Disclaimer : les personnages sont toujours de JK Rowling, et l'histoire toujours de Shiv. Je ne m'en plains pas…

Chapitre cinq

Le Repaire, comme les garçons s'entêtaient à l'appeler, était un cottage défraîchi au milieu de nulle part. On ne pouvait nier que c'était un choix raisonnable pour un Repaire, mais c'était carrément peu pratique.

Lucius n'avait pas mis sa plus belle paire de bottes, sachant qu'ils se retrouveraient à la campagne à un moment donné, mais il était quand même mécontent de la quantité de boue qui éclaboussait le bas de ses robes. Il y avait des choses contre lesquelles même le plus costaud des sortilèges ne pouvait rien, et l'odeur de bouse de vache avait tendance à résister longtemps.

En plus, ça semblait être de la bouse spéciale, magnétique peut-être, parce que peu importait l'endroit où il posait le pied dans ce putain de champ, il se retrouvait avec de la merde sous la semelle. Il pouvait regarder aussi attentivement qu'il le voulait, il pouvait lancer tous les sorts qu'il voulait, il y avait de la merde.

C'était pour le moins extrêmement contrariant.

Les complaintes incessantes du petit personnel n'aidaient pas beaucoup non plus. Harry et Ron s'imaginaient complaisamment qu'ils grommelaient sotto voce, mais sans le Sortilège de Silence que Smudger avait lancé dix secondes après leur arrivée, tout le monde à cinq kilomètres à la ronde aurait pu les entendre.

C'était un peu déprimant de se rendre compte que vingt ans plus tard, il en était toujours réduit à patauger dans la même merde – littéralement comme métaphoriquement – que quand il avait fait ses débuts en tant que Mangemort. Se faufiler dans les champs au milieu de la nuit, ce n'était pas exactement l'idée qu'il se faisait de prendre du bon temps, et il était décidé à ne plus jamais avoir à le faire. La prochaine fois qu'elle se créerait des problèmes, Narcissa serait son ex-femme, et elle n'aurait qu'à se débrouiller toute seule.

Il fallait qu'il regarde les choses en face, il était temps pour lui de tourner la page. Il allait se retirer des machinations et des coups bas de la politique au jour le jour, et laisser cet aspect des choses à son fils. Il était temps que ce petit flemmard ramène ses fesses de Paris et commence à apprendre les ficelles du métier, laissant Lucius adopter la place qui lui revenait, celle d'éminence grise.

Peut-être que le moment était venu de trouver une femme à Drago, quelqu'un qui aurait une influence apaisante sur lui, et l'empêcherait de profiter de la vie comme il le faisait actuellement.

Les ruminations de Lucius furent interrompues brutalement par Hermione, qui lui tira sur la manche. En temps normal, il se serait formalisé qu'elle prenne de telles libertés, mais il était prêt à le tolérer si ça voulait dire que cette horrible soirée allait bientôt prendre fin.

« Je pense que nous y sommes, » chuchota-t-elle à voix basse.

Lucius aurait normalement dû faire un commentaire sarcastique en entendant pareille évidence, mais il était conscient que, étant données les personnes qui l'accompagnaient, énoncer des évidences était simplement affaire de prudence. C'était la seule construction à des kilomètres à la ronde : une maison basse, en ruines, qui prétendait à l'appellation de ferme, mais était plus proche en fait de l'étable. Sa très chère future ex-femme avait clairement perdu la tête. L'étiquette demandait que les complots soient ourdis soit à l'extérieur, dans un cadre lugubre à souhait, qui encourageait l'arthrite et mettait tout le monde de suffisamment mauvaise humeur pour qu'ils soient prêts à conquérir le monde contre la promesse d'un massage au Vicks Vaporub ; soit, et c'était l'option que personnellement Lucius préférait, dans un décor chic et sophistiqué, avec des meubles Louis XV, des vins fins, et un bon feu de cheminée.

Narcissa n'habitait peut-être plus le Manoir des Malefoy, mais elle était une véritable honte pour le nom même de Malefoy – tant qu'il demeurait celui qu'elle portait – ne serait-ce qu'en ayant pensé à utiliser un endroit pareil. Il ne l'utiliserait même pas pour loger ses elfes de maison, et encore moins sa meute de chiens.

