignorer Draco Malefoy qui était juste en face de lui. Il eut du mal à soutenir son regard – le genre de regard qui vous donnez envie de vous cacher dans un trou de souris. Il ne voulait pas que ce gamin le voie comme un poltron. Et puis, s'il se retirait avant même d'avoir joué, sûr que sa réputation en prendrait un sacré coup. Il ne pouvait pas se permettre de ruiner vingt ans de travail. Il se ressaisit donc et affirma d'un ton hautain avec un sourire infiniment suffisant :
« Il n'y a aucun problème. Nous pouvons commencer… si vous êtes prêt, bien sûr. »
Il reçut trois regards glacials auxquels il répondit par un sourire pas moins confiant, malgré un frémissement intérieur. C'est qu'ils étaient capables d'éteindre un volcan en éruption rien avec leurs yeux, ces trois-là !
Un million de livres sterling. La mise était énorme, certes, mais lui, il était un véritable génie au poker. S'il n'était pas encore Joker, c'était uniquement parce que la mère Marchebank rechignait à trépasser. Bien sûr, il y avait de crétin de Diggory, l'As de Poufsouffle, sur son chemin. Mais c'était lui qui avait reçu cette invitation et pas ce prétentieux. Il allait faire ses preuves. Et aussi doués que soient ses adversaires, ils allaient tous s'incliner devant son talent inné.
Toute son assurance retrouvée, il afficha un sourire fat se voulant conquérant, tout en prenant une carte dans le Choixpeau – un tas de chiffons rapiécé aux allures un peu fantasque, on aurait dit un chapeau de sorcier – pour savoir qui allait distribuer en premier. Il tira un as. Ce fut donc à lui de donner les cartes.
Sa belle assurance fut bien vite mise à mal lorsqu'il perdit une somme de cinq millions dès la première partie. Vernon fut effrayé par à la vitesse à laquelle la mise augmentait. Et la suite ne lui rendit pas le sourire. Plus la soirée avancée, plus il devenait nerveux, le visage décomposé. Le montant de ses pertes ne faisait que s'alourdir, alors que la jauge de ses gains restait désespérément au même niveau, c'est-à-dire à zéro.
La soirée s'écoula dans un silence oppressant et tendu, seulement interrompu par le tilt des jetons et la voix des joueurs. Les parties étaient très serrées, les coups de bluffe se succédaient, les gains étaient mirobolants et les pertes faramineuses.
Fol Œil était celui qui gagnait le plus, à grand renfort de coup de bluffe. Vernon était encore ulcéré de s'être fait berner par ce Casimodo et d'avoir perdu 15 millions de livre, lors d'une partie. Un vil Serpentard à n'en pas douter. Maugrey avait tout de même perdu son magnifique yacht, le Nimbus 2000, au profit de l'arabe. En contrepartie, il avait raflé 35 millions. De quoi s'acheter plusieurs yachts de la trempe du Nimbus.
L'arabe, le cheik Hassan-truc-machin-Ben-quelque-chose, était horripilant. Ce devait sûrement être le Joker des Serdaigle, vu sa manie presque maladive de disséquer chaque coup, prolongeant chaque partie inutilement et donc stressant encore plus Vernon. Cet esprit analytique lui avait permis de s'en sortir à bon compte pour l'instant, malgré la perte d'une somme assez énorme au profit de Maugrey – il fallait avouer que sur cette partie-là, Fol Œil avait eu un coup de génie ! Il avait tout même gagner le yacht de ce dernier. Vu le bijou qu'était le Nimbus 2000, il n'avait vraiment pas de quoi se plaindre.
Malefoy était celui qui faisait monté la mise en flèche bien qu'il n'ait clairement pas la chance de son côté, ce soir. Une vraie tête brûlée celui-là ! Un Gryffondor quoi ! Il pouvait bien être un requin des finances, au poker il était passablement nul ! C'était à se demander le motif de sa présence parmi eux.
Il perdait coup sur coup – même Vernon gagnait plus souvent que lui –, des sommes assez colossales qui plus est. Mais ce qui était encore plus prodigieux semblait être sa fortune car il n'avait pas mis une seule fois ses biens matériels en jeu, malgré ses lourdes pertes. Pour l'instant, il ne faisait que jeter l'argent par les fenêtres, avec un détachement tel que Vernon commençait à sérieusement le haïr. Si lui pouvait se permettre de perdre autant sans même sourciller, sûr qu'il s'inquièterait moins à chaque nouvelle partie !
