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Chapitre 5 : "L'ami l'ami des tous petits !"


Votre bouche, Potter, sous la mienne.

Nous interrompons là notre programme, en raison de l'absence d'informations en provenance de notre personnage principal. Nous espérons rétablir la communication très prochainement.

# Merde alors.#

Anomalie. Grosse anomalie. Buccale. Anomalie buccale. Putain d'énorme anomalie buccale. Il y a une langue dans ma bouche. Je répète : il y a une délicieuse langue dans ma bouche. Et je n'ai aucune idée du comment elle a terminé là. Comment ça "Mais Haaarry, tout le monde a une langue ! Tu sais bien, dès la naissance..."

Allez-vous faire voir chez Voldy lui-même ! Il y a DEUX langues dans ma bouche !

Et elles dansent ensemble. Je vous jure. Mince. C'est trop étrange. Ma langue SAIT danser ! Au contraire de mes pieds. Comment est-ce possible ?

Et il y a aussi une main sur mes hanches. Et un mur est venu me soutenir. Et j'ai trois jambes. Non ! Quatre ! Et deux bassins. Et vingt doigts supplémentaires courant dans mon dos, sous ma chemise...

Mamaaan, c'est trop bon de se dédoubler. Vous devriez essayer.

Vous vous en doutez, mes derniers neurones se sont fait la malle. Pour aller où, les lâches ? Ma foi j'en sais foutrement rien, mais inutile de les rappeler ! Je n'ai plus conscience que d'une chose : il y a un corps pressé contre le mien et il n'était pas là lorsque je faisais mes pompes.

Dieu merci, c'était déjà assez difficile comme ça...

Là, je pourrais vous sortir tout un roman sur mon bien-être. Vous décrire combien être entre ces bras me donnait l'impression de planer. Mon envie de pleurer, serré aussi étroitement contre ce corps chaud. Ou vous décrire mon voyage dans un monde utopique où ma bouche est au prise avec le paradis. Vous parler de mon esprit, lointain, voguant à l'extérieur même de mon corps.

Mais... si je racontais ce genre de conneries, je serais juste bon pour être qualifié de gros mytho.

Parce que sans mes neurones, vous m'excuserez, mais mon cerveau est trop en perdition pour avoir conscience de ces machins là. Un cerveau en perdition n'est capable de formuler qu'une seule question : Maaaais qu'est-ce qui se paaassse ?!

- Potter ?"

Niaaataaaaa...

- Potter.

Nioooouuutouuuu...

- Harry...

Agagaga... Clignage d'yeux. Plus de seconde langue. Plus de danse. Plus de rêve.

- Humm...?" J'arrive à émettre.

Snape sourit, d'un air sarcastique coutumier. Quoi que tendu, je le vois à la ride sur son front. Là. Il recule. Bordel, où il va ?

- Vous pouvez partir, Potter." Ses sourcils se froncent, les miens aussi. Et mes neurones reviennent un par un. Tous traînant une valise rouge pivoine fleurie et un air morose.

- Pourquoi ?"

On avait bien commencé, pourtant, non ? Ca serait un peu la honte de tout casser ici après quatre chapitres merdiques, juste parce que l'auteur est incapable de presser du jus de citron pour ses lecteurs.

- Pourquoi ?" Je réitère avec une moue renfrognée.

- Potter, vous êtes idiot ?" Il a l'air sérieux.

Franchement. Je dirais bien oui. Je pensais qu'il était déjà au courant, depuis tout ce temps. Visiblement pas. Pauvre homme...

- Vous préférez Malfoy, c'est ça ?" Je demande, juste parce que je ne vois pas d'autres raisons à son rejet. Outre le fait que j'ai pourri sa vie, dernièrement, avec un acharnement hallucinant.

- Potter, vous êtes idiot." Cette fois, c'est une affirmation. Il lève les yeux au ciel et m'essuie la lèvre avec son pouce. C'est le bad trip. Ses-Doigts-Sur-Mes-Lèvres. Ouawaaaiii...

- Encore, alors..." Je bégaie, tandis que mes neurones décident finalement de repartir, assez heureux de ne pas avoir défait leurs valises.


