La vérité, toute la vérité, rien que la vérité

Note aux lecteurs: J'ai le plaisir de vous présenter LE DERNIER CHAPITRE DE CETTE FIC ! Je remercie tous les lecteurs qui se sont donné la peine de lire jusqu'au bout, malgré la longue interruption qui est survenue dernièrement. Merci à tous ceux qui ont laissé des reviews, anonyme ou non. Merci à JK Rowling qui nous prête ses personnages si gentiment (elle m'a même prêté son nom pour cette fic ). Et je dédicace cette fic à Tempus Frangit, ma fidèle amie et bêta: sans ses précieux conseils, jamais je n'aurais osé poster ces chapitres, ou eu le courage de les écrire! Sur ce, BONNE LECTURE !


- Où tout est bien qui finit bien (ou presque) -

Et ces deux crotales pensaient naïvement qu'ils allaient s'en tirer sans morsure!

Sans crier gare, Harry s'approcha de Blaise, posa une main ferme sur sa nuque et l'embrassa franchement sur les lèvres. Ce fut alors au tour de Draco de blêmir. Heureusement pour lui, l'assistance n'avait d'yeux que pour les deux autres: cela lui permit de se reprendre et de s'immiscer entre son ''amant'' et son ''associé''.

« Hum, excusez-moi, mais pourriez-vous adopter une tenue plus décente s'il-vous-plaît? Il semblerait que votre attitude ne soit pas du goût de tous les spectateurs. » Pénélope avait parlé. Pas qu'elle fut gênée – non, son sourire en coin démentait toute gêne – mais son Perceval d'époux avait légèrement pâli; Fleur affichait une moue qui hésitait entre dégoût et indignation; quant à Richard, on voyait qu'il avait les mœurs guindées de son époque: le choc passé, il se retint de hurler au scandale. Finalement, il sortit de son mutisme et quitta l'appartement en marmonnant quelques insultes que la bienséance m'interdit de reporter ici.

Après le silence choqué, ce fut un silence gêné qui s'installa dans la pièce. On entendait les rires des enfant provenir du fond du couloir. C'est ce moment que choisit Ron pour revenir. « J'ai manqué quelque chose? » s'écria-t-il en entrant dans le salon. Les cheveux en bataille et les joues rosies, il était manifeste qu'il avait dû subir quelque torture enfantine – un Weasley junior qui veut une réponse n'abandonne pas la partie sans obtenir satisfaction. Mais il souriait. Sourire qui s'accentua quand il vit le trio au centre de la pièce et les têtes de poisson frit des autres. « Alors, vous me racontez l'épisode que j'ai loupé?

- Ben tu vois, il sont trois, lâcha Théo laconiquement.

- ... » Le silence fut la seule réponse intelligente que put articuler Ron. Trois. Il le voyait bien qu'ils étaient trois. Mais trois? Soit. Ils étaient trois. « Bon, on trinque?

- Bonne idée! s'exclama Joanne Rowling. Maintenant que tout le monde est là. » Elle affichait un sourire ravi depuis déjà plusieurs minutes. Elle s'empara de la bouteille de champagne qui avait déjà été ouverte et s'empressa d'emplir deux coupes, qu'elle tendit à Théo et Draco. Tous trinquèrent, plus ou moins souriants, et aucun autre incident ne fut à déplorer en ce début de soirée.

Par contre, lors du repas, les choses se corsèrent: Harry, qui avait fait le plan de table, s'était volontairement placé entre Blaise et Draco. Richard n'avait pas reparu, mais Ginny n'en semblait pas émue outre mesure. Fleur s'était assise aussi loin que possible du trinôme infernal, et faisait face à Percy, qui se remettait petit à petit de ses émotions. Quant aux enfants, une table leur avait été préparée dans la chambre de Harry, et Ron était parti vérifier que tout allait bien. Titus s'était couché sous la table, attendant que les festivités commencent pour quémander. Les jumeaux, ravis, étaient en grande discussion avec leurs deux aînés pour savoir si oui ou non, ce qui venait de se passer avait été prémédité, et par qui, dans quelle mesure. Pénélope, Théo et Joanne parlaient tranquillement d'un sujet probablement passionnant. Quant à Luna et Hermione, elles observaient le couple, tentant de démêler les nœuds de cette histoire complètement surréaliste.