Vernon était anxieux, très anxieux. Il perdait plus souvent qu'il ne gagnait. Il avait l'impression de collectionner les mauvais jeux, ce qui l'obligeait souvent à se coucher dès le début et égarer ainsi quelques précieux millions. Les rares fois où il s'était adonné au bluffe, il avait lamentablement échoué, comme si ses adversaires lisaient parfaitement en lui. Et quand il avait enfin la chance de son côté, ses gains ne suffisaient pas à contrebalancer ses pertes.
En temps normal, il aurait été frustré et insatisfait. Mais là, il était carrément au bord de la crise de nerf. Même en étant prudent, le déficit était plus qu'alarmant. Son tas de jeton baissait dangereusement, lui donnant des sueurs froides. Il pensa à plusieurs reprises à quitter la table, mais son immense vanité et la fièvre du jeu le maintenaient cloué sur sa chaise. Il était convaincu qu'il allait se refaire. Ce n'était pas possible autrement !
« Messieurs, ceci est la dernière partie. » annonça Zabini après un coup d'œil à sa montre en or, un long moment plus tard.
Hébété, Vernon ne comprit pas tout de suite ce qu'il venait de dire. Quand l'information fut enfin traitée, analysée et disséquée, il faillit sauter au cou du maître des lieux. Il se retint à grande peine de verser des larmes de dépit. Il était ruiné. Ruiné… En une soirée… Une seule soirée... en une soirée, il venait de perdre 67 millions de livre. 67 millions de livre Merde ! Pétunia allait le tuer !
Bien sûr, il n'était pas celui qui avait le plus perdu. Malefoy devait 122 millions, mais le blond ne semblait pas vraiment s'en soucier, alors que lui était au bord de l'apoplexie.
Lorsqu'il aurait payé ses dettes, tous ses comptes personnels seraient vides. Il allait devoir puiser dans les caisses de son entreprise pour vivre et se départir de son yacht tout nouvellement acheté ainsi que de ses maisons secondaires. Vu leur train de vie et la conjoncture actuelle, Vernon allait se faire des cheveux blancs dans les mois à venir. Il ne pourrait jamais redresser la situation sans s'endetter. La déchéance totale !
« Quoi ? » aboya Maugrey, mécontent.
Vernon sursauta.
« Il est presque 4 h du matin, Mr Maugrey. » expliqua le noir.
« Déjà ?! » s'exclama l'irlandais, visiblement surpris.
Vernon, lui, avait plutôt l'impression que cela faisait une éternité qu'il était en train de sombrer.
« Par les cornes du diable ! » pesta Fol Œil en jetant un regard noir à la montre de leur hôte. « On ne peut pas arrêter maintenant, je gagne ! » plafonna-t-il comme si c'était un argument irréfutable.
Vernon lui lança un regard vénéneux. Bien sûr qu'il gagnait, il naissait miraculeusement avec tous les meilleurs jeux ! Si ça ne sentait pas la triche, ça ! Mais comment le prouver ?
« Si on faisait une partie d'Avada pour finir en beauté ? » proposa l'irlandais avec un entrain soudain.
« L'Avada ? » s'enquit Draco Malefoy, un sourcil haussé, ce qui semblait être chez lui la manifestation suprême de l'ébahissement.
Vernon fut content que le blond pose la question, car lui non plus ne savait pas de quoi il s'agissait. Et comme il ne voulait pas passer pour un ignare en plus d'un malchanceux…
« Novice ! » railla Fol Œil, avec un mépris visible.
Draco Malefoy lui lança un regard si glacial que l'atmosphère perdit quelques degrés.
« Ooh ! Voilà donc le regard qui fait pisser tout le monde de terreur ! Il est effrayant, je te l'accorde, gamin ! Mais tu vas devoir le travailler encore un peu pour qu'il soit efficace sur moi, héhéhé ! Celui de ton grand-père était plus impressionnant ! » ricana Maugrey pas plus affecté que ça. « Enfin, c'est toujours mieux que celui de ton bon à rien de père. » ajouta-t-il avec dédain.