Le groupe se réunit derrière une haie bien pratique, et réfléchit à ses options.

Lucius fut déçu d'apprendre que la majorité était en faveur d'un assaut frontal, et ne voyait pas la nécessité de commencer par un peu de reconnaissance. Heureusement, il n'avait pas une âme de démocrate, et il n'eut pas le moindre scrupule à ignorer leur opinion.

« Vous trouvez peut-être excitante l'idée de vous précipiter quelque part sans avoir la moindre idée de ce qui peut bien vous y attendre, » expliqua-t-il, avec une patience infinie. « Cependant, une fois que vous aurez acquis un peu plus de maturité – dans votre cas, pas avant une cinquantaine d'années, si vous restez en vie aussi longtemps – vous comprendrez que de se faufiler dans le dos de quelqu'un est quasiment aussi drôle. Accessoirement, ça accroît vos chances de vivre suffisamment longtemps pour effectivement atteindre l'âge de la maturité, sans parler du fait que ça vous épargne l'embarras qu'on ressent quand on se jette sur une personne parfaitement innocente au beau milieu de son dîner, et qu'on n'a plus qu'à l'Amnésier après. C'est toujours un terrible coup pour l'image de marque, vous savez. »

Severus se retint d'afficher un rictus, mais Hermione eut nettement l'impression que Lucius parlait d'expérience – d'expérience malheureuse.

« Mais… » protesta Harry.

« Il a raison, mon gars, » convint Smudger, serrant les dents. « Ce n'est pas la peine de nous précipiter. Tonks pourrait se faire tuer. »

Cet argument fit mouche – ils allaient envoyer quelqu'un en éclaireur, et décideraient de leur plan une fois qu'ils sauraient ce qui se passait.

Smudger s'imposait comme le meilleur choix d'éclaireur, ce qui signifiait que Lucius devait le suivre, histoire de garder un œil sur lui, et donc Severus leur emboîta le pas, pour surveiller Lucius, mais Hermione ne tenait pas à s'éloigner de Severus, et Harry et Ron refusaient d'être laissés à la traîne…

Finalement, ils y allèrent tous, et la seule consolation de Lucius fut qu'au moins, ils le firent sur la pointe des pieds, afin de jeter un œil par la fenêtre avant de se précipiter à l'intérieur.

« Je vois rien, » se plaignit Ron.

« Chut, » lui intima Severus. « Quelqu'un approche. »

Smudger jura sous cape – c'étaient Tonks et Narcissa, et elles semblaient être les meilleures amies du monde. Mais qu'est-ce qui pouvait bien se passer ?

Exaspérée, Hermione siffla entre ses dents, « J'entends que dalle. »

« Vous êtes une sorcière, » s'impatienta Lucius. « Vous devez avoir entendu parler des Sortilèges d'Ecoute. »

Hermione lui adressa un regard à décaper un mur à vingt mètres. « J'ai aussi entendu parler de Sortilèges d'Alarme, Monsieur Malefoy. Du genre à se déclencher en cas d'utilisation intempestive d'un Sortilège d'Ecoute, si vous voyez ce que je veux dire. »

« Heureusement, » intervint Ron, interrompant le concours de regard qui tue avant qu'il ne tourne mal, « j'ai apporté des Oreilles à rallonge, et elles ne devraient pas poser de problème. »

Hermione et Lucius échangèrent un dernier regard noir, les yeux plissés, avant de s'approcher des oreilles pour écouter la conversation. Smudger se rendit compte que quelque chose de dur, pointu, et malvenu était pressé contre son dos.

« Ne fais pas… » lui dit tranquillement Lucius à l'oreille, « … de mouvement brusque. »

Smudger se tint strictement immobile, mais se prépara à faire un mouvement brusque dès qu'il en aurait l'occasion.

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Quiconque aurait vu les deux femmes en train de prendre le thé tranquillement dans le salon aurait pensé qu'elles étaient les meilleures amies du monde, s'il s'était donné la peine d'ignorer la façon dont Narcissa gardait soigneusement sa baguette à portée de main, ou celle dont Tonks évitait de faire le moindre mouvement sans l'avoir amplement signalé à l'avance.

