- Draco, vas-y ou alors écarte-toi pour que l'un de nous ...
La voix d'Alecto est grincante et comme toujours trop aigue. Mais son expression se modifie lorsque Snape franchit la porte et débouche sur le toit de la tour d'Astronomie. Ne lui accordant qu'un bref regard, ses yeux parcourent la scène qui s'étale devant lui. Les images de la bataille en bas dansent toujours devant ses yeux. Certains des combattants n'ont que 15 ans ...
Ses yeux se posent sur la silhouette appuyée au mur. Merlin ! Il semble si vieux. En cet instant, il fait chacune de ses 153 années. Se forcant à détourner les yeux, il analyse le reste de la scène. Le visage de Draco, la terreur inscrite dans chacuns de ses traits. Sa main qui tremble tellement qu'il serait incapable de lancer le moindre sort. Il sent son ventre se contracter en rencontrant le regard de prédateur de Greyback. Qu'est-ce que ce malade fait ici ? Même Draco n'aurait pas pu ...
Amycus interrompt ses réflexions. Il a repris la parole sans même tourner la tête dans sa direction, le regard et la baguette fixés sur Dumbeldore.
- Nous avons un problème, Snape. Ce garçon ne semble pas capable de ...
Mais une autre voix a prononcé son nom. Une voix si faible ...
- Severus ...
Le silence lui semble assourdissant alors qu'il regarde le vieil homme tenter de se redresser. Les yeux bleus fixés sur lui ont perdu leur éclat. Et pour la première fois depuis qu'il l'a rencontrer, Dumbeldore supplie. Il n'a plus la force d'ordonner.
Sans un mot il s'avance, repoussant Draco au passage et jetant à Fenrir un regard noir qui lui défend clairement de s'en méler. Même le loup garou est assez intelligent pour s'avoir où est sa place. Parvenu devant le directeur, Snape l'observe un moment. Immobile, son regard invisible derrière le rideau de ses cheveux, les secondes lui semblent s'étirer indéfiniment.
Le dégout monte du plus profond de son ventre. Son visage se contorsionne. Il se hait, il se hait tellement. Un travail de Mangemort. Et puis de nouveau cette voix, ce soupir.
- Severus ... s'il vous plait ...
Dumbeldore le regarde, une telle fatigue au fond des yeux. Je me fais vieux, mon ami. Et ce poison dans mes veines aura bientôt raison de moi. Je suis si fatigué, Severus ...
Et pour un instant, Snape cesse de penser. Il laisse la haine monter en lui. Pour tuer, il faut hair. Sa baguette est pointée directement sur la poitrine de Dumbeldore.
Et le sort franchit ses lèvres.
- Avada Kedavra !
Un jet de lumière verte. Les yeux bleus qui se referment. Une expression de soulagement qui détend les traits du vieil homme. Le sort le frappe en pleine poitrine le repoussant en arrière. Il se balance un instant au dessus du vide ... et la gravité fait le reste. Le corps de Dumbeldore disparaît dans l'obscurité.
Le reste n'est qu'un enchainement de gestes trop de fois répété. Se retourner. Atrraper Draco. Courir. Toujours courir.
Et puis un éclat de lumière qui le frolle. Potter debout devant lui. Les sorts, si faciles à détourner. Et puis l'éclair de lumière rouge au milieux de tous les autres, le corps de son adversaire qui se tend, les hurlements. L'instant de flottememnt et puis les mots de Dumbeldore. Protégez le Severus. Protégez Harry, nous avons besoin de lui.
- Non ! Avez-vous oublier les ordres? Potter appartient au Seigneurdes Ténèbres. Nous devons le lui laisser ! Allez-vous-en d'ici ! Filez !
Et ils obéissent. Plus personne désormais n'ose défier celui qui a tué Dumbeldore. Il s'apprête à les suivre lorsque Potter se relève. Un nouveau sort, vite écarté. Et puis la lueur qui annonce le prochain sortilège.
- Non, Potter !
Et le contresort jaillit de sa baguette. La colère le rendant trop puissant, expédiant le jeune homme au sol. Sans baguette, sans défense. La colère un instant lui souffle que ce serait si simple. Il suffirait d'un seul geste. Il domine totalement le jeune homme. Tout ça pour lui. Tous ces sacrifices pour le protéger. La colère ravage ses traits. Il voudrait lui hurler que tout est de sa faute. Que c'est pour lui que Dumbeldore est mort. Pour lui qu'il vient de tuer la seule personne au monde qui lui vouait une confiance absolue.
- Vous osez m'attaquer avec mes propres sortilèges, Potter ? C'est moi qui les ai inventés – moi, le Prince de Sang-Mélé !
Le vieux surnom paraît étrange sur sa langue. Ca fait tellement longtemps qu'il ne l'a plus utilisé. Depuis qu'il est sorti de Poudlard. Depuis qu'il a trouvé d'autres moyens de se faire respecter que la part de sang pur qui coule dans ses veines.
- Et vous voudriez retourner mes inventions contre moi, comme votre ignoble père, n'est-ce pas ? Je ne crois pas que vous y arriverez ... Non !
Un simple sortilège repousse la baguette hors de portée du jeune sorcier. Celui-ci se retourne, haletant. Il est seul, désarmé, à la totale merci de son adversaire. Il n'y a pourtant aucune peur dans ses yeux, seulement de la rage et du mépris.
- Alors, tuez-moi ... Tuez-moi comme vous l'avez tué lui, espèce de lache ...
Lache ? Lache ? Ce gamin prétentieux, ce sale mome responsable de tout ça ... comment ose-t-il me traiter de lache ... Je viens de tuer la seule personne qui comptait pour moi, Potter. Je l'ai tué de sang froid, de mes propres mains pour vous protéger ... Et vous osez me traiter de lache ? La colère et la rage menacent de le rendre fou. Il hurle, le visage déformé par la douleur qui lui ronge le ventre.
- NE ME TRAITEZ PAS DE LACHE !
Le sortilège claque et le visage du jeune est projeté au sol. A ce moment, Snape n'a plus qu'une pensée : faire ravaler à ce morveux ses insultes et son arrogance. Mais un bruissement d'aile lui fait relever la tête, juste à temps pour apercevoir l'Hippogryphe qui se précipite vers lui. Il lève les bras pour se protéger le visage, recule, chancelle un instant avant de tourner le dos au château et de s'enfuir dans la nuit.
La grille du parc, la fin des barrières, le début de l'enfer.