Le culot de ce type était inimitable ! Mais bon, c'était un irlandais. Ces gens-là n'avaient aucune éducation.
« Je vous remercie. » dit poliment Malefoy, pourtant le léger plissement de ses yeux trahissait sa colère. « Je vais jouer. » accepta-t-il.
Un vrai Gryffondor, je vous dis ! songea Vernon en dévisageant le blond comme s'il était cinglé.
« Et vous deux, vous êtes d'accord ? » bougonna Maugrey en fixant l'arabe avec espoir.
« Sans façon, merci. » déclina le cheik.
Cela ne semblait pas plaire à Fol Œil qui le fusilla du regard.
« Ne me dites pas que vous avez proposé l'Avada juste pour prendre votre revanche ? » railla l'arabe.
« Ce que tu peux m'énerver ! Mais un jour, je te plumerais, petit nomade ! » siffla-t-il.
« Je vous souhaite de tout cœur d'échouer, Fol Œil. » sourit angéliquement l'autre.
Seul un grognement lui répondit.
« Et toi, Dursley ? » aboya l'irlandais en se tournant vers lui.
Vernon resta silencieux, ne sachant pas quoi répondre. Sa prudence lui enjoignait de refuser, mais le démon du jeu et ses comptes en banque vide l'incitaient à tenter le coup.
« Alors, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? » l'apostropha Maugrey, agacé.
Vernon lui lança un coup d'œil assassin.
« Peut-être que si vous expliquiez concrètement les règles de l'Avada, Mr Dursley aurait moins de mal à se décider. » suggéra sarcastiquement Draco Malefoy.
Il l'avait percé à jour, le bougre ! Lui qui ne voulait pas dévoiler son ignorance.
« Tss ! Je suis entouré de débutants ! » pesta Fol Œil.
Vernon se retint de lui foutre son poing dans la figure, à ce butor. Non mais pour qui se prenait-il, avec ses grands airs ?!
« L'Avada, de son véritable nom Avada Kedavra, consiste à distribuer cinq cartes à chaque joueur contre une première mise de cinq millions, sans possibilité de les changer de toute la partie. Celui qui donne les cartes misera ce qu'il veut pour que tous montrent une ou plusieurs cartes. Les autres devront suivre pour être encore de la partie. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tous aient découvert leur jeu. Si un joueur abandonne entre temps, ce qu'il aura misé sera bien entendu perdu. Bien sûr, vous pouvez vous coucher dés le début si votre jeu ne vous convient pas. » expliqua posément Zabini.
Cinq millions !!
Vernon en restait sans voix. C'était énorme ! Il ne pourrait jamais mettre en jeu une telle somme, à moins de parier ses biens matériels… mais s'il gagnait, il se renflouait en une seule partie.
Mère Prudence lui hurla de refuser. L'appât du gain fut plus fort.
Et puis s'il avait un mauvais jeu, il se coucherait dès le début. Au point où il en était, cinq millions de plus ou de moins ne ferait pas une grande différence.
« Très bien. J'en suis. » accepta-t-il, priant tous les saints du ciel que cette partie-ci soit la bonne.
« Hum, hum… Mr Dursley, je me vois dans l'obligation d'intervenir. » coupa Blaise Zabini. « Vous n'avez pas suffisamment de liquidités. Il vous faudra mettre vos biens matériels en jeu pour participer à cette partie. »
Vernon lui lança un regard hostile. Il le savait ça, crétin !
« J'en suis. » répéta-t-il avec défie.
« Très bien. Il en sera fait selon votre volonté. » s'inclina le maître des lieux.
Zabini porta un nouveau jeu de carte. Comme il l'avait découvert depuis qu'il était une Figure, à chaque nouvelle partie, on changeait de jeu pour minimiser les risques de tricherie. Mais ce n'était pas une mesure infaillible, comme l'attestait l'étrange chance de Fol Œil, ce soir.
Ils misèrent tous les cinq millions obligatoires – Vernon misa les bijoux de Pétunia –, puis tirèrent le distributeur de la partie. Ce fut Malefoy qui gagna avec son 10 de trèfle. Découvrant son jeu, Vernon retint in extremis un cri de joie.
Neuf. Dix. Vallet. Dame. Roi.
Aux couleurs de sa Maison.
Quinte Flush aux carreaux !