Les bouteilles de vin blanc avaient été bien entamées, et les coquilles d'huître béaient, vides, dans les assiettes. Quelques demi-citrons éventrés parsemaient la nappe de leurs joyeuses rondeurs jaunes. Alors que Blaise faisait un sort à la dernière crevette, il sentit une main glisser sur sa cuisse, d'abord timidement, puis avec plus d'assurance. Il en fut tant surpris qu'il avala de travers. Il tâcha d'étouffer sa quinte de toux, mais il ne fut pas assez discret pour éviter le regard suspicieux de Draco Malfoy. Il ne comprenait pas: Harry n'avait pas cessé de l'aguicher depuis le début du repas, mais là, il allait un peu loin! Alors que Draco était de l'autre côté! Du calme Blaise, réfléchis deux minutes. Harry et lui avaient toujours entretenu une amitié sans ambiguïté, alors où était le problème? C'est en finissant son verre de vin que la lumière se fit: Harry cherchait à prendre sa revanche. Mais bien sûr! Comment n'y avait-il pas songé plus tôt? Il était évident pourtant qu'une fois remis de son choc, Harry aurait tout fait pour se venger de leur sale coup. Et il s'y prenait bien le bougre! Ceci dit, cela pouvait toujours tourner à son avantage: son marché avec Draco était désormais caduc, rien ne l'empêchait donc de jouer à son tour.

Aussi chuchota-t-il quelque chose à l'oreille de son voisin, lorsqu'il se leva pour emporter les assiettes dans la cuisine, aidée par une Hermione qui brûlait de lui poser mille questions. Je ne sais ce qui fut dit, mais je peux vous assurer que Harry devint cramoisi en moins de temps qu'il n'en faut pour gober une huître! Cela n'échappa point à l'œil acéré du rapace qui guettait, à la droite de notre héros. Et les petits gestes affectueux, les œillades, les murmures se multiplièrent tout au long du repas. Raconter le détail de ce festin prendrait trop de temps. Je vous propose donc de passer directement au dessert, ou plus exactement, juste avant. Nous sommes dans la cuisine, en présence de Blaise et de Pénélope, dont les talents de pâtissière sont connus de tous.

Les génoises avaient été évidées et remplies de ganache. Le montage du gâteau s'était déroulé sans encombre sous l'œil vigilant de Pénélope. Il fallait dire que Blaise était un excellent élève, appliqué et méticuleux. Un silence concentré régnait dans la petite cuisine, tandis que l'apprenti glaçait le dessert. Soudain, deux voix mâles, d'abord hésitantes, puis de plus en plus assurées, s'élevèrent dans le salon. Surpris, Blaise suspendit son geste et dressa l'oreille. Pénélope l'avait déjà délaissé et, debout sur le pas de la porte, regardait avec intérêt la scène qui se jouait dans la grande salle. Ron et Draco, bras dessus bras dessous, avaient entamé avec ardeur l'hymne national biélorusse et leurs voix éraillées se mêlaient en une joyeuse cacophonie. Leurs joues rosies par l'alcool leur donnaient un air de poupin ayant trop joué dans la neige, et leurs yeux pétillaient. Franchement, qui l'eût cru? Je présume que le vin avait établi chez eux un terrain d'entente.

Petit à petit, les autres convives se joignirent à eux, qu'ils connussent l'hymne en question ou non. Blaise alors retourna à sa tâche. Lorsque le dessert fut dressé, il fit un signe entendu à Pénélope qui s'en alla dans le salon. D'un coup de baguette magique discret, elle éteignit les lumières tout en allumant les petites bougies qui avaient été disposées un peu partout dans la pièce. Tous se turent et se tournèrent vers la porte de la cuisine, où Blaise apparut quelques minutes plus tard, portant magistralement un immense gâteau. D'un geste théâtral il le posa au milieu de la table, d'où chacun put l'admirer à son aise.