« Bien, » lança Tonks, « alors, quelle est l'horrible vengeance que tu t'apprêtes à infliger à Tonton Lucius ? »

Narcissa but une gorgée de son thé, fronça le nez, horrifiée par le goût atroce, avant de reposer sa tasse dans un cliquètement décidé. « Lucius a décidé de divorcer de moi. J'ai décidé que je ne voulais pas divorcer. En conséquence, il faut que j'empêche ça de se produire avant que les derniers papiers ne soient signés la semaine prochaine. »

« Continue, » répondit Tonks, « jusque ici, je te suis. »

« J'ai réussi à me procurer un philtre d'amour du meilleur préparateur de potions du pays ; tout ce qui me reste à faire, c'est de persuader Lucius de le boire. »

Severus ricana, dégoûté. « Je ne sais pas à qui elle s'est adressée pour obtenir ça, mais ce n'est certainement pas le meilleur Maître de Potions du pays. Jamais je ne me serais abaissé à quelque chose de si commun. »

« Ou d'aussi illégal, » ajouta Hermione avec fermeté.

« Mais oui, ça aussi, chérie, » convint-il. « Evidemment. »

« Et c'est tout ? » demanda Tonks. « Ça ne me semble pas si terrible que ça, si ? »

Narcissa leva un sourcil. « Mais ce n'était que le début, ma chère. Imagine un peu ce qu'une femme sans cœur pourra imaginer pour se venger de vingt ans de tourments, quand son mari se trouvera soudain en proie à une passion enivrante. Je vais faire ramper ce salaud sur du verre pilé pour le reste de sa vie, et je le ferai payer pour ce privilège. »

« Elle ne t'aime vraiment pas beaucoup, pas vrai, Lucius ? » souffla Severus.

« Apparemment pas, » répondit-il.

« Je me demande bien pourquoi, » murmura Hermione, toujours pas remise de leur bisbille quelques minutes plus tôt.

Smudger sourit, et prit son mal en patience. Tonks ne semblait pas courir le moindre danger immédiat, et Lucius allait entendre ce que l'on pensait réellement de lui. La soirée avait toutes les chances de devenir très amusante.

« Est-ce que tu es sûre que ça te rendra heureuse ? » demanda Tonks.

« Pourquoi est-ce que ce ne serait pas le cas ? »

« Je ne sais pas, c'est juste que je me disais qu'il doit y avoir autre chose dans la vie que la vengeance. »

Narcissa ne semblait pas comprendre.

« Ou, euh, pour le dire autrement, vivre une belle vie est supposée être ta meilleure vengeance. Tu sais, reprendre ta vie en main, en faire quelque chose – te trouver un autre homme, peut-être. »

« Je ne vois pas en quoi faire ramper Lucius sur du verre pilé m'empêchera de trouver un nouvel homme. Au contraire, ça pourrait même faire partie du plan. Et ne prends pas un air aussi choqué, Nymphadora. Ce n'est pas comme s'il m'avait jamais été fidèle. »

« Mais tu ne l'as jamais aimé, ce n'est quand même pas la même chose. »

« Jamais aimé ? » répondit Narcissa, très calmement. « Et pourquoi est-ce que je l'ai épousé, à ton avis ? »

Tonks tressaillit. Le dernière fois qu'elle avait entendu quelqu'un parler sur ce ton, ça avait été quelque secondes avant que Snape n'ait l'écume aux lèvres tant il enrageait, et ils avaient eu besoin de cinq Aurors pour le maîtriser.

« Euh, pour l'argent ? » suggéra-t-elle. « Je veux dire, ce n'est pas comme s'il était sympa après tout, si ? »

Smudger sentit la baguette se Lucius s'abaisser d'un cran.