Magnifique ! Il allait gagner ! Il allait gagner !
Et avec un peu de chance, il récupèrerait même ses pertes, héhé !
« 20 millions pour voir un carte. » annonça Malefoy en posant ses jetons au centre de la table.
Vernon suffoqua. Toute sa joie dégringola d'un coup.
20 millions !!
Ce gosse était totalement cinglé ! Il pouvait encore miser une telle somme sans mettre ses biens matériels en jeu, après avoir perdu 122 millions ?! Mais jusqu'où s'étendait la fortune des Malefoy, nom de Dieu ?!
« Voilà un gamin comme je les aime ! » apprécia Maugrey, avec un rictus hideux. « Je suis ! »
Il jeta les jetons. Vernon regarda son jeu et la voix grinçante de son grippe-sou personnel, qui prit étonnamment l'apparence de sa délicieuse femme – il se demanda bien pourquoi étant donné que Pétunia était dépensière au possible –, lui hurlait de se coucher. Il ne l'écouta pas. C'était la première fois de toute la soirée qu'il avait un aussi bon jeu, il n'avait pas laissé passer sa chance à cause de ce stupide gamin !
« J-je suis. » cafouilla-t-il tout de même, en s'épongeant le crâne.
« Mr Dursley. » intervint Zabini.
Qu'est-ce qu'il lui voulait encore, celui-là ?!
« Au vu de la somme demandée, vous êtes dans l'obligation de mettre en jeu votre yacht et votre villa en France. » poursuivit le noir.
« Qu'est-ce que c'est que ce charabia ? Vous avez fait estimer mes biens ?! » s'indigna Vernon en se levant d'un bond.
« Evidemment. » confirma posément Zabini, nullement perturbé par le visage rouge de colère de Vernon. « Comme pour tous les autres joueurs. Vous comprendrez que je suis tenu d'apporter un minimum de garanti à mes clients. Recommander des partenaires qui ne pourraient régler leurs dettes n'est pas du meilleur effet pour un casino comme le mien. J'ai une réputation à tenir. »
« Dursley, assis ! Fallait pas accepter si t'avais les pétoches, lavette ! » marmonna Maugrey exaspéré par cette perte de temps.
« Mêlez-vous de vos affaires ! » vociféra Vernon, en fusillant Fol Œil du regard.
« Oh mais, ce sont mes affaires justement, mon gros ! Vu que ce joli pactole est pour moi ! » ricana grassement le russe.
« Mr Dursley, l'heure tourne. » souligna Draco Malefoy.
C'était dit avec plus de tact que Maugrey, au moins. Vernon regarda à nouveau son jeu et se rassit. La pilule était bien amère, pourtant.
« Est-ce à dire que vous êtes toujours des notre ? » s'enquit Zabini.
Vernon marmonna quelque chose qui pouvait passer pour un oui.
« Bien. Vous pouvez poursuivre. »
Vernon déglutit péniblement, fixant Malefoy à la dérobée. Dans quoi s'était-il fourré ? Il comprenait mieux que l'on puisse passer du statut de Crésus à celui de miséreux en une soirée.
Il regarda la carte dévoilée par Maugrey, valet de trèfle. Draco Malefoy mit le roi pique. Lui posa le valet de carreaux.
« 20 millions pour un autre carte. » claironna le blond, imperturbable.
Il jeta les jetons. Maugrey fit de même. Vernon fixa le pactole de 100 millions au centre de la table, puis son jeu… il envoya Pétunia-grippe-sou aux orties ! Ses voitures, son chalet en suisse et son pied-à-terre de New York furent mis en jeu.
Maugrey dévoila le roi de trèfle. Malefoy mit le valet de pique. Vernon dévoila la dame de carreaux. La mise suivante fut encore de 20 millions et Vernon du jouer sa villa aux Caraïbes et son chalet au Canada. Malefoy posa la dame de pique, Maugrey le dix de trèfle et lui, le dix de carreaux.
Vernon tentait à chaque nouvelle mise de ne pas trop réfléchir aux conséquences si jamais il perdait. Il y échoua lamentablement. Son front était barré d'un pli soucieux et il devait sans cesse l'éponger. Ses yeux lui brûlaient à cause de la sueur et de la fumée de cigare. Il buvait plus d'eau que de raison, résultat, il avait une envie pressante. Il ne manquait vraiment plus que ça !
