Je me suis accordée un petit plaisir pour fêter la reprise... mais, ne vous fiez pas à votre première impression, je n'ai pas tellement fait de cadeau à ce pauvre T-bag sur ce coup-là. Quoi qu'il en soit, je vous promets que l'histoire avancera un peu plus dans le prochain chapitre. ^^' En attendant, que les plus sévères me pardonnent...


Contre toute attente, Theodore trouva promptement le sommeil, ce soir-là. Le séjour au trou l'avait tellement fatigué que son maigre matelas, sa couverture et son oreiller furent assez pour l'endormir sans détour. Il se réveilla tôt, en revanche, alors que le bloc bruissait encore de quelques ronflements. Ses premières pensées furent pour ce qui s'était passé la veille et il se sentit comme un môme le matin de Noël. Il avait encore de la peine à y croire et pourtant, dans quelques heures, Gueule-d'Ange se tiendrait devant lui, offert en pâture par pur héroïsme. Lui se complaisait dans le rôle du croque-mitaine, d'une espèce de créature récurrente qui s'insinuait, enlevait et dévorait. Il était fait pour mettre en déroute les héros. La seule manière de le mettre hors d'état de nuire, Scofield l'avait compris, c'était de le provoquer sciemment en duel et d'accaparer son attention. Ironie du sort : Michael allait jouer les David pour sauver le petit agneau éponyme. Il était prêt à se rendre entièrement à lui jusqu'à l'évasion qui lui avait fait obstacle. Il l'avait si ardemment convoité, avait dû y renoncer avec tant d'amertume… Il n'aurait pas trop de ces dernières semaines pour l'investir. Si cela n'avait tenu qu'à lui, une bonne rossée aurait constitué une parfaite introduction. Il aurait commencé par lui faire payer l'avanie qu'il avait essuyée à son arrivée. La bleusaille ne le snobait pas. Elle le refusait provisoirement par peur, à la rigueur. En l'occurrence, le dédain de Michael avait pu perdurer et flotter au-dessus de sa tête à chacune de leurs entrevues, au vu et au su de tous c'était là quelque chose que T-bag avait eu beaucoup de mal à souffrir. Il ne pouvait se permettre de le molester comme n'importe lequel de ses jouets, cependant. Pas de trace, du moins rien d'apparent. Et pourtant… lui courber l'échine et l'envahir impitoyablement, plus implacable à chaque cri arraché, toute griffe dans sa chair pour prévenir les ruades alors qu'il se ficherait tout au fond de ses reins… Bagwell baissa son caleçon pour se soulager d'un tel réveil. La manière douce était aussi une option mais, très franchement, il doutait que Gueule-d'Ange l'eût seulement méritée. Scofield garderait-il tout son sang-froid ? Jouerait-il au plus fort avant de lâcher le moindre son ? La panique le retournerait-il contre lui au dernier moment ? Theodore l'aurait tellement aimé en animal traqué… Pour l'heure il ménageait sa pondération, alors même que son giton dormait sur ses deux oreilles juste au-dessus de lui. Le monde à l'envers… Il souriait, pourtant, derrière son souffle un peu saccadé.


Avec beaucoup de naturel, T-bag s'inséra derrière Michael dans la file du petit-déjeuner, Tweener toujours sur ses talons.

- D'attaque, ce matin, Scofield ? lança-t-il d'un ton dégagé en saisissant une pomme.

L'intéressé éluda évidemment la question. Le sociopathe se pencha à son oreille et lui parla plus bas :

- Je prendrai ce qui me revient là où j'aurais dû l'avoir la première fois… après la douche, si tu peux attendre jusque là. … On va éviter d'inviter John à notre petit tête-à-tête cette fois, hm ? Il a le don de jouer la cinquième roue du carrosse…

A nouveau, l'autre détenu ne répondit pas. Derrière lui, Tweener jouait de la mâchoire, mal à l'aise. Comment pourrait-il jamais regarder Scofield en-face pour le remercier ? Bagwell, pour sa part, observa Gueule-d'Ange tandis qu'on lui servait sa tambouille matinale. Il eut soudain peine à croire qu'il puisse être au rendez-vous. A présent que la routine s'était remise en branle, il se demandait s'il n'était pas passablement naïf de s'imaginer qu'il goûterait au petit génie dans moins de deux heures. Son plateau rempli, il prit la direction des tables un peu vivement, ce qui fit glisser sa poche des doigts de Tweener, qui collectait sa pitance. Ce dernier, cependant, s'empressa aussitôt de regagner son port d'attache.