Coupure : Dans le bureau directorial, un oiseau de feu gloussa de façon compulsive. Enfin, on y était. Son maître l'observa d'une façon étrange et décida de ne pas s'inquiéter. A la place, il tendit un autre bonbon au citron à son piaf.
Je planeuh. Si vous saviez. Il me semble même entendre la chanson des Bisounours résonner à mes oreilles. "Oh oui, Je veux être un Bisounours c'est tout !"

Oh Yea !

Il y a des lèvres dans mon cou. Elles ont terminé là juste après que j'ai bégayé d'une façon lamentable. Voir plus haut.

Il y a aussi des mains en bas de mon dos, qui frottent ma peau. Les miennes se sont perdues je-ne-sais-où. J'essaye de les retrouver depuis bien cinq minutes, mais cette langue baladeuse m'empêche de me concentrer. C'est tout Snapien, ça.

Je réalise seulement combien j'attendais cet instant. Combien j'en avais envie. De son corps pressé contre le mien. De sa langue occupée à autre chose qu'à m'insulter. De mes mains, en fuite sans que je n'arrive à comprendre où. Actives, sans que je ne sache comment.

Je réalise seulement combien le machin que j'ai dans ma poitrine (un cœur, on me souffle) désirait s'affoler durant un instant comme celui-là. Je réalise alors aussi qu'il ne serait pas autant bruyant si ça avait été un autre. Un autre que Snape. Que si ça avait été les doigts d'un autre que lui, frôlant mon torse. Que si ça avait été la bouche d'un autre, mordillant le lobe de mon oreille gauche.

Et d'un coup, putain, j'ai peur. Je gémis. J'halète. Je flippe. Je me tape un sprint cardiaque. Et la chanson continue. Je veux être un bisou-bisounours.

Et j'embraye.

Gaby Gaby Gaby, l'ami l'ami des tous petits. J'aime remuer mon nez, pour vous amuser.

Ma respiration désordonnée me donne l'impression d'être un moteur de voiture à la ramasse. Et quand il m'entraine en arrière et me coince sous lui, j'ai l'impression d'être un Cheeseburger au ketchup qui perd sa salade sur le sol. A condition que mes vêtements puissent être considérés comme de la salade.

Severus s'arrête un instant et plonge ses yeux dans les miens. Ils sont noirs. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer combien ils sont noirs. De véritables puits. Cachant une galaxie. Pleine de foutues étoiles brillantes.

Et c'est au moment où je me dis que j'ai toujours aimé les étoiles d'une façon démesurée que je sais que je suis damné et perdu. Ma langue a envie de danser. Et j'ai à nouveau perdu mes mains. Elles sont...

Avec ma tête. Trop proches de cet homme cynique. Et je veux qu'elles le restent.


Madame chaise lança un regard à Monsieur bureau. Monsieur Bureau lança un regard à Madame chaise. Les copies des Poufsouffles se retournèrent, cachant leurs écritures rouges pivoines. Madame chaise fit glisser l'un de ses pieds sur le sol. Gênée. Monsieur Bureau se fit tout petit. Cependant, cela n'empêcha pas un jeune homme aux yeux verts de lui rentrer dedans, le bousculant sans ménagement.

Monsieur le Bureau lança un regard angoissé à Madame Chaise. Madame Chaise détourna le regard. Severus Snape venait de plaquer Harry Potter contre son ami le Bureau. Et elle n'osait pas regarder ce qu'il se passait. Evidemment, elle compatissait. Comment ne pourrait-elle pas le faire ?

Les copies hurlèrent alors qu'Harry était allongé dessus par son Maître des potions. Monsieur le Bureau couina et Madame la Chaise essaya de se boucher les oreilles avec les pieds. Chose peu aisée.

Le garçon, allongé sur le dos, laissa échapper un gémissement alors que sa chemise lui était arrachée. Arrachée oui, mais aussi balancée sans ménagement par Snape.
Madame Chaise la réceptionna bien involontairement. Et le Tapis ricana. Il était encore invisible, sauf aux yeux des autres meubles, donc il ne risquait rien. Il en était terriblement heureux, voyez vous. Si si.

Severus fit glisser ses doigts le long du torse fin de son amant. Harry gémit. Ses yeux verts fermés, sa tête sur le côté, sa bouche ouverte laissant échapper quelques paroles décousues.

- J'ai entendu une copie couiner. Oh, oui, non. J'ai dis...- Encore !"