La mise suivante fut à l'identique. Cette fois-ci, Fol Œil hésita à suivre. Il fixa Malefoy pendant un long moment, puis l'arabe, avant de pousser un grognement contrarié.
« Je me couche. Je sais reconnaître quand je suis battu. » grinça-t-il, ces mots semblant bien difficiles à sortir.
Il jeta ses cartes avec fureur.
« Je n'arrive pas à le croire ! Vous êtes vraiment impayable, Maugrey ! Que comptiez-vous faire avec deux paires ? » railla l'arabe.
« Oh ça va, hein ! C'était du bluffe ! » grommela Maugrey, le regard incendiaire.
« Je vois ça, en effet. » ironisa le cheik.
Fol Œil grogna plus férocement avant de bouder dans son coin. Tout se jouait maintenant entre Draco Malefoy et Vernon. Tous les regards étaient tournaient vers Vernon.
Ce dernier fixait les trois cartes du blond, tremblant légèrement. Et si jamais le blond avait aussi un Quint Flush ? Il se mordit férocement la lèvre inférieure, un instant paniqué. Il se rappela alors que le blond avait forcé le jeu toute la soirée, sa stratégie étant visiblement de miser gros pour dissuader ses adversaires de continuer. Mais elle n'avait pas trop fonctionné jusqu'à présent. Cela en disait long sur sa façon de jouer.
Un Gryffondor dans l'âme, ce gamin, songea Vernon, avec un certain soulagement.
Il décida donc de poursuivre, sûr d'être Crésus en personne à la fin de la partie. Il y avait tout de même 160 millions sur le tapis. Les yeux transformés en livre, il ne voyait plus que lui nageant dans un océan de billet. Vernon en avait presque la langue qui pendait.
« Je suis. » annonça-t-il d'une voix enfiévrée. « Je mise ma maison. »
« Hum, hum… votre maison seule n'atteint pas cette valeur, Mr Dursley. » souligna Zabini.
Il réfléchi à vive allure. Que pouvait-il mettre encore en jeu. Tous ses biens y étaient passés, sauf son entreprise. Mais s'il la mettait en jeu maintenant il n'aurait pas assez pour la mise finale. Il lança un regard fébrile vers Zabini, puis un assassin vers Malefoy. La stratégie de ce sale gosse fonctionnait à merveille. S'il se couchait maintenant, il perdrait tout le reste de sa fortune. Bien sûr, il converserait sa maison et Grunnings, mais sans argent pour les entretenir, il devrait de tout façon les vendre. Non, il devait continuer. Mais que miser ?
Ce fut en regardant le siège de Malefoy qu'il eut une idée.
« Et… grhum… et avec le contenu de la maison ? Est-ce que ça suffit ? »
« Justin ? » fit Zabini en se tournant sur la droite.
Une minute plus tard une main jaillit de l'ombre pour lui tendre un papier. Zabini y jeta un rapide coup d'œil.
« Cela suffira largement puisqu'il y aura un surplus d'environ 3 millions que vous pouvait mettre sur la mise finale. »
Vernon retint in extremis un soupir de soulagement. Il avait cru sa dernière heure sonnée.
« Très bien, très bien. » se réjouit-il.
Malefoy posa le dix de pique. Les mains de Vernon se mirent à trembler un peu plus. Il fixait la dernière carte que tenait le blond. Il s'obligea à respirait normalement et mit le roi de carreaux sur la table.
« Ohoh ! ça commence vraiment à devenir intéressant ! » s'exclama Maugrey, tout frétillant sur sa chaise.
Malefoy pencha légèrement la tête sur le côté, scrutant Vernon d'un regard troublé. Vernon comprit alors que le blond bluffait. A tous les coups sa dernière carte n'était ni le neuf, ni l'as de pique. Il devait reconnaître que le gamin avait magnifiquement joué le jeu jusqu'à présent – après tout, Maugrey s'y était laissé prendre – mais il n'avait pas su conserver son calme jusqu'à la fin, erreur qui allait lui être fatale.
Sûr qu'il venait de percer le jeune homme à jour, Vernon lui fit un sourire paternaliste légèrement suffisant. Le blond haussa un sourcil.
« 50 millions pour la dernier carte. » annonça calmement Draco Malefoy.