« Mon mari n'est peut-être pas quelqu'un de très 'sympa', comme tu l'as dit de façon si charmante, » répliqua Narcissa sur ce même ton trop calme pour être honnête. « Cependant, c'est un homme extrêmement beau, qui est capable d'être incroyablement charismatique quand il veut bien s'en donner la peine. Il a ses défauts, je te l'accorde. Notamment, sa détermination à faire apprécier de près son charisme à l'intégralité de la population féminine du monde magique, et une tendance à ne pas oser se mettre en avant et faire reconnaître ses mérites comme il le devrait. Mais ça ne signifie certainement pas que je l'aie épousé pour d'autres raison que simplement l'affection que je lui portais. »

La baguette de Lucius plongea plus bas encore.

« Oh mon Dieu, » s'exclama Tonks. « Je n'en avais pas la moindre idée. Je suis désolée. »

Un silence gêné s'abattit sur les deux femmes, qui s'attachèrent à boire leur thé froid tout en réfléchissant à ce qu'elles allaient pouvoir dire ensuite.

« Bon, » lança Smudger. « Est-ce qu'on va finalement faire quelque chose, ou est-ce qu'on va rester plantés là comme des andouilles pour le reste de la soirée ? »

« On va faire quelque chose, » affirma Lucius. « Je crois que j'ai besoin de dire deux mots à ma femme. »

« Tu ne vas pas faire quelque chose de stupide, si ? » demanda Severus, avec un sourire entendu.

« Au contraire, je crois bien que si, » répliqua Lucius, avant d'abattre un pan de mur d'un coup de baguette.

Tonks se jeta au sol, et essaya de se cacher sous le canapé. Narcissa saisit sa baguette et se tourna pour faire face à son agresseur.

« Mais à quoi diable est-ce que tu es en train de jouer, Narcissa ? » s'exclama Lucius. « Tu as une idée des ennuis que ça pourrait te créer d'avoir kidnappé une Auror ? Ou de jouer avec des philtres d'amour, d'ailleurs. »

« Je crois qu'il a passé trop de temps avec des Gryffondors, » fit remarquer Severus à Smudger en passant, alors qu'ils glissaient tous les deux la tête par le trou dans le mur. « Ce n'était pas vraiment très subtil, si ? »

« Pas subtil du tout, même, » répondit Smudger. « Mais efficace, remarque. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je crois que je vais aller au secours de ma copine, je ne voudrais pas qu'elle se retrouve coincée dans les tirs croisés d'une scène de ménage entre les Malefoy – ça risque de tourner au vinaigre dans pas longtemps. »

« Bonne idée, » convint Severus. « Je crois que nous, nous allons nous contenter de regarder depuis ici. »

« Si seulement on avait su, » se plaignit Harry, « on aurait pu prévoir le pop-corn pour passer le temps. »

« Cinq Noises qu'elle lui balance un sort, » lança Ron.

« Je marche, » approuva Hermione. « Cinq autres qu'ils finissent dans les bras l'un de l'autre d'ici la fin de la soirée. »

« Espèce de salaud, » répliqua Narcissa, sans se préoccuper des spectateurs, occupée qu'elle était à lancer un vase à Lucius, qui esquiva. « Pendant combien de temps est-ce que nous avons été mariés ? Et j'ai dû supporter tant de choses : que tu dragues, que tu me mentes, que tu me trompes, que tu fasses courir des risques à ta famille pour suivre un imbécile imbu de pouvoir, et qu'est-ce que j'ai gagné en échange ? Un divorce ! » Elle lui lança un autre objet de décoration. « Et tu pensais que j'allais prendre ça calmement ? »

Smudger évita la vaisselle qui volait, se glissa derrière Lucius, et donna une tape dans le dos de Tonks. « Je crois que tu peux sortir maintenant, » lui dit-il. « C'est à peu près sûr. »

Tonks se redressa, appuyée sur ses coudes, et adressa un grand sourire à Smudger. « Salut, » dit-elle. « Est-ce que tu es venu à mon secours ? »

« C'était le cas, mais tu semblais avoir le contrôle de la situation sans nous – on ne peut pas en dire autant de Lucius. » Ils tressaillirent tous les deux en voyant un autre objet voler à travers la pièce.

« Bah, c'est l'intention qui compte, » répliqua-t-elle.