L'air prédateur de Snape passa inaperçu pour Monsieur Bureau. Trop occupé à incendier la copie incriminée du regard, le meuble en oublia momentanément que l'un des deux hommes serrait les tétons de l'autre.

- Désolée." Couina la copie en essayant d'atteindre le bord du meuble. Pour sauter. Fuir.
Ne pas voir.

- J'ai- entendu." Harry haleta et produisit un bruit de gorge qui fit doublement ricaner le Tapis. Bernard, de son prénom. (Aie ! Evite une tomate)

Faut dire que Monsieur Tapis pouvait bien se permettre de rire, étant donné que -pour une fois- c'était Monsieur Bureau qui subissait.
Madame Chaise réceptionna une ceinture. Puis un pantalon.
La copie arriva enfin au bord de Monsieur bureau.

- Adieu." Souffla t-elle avant de sauter.

Ses amies l'envièrent et décidèrent d'essayer de faire de même. Cependant, Harry était appuyé sur plusieurs d'entres elles, les coinçant, leur grillant toute possibilité de fuite.
Et le jeune-homme était loin d'en avoir conscience. Tout comme Monsieur Bureau, trop occupé à bouger pour faire chuter les deux pervers.

- Sev !" Harry essayait visiblement d'attirer son attention sur le fait que le Bureau BOUGEAIT sans aucune véritable raison. Mais cela n'eut pas l'effet voulu. Charmé par le diminutif, l'ancien mangemort s'empara des lèvres tentatrices du sauveur et glissa une main dans son pantalon.

Un gémissement retentit.

Monsieur Bureau bougea plus encore, essayant de les expulser. Le mieux serait qu'ils tombent sur Monsieur Tapis. Monsieur Bureau en ricanerait alors, comme son confrère. Quelle douce vengeance ce serait ! Si seulement...

Madame Chaise essaya de se retourner, faisant bouger ses pieds. Mais c'était sans compter Monsieur Tapis qui, bien décidé à enquiquiner son monde, faisait tout pour l'en empêcher.

Harry jouit et Severus lui attrapa la taille, le remontant un peu pour pouvoir lui ôter définitivement -ou pas- son pantalon.
Des copies en profitèrent pour murmurer quelques adieux et sauter, comme leurs sœurs, par dessus les bords du meuble. Une fois au sol, elles se réfugièrent entre les pages de quelques manuels de Potions qui les prirent en pitié.

Madame Chaise se mangea un pantalon, puis un caleçon. Elle faillit hurler de douleur -ou de surprise- mais se retint à temps. Une fois qu'elle eu reprise ses esprits, elle jeta tous les vêtements sur Monsieur Tapis.

Qui ne ricana pas, cette fois !

- Tu es sûr ?"

- Oui, s'il te plait." Une supplique plus tard, un long gémissement fendait l'air, faisant sursauter tous les livres.

Puis ce fut le silence, seulement entrecoupé de deux respirations haletantes. Monsieur Bureau n'osa plus bouger, osant à peine espérer...

Un autre gémissement, accompagné d'un grognement. Monsieur Bureau en ouvrit ses tiroirs de peur. Tout commençait à bouger. Pourtant, il avait cessé d'essayer de les faire chuter ! Ce n'était pas lui, cette fois !

Le "Oh mon dieu" effaré de Madame Chaise se perdit sans les cris décousus d'Harry Potter. Lui-même jurant sur l'hurluberlu créateur du Monde.
Severus enchaînait les coups de reins, une main cajolant les parties intimes de son amant dans les mêmes temps.

Et Monsieur Bureau tremblait, secoué comme un prunier. Monsieur Tapis ricanait. Madame Chaise répétait combien elle voulait tourner dos à la scène, dans une sorte de litanie.

Et les copies sauvées, elles, s'aplatirent plus encore entre les pages des Manuels de Potions.
Et elles compatirent.


Je marche dans les couloirs de Poudlard. Rien ne m'est arrivé aujourd'hui. Je veux dire : aucune disparition. Trop la classe hein ? Vous devez vous dire "Wouaaaa trop super, tu dois être super soulagé alors !"

Eh bien non.

Je me sens étrangement mal. Ce matin, en me réveillant dans un autre lit que le mien (ouais ouais, celui qui a disparu), j'ai pris peur. Jusqu'à que je tilte : j'étais dans le lit de Severus Snape. Un gars dont j'ai hurlé le nom durant des années, de colère. Et le gars dont j'ai hurlé le nom de plaisir, durant une nuit entière. Le gars qui dormait à côté de moi.