Une nouvelle fois, sa joie s'envola très loin de lui.
« Cinq… cinq… cinq… cinq… » s'étrangla Vernon, blême.
« Le disque est rayé, on dirait ! » ricana férocement Maugrey.
Vernon l'incendia du regard, avant de reporter ses petits yeux pleins de hargne vers Malefoy. Ce sale petit con ! Il savait qu'il ne pouvait pas gagner alors il mettait la mise hors d'atteinte. C'était totalement injuste !
Tendu, les doigts crispés sur la dernière carte restante, la respiration saccadée, le teint blême, il fixa haineusement Malefoy. Il ferma un instant les yeux, désespéré. Son entreprise seule ne suffirait pas à attendre la mise exigée, même avec le surplus de 3 millions de tout à l'heure. Vernon jeta un coup d'œil noir à Maugrey qui soupirait lourdement marquant son impatience et le stressant encore plus.
« Mr Maugrey, pourriez-vous contenir votre empressement, s'il vous plait ? Vous déconcentrez les joueurs. » pria Zabini.
« Oh, désolé ! Je ne le ferais plus, c'est promis ! » assura Fol Œil d'un ton ironique.
Vernon se reprit. Ce n'était pas le moment de flancher. Il s'était déjà trouvé dans cette situation plus d'une fois et il s'en était toujours sorti. Ce n'était pas un gamin à peine sorti du ventre de sa mère qui allait lui en compter !
« J-je suis. » murmura pathétiquement Vernon.
« Vous êtes sûr, Mr Dursley ? Il vous manquera 7,53 millions de livre pour arriver à la somme convenu. » prévint Zabini.
Vernon ferma les yeux, furieux et paniqué. Merde ! Merde !
« La maison de Marge… » commença-t-il.
« N'est pas à vous, Mr Dursley. » lui rappela sèchement Zabini.
« Mais, je n'ai plus rien à mettre en jeu… » souffla un Vernon cireux d'une voix très faible.
Il transpirait abondamment, signe d'une très grande angoisse chez lui.
« Quoi ? Même pas un cabot de race ? » se moqua Maugrey avec un rire gras.
« Alastor ! » réprimanda le cheik.
Vernon ne l'entendit même pas. Il déglutit difficilement. Il regardait sa carte comme si elle avait la solution. Il pouvait se retirer bien sûr, mais alors il perdrait tout de même tout. Sûr que Pétunia le truciderait… s'il se remettait d'une telle humiliation, bien sûr…
Il n'avait donc pas le choix, il devait continuer. Mais que miser ? Tous ses biens y étaient déjà passés et cela ne suffisait pas. Et pour avoir fait expertisé lui-même ses possessions, il savait qu'il ne se faisait pas rouler. Merde !
Réfléchi, bon sang, réfléchi !
Il ne sut jamais pourquoi a cet instant précis, l'image de son détestable neveu par alliance lui vint à l'esprit. Mais cela lui donna une idée d'une monstruosité infinie. Après tout, tout pouvait être joué… mais est-ce que ça suffirait ? Lui-même ne donnait pas une grande valeur à ce bon à rien.
« Mon neveu. » souffla-t-il.
Il eut un lourd silence.
« Je mets mon neveu en jeu. » claironna Vernon, d'une voix plus assurée.
Il eut un autre long, très long silence. Maugrey le fixait avec un dégoût évident. Il avait l'air de vouloir le frapper.
« Serait-il possible d'avoir une photo de lui ? » finit par demander Malefoy.
Ce fut Zabini qui répondit.
« Bien entendu. Justin ? »
Une main lui tendit un gros dossier. Il le posa sur la table, l'ouvrit. Il tendit une photographie au blond avant de lire :
« Harry James Potter, fils de James Potter et Lily Evans Potter. Affilé à la famille Dursley par sa tante, Pétunia Evans Dursley. A la mort de ses parents dans un tragique accident de voiture il y a 16 ans, il a été placé sous la tutelle de sa tante. Il a eu 17 ans le 31 juillet dernier et il vient de terminer de brillantes études au collège Hogwart, après avoir passé trois années à St Brutus, une école pour les cas difficiles, et six mois dans une clinique psychiatrique. »
Vernon resta bouche bée. Mais comment avait-il eu toutes ces informations ? Il sentit un frisson désagréable lui courir l'échine. Jusqu'où avaient-ils fouiné exactement ?
