L'ABC d'un paradoxe

Réponses aux reviews !

Anders Andrew : Aaah, je suis contente que ça te plaise, mais j'avoue ne pas trop aimer quand je pars dans le « métaphysique » trop de chapitres de suite, ça veut dire que je déborde pas d'idées, et l'abécédaire n'est pas des plus évident à terminer... En tout cas, ta review me rassure :)

Martelca : Ah ben c'est Kuro et Fye, hun ! Merci à toi, et voici la lettre w (cette rascale) !

With : Des Hommes Pareils – Francis Cabrel (et j'assume)

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W… Comme Wagon

C'est en regardant passer une étrange machine d'un nouveau monde que Fye se fit une jolie image. Fye aimait bien les images. Elles permettaient souvent de faire passer de manière un peu plus douce des sentiments un peu trop forts pour les admettre. Pourtant, celle-ci avait de plus que les autres qu'elle le plongeait dans un mélange surprenant de douleur et de bonheur, rajoutant au long couloir sombre qu'était sa vie habituée à la douleur ces lumières inutiles – celles-là même dont on ne peut plus se passer une fois qu'elles ont éclairé notre chemin hésitant.

L'endroit s'appelait une gare. Il avait atterri juste à côté, au milieu de vertes collines paisibles, et surtout isolé de ses compagnons. Mais Fye ne se faisait pas trop de soucis. Il comprenait ce que disaient les gens autour de lui, ce qui lui permettait d'en déduire que Mokona, au moins, n'était pas très loin. Et puis ce nouveau monde avait l'air sans réel danger. Il retrouverait les autres bien assez tôt.

En arrivant dans cette gare, une brave dame très gentille, juste un peu surprise de le voir arriver de la campagne sans savoir où il se trouvait, lui avait appris qu'un petit village s'étendait juste en contrebas. Fye ne se souvenait déjà plus de son nom, et cela en vérité lui importait assez peu sur le moment. Ce lieu bruyant plein de frénésie l'intriguait, happant ainsi toute son attention. Il lui avait été facile de comprendre assez rapidement de quoi il retournait ; des gens, presque tous chargés de bagages, couraient régulièrement vers des espèces de grosses chenilles qui faisaient de la vapeur – et donc beaucoup de bruit -, pour monter dedans pendant que d'autres en sortaient. C'était plutôt la pagaille à chaque fois, d'ailleurs.

Mais ce qui intriguait réellement Fye, c'était la machine, la grosse chenille en question. Un train, comme le criait régulièrement un homme en uniforme à chaque fois que l'un d'eux arrivait ou repartait. C'était comme si ce « train » ne consistait qu'en une seule machine à l'avant qui traînait des boîtes à l'arrière. Là où montaient les gens. Les wagons.

Et cela faisait bien une heure à présent que Fye était là, assis sur le quai de cette petite gare, à regarder arriver et repartir autant de ces machines, toutes de la même manière, emmenant des voyageurs vers d'autres horizons. Ce fut là que Fye se fit cette image qui le faisait sourire un peu tendrement, un peu timidement.

Oh, rien de bien extraordinaire. Mais pour lui, c'était comme plus fort qu'un présage. Un bon présage. Ou bien non, il n'en savait trop rien, ça lui plaisait, c'était tout. Un train, apparemment, qu'est-ce que c'était ? Des espèces de grandes boîtes, munies de roues mais pourtant totalement incapables de se déplacer ni même de bouger, que l'on reliait à une autre boîte, celle-ci non seulement capable d'avancer, mais aussi de traîner les autres et les emmener au loin. Et chaque boîte avançait ainsi sans exception, grâce à sa… Lotovomit ? Locomotive ? Fye n'était plus très sûr. Et son image soudain le fit rire. Doucement. Il se trouvait ridicule. Parce que c'était une pensée ridicule. Ridicule, et inutile.

Néanmoins, l'idée que dans chaque monde, il y avait quelque part un Fye, seul et perdu, incapable d'avancer par lui-même, qui soudain se retrouvait lié à un Kurogané prêt à l'emmener sans autre forme de procès vers d'autres horizons…

« Fye-san !
- Il est là !
- Fyyye, on t'a cherché partouut ! »

Fye se leva, adressa un sourire sincère aux deux enfants et à la charmante bestiole qui les accompagnait, et un regard sans détours à l'homme aux yeux rouges et profonds qui les suivait en silence.

C'était une idée de répétition et presque de monotonie ; c'était le fonctionnement général d'un train, après tout. Mais cela procurait un certain bonheur teinté de soulagement, l'assurance que quoi qu'il arrive, dans n'importe quelle dimension, pour n'importe quelle vie... n'importe quel Fye... le Destin a prévu un tel réconfort. Et de cette idée-là, Fye savait qu'il ne pourrait plus s'en passer, comme on ne peut se passer de ces lumières une fois qu'elles ont éclairé notre chemin hésitant.

XxX

NdlA : Bon, ok, j'ai un peu galéré pour la lettre W sans mot anglais, mais bon... Les trains sont riches en métaphores, vous ne trouvez pas... ? Et allez, plus que trois lettres et la boucle est bouclée ! …