Fleur s'émerveilla devant les petites lanternes qui flottaient à quelques centimètres au-dessus du dessert. Ron se lécha les babines à la vue du glaçage au chocolat qui luisait doucement à la lueur dorée des lanternes. Luna regarda avec un intérêt évident les marrons glacés qui ornaient l'ensemble. D'un coup, une petite fée apparut au sommet et entonna d'un air joyeux, se trémoussant dans une jolie robe crémeuse, la traditionnelle mélodie de la nouvelle année (encore une tradition que Harry avait apprise sur le tard). Blaise ouvrit la fenêtre et au loin, éclatèrent klaxons et pétards, cris de joie et feux d'artifice, couvrant le chant de Big Ben. Joanne alors se leva et applaudit, bientôt suivie des autres. Le bouchon de champagne sauta et la bouteille fit le service, tandis que tous se souhaitaient les traditionnels vœux de bonheur avec profusion de sourires et d'embrassades.

Malgré la bonne humeur ambiante, Draco semblait avoir dégrisé. Et il était anxieux. Il observait les faits et gestes de Harry du coin de l'œil. Il attendait que Blaise lui souhaite la bonne année à son tour. Et c'est avec étonnement qu'il vit les deux hommes s'étreindre, comme les deux meilleurs amis qu'ils étaient. Quel ne fut pas son soulagement! Poussant un profond soupir, il avala une ou deux gorgées de champagne et se mêla au groupe. Il serra la main de Théodore et des fils Weasley. Ron, encore titubant, le serra dans ses bras en l'appelant « mon frère ». Joanne l'embrassa sur les deux joues, ce qui le fit rougir comme une collégienne. Même Hermione et Ginny lui firent la bise. Je crois qu'il aurait pu voir un troupeau de centaures débouler dans la rue, au milieu des voitures moldues sans être plus surpris. Mais il me semble que le moment où il perdit complètement la notion de la réalité fut quand Harry lui déposa un doux baiser sur les lèvres en lui murmurant un « Bonne année l'idiot » qui le fit sourire bêtement.

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« Mais euh! Ne me touche pas, espèce de gnome albinos!

- Je ne te permets pas de m'insulter, Hérisson hirsute! » Et Draco donna un grand coup de pied à Harry. Qui l'injuria copieusement en retour. C'est alors qu'une tête de Blaise apparut entre les deux, qui du coup s'acharnèrent sur la nouvelle venue.

« Vous ne pourriez pas les faire taire? » soupira Blaise qui entra dans le salon avec un plateau couvert de biscuits et tasses de thé. Bien entendu, les deux à qui s'adressait cette phrase tintée d'exaspération étaient bien trop occupés pour faire taire les figurines pendues dans l'arbre. « Bien, qui a perdu cette fois?

- Draco!

- Harry! » s'écrièrent-ils en même temps.

Levant les yeux au ciel, Blaise posa le plateau sur la table, à côté du jeu de pendu (1), et prit place dans le fauteuil, en face de ces amis. Depuis le début de l'après-midi, ils n'avaient pas arrêté de se chamailler et de s'embrasser. Blaise leur avait fait remarqué qu'ils ressemblaient énormément à leurs miniatures, à la différence seule que le vacarme qu'elles faisaient n'était pas entrecoupé du silence de quelques baisers – difficile de s'embrasser, quand on est pendu à plusieurs branches de distance.

On était au mois de février, et rien n'avait changé: Draco et Harry se voyaient toujours de manière irrégulière, Blaise était toujours le fidèle confident de Harry. La seule différence peut-être, était que désormais Draco, quand il était sur Londres, était convié aux « réunions de famille élargie » des Weasleys.

« A?

- Eh non! » Draco jeta avec un petit rire sadique un coup de baguette sur l'arbre et la tête de Blaise se munit d'un tronc qui se balança lugubrement dans le vide. Harry et lui s'étaient alliés contre le pauvre Blaise, afin d'essayer de le faire perdre, et jusque-là, ils avaient lamentablement échoué. Ils avaient juré qu'ils ne quitteraient pas la maison de leur ami/associé, tant qu'ils n'auraient pas vu un Blaise entier pendouiller à cet arbre maudit! Il n'était encore que dix-sept heures vingt-trois.