Draco Malefoy s'empara du cigare qui se consumait lentement dans le cendrier à côté de lui et le porta à ses lèvres, tandis qu'il examinait attentivement la photo. Il exhala lentement la fumée, formant de petits cercles concentriques avec la bouche, puis posa sur Vernon un regard perçant.
Un long moment passa ainsi. Vernon crut qu'il allait éclater tant ses nerfs étaient tendus. Draco Malefoy prit le temps de faire tomber la cendre et coinça le cigare entre ses dents avant de prendre la parole.
« On laisse tomber pour les 7,53 millions. Il les vaut largement. »
La mâchoire de Vernon se fracassa contre la table. Est-ce qu'on parlait bien de son bon à rien de neveu, cette espèce d'épouvantail sur patte dont le seul but dans la vie était de gâcher la sienne ? Décidément, ce Malefoy n'avait vraiment pas toute la tête !
Vernon se garda pourtant bien de protester. Pour une fois que ce parasite lui servait à quelque chose !
« Vous êtes sûr, Mr Malefoy ? C'est une somme relativement importante. » insista Zabini.
Vernon lui lança un coup d'œil irrité. Quel besoin avait-il d'insister ainsi, celui-là ?
« Parfaitement sûr. » assura Draco Malefoy
« Bien, dans ce cas, messieurs, voulez-vous bien dévoiler votre dernière carte ? » demanda Zabini.
Vernon jeta victorieusement son neuf de carreaux sur la table défiant Draco Malefoy du regard. Celui-ci regarda sa carte, secoua la tête d'un air résigné.
« Quoi ne me dis pas que tu bluffais, gamin ? » bougonna Maugrey, incrédule.
Vernon sauta de joie, renversa sa chaise, prenant l'attitude du blond pour du désespoir face à sa défaite. Il se mit à ramener avidement les jetons vers lui, tout en pavoisant, sous l'œil mauvais de Maugrey. Le cheik, lui, ne quittait pas Malefoy des yeux, les sourcils froncés.Mais Vernon n'en avait cru, tout à son euphorie.
Il avait gagné ! Il avait gagné !
Il prévoyait déjà comment dépenser son argent dûment acquis… Il allait pouvoir s'acheter un jet privé. Depuis le temps qu'il en rêvait ! Et Dudley serait content d'avoir sa Ferrari pour ses 18 ans ! Pétunia une rivière de diamant !
« Bluffer, moi ? » dit soudain Draco Malefoy avec un sourire carnassier qui fit avaler sa salive de travers à Vernon et le stoppa net dans son ramassage de jetons.
Le blond abattit alors son as de pique, signant le glas de tous les espoirs de Vernon. Ce dernier se laissa tomber sur son siège – que quelqu'un avait replacé, ce qui lui évita tout de même de se ridiculisé davantage –, plus pâle qu'un mort, alors que Maugrey poussa un rire tonitruant.
« J'en étais sûr ! T'es vraiment un vil Serpentard, toi ! » ricana Fol Œil.
« Pour une fois, je suis totalement d'accord avec vous, Alastor. Draco est vraiment digne d'être à la tête de cette Maison. » approuva sarcastiquement l'arabe.
« Serp…. Serp… serp… »
Ce fichu bâtard était à Serpentard ? Comment une telle tête brûlée pouvait être membre d'une si fourbe Maison ?
« Allons donc ! Voilà qu'il nous refait le coup du disque rayé ! » se moqua Maugrey. « Tu t'es fait avoir en beauté, Dursley ! C'est la technique préférée de petit blondinet : jouer au Gryffondor pour mieux berner ses proies. Tu devrais t'estimer heureux de cet honneur ! Il ne la fait pas à tout le monde ! »
Vernon lui lança un regard dépourvu d'amabilité. Il lui aurait bien fait ravaler son détestable sourire.
« Miss Turpin. » appela Malefoy, en se levant. « Je vous charge de cette affaire. »
« Et pour le garçon ? » s'enquit une femme dans la trentaine au visage austère.
« Je m'en occupe dès ce soir. Dursley, venez avec moi. » ordonna le blond.