J'ai flippé. Sérieux. Pas parce que c'est peut-être interdit de coucher avec son prof de potions. Ca, je m'en fous. Vous savez bien que moi et les interdits... Non, j'ai flippé parce que je ne savais pas ce qui allait m'arriver, maintenant.

Je n'avais plus rien à faire, en plus. Je veux dire, je n'allais plus rien faire disparaitre. Bon, déjà parce que je n'avais plus rien à faire disparaitre. Tout y était déjà passé.

Et puis parce que j'étais juste complètement perdu, et que j'avais parfaitement saisi -entre deux ébats passionnés- que j'aimais réellement ces connasses d'étoiles au fond de ses yeux.

Donc que je l'aimais. Et ça, ce n'était pas prévu.

Du tout. Du tout-Du tout-Du tout-Du tout-Du tout-Du tout...

Bref, j'étais dans son lit. Et cinq minutes après, je n'y étais plus, j'étais entrain de marcher dans les couloirs de Poudlard. Puis j'ai rejoins mon dortoir. Puis je me suis assis là où mon lit aurait dû être, s'il n'avait pas été désintégré. Puis mes camarades de classe se sont réveillés. Mais je n'ai pas bougé. Ils sont partis déjeuner. Mais je n'ai pas bougé. Puis ils sont allés en cours. Mais je n'ai pas bougé.

Je suis resté là toute la journée, juste assis au sol, à la place de mon lit.

Jusqu'au soir, où j'ai décidé d'aller marcher. Dans les couloirs.

J'imagine qu'après les semaines que j'ai passé, ne rien voir disparaitre de la journée a de bonnes raisons d'être perturbant. J'imagine qu'après avoir eu envie de vomir chaque fois que je voyais Malfoy avec Snape, coucher avec le dernier avait de bonnes raisons d'arriver. Je veux dire, j'étais jaloux. Pas besoin de m'ovationner, je suis obtus, mais quand même.

J'imagine également qu'être un crétin de gryffondor place ma nuit avec le directeur des Serpentards dans la catégorie des "Conneries impossibles." Dans le sens où je vois mal Severus Snape me dire que nous pouvons entretenir une véritable relation. Ou qu'il attendait de me faire l'amour avec impatience. Ou qu'il m'a fait l'amour tout court. De la baise oui, mais de l'amour ?

En fait, je vois mal Severus Snape me déclarer qu'il m'aime.

Je présume donc que la seule chose qu'il me reste à faire disparaitre, c'est cette nuit.

Ce serait comme un accomplissement à ma folie Cleptomane.

Mais je n'ai pas envie.

Peut-être que je vais juste me contenter de me lamenter.

Ouiiinnn... je veux que Snape m'aimeuh.

Ouiinnn...je veux que Severus vienne me coincer dans un coin et me rassurer.

Ouiiinnn... je veux que les choses continuent à disparaitre subitement. Qu'il m'épie encore. Qu'il me dérobe encore ce que j'ai de plus précieux.

Ou qu'il me rende tout.

Tous les objets volés, disparus, désintégrés. Mes lunettes. Mon lit. Tout.

Mes lèvres.

Et mon cœur.

- Potter." La voix glaciale. Je dois rêver. "Y'a t'il une raison convenable au fait que vous soyez entrain de vous écraser le nez contre ce pauvre mur, en chouinant ?"

Ow. Il est observateur. Je me disais, aussi, que mon nez était collé à quelque chose d'étrange...

Je ne me retourne pas. Je n'ai pas envie de voir le dédain sur son visage. D'ailleurs, si je n'étais pas aussi occupé à faire connaissance avec un mur, je me serais déjà bouché les oreilles.

Pour ne pas entendre. Et puis j'aurais fermé les yeux.

Mais faut pas trop m'en demander à la fois, hein !

- Ou bien au fait que vous ayez été absent toute la journée ? Notamment pour MON cours." Il continue, sa voix semblant plus forte. "Vous étiez peut-être malade, écœuré, par ce que vous aviez fait ?"

- Quoi ?" Mon nez cesse un instant de copuler avec le mur.