« Mais si on parlait un peu de toi ? » criait Lucius. « La seule chose à laquelle tu te sois jamais intéressée, ce sont tes saletés de chaussures ! »

« Il fallait bien que je trouve une moyen de me remettre après avoir passé du temps avec ton atroce maman… »

« Tu laisses ma mère en dehors de ça, » l'interrompit Lucius, mais Narcissa était partie dans sa tirade.

« Les Malefoy ne font pas ci, les Malefoy ne font pas ça. Les Malefoy ne font pas de reproches, les Malefoy n'embrassent pas leur mari en public. Les Malefoy ne doivent pas laisser paraître la moindre émotion, ils ne sont pas supposés s'amuser, et ils ne doivent certainement pas se plaindre quand leurs salauds de maris passent la moitié de leur temps à coucher à droite et à gauche ! »

« Je n'aurais pas eu à faire ça si tu avais moins ressemblé à un iceberg, et plus à la femme que je croyais avoir épousée ! »

« Ta mère a dit que c'était ce que tu voulais ! » s'indigna Narcissa.

« Mais qui pourrait bien vouloir d'une femme pareille ? J'aurais pu me marier avec cette cruche de Bulstrode, si tout ce que j'avais voulu était une pimbêche fière avec autant de chaleur humaine qu'une statue. »

Narcissa marqua une pause, le bras plié, prête à lui jeter un autre vase. « Vraiment ? »

« Vraiment, » répliqua Lucius, ajoutant de façon plutôt gracieuse, « tu sais, tu es carrément sexy décoiffée comme ça et pleine d'énergie. »

Narcissa rougit.

« Je te l'avais bien dit, » commenta Hermione, avec un coup de coude dans les côtes de Ron. « Tu me dois cinq Noises. »

« Ils ne sont pas encore dans les bras l'un de l'autre, » répliqua Ron.

« Oh, mais ça va venir, ça va venir, » confirma Severus.

Narcissa laissa tomber son vase, et fit quelques pas en avant. Lucius rangea sa baguette, et avança vers elle, sans que le moindre doute soit permis sur ses intentions.

« Oh, est-ce que c'est pas mignon ? » lança quelqu'un. Il fallut quelques instant à tout le monde pour se rendre compte que cette voix étrange n'appartenait à personne de leur groupe.

Debout dans l'encadrement de la porte, la baguette levée, se tenait un homme grand et mince, avec des cheveux marrons en bataille – le sbire de Narcissa était revenu.

« Oh, Murchinson, je n'aurai plus besoin de vous, » dit Narcissa, sans même quitter Lucius des yeux. « Je vous paierai, évidemment. »

« C'est généreux de vôt'part, » répliqua-t-il. « Sauf que… je crois que j'ai une meilleure idée. »

« Oh oh, ça s'annonce mal, » dit Harry.

Severus baissa la main vers sa baguette, mais Murchinson le vit et secoua la tête. « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »

« Il y en a toujours un, pas vrai ? » fit remarquer Smudger. « Un qui pense qu'il est plus malin que les autres et qui vient foutre sa merde à la fin. Décarre d'ici, mon pote, barre-toi tant que tu le peux encore. »

« Je ne pense pas que tu sois en position de me donner des ordres, » répliqua le sbire avec hauteur. « C'est moi qui ai la baguette dans la main, après tout. »

« Pour le moment, tu veux dire, » répondit Smudger. « Ça peut toujours changer. »

« Oh oui, » dit Lucius, avec un sourire qui ne manquait pas de cruauté. « Je te garantis que ça va changer. »

Murchinson s'esclaffa. « Y'a des années qu'tu vis sur ta réputation, Lucius. Tu m'fais pas peur. Maintenant, Narcissa, lâche ta baguette et approche par ici. Lentement. »

Lucius ne parut pas vraiment ravi que quelqu'un qui ne lui avait même pas été présenté lui parle de façon aussi familière. C'était tout simplement grossier, et Lucius n'était pas homme à supporter ce genre de comportement.