La pendule du salon sonna trois heures du matin lorsque Draco et Harry se levèrent d'un coup, levant les bras au ciel en signe de victoire et remerciant vivement Merlin, Saint Gontrand et Sainte Cunégonde pour leurs bienfaits. Ils venaient de vaincre Blaise haut la main. Bien sûr, jamais ils n'admettraient que kizelcngh n'étaient pas un mot de la langue courante. Et Blaise était simplement trop fatigué pour protester. C'est sur cette victoire historique – selon les dire de nos deux gamins – que les trois hommes se quittèrent.

Blaise les regarda s'éloigner dans la nuit, emmitouflés dans leurs écharpes. Harry, les poings profondément enfoncées dans les poches de son anorak et Draco, relevant de ses mains gantées le col de son manteau, dont le vent faisait voler les pans. Il sourit en voyant Draco courir après son chapeau, et Harry après Draco, puis referma sa porte d'entrée.

- & -

Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'elle avait été invitée chez Harry. Elle en garderait un souvenir impérissable: cette nouvelle année avait bien commencé pour elle. Si elle avait pu deviner! Mais après tout, c'était peut-être mieux ainsi. Les éditeurs auraient-ils accepter la vérité? Joanne en doutait. De toute manière, ce n'est pas comme si elle aurait pu conclure sur ce couple: il était encore bien trop instable et incertain. Peut-être se verraient-ils encore de longues années, tout aussi irrégulièrement, avant de cesser tout contact? Ou peut-être tenteraient-ils de construire une relation stable, avant d'échouer lamentablement? Ces deux-là, elle en étaient sûre et certaine, étaient faits pour une relation forte, mais chaotique. Le calme et la stabilité les ennuieraient, et ils se lasseraient. En quelque sorte, ils avaient trouvé le moyen d'entretenir la flamme.

Joanne soupira. Quand elle était fatiguée, elle devenait un peu trop romantique! Mais elle avait beau tomber de fatigue, elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle tournait et tournait encore dans son lit. Finalement, elle se rassit, alluma sa lampe de chevet, saisit une feuille et son stylo et décida d'écrire à Hermione.

« Chère Hermione... » Levant les yeux au plafond, elle se tapota le menton de son stylo, tout en réfléchissant à ce qu'elle pourrait raconter à Hermione. Son regard se promena sur les murs de sa chambre, avant de se poser sur une photo.

Fleur, Bill et Victoire, Percy, Pénélope et leurs triplets, les jumeaux, Ron, Hermione et Tantale, Charlie, Ginny, Luna et Théo, Blaise, tous les convives du jour de l'an se trouvaient réunis sur cette photo et lui adressaient des sourires et des signes de la main. Titus allait et venait devant le groupe en jappant de temps à autre sans émettre le moindre son – l'image avait été traitée pour qu'elle reste muette. Et si l'on observait de plus près, on aurait vu derrière ce petit groupe, un couple qui ne prêtait aucune attention à l'objectif. La plupart du temps, ils se regardaient dans le blanc des yeux ou se faisaient des grimaces. Mais il arrivait qu'ils s'embrassent, plus ou moins tendrement.

Alors, doucement, pour la première fois depuis que la photographie était posée sur cette table de chevet, Harry et Draco se tournèrent vers l'objectif et adressèrent un petit signe de la main. Mais Joanne ne saurait jamais rien de cela: elle s'était endormie.

(1) RAPPEL : Le jeu de Pendu sorcier (déjà apparu dans le chapitre 7) est une version amélioré du jeu moldu. Sur un arbre de la taille d'un grand bonzaï apparaissent au fur et à mesure des erreurs, des miniatures animées et parlantes des joueurs. Ces figurines passent leur temps à s'insulter et à se cogner, quand elles sont assez près l'une de l'autre.

- FIN -