- Une réponse claire, Potter." Claque sa voix, encore plus forte. Comme s'il haussait le ton. Mince, je l'aurais mis en colère ? En ne faisant RIEN ?

- Je... ne comprends pas, Monsieur." J'admets. Parce que c'est le cas. Je ne vois pas trop ce qui pourrait me rendre malade. "Mais je n'ai pas de raison... convenable. J'imagine."

Une main me retourne brusquement, me faisant presque hurler de surprise. C'est alors que je comprends enfin. Il n'a jamais haussé le ton, il s'est juste rapproché de moi. Ce qui explique probablement le fait qu'il soit si proche, ses yeux noirs me mitraillant. Urg.

- Je me fous de ce que vous imaginez, Potter. C'est à moi de juger si vos raisons le sont." Prévient-il. Je re-flippe. Ca faisait longtemps. "J'attends !"

Mes yeux observent les dalles du couloir. Elles sont trop trop belles ! J'vous jure. Fascinantes.

- Potter." Il gronde. Et ça sonne tellement froid et familier, cette façon de gronder et d'utiliser mon nom. Tellement. J'ai une fois encore l'envie de chouiner. Ou celle de partir en courant.

Oh.

Ca, c'est une idée.

Peut-être que si je me carapate vite fait bien fait...

L'idée trotte dans mon esprit.

Elle me parle : "Cours Harry, Cours."

Je l'écarte un peu.

- Je n'avais pas envie de vous voir me détester." J'avoue rapidement. Sa main saisit mon menton. Bordel, j'en tremble. Ses doigts. Ca me manquait déjà. Ca me manquera encore. "Je sais que c'était une erreur, Monsieur, s'il vous plait, ne dites rien."

Et là, avec une immense inspiration, j'exécute enfin ce que me suggère la petite voix.

Je me taille en sprintant, croisant à peine son regard éberlué avant que mes jambes ne m'entrainent au loin. Je suis Forest Gump. J'ai des chaussures Adidas. Des réacteurs dans le derrière. Des roulettes sous les godasses.

"Cours, Harry, Cours !"


Inspire.

Expire.

Inspire.

Expire.

WOUAAARG, j'ai jamais autant couru de ma vie.

Ni aussi vite.

Ah oui, non, oubliez ça. C'est vrai, quand j'étais petit et que Dudley et ses copains me poursuivaient...

Donc j'ai déjà couru aussi vite et aussi loin. Mais ça faisait quand même longtemps.

D'où le fait que je sois entrain de crachoter mes poumons et sur le point de vomir mes entrailles.

Imaginez si, en plus, je fumais.

Heureusement que j'ai arrêté !

Ici, insérez un rire comique, ou le bruit d'un gars chutant d'une falaise.

C'était une blague.

Bref. C'est pas tout ça, mais faudrait que je pense à remonter dans mon dortoir. Il est 2h du matin (quoi ? je ne vous l'avais pas dis ?) et je pense que dormir serait intelligent.

Et que je n'ai toujours pas de lit.

Oh, mon, dieu.

Où est-ce que je vais dormir ?

Dans le canapé, semble une bonne solution.

Du moins... on dirait que je n'ai pas vraiment le choix. Alors, à moins de prendre le lit de Ron (mon meilleur ami, souvenez vous, celui qui est toujours à l'infirmerie)...

Ow. Le lit de Ron ! Bonne idée ça, non ? Si je ne l'ai pas fait disparaitre.

Je passe la porte, automatiquement, je vérifie vers le lit de Ron.

Et là, c'est le bonheur.

Je l'aaaai pas fais diparaaaitre !

Un regard vers ma valise, contenant mon pyjama favori et... et...

Mon lit.

Mon lit est là.

Mon lit... il est... revenu. Il...

Je sens ma gorge se nouer.

Mon lit. Je ne peux pas y croire.

Mon lit.

Avec mon oreiller.

Avec ma couverture.

... Et recouvert de pétales de fleurs...

On se croirait dans un film de mauvais goût.

Ici, ramassage de mâchoire.

Œillade vers le lit de Ron.

Puis vers les pétales sur le mien.

Finalement, je suis bon pour aller roupiller sur le lit de Ronald. La tête pleine de questions.

Franchement, maiiis qui a fait ça à MON lit ? Comment est-il revenu ?!

Mamaaaan, je comprends pas !


Le lendemain matin

Chocolaaaat.