- Scuse-moi, T-bag, dit-il sagement.

Le chef aryen reprit sa marche, satisfait.


Theodore sentit le besoin de prendre une grande inspiration avant de s'engouffrer dans son réduit de prédilection. Il retrouva son silence relatif, son odeur de vieux carton et de mort-aux-rats, ses myriades de poussières dans les rais de clarté artificielle. Parmi tout cela, il fut presque surpris de trouver Michael, assis à même le sol, contre un mur.

- Woah… tu es venu, souffla-t-il.

- J'avais pas vraiment le choix, rétorqua l'ingénieur sans le regarder.

- Oh, tu avais le choix… mais t'es pas du genre à te dégonfler, hein ? constata Bagwell avec une note de respect, en s'appuyant nonchalamment sur le mur.

- Non, répondit-il en trouvant la force de se relever. Bon, tu connais la chanson, j'imagine : bras écartés, que je puisse te fouiller.

Un long rictus ironique fendit le visage de T-bag tandis qu'il lui ouvrait les bras.

- Je suis tout à toi…

Les mains de Gueule-d'Ange parcoururent ses bras, ses flancs, sa taille ; le toucher était expéditif, professionnel, mais irritait chaque parcelle du corps de Bagwell. Rien à voir avec les fouilles au corps des cognes, à coups de matraque avec un berger allemand au cul. Ce qu'il pouvait exécrer ces bestioles… Ce contact qu'osait Scofield lui plaisait. Aucun autre taulard n'aurait songé à le contrôler de la sorte. Il aurait voulu qu'il poursuive ce toucher, qu'il l'alanguisse, le raffine… Scofield, cependant, préférait le vider de ses diverses lames et pointes, activité d'autant plus absurde qu'il en gardait une bien tapie sous la langue.

- Je compte pas me servir de cette quincaillerie, Beauté, lui indiqua-t-il.

- Où est Tweener, à l'heure qu'il est ? lui demanda-t-il en réponse, avant de s'accroupir pour détrousser ses bottes.

- Avec les autres, sous la garde expresse de Drake ET Maël, puisque les compétences de mon second n'étaient pas tout à fait à la hauteur de mes attentes, la dernière fois…

- Tu t'en occupes personnellement le reste du temps. J'insiste.

- Je te rappelle que ma crédibilité en dépend, répondit sérieusement T-bag.

Il hoqueta tandis que les doigts remontaient le long de ses jambes.

- Si tu te demandes ce que j'ai là-dedans, tu peux aller y voir de plus près… suggéra forcément le pédophile comme Michael se trouvait face à la protubérance la plus douteuse.

- J'espère pour toi que j'ai fait le tour. Pas d'arme, on est bien d'accord ? s'assura le jeune homme en se relevant.

- Relaxe, Gueule-d'Ange, j'ai aucune intention de recourir à la violence si tu t'offres à moi de ton plein gré. Tu sais, c'est comme ça que j'aurais voulu que ça se passe, entre toi et moi…

- Capote ?

Bagwell sortit entre deux doigts un petit carré luisant et une moue traversa ses lèvres.

- Chargée, mon capitaine… Encore que je trouve la précaution légèrement offensante. Je suis un homme responsable, je m'informe… Ceux que je monte à cru n'ont jamais la chtouille, tu peux en être sûr. Enfin… un petit rat des villes bien propre comme toi, je comprends que tu te fasses de la bile…

Scofield le jaugea encore un instant et Theodore se contenta de répondre à son regard, feignant une nonchalance amusée. Les grands yeux de biche pleins de bravade avant la curée l'excitaient sourdement. Michael se retourna et prit place devant la table du réduit, les mains crispées sur le bord.

- Fais ce que tu as à faire, dit-il.

T-bag ne put que saluer un tel cran. Il ne comptait pas lui rendre la tâche facile, cependant.

- Déshabille-toi, répliqua-t-il sans bouger du mur où il était appuyé.