« Je suis désolée, Lucius. J'aurais vraiment dû me montrer plus compréhensive par le passé quand tu te plaignais des acolytes avec lesquels tu devais traiter, » dit Narcissa, baissant sa baguette. « Je n'avais jamais réalisé auparavant à quel point ils pouvaient être stupides. »

« Ce n'est rien, chérie, tu n'avais pas à le savoir. J'aurais vraiment dû faire plus d'efforts pour te faire participer à mes loisirs. Une famille qui complote ensemble reste soudée. »

Narcissa longea lentement le canapé, et approcha de Murchison, gardant un œil ouvert pour le cas où une possibilité se présenterait pour elle de s'échapper. Il tendit la main, l'attira vers lui, avant de la faire tourner sur elle-même et de se coller derrière elle, sa baguette pointée sur le cou de sa proie.

« C'est vraiment un imbécile, non ? » commenta Hermione. « Quelle idée de la laisser approcher de lui comme ça ! »

« Il me semble évident que personne ne lui a jamais dit de se méfier des femelles, » répliqua Severus. « Tenez-vous prêts, les gars. Le chaudron bouillonne à point, et quelqu'un est sur le point d'y ajouter le sisymbre. »

« Quelles jolies chaussures tu as, Narcissa, » lança Lucius. « Est-ce qu'elles sont neuves ? »

« Tout à fait, chéri. » Elle leva son pied comme si elle voulait elle aussi admirer ses chaussures, avant de l'abaisser brutalement sur le pied de Murchison. Il gueula comme un cochon qu'on égorge, mais ne relâcha pas sa prise. Narcissa enchaîna par un bon coup de coude dans les côtes, avant de se laisser tomber, comme si ses jambes ne la soutenaient plus.

Lucius sortit sa baguette plus vite qu'Hermione n'avait jamais vu personne le faire, y compris Severus, et Transplana de l'autre côté de la pièce pour gagner les quelques secondes qu'il lui aurait fallu pour atteindre Murchison.

Murchison sentit les doigts de Lucius se serrer autour de sa gorge, et l'entendit siffler à son oreille, « Tu as osé poser la main sur ma femme. » Narcissa se faufila hors de portée, pendant que Smudger attrapait sa baguette d'un sort, pour la lui renvoyer d'un mouvement souple. Elle l'attrapa, et se retourna pour prêter main forte à son mari, en cas de besoin.

Il n'en avait pas besoin.

« Mais vous étiez en train de divorcer ! » réussit à articuler Murchison.

« Est-ce que le divorce était prononcé ? » Lucius le serra plus fort, et cogna la tête de sa victime contre le mur.

« Non. »

« Dans ce cas elle était toujours ma femme. » Une fois de plus, la tête de Murchison fut cognée contre le mur.

« Mais elle complotait contre toi. »

« Et alors ? C'est une affaire de famille, c'est privé, et ça ne te concerne pas ! »

Murchison gémit, et se raidit, dans l'attente d'un autre coup.

« Lucius, tu veux bien reposer cet affreux personnage. Je ne tiens pas à ce que tu retournes à Azkaban, » lui cria Narcissa. « Pas alors que nous avons encore tant de choses à régler entre nous. »

Lucius secoua une dernière fois Murchison, avant de le laisser tranquille. Plié en deux, il tentait de reprendre son souffle. « Bon, et qu'est-ce que nous allons faire de lui, maintenant ? »

Harry et Ron, en tant qu'Aurors expérimentés, savaient qu'on ne devait jamais laisser un prisonnier sans surveillance, vinrent se placer de part et d'autre de Murchison, ce qui leur donna une bonne opportunité d'admirer les marques se formant dans son cou.

« Oh, arrête de chouiner, » lui lança Ron, dégoûté. « Si tu veux mon avis, tu t'en es plutôt bien tiré. »

Lucius ajusta les poignets de ses robes, et lissa ses cheveux, les remettant en place, un peu comme un homme qui sortait pour un rendez-vous galant. Narcissa avait rangé sa baguette, et le regardait d'un air appréciateur.