Le mot tourne autour de mes neurones endormis.

Peut-être qu'aller directement aux cuisines...

Surtout qu'avec tout ce stress, je me suis réveillé à 10h. Il y a donc des chances pour qu'il n'y ait plus de chocolat. C'est même assez certain.

"Mais tes cours, Harry ?!"

On est Samedi.

Bénit soit ce jour.

Donc, oui : CHOOOCOOOLAAAAT !

Le mot résonne dans ma caboche. Je vois à peine les choses qui m'entourent. Le trajet passe d'ailleurs très rapidement. Pour dire, en moins de deux, j'ai le derrière sur un banc et je tends la main vers un pichet, priant pour qu'il ne soit pas vide.

Humm...

- NON HAAAARRY !" Niuh ? Je cligne des yeux. Accroché à mon bras tendu, Neville regarde ma main avec horreur.

Il tremble.

Pauvre Neville.

Il secoue la tête.

Il halète.

Il se mord les lèvres.

Mes doigts, crispés autour du pichet, se contractent.

- Quoi ?" Je souffle, l'observant minutieusement.

- Il est maudit." Ca sonne comme une plainte d'animal effrayé. "Dès que tu lâcheras cette carafe, tout ton corps sera couvert de pustules."

Okeeeeyyy... Je ferme les yeux. Soit Neville hallucine. Soit je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas de chance !

- Il y a même un avertissement dessus." Continue à couiner Nev'. "Regarde."

Allons donc...

Voyons.

Pour celui qui m'appartient,

Délicieux sera ce chocolat,

Mais pour les autres, soyez-en certains,

Le breuvage, un cauchemar, deviendra.

Sceptique, mon regard revient à Neville (Gentil Neville). Le garçon me regarde avec pitié, comme fataliste.

- Je suis désolé." Il souffle, comme si d'un instant à l'autre, j'allais être totalement désœuvré.

- Je peux boire au pichet et ne pas le lâcher." Je propose. Comme ça, j'aurais des pustules APRES avoir bu mon chocolat.

Neville me regarde avec des yeux ronds, comme stupéfait.

Quoi ? Un problème avec ma solution ?

- Tu veux dire, boire... dans le pichet même..."

J'approuve.

Intelligent Neville.

- Je ne crois pas, non." Interrompt une voix glaciale qui me fait frissonner. Et là, je rougis, et je resserre ma prise sur le pichet.

Je veux pas avoir des pustules devant LUI.

Siouplaaait. Ayez pitié !

- Lâchez ça, Potter." Il ordonne. Je n'ose même pas lever les yeux sur lui. Je ne veux pas lâcher.

NON, je veux pas ! Ma seconde main se joint à la première.

Je- Ne- Lâcherais- Pas !

- Potter, arrêtez ça immédiatement."

- NON." Je cri comme un dératé. A croire que la pression me rattrape doucement. Un peu plus et je vais me la jouer Ron. "NON."

Et là...

Blanc mental. Une longue main fine s'est posée sur les miennes et soulève mes doigts un par un, les décollant de la carafe.

Et je suis tout mou. Mes mains ne réagissent plus.

Mes neurones retiennent leur respiration.

Je ne remarque même pas Hermione, les yeux rivés sur les gestes de Snape.

Je ne remarque même pas Neville qui vire au vert, à force de retenir son souffle.

Je suis juste mou.

Sa main se resserre sur l'une des miennes et je hoquète.

J'ai envie de pleurer.

La carafe s'éloigne de mes doigts, et je ne suis pas couvert de pustules.

Et il tient toujours ma main.

Et il se penche sur moi.

Et il souffle...

- Crétin." Ses dents viennent mordiller brièvement le lobe de mon oreille. "Il était pour toi."

Il me l'avait réservé.

Pour celui qui m'appartient...

Pour moi.

Pour celui qui m'appartient...

De lui...

- Moi aussi." J'arrive à formuler. Je sens des lèvres déposant un baiser dans mon cou. C'est rapide, mais c'est bien là.

Il s'éloigne, mine de rien, et disperse un peu les voyeurs.

Ma main tremblante ressaisit le pichet et verse le délicieux breuvage dans un gros bol vide.

C'était une déclaration.

Entre deux faux cleptomanes qui ont volé à l'autre ce qu'il avait de plus précieux : leurs cœurs respectifs.


FIN