« Je ne vais nulle part avec vous ! » s'alarma aussitôt Vernon. « Je rentre chez moi ! »
« Chez moi, vous voulez dire. » rectifia calmement Draco Malefoy. « A moins bien sûr que vous ne vouliez revenir sur votre parole. Est-ce le cas ? »
Vernon ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti. Il se souvint avec horreur que la famille de Barty Croupton avait été assassinée et que ce dernier avait été trouvé dans une beine à ordure en petit morceau, après qu'il se soit enfui pour échapper à ses dettes de jeux. Seul l'analyse de ses dents avait permis son identification, et jusqu'à ce jour, personne n'avait encore découvert son assassin. Mais tout le monde dans le Cercle savait ce qu'il en était. Les Zabini étaient impitoyables avec les mauvais payeurs.
« Je… non… je… je vous suis. » bégaya-t-il vaincu, tremblant de terreur, n'entendant même plus les grasses railleries de Maugrey.
Hagard, Vernon arriva quelques instants plus tard sur les marches donnant sur la rue sans même savoir comment. Une horde de paparazzis voulant absolument avoir en exclusivité des clichés de Malefoy, s'agglutina aussitôt sur eux. Le blond, pendu à son téléphone portable, descendait tranquillement les marches sans leur prêter attention, laissant à ses gardes du corps et aux agents de sécurité du casino le soin de maintenir les journalistes à distance.
Les photographes étaient si concentrés sur le multimillionnaire, qu'ils n'auraient même pas fait attention aux Dursley si Pétunia n'avait montré son inquiétude devant le teint blafarde de son mari avec tant d'effet sonore. Dès qu'ils les aperçurent, Vernon et sa femme furent rapidement mitraillés à leur tour et mille et une questions fouettèrent l'air vers eux, couvrant la voix stridente de Pétunia.
Mais Vernon n'entendait, ne voyait rien de tout ça. Il était toujours en état de choc. Il se répétait inlassablement que c'était un cauchemar dont il allait se réveiller d'un moment à l'autre. Mais les armoires à glace qui servaient de gardes du corps à Malefoy ne semblaient pas être le fruit de son imagination. Il ne voulait même pas savoir ce qu'ils lui feraient si jamais il tentait de s'enfuir.
Il revint à la réalité quand il buta brusquement contre quelque chose de très dure. Il leva les yeux pour reconnaître le visage peu amené de l'un des gardes du corps de Malefoy. Il recula d'un pas, terrifié.
« Entrez. » ordonna l'armoire à glace, d'un ton sans réplique.
Vernon avisa alors qu'il tenait la portière d'une longue limousine noire où Malefoy et Pétunia s'y étaient déjà engouffré. Il jeta un regard éperdu autour de lui, à la recherche d'une échappatoire mais le plissement des yeux du colosse lui faisant face lui apprit que toute fuite serait fort mal vue. Il se résigna donc et monta dans la limousine.
Malefoy était toujours au téléphone, donnant des indications de temps à autre à Miss Turpin. Assise en face du milliardaire, Pétunia semblait en extase devant le confort de la voiture. Le regard qu'elle jeta à son mari disait clairement : « j'en veux une comme ça ! ». Vernon détourna aussitôt les yeux. Il redoutait la réaction de son épouse lorsqu'elle saurait qu'elle portait sa parure de diamant pour la dernière fois, ainsi que ses toilettes hautes coutures. Elle le tuerait sans aucun doute. Sa femme pouvait paraître frêle comme ça, mais elle avait une poigne hallucinante et un caractère de mégère.
Il retint un gémissement consterné. Comment en était-il arrivé là ? Il s'était fait berné en beauté par un gamin et avait perdu toute sa fortune en une seule nuit. On pensait toujours que ce genre de chose n'arrivait qu'aux autres, qu'on était bien trop malin pour tout perdre, jusqu'à ce que ça tombe sur soi. Il aurait du écouter son grippe-sou de femme, il n'en serait pas là, à l'heure actuelle. Certes il aurait perdu un somme colossale mais il ne serait pas totalement ruiné.
Pétunia allait le tuer…
Le seul point positif de tout ce désastre était qu'il allait être définitivement débarrassé de son horrible neveu par alliance… Mais c'était une bien piètre consolation lorsqu'on savait qu'il avait tout perdu…
Pétunia allait le tuer…
A suivre...