Il vit un soupir soulever les épaules de Gueule-d'Ange. L'écolier comptait sans doute s'en tirer avec un petit coup furtif au-dessus de la culotte. Il allait être déçu. Pourtant, chaussures et chaussettes furent bientôt retirées. Au bout d'un moment, la chemise bleue dégagea les tatouages intriqués de son dos. Parmi les ogives de cathédrale, le démon se tordait entre les bras de l'ange qui brandissait son glaive, prêt à l'occire, comme pour mettre en garde Theodore. Ce dernier scrutait attentivement, se gorgeait de toute la beauté de ce corps qu'il n'avait aperçue jusque là que par bribes. Il coulait sur la profusion de détails, l'harmonie de l'ensemble, fasciné par le pouvoir de ces entrelacs précis et racés. Il était l'un des seuls à connaître ce pouvoir. Il voulait être le seul à le toucher, le seul à posséder tout ce génie libérateur. Il dut reprendre son souffle lorsque Michael se trouva entièrement nu sous son regard. Fluide, achevé, abouti. Il n'y avait rien à ajouter et T-bag en était sans voix. Il ne reluquait plus des tronçons de chair entre deux jets d'eau. Cette beauté se dévoilait à lui et lui sautait au visage. Il s'en trouva presque décontenancé. Ses narines lâchèrent un profond soupir et il suça sa lèvre dans un bruissement sec, plus nerveux que lubrique.

- Tu es d'une splendeur à couper le souffle, Scofield, avoua-t-il.

Le jeune homme s'était à nouveau appuyé sur la table.

- Je suppose qu'un « merci » serait de trop, répliqua-t-il.

Bagwell décolla ses épaules du mur et s'avança, pas à pas. Il étendit la main pour le caresser doucement de la nuque jusqu'au jarret. Il sentit Michael se crisper, sentit la montée brusque d'adrénaline brûlante qui se condensait aussitôt en sueur froide. Il adorait cet arôme âcre, d'abord imperceptible, puis prenant en force à mesure qu'on brutalisait. Certains garçons nubiles dégageaient comme des sconses lorsqu'ils avaient le couteau sous la peau… Un sursaut d'idolâtrie le poussa pourtant à la délicatesse, en dépit de ses résolutions matinales. Il caressait Gueule-d'Ange. Egaré dans la chaleur de ses cuisses.

- Je peux faire ça gentiment, tu sais… mais il faut que tu y mettes du tien, murmura-t-il contre son échine, avant d'y goûter du bout de la langue.

- Tu vas faire ça gentiment quoi qu'il en soit, T-bag, si tu veux pas attirer les soupçons, répondit Scofield, la voix toujours sûre mais le souffle plus rapide.

Le leader blanc commençait à perdre patience.

- Pas d'inquiétude, je m'arrangerai pour que tu marches à peu près droit quand j'en aurai fini avec toi, mon joli. Ne pas laisser de trace, c'est du gâteau. Mais je peux m'appliquer un peu plus et faire en sorte que ça se passe au mieux, si tu te détends et que tu lâches la bride.

- Laisse tomber ! On a un accord. A partir de là tu fais ce que tu veux, je m'en contrefous.

Il ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas essayé…

- Ecarte les jambes, ordonna calmement Bagwell.

Michael obtempéra sans broncher, mais avec une hésitation qui trahissait sa crainte de la vexation à encaisser. Les doigts de Theodore remontèrent sur l'intérieur de la cuisse et se logèrent tout contre le pli confortable de la fesse. Instinctivement, Scofield se tendit davantage au-dessus de la table.

- Penche-toi plus loin… voi-là… poursuivit-il en appuyant l'autre main entre les omoplates, perdu dans les arabesques du tatouage. Maintenant cambre-toi… encore…

Sous la pression de T-bag, ses bras décrochèrent et il tomba sur les coudes. Bagwell redescendit alors en le caressant du bout des doigts, puis sa paume appréhenda pleinement le creux des reins. L'autre grimpa jusqu'à la croupe pleine où mouraient les dessins.

- Encore… encore, encore… chantonnait-il dans son accent. …C'est ça, cambre-toi pour moi, mon joli…

Gueule-d'Ange baissait la tête entre les avant-bras, l'échine écrasée entre les épaules. Theodore lui cassait en douceur le creux du dos en y pressant ses pouces et en prenant en mains ses hanches pour maintenir la courbe de son arrière-train. Ce relief accidenté torturait quelque peu la mise à mort angélique qu'il lui présentait, la rendait plus houleuse et ô combien plus érotique.

- Quel bel animal en chaleur tu fais, lui susurra T-bag avec un sourire vicieux dans la voix.