« Oh, Lucius, tu as été merveilleux, » gloussa-t-elle, s'approchant de lui pour glisser une main le long de son torse. « Juste comme tu étais avant – majestueux. »

« Si tu crois que ce genre de flatterie fonctionne encore sur moi après toutes ces années, » lui murmura Lucius à l'oreille, « tu n'as probablement pas tort. »

Elle remit distraitement le col de Lucius en place, et soupira. « Peut-être, mais je pense que nous devrions essayer quelque chose d'un peu différent cette fois-ci : un peu d'honnêteté. »

« Pas trop, quand même – le choc pourrait nous être fatal, » répliqua Lucius, embrassant la paume de sa main.

Tonks leva les yeux au ciel, et chuchota à Smudger, « Promets-moi que nous ne deviendrons jamais aussi guimauve. »

« Je n'ai pas l'intention de devenir honnête avant un bon bout de temps, » la tranquillisa-t-il, secouant tristement la tête. « Je suis déçu. C'est bien moins marrant comme ça, » ajouta-t-il, ce qui lui valut un coup de coude de sa petite amie.

« Bien, » lança Tonks, ne s'adressant à personne en particulier. « Maintenant que nous avons réglé les détails importants, qu'est-ce que nous allons pouvoir faire de cette petite ordure ? »

Harry et Ron attrapèrent Murchison chacun par un bras, et le traînèrent au centre de la pièce, avant de le jeter sur le canapé.

« Eh bien, on pourrait toujours laisser Lucius se charger de lui, » proposa Ron. « Je parie que ce qui resterait après ça remplirait à peine une boite d'allumettes. »

« Mais ça créerait beaucoup de désordre, » rappela Hermione. « Et quelqu'un devrait nettoyer après. Et neuf fois sur dix, ce 'quelqu'un' se trouve être de sexe féminin, ce qui est vraiment injuste. »

« En tout cas, ne comptez pas sur moi pour me porter volontaire, » intervint Narcissa. « J'ai fait bien assez de ménage ces quelques derniers jours. Regardez mes ongles ! Ils sont affreux ! »

« Il y a toujours le poison, » suggéra Severus. « Ça fait moins de désordre, et j'ai toujours besoin de volontaires pour mes expériences. »

« Tu sais que tu me donnes une idée, » intervint Smudger. « Après tout, nous avons toujours sous la main ce philtre d'amour si soigneusement préparé. Et je connais un certain nombre de personnes dont la vie serait grandement améliorée par un peu d'amuuuur. »

« Je connais mes droits, » s'exclama le sbire, se ratatinant sur le canapé. « Vous ne pouvez pas me faire ça. Vous devez m'arrêter, et m'emmener au Ministère, et ensuite je veux passer un coup de cheminée à mon avocat. »

« Oh mais je n'en doute pas, » convint Ron. « Les types de ton genre connaissent toujours leurs droits. Mais pas au point de respecter la loi, pas vrai ? »

Tonks sourit. « Et puis, ce n'est pas comme si j'avais vraiment envie de t'arrêter, tu sais. Ça fait des tonnes de paperasses, et Fol-Œil se moquerait de moi jusqu'à la fin des temps. »

« Alors vous comptez me laisser partir ? » demanda Murchison, sans trop d'espoir toutefois.

« Oh, non, » le détrompa Smudger, avec le sourire. Ce sourire fut la dernière chose que vit l'homme de main avant de perdre conscience.

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Ce fut avec beaucoup de plaisir que la Gazette du Sorcier relata tous les détails de la réconciliation des Malefoy – et ce qu'ils n'apprirent pas, ils l'inventèrent.

L'annonce des fiançailles de Dolorès Ombrage et de Perceval Murchison, après une romance-éclair, fut reléguée à la page 13, ce que Severus trouva des plus approprié, même s'il refusa de dire lequel des deux il considérait comme le plus malchanceux.

Il fit néanmoins remarquer que Harry et Ron commençaient enfin à avoir de bons réflexes, après tout ce temps passé avec des Serpentards, et qu'ils développaient un embryon de machiavélisme qui pourrait leur être d'un grand secours tout au long de leur vie.

FIN.


Oui, j'ai posé la question : il y aura probablement une suite. Mais comme elle n'est pas encore écrite, il va falloir qu'on soit patients. oOo pointe du doigt oOo Adressez vos réclamations à Shiv5468 ! benebu