Il contemplait les bigarrures disloquées de son corps, offert à lui sans espoir de retour. Michael avait choisi d'être là. Que la vertu pure ait pu le mettre dans une telle position tenait d'un prodige qui étourdissait Bagwell. Son rictus fondit et il replia sa lèvre entre ses dents, comme pour retenir l'ardeur qui le mordait aux reins. Son bas-ventre rageait à présent. Son sexe brûlait de combler ce beau sacrifice avec la dernière sauvagerie. Il glissa ses phalanges sur la rondeur fauve de la croupe, les logea insidieusement entre les fesses. La chaleur élastique qu'il sentit à l'orée de l'anus suffit à lui faire perdre le peu de contrôle qu'il lui restait. Il lâcha un soupir, ouvrit sa braguette et empoigna de nouveau l'os du bassin pour forcer les belles éminences charnues contre sa verge. Le souffle de Scofield trébucha enfin.

- Tu sens ça, mon joli ? lui glissa le pédophile en se penchant sur lui. Voilà ce que tu me fais depuis qu'on s'est rencontrés… avec tes yeux de poupée, tes grands airs… tes principes et ton précieux cul fermé à double-tour.

Il soupira en roulant des hanches contre la chair de Michael, qui ne tarda pas à s'humecter.

- Foutre-Dieu, Gueule-d'Ange, ton cul… Je me serais damné pour l'avoir… Et chaque fois que j'y pensais, je devais me venger sur Cerisette, un bien piètre substitut, ma foi…

Il lâcha un hoquet de rire haletant.

- Si tu savais ce que ce pauvre garçon a pris les jours où tu m'obnubilais un peu trop !

Sous ses doigts, il sentit le ventre de Michael se nouer durement. Le dégoût coupable qu'il avait réussi à soulever l'exalta un peu plus.

- Mais je vais enfin pouvoir te donner ton dû, mon joli. Tu vas comprendre…

Il laissa une main sur la hanche pour sortir le bout de latex de sa poche rentrée. Il en déchira prestement l'emballage avec les dents en maudissant Scofield pour ses chichis, puis l'enfila en crachant du coin des lèvres le plastique fendu.

- Première fois avec un homme, Beauté ? demanda-t-il par curiosité.

- Rêve pas trop, lança le jeune homme sur un ton bravache mais légèrement chevrotant.

- Je me disais aussi que le bon dieu ne permettrait pas un tel gâchis.

Bagwell appuya son propos de deux claques jubilatoires sur sa croupe.

- Bon ! Je peux te prendre comme un grand, alors…

Sur ce, la tension élastique de son corps s'arc-bouta sur Michael et il monta à l'assaut, lentement mais sûrement. Les reins de Scofield semblèrent un instant se rebiffer, sa gorge lâcha quelques lambeaux de râles étouffés, puis sa tête retomba lourdement sur la table. Il plia, comme de la tôle ondulée dans un crash, poussé au bout de sa raideur, brillant de sueur froide, grinçant péniblement.

- Shhh… tout doux, mon bel ange écartelé… tout doux… se délectait T-bag, les yeux mi-clos au-dessus de l'aile du séraphin.

Le crâne de Michael cogna à nouveau durement. Theodore baisa imperceptiblement le tatouage salvateur et reprit sa houle inexorable pour s'enfoncer plus loin dans les chairs crues. L'antre était chaud… rétif… étranglé comme la gorge d'un enfant… Prendre possession de Scofield le laissa bientôt bouche bée, ébahi. Il eut le sang-froid de se figer un instant, haletant.

- Oh mon joli… lâcha-t-il douloureusement avant de se raccrocher à pleines dents à son épine dorsale.

Michael poussa un cri plus rageur qu'alarmé et une ruade secoua leurs reins. Bagwell répondit en le possédant complètement, pris d'une soudaine fièvre, exacerbée par le sel de Scofield sur sa langue. Un délire de sensations le submergea aussitôt et un cri le surprit à son tour. Il eut à peine le temps de s'en émouvoir qu'il perdait totalement pied dans la chair de Gueule-d'Ange.

Michael se sentit tout à coup libéré. Il s'octroya un grognement soulagé et reprit désespérément son souffle en attendant ce qui allait suivre. Il entendit la porte claquer et se retourna brusquement, craignant une quelconque traîtrise de la part du chef de l'Alliance. T-bag avait disparu ; il regarda autour de lui sans comprendre, encore affolé, le corps légèrement convulsé et les jambes en coton. Son trousseau de prisonnier gisait toujours sur le sol, et à ses côtés un petit bout de latex témoin de la forte émotion que Theodore venait apparemment de vivre. Nu dans la solitude de ce réduit, au sein de cette prison où il s'était fait enfermer de son plein gré, Michael ne sut pas s'il devait fondre en larmes ou laisser éclater un rire